1 - KEB' MO: le génie bienfaisant du Blues
2 - En direct de Chicago: 3 soirées Blues, Blues, Blues!
3 - BIG BRAZOS: Sweet Home Caraïbe
4 - Interview Exclusive de Slawek: le polonais du blues français et le World Blues
5 - Assez rigolé, un peu de théorie: Plans Blues Maj/min
6 - interview de Taj Mahal: Sweet Home Bamako!
7 - Fat Possum Caravan Joint Tour 99
8 - Bagneux Blues Night: la grande messe du Blues en Région Parisienne!
9 - La net-interview de Jean Guillermo, coach du festival Blues sur Seine
10 - La Gueule de Blues du mois: Luther Allison
11 - le feuilleton du Doc: les Soulmen au festival blues de Lisieux
12 - A86: A donf' sur l' autoroute du Blues
13 - Infos sur le Chicago Blues Festival
14 - Abu Talib: Freddy est mort, vive Abu!
15 Comment sonoriser et/ou enregistrer les Brazos ?
16 - Boeuf "Travel In Blues" au Saint-Louis: Greenwood était là!!
le génie bienfaisant du Blues.
Date: 28 Novembre 1999
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
C'est en 1994, à l'âge de 42 ans que Keb' Mo, personnage atypique de la scène du Blues,
sortait son premier album. On découvrait tout à coup un nouveau joueur de country-blues qui, bien
que respectueux du style, apportait une touche personnelle qui lui fit connaître un succès qui alla
bien au delà du public purement amateur de Blues.
En 1996 et en 1999, deux autres albums ont suivi, connaissant la même réussite et conservant le
même esprit "blues acoustique", même si Keb' Mo n'hésite pas y intégrer d'autres
éléments.
Un succès commercial trop facile? Une musique trop propre qui manque de "vécu"? Un joueur
de Blues qui n'a pas les caractéristiques personnelles attendues d'un bluesman authentique? Ce sont plusieurs
des raisons qui font parfois critiqué ce musicien, lui refusant même parfois l'étiquette "blues".
Mais Keb' Mo lui-même refuse obstinément l'étiquette de "bluesman" au sens traditionnel
du terme. Un brin provoquant, il affirme même qu'il ne comprend pas comment les puristes peuvent ne jouer
qu'exclusivement les vieux standards du blues, ce qui l'ennuierait "à mourir"! Et quand on lui
demande ce que serait pour lui la chanson parfaite, il répond: "ce serait avec la musique de Miles
Davis, les textes de Barry Mann et la voix de Ray Charles".
Alors, d'où vient ce guitariste au picking et à la voix impeccables? Pour mieux comprendre l'esprit
qui anime Keb' Mo, il faut retracer brièvement sa carrière musicale.
Né en 1952 à Los Angeles sous le nom de Kevin Moore, il n'est pas tombé dans
le Blues tout petit. En fait, le premier chant qu'il dut entendre était du gospel, chanté par sa
mère qui animait de sa voix les temples baptistes de L.A.. Maman Moore est originaire du Texas et papa Moore
de Louisiane, ce qui peut sans doute donner un début d'explication à l'intérêt qu'il
portera plus tard au Blues. Mais au début des années 70, il joue de la guitare électrique
dans des groupes de Rock et de Soul-music avant d'être repéré par Papa John Creach
(violoniste de Jazz et de Blues ayant joué avec Jefferson Airplane et Hot Tuna) qui le prend sous son aile
dans sa formation. Ce groupe tourne énormément et fait notamment les premières parties de
John McLaughlin, Jefferson Starship et Loggin & Messina.
Puis il travaille à Los Angeles comme accompagnateur et arrangeur en studio. Kevin Moore est alors un
"requin" de studio, mangeant à tous les râteliers! Il ne s'étend jamais trop
sur cette époque, mais c'est à ce moment là qu'il devient vraisemblablement un véritable
pro de la musique, apprenant à maîtriser les différents aspects techniques de l'enregistrement
et sans doute un sens de la mélodie qui fait mouche.
En
1980, Kevin Moore enregistre un album Rythm & Blues pour le label aujourd'hui disparu Chocolate City Records,
par ailleurs spécialisé dans le disco (Donna Summer). Nous sommes de plus en plus loin du Country-blues!
Ce disque, "Rainmaker", maintenant introuvable (un collector, au
moins en raison de l'identité de son auteur!) est le vrai premier disque de Keb'Mo: appelons-le donc le
numéro Zéro!
En 1983, Kevin Moore prend vraiment contact avec le Blues en rencontrant Monk Higgins (saxophoniste) avec
lequel il joue dans les clubs de L.A.. Cette rencontre est, de l'aveu même de Keb' Mo, probablement l'élément
le plus important dans son approche du Blues. Mais on est encore loin du Country-blues!
Le grand tournant (pour une fois ce n'est pas un carrefour) eut lieu en 1990, quand le Los Angeles Theater Center
proposa à Kevin Moore de tenir le rôle d'un bluesman dans la pièce "Rabbit Foot".
Keb' Mo reconnaît en riant que ce fut le déclic qui le fit soudainement s'intéresser au blues
"originel", celui du Delta.
Commence alors pour lui une petite carrière d'acteur marqué du sceau "country-blues" qui
lui valut notamment l'honneur d'interpréter le rôle de Robert Johnson dans le film "Can't you hear the wind blow?", documentaire-fiction où il interprète
le célèbre bluesman du Delta dans les scènes musicales. Gageons que ce film est très
intéressant, même si il n'a reçu ni Oscar ni Wild (mais il a été récompensé
par un Award et est disponible en VHS et DVD, aux USA...).
En tout cas, Kevin Moore devient à cette époque Keb' Mo (surnom moqueur que lui donna un ami
quand celui-ci apprit qu'il allait jouer des rôles de bluesmen!) et se plonge à fond dans les racines
du Blues. Il rencontre Taj Mahal (dont l'influence sur Keb' Mo est évidente), Junior Wells,
Lazy Laster, et quantités d'autres bluesmen moins connus ou carrément méconnus. Il écoute
Big Bill Broonzy, Robert Johnson, Mississippi John Hurt. Les sommets qui lui semblent inaccessibles sont
et Blind Boy Fuller et Reverend Gary Davis. Et celui dont il ne se lasse pas, c'est Muddy Waters.
Ca y est, nous sommes en plein dans le Blues! Et on voit que Keb' Mo ne se confine pas à un seul style de
blues "acoustique", négligeant les frontières historiques et géographiques du Sud
des Etats-Unis. Bref, c'est à cette époque que Keb' Mo se forge un style.
Donc, on l'a déjà dit, en 1994 c'est le choc, avec la sortie de son premier album de Blues, tout simplement intitulé "Keb' Mo"! La photo qui illustre le CD parle d'elle-même: debout, adossé à un mur, jambes croisées et visage caché par son chapeau baissé sur les yeux, un étui de guitare est posé à ses côtés... ça fait très blues. Et ça en est, c'est sûr! Il faut l'écouter pour découvrir comment on peut encore composer des Blues qui ont tout pour devenir des standards intemporels (écoutez "Every Morning"...). Picking, slide, walking bass, tout est là, parfaitement à sa place. Et dés ce premier disque, Keb' Mo montre qu'il est également un chanteur excellent, à la voix chaude et bien posée. Deux reprises rendent clairement hommage à l'influence majeure de Keb' Mo: "Kindhearted Woman Blues" et "Come on in my Kitchen" de Robert Johnson. Il a appris le premier afin de participer à une pièce de théâtre et le second en s'accompagnant d'un ordinateur qui jouait la basse et la batterie! Mais Keb' Mo se positionne également comme un compositeur hors pair, n'hésitant pas à rajouter une pointe de jazz, un zeste de soul, un soupçon de gospel, un chouïa de ballade... et revenir au plus pur Delta Blues avec des titres comme "Am I Wrong", digne de son idole Muddy Waters. Bref, une étonnante maturité et authenticité pour un "nouveau" bluesman...
En 1996 sort son deuxième disque ("Just Like You")
qui affirme encore plus le talent de Keb' Mo. On retrouve le style de ce qui fit le succès du premier album,
mais Keb va un peu plus loin dans l'élargissement de ses horizons musicaux. Il y a encore de vrais blues
("Last Fair Deal Go Down" de ... Robert Johnson, joué avec
un mélancolique orchestre New-Orleans, ou par exemple "You Can Love Yourself"
de... Kevin Moore!), mais également des chansons plus "pops". C'est ce côté pop qui
est sans doute reprocher à Keb' Mo par les puristes: "pop" voulant ici dire "chanson mélodique",
ce qui pour certains semble sonner comme un reproche. On laissera là ce pseudo-débat sans fin, et
on préfèrera découvrir un Keb' Mo qui joue de la guitare électrique sur certains titres
qui vont chercher leurs sources du côté de Chicago. Quant à la dernière chanson de ce
disque, c'est une berceuse... Le genre de berceuse qui donne envie de savoir chanter et jouer de la guitare pour
endormir sa petite fille!
Ce disque aura sans doute déçu les puristes déjà sceptiques à la sortie du premier
album, mais il place franchement Keb' Mo dans la catégorie des grands song-writers de notre époque.
Et
il le confirme en 1999 en sortant l'album "Slow Down" qui
commence avec le titre sans équivoque "Muddy Water". A ses
diverses et maintenant habituelles sources d'inspiration, Keb' Mo rajoute une dose de funk sur le titre "Slow Down" et une grande rasade de gospel sur "God
Trying To get Your Attention". Comme pour faire pardonner par les puristes, il a quand même
enregistré "Love in Vain" (devinez de qui? de Robert Johnson
bien sûr!) dont il effectue une poignante interprétation. La musique de Keb' Mo a évolué
mais reste fidèle à ce qu'elle était dans son premier album: écoutez l'intro de "Soon As get Paid", un régal!
De ces trois disques, il ressort une très grande liberté musicale de Keb' Mo (liberté
autorisée par une maîtrise impressionnante du chant et des différents style musicaux dont il
s'inspire) et une constante qui est l'utilisation de la guitare acoustique et du dobro, en picking ou en slide.
Keb' Mo n'est pas un "guitar heroe", et il affectionne particulièrement le son de la guitare acoustique
pour son côté naturel et direct: "l'acoustique prend aux tripes, elle possède un
aspect physique important", et il ajoute "il est plus facile pour moi de chanter en jouant
de l'acoustique, car alors je joue rythmique et ça porte vraiment les mots". Il ne craint toutefois
pas de prendre la guitare électrique pour effectuer des accompagnements ou des chorus sur ses disques, mais
jamais sur scène. Un grand timide Keb' Mo?!
Les textes de Keb' Mo sont toujours d'actualité, car il se refuse à plagier les maîtres du
Blues et il préfère parler de ce qu'il a vécu, ou de ce qu'il a vu autour de lui. Et quand
un parolier lui apporte un texte qui lui semble authentique et qui lui plaît, il le prend et le met en musique.
Un reproche qui est souvent fait à Keb' Mo est d'avoir un son trop propre, trop net, trop pur... Excusez-le
de bien faire ce qu'il aime! Encore une fois, Keb' Mo se refuse à essayer de "faire comme". Ses
chansons sont quasiment toutes enregistrées en prise directe, sans jamais aucun effet artificiel. Les
seuls overdubs sont les solos à la guitare électrique que Keb' Mo rajoute par dessus son jeu à
l'acoustique!
De toute façon, ce genre de reproche disparaît dés qu'on voit Keb' Mo sur scène: le
contact avec le public est indéniable, et le courant "blues" passe à tous les coups.
Keb' Mo fait donc partie de la "jeune génération" de joueurs de blues, celle qui permet
à cette musique reste vivante et nous permet d'autant plus d'apprécier les "anciens". A
raison de 1,33 chansons de Robert Johnson par disque (4 titres en 3 albums), cela nous promet encore 18 albums
de Keb' Mo... En fait, ce que j'espère c'est qu'il ne s'arrêtera pas là et attaquera ensuite
le répertoire de Big Bill Broonzy, au hasard!
P.S.: pour ne pas alourdir le texte, je n'ai pas cité les nombreuses récompenses
qu'a reçu Keb' Mo aux W.C. Handy Awards, les voici:
Album Country/Acoustic 1995 pour le disque "Keb' Mo"
Artiste Blues acoustique 1997
Artiste Blues acoustique 1998
Artiste Blues acoustique 1999
Artiste homme Blues contemporain 1999
Chanson Blues de l'année 1999 pour "Soon As Get Paid"
3 soirées Blues, Blues, Blues !
Date: Lundi 29 Novembre 1999
De:" Damien D. " <mineda99@hotmail.com>
Buddy Guy's Legend, Kingston Mines, Blue Chicago, Rosa's... Ils ne manquent pas les bons clubs de blues de
Chicago. Pourtant il faut faire un choix: quatre soirs là-bas, trois soirées Blues (seulement trois,
car j'étais avec des copains qui sont moins bluesfan que moi), donc trois club: le B.L.U.E.S., le Rosa's
et le Kingston Mines (dommage pour les autres, mais il y a déjà de quoi faire avec ceux-là).
B.L.U.E.S.,
24 novembre, Liz Mandeville Greeson
Après onze heures de car et une bonne heure de marche dans les rues illuminées de Chicago (ça
se mérite, le blues !), nous nous sommes installés au B.L.U.E.S. La salle est très
sympa: assez petite, tout en bois, ambiance intime... On est arrivé juste au moment où les musiciens
montaient sur la scène minuscule. Les deux guitaristes, le bassiste et le batteur (un peu endormi celui-là)
nous ont joué quelques petits blues sympa en attendant l'arrivée de leur chanteuse, la fameuse Liz
Mandeville Greeson.
La voilà qui monte sur scène! Elle est petite, blanche, pas très impressionnante. Attention,
l'habit de fait pas le bluesmoine! C'est en fait un sacré petit brin de femme à la
voix chaude et puissante, au jeu de scène suggestif (voire provocateur), à la bonne humeur communicative...
Quelle pêche! Tous les ingrédients étaient là pour passer une bonne soirée. On
a eu droit à de jolies reprises d'Etta James, d'Elmore James et j'en oublie. J'ai même
failli tomber de ma chaise quand j'ai vu arriver l'invité surprise de Liz: un certain Mickael Dodson,
guitariste de Magic Slim. Excellent! En deux mots: très bonne soirée (oups ça fait
trois).
Rosa's,
26 novembre, Melvin Taylor & the Slack Band
Après avoir passé deux journées à se ballader dans les avenues du centre,
on s'est éloigné du downtown pour aller au Rosa's, un club très sympa, fondé
il y a déjà bien longtemps par une italienne (Rosa) et ses deux fils, batteur et bassiste. Melvin
Taylor, l'invité du soir, est un copain à eux.
Melvin Taylor, c'est un phénomène. Je n'ai jamais vu un guitariste aussi rapide. Parfois je
ne voyais même plus ses doigts. Pendant toute la soirée, des milliers de cascades de notes
nous sont tombées sur la tête, sans qu'on n'y comprenne rien. Il a une telle maitrise de son instrument
! Par moment, j'ai même cru apercevoir le fantome de Jimi. Il est fabuleux.
Bon j'avoue, parfois je me disais: " c'est bien joli toutes ces notes jouées à fond les ballons
, mais le Blues dans tout ça? ". Pourtant, le feeling Blues, qui nous fait tous vibrer, il l'a vraiment,
Melvin, caché derrière cette technique époustouflante. On le sent quand il chante et quand
il fini une phrase avec un petit " babe ", avec sa superbe voix... Il nous a aussi joué quelques
morceaux jazzy à la Wes Montgomerry. Excellent!
Le batteur surpuissant et l'excellent bassiste qui l'accompagnaient nous joué chacun leur petit solo de
derrière les fagots: impressionnant! C'était génial, mais attention, ce type de blues, très
loin des racines, ça rend fou.
Kingston Mines,
27 novembre, A.C. Reed.
Le Kingston, c'est le plus grand blues club de Chicago, tant par la taille que par
la renommée (et par le prix de l'entrée malheureusement). Deux grandes salles tout en bois sont disposées
côte-à-côte. Les deux groupes jouent chacun leurs tour pendant une heure. Je n'ai pas aimé
cette formule ; on s'ennuie pendant que c'est le groupe d'à côté qui joue. Je ne m'étendrai
pas là-dessus. C'est la musique qui compte, n'est-ce pas?
Et elle était vraiment excellente, la musique. Il n'est plus tout jeune, A.C. Reed (désolé
pour papy Yoda René et pour les autres), mais il est toujours excellent au chant comme au saxo. Quel bluesman!
On a eu droit à du pur Chicago Blues, avec des musiciens excellents:
les deux guitaristes (un noir au jeu lisse, tout en nuance, et un blanc, au jeu plus fourni, plus agressif) nous
ont bombardé de solos de guitare tous plus inspirés les uns que les autres. Le bassiste et le batteur
(qui faisait super bien le son de l'harmonica avec sa bouche!) n'étaient pas en reste. On a eu droit a une
jolie version de Sweet Home Chicago et de Dust my Broom. Superbe! A.C Reed a fait monter sur scène
quelques copains, dont Mary Lane, une pure chanteuse de blues (couleur noire, un certain age, une voix cassée
et émouvante). L'ambiance était super, avec des gens qui chantaient, qui dansaient... Dommage qu'il
y avait ces p@#$%$ d'interruptions d'une heure! Excellent souvenir cependant. Vive le Chicago Blues!!!
Voilà pour ces quelques jours dans la Windy City.
A part ça, Chicago est une ville vraiment sympa, vivante et plus agréable que New York. Je vous encourage
tous à vous organiser un petit séjour là-bas.
Come on, Baby don't you wanna go...
(photos de l' auteur)
Big Brazos: Sweet Home Caraïbe |
|
Docteur Blues et Johnny Guitar (photo Jocelyn Richez) |
Date: Mardi 30 Novembre 1999
De: Pierre Mercier <pj_mercier@yahoo.fr>
Evenement bien parisien, vendredi dernier au célèbre Mineschola de 267, St James Street avec le retour triomphal des BIG BRAZOS après leur harrassante tournée " One Day, One Town " sur les hauts plateaux de l'Essonne.
Quelques Greenwoodiens au spectacle! |
un public de connaisseurs... (Pierrot, Renard et Jocelyn) |
Interview Exclusive de Slawek:
Le polonais du blues français
Et le World Blues
Date: 1er Décembre 1999
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
C'est le 26 novembre 1999 que j'ai rencontré notre
bluesman franco-polonais Slawek, à l'occasion d'un concert au pub Gwened de Vannes. Chaleureux comme savent
l'être les slaves, il a bien voulu répondre à mes questions entre les deux sets, devant un
Jack Daniel's. Né en 1962 il est arrivé en France à 24 ans en 1986 et vit depuis cette date
à Rennes. Deux album sont à son actif: "La Baignoire Pleine d'Histoires" (1996), et "d'Est
en Ouest" (1998).
Bonjour Slawek, la première partie de ton concert m'a surpris, car je m'attendais à retrouver
le Slawek de ton dernier disque "d'Est en Ouest", c'est à dire le guitar-heroe électrique
à la "Steve Ray Vaughan". Or ce soir tu joues acoustique...
Oui, je joue toujours électrique pour des gros coups, des tournées, mais dans tous mes concerts j'ai
toujours un set acoustique. Et il y a beaucoup d'endroits où je ne peux pas jouer avec tout le groupe, parce
que ça fait trop de bruit! Alors j'ai fait un groupe acoustique, ça fait moins de bruit et c'est
un très bon exercice pour les musiciens: tu n'as pas de basse, pas de batterie... C'est toi à la
guitare qui fait la percussion, la basse, et tu fais le chant, le show, sans aucune modulation, sans aucune déformation
du son, c'est à dire sans effets. On revient un peu aux origines du blues et de la musique acoustique. Au
départ, le blues est une musique acoustique, et pour moi c'est un bonheur à l'état pur!
Est-ce que tu tournes beaucoup en ce moment? Beaucoup de concerts?
Tu sais, il y a un mois j'ai changé mon équipe. Il y a une semaine on était au festival "Les
Sons de la Guitare" qui s'est déroulé à Torcy, à l'Est de Paris. Le premier jour
on était tête d'affiche, et le deuxième jour il y avait Gwenn Ashton, un guitariste irlandais
qui a remplacé Rory Gallagher. C'était magnifique, j'ai fait une partie acoustique qui a beaucoup
plu au public.
On me colle un peu cette image de Steve Ray Vaughan... je ne renie jamais mes influences, il faut le dire, mais
en même temps j'essaye d'une façon tout à fait naturelle de montrer un peu que j'aime composer,
et que j'aime montrer la musique de Slawek. Le disque "d'Est en Ouest" est pour ça une très
très bonne image, avec une véritable recherche musicale et une passion pour une musique mélodique,
comme à la base du blues.
Tu mélanges le blues avec d'autres influences... Ton titre "Gipsy Dance" par exemple...
Oui, "Gipsy Dance" c'est une influence un peu hispanisante et arabe.
Aujourd'hui, ma musique j'appelle ça tout simplement "World Blues"! parce que justement elle est
composée de multiples influences. C'est le métissage des styles, et c'est pourquoi j'aime chanter
en plusieurs langues: polonais, anglais, français et allemand.
La guitare, tu en fais depuis longtemps?
La guitare, c'est une vieille histoire... ça fait au moins trente ans, j'étais chez ma tante
et il y avait une petite guitare pour enfant, tu sais, un jouet. Je crois que c'est sur un morceau de Jimmy Hendrix
ou un truc dans le genre, je faisais le mime. Aucune note ne sortait de la guitare mais je mimais! J'étais
passionné par ça! Donc il y a 30 ans...
C'est Jimmy Hendrix le premier que tu as écouté?
Non, en fait je crois que c'est Johnny Winter. Et aussi Carlos Santana, John Mayall, Eric Clapton, Albert King,
B.B. King... Magic Slim, avec qui j'ai joué d'ailleurs.
Steve Ray Vaughan, je crois que je l'ai écouté il y a bien quinze ans. Après, il y a eu en
France une SRV-mania et à ce moment là j'étais presque quelquepart dégoûté,
parce que moi je jouais ça déjà avant, et après tout le monde s'est mis à imiter
ça. Donc c'est pour ça que, même si je ne renie pas mes influences, maintenant je me bats un
peu pour montrer que Slawek: c'est Slawek!
Et Big Bill Broonzy dont tu as repris "Hey hey" pour commencer ton concert? Et...
Attends, tu vois, là j'ai une reconnaissance non négligeable pour ces mecs là... Ils ont composé
cette musique, ils l'ont inventé...
Tu sais, je me mets à genoux et je dis: "merci les mecs, c'est super, parceque votre musique est une
source d'inspiration pour mon monde musical". Voilà, en gros c'est ça.
Et en france, tu connais et tu joues avec des bluesmen?
Oui. Il y a 5 ans Patrick Verbecke m'a invité une fois sur "Euro Blues Festival" après
m'avoir vu jouer en solo à la guitare acoustique. Il m'a donc aidé un petit peu au départ,
même si là actuellement je crois qu'il est tellement débordé qu'il n'a pas le temps
de me donner un coup de main. Faut dire la vérité: il n'a pas le temps!
Je connais Paul Personne, avec qui j'ai joué une fois.
Dans le blues français je connais Benoit Blue Boy, j'espère qu'il se rappelle de moi! Doo The Doo,
bien sûr, il y a 2 ans ils ont joué en première partie de mon groupe.
Tu peux nous parler de ton nouveau groupe?
Avec cette nouvelle équipe, je vais pouvoir continuer mon "world blues"!
Le batteur-percussioniste, c'est un gars qui a une grande expérience: il a fait du latino, de la salsa,
du celte.
Le bassiste est un joueur de Jazz, un excellent contrebassiste.
Et à l'harmonica c'est le même que ce soir: Christian qui m'accompagne depuis 2 ans, avec qui on s'amuse.
Comme ce soir, ça passe bien, tu es témoin: dis que ça passe bien!
Oui c'est super, ça passe bien!
Tu vois, on a joué en duo, on a fait notre show... C'est pas Slawek, c'est Slavin'Blues: Slav' n' Blue.
"Slav" c'est moi, "Blue" c'est Christian! (plus tard dans le concert, Slawek expliquera que
Christian est appelé "Blue" parce qu'il est éclairé par le spot bleu, et que lui
c'est "Red" parce qu'il vient d'un pays communiste!)
On joue du "World Blues" qui vient du fond du coeur, je le souligne!
Tu prépares un troisième disque?
En fait, j'ai deux projets: un album avec mon groupe, ça sera encore plus poussé "world blues",
et un autre disque qui sera "acoustic blues". Donc deux disques en vue, mais je ne sais pas quand ça
va sortir, car là j'ai quelques petits problèmes... comme tous les bluesmen, hein!
Tu vas à Paris bientôt?
Le problème, c'est que c'est hyper difficile d'attaquer avec un groupe dans les petites salles de Paris.
On est comme tout le monde, avec nos dettes, des maisons à payer, des gosses à élever, et
à Paris c'est très difficile financièrement.
Mais avec Slavin' Blue, ma formation acoustique, ça va changer et il y a de fortes chances qu'on joue à
Paris. Je vais contacter Bottleneck et d'autres bars à paris pour une tournée d'une semaine.
Merci Slawek. Une dernière chose à dire?
Oui, un message pour les distributeurs et promoteurs du Blues: j'ai deux albums et je suis libre de contrat! Mon
distributeur précédant ayant eu quelques problèmes, j'ai été obligé de
rompre mes contrats. Donc, n'hésitez pas à nous contacter à l'association Blue West! (02.99.66.95.80)
Le site officiel de Slawek : http://www.multimania.com/nalleur/slawek/slawek.shtm
Contacter Slawek: Association BLUE WEST Mainbuet 35520 MELESSE
Tél / fax : 02 99 66 95 80
Propos recueillis par Olivier de Lataillade, le 26 novembre 1999 à Vannes.
Plans Blues Maj/min
Date: Tue, 30 Nov 1999
De: "Bruno " whap " Droux " whap " <bdroux@wanadoo.fr>
Il y a quelques temps, vous avez pu lire;
" i.m.h.o. (in my humble opinion) les phrases les plus " Blues " mettent en jeu la tierce
Majeure ET la tierce mineure (ou alors un bon plan en mineur, suivi d'un plan bien majeur avec la même tonique,
et/ou réciproquement, difficile d'y résister). "
Je tiens à re-préciser qu'il s'agit d'un goût personnel et pas d'une vérité universelle
que quelqu'un pourrait prouver. Ceci dit, si vous voulez bien accepter cette proposition (même momentanément)
juste comme ça " pour voir ", alors on peut passer à la suite, sinon, rien de grave et
à plus.
"Pour les gratteux j'connais un truc très simple: vous prenez n'importe quel plan à base
de pentatonique MINEURE (Ex en E : E, G, A, B, D) et tout à coup vous descendez de 3 cases (d'une 3ce min,
donc) et vous faites le même doigté (le même plan, donc) (suite du même ex en E : C#,
E, F#, G#, B), vous êtes déjà dans la pentatonique de E MAJEUR, C.Q.F.D."
Tiens ? vous êtes encore là ? super ! ;-)
En fait tout est dit dans ce paragraphe, sauf que ça marche avec tous les instruments. On dira plus 3 cases, mais
3 demi-tons, mais ça peut être galère à jouer sur certains instruments (piano, harmo).
Aujourd'hui, il s'agit de faire quelques rappels autour de ça pour comprendre avec conscience, ce que les plus grands Bluesmen font, souvent inconsciemment, mais pas tous, et pas toujours. On ne me fera pas croire que des types comme
Taj Mahal, Ben Harper ou BB King, ne connaissent pas ce principe. On ne me fera pas croire non plus que
des types comme Robert Johnson ou Mississippi John Hurt, ne l'on l'ont jamais utilisé, même
s'ils n'en avaient peut-être pas l'explication.
Alors reprenons. D'abord le rapport Majeur/mineur.
Prenez un piano bien mûr, et considérez d'une part les blanches (7 notes mais on s'en fout) et les
noires (5 notes mais on s'en fout). Cela va représenter deux systèmes différents qui vont
se comporter de façons identiques.
Les blanches représentent une gamme heptatonique (hepta=7 en grec) et les noires représentent une
gamme pentatonique (penta=5 en suédois). On parle de 7 ou 5 notes de nom différents, l'octave ayant
le même nom que la tonique.
Mais attardons nous quelques instants sur la gamme blanche.
Par convention, cette gamme représente un certain " motif musical " (qu'on connait tous), à
condition de partir de C ! Cette couleur s'appelle MAJEUR.
Si on prend les même notes, à partir du A (*3 demi-tons plus bas*), on a un autre motif musical (qu'on
connait aussi) et qu'on appelle MINEUR (mineur naturel, pour être précis). Ce principe s'appelle
" les gammes relatives ".
C Maj est la relative majeure de A min, et A min est la relative mineure de C Maj.
Pour la gamme noire, c'est pareil avec seulement 5 notes. La principale différence c'est que pour la gamme
blanche, la gamme " par défaut " entre les deux relatives (la plus connue/utilisée) est
la relative majeure, alors que pour la gamme noire, la gamme " par défaut " entre les deux relatives
est la relative mineure.
Appliqué aux touches noires du clavier, la pentatonique mineure (que beaucoup de débutants croient
être la " gamme de Blues " parce qu'elle lui ressemble énormément) a pour tonique
Eb, et comprend Eb, Gb, Ab, Bb et Db.
Pour info, la gamme Blues (celle des bouquins, pas celle de Lbop ;-)) de la même tonalité comprendra
Eb, Gb, Ab, A, Bb, Db. Et on trouvera la relative majeure de Eb min 3 demi-tons plus haut, c'est-à-dire
en Gb avec exactement les mêmes éléments, c'est-à-dire Gb, Ab, Bb, Db et Eb.
Tout ça pour dire que quelque soit le système
(penta ou hepta), le rapport Maj/min est le même. Les relatives
majeures et mineures contiennent les mêmes éléments, et les toniques sont à trois demi-tons
d'écart (3 cases à la guitare), la majeure au dessus, la mineure en dessous. Et le Blues dans tout
ça ? Le Blues, je sais pas, mais dans la proposition de départ, il y avait:
" un bon plan en mineur, suivi d'un plan bien majeur avec la même tonique, et/ou réciproquement,
difficile d'y résister)."
Du coup, tout devient simple: la rythmique joue un blues en E;
E7, A7, E7, E7,
A7, A7, E7, E7,
B7, A7, E7, B7,
Prenez le solo et au moment où passe un E7, faites votre meilleur
plan blues-pentatonique à la 12e case (E penta min, pas E Blues). Si vous voulez maintenant faire entendre
E penta Maj, il suffit d'aller chercher sa relative mineure, puisque votre plan de départ est en mineur.
La relative min de E Maj est C# min, donc le même doigté (à la guitare) peut se retrouver en
C# min (3 cases en dessous), et comme la tonalité de C# min contient les mêmes notes que E Maj, le
tour est joué, *vous êtes en E Maj*.
Toute ressemblances ou similitudes avec des gammes ou des tonalités existantes ou ayant existé seraient
fortuites et tout à fait involontaires.
Arrivée d'air chaud
All Musicalement
Sweet Home Bamako !
Avez-vous lu le "Travel In Blues"
de Décembre 1999? Il y a un article passionnant sur le grandiose Taj Mahal, écrit par René
Malines et Etienne Guillermond. Et bien cet article a été écrit après une entrevue
avec le bluesman, dont les deux auteurs livrent ici l'intégralité du dialogue à "La Gazette
de Greenwood"!
Date: Mardi 21 Décembre 1999
De: René Malines <Renemalin@aol.com>
Depuis des décennies, vous avez beaucoup voyagé, visité beaucoup d'univers musicaux. Avec
l'album avec Toumani Diabaté, on a le sentiment que vous arrivez à un aboutissement.
Oui, en fait, j'ai toujours voulu faire ça. Maintenant que l'opportunité s'est présentée
de faire cette rencontre, on a voulu l'enregistrer, afin que chacun puisse entendre. Ça fait longtemps que
j'en parle. Mes parents, mes grands-parents étaient tout à fait conscients de nos origines africaines.
En Occident, ce n'est pas très évident. On imagine souvent l'Afrique comme un pays où les
gens sont très pauvres, ignorants, qu'ils n'ont ni culture, ni même de véritable langue, qu'il
n'y a ni études ni université, qu'il n'y a que des sauvages qui chassent avec des lances.
Un peu comme dans les vieux films de Tarzan ?
Exactement. (Il imite le cri de Tarzan) : ouais, d'accord, ok. Mais depuis que je suis tout petit, j'ai toujours
eu une vision positive de l'Afrique. J'étais conscient que ce n'était pas le cas pour la plupart
des gens. Aussi quand j'ai commencé à jouer, je devais avoir 5 ans - je ne jouais pas le blues mais
plutôt du boogie woogie au piano - ma vision de l'Afrique était basée sur des faits, sur une
réalité. Mais plus tard, en grandissant, j'ai réalisé qu'il n'en allait pas de même
pour tout le monde. La musique afro-américaine elle-même, dans ses efforts d'évolution, de
modernisation, laissait de côté toute musique traditionnelle. Mais si on veut que la musique continue
à se développer, il faut que quelqu'un s'attèle à perpétuer la tradition. Car
si personne ne le fait, il n'y aura pas de suite.
On a le sentiment que la rencontre avec Toumani Diabaté et les musiciens maliens n'est pas seulement
une rencontre musicale pour vous, que c'est quelque chose de plus personnel. Ils vous ont rebaptisé Dadi
Kouyaté. C'est un nom que vous avez tenu à faire figurer sur le disque. C'est important pour vous
?
Ce n'est pas que j'y tenais absolument, mais, comment dire ? Tout ça a été magique. Il
a fallu cette rencontre avec des musiciens allant dans cette direction alors que je suivais la mienne. On s'est
rencontré au milieu du chemin et ce fut magique. Et ça l'est à chaque fois que nous jouons
ensemble.
Vous avez acquis la conviction que vous avez des ancêtres maliens, de la famille des Kouyaté, paraît-il
?
Oui, à cause de ce vieux joueur de kora, Patro Seko Kouyaté, qui ne joue plus aujourd'hui. Il est
le portrait craché de mon grand-père. Il ressemble énormément à mon père,
à mes oncles. Pas juste vaguement, mais vraiment très précisément. Quand je l'ai vu,
il n'y avait pas la moindre question à ce sujet. J'ai montré sa photo aux gens de ma famille, et
ils disaient : " Mais qui est-ce ? Il ressemble à Papa Joe". Alors ils se passaient la photo en
disant : " Regarde ! On dirait Papa Joe" ! J'ai passé beaucoup de temps avec les musiciens maliens.
En 1979, j'ai fait une tournée de tous les pays francophones d'Afrique. J'ai rencontré une femme
au Burundi. Elle pensait que mon frère et moi étions des businessmen du Sénégal ou
du Mali. Elle disait : " Vous ne pouvez pas être Américains, je n'y crois pas ". Comme nous
avons toujours été exposés au fait d'être d'origine africaine, ce n'est pas un problème
pour nous. On n'essaie pas d'être base-ball, coca-cola, Mickey Mouse.
Il y a un lien un évident entre les musiques maliennes et le blues, mais ce sont quand même des
musiques différentes. Or quand vous avez joué avec Ali Farka Touré, comme avec Toumani Diabaté,
il y a eu une vraie communauté d'esprit.
Oui, tant pour la musique que pour le reste. Les Afro-américains sont souvent convaincus qu'ils ont tout
inventé. " Tout le monde joue notre musique ". Pas du tout. Il y a bien sûr un développement
de la musique aux Etats Unis. Mais la tradition musicale américaine est bien plus jeune que la tradition
musicale africaine. De par ce fait, on doit tout le respect à la musique plus ancienne. Il faut retourner
en Afrique pour se nourrir et se renforcer de la musique originale. L'une est une branche hybride, l'autre est
l'originelle.
Depuis quelques années, en France en tous cas, on parle beaucoup de ces artistes que l'on place dans
une catégorie créée de toutes pièces qu'on appelle le blues malien.
Ce que je n'aime pas dans ces catégorisations, c'est que ce n'est pas destiné à faire découvrir
cette musique mais à gagner encore plus d'argent, en utilisant un mot sensé tout recouvrir. Je trouve
ça fou, parce que le seul but est commercial, pas du tout culturel. Ce n'est pas dans un but de communication,
de compréhension mutuelle.
Cette rencontre avec Toumani semble avoir été bien accueillie en Europe, où la musique
africaine est appréciée. En est-il de même aux Etats Unis ?
Oh oui, ça marche très bien. Ce fut une surprise, mais tout le monde est très enthousiaste.
Ce n'est pas difficile de comprendre comment ça fonctionne. Pas qu'on ait cherché à rendre
ça plus facile, mais ça coule de source.
Comment votre démarche est-elle perçue par d'autres
musiciens de blues ?
La plupart sont très enthousiastes. Je pense que vous allez voir plusieurs d'entre eux s'y essayer bientôt.
Il y a deux jours, j'ai eu Bonnie Raitt au téléphone. Elle veut être du prochain. D'autres
célébrités sont interessés. Je suis dans une position telle que quand je fais quelque
chose, les gens se disent : " oh, c'est Taj Mahal. Voyons un peu ce qu'il prépare ". Sans doute
ai-je toujours été "avec l'avant-garde " (en Français).
Clarence Gatemouth Brown aussi avait joué avec Ali Farka Touré. Y a-t-il d'autres musiciens qui
ont cette démarche de retourner vers la musique africaine, vers ce genre de rencontre ?
Si la réponse qu'obtient cet album peut convaincre les gens des maisons de disques, alors ça risque
fort de se passer. Ce sont souvent les gens des compagnies qui décident de rassembler divers musiciens sur
un disque. Dans mon cas, si les gens de ma maison de disques ont fait en sorte que ça arrive, c'est parce
que je voulais le faire. Il y a eu des articles dans la presse qui ont aidé le projet en en parlant. Aujourd'hui,
la vision de l'Afrique est plus positive qu'avant. Il y a quelques années, aux Etats Unis, blancs et noirs
n'en avaient pas une très bonne image. Mais pas dans ma famille.
En même temps, dans les années 60, il y a quand même eu un mouvement au Etats Unis pour rappeler
leur identité africaine aux afro-américains.
C'est vrai, mais après les sixties, tout le monde est retourné à ses petites affaires. Personne
n'a gardé cette conscience, ou développé quoi que ce soit. De plus, à cette époque,
les gens disaient presque : " Vous ne nous avez pas parlé de l'Afrique, vous n'en parlez pas dans les
livres d'histoire. Maintenant que nous en savons plus sur l'Afrique, on veut vous rendre coupables de ne pas nous
en avoir parlé". Ce n'est vraiment pas la responsabilité du gouvernement américain de
raconter leur histoire aux noirs américains. C'est leur responsabilité de connaître leur propre
culture, leur histoire. Et si ce n'est pas dans les livres, alors faites-en un. Racontez aux gens. Ce n'est pas
un argument, il n'y a pas de discussion possible. Je ne vais pas vous demander de manger pour moi. La différence
pour moi vient de ma famille, originaire des Caraïbes, C'est comme dans ce livre que je suis en train de lire,
The Black Atlantic. C'est amusant, il y a un article dans les Inrockuptibles écrit par la même personne.
Ce n'est pas une coïncidance. C'est comme ça que ça marche. Si je joue avec Ali Farka Touré,
ce n'est pas une coïncidance.
Les musiciens avec lesquels vous avez enregistré sont des griots. Cela représente une catégorie,
un rôle social bien particulier en Afrique. Indépendemment de la forme musicale, est-ce que vous vous
sentez l'äme d'un griot dans votre démarche musicale ?
Oui, c'est plus qu'être un bluesman. Je suis probablement une version moderne du griot. Je ne suis pas un
griot au même sens que Toumani, car bien qu'il soit plus jeune que moi, il descend de plusieurs générations
de griots. Moi, je suis un musicien. Mes parents étaient musiciens, mais pas mes grands-parents, bien qu'ils
adoraient la musique. J'ai découvert tout récement que mes grands-oncles et leurs cousins étaient
tous guitaristes dans les Caraïbes. Je n'ai découvert ça que depuis que je passe du temps aux
caraïbes à essayer de retrouver les traces de ma famille.
Sur la pochette du disque, il est écrit que ce n'est que le début. C'est une considération
générale, ou est-ce que cela signifie que vous avez d'autres projets du même ordre ?
J'ai d'autres projets. Ça fait si longtemps que je voulais faire ça. On l'a fait dans les meilleures
conditions possibles. J'en suis très content, et je veux aller plus loin dans cette direction.
Pouvez-vous expliquer le sens du titre de l'album, Kulan Jan ?
C'était lorsque je tournais avec les musiciens maliens aux Etats Unis. Je discutais avec un parent de Toumani
et je lui ai dit que l'animal duquel je me sentais le plus proche était le faucon. C'est ça Kulan
Jan, c'est l'esprit du faucon, qui est un grand chasseur. J'en vois tout le temps. Une fois, je me promenais en
forêt, et j'en ai vu un à deux mètres de moi. Il était là, on s'est regardé,
je me suis rapproché, le plus possible, et il n'a pas bougé. C'est un animal très intéressant.
C'est ce genre de courage que ces musiciens veulent avoir. J'aime ce son, Kulan Jan. Il a une façon de s'étirer,
c'est superbe.
Cet album, c'est non seulement la rencontre entre un musicien américain et des musiciens maliens, mais
c'est aussi la rencontre entre divers musiciens maliens, puisqu'il y avait des Wassoulous et des Mandengues. Ça
n'était jamais arrivé, je crois ?
C'est vrai, mais l'apport des Wassoulous a subjugué tout le monde. Leur musique, c'est comme du James Brown
traditionnel, c'est très funky. Comme dans l'intro de Old Georgie Buck.
Et quand pourra-t-on entendre Taj Mahal jouer de la Kora ?
Qui sait ? J'ai une kora, depuis 25 ans. C'est une des dernières fabriquées par Al Hadji Bakounté.
Maintenant, on n'en trouve plus qu'en Gambie, elles sont fabriquées pour les touristes. Quand Toumani a
vu la mienne, il m'a dit : " on n'en fait plus des comme ça ". Je suis très content que
dans ce siècle, avant l'an 2000, on soit passé de l'ignorance totale de cette musique à sa
connaissance, mais plus encore, à sa reconnaissance. Maintenant, les gens vont faire l'effort d'écouter.
C'est très enthousiasmant.
Propos recueillis par Etienne Guillermond et René Malines le 05/11/1999
Fat Possum Caravan Joint Tour 99
De: Jocelyn Richez <jrichez@hotmail.com> (photos de l'auteur)
Date: Jeudi 02 Décembre 1999
La soirée de mardi 30 novembre au New Morning était consacrée au petit label
Fat possum, localisé à Oxford, Mississippi et spécialisé
dans le blues rural avec une production sans fioritures et un son brut. Le public plus jeune que d'habitude est
venu nombreux majoritairement pour R.L. Burnside.
Malheureusement, Burnside ayant fait un malaise cardiaque le samedi 27 juste avant de prendre l'avion pour l'Europe,
dut être hospitalisé d'urgence. Il n'était donc pas à Paris et c'est pourquoi la soirée
de lundi fut annulée.
Evidemment, son absence fut dommageable pour le concert de mardi.
Les trois formations présentes étaient toutes composées d'un duo guitare (+ chant) / batterie.
Cette formule basique est forcément restrictive, d'où une musique très rythmique (utilisant
de plus un minimum d'accords), accentué par un jeu très répétitif (aussi bien à
la guitare qu'à la batterie) voire parfois binaire et un chant monocorde.
La
soirée débuta avec Paul Jones, excellent chanteur à la voix puissante et au dynamisme
étonnant. Son jeu de guitare est limité mais néanmoins personnel et intéressant. Sa
musique rythmée est une invitation à la danse. Le personnage est attachant (de même que son
batteur) et mérite le déplacement.
Par contre, les deux blancs becs de 20 miles ont fait preuve d'une grande médiocrité. Ils
sont apparus comme des intrus dans cette soirée normalement dédiée au delta blues. Quel est
l'intérêt de faire venir des américains d'un niveau aussi faible ?
La
soirée se terminait avec le sympathique et très souriant T-model Ford. Il joue assis avec
à côté de sa chaise sa canne et un verre d'alcool. Apparemment, il ne carbure pas à
l'eau minérale. Son jeu extrêmement rustique se situe à mi chemin entre R.L. Burnside et Junior
Kimbrough: une musique dépouillée, un jeu de guitare sans intro ni solo (ou alors sur une corde)
mais bien interprétée. Personnellement, j'avais l'impression qu'il jouait toujours le même
morceau ...
J'ai néanmoins apprécié à sa juste valeur la prestation de l'un des derniers représentants
de cette forme "primitive" de Delta blues.
Date: Samedi 4 Dec 1999
De: René Malines <Renemalin@aol.com> (
avec les commentaires et les photos de Jocelyn Richez <jrichez@hotmail.com> )
Pour la trentième année, Soul Bag s'est associé à la mairie de Bagneux pour
organiser la grand-messe annuelle du blues en région parisienne : la Bagneux
Blues Night 99.
Au programme cette année : Guitar Mana & The Boogie Desease, un groupe de Gospel dont j'ai oublié
le nom, Guitar Shorty, Ken Saydak, James Wheeler, Zora Young et Larry Garner. Quand on a commencé
en 1969 avec John Lee Hooker, alors que Soul Bag n'était guère plus épais que les premiers
Travel in Blues, on peut pas faire moins.
Pour la 3ème année consécutive, Travel in Blues y tenait un stand, plus beau que les années précédentes grâce aux photos de Guy Benech. Rencontre avec nos lecteurs passés, présents, et futurs. Une jeune femme a fait le voyage de Toulouse juste pour voir Zora Young. Guillaume, de Travel in Blues, chargé du catering sur toute la tournéee, nous amène Ken Saydak qui nous donne son CD, avec l'espoir d'une bonne chronique dans notre canard.
C'est Guitar Mana, le désormais traditionnel groupe français qui ouvre les hostilités. Bonne surprise. Alors qu'ils m'avaient laissé froid lors d'une précédente prestation, les petits gars de chez nous nous balancent un blues bien classique, certes, sans prise de risque, peut-être, mais dans lequel la guitare de Stéphane Manaranche assure et l'harmo de Thibault Choppin fait mouche. |
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Après une courte pause, pendant laquelle une partie du public vient dévaliser notre stock de canards, alors que Frank Ash et Benoît Blue Boy passent nous faire un petit bonjour, place au Gospel. ça démarre fort, et je danse devant le stand, en tentant d'imiter les fidèles du film les blues brothers, et en poussant des Halleluyah à l'envie. Quand on a pas la foi, ça l'fait pas vraiment, mais on passe un bon moment malgré tout, même si sur scène, l'intensité retombe un peu. Comme de bien entendu, dès les premières mesures de Oh Happy Day, on sait que c'est le dernier titre.
C'est Ken Saydak, seul au piano, qui prend le relais. Si l'album est semblable aux 2 morceaux qu'il joue, il y a de fortes chances qu'il soit bientôt loué dans nos colonnes. Puis le bassiste et le batteur entrent en scène, bientôt suivis par Guitar Shorty. Nous préférons suivre le concert depuis le stand, car l'organisation a eu la bonne idée d'installer une sono dans le hall d'accueil, avec un bien meilleur son que dans la salle où le volume est trop élévé. Nous ne verrons donc pas le jeu de scène acrobatique du monsieur, annoncé comme " the hardest working man in the blues ". Jouant à fond sur sa parenté avec Jimi Hendrix, sur 4 titres, il jouera Hey Joe et Voodoo Chile, avec la langue, plus quelques galipettes surprenantes pour un monsieur de son âge. Jocelyn nous racontera tout à la pause. Malheureusement, Guitar Shorty, que j'aime beaucoup sur disque, tire trop en longueur ses morceaux, ce qui fini par émousser l'intêret. |
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Puis vient James Wheeler, qui confirme la bonne impression qu'il m'avait laissé lors de son dernier passage à Paris au côté Willie Kent. Chanteur honorable, c'est surtout un guitariste très fin, dont le jeu subtil me ravit. |
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Arrive le moment tant attendu : Larry Garner entre
en scène. Après 2 titres dont un funk pas aussi enlevé que lors de son concert à Cognac
en 98, il se contentera de faire le sideman pour Zora Young, superbe chanteuse qui nous amènera au
bout de cette Banlieue Blues Night. Plus tard, vers 3 heures du matin, nous apprendrons que les prestations du groupe de gospel et surtout celle de Guitar Shorty (le mal nommé, pour l'occasion) ayant dépassé le temps imparti, toute l'équipe du Chicago Blues Festival a du écourter son set. |
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Un peu déçus, nous rentrons dans nos pénates, en se disant qu'on est quand même vernis d'avoir pu voir et entendre ces légendes vivantes à côté de chez nous. Rendez-vous en l'an 2000 pour une nouvelle Banlieue Blues Night.
René Malines
(photos Jocelyn Richez)
coach du festival Blues sur Seine de Mantes la Jolie
Date: Jeudi 2 Décembre 1999
De: "Docteur Blues" <jtravers@europost.org>
La dernière édition de Blues sur Seine vient juste de se terminer, peux-tu nous faire un premier
bilan à chaud ? (public, artistes...)
Les 24 événements ont eu lieu dans des salles variant de 50 places (librairie, bistrots, bibliothèque)
à 850 places le dernier jour. Bonne fréquentation même si la salle utilisée pour le
concert de clôture (Larry Garner) n'était pas tout à fait pleine ..... avec des places en prévente
à 60 francs pour faciliter l'accès, dans cette région déshéritée, au
plus grand nombre.
Les musiciens ont, je crois, perçu l'esprit chaleureux de ce Festival et Larry Garner, qui n'a pas oublié
ses propres années de galère, s'est déclaré fier de s'être produit chez nous,
en percevant les très nombreuses activités autour du Blues destinées aux aînés,
scolaires, handicapés ...
On présente souvent Mantes-La-Jolie comme une ville-banlieue
dite " difficile ", et on s'attendrait plutôt à y voir programmer un festival de Hip-hop,
le Blues s'intègre t-il donc partout ?
Le Centre d'Action Culturelle Georges Brassens de Mantes la Jolie, organisateur du Festival, effectue au delà
des activités plus classiques d'accueil des associations, cours de langue, danse africaine, jeux de rôle,
résidence théâtrale, un travail de fond de socialisation des jeunes par la musique (rap, rai,
funk, rock etc ... mais aussi jazz et blues). Il a d'ailleurs organisé le 1er Festival national hip-hop
en 1998.
L'ambition était de décloisonner les publics, et le Blues nous est apparu comme un fédérateur
possible des différentes classes d'âge, de niveau social, de provenance ethnique... Le pari n'est
pas encore gagné et tout le public qui se presse pour les concerts de gospel dans la magnifique collégiale
de Mantes la Jolie n'a pas en masse adopté le Blues. Nous avons bon espoir que le bouche à oreille
aidant il le fasse en 2000. Mantes la Jolie, avec la présence des facteurs d'instruments et Buffet Crampon
a été dans les années 78/80 un haut lieu du jazz et du Blues. Nous souhaitons que cela le
redevienne.
La programmation était assez éclectique laissant la
part belle au blues français, c'est un réel choix de programmation ?
Oui ce fut un choix que de programmer un maximum d'artistes français (il en reste encore beaucoup, et de
talent, à inviter). Dans l'imaginaire collectif, le Blues est forcément "roots ", du Delta,
ou de Chicago. Nous avons voulu montrer que cette musique est universelle et par conséquent aussi bien de
chez nous.
Peux-tu nous livrer ton coup de coeur, quel artiste t'a vraiment fait
craquer (tous = réponse interdite) ?
Je ne parlerai pas des grands noms (bien que j'ai une tendresse particulière pour Jean-Jacques Milteau)
mais citerais 5 groupes qui, dans des genres totalement différents, ont retenu l'attention du public :
· On Air, un groupe mantais, pour qui c'était la première scène, regroupée autour
de Linda sa chanteuse, pleine de charisme et de charme. Une voix qui promet.
· Brother D Blue Band, une formation de musiciens chevronnés, venus du swing , qui est apparue il
y a un an. Groupés autour du leader (le trompetiste Dan Vernhettes) ils pratiquent un " jump blues
" festif des années 50.
· Crazy Mama, un groupe normand repéré pendant l'édition 98 de Blues à Gogo
au Havre, avec guitares et trois voix particulièrement harmonieuses, sans rien retirer à sa vitalité.
· Le Roi du Nougat, un groupe de 11 (parfois 14) musiciens un peu allumés, qui passent régulièrement
au Petit Journal Montparnasse. Un avocat, un cardiologue, un acteur de télé (si, si), une ancienne
élève de lyrique, etc.. accompagnés par 3 musiciens professionnels aux cuivres. On retrouvait
presque Otis Redding sur scène, avec une chanteuse et une choriste. Du punch à revendre !
· enfin la formation québécoise de Steve Hill. Elle m'avait été signalé
par Laurent Macimba du Comptoir Magique à Beauvais, organisateur de " Blues sur le Zinc ". Son
concert (volontairement non annoncé) était destiné à remercier tous ceux qui ont contribué
au succès de ce Festival. (personnels du Centre d'Action Culturelle, bénévoles, sponsors publics
et privés, techniciens et musiciens. Ces derniers étaient à même d'apprécier
l'énergie de Steve Hill qui malmène sa guitare pour jouer un blues carré. Quelques reprises
(pour rire) des Shadows. Cela s'est terminé en boeuf avec les représentants de 5 formations locales.)
Comment vous ont accueilli les sponsors pour cette édition ? Est-ce la partie la plus difficile ou "
délicate " de cette organisation ?
Compte tenu du niveau de prix pratiqués (en prévente 40 francs pour les groupes moins connus et 60
francs pour les 4 soirées de Brother D, JJ Milteau, Captain et Larry Garner), les recettes venant de la
billeterie ne représentent qu'une (très) petite partie du budget et la recherche de sponsors un exercice
qui a duré de très longs mois et qui de loin fut la tâche la plus difficile.
Les communes ont suivi et motivées par elles, les institutions (ministères, région, département).
Pour les entreprises, autre paire de manche : pour motiver les PME locales, il faut faire partie du " réseau
" entrepreunarial local. Mais notre crédibilité a été établie et cela sera
sans doute plus facile l'année prochaine. Pour les Entreprises d'envergure nationale, c'est finalement plus
facile : elles sont sollicitées en permanence, mais organisées pour étudier les projets.
Seront-ils présents l'année prochaine ou faudra t-il
retourner à la " pêche aux gros " ?
Rien n'est acquis mais certaines des entreprises présentes à nos côtés nous ont déjà
déclaré qu'elles recommenceraient en 2000, principalement à cause de l'enthousiasme communicatif,
qui a présidé à l'organisation et au déroulement de cet événement fédérateur.
Le festival possède un superbe site internet (l'affiche n'était
pas mal non plus) Aujourd'hui une manifestation comme la votre se doit d'être présente sur internet
?
Oui bien sur. Affiche et site internet
www.blues-sur-seine.com ont été réalisées
par des bénévoles (mon fils dans le premier cas dont ce n'est pas le métier) et un copain
qui avait déjà réalisé le site de Jean-Jacques Milteau (www.milteau.com ).
Sur notre site, une longue page de liens où nous avons (entre autres) référencé la
majorité des Festivals de Blues en France avec même reprise de leur affiche. A part " Blues à
Gogo " au Havre et le Festival d'Ozoir la Ferrière qui nous ont souhaité bonne chance, pas de
réaction à croire que les organisateurs de Festivals Blues ne lisent pas leur courrier électronique.
Ce n'est pas grave et je reste convaincu que nous avons intérêt à nous serrer les coudes. Je
dis nous car je me considère maintenant un peu de la famille même si au départ le Blues n'est
pour moi qu'un genre musical que j'apprécie au milieu de beaucoup d'autres.
Justement avez-vous des liens avec d'autres festivals français,
il y a t-il de la place pour tout le monde ? Peut-être faut-il se fédérer avec d'autres associations
blues pour créer un truc national ?
Je pense qu'effectivement on pourrait penser par exemple à une communication commune (notamment une affiche
avec pourquoi pas une carte de France ou à défaut des dates précises, on indiquerait les mois
d'organisation et la/les villes concernées).
L'équipe de Blues sur Seine a-t-elle déjà des
ambitions ou de gros projets pour l'année 2000 ?
Oui mais il nous faut d'abord tirer le bilan financier, communication, etc .. avant d'envisager très vite
la suite. Nous pensons par exemple à l'utilisation de lieux " détournés " pour les
concerts hors des salles de spectacles traditionnelles dont nous avons d'ailleurs un cruel déficit dans
la région de Mantes la Jolie.
Voilà je te souhaite bonne route pour la suite, as-tu quelque
chose à ajouter ?
Retombée sympathique : l'harmoniciste Greg Szlapczynski avait, à l'occasion du Festival, donné
des cours d'harmonica à 3 classes de CM2 et il a demandé à chacune des classes de monter sur
scène pendant l'un des 3 concerts principaux. Il a rencontré deux autres harmonicistes, David Possou,
professeur qui se partage entre blues ... et free jazz (à bas les sectarismes), et le jeune Thomas Laurent,
prix spécial du jury au 7e Festival d'harmonica de Vauréal, et leur a proposé de venir faire
le boeuf le 13 décembre à l'Utopia (79 rue de l'Ouest 75014 Paris , Métro Pernety) pour son
concert mensuel " Greg Time " .... avec Jean-Jacques Milteau (réservation recommandée au
01 43 22 79 66).
Amicalement Jean Guillermo Administrateur du Centre d'Action Culturelle Georges Brassens de Mantes la Jolie et
Président du Festival.
propos recueillis par Jérôme "Docteur Blues" Travers
LUTHER ALLISON
peinture de Denis Gérablie
Les Soulmen au Festival Blues
de Lisieux
Date: Mercredi 1er Décembre 1999
De: "Docteur Blues" <jtravers@europost.org>
Pour compléter l'interview de Michel Batrel, je tiens à vous présenter Daniel Siméon, saxophoniste chez les Soulmen, groupe " amateur normand " qui a été programmé au dernier Lisieux Blues Festival 99 :
Salut Daniel, peux-tu nous présenter les Soulmen, ça a l'air d'être une grosse machine à Rn'B. Je me trompe ?
Le groupe Soulmen est d'abord une famille, nous sommes depuis peu 10
musiciens et nous intégrons à notre famille notre sonorisateur et nos lumièristes ce qui fait
donc un groupe de 13 éléments qui se complètent les uns avec les autres. C'est de ce fait
une grosse machine, mais uniquement du fait du nombre car nous ne sommes que des amateurs, nous savons que nous
n'avons rien à prouver. Par contre nous essayons de nous donner les moyens d'offrir un spectacle qui soit
le mieux possible. Ce qui nous caractérise, c'est que nous prenons beaucoup de plaisir à jouer ensemble,
et, apparemment ça se sent puisque les gens qui nous font l'honneur de se déplacer pour nous voir
nous le dise.
Comment se retrouve-t-on programmé au festival de Lisieux ?
J'ai eu l'occasion de renconter Michel et sa bande plusieurs fois, il
sont venus nous voir sur scène, et nous ont promis de nous programmer, ce qui fut pour nous une réelle
récompense inespérée à notre niveau d'amateur.
Peux-tu nous raconter comment s'est passé ce concert devant les Nouvelles Galeries de Lisieux (accueil,
conditions du concert, Public).
Le concert s'est passé à l'intérieur du magasin
au premier étage (c'est plus agréable pour le transport du matos !!!...) L'accueil a été
très chaleureux par le directeur du magasin, et les conditions satisfaisantes, à part qu'il a eu
peu de monde, parfois même des gens surpris....
Je te joins un article de presse paru dans l'Eveil journal local de Lisieux le lundi matin : " De nombreux
spectateurs sont venus à la rencontre de Soulmen et ils nous pas été déçus.
Ils ont été enchantés par l'interprétation des grands succès d'Otis Redding,
de Wilson Pickett, des Blues Brothers... Les cuivres ont été particulièrement appréciés.
" Voilà ce qui s'est dit sur le groupe pour notre prestation à Lisieux.
Tu as le mot de la fin, une anecdote ?
Lorsque nous sommes arrivés vers midi sur le lieu du concert, nous sommes rentrés dans le magasin,
sans compter que la fermeture était à 12 h 00. Jacky et Nicolas (chanteurs guitaristes) se sont retrouvés
enfermés dans le magasin parmis les sous-vêtements féminins sans pouvoir sortir, ni même
pour nous pouvoir rentrer car le système de sécurité du magasin était en action il
était impossible de faire quoi que ce soit. Au bout d'une ½ heure, le service de sécurité
est intervenu. 2e anecdote : Jacky, un de nos trompettistes, a jouer pendant la balance la " Paloma "
ce qui nous a valu 2 spectatrices de 70 ans (environ) qui ont attendu le concert avec impatience, croyant qu'il
s'agissait d'un groupe de tango !!!
Elles ont, semble-t'il, apprécié tout de même.
Retouvez les Soulmen sur leur site internet : http://perso.wanadoo.fr/soulmen
propos recueillis par Jérôme "Docteur Blues" Travers
A86: A donf' sur l' autoroute
du Blues
Date: Dimanche 5 Décembre 1999
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
Ca commence comme du vrai blues, et ça finit comme du vrai
blues. Au mileu: du vrai blues. Pas de doute donc, c'est un disque de blues. Le groupe A86 joue un blues électrique
swingant et entraînant. La section rythmique est impeccable: le groove est donné par la batterie,
la basse et la guitare. Les chorus sont assurés par l'harmonica et la seconde guitare. Une instrumentation
classique donc, et leur inspiration ne l'est pas moins: Chicago, Memphis... De quoi va-t'on se plaindre, puisqu'en
plus ils le jouent bien (le blues)??!
Ca y est, je l'ai assez dit le mot magique? (blues)
Alors voilà l'originalité de ce groupe: "Oh Marie-Laure, pourquoi qu'à chaque fois
qu'j'suis à la maison tu dors?". Eh oui, ils chantent dans la langue de Molière! Et ça,
voilà qui sort finalement de l'ordinaire pour un groupe de blues: composé de français, ils
chantent en français... Finalement, il faut oser. Pour des français.
Ils osent, et ça marche! La voix est bien fondue dans la musique et l'accent à la gouaille
bien parisienne ajoute une touche d'exotisme au tout! "Dans la rue de Vaugirard, il est trois heures moins
le quart, dormir dans mon plumard...", sur un blues de derrière les fagots, ça donne! Bien
sûr, ce choix de la langue ne plaira pas à tout le monde, mais au moins peut-il éveiller l'intérêt
de ceux que la langue de Shakespeare rebute.
Pas de disque à vendre pour le moment (le CD que j'ai entre les mains est une démo), mais voilà
encore un groupe à suivre. Leurs compositions 100% blues, sans concession, sont un régal. A mon avis,
on ne doit pas s'ennuyer dans leurs concerts!
Compositions du CD démo de A86 Blues Band: Marie-Laure, Le démon de je ne sais plus quelle heure,
Parlons argent, Une journée bien remplie, Petits bouts à compléter.
De: Didier Taberlet <Didier.Taberlet@u-bourgogne.fr>
le Chicago Blues Festival était à Dijon hier soir (Mercredi 8 Décembre) comme tous les
ans.
Larry Garner comme tête d'affiche pour un festival de Chicago, fallait oser...
Ben heureusement qu'il était là le Louisianais, car James Weehler a mis du temps à
se chauffer les doigts et Zora Young n'a fait qu'une courte apparition qui ne restera pas dans les mémoires.
le mec au piano était pas mal (au piano, pas au chant).
Larry Garner est vraiment bon, un touché superbe (pas de médiator), une bonne voix, bonne
présence...
C'était plutôt le Baton Rouge
Blues Festival...
De: René malines <Renemalin@aol.com>
T'as eu du bol. A Bagneux, il a fait 2 morceaux et bonsoir. C'était pas sa faute, mais le plateau
était si copieux (2 premières parties) que le Chicago a du écourter. En tout, le spectacle
a quand même duré de 20h00 à 2h30, avec des changements de scène assez courts. Mélange
de plaisir et de frustration...
De: Jocelyn Richez <jrichez@hotmail.com>
Le Chicago
blues festival à Bagneux a été cette
année particulièrement décevant. L'entente ne semblait pas parfaite entre Larry Garner
et les Chicagoans. C'était étonnant de voir Ken Saydak et James Wheeler d'un côté
de la scène et Larry Garner à l'autre bout. Larry Garner est même sorti de scène
quand James Wheeler a chanté. Il avait l'air très faché, c'est la première fois que
je le voyais comme ça. Il n'a joué que 2 morceaux, et comme pour emmerder tout le monde, il a fait
ce qu'il avait de moins blues dans son répertoire. Bref, on n'a pas vu le vrai Larry Garner, quel gâchis
!
Dans ce contexte, il est difficile d'émettre un jugement définitif sur la chanteuse Zora Young
qui en 3 titres (dont "Wang dang doodle" et "sweet home Chicago") a laissé
entrevoir un certain charisme et une bonne voix mais son interprétation de "wang dang doodle"
était bien inférieure à celle de Koko Taylor.
Je suis parti avec un terrible goût d'inachevé. Après avoir vu John Primer et Vance
Kelly l'année dernière, cette parodie de Chicago blues festival ne pouvait que me décevoir.
Freddy est mort... Vive Abu ! |
|
Date: 12 Décembre 1999
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
Difficile de parler d'un musicien dont on ne connaît rien... si ce n'est les quelques informations lues sur
la jaquette du disque "The Real Thing At
Last" (1994). Cet album est un petit bijou
qui devrait faire l'unanimité chez tous les amateurs de blues, tant l'esprit qui y règne est fort.
Abu Talib interprète seul tous les morceaux (sauf un titre sur lequel l'accompagne un bassiste):
chant, guitare et harmonica. Il assure à la fois la guitare rythmique et lead (enregistrée en overdub,
rassurez-vous!), parfois au bottleneck, dans un style pur et délié.
Quelques notes de pochettes permettent d'en savoir un peu sur le personnage et d'apprendre que ce disque a été
réalisé avec "humour, plaisir, et pour rendre hommage aux maîtres".
Né à Memphis en 1939, il a grandi sur une plantation dans l'Arkansas et a découvert
la guitare à 9 ans. Autodidacte, apprenant la musique avec ses amis, il s'imprègne du blues en accompagnant
son père dans les "Jook House" où il entend et voit des stars tels Willie Love, B.B.
King, Howlin Wolf, J.R. Parker, James Cotton et bien d'autres, dont le grand Elmore James. Adolescent
il rejoint Chicago où il démarre immédiatement une carrière professionnelle
sous la houlette de Little Walter. Il a enregistré plusieurs disques en qualité de sideman
ou pour son propre compte comme "Black Fox" qui a remporté (paraît-il) un certain succès.
Bref, un parcours presque classique pour un joueur de blues!
Ce qui l'est moins, c'est que ce musicien s'appelait "Fred
Leroy Robinson" avant de changer de nom,
probablement à la suite d'une conversion à l'islam. Et c'est donc en 1994 que sort "The Real Thing At Last" sous le nom d' Abu
Talib. "Freddy est mort", écrit-il,
alors vive Abu! (ça c'est moi qui l'écrit).
Il écrit aussi que, n'ayant pas enregistré de disque depuis quelques temps, il a eu l'occasion de
trouver sa vraie personnalité musicale et de choisir une voie qui transcende sa créativité.
Et en effet, tout en gardant l'esprit des maîtres auxquels il rend hommage, cet album est d'une grande originalité.
Son style est une évolution électrique du blues du Delta, flirtant parfois avec le jazz, qui n'est
pas sans rappeler parfois Robert Jr. Lockwood. Ambiance très intimiste, presque feutrée, mais
musique résolument gaie (ah son ricanement dans "Double Ugly", chanson qu'il a écrit
pour rire, puisque qu'il sait bien que toutes les femmes sans exception sont belles!).
Un chef d'oeuvre du blues, il ne faut pas avoir peur des mots. Avant cet album, il semblerait que les disques de
"Freddy Robinson" sont de qualité moyenne, mais je peux vous garantir que le nom d' "Abu
Talib" est un label de qualité.
référence du disque: ABU TALIB "The Real Thing At Last" (Son Pat Records, 1994, SPR.001)
Date: Lundi 27 Décembre 1999
De: Pierre "Mississippi" Mercier <pj_mercier@yahoo.fr>
Samedi 20 novembre 1999, salle Jean Vilar, Saint-Pierre du Perray.
Il est 14 heures et les Brazos arrivent, comme convenu, pour la balance. Le gros du matos est installé, ne manquent plus que quelques câbles ; c'est dire que, d'ici quelques minutes, les choses sérieuses vont pouvoir commencer.
Jérôme et ses acolytes, qui ne sont pas des gens casse-pieds, commencent à s'accorder et se concertent pendant que je fouille dans mes caisses à la recherche de ces foutus adaptateurs RCA/jack, le genre de petite pièce bien arrangeante quand tu l'as et bien contrariante quand elle se cache. En plus, mes câbles spéciaux mono/stéréo, entièrement fabriqués à la maison, sont introuvables. La grosse artillerie (les câbles de puissance) est en place et testée avec un CD. Tiens, le voilà le foutu câble stéréo-mono justement, le chef l'a mis sur le lecteur CD ! Rien à faire, il s'obstine à passer ses disques en mono ! Faut dire que quand on fait le disc-jockey avec 3 platines CD et 1600 watts en façade, on n'a pas besoin de faire dans la dentelle...
Mais aujourd'hui, il s'agit de sonoriser 3 ou 4 groupes et d'enregistrer, au moins le groupe vedette. Donc, je m'applique, en essayant de retrouver mes repères.
Résumons nous : à ma disposition :
Tout cet attirail autour de moi, moitié posé sur la scène, moitié sur des tréteaux, et moitié dans la caisse en bois baptisée "rack" pour faire chic ( 3 moitiés déjà ? - je n'ai jamais dit que ça serait simple !-)) et je ne vous compte pas les caisses d'accessoires, dessous, à coté et derrière.
J'ai déjà sonorisé Jean Vilar à partir de la régie. C'est assez bien équipé. Il y a, dans ce poulailler, une table Yamaha 16 voies de bonne qualité avec des liaisons directes jusqu'à la scène (8 prises coté jardin et autant coté cour). Les amplis de puissance ont été révisés (à ce qu'on dit, mais je demande à vérifier).
Pareil pour les nouvelles baffles, auxquelles ont peu juste reprocher d'être perchées un peu haut, disposition valable quand le public est dans les gradins
mais pas aujourd'hui où tout le monde est à table au parterre.
Le problème de la régie est qu'on y entend très mal ce qui se passe en salle, il y a juste une lucarne très basse (on peut bosser à genoux d'accord, mais pas pendant 4 heures !).
En plus on s'y ennuie copieusement. Faire venir les Brazos et se barber ?
D'ailleurs Rico Haliniak (le régisseur/éclairagiste) a décidé, lui aussi, de s'installer en bas. Il s'est aménagé un enclos sur la deuxième rangée de gradins, histoire de voir quand même ce qu'il fait mais en restant au contact et en profitant de l'ambiance. Il a pris avec lui la console d'éclairage, le câble de télécommande pend de la lucarne, il est prêt, ça va être jouli (s'il y a UNE chose qui fonctionne correctement à Jean Vilar, c'est le jeu de lumières).
Revenons à notre mouton (comme dirait Saint-Ex), c'est à dire la Sono.
Les Brazos sont 4 ce qui parait peu et simple à gérer mais :
Ça nous fait déjà 9 voies...
En plus je dois prévoir deux voies pour le clavier du groupe de Jazz, une pour le lecteur CD qui servira à accompagner en play-back un des intermèdes (je désapprouve totalement).
Nous en sommes maintenant à 12 voies.
La loi de l'emmerdement maximum étant applicable à la sonorisation comme à tous les arts majeurs, il y a une très forte chance pour qu'une des voies de la table me/nous lâche (un calcul statistique fort simple nous apprend que, si ça doit péter, ça pétera et, inversement, si ça doit tenir, ça tiendra : la probabilité est donc de 50 %-)).
Soyons donc prudents.
Je décide de configurer comme ceci :
Il reste UNE voie libre sur la Samick et 4 sur la Peavey, par exemple pour prendre un clavier (2 voies) ou le CD (deux voies quand même, car je suis bon prince).
Un petit schéma pour s'y retrouver ?
Evidemment j'ai pensé à tout sauf à noter les réglages. Pourtant nos amis ont été patients, me laissant tout le temps nécessaire pour démêler mes câbles et cordons. Je me suis dit que, de toutes façons, le son de la soirée serait différent (150 personnes dans une salle : 1-ça amortit, 2-ça fait un bruit de fond non négligeable(c'est incroyable ce que les gens sont mal élevés !)).
Globalement le système ainsi câblé a fonctionné correctement pour tout les groupes. Avec un effort de chacun, j'ai réussi à garder l'ensemble cohérent toute la soirée. Par exemple, les guitaristes se sont tous mis au même endroit (à tour de rôle ; -)), ce qui les a parfois contraints à changer leurs habitudes et leurs repères. Tout ça dans la bonne humeur, je remercie en particulier à ceux qui ont pensé à me faire signe avant de débrancher leurs engins (c'est tout bête mais ça économise le matos - et les oreilles -).
Bien, reprenons, de gauche à droite (vus de la salle) :
Quelques réglages de tonalité pour fignoler, pas d'équaliseur sauf celui du Peavey (nos retours "bains-de-pied" manquent singulièrement d'aigu).
L'amortissement de la salle va, plus généralement, imposer une accentuation des aigus. Ceci devra être corrigé sur l'enregistrement.
Le point le plus délicat est la balance stéréo.
En effet, il faut tenir compte de plusieurs choses :
Je note cependant, mais ceci est un avis personnel, que Big Brazos est un groupe qui occupe peu de surface au sol, nos gaillards aimant jouer assez près les uns des autres. Il est vrai qu'ils y sont parfois contraints (voir ce qu'on appelle "scène" au Mineschola par exemple ; -))
L'idéal, pour concilier les impératifs de la sonorisation et de l'enregistrement, pas forcément compatibles, aurait été d'enregistrer séparément chaque voix/voie et de remixer ensuite.
Tant que je suis dans le sujet, voici encore un piège : le mauvais repérage des câbles droits et gauches, y compris le câble du DAT. En écoutant l'enregistrement, je m'aperçois que la répartition est à l'inverse de la réalité !
Deux choix : s'imaginer qu'on est sur scène face au public, au milieu des Brazos (y a pire) ou, tout bêtement, retourner le casque.
NB : copie CD de la première heure de concert, faite par
Etienne directement à partir de la cassette DAT, sans aucune correction.
(je ne détaille pas tous les morceaux mais seulement certains pour éclairer/éclaircir mon
propos)
Pour démarrer le concert |
Tout le monde prend sa place et roulez jeunesse ! Il manque la guitare de Jérôme, particulièrement dans les graves. C'est l'harmonica qu'on entend le mieux (c'est souvent le cas : cette gamme de fréquence porte).
| Confusing |
Meilleur équilibre déjà |
On entend bien les deux voix (Jérôme et André) et Etienne qui tricote sa basse derrière. Encore un manque de graves pour les guitares. Spider and the Fly |
On entend le public taper des mains ...et il est en cadence !! |
La voix de Pierre est bien à droite (si vous retournez le casque ; -)) La guitare du Doc est au centre et on l'entend bien. Stateboro Blues |
Le moment de grâce de la soirée. |
Jérôme Travers : Chant et Takamine / Pierre Seguin : Papoose. Je rejoins André et Etienne dans le fond de la salle pour apprécier cet instant. On sent que l'assistance retient son souffle. Magique. Honky-Tonk Woman |
flûte voilà le larsen. |
Vous savez vous en débarrasser si vous avez lu les derniers courriers de la Gazette (trop tard les mecs, merci quand même !). Stop Breaking Down |
Premier morceau vraiment électrique. |
La Telecaster de Johnny associée à son Vox donne un beau son gras et chaud. Du coup, le niveau général remonte et je me fais peur et je bondis sur le DAT pour baisser le niveau. Conseil important : manœuvrer le bouton de volume mo-dé-ré-ment et pas au milieu d'une phrase où bien laisser le contrôle d'enregistrement automatique faire son boulot (il est payé assez cher) ... il parait que sur les SONYs cela fonctionne bien, je n'y ai pas cru, j'ai sûrement eu tort. En tout cas, je suis debout, le public suit bien et applaudit (enfin) les solos. Suitcase Blues |
Belle mise en place |
la guitare de Jérôme est très "Honky-Tonk" (j'ai l'impression d'entendre du piano); parfaite entente sur les thèmes d'André et Pierre ; tout le monde participe à la structure rythmique avec de belles diversions : solo de basse, par exemple. Là, je suis content du son. Les Zaricots |
(sont toujours pas salés) |
Ce coup-ci, les claqueurs de mains se sont foutus dans le mur (bien essayé, dommage). 4 voix ensemble, ça dégage. Dommage que le solo de guitare soit masqué. Long Gone Blues |
Ça c'est de l'intro, wow ! |
Et toujours Jérôme qui pose ses accords, impeccables, comme sur un clavier. L'harmonica est un peu lointain, désolé, j'étais en train de danser avec Marie ;-*) I'm Ready |
Tout le monde est ready, effectivement |
rien à dire, ça tourne Do the Zydeco |
Non ce n'est pas Milteau c'est Fougerousse ! |
Cette fois je n'ai pas loupé la *pedal-steel* de Johnny (il faut fignoler les MID et TREBLE) Bring It on Home |
André "Sonny Boy" Fougerousse, once again. |
J'aurais du mettre un peu plus de grave pour la voix et un poil moins pour l'harmonica. ???? |
Flûte c'est déjà fini ? |
Vivement la suite... (j'espère que le son est à la hauteur pour leur superbe version de Dead Flowers !). |
Encore merci aux Brazos
Pierrot, décembre 1999.
Greenwood était là!!
Date: 22 Décembre 1999
De:" johnny guitar " <psguitar@club-internet.fr>
Un bel anniversaire qu'il a eu là le père
Pierrot ... ça a commencé par une tablée greenwoodienne and co (17 à table scusez du
peu) on y croisait des Uncle Lee ,des Renard, des Lbop, des Jocelyn, des Docs des Johnny le tout accompagné
de leur moitié respective voire de leur progéniture et d'amis qui n'avaient pas hésité
à braver le froid hivernal et les innondations pour communier avec les fidèles. Ensuite le chemin
du St Louis fut arpenté pour se retrouver dans l'ambiance moite et enfumée du St Louis.
Sur scène se trouvait le grand Jeff Hoffman avec son band qui nous a interprété un
ensemble de blues qui tirait souvent vers le jazz et même vers le bop (dans son phrasé en tout cas).
La Hamer autour du cou pluggé dans un carvin entouré d'un bassiste, d'un batteur et d'un clavier,
le show fût chaud surtout quand une magnifique plante se jucha sur la scène pour nous susurrer quelques
perles.
Moi qui suis vénérateur (entre autre) de Ronnie Earl et de Duke Robillard j'étais aux anges
...
La soirée fut émaillée de quelques jams ou l'on put apercevoir sur scène Lbop
et le Doc entre autre.
Le deuxième choc fut quand un certain Miguel M se présenta (en trio en plus) pour nous assommer
(le mot est faible) d'un style guitaristique qui en a laissé plus d'un pantois, moi le premier . Imaginez
une version de thrill is gone par un BBking croisé de Luther Allison avec des phrasés parfois
Hendrixien le tout assaisonné de licks à la Georges Benson et lié par un chant de gorge à
la fois chaud et incisif et vous aurez un dixième de l'impression que m'a faite le bonhomme .
Enfin c'est sur une intervention de Benoit Blue Boy,que je me suis retiré avec ma mienne moitié
et mes deux amis car un peu de route nous attendait.
La conclusion je la laisse à ma femme (qui ne le répétez pas, a horreur d'écouter du
blues à la maison) . elle est ressortie très enthousiasmée et nous a déclaré
que : le blues sur disque boff mais que en live dans ce type d'endroit et bien ...super !!!
Merci Oh Grand St Louis de précher pour des ouailles égarées.. et bravo encore à Travel
pour la soirée.
De:"Docteur Blues" <jtravers@europost.org>
Miguel M très impressionant, sur son 1er titre une version de " Talk to me Baby ". Il est
très fort ce type, champion de la grimace, au bord de la trance, il maîtrise des chevaux de feu. La
formule trio était moins adaptée sur " Trill is gone " le 2e titre, je demande à
écouter (à voir) avec le groupe au complet. Si il se calme un peu, c'est sûr qu'on tient là,
un bluesman d'envergure...
Hoffman à un style génial itou, j'ai beaucoup aimé son Hot BBQ... Ce petit bonhomme
a tout compris, le public était un ton en dessous... dommage !
Mention spéciale à Stan Noubar-Pacha qui accompagnait Benoit Blue Boy . Stan a su s'imposer
(en passant derrière Miguel M) dans un style moins flamboyant (si je peux me permettre...) Dommage qu'ils
n'aient pas joué ensemble le contraste des deux styles aurait été intéressant.
L' ami Etienne Guillermond a fait des progrès à l'Harmo ou quoi ? Faut dire qu'il avait un
très bon batteur ;-) !!! (NDLR: le batteur
étant Mathieu, fils de Pierrot Mississippi Mercier!)
De: Bruno Whap Droux Whap <bdroux@wanadoo.fr>
J'ai super apprécié Jeff Hoffman (enfin, le peu que j'en ai vu, mais tant pis, j'avais qu'à
pas déménager dans la journée et pas habiter à une heure de Lutèce) ainsi que
sa chanteuse (NDLR: ça n'était pas
"sa" chanteuse!). Miguel M.
m'a impressionné par le toucher (très blues et excellent) qu'il pouvait avoir sur un autre matos
que le sien, mais je lui ai préféré Benoit Blue Boy, plus swing et plus subtile. Ceci
dit, j'irai bien voir en concert Miguel M. et le Brachay's Band au complet, ça doit déménager
à donf. Très content aussi d'avoir vu (et entendu, surtout) plein de bon musiciens (dont j'ai déja
oublié les noms, mais je me soigne (je reviendrai !))
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