SOMMAIRE :
1 - Un roman trés blues(et trés noir):La Musique du Diable
2 - ERIC BIBB : le Blues nouveau est arrivé
3 - Alain Décaune raconte: Origine officielle
du blues et du jazz
4 - Lil' Ed: le blues Sauvage !
5 - La Note Bleue: cicatrice...
6 - Olu Dara: le blues bercé dans un hamac!
7 - Histoire des "Fais Dodo" ou "un siècle de musique cajun"
9 - Telecaster Blues: histoire d'une guitare
10 - Doo The Doo en concert: chronique d'une réussite annoncée
Un roman trés blues(et trés noir): La Musique du Diable |
Date: Jeudi 2 Septembre 1999
De: Pierrot Mississippi Mercier <pj_mercier@yahoo.fr>
(" RL's Dream ",1995) de Walter Mosley, traduit de l'américain par Bernard Cohen
Albin
Michel , collection Points P586, 1997
Le Doc me l'avait présenté comme un roman très noir, glauque même.
Je l'ai quand même emmené (le bouquin, pas le Doc) pour lire au soleil et je ne
le regrette pas.
C'est vrai que parfois l'ambiance est assez malsaine, d'un sordide complaisant, mais heureusement
équilibrée par des passages lyriques ou chaleureux.
L'histoire n'est pas gaie : Soupspoon Wise, vieux bluesman rongé par le cancer, est
complétement déglingué. Misérable, tenant à peine sur ses jambes, il s'est enfui
de l'asile mais ne revient à son appartement que pour être mis à la rue. Sa voisine, la rouquine
Kiki Waters, le recueille. Hantée par le souvenir d'une enfance épouvantable, entre un père
sadique et une mère complaisante, elle traine ses cauchemards et tente de les oublier dans l'alcool et la
dope. Elle va pourtant se démener pour faire soigner Soupspoon, allant jusqu'à lui fabriquer un faux
contrat d'assurance, en perdre son travail, et, presque, la vie.
Soupspoon se remet lentement. Même si les traitements le fatiguent, il veut encore profiter
de l'existence, refaire de la musique et, surtout, raconter son histoire, la confier pour qu'on ne l'oublie pas.
Pendant que Kiki se décarcasse pour le faire soigner, le nourrir, l'habiller, il s'achète un magnéto-cassette
et y transcrit ses souvenirs.
Jeune, il a rencontré Robert Johnson dont le fantôme le poursuit. En quelques
pages magnifiques, il raconte leur jeunesse, nous montre le magnétisme qui se dégage de Johnson,
la fascination de tous, de toutes surtout.
Soupspoon est surement un bon bluesman, il a plein de choses à raconter, quand sa maladie
ne le fait pas souffrir il met de l'ambiance, il a la classe mais il garde un complexe d'inferiorité, d'impuissance
car toujours il se compare à Robert Leroy Johnson. Il a même épousé Mavis parce qu'elle
avait été la maitresse de Robert. Il la retrouve et l'interroge, ou plutôt la laisse parler
: elle non plus ne s'est pas remise de cette aventure.
Soupspoon est enfin prêt à reprendre sa guitare et à chanter. Après un
premier essai dans la rue, il obtient un engagement dans un tripot. Pendant cette courte période où
il est enfin redevenu lui-même, il est transfiguré, rajeuni, superbe, heureux (et même frétillant,
quelque part).
Hélas, rien à faire, le mal revient, inexorable. Avant de mourir, Soupspoon confie
ses cassettes à ses jeunes amis, Sono la barmaid et Gerald, son copain étudiant qui publiera ces
souvenirs dans " Back Road to the Blues " dont voici un extrait, qui sert de préface au livre
:
" RL, l'était pas l'homme comme les autres. L'homme, y trouve naissance, y vit ce
qu'y peut, et puis y meurt. Point final ! Vous pouvez vous souvenir de lui et dire comme ça a été
sa vie, comme ça a été sa mort. Mais avec RL, vous saviez jamais, y vous faisait tourner cabri.
Il jouait de la guitare à des moments où il aurait pas dû en être capable, et personne
peut dire de quoi il est mort. Pétèt la pneumonie, un mari chagrin pétèt... Aussi bien
Satan a pu se radiner et le faire aboyer comme un chien avant de l'emporter avec lui. Mais nous, pauvres fous, on est perdus avant de pouvoir commencer à suivre son histoire. Vu que Robert Johnson a jamais eu de naissance, et mourir, y pouvait pas. Lui, jusqu'au fond de l'âme, il avait le bleu du Delta. Il était le blues, et il est maintenant là. Sa détresse, elle a pas de début. Et la mort, elle pouvait jamais soulager ce fardeau-là. " Soupspoon Wise (transcrit par Gerald Pickford) |
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Date: 2 Septembre 1999
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
Si vous ne pouviez emmener qu’un seul disque alors que vous embarquez sur le Titanic II (le retour),
je vous conseille expressément le Bibb de survie: " Home to
me " (Eric Bibb, Ruf/Night & Day).
Ce quatrième album du fils de Leon Bibb (folk-singer époque Woodie Guthrie) est un
petit chef d’oeuvre du blues. Car il s’agit bien de blues, même si Eric Bibb semble très peu se soucier
des frontières (?) de ce genre musical.
Une
voix douce et chaude, un jeu de guitare picking impeccable, Eric Bibb se fait accompagner d’instruments parfois
peu ordinaires pour ce genre de musique: accordéon, orgue hammond, saxophone, piano, mandoline, lap steel
guitar, et bien sur batterie, harmonicas et toutes sortes de guitares. Cette voix, ce style de guitare et la variété
des titres interprétés ont fait souvent comparer Eric Bibb à Mississippi John Hurt. Il s’en
rapproche par son jeu de guitare très propre et son côté " songster " abordant et
mélangeant de nombreux styles musicaux.
Du blues acoustique "pur jus" il y en a (écoutez l'arrangement du blues "
No more cane on the Brazos" , et " Come back Baby ", composition dans le style incroyablement
bien compris de Lightnin’ Hopkins). mais il y a aussi des blues plus swingants (" World war blues
", inspiré de J.B. Lenoir, et " Walk the walk "), du blues à la sauce jazz
(" Put your foot down "), des rythmes africains ("Mandela is free
") ou jamaïcains (" Healing time "), du country (" New shoes "), des
ballades (" Livin’ Lovin’ and Doin’ ", " Singin’ in my heart ") et du blues sentant
bon la Louisiane et le gospel (" Bring it Home to me ").
Mais ne croyez
pas que ce disque est une succession de titres pré-classés, pré-classables et sans liaisons
les uns avec les autres. En fait les genres se mélangent harmonieusement, donnant une grande unité
à cet album. Au détour d’un solo de steel-guitar très country, on rencontre un accordéon
des plus zydécos! Dans une ballade-slow langoureuse, le saxophone vient répondre au doux picking
de la guitare acoustique. Des coeurs gospels interviennent dans un blues inspiré par Leadbelly et Taj Mahal!
Bref, pas d'idées musicales préconçues, mais une grande créativité.
Les textes d’Eric Bibb ne sont pas " faussement " blues: il ne raconte pas la vie de misère
qu’il n’a pas vécu. Alors il chante plutôt les beaux sentiments qui semblent être les siens:
" wakin’ up this morning to find this ol’ world is new ", ça n’a pas été
inspiré par un lendemain de cuite!
Et " Citizens of the world, we can make a difference, harmonize our planet ",
ou " only our love can save us from the world war blues " et " you are the sweet in the
honey, you are the red in the rose ", ça devrait pouvoir vous éloigner du cafard pour quelques
semaines!
De bons sentiments, une voix agréable et une instrumentation parfaite, ce disque peut
s'écouter à toute heure et sans modération!
Réf: Eric Bibb, "Home to me" , Ruf/Night & Day
Alain Décaune raconte:Origine officielle du blues et du jazz |
Date: Mardi 7 Septembre 1999
De" Jean-Pierre \ "lbop\ " Bourgeois " <lbop@jpbourgeois.org>
Quelques points d'histoire.
Intro sur la troisième mesure: 1, 2 , 3: Kof, kof, kof: nettoyage des bronches. 4: tfui.. : crachat d'un
poumon à 15 pieds.
De mon temps, les Romains étaient habitués à recevoir des baffes remarquables
des armées gauloises qui leur laissaient des bleus hénaurmes.
Versingectorix, avant chaque bataille, avait l'habitude de me faire quérir pour encourager ses troupes.
" Mon bon lbop (c'est moi), pourrais-tu nous composer un " bleu " bien troussé afin
de faire " jaser " ces imbéciles de Romains avant que ça barde " (que ça
barde, arff, quel humour ce Versinge)
Il faut préciser, pour éclaircir vos lanternes obscurcies par l'abus de petites herbes en tout genre,
qu'il existait deux frères:
Versinge, qui était très malin, comme vous pouvez l'imaginer, et plein d'humour (donc, également
de bandes dessinées)
et Gaston Ctorix, popularisé par Gossini sous le nom d'Asterix, sans aucun humour, mais plein de
bandelettes dessinées au point qu'il était surnommé " la momie ".
Il était tellement nul qu'il a fini sur une île proche de Marseille sous le pseudonyme de Masque
Deferre. Son barde Assurancetourix, pas mieux inspiré, a été dérouillé
en tant que Barde Deferre.
Et moi, (déjà) plein comme une outre, je voyais double:
Versinge et Ctorix.
Vous connaissez à présent le début de la légende du blues (bleu) et du jazz (jaser),
ainsi, en prime, que celle de " Versinge et Ctorix le Masque Deferre " célèbre livre de
mon pote Alexandre (Dumas, bande d'ignares).
Que ceux qui veulent dissocier blues et jazz y regardent à deux fois...
Quoi...? que j'aille me coucher?
Ca va pas les mecs... j'ai pas fini ma camomille légèrement anisée.
NDLR: c'était Alain Décaune en direct de l'asile
Lil' Ed: le blues Sauvage ! |
De: Oncle Oli <latailla@club-internet.fr>
Date: 10 Septembre 1999
Né en 1955 à Chicago, c'est dés son plus jeune âge que Ed apprit à jouer
le blues sur de multiples instruments, sous l'égide de son prestigieux oncle : J.B. Hutto, véritable
légende de la guitare slide.
Dés l'âge de 20 ans (1975) avec son frère James "Pookie" à la basse,
il forme les "Blues Imperials" et joue dans un club du West side (le "Big Duke's Blue
Flame"). Commencent alors 10 années de concerts dans les environs pendant lesquelles Lil'Ed perfectionne
son jeu de guitare électrique au bottleneck.
La musique ne leur rapportant quasiment pas d'argent, Ed continue à laver les voitures pour payer son loyer,
et Pookie passe ses journées à conduire un bus scolaire! A cette époque la prestation scénique
du chanteur-guitariste valait à elle seule le détour: acrobaties diverses, contorsions et autres
"duck-walk" à la Chuck Berry! Leur musique est déjà un blues survolté, électrifié
par le bottleneck de Lil'Ed' et l'énergie de tout le groupe!
En 1986, le groupe est constitué de Ed (chant, guitare), James "Pookie" Young (basse),
Dave Weld (seconde guitare) et Louis Henderson (percussions).
C'est alors que la réputation du groupe attira l'attention de la maison de disque Alligator qui cherchait
à enregistrer une "anthologie des plus jeunes musiciens de Blues à Chicago". Afin de les
mettre dans cette compilation, le président de Alligator Records voulut enregistrer 2 chansons de ce groupe
qui le faisait penser à Hound Dog Taylor et J.B. Hutto.
L'enregistrement fut épique, car au bout de 2 titres Ed commença son "spectacle" dans le
studio, et bientôt tous les techniciens présents se mirent à danser et chanter!
La séance suivante dura 3 heures qui permirent aux Blues Imperial d'enregistrer pas moins de 30 morceaux
dont 10 formèrent, sans overdubs ni secondes prises, leur 1er album: "Roughhousin' ".
Ce disque remporta un énorme succés régional et national, avec des articles dans les plus
prestigieux journaux (Chicago Tribune, Washington Post, et des douzaines d'autres) et une large diffusion radiophonique
sur toutes les stations!
Soudain sous les feux de la rampe (après 10 ans passés à jouer dans tous les bars de Chicago)
, leur calendrier fut vite rempli et le groupe entama une longue série de concerts dans tous les Etats-Unis,
mais aussi au Canada, en Europe et au Japon. Partout leur boogie-blues rugueux et brut-de-fonderie ainsi que leur
jeu de scène enflammèrent les spectateurs!
Leur album suivant (1989) "Chicken, Gravy & Biscuits" confirme la place grandissante que prend le groupe dans le circuit du Blues, mélangeant
avec toujours plus d'énergie rock et blues traditionnel.
Le groupe change alors de 2nd guitariste et de batteur, avec Mike Garett et Kelly Littleton et joue
encore en Europe, Australie, Canada et U.S.A. notamment pour la tournée du "20ème anniversaire
des disques Alligator".
En 1992, 3ème album: "What you See is What you Get". On y entend encore plus de ces coups de slides dévastateurs qui plaisaient tant aux fans
de Lil'Ed, et le joueur de sax Tenor Eddie McKinley les rejoignit pour ce disque et les concerts jusqu'en 1994,
année où il décida de quitter cette vie de nomade pour se consacrer à sa femme et sa
soeur...
De même, Ed en eût assez de cette vie et, début 1995, il retira son Fez (le chapeau qui ne le
quitte pas sur scène!), s'arrêta d'enregistrer et de donner des concerts, et rompit ses relations
avec la firme Alligator.
Pookie reprit un "vrai" (sic) travail et les 2 autres musiciens jouèrent avec Studebaker John
and the Hawks.
Quant à Ed, il retrouva son ami Dave Weld avec lequel il n'hésitait pas, à l'occasion, de
faire quelques gigs... juste pour le plaisir! Mais il ne fit plus de musique en tant que professionnel et profita
pour la première fois d'une vie calme avec sa femme adorée Pamela, et commença alors le "meilleur
moment de sa vie".
Mais ce bonheur ne veut pas dire que son amour de la musique s'est émoussé, et en 1998, comblé
d'une nouvelle énergie que lui ont donné ces 2 années de bonheur, Lil'Ed reforma les Blues
Imperials avec son frère Pookie, Michael Garett et Kelly Littleton. Comme justification à ce
retour sur scène, Lil'Ed explique qu'il veut voir les gens redevenir sauvage!
Et en 1999, un nouveau disque est enregistré: "Get
Wild!", qui est en effet une invitation à la plus pure sauvagerie blues!!
L'album est composé de 14 titres (L'album est composé de 14 titres (dont 12 compos de Lil'Ed et 2
reprises de chansons de leur oncle Hutto).
Alors c'est l'occasion de découvrir (ou redécouvrir) ce groupe au blues rugueux à souhait
dans le plus pur style du Chicago-blues, à l'énergie débordante et communicative. Aucune concession
n'est faite à un autre style musical. Un vrai régal, et les sourires joviaux des 4 musiciens sur
la pochette du CD ne trahissent pas l'esprit de leur musique.
A écouter impérativement.
source: site internet "Alligator", et pochette du CD "Get Wild"
Uncle Lee
La Note Bleue: cicatrice... |
Date: Mardi 14 Septembre 1999
De: Bruno Droux <bdroux@wanadoo.fr>
Il était une fois l'afrique, où tous les habitants (des âmes simples et chaleureuses)
aimaient chanter, en s'attachant surtout à exprimer leur vie (leurs joies et leurs peines), plutôt
qu'une technique particulière. Puis vinrent les blancs et leurs certitudes (et le reste; colonialisme, impérialisme,
esclavagisme, etc...), notamment musicales, à savoir: 1) une note correspond à une fréquence
et une seule, et il y a 12 demi-tons entre une note et son octave, et c'est comme ça, et c'est pas autrement.
2) on est, soit en Majeur, soit en mineur, mais jamais les deux ensemble, et c'est comme ça, et c'est pas
autrement.
La note bleue est comme la cicatrice de cette tentative d'ablation de culture.
Pour moi, la vraie note bleue, se joue " quelque part " entre la tierce mineure et
la tierce Majeure. 2) Elle " joue " sur l'ambiguïté entre Majeur et mineur, ET 1) c'est une
note " flottante " (I'm driftin' 'n driftin'...). On la trouve majoritairement flottante vers le haut,
mais aussi vers le bas ou ondulante, mais dans tous ces cas, sa fréquence NE PEUT PAS ÊTRE PRÉVUE
À L'AVANCE, même par le musicien qui la joue. (Jean-Pierre Bourgeois disait qu'on ne peut pas
la définir, je dirais plutôt que c'est comme une fonction aléatoire; on peut définir
la fonction, mais par définition, on ne peut pas prévoir le résultat). Elle doit refléter
l'âme de celui qui joue/chante au moment où il la sonne, et comme disait je-ne-sais-plus-qui-mais-vous-voyez-qui-j'veux-dire
; " On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve " (Deep river blues !)
Le flottement autour des tierces Maj et min est caractéristique du blues chanté et de la slide guitare
(notamment dans le delta blues) ce qui n'empêche pas des gens comme Duke Ellington ou Count Basie
d'en abuser également (je pense par ex à Mood indigo).
Par extension, les flottements autour de la quinte bémol et de la quinte juste, et ceux entre la septième
min et septième Maj sonnent aussi très blues, mais à mon humble avis, pas autant qu'autour
des tierces.
Je pense aussi que de présenter les notes bleues stables, bien rangées comme les autres, à
côté des autres dans une gamme est une vue purement occidentale et donc incomplète de la note
bleue. La note bleue n'est pas une histoire de " où " mais de " comment ".
i.m.h.o. (in my humble opinion) les phrases les plus " Blues " mettent en jeu la tierce Majeure ET
la tierce mineure (ou alors un bon plan en mineur, suivi d'un plan bien majeur avec la même tonique,
et/ou réciproquement, difficile d'y résister).
Pour les gratteux j'connais un truc très simple: vous prenez d'abord un blues de base disons par exemple
en Mi. La grille nous donne :
E7/// A7/// E7/// E7///
A7/// A7/// E7/// E7///
B7/// A7/// E7/// B7///
Là dessus, vous prenez n'importe quel plan à base de pentatonique MINEURE (Ex en E : E, G, A, B, D, mais ça peut être votre plan
blues préféré à base de ces 5 notes), et tout à coup (essentiellement sur les
accords de E7) vous descendez de 3 cases (d'une 3ce min, donc) et vous faites le même doigté
(le même plan, donc) (suite du même ex en E : C#, E, F#, G#,
B), vous êtes déjà dans la pentatonique de E MAJEUR, C.Q.F.D.
Comme on me le faisait remarquer, ce truc ne marche pas tel quel sur des blues mineurs comme " St-James Infirmary
" ou " Angel Eyes " (!).
On retrouve aussi l'esprit de la note bleu dans l'accord de 9#. Ex : E9# = E, G#, D, G, où E étant
la tonique, la tierce Majeure (la 3ce M habituelle de l'accord de 7) est le G#, et la tierce mineure (à
l'octave et donc formant une 9# avec la tonique) le G.
Amicalement.
Bruno.
Olu Dara: le blues bercé dans un hamac! |
Date: Lundi 13 Sep 1999
De:" Docteur Blues " <jtravers@europost.org>
Olu Dara : le blues bercé dans un hamac:
" Jusqu'ici, la musique que je faisais n'était pas directement connecté à mon histoire.
Je jouais dans des orchestres caribéens, africains, dans des groupes d'avant-garde ou de Be-bop, mais je
ne souriais plus sur scène... je me suis dit que quelque chose n'allait pas. Et je me suis décidé
à former mon propre groupe Okra " De son vrai nom Charles Jones III, il est rebaptisé
Olu Dara, en 1968, par un devin Yoruba.
Pour les adeptes des disques "hamacs" et du blues "décloisonné" Olu Dara, en
passant de la trompette à la guitare, nous livre un compact pas très blues pas très jazz mais
très cool pour reprendre la formule d'un de nos colistiers.
C'est le directeur de chez Atlantic, Yves Beauvais, qui aide Olu, dans l'entreprise de son premier album : The word From Natchez to New-York. A cinquante-sept ans, le trompettiste de Jazz, sollicité par les plus grands noms du genre, s'offre un retour au Blues. Quelques puristes estimerons qu'il file un mauvais coton, parce qu'il s'acoquine à des musiques caribéennes, africaines, jazz, gospel. Mais il déclare pour se défendre qu'il a dans la tête le blues de R.L. Johnson sur des rythmes de James Brown. Un croisement naturel attaché à ses racines de Natchez où il est né en 1941, et à travers elles, des racines africaines encore plus profondes... Comme tous les Louisianais qui se respectent, il y mélange un blues sans concession commercial, plein d'une nonchalance rocking-chair de derrière les fagots. Quand il quitta les Jazz Messengers, Art Blakey lui dit : " Tu es bon, mais je vois bien que tu as autre chose en tête. Tu aimes le Blues, chanter et faire le pitre. Vas-y c'est ton truc ! ".
Histoire des "Fais Dodo"ou "un siècle de musique cajun" |
De: Oncle Oli <latailla@club-internet.fr>
Moi et ma belle on était au bal, c'était un
samedi soir
Moi et ma belle on était au bal, c'était un samedi soir
J'lui ai demandé si elle avait pas un peu faim, pour manger quequ'chose
Dans les années 20 et 30, la musique cajun se jouait et se dansait dans les bals du samedi soir appelés "fais dodo". Ce n'est pas que la musique était endormante (oh que non!), mais cette expression est la phrase que répétaient les femmes à leurs enfants (gardés en communauté dans une pièce à côté de la salle de bal) tout en leur donnant le sein pour les encourager à dormir, afin d'aller au plus vite rejoindre leurs maris au bal! Les hommes, eux, attendaient en dehors de la salle, dans "l'enclos des taureaux" (!), et rentraient dés que l'orchestre commençait à jouer, après avoir payé 25 Cents un ruban qu'ils portaient sur la poitrine et tenant lieu de ticket. |
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Le "territoire" cadien se situe en Louisiane du Sud, débordant même sur le Texas voisin. La Louisiane est considérée comme un pays à part par les américains, car elle fut très longtemps séparée du pays par son isolement géographique et sa culture francophone. Il suffit d'écouter "Queen Ida" Guillory et son accordéon pour s'en persuader:
Tous les fils à Tante Laura, ça dit que ça
boit pas
Le samedi soir, ça va ensemble boire comme des gros poissons
Ca boit d'la bière, ça boit du vin et du grand Marnier
Et du Cognac et du whisky aussi, et la jeunesse se saoule jamais
Fous lui ça, toi, un p'tit coup de sa bouteille
Fous lui ça, Gaby, c'est moi qui paie
Tout a commencé en 1755, quand les anglais expulsèrent les français
de la Nouvelle-Ecosse (Canada) qui ne voulaient pas prêter allégence à la couronne anglaise.
Ceux qui ne moururent pas massacrés ou de froid dans les bois sous lesquels ils avaient fuis, firent un
long périple passant parfois par la France ou l'Angleterre, et certains échouèrent en Louisiane,
alors colonie française: ce fut ce qu'on appelle le "grand dérangement". Ces Acadiens
(nom de la colonie française au canada), dont le nom se déforma en "Cajuns",
s'installent dans les prairies et les bayous du Sud-Ouest de la Louisiane. Ils créent la culture
cajun et zydéco au contact des noirs affranchis et des Amérindiens, ainsi que des européens,
dont des français déjà présents en Louisiane.
Aujourd'hui, on appelle cadiens tous les Louisianais parlant français, mais cela regroupe en fait les descendants
des cajuns (76 noms de famille!), les créoles de couleur et les français.
La musique Cajun puise donc ses sources dans la musique traditionnelle française (Poitou, Bretagne, Centre,
etc) transmise oralement de génération en génération, assimilant la culture des autres
émigrés, notamment des descendants des esclaves noirs.
C'est donc une musique de danse dans laquelle on peut retrouver de vieux airs français,
du country-western, du blues, voire d'autres influences (espagnoles, irlandaises, etc). Elle est chantée
presque exclusivement en français ou en créole, mais parfois en anglais.
Dennis Mac Gee et Amédé Ardoin (1896-1941) fut un des duos les plus célèbres
au début du 20ème siècle. Amédé est noir (accordéon), Dennis est blanc
(violon) et l'un de leurs grands succés fut le "Blues
de Basille":
Dennis Mac Gee |
Comment je vas faire chérie Oui petite fille, je m'en vas à la maison tout seul Comment j' peux faire p'tite fille Si tes parents veulent pas de moi chez toi? Où je peux aller, Chaque fois que j'vas pas chez toi? |
Ce qu'ils ont créé est à la base de la musique cajun. Aujourd'hui encore les communautés noires et blanches sont toujours influencées par leur musique, comme en témoigne avec son accordéon le pétillant Alphonse "bois sec" Ardoin, neveu d'Amédé Ardoin, et son orchestre (accordéon, violon, percussions: boîte en carton frappé de 2 fourchettes):
C'est tes parents qui ont fait
Que toi et moi, on n'est pas ensemble
Oh chérie, qu'est-ce que j'vais faire de moi?
La première apparition connue
de l'accordéon en Louisiane remonte à la fin du 19ème siècle, lors d'une soirée
vaudou ou Marie Levaux (mambo: prêtresse vaudou) joua de cet instrument. On ne sait pas comment cet
instrument fut introduit en Louisiane (probablement par la communauté française), mais on voit là
que ce furent les noirs francophones qui l'utilisèrent avant les cajuns.
Le violon était en effet l'instrument
exclusif de la musique cajun. Les musiciens cajuns commencèrent à adopter l'accordéon car
il était solide et, surtout, son volume sonore permettait de se faire entendre dans les bals! Les cadiens
s'emparèrent donc de l'instrument et cherchèrent à y adapter la musique qui était dans
leur tête. L'accordéon ne possède que 7 notes, mais par de multiples effets (staccato, doubles
croches, ornementations par petites notes mélodiques) ils réussirent à créer un style
propre.
L'accordéon fut toutefois rejeter par les "puristes" de l'époque, car jugé trop
pauvre musicalement. Par contre, dans les bals, la façon swingante dont en jouaient les cajuns lui assura
un succès immédiat!
Chanson de Nathan Abshire (1913-1981):
Hé jolie p'tite blonde!
Tu m'as quitté pour t'en aller
T'en aller avec un vaurien
Je te souhaite tout le malheur petite
Hé jolie p'tite blonde!
C'est pas de mourrir qui est terrible
C'est d'être en terre loin d'ici
Et de n'plus r'venir dans la Louisiane
La musique est la seule distraction des cadiens de cette époque, car ils n'ont pas les moyens de s'offrir phonographes ou radios. Les conditions de vie sont très pénibles et, après avoir travaillé durement toute la semaine, ils s'amusent tout le Week-end en jouant de la musique et en dansant.
La musique cajun, c'est un peu comme le blues: on chante sa douleur pour la dissiper.
Quand j'ai quitté la maison, en croyant j'avais raison,
J'avais dit: je s'rai jamais r'venu
Mais peu de temps après, j'ai eu besoin de toi à mon côté
C'est là qu'j'ai vu, que j'avais fait une grosse erreur
Quand je t'ai vu dessus la rue, avec un autre à ton côté
Tu semblais si contente et si heureuse
Avec des larmes dedans mes yeux, et mon cher coeur aussi cassé
C'est là qu'j'ai vu que j'avais fait une grosse erreur
Joe et Cléoma Falcon (1928) |
Le 27 Avril 1928 Joe Falcon (1900-1965) et Cléoma Falcon (1906-1941) enregistrent le tout premier disque cajun: "Allons à Lafayette": Allons à Lafayette, pour faire changer ton nom |
Quand ils arrivèrent dans le studio d'enregistrement, l'équipe technique ria sous cape en voyant la pauvreté de l'orchestre (Joe à l'accordéon et Cléo à la guitare), mais le rire changea vite de ton et ils durent avouer ne jamais avoir entendu une musique aussi tonique (propos recueillis auprès de Joe Falcon)!
J'ai passé devant ta porte
J'ai crié "bye-bye la belle"
Y a personne y a pas répondu
Oh ya yaïe mon coeur me fait mal!
Cléoma Breaux, de son nom de jeune fille, fut une célébrité, avec ses petits
pieds (pointure 35!) et sa peau blanche! Tous les vieux cajuns se souviennent d'elle et en parlent encore comme
d'une beauté rare! Elle jouait avec son mari Joe Falcon (guitare et grattoir) et ses 2 nièces, Solange
et Marie Falcon (aujourd'hui pétillantes grands-mères!). Le fait est assez remarquable, car à
l'époque on voyait peu de femmes dans les orchestres, et la chose était mal vue... Sous la surveillance
de la Grand-mère Falcon, le groupe anima des bals tous les Week-Ends et devint célèbre dans
toute la Louisiane. De toute façon, la musique était une affaire de famille, car ses frères
formaient également un groupe célèbre, les Breaux Frères, qui enregistra aussi
plusieurs disques.
Dans les années 30, l'accordéon disparaît peu à peu de la scène, car les orchestres
cajuns se mettent à imiter les orchestres à corde de l'ouest.
Luderin Darbone & The Hackberry Ramblers (sur un air de country):
Quand j'ai eu 21 ans, mon père m'a dit qu'il était
temps
D'arrêter de dépenser... une pièce ici une pièce là-bas!
J'ai marié une jeune p'tite fille, une p'tite fille que moi j'aimais
Et je sais qu'on dépensera... une pièce ici une pièce là-bas!
Ma p'tite femme prépare du linge , prépare pour un bébé
C'est sûr qu'on dépensera... une pièce ici une pièce là-bas!
C'est la folle époque des bals "fais dodo".
Hip et Taïaut cha, ont volé mon traineau cha
Ils m'ont vu en pétard cha, et me l'ont rendu dare-dare!
Hip et Taïaut cha, ont volé mon chapeau cha
Ils m'ont vu en pétard cha, et me l'ont rendu dare-dare!
Les bals de la fin des années 20 rapportaient 4 ou 5 $ par soirée à l'orchestre, alors qu'une journée de travail au champ rapportait à peine 1$ !
J'ai quitté la Louisiane il y a un an
Voulant gagner le Texas, je chantais sur les routes
J'ai échoué à Houston, j'me sentais super bien
Puis j'ai rencontré cette femme, et j'ai fini en prison!
Dans la prison, au diable tout ça
Je sais que ce sera long
De 1930 à 1940, la musique cajun s'américanise, comme toute la culture cadienne en
général. La Louisiane devient soudain accessible grâce aux routes et ponts, et relativement
riche grâce à la découverte de puits de pétrole qui fournissent du travail aux habitants
locaux. Le pouvoir d'achat des cadiens s'élève, et ils peuvent s'acheter radios, voitures, etc..
La culture, la langue et la musique cadienne souffrent de cette américanisation. Il "faut"
être américain, les cadiens occultent leur passé et leur histoire. Parler français devient
honteux, la langue est même interdite à l'école et n'est plus pratiquée que par les
"vieux" entre eux. Edius Nacquin (chanteur et violoniste), né à la fin du 19ème
siècle, faisait partie de ces anciens et ne parlait pas un mot d'anglais. Il raconta à Ralph Rinzler
(découvreur de talent) qui le rencontra en 1960 que la première fois qu'il est allé à
l'école, l'institutrice lui a demandé "say one", ce qu'il
fit; le second jour, elle lui demanda "say two" et il lui répondit
"c'est tout" avant de s'enfuir et de ne jamais revenir à l'école!
Mais c'était bien avant que l'école et l'anglais furent rendus obligatoire, et le français
interdit.
Tu m'as quitté pour t'en aller au Texas
T'en aller toute seule au grand Texas
Mauvaise femme que vais-je faire tout seul?
La musique cajun est délaissée. Un orchestre cadien qui ne joue pas de country-western
est ringard. Mais des musiciens continuent imperturbablement à jouer "leur" musique, chez eux
ou dans des petits bars.
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En 1939, les disques Vocalion enregistrent une "bande de jeunes" (de 17 ans) qui jouent
une musique cajun qui sort de l'ordinaire, puisque le groupe est composé de 2 guitares (Sidney et Murphy
Guidry), de percussions (Maxie Touch), d'un violon (Franck Mailhes) et d'une Lap-steel National
guitar (Lourse Touch)... mais pas d'accordéon! Ce groupe s'appele les Alley Boys. Ils furent
payés 400$ pour les 16 titres enregistrés, ce qui permit au groupe de payer les 125$ du taxi qui
les avait mené d' Abbeville (Louisiane) à Memphis, et de faire la fête avec le reste! C'était
déjà mieux que le cachet que la station de radio KVOL de Lafayette leur avait offert: des uniformes
de pompistes de la Texaco! Ceci pour montrer comme les temps étaient durs en ces années en Louisiane
du sud. Ce groupe jouait dans les bals et roadhouses la musique cajun revue à leur sauce, mais ils avaient également à leur répertoire du Blues et des "chansons populaires" |
Sidney Guitry |
Harry Choates (1922-1951) sera un autre grand artisan du retour en grâce de la musique cajun, en "cadianisant"
la musique country-western, ou en "country-isant" des vieux airs cajuns!
Puis, après 1945, c'est le retour de la guerre en Europe, et les GI's originaires de Louisiane du Sud recherchent
leurs racines et redécouvrent la musique cajun. Des musiciens oubliés depuis 15 ans redeviennent
soudain très populaires: Joe Falcon, Nathan Shire, etc.
Oh c'est malheureux chérie,
De te voir dans tes douleurs
Oh c'est toujours dur pour ton Papa,
Que ta mère t'ait donnée,
Je vais jamais oublié ça
C'est alors qu'apparaît le phénomène "Iry Lejeune" (1928-1955) avec son accordéon, véritable star de la musique cajun. Malheureusement, il mourut à 35 ans dans un accident de voiture, le fauchant en pleine gloire.
J'ai dit maman, pleure pas pour moi
Demande à tes amis de t'aider
D.L. Menard, chanteur cajun aujourd'hui fabricant de rockin'chair, était considéré comme le "Hank Williams" cajun! Il a en effet rencontré le célèbre chanteur américain et il lui ressemble! Voici des extraits de ses succés:
Moi et la belle on est aller danser
On a fait tous les bals
On est rentré le lendemain matin
Le jour se levait
J'ai passé par la porte d'en arrière
L'après-midi je suis allé au village
J'me suis tellement saoulé
Que je pouvais plus marcher
Ils m'ont ramené à la maison
Il y avait des étrangers
Alors j'ai passé... par la porte d'en arrière
Mon vieux père a voulu changer mon idée
J'l'ai pas écouté, j'avais la tête dure
Un jour mon fils tu regretteras
D'être passé... par la porte d'en arrière!
J'avais un tas d'amis quand j'avais de l'argent
Mais maintenant ils veulent plus me voir
Au village j'ai causé du tracas
La loi m'a ramassé et jeté en prison
Mais on va passer... par la porte d'en arrière!
C'était en bas du chêne vert, dessus le bord du marais
Qu'on se rencontrait, quand on se courtisait
A c't'heure elle est partie, je vas jamais la revoir
Je vas jamais oublier le beau vieux chêne vert
L'histoire de la culture zydéco est parallèle à l'histoire de la culture cajun. C'est
le fruit du mélange de la culture africaine et européenne, mais où la culture Afriquaine
est prépondérante.
Maman donne moi les zaricos
Aïe ils sont pas salés
J'ai fait le tour du pays mon joug à la selle
J'ai demandé 20 sous à ton père, et il m'en a donné 5!
"Le zydéco était un exhutoire à la souffrance des noirs. Comme pour
le blues, les noirs jouaient en écoutant leur coeur" (Charles Barry)
"C'est un mélange de blues et de musique française" (Margaret Chenier)
C'est pas la peine brailler, oooh je m'en vais!
C'est pas la peine brailler, petite fille, ooooh je m'en vais...
Je te donne tout mon argent, tu le prends et tu t'en vas.
Oooh... tous les jours c'est pas la même chose
Clifton Chenier: "Le mot zydéco vient d'une déformation du mot français "les
haricots", prononcé les "zaricos". Aller au zarico signifiait aller à une fête
où les gens dansaient au son de l'accordéon, du violon et du frottoir."
Rockin' Dopsie: "On appelait ça la musique "La-la", des picnics où les gens
dansaient et s'éclataient"
Maman, qu'est-ce qu'on peut faire?
Les zaricos sont pas salés
Clifton Chenier |
L'origine de la musique Zydéco remonte en 1942, quand Clifton Chenier se met en tête de recycler les vieux airs de son enfance. Il intègre des éléments "bluesy" à cette "french music", un son, un rythme et des accents typés qui font le zydéco.
Je suis un cochon chérie, je fouinerai autour de ta
porte
Je prendrai racine, jusqu'à ce que tu m'aimes!
Mets moi un joug, autour de mon cou
Je deviendrai serpent!
Cleveland Chenier |
Pas touche à mon tout-tout!
Prends l'autre femme, mais pas touche à mon tout-tout
Quand elle est née, le docteur lui a donné une tape en disant "tu es géniale!"
Regarde mais pas touche!
Et si tu la touches, gare à ta pomme, je t'assomme!
Au milieu des années 50, les USA et le reste du monde sont envahis par le rock'n'roll. Les musiciens
cadiens se mettent à jouer ce qu'on appellera du "swamp-pop" et modifient leurs noms en
s'américanisant pour séduire le marché US.
La musique cajun devient à nouveau ringarde et se joue presque en cachette, dans les coins les plus reculés du bayou dans quelques familles.
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Au début des années 60, le sursaut vint de la "Newport Folk Foundation" qui, sous l'égide de Alan Lomax, organisa des recherches en Louisiane et enregistra ces témoignages de la culture francophone de la région. Cela donna un coup de fouet à la musique cajun et, en 1966, fut créée la "Louisiana Folk Foundation" qui organisa de multiples fêtes locales qui réveillèrent le goût pour cette musique festive aux accents presque oubliés, les cajuns retrouvant avec goût leurs "racines".
Au delà du renouveau local, le succés de la musique cajun arriva grâce aux festivals ... de blues! Dewey Balfa fut un des pionniers de ce retour en avant (festival de Newport 1964). Depuis, la musique cadienne a ses propres festivals: cajun, zydéco, Louisiane, etc .
Si tu voulais t'en revenir à la maison
J'te pardonnerai pour tout c'que tu m'as fait
T'as écouté les conseils de tes parents
Je croyais pas ton coeur si criminel
Grâce à ces festivals, de nombreux jeunes se sont intéressés à la musique cajun, et de nombreux nouveaux musiciens apparurent, tel le groupe Beausoleil (accordéon, violon, guitare, grattoir):
Dis donc, Joline, qu'est-ce qui se passe
Je suis allé dans ta maison te demander
Mais ta grand-mère était plantée sur le palier
Elle m'a dit "non, non, la fille elle est pas là"
Pourquoi ma chérie, mon petit monde?
J'ai demandé, j'ai supplié mais t'étais partie
Mais pourquoi, Joline, t'as fais ça?
Paul Daigle (accordéon) est le nouveau virtuose de l'accordéon cajun, et
il enflamme les salles avec son groupe.
John Delafose et "The Eunice Playboys" également, en reprenant de vieux airs cajuns qu'il
joue façon zydéco:
Joe Pitre est jaloux, Joe Pitre a 2 femmes
Joe Pitre est canaille, viens pas là-bas! Viens par ici
Et les groupes cajuns reprennent les vieux airs, en y mettant une pincée de soul, un doigt de rock, mais pas trop pour ne pas perdre l'esprit si particulier de la musique de leurs ancêtres, tels Wayne Toups et les Zydecajun:
Ca m'fait du mal de voir, que danses mais trop collée!
Pourquoi tu m'fais tout ça?
C'est juste pour me facher
Allons à Lafayette, c'est pourchanger ton nom
On va t'appeller Madame "canaille" Comeaux!
Nathan Williams |
Quant au zydéco, il est aujourd'hui en plein essor, avec des représentants tels que Nathan Williams,
Clifton Chenier Junior, et de nombreux groupes de jeunes qui n'hésitent pas à intégrer
de nouveaux éléments (rap, rock, reggae...).
L'histoire n'est donc pas finie !!
Sources principales de l'article: Film "J'ai été au
bal", de Les Blank (inspiré du livre d'Ann Allen Savoy "Cajun Music: a reflexion of a people"),
et notes de Ralph Rinzler (Smithsonian institute).
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
Question:
Quel est le comble pour un bluesman qui ne sait pas nager, qui est arachnophobe et qui est fils unique?
Réponse:
Surfer sur le Net avec son blues-browser.
Date: Lundi 20 Sep 1999
De: Johnny Guitar <psguitar@club-internet.fr>
La Telecaster est la première guitare solid body construite en série (sous
le nom de Broadcaster ou Esquire).
Gretsch ayant déposé
plainte car une batterie Broadkaster figurait à son catalogue, le nom de Telecaster fut adopté. Le
nom de Telecaster fut trouvé par Don Randall qui était le gérant d'une compagnie nommée
R&TEC qui comptait Léo Fender parmi ses clients et qui devint en 1946 distributeur
exclusif des produits Fender (à l'époque, des guitares hawaiiennes et des petits amplis).
De février à août 1951 Fender utilisa son stock de transferts Fender Brodcasters en
découpant au rasoir le nom Broadcaster pour ne conserver que le nom Fender. Ces instruments sont connus
aujourd'hui par les collectionneurs sous le nom de No-casters.
La Telecaster de l'époque et celle d'aujourd'hui sont pratiquement identiques. Pour l'époque, cette
guitare était dépouillé, simple, puissante et très en avance par rapport aux productions
des années 50 qui rappelons le étaient le plus souvent des guitares à caisses creuses amplifiées.
La production débuta en 1950
et les premiers modèles Esquire à un micro sortirent en avril 1950 suivis par quelques modèles
à deux micros. La production proprement dite de l'Esquire avec un micro et une barre de réglage (truss
rod) ne débuta qu'en janvier 1951. Il est a noter que en novembre 1950, une Broadcaster à deux micros
et comportant une tige de réglage était disponible au catalogue pour la somme de 169,95 dollars.
Le nom de Telecaster fut apposé sur les modèles à partir d'avril 1951.
On peut dire qu'avec cette guitare, Leo Fender et son entreprise transforma radicalement la guitare électrique
en produit d'usine : Quelques éléments essentiels composés de pièces facilement
assemblées et vendu à un prix abordable. On était loin du soin attentif et précautionneux
des luthiers fabricants de guitares traditionnelles.
Les méthodes Fender favorisaient une production plus régulière et plus fiable. De plus Fender
ne voulait pas des sons grasseyants à la Gibson, et son concept lui permettait d'obtenir des sonorités
plus sèches et cristallines.
Les premières Tele se résument au concept suivant : une
planche de bois sur laquelle est vissé un manche en érable d'une seule pièce (service après
vente plus efficace….), mécaniques en lignes pour que les cordes gardent leur rectitude après le
passage dans le sillet, chevalet sommaire (trois pontets), et pas de cordier puisque les cordes traversent la caisse. Toute l'électronique se trouve accessible par le devant caché par la plaque en bakélite
ainsi que par une petite plaque métallique qui supporte les potentiomètres et le sélecteur.
Le jack de sortie se trouve sur la tranche. Les micros sont bien évidemment des simples
bobinages.( Note : les humbuckers Gibson ne firent leur apparition en 57 à la
place des P90 sur les modèles Les Paul Goldtop et Custom).
Le sélecteur à trois positions
des premiers modèles offrait soit : le micro grave, le micro aigu
et le micro grave avec un circuit qui permettait de réduire les aigus. La configuration
actuelle (grave/ grave +aigu / aigu ) est venue qq temps après. Il est à remarquer que l'Esquire
avec un seul micro, possédait également un sélecteur trois positions avec un système
passif de réduction des aigus.
Vers la fin des années
60 la gamme Telecaster s'élargit avec la Thinline (corps semi creux et ouïe en f), Rosewood tout
en pallissandre (cf Georges Harrison) puis en 1972 et 1973 les Customs et les Deluxe avec un et deux humbuckers
(succès de Gibson oblige …..)
La Tele possède un grain bien particulier : notes claires et précises
qui claquent un peu dans l'esprit du banjo comme diraient certains. Bien sur les musiciens
de Country ont tout de suite adopté cette planche et l'un des premiers qui contribua au succès de
la Tele fut Jimmy Bryant, célèbre pour ses duos à la pedal-steel avec Speedy West. Le micro
de la Tele c'est bien sur le simple bobinage près du chevalet qui possède la particularité
d'être monté sur une plaque métallique. Beaucoup de
mordant et agressivité qui en remontrent parfois à certains PAF.
De 1950 à 1959 Fender utilisa un manche fretté en érable d'une seule pièce
De 1959 à 1962 le dessus du manche en érable était raboté à plat et recevait
une touche en palissandre plate à la base et bombée sur le dessus dénommé : Slab Board
ou touche plate.
De 1962 à 1983 le dessus du manche en érable était bombé et recevait une touche en
palissandre mince qui suivait la même courbe.
En 1969 le manche en érable d'une seule pièce était à nouveau disponible.
En 1983 on retrouve le Slab Board
Le site de référence : www/fender.com
Les musiciens du blues qui ont adoptés la Telecaster :
Mike Bloomfield (Essential Blues 1964 / 1969 " Goin' down slow "), Roy Buchanan, Albert Collins (Ice
Pickin'), Steve Crooper (Green Onions), J.B. Hutto, Muddy Waters (Hoochie Coochie Man), Eric Clapton in the beginnings
with the Yardbirds.
Sans oublier dans d'autres styles : James Burton, Jerry Donahue, Amos Garret, Dany Gatton, Waylon Jennings, Wilko
Johnson, Albert Lee, Tom Morello, Chuck ¨Prophet, Keith Richards, Bruce Springsteen, Mike Stern, Andy Summers,
Clarence White.
Date: 16 Septembre 1999
De: Oncle Oli <latailla@club-internet.fr>
C'est le Jeudi 23 et le Vendredi 24 Septembre 1999 que le groupe Doo The Doo a enregistré ce qui
sera son premier album "live". Toujours aussi pêchus les texans-bretons! Par 45° à l'ombre
(il n'y avait pas de soleil à 22h), les frères Jazz faisaient peut-être là un stage
d'acclimatation à Tahiti et Bora-Bora où ils vont effectuer prochainement un séjour (studieux)
pour une série de concerts des Honeymen. Mais là, au Bar' Ouf (route de Pont-L'Abbé,
Quimper), c'est tout le groupe Doo The Doo qui a transpiré pour nous offrir un concert où
ils ont sorti le meilleur d'eux mêmes, devant un public enthousiasmé.
Imperturbable derrière sa batterie, le Prince de Bretagne Philippe "Sad" Carnot a assuré
un tempo d'enfer, admirablement soutenu par le bassiste Mig qui a pour caractéristique, outre de
bien jouer, de tenir sa basse à mi-chemin entre la position d'une contrebasse et celle d'une guitare! Elmore
Jazz nous a encore époustouflé par son talent à l'harmonica qu'il ne lâche que pour
fumer ou chanter, sa voix étant décidemment de plus en plus bluesy. Côté guitares, ce
fut l'extase avec Jimmy Jazz (chant aussi) et Zeb qui maintenant se partagent cet instrument. Et
là, ça déménage! Zeb s'est parfaitement intégré au groupe, assurant une
rythmique impeccable quand Jimmy place un solo ou une série de riffs. Et quand Zeb fait un solo, c'est un
véritable plaisir tant son niveau technique est élevé. Technique, mais aussi profondément
ressentie, il vit sa musique: son visage exprime chaque note jouée!
En invité surprise, Benoit "Blue" Boy, véritable mentor du groupe, les a rejoint
sur scène pour un morceau d'anthologie.
Ce fut donc une soirée mémorable qui aura l'avantage d'être matérialisée par
un CD qui, je l'espère, saura faire passer le même courant qu'en "live-direct"!
PS, info glanée au passage: les Doo The Doo viennent de terminer l'enregistrement en studio de leur prochain
album... Reste plus qu'à faire le mixage et à le diffuser.
PPS: vous avez bien compté, ça fait 2 CD des Doo The Doo à paraître dans les prochains
mois!