SOMMAIRE :
1 - BIG LUCKY CARTER
: "on tour in France"!
récit
de ces concerts (Vannes et Paris)
2 - Histoires (drôles) de bluesmen
3 - Terry Anderson... songwriter-chanteur-batteur-guitariste
6 - Toute l'Humanité parle de Robert Johnson
7 - Le disque
de Bill Deraime: déception blues?
récit de ces concerts (Vannes et Paris) |
|
Pour commenter la tournée
1999 de Big Lucky Carter en France, "La Gazette de Greenwood" n'a pas hésité
une seconde à envoyer ses journalistes aux différents concerts
du bluesman!!
voici donc les compte-rendus de 2 concerts : Vannes et Paris. Enthousiasme à Vannes, impression plus mitigée à Paris. A vous de juger en écoutant son CD ! |
Big Lucky Carter à Vannes (le 4 Août 1999)
Date: Jeudi 05 Août 1999
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
ce 4 août 1999, les Dieux du Blues ont été
cléments... à moins que ce ne soit une forfanterie de Legba
en personne. En partant travailler, je n'aurais sans doute pas dû
bruler le feu au carrefour en face de chez moi, car j'ai entendu un grand
coup de tonnerre, la nuit est soudain tombée et un sinistre ricanement
a résonné...
Je ne sais pas encore si mon âme appartient au
diable, mais toujours est-il que, alors que je ne devais théoriquement
pas pouvoir me rendre au concert de Big Lucky Carter, je me suis retrouvé
le soir à 21h en train d'acheter mon billet d'entrée au Parc
de Limur (Vannes). Et ce n'était pas pour visiter ce merveilleux
jardin à la française, mais bel et bien pour assister en
plein air à un concert de blues!
Je passe rapidement sur la première partie (Rhoda
Scott, du blues???) pour vous parler directement de la fin du concert...
Car j'ai eu la joie de pouvoir discuter avec Big Lucky Carter et
ses musiciens. En fait, je les ai vu par hasard au moment où ils
quittaient les lieux, alors que j'étais en train de passer en voiture.
J'ai appellé Lee Roy Martin (le guitariste), avec lequel
j'avais déjà parlé quand il rangeait sa guitare, pour
lui faire écouter la cassette qui passait dans ma voiture: les "
groundhogs
" (merci Pierrot). Il ne connaissait pas ce groupe (désolé
Pierrot) mais il a vu que ça n'était pas du biniou, alors
il m'a invité à venir avec eux pour me donner une photo de
leur groupe (the Mighty men of Sound) qu'ils
ont tous dédicacé!!
Eh bien j'ai pu constater qu'ils étaient tous
très sympas, qu'ils n'avaient pas la grosse tête et semblaient
même un peu surpris de l'estime que peut leur porter un blanc-bec
comme moi ou le public français!
Le concert a démarré à 22h45 et a duré 2 bonnes heures, 17 titres ont été interprétés. Je découvrais totalement ce groupe , n'ayant pas pu me fournir leur disque, et ce fut un choc... Les trois premiers morceaux furent des reprises ("Every Day I have The Blues", "Mojo boogie", "What I'd say") joués sans Big Lucky Carter qui resta assis en arrière plan en sirotant une boisson qui ne devait pas être du lait.
Le batteur Donald Valentine, énorme par sa présence physique et rythmique donne un tempo d'enfer à la musique et chante le blues à merveille. C'est un rigolo, ça se voit et plusieurs fois pendant le set il y eut des échanges de plaisanterie entre lui et Big Lucky. Un professionnel qui sait mettre de l'ambiance!
A la basse (Fender) Melvin Lee: le groove qu'il
faut quand il faut! Lui aussi aime s'amuser, ça se voit.
A la guitare (Epiphone ES quelquechose) et au chant : Lee Roy Martin. Du blues en prise direct dans l'ampli, comme j'aime. Pas de traversée de manche à 250 à l'heure, mais les bonnes notes quand il le faut. Très bon. Il m'a d'abord paru un peu patibulaire (mais presque), mais son visage un peu fermé est sans doute du à de la timidité... car, je vous l'ai dit, je lui ai parlé à la fin du concert et c'est un homme très chaleureux. Et c'est lui qui, sourire enfin aux lèvres, à pousser Big Lucky à remonter sur scène pour le " bonus track " qu'ils ont joué à 2 guitares.
Aux claviers, tout droit sorti de Memphis, dans son superbe costume trois pièces-chapeau jaune vif: Thomas " blue cornes ". Discret mais présent. Sans lui la musique n'aurait sans doute pas eu cet air de "rien à ajouter".
Donc, ce groupe aurait pu à lui seul assurer un
concert de blues grandiose, mais c'était sans compter sur Big
Lucky Carter qui fit une entrée triomphante en brandissant sa
guitare Ibanez de hard rocker! Ses 79 ans ont un peu ralenti ses déplacements,
mais n'ont pas altéré sa bonne humeur, son sens de l'humour
et son talent du blues. Feutre noir, pantalon, chaussettes et chaussures
noirs, chemise ample aux couleurs jaunes chatoyantes et à paillette
dans le plus pur style kitch de Memphis: c'est aussi ça ça
le blues!
13 morceaux ont été enchaînés,
entrecoupés de blague de Big Lucky ou de Valentine qui nous a appris
que lui même et son boss avaient été des amis intimes
du King Elvis (rire de Lucky Carter) avant d'entamer un medley " Jailhouse
rock/blue suede shoes ".
Big Lucky Carter a une voix grave et rauque du style de Lighthin' Hopkins. Par moment il s'écarte du micro pour tousser dans sa main et s'excuser. Les doigts de sa main gauche restent souvent en haut du manche pour donner l'esprit du morceau que ses bambins accompagnent. Il chante ses peines d'amour, il chante la misère, le Mississippi et Memphis. Pour les rythmes plus endiablés, il laisse le micro à Valentine (ennivrante interprétation de " sweet home Chicago ".... encore! diront certains, mais moi j'aime, alors je ne compte pas!) ou à Lee Roy .
C'est Lee Roy martin qui assure la plupart des solos,
sous l'oeil bienveillant de son patron. Quand Big Lucky fait un solo, ses
doigts semblent caresser le manche de la guitare, effleurer à peine
les cordes... ça a l'air si évident à jouer!
Je ne connais pas les titres de ses compositions, mais
ça passe du boogie qui swingue au blues lent et poignant (" Aids
is killing me... ").
Après un rappel bruyant, Big Lucky est donc revenu
sur scène avec Lee Roy pour nous interpréter sur leurs 2
guitares un blues à la Lightnin' hopkins. Lucky ponctue son titre
de sonores " Lee Roy " auxquels répondent les cris du public et
le sourire du guitariste.
Ce fut donc une très très bonne soirée,
et tel un chercheur ayant enfin trouvé, je contemple avec émotion
la photo dédicacée des mains de ces bluesmen. Dans ma tête,
une petite guitare joue impertubablement 12 mesures en boucle...
Big Lucky Carter à Paris (au "new Morning" le 5 Août 1999)
Date: Vendredi 6 Août 1999
De: " jocelyn richez " <jrichez@hotmail.com>
Un peu comme notre oncle breton, j'ai profité du
concert du vétéran Big Lucky Carter au New Morning
pour m'enfuir du bureau un peu plus tôt que d'habitude.
La soirée commença par une excellente surprise
constituée par la présence du célèbre ethno-musicologue,
professeur de l'université de Memphis: David Evans. Celui
là même qui a découvert tant de bluesmen dans le delta
(R.L. Burnside, Jessie Mae Hemphill, Son Thomas entre autres) et
qui leurs a permis d'enregistrer en particulier sur le label "Highwater"
dont il est producteur. Il est aussi coproducteur du CD de Big Lucky
Carter. Outre son activité de recherche et d'écriture,
David Evans est aussi un talentueux
guitariste de country blues qui interprète presqu'avec amour en
tout cas avec énormément de conviction les standards des
pionniers disparus. Son passage certes éphémère sur
la scène en ouverture des deux sets de Big Lucky Carter fut salué
par le public connaisseur du New Morning qui au delà de cette honorable
prestation montrait toute sa reconnaissance pour l'ensemble de son œuvre
à cette figure emblématique de l'histoire du blues. C'était
un vrai spectacle que de le voir se transformer en disquaire à l'entracte
avec toujours la même passion et le même souci du détail
pour aligner les piles de CD. Décidément, 6 jours après
la venue de Keith Brown au bottleneck, Paris s'est mis à l'heure
de Memphis, Tennessee.
Big Lucky est apparu dans une tenu de scène clinquante (jaune et noire, apparemment la même que la veille, j'ai en effet du mal à imaginer qu'il puisse posséder une collection de chemises de ce style). Sa tenue pour la deuxième partie était plus sobre avec une chemise noire sans col avec juste une large rayure blanche le long des boutons. Très rapidement, j'ai malheureusement constaté que son potentiel vocal avait été largement entamé par une tournée éreintante pour ce presque octogénaire. Il a malheureusement toussé à intervalles réguliers durant tout le spectacle. Si je n'avais lu l'article d'Olivier, j'aurais pensé qu'il avait pris froid la veille lors de passage en Bretagne … Curieusement, il m'a pas interprété le morceau " AIDS is killing me " qui figure sur son CD où là, il tousse volontairement. Il m'a semblé ivre de bonheur, grisé comme un gamin découvrant un nouveau jouet par cette gloire naissante d'autant plus appréciée qu'elle fut tardive, comme fasciné par la salle et son ambiance, par l'intérêt qu'il suscitait auprès des nombreux fans de blues qui avaient délaissé les plages en ce mois d'août pour l'accueillir avec un enthousiasme débordant. Il en a perdu une partie de sa concentration, se retrouvant même par moment comme spectateur de son propre spectacle.
Comme son jeu de guitare reste limité, le spectacle
sans être inintéressant fut néanmoins inégal.
Heureusement, il n'était pas accompagné d'une bande de "bras
cassés", le bassiste Marvin Lee ayant fait partie du groupe
d'Albert King, le pianiste Thomas "blue" Carnes ayant accompagné
Memphis
Minnie en personne. J'ai particulièrement apprécié
le jeu de guitare de Lee Roy Martin (souvent en leader) ainsi que
le jeu du pianiste qui a vraiment une "gueule " à faire du cinéma
! Le chant fut largement partagé avec Lee Roy Martin et surtout
Donald
Valentine, le batteur.
Les compositions de Big Lucky Carter sont de qualité,
les thèmes abordés parfois graves (du vrai blues !) n'ont
jamais altéré son inoxydable bonne humeur. Cependant, son
répertoire a montré ses limites lorsqu'il faut occuper une
scène comme celle du New Morning pendant presque deux heures. Comme
à Vannes, ils ont interprété quelques reprises ("sweet
home Chicago", "What I'd say", "Got my mojo workin'" mais ni "mojo
boogie" ni "every day I have the blues") et aussi le fameux medley Rock'n'Roll
en hommage au king Elvis Presley, gloire incontournable de Memphis,
(en ouverture du 2ème set, en l'absence de Big Lucky) commençant
avec "Jailhouse rock" enchaînant notamment sur "Blue
Suede Shoes" et "Hound dog". Cette interprétation
"blues" de ces standards du rock'n'roll ne m'a pas déplue me rappelant
même un disque d'Albert King " Blues for Elvis " paru sur le label
STAX accompagné par Booker T and the MG's. Cette parenthèse
Rock'n'roll n'a semble-t-il pas plu à mon camarade Michel (celui
là même dont la femme avait séduit " Gatemouth " Brown
le mois dernier - voir l'article de Travel in blues) qui interpella de
sa voix puissante Big Lucky à son retour sur scène " we don't
want rock'n'roll, we want blues!".
Une série de petits incidents n'ont pas entamé
sa bonne humeur, que ce soit le problème technique à la batterie
qui les a contraints à stopper au cœur du second set ou la guitare
Ibanez de Big Lucky qui s'est soudainement enrouée sur la fin du
spectacle. Déjà, en cours de 1ère partie, la chaleur
étouffante du New Morning en cette période estivale força
Big Lucky Carter à faire un break pour s'abreuver, non pas avec
du Jack Daniel, la boisson la plus célèbre du Tennessee ni
avec du lait comme à Vannes, mais simplement avec de l'eau.
Lors de l'entracte, il a reçu des mains de Jacques Perrin (rédacteur en chef du magazine Soul Bag) le "pied de l'année 1998", une récompense récente décernée par les lecteurs du magazine pour couronner le meilleur disque de l'année écoulée. Pour un premier CD, c'est ce qu'on appelle un coup de maître même si persiste à clamer mon désaccord à l'égard de ce vote dont je n'ai d'ailleurs pas pris part (ce qui n'explique pas ce résultat flatteur pour le sympathique Big Lucky qui en cette circonstance porte parfaitement bien son surnom).
La prestation en demi-teinte de Big Lucky Carter et de
son groupe au New Morning a confirmé mon impression mitigée
du festival d'Utrecht où j'avais pu apprécier sa véritable
voix (il n'avait alors pas de deuxième guitariste, si le batteur
a été remplacé, le reste du groupe est inchangé).
Il faut de plus reconnaître qu'il a souffert de la comparaison avec
malicieux Clarence " Gatemouth " Brown, qui l'avait précédé
un mois auparavant sur la même scène et qui avait fait chavirer
le public comme un bateau dans le triangle des Bermudes, qui avait véritablement
envoûté la salle de son swing endiablé à faire
danser même un cul de jatte.
Tout comme Olivier, j'ai ramené de cette soirée
quelques souvenirs :
l'affiche du concert (qu'il m'a fort gentiment dédicacée)
et une photo de promotion (manquant malheureusement un peu de contrastes)
de Big Lucky Carter posant avec ses musiciens (the mighty men of sound)
à côté d'une veille cadillac de 1955 devant la façade
du Wild Bill's, le bar de Memphis où il se produit habituellement.
Il ne reste plus qu'à attendre les commentaires
de René qui lui était à Cognac.
en savoir plus sur Big Lucky Carter: http://perso.club-internet.fr/latailla/biglucky/BLCpage.htm
|
Date: Jeudi 5 Août 1999
De: "Frédéric VIGUIER"
<fviguier@club-internet.fr>
C'est un bluesman qui en rencontre un autre qui n'a qu'une chaussure aux pieds
le premier, étonné, demande à l'autre: "que se passe-t-il, tu as perdu une chaussure?"
Et l'autre de répondre: "non, je n'en ai trouvé qu'une..."
question: Que se passe t'il quand vous passer un disque de blues a l'envers ?
réponse: Votre femme revient, votre chien ressuscite et vous sortez de tôle.
Terry Anderson... songwriter-chanteur-batteur-guitariste |
Date:Mercredi 11 Août 1999
De Olivier "Mad Shuffle" Duvignac <oduvignac@infonie.fr>
Ludovic, judicieuse initiative que de se rensigner à
propos de Mr Terry Anderson...
Leçon de rattrapage: Terry Anderson est un songwriter-chanteur-batteur-guitariste
originaire de Caroline du Nord, ayant sévi dès la fin des
70's. Ce songwriter d'exception cartonne dans un registre power-rock-jamais-plus-de-3-accords...
Il a écrit quelques ritournelles restées dans les mémoires
aux States, comme par exemple " Battleship Chains ", rendues célèbres
par les extraordinaires Georgia Satellites (voir plus loin), et par les
non moins extraordinaires Replacements, ou bien encore " I love you period
", interprétée par Dan Baird, ex-leader des Georgia Sats,
qui est resté en 92 n°1 au Billboard pendant 8 semaines, fait
extraordinaire pour une chanson purement rock avec pas une once de claviers
et de la slide qui joue faux les ¾ du temps...
Terry joue donc maintenant de la batterie avec les Yayhoos,
le superband le moins célébre de l'histoire du rock, puisqu'il
comprend Dan Baird à la guitare et au chant, Eric Ambel à
la lead et Keith Christopher, bassiste de son état. Un album du
groupe serait prévu, après quelques pépites sur diverses
compils...
Tu as aimé Terry Anderson, tu aimeras donc les
Georgia Satellites, le plus grand groupe de rock sudiste des années
80 (je te conseille le Best Of chez Elektra...), les albums solos de Dan
Baird chez American Recordings, " Love Songs for the Hearing Impaired "
et " Buffalo Nickel ", qui comportent tous deux de nombreuses compos de
Terry avec son acolyte Dan Baird, et auusi les 3 albums de Ken McMahan,
ancien leader des Dusters...
Olivier " Mad Shuffle "
|
Voici un débat très intéressant
à propos du Rock Sudiste et son rapport au blues:
Date: Samedi 14 Août 1999
De: " jocelyn richez " <jrichez@hotmail.com>, "René Malines" <Renemalin@aol.com>, "Olivier Mad Shuffle Duvignac" <oduvignac@infonie.fr>
@Jocelyn:
Je profite du message d'Olivier "Mad Shuffle" pour parler
un peu de rock sudiste. Généralement, les journalistes, toujours
friants de clichés et de caricatures ont eu tendance à opposer
Rock Sudiste (musique des blancs racistes et esclavagistes) au Blues (musique
des noirs honteusement exploités). Même s'il y a une grande
part de vérité dans cette caricature et sans vouloir relancer
un débat stérile, il apparaît de manière indéniable
que ces deux courants musicaux possèdent des racines communes ne
serait ce que par leur origine géographique commune. La filiation
blues du rock sudiste est en tout cas bien plus évidente que celle
des Beatles. Pour en revenir au message d'Olivier, c'est vrai que la plupart
des groupes qui ont marqué l'histoire du rock sudiste (Lynyrd Skynyrd,
Allman Brothers, Molly Hatchet, Outlaws, Doc Holliday, Blackfoot, Pointblank)
ont connu leur apogée dans les années 70.
Le crash de l'avion de Lynyrd Skynyrd en 1977 (l'année
de la mort du king Elvis) fut un véritable tournant pour ce style
musical qui eut beaucoup de mal à s'en remettre. En tout cas, cela
nous ramène une fois de plus à la route du blues, puisque
l'avion s'écrasa dans la campagne du sud du Mississippi non loin
de Mac Comb (et non loin d'Hazelhurst, la ville natale de Robert Johnson).
Passant dans le secteur en 1997, j'ai recherché vainement un quelconque
panneau à la mémoire de Ronny Van Zandt et Steve Gaines.
Je suis rentré bredouille et déçu.
Les années 80 ont vu apparaître de nombreux
groupes de rock intéressants (les Dusters de Ken Mc Mahan, les Blasters
de Dave Alvin, les Beat Farmers, Lone Justice, Calvin Russell, Mason Ruffner
…) mais marqua le creux de la vague pour le rock sudiste dont les meilleurs
représentants dans les années 80 (en attendant la reformation
de Lynyrd Skynyrd) furent effectivement les Georgia Satellites de Dan Baird
(d'Atlanta) et les Jason & the Scorchers de Jason Ringenberg (de Nashville).
Si les "Jason & the Scorchers" avaient été influencés
par la country et le punk (ce qui donna quelques reprises speedées
surprenantes de "Lost Highway" d'Hank Williams et de "Take me home country
road" de John Denver - aussi une très bonne reprise de " 19 nervous
breakdown " des Stones) les Georgia Satellites ont eux un répertoire
très Blues-Rock dans la lignée de George Thorogood ou Rory
Gallagher voire même parfois Rock & Roll années 60 (voir
leur reprise du "Whole Lotta Shackin going on" de Jerry Lee Lewis avec
Ian Mac Lagan au piano et le "Hippy Hippy Shake" sur la BO de Cocktail)
avec un son très "brut de fonderie" parfois à la limite du
hard. Mais, tout comme les Jason & the scorchers, les Georgia Satellites
ont composé l'essentiel de leurs morceaux, en particulier leur tube
"Keep your hands to yourself". J'ai eu l'occasion d'apprécier leur
énergie débordante en 1988 lors d'un concert gratuit sur
la grand place de Bruxelles. Quant à Ken Mac Mahan, le guitariste
chanteur des Dusters dont nous parle également Olivier, il a joué
assez souvent en France, en octobre 91 au New Morning (précédé
d'un show case au Virgin mégastore) et en décembre 92 au
Passage du Nord Ouest. La première partie de ces concerts était
assurée par la charmante chanteuse Susan Marshall qui était
justement accompagnée sur scène comme sur disque par les
Dusters. Il a ensuite joué pendant deux semaines au Chesterfield
café en janvier 95 avec son groupe Stumpy boy.
Jocelyn
@René:
Bravo Jocelyn pour ces précisions sur le Rock
Sudiste. Après Philippe Sauret, tu es décidément le
mec le plus documenté que je connaisse. Permets-moi cependant une
toute petite remarque: les Blasters des frères Alvin (Dave et Phil)
était un putain de groupe de Rock'n'Roll pur jus, en droite ligne
du rock des pionniers des fifties. Phil, dont nous sommes sans nouvelles,
est un superbe chanteur de Rock que même Brian Setzer a mis des années
à égaler. Quant au Rock sudiste et particulièrement
Lynyrd Skynyrd, le blues est plus qu'une influence dans leur musique, c'est
une évidence. Pour preuve, quelques titres acoustiques de pur country
blues, particulièrement celui où il est question d'un vieux
noir qui aurait tout appris au chanteur (désolé, je n'ai
pas les références à l'heure où je tape ces
qqs lignes). Merci encore Jocelyn pour ton effort dans l'enrichissement
de notre culture " american infuenced".
Demain, je me mets au Coca. Après, j'attaque le McDo. Y a-t-il un médecin dans la liste ?
@Jocelyn:
Eh oui René, il y a le docteur blues !
@Docteur Blues:
Concernant les coktails qui en ont, je vous conseille
ma page cuisine dans l'ordonnance du Doc, je vais tester le Schwepps cognac
et vous en dire plus sur son effet "boeuf"...
@Olivier "Mad Shuffle":
Je reviens en vitesse sur le mail de Jocelyn, très
judicieux comme d'habitude!!!
Je partage à 100% ton avis sur l'approche le plus
souvent négative que les gens du rock sudiste, voire péjorative...
Ce rock est comme tu l'as dit
principalement influencé par le blues, au point
que je le considère pour ma part comme un blues-rock au sens premier
du terme... Les Allman, Blackfoot, Charlie Daniels, Lynyrd, ont fait de
leur musique un véritable hommage au blues tant elle est teintée
de tous ses gimmicks; ils l'ont certes blanchi, mais en aucun cas WASPisé
comme, tu l'as souligné, d'aucun ont tenté de le faire croire.
C'est vrai qu'on a souvent une image du groupe sudiste composée
de barbus ventripotents torturant leur Les Paul sous des bannières
Confédérées made in Taïwan, mais je crois surtout
que le rock sudiste est intéressant dans la mesure où il
représente l'essence même de la condition des white-trash
des Etats de Sud, à savoir des blancs culturellement imprégnés
d'un lourd passé conflictuel avec les Noirs (et par là-même
avec le regard que le reste des USA a porté sur eux) mais inscrit
dans un processus historique relativement complexe, mais irrésistiblement
attirés et fascinés par la culture noire, puisqu'allant à
l'encontre de tous les interdits érigés en dogme durant des
siécles par la culture WASP. Pour moi, le symbole même de
cette névrose est tout simplement ce qu'on pourrait considérer
comme le premier disque de Rock: le premier pressage qu'Elvis a fait faire
chez Sam Philips pour l'anniversaire de sa mère en 54. Sur la face
A, " My Happiness ", une gentille chansonnette pour Maman chanté
par le mignon teenager propre sur lui, allant avec enthousiasme à
la messe tous les dimanche, et la face B, " That's All Right Mama ", un
blues bien cracra d'Arthur Big Boy Croudup, re-boosté à la
sauce hillbilly pour le coup et transformé en un spasme salace faisant
un gros doigt à la culture blanche des mid-50's...
Bref, pour revenir au Georgia Sats et consorts, je voudrais
insister sur la richesse de la scène rock US des années 80:
en fait, à une époque culturellement catastrophique, en particulier
pour la musique où on est tombé de haut aprés la richesse
des anées 50, 60 et 70, les USA ont produits une floppée
de groupes qui ont influencé considérablement tout ce que
l'on entend aujourd'hui. Je parle de groupes qui ont tous mèlé
l'énergie punk au sortir des années 70, pour la mixer avec
leur patrimoine musical et leur incroyable érudition en matière
de blues et de country: Giant Sand (leadé par Howe Gelb), Green
on Red, Lone Justice, les Plimsouls, Rank & File, The True Believers,
The Del Fuegos, The Long Ryders, le Gun Club, Jason and The Scorchers,
Rain Parade, j'en passe tant ils sont nombreux... Tout le mouvement Lo-Fi
d'il y a quelques années, incluant Palace, Mark Eitzman, Uncle Tupelo
puis Son Volt et Wilco, ont pillé sans scrupules ce que ces mecs
faisaient il y a 15 ans, en mieux évidemment, puisque eux savaient
écrire une chanson...
Donc, désolé, je fais un peu long, tout
ça pour dire que je trouve que généralement, le blues
et la country restent de fabuleux supports pour développer de nouvelles
directions musicales, elles ont une universalité qui leur prodigue
une incroyable souplesse (cf. par exemple l'oeuvre de Tom Waits, ou bien
de la clique australienne de Nick Cave avec Hugo Race ou Kim Salmon...),
même si on débouche souvent sur des musiques un peu impures,
mais tellement belles lorsque leurs auteurs savent cultiver ce terreau
si fertile.
@René:
Eh bé, mais il devient carrément lyrique,
le père Mad Shuffle, quand y s'intéresse! Non je galège,
ta prose est particulièrement éclairée. Hugh.
Frère Duvignac pas langue fourchue!
@Olivier "Mad Shuffle":
Euh, désolé, mais je vais encore dire 2-3
trucs pour boucler le dossier rock-sudiste-spécial-camionneurs...
Les quelques groupes que j'ai cités dans le mail
précédent ne font absolument pas de rock sudiste comme j'aurais
pu le laisser croire... Je me suis uniquement référencé
à eux pour parler de la scène US des 80's. La plupart de
ces groupes sont d'ailleurs plus souvent country que blues, mais ils représentent
vraiment ce que le rock à connu de meilleur pendant cette période.
Je vous engage vraiment tous à les découvrir, ne serait-ce
que pour écouter les fabuleux guitaristes qui ont officié
dans leurs rangs (Chuck Prophet, Junior Brown, Warren Hodges, etc...) et
leur immense talent de songwriters...
Pour revenir au rock sudiste proprement dit, et aux Georgia
Satellites en particulier, j'aime bien dire que les Satellites était
le meilleur groupe de rock sudiste précisement parce qu'ils n'en
jouaient pas!!! C'est vrai que les groupes tels que les Allman Bros, Blackfoot,
Lynyrd Skynyrd (dans une moindre mesure...), ont toujours été
tourné vers une sorte de rock à jams, avec solos (désolé
pour les latinistes puristes, mais j'ai beaucoup de mal avec " soli "...)
interminables, et surtout des compos presque toujours très médiocres...
Les Satellites ont quand à eux préservé la lourdeur
de ce son, mais ont développé un caractère très
incisif dû à la qualité des compos de Mr Dan Baird,
au bon goût guitaristique de Rick Richards (désormais ferrailleur
en chef aux côté de l'ex-Guns'n Roses Izzy Stradlin), et à
leurs influences très rock'n'roll-on-ne-dépasse-jamais-3mn30,
à savoir Chuck Berry, les Faces, les Stones, les Beatles, George
Jones, etc... C'est vraiment ce croisement entre énergie et son
US provenant directement du blues et sens de la mélodie british
(par ailleurs découlant lui-aussi de l'assimiliation du blues et
de la country US par les rosbeefs...) qui donne à ce groupe ce caractère
particulier... Chose que l'on retrouvait chez les Black Crowes à
leurs débuts avant qu'ils ne sombrent justement dans le rock à
jams typique du Sud, et chez des gens comme Webb Wilder, Shaver (la légende
Billy Joe Shaver + le fiston Eddy), Jason and the Scorchers, etc... Bref,
on retourne à nos moutons, à savoir le Belouze, mais si vous
en avez l'occasion, payez-vous un CD des Georgia Satellites, vous ne le
regreterez pas (et comme moi, ça mettra un peu de méthanol
dans votre shuffle ;-)...)
ou : « Quand on ne sait pas ce qu’on cherche, on trouve » |
Date: Jeudi 19 Août 1999
De: Pierre Mercier <pj_mercier@yahoo.fr>
Ça arrive parfois pendant les vacances : il fait
un temps de cochon, on ne sait pas quoi faire, pourtant au lieu de rester
à s’abrutir devant la télé, on prend son ciré
ou n’importe quoi d’assez étanche et d’assez élégant
pour accompagner des espadrilles et on part le nez au vent.
Ainsi un dimanche d’août breton (mais pluvieux),
nous nous retrouvons, ma blonde et moi, au milieu du vide-grenier organisé
sur le port de Saint-Pierre-Quiberon (Morbihan, 40 km au Sud-Ouest de Greenwood).
Parmi le bric-a-brac humide exposé à la curiosité
frileuse des estivants, se remarque une longue table encombrée de
caisses pleines de CDs et surveillée par un barbu (britannique mais
mouillé).
- Bonjour, qu’est-ce que tu cherches ?
- Euh, du Blues, Monsieur, s-il te plait...
- Du Blues, aow j’ai ça, tiens, et tiens, et
celui-ci encore, et Sonny Boy tu aimes, 25 F le CD ?
Etc. (je vous épargne les négociations apres (30 '' pas plus, mais il pleut) pour obtenir un prix de gros).
En bref, je négocie pour le total astronomique
de 200 F :
Bessie Smith | Empress of the Blues | cdcd 1030 |
Sonny Boy Williamson | One Way Out | cdcd 1070 |
Jimmy Reed | Greatests hits | cdcd 1040 |
John Lee Hooker | Boom, Boom | cdcd 1038 |
T.Bone Walker | T-Bone's That Way | cdcd 1058 |
Howlin' Wolf | Killing Floor | cdcd 1041 |
Muddy Waters | Got my Mojo Working | cdcd 1039 |
Elmore James | Dust My Broom | cdcd 1027 |
plus une compile de Chicago Blues pour faire bon poids...
Les pochettes sont simples, simplistes même mais,
pour la plupart, de bon gout. Aucun renseignement dessus quant aux dates
ou lieux d’enregistrement, ne parlons pas du personnel. Seule mention «
This compilation &Copy; 19xx Charly Records Ltd », ce qui semble
sérieux, non ?
Il s’agit bien sur de disques neufs, certains sont même
dans le carton du façonnier (français, lui, non mais).
D’autres sont manifestement des invendus avec encore le prix dessus : 76
F, 85 F... Bon 25 F, c’est donné mais 85 F, c’est le jackpot si
t’arrives à le vendre !
Bon, il re-pleut et le grand-breton et sa moitié
se réfugient avec nous dans l’estaminet adjacent où, autour
de quelques verres, nous causons, de tout sauf de la pluie et du beau temps.
Au premier rayon de soleil, John laisse sa bière
refroidir et retourne à son commerce. Laissant les épouses
débattrent des mérites respectifs du Cocker et du Boxer,
je le suis et je refouille un peu dans le stock.
|
Low Down St Louis Blues featuring BESSIE SMITH LONNIS JOHNSON LEROY CARR |
Ce mélange de Bessie Smith et de Les Paul m’intrigue...
je retourne la pochette, oh oh :
BABY WON'T YOU PLEASE COME HOME | Bessie Smith |
---|---|
MILKCOW'S CALF BLUES | Robert Johnson |
MATCH BOX BLUES | Blind Lemon Jefferson |
AIN'T NO TELLING | Mississippi John Hurt |
LORD, I JUST CAN'T KEEP FROM CRYING | Blind Willie Johnson |
LOW DOWN ST LOUIS BLUES | Lonnis(sic) Johnson |
STORMY NIGHT BLUES | Leroy Carr |
I BELIEVE I'LL MAKE A CHANGE | Josh White |
CC RIDER | Leadbelly |
TRUCKIN' MY BLUES AWAY | Blind Boy Fuller |
SPREADIN'SNAKES BLUES | Big Bill Broonzy |
NOTHIN' IN RAMBLIN' | Memphis Minnie |
YOU CAN'T GET THAT STUFF NO MORE | Tampa Red |
HIGH SHERIFF BLUES | Charlie(re-sic) Patton |
FIXING TO DIE BLUES | Bukka White |
I BELIEVE I'LL MAKE A CHANGE (re-belote) | Josh White |
Bonté gracieuse !
Inutile de dire que j’oublie instantanément la
laideur de la pochette et que j’échange aussi sec (;-) ma banale
compile de Chicago Blues contre cette merveille (Classic Blues cdcd 1028).
Nous rentrons déjeuner et écouter un peu
tout ça.
Je vous résume : tous les albums sont intéressants
(avec une petite réserve pour le T-Bone que je trouve beaucoup trop
moderne). J’ai une préférence pour le Sonny Boy et le Muddy
Waters. (Le vilain petit canard est évidemment hors concours, bien
qu’il souffre d’un léger cafouillage dans la numérotation
des morceaux, en 16, par exemple, c’est Memphis Minnie).
L’après-midi, je retourne discuter avec le malicieux
John Stratten, qui ne passe pas sa vie dans les brocantes mais importe,
distribue et, à l’occasion, produit des CDs (serait même disposé
à diffuser mon BLUES A ST-PIERRE si le son était plus correct).
Il me donne en cadeau « The Best of British Blues
» dont je vous ai parlé dans le numéro 2 de la Phonothèque.
Intéressante journée, n’est-elle pas ?
|
Date: Samedi 21 Août 1999
De: Oncle Oli <latailla@club-internet.fr>
le Docteur Blues nous l’a annoncé
hier: le quotidien « l’ Humanité » (édition du
17 Août 1999) a consacré un article à notre célèbre
bluesman de Greenwood: Robert Johnson.
La Gazette de Greenwood ne pouvait
laisser passer sous silence un tel évènement! C’est donc
sur le site Web de ce journal (http://www.humanite.presse.fr/journal/archives.html)
que j’ai été recherché l’article en question.
Une question m’est alors venue
à l’esprit: est-ce le rôle de La Gazette de Greenwood d’aller
copier un article paru dans un autre média et de l’éditer?
La réponse est claire:
non. Les articles qui paraissent dans LGDG sont écrits par les Greenwoodiens,
même si il est bien sûr autorisé de faire (abondamment)
référence à d’autres sources! Toutefois, cet
article a ceci de particulier: il parle de « notre » bluesman,
et il a été publié dans un journal qui n’est en rien
une revue spécialisée dans la musique. Donc, comme
pour l’article de Ouest-France du 21 Juin 1999, il m’a paru intéressant
de le diffuser ici, dans le but d’ « informer » sur la façon
dont le sujet qui nous intéresse (le blues) est abordé auprès
du public néophyte.
Mais je me répète:
nous devons nous interdire de scanner un article pour l’éditer dans
LGDG sans commentaires. Ce genre d’opération ne devrait faire l’objet
que d’envois en E-mails privés.
Je pense que la nuance est claire
dans l’esprit de chacun, et il est important que LGDG garde son caractère
original et soit le fruit du travail ou de la réflexion des greenwoodiens
(que c’est beau ce que j’écris, vous avez remarqué?).
Donc, comme toute règle
est faite pour être transgressée, voici l’article écrit
par Thomas Cantaloube: « La recherche de Robert Johnson ».
C’est au court d’un périple à travers les USA que Thomas
Cantaloube a entrepris de voir la tombe de Robert Johnson. On voit dans
ce texte que l’auteur a du mal à retrouver la tombe située
à Quito, tout comme dans le livre « La route du blues
», ou comme Jocelyn Richez (site http://antipode.le-village.com/routedublues).
Personne sur place ne semble se soucier de l’illustre bluesman mort à
Greenwood en 1938. Sans doute est-ce mieux ainsi, car cela nous évite
le musée, la statue et les magasins de souvenir vendant des souvenirs
kitch en plastique made in Taïwan.
L’ambiance du Delta du Mississippi
est particulièrement bien décrite (couleur de terre, grisaille,etc),
loin de l’image habituellement distillée des Etats-Unis.
Cet article n’apprendra (sans
doute) rien de nouveau aux fidèles lecteurs de LGDG, mais c’est
une nouvelle vision qui nous est donnée, à nous et à
des milliers de lecteurs qui n’ont peut-être jamais entendu parler
du Delta du Mississippi et encore moins de Robert Johnson. Voici
donc l’article en question et, pour reprendre la règle rappellée
plus haut, sachez que j’ai également une copie du second article
dont nous parlait le Doc, intitulé « la mémoire sacrifiée
des noirs de Memphis » (L’humanité du 19 Août 1999),
que je peux envoyer en E-mail privé à ceux qui en font la
demande!
17 Août 1999 -
Los Angeles-New York (26) · la recherche de Robert Johnson
Carnet de route Los Angeles-New York (26). Ancien
correspondant de l'Humanité aux Etats-Unis, Thomas
La tombe du bluesman mystérieux, guitariste de
légende, est soigneusement planquée quelque part dans le
" I don't care where you bury my body when I'm dead and
gone, You may bury my body down by the highway
Me and the Devil Blues, Robert Johnson (1). Les petites boules blanches dans les champs et le long
des routes ne trompent pas. Nous sommes en plein
Les noms des villages sur les petites routes que j'emprunte
me font penser à des titres de chansons de blues :
Le delta du Mississippi, n'est pas techniquement un delta,
mais une plaine d'alluvions dont la fertilité des terres
C'est dans les bals du samedi soir, dans les villes des
cultivateurs, qu'est né le delta blues : des chansons
Après avoir enregistré près de trente
chansons, Robert Johnson fut empoisonné en 1938 par un mari jaloux
J'entame ma quête en arrivant à Tchula, petite
bourgade perdue au milieu des champs de coton. La pauvreté
La route se poursuit et le goudron disparaît peu
à peu, pour céder la place à un sentier de terre et
à quelques
Evidemment, j'ai raté Quito. Aucun panneau sur
le bord de la route. · un moment j'ai croisé un hameau, sans
Je reviens à Quito - mais est-ce bien Quito ? Aucun
signe ne l'indique, personne ne traîne dans les rues en
Thomas Cantaloube (1) " Je me moque de savoir où tu enterreras mon
corps quand je serai mort, Tu peux l'enterrer sur le bord de la
(2) Seules deux photos existent de lui et son histoire
ne fut partiellement connue que des années plus tard, par
|
|
Le dernier disque de notre
bluesman national Bill Deraime a sucité quelques réactions
de ses fans... Alors, déception? Deux avis nous sont donnés
ci-dessous:
______________________________________________________________________________
Date: Dimanche 22 Août 1999
De: Oncle Oli <latailla@club-internet.fr>
Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler d’un disque
que je n’aime pas... Ou plutôt d’un disque qui m’a déçu:
Bill Deraime, «Avant
la paix »...
En fait, il y a des milliers de disque que je n’aime
pas, mais je ne les écoute pas! Hors, celui-là je l’ai acheté
car je suis un fan («inconditionnel ») de Bill Deraime. Alors
ce disque, le premier du grand Bill depuis de nombreuses années,
inutile de vous dire que je me suis précipité pour l’acheter.
Et là... notre bluesman nous avait déjà
habitué à quelques virées du côté du
reggae, mais là on peut dire que c’est un disque de reggae.
Ce n’est bien sûr pas un mal en soit, le reggae est une musique à
part entière (!), mais je suis déçu car je m’attendais
à retrouver LE blues de Billy.
On retrouve bien la voix de Bill Deraime, à l’intonation
et à l’accent braillard et rugueux à souhait (que personne
ne pourrait imiter sans paraître ridicule): « je suis victime
de ma façon de chanter... », disait-il dans un autre disque.
. Les textes sont toujours aussi bien écrits, donnant l’impression
que le chanteur est un ami qui nous parle, ou tout au moins voit-on à
qui il s’adresse. Même espoir et optimisme dans les paroles.
Donc, on retrouve l’esprit blues de Deraime dans les textes, mais la
musique blues a quasiment disparu. Il y a bien la guitare de Mauro
Serri qui nous distille quelques solos mémorables, mais elle reste
un peu en retrait. Oui, même sur les titres les plus blues, la production
a mis la rythmique (batterie et guitare franchement reggaes) en avant,
et le son est trop « propre ».
Doit-on voir une confession de Bill Deraime dans la chanson
« le blues de boue qui rit » (dédiée à
Muddy
Waters, bien qu’on en soit loin):
« j’veux plus d’ton blues blouseur, tellement
blues qu’il me fait peur », et « je hais ce vieux blues
gris, les poches pleines de mineries » ou « j’en veux
un neuf tout bleu, sans les poches sous les yeux ».
Ben oui d’accord Bill, mais ce blues là... c’est
pas forcément du reggae! Bon allez, ceci dit je ne regrette
pas d’avoir ce CD car je m’en serai voulu de ne pas compléter ma
collection complète de Bill Deraime! Et puis c’est une musique gaie,
festive. Et le reggae, c’est pas si mal, surtout interprétée
par un bluesman!
J’imagine simplement la tête des adeptes du reggae
qui découvrent Bill Deraime par ce disque et qui, enchantés,
s’achètent les oeuvres complètes de Bill. Ils auraient le
« déception blues » ;-)
______________________________________________________________________________
Date: Dimanche 22 Août 1999
De: René Malines <Renemalin@aol.com>
Concernant le dernier Bill Deraime, franchement,
je l’adore. Pourtant, je ne suis pas, mais alors pas du tout, un fan de
reggae. Pas que je mette cette musique au pilori, mais j’ai entendu tant
de groupes gonflants pour si peu de bons artistes de reggae. Bon, d’accord,
je ne suis pas un spécialiste. Mais revenons à notre Bilou.
La grande qualité de cet album, ce n’est bien
sûr pas d’être un disque de blues, on en est même loin
(quoique) mais c’est d’être un album de Bill Deraime. Je m’explique:
on retrouve tout l’esprit de Bill Deraime dans ce Reggae, son chant, inimitable
comme le dit si bien Olivier, son positivisme, et même ses allusions
à une certaine spiritualité, ce qui déplaît
à beaucoup, mais qui malgré mon anti-cléricalisme
forcené, ne me dérange pas une seconde, au contraire. Quelqu’un
qui ose encore chanter sa foi en l’homme dans une époque où
le cynisme semble avoir atteint son apogée, même si çà
doit passer par un hypothétique « bon dieu », çà
fait pas de mal.
Je vais pas vous faire la chronique du disque, je l’ai
déjà faite dans Travel in Blues (abonnez-vous, adhérez
à l’assoc’ et recevez le canard chez vous; c’était l’encart
pub). En résumé, je dirai que si vous aimez Bill Deraime
parce qu’il chante le blues, écoutez avant d’acheter. Mais si vous
aimez Bill Deraime pour lui-même, pour ce qu’il véhicule,
alors il n’y a pas de problème, vous pouvez compléter votre
collection.
En d’autres termes, à ne pas mettre dans la phonothèque
de Greenwood, mais dans la mienne, oui.