SOMMAIRE :
1 - Byther Smith au New Morning
2 - La Chaîne du Blues: enfin sur le Web!
3 - Roland Malines: le Blues du numéro 12
4 - Bastille Blues: album Jazzy de Jean-Jacques Milteau
5 - l'accord de septième de Blues (la blue note: le retour)
6 - Les fous furieux de BIG BRAZOS en concert
7 - Rencontre bovine (récit de la soirée du 27/9/99 organisée par "Travel in Blues" au Saint-Louis Blues)
8 - Robert Lockwood Jr: l'héritage de Robert Johnson?
9 - Lucky 13: le disque d'un Bluesman étrangement méconnu jusqu'ici
10 - Une soirée d'enfer avec Miguel M.
Date: Mercredi 29 Septembre 1999
De: " jocelyn richez " <jrichez@hotmail.com>
Décidément, Paris est actuellement à l'heure de Chicago !
Après
Magic Slim & the teardrops qui ont brillamment animé les soirées du jazz club Lionel
Hampton la semaine dernière, c'est la tornade Byther Smith &
the nite riders qui a déferlé sur le New
Morning en ce mardi 28 septembre où tous les habitués étaient
présents au rendez-vous (à l'exception de René qui se réserve pour samedi). J'avais
déjà eu un aperçu du niveau du papy (66 ans) lors du Chicago Blues Festival 97 à Bagneux.
Ce n'était qu'un infime échantillon de la panoplie de ce grand maître du Chicago blues, originaire
du Mississippi et neveu de J.B. Lenoir. Byther Smith est entré en scène dans un costume
marron bien taillé, chemise blanche et cravate assortie: la classe! Immédiatement, sa voix délicieusement
voilée et remplie d'émotion a touché le public. J'ai apprécié la précision
de son jeu et le son clair de sa stratocaster. Très concentré sur sa musique, il nous a servi un
Chicago blues dans la grande tradition du west side sound, sans fioritures. Pas le style à chauffer le public
avec des " Say Yeah " ou " Clap your hands ", à sacrifier sa musique au
profit d'un côté spectaculaire factice dont les rois sont aujourd'hui Lucky Peterson et Buddy Guy.
Byther Smith est un véritable " guitar killer "! Il s'est montré aussi à
l'aise dans les boogie-woogie que dans les blues lents, parfaitement soutenu par un pianiste néerlandais
que j'avais déjà vu en début d'année aux côtés de Smokey Wilson.
En fin (anticipée) de première partie, alors qu'il venait d'entamer une reprise de "
hold that train, conductor ", une corde lui a véritablement explosé à la figure;
je n'avais jamais vu un guitariste effectuer un tel mouvement de recul et marquer un tel temps d'arrêt après
avoir cassé un corde. Passé l'effet de surprise, il nous fit une somptueuse démonstration
de jeu sur 5 cordes (certains ont dû se demander si la 6ème corde était vraiment nécessaire
?) faisant durer ce " hold that train, conductor " et enchaînant sur un instrumental endiablé
à la Freddy King. Il a joué au total plus de 2 heures (35 minutes + 1h30+un rappel) sans temps mort,
terminant par une série de standards: " 40 days and 40 nights " et " Got my mojo
working " de Muddy Waters ainsi qu'une version somptueuse de " the thrill is gone "
à en faire pâlir B.B. King en personne.
Son côté taciturne et introverti m'a rappelé Jimmy Dawkins, un autre " monstre
sacré " du west side Chicago. Byther Smith n'est pas du genre bavard. Bonne chance René,
si tu as prévu de l'interviewé samedi à Tremblay.
Byther Smith & Jocelyn Richez |
Donc, je rappelle à ceux qui ont raté Byther Smith au New Morning ce mardi, qu'il y aura une séance
de rattrapage samedi à l'espace J.R Caussimon à Tremblay. Pour les sudistes, il devrait passer à
Toulon vendredi, si j'ai bien compris. Sinon, précipitez vous sur ses CD, il y en a au moins 5 à
ma connaissance (2 sur Delmark, 2 sur Bullseye blues et un sur JSP). J'ai concience d'avoir assisté à
un des grands concerts de cette fin de siècle. Après un spectacle pareil, je peux partir en vacances
tranquille … Il me faudra bien une semaine pour m'en remettre.
(les photos sont de Jocelyn Richez)
enfin sur le Web! |
Le mois de Septembre 1999 a été marqué par la naissance sur le Web d'un nouveau "ring" permettant de recenser les sites internets francophones dont le sujet est le blues (pas forcément francophone celui-là!). Voici un texte de présentation écrit par son créateur.
Date: Mercredi 29 Septembre 1999
De: mike lecuyer <mlecuyer@club-internet.fr>
Depuis toujours, je privilégie l'information musicale française (j'écoute
aussi les maîtres anglo saxons du rock et du blues, rassurez-vous :-) : Au début des 70's par la création
du mensuel, POP 2000, principalement dédié aux groupes français, puis au début des
80's sur des radios libres et enfin hier avec mes deux sites internet.
Aujourd'hui c'est (sonnez trompettes !) La chaîne du blues (fr) qui va permettre de rallier à son panache bleue tous (?) les passionés du blues. Cela
signifie que les sites doivent être en français et parler de blues (quelqu'en soit l'origine).
Une semaine après sa création, les 18 sites (déjà) inscrits démontrent
si besoin était l'éclectisme et le dynamisme du blues en France. A l'aube du troisième millénaire,
il est remarquable de constater comme cette musique est toujours vivante. Qui sera le premier site canadien ou
belge ou... à nous rejoindre ?
Enfin cette chaîne n'est qu'un des " maillons ". Créons d'autres liens (au sens propre
comme au sens figuré) :
· virtuels (une photo sur un site lié à un son d'un autre, une biographie renvoyant à
une discographie, etc)
· réels (concerts, etc).
Certains le font déjà (La gazette de Greenwood, Les soirées musicales de l'AMAP),
continuons le combat :-)
Dernière question : que pensez-vous du mp3 et, pour les musiciens de la chaine, ne pourrions-nous pas créer
un site proposant des titres en téléchargement gratuit ?
Sur ce, je retourne à mes lectures car croyez-moi la visite des sites de la chaine est riche en surprises
et en infos. Les soirées de cet automne seront moins mélancoliques.
Oh j'ai le blues lundi matin ...
--
Mike Lécuyer
Ne dites pas à ma mère que je travaille dans le multimédia, elle me croit chanteur dans un
groupe de rock !
BLEU BLANC BLUES http://www.multimania.com/mlecuyer
ROCK2000 http://perso.club-internet.fr/mlecuyer
CHAINE BLUES (FR)
http://www.webnzic.com/backstage/webring/blues/liste.htm
SITES MUSICAUX http://dmoz.org/World/Fran%e7ais/Arts/Musique/
date: 29 Septembre 1999
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
Il y a le blues qu'on peut écouter d'une oreille distraite, celui qu'on
peut danser, celui qui accompagne une fête, une joie ou un chagrin, et il y a le blues qui se déguste
en tendant l'oreille. Le disque de Roland Malines fait partie de cette dernière catégorie.
Une voix naturelle et une guitare acoustique qui joue un picking apparemment simple sont les ingrédients
de cet album composé de 17 titres: 3 compositions purement blues chantées en français et
14 reprises puisant dans les répertoires aussi variés que ceux de Big Bill Broonzy, Gary Davis, Robert
Johnson, John Fogerty, Big Joe Williams, J.B. Lenoir, Slim Harpo, Amos Milburn, Jimmy Cox et les frères
Balfa!
Le tour de force de Roland Malines est d'avoir pu reprendre les maîtres cités sans se contenter de
les copier, mais en les adaptant à son propre style. Un style qui a pu être comparé à
celui de Mississippi John Hurt, comme l'a écrit Etienne Guillermond dans la note de pochette
du disque, ce qui est vrai tant les points communs sont évidents : il n'y a pas de tour de force technique,
mais un jeu pur et chaud, une voix qui chantonne plutôt que de crier... Comme pour Mississippi John Hurt,
cette apparente simplicité cache un jeu de guitare tout à fait subtil. C'est à ce blues là
que ressemble celui de Roland. La variété des titres et de leurs origines n'empêche pas une
grande unité d'ensemble pour cet album qui s'écoute d'un bout à l'autre, si possible en sirotant
un bon verre de whisky, sans jamais se lasser de cette guitare et de cette voix. C'est l'exemple même de
démonstration de la force d'une guitare acoustique: seule avec une voix, elle peut créer un univers
musical passant de la mélancolie au boogie swingant, en passant par la ballade cajun ou le ragtime, et en
allant flâner dans le Delta (du Mississippi) ou le Piémont (côte Est des USA). Un disque qui
plaira donc aux amateurs de blues et/ou de guitare acoustique, le genre de production qu'on ne trouve plus beaucoup
dans les bacs des disquaires...
A quand une distribution?
réf: Roland Malines " le Blues du numéro 12 " 1997
Date: Vendredi 1er Octobre 1999
De: Pierre Mercier <pj_mercier@yahoo.fr>
Eh
bien, le disque dont je vais vous parler maintenant n'est pas, à mon sens, susceptible de figurer dans notre
Phonothèque malgré son titre "Bastille
Blues" car je pense que c'est probablement l'album le plus
jazzy de Jean-Jacques Milteau.
Certes, quelques titres, aux noms évocateurs comme "Le Wolf" ou "Elégant
Luther" (Allison, bien sur) pourraient justifier la sélection.
Mais l'ensemble n'est pas un album de Blues, au sens strict. C'est, je n'hésite pas à l'écrire,
une collection de petites merveilles, toutes instrumentales.
Jean-Jacques ne donne pas de la voix cette fois, on peut le regretter si on pense par exemple à son album
live à Utopia (réédité cette année en double). Mais il donne le ton, et surtout
il donne la parole à tous ceux que nous avons entendus, un jour ou l'autre, à ses cotés. Je
pense, entre autres, à Thomas (le fils) et ses acolytes de Black Market (Arroyo, Dijols, Coeuriot)
vus, comme les Galvin, Vernerey, Bennarosh, au Bellevue. (Sans être chauvin, ça
me fait d'ailleurs plaisir que le café-blues que je fréquente près de chez moi soit cité
sur deux plages).
Je regrette seulement que les intervenants sur chaque morceau ne soient pas cités précisément
même si ça peut faire un jeu de devinettes sympa. Et ça donnera envie de l'écouter encore
plus.
Pour l'instant, mon morceau préféré en ce moment, c'est "Rue du Rendez-vous" avec
l'élégante contrebasse de Laurent Vernerey.
Suite à cette chronique du disque, voici
un courrier que Jean-jacques Milteau a adressé à Pierrot Mississippi:
Date: Tue, 5 Oct 1999 À: Pierre Mercier <pj_mercier@yahoo.fr> De: Jean Jacques Milteau Objet: Re: impressions à chaud sur "Bastille Blues" Hello et merci de votre gentil m@il. En effet "Bastille Blues" n'est pas un CD de blues car je suis trop admiratif des grand anciens pour oser les imiter, en tout cas sur disque. J'essaie d'être digne de leur leg : c.a.d. de promouvoir une certaine façon de jouer plutôt qu'une musique figée comme elle ne l'a jamais été par ses créateurs. Je vous suis reconnaissant de l'avoir discerné. Bonnes Routes à vous. J.J. Milteau Visit the harmonica history museum http://www.milteau.com |
JJ Milteau au Bellevue (photo: Pierre Mercier) |
(la blue note: le retour) |
Si vous n'aimez pas la théorie musicale... passez votre chemin, cet article ne vous intéressera pas! Par contre, si vous voulez en savoir un peu plus sur les secrets de l'harmonie blues: asseyez-vous, et lisez. Daniel "Mère Théresa" Patin, Bruno "Whap Doo Whap" Droux et Jean-Pierre "lbop" Bourgeois (alias "Maître") nous envoient la dose!
Degré | P'tit nom du degré |
I | tonique |
II | sus-tonique |
III | médiante |
IV | sous-dominante |
V | DOMINANTE |
VI | sus-dominante |
VII | sous-tonique ou sensible |
Et si dans un exemple en Do (C), à partir de chacun des degrés, on prend une note sur deux ça donne :
Degré |
P'tit nom du degré |
Contenu (1 sur 2) |
Tonique (Prénom) |
Il se trouve que le Nom de l'accord est : |
I) | tonique | C, E, G, B, | (Do) | sept-Majeur |
II) | sus-tonique | D, F, A, C, | (Ré) | mineur-sept |
III) | médiante | E, G, B, D, | (Mi) | mineur-sept |
IV ) | sous-dominante | F, A, C, E, | (Fa) | sept-Majeur |
V ) | DOMINANTE | G, B, D, F, | (Sol) | sept |
VI) | sus-dominante | A, C, E, G, | (La) | mineur-sept |
VII) | sensible | B, D, F, A, | (Si) | mineur-sept-quinte-diminuée |
Ces accords sont des constructions " naturelles " de la tonalité de Do Majeur (la preuve, c'est
qu'il n'y a ni dièse, ni bémol pour aucun d'eux), mais RIEN N'EMPÊCHE d'utiliser des constructions
" artificielles " (dont certaines sont encore plus canons, In My Humble Opinion). Et comme il se trouve
que (en HDO) sur la " Dominante ", on trouve (à l'état
naturel) un accord de " Septième ", et comme il se trouve qu'il n'y
a QUE sur la dominante (même en mineur, mais c'est une autre histoire) qu'on trouve un accord de " Septième
", alors par généralisation d'habitudes occidentalocentriques (HDO), on dira " Septième
de dominante " partout.
Or il se trouve que le blues utilise un accord de " septième " sur son premier degré. Par
comparaison, sur le premier degré d'une HDO, on trouve un accord de " Septième Majeure ".
Exemple 1er degré HDO en Do : C, E, G, B, (Do) sept-Majeur
Exemple 1er degré Blues en Do : C, E, G, Bb, (Do) sept
L'accord C, E, G, Bb, est un accord de " Septième ",
mais pas " de dominante " puisqu'il ne se trouve pas sur le degré correspondant
à la dominante de l'HDO (ni au propre, ni au figuré).
À ce point que si pour une raison ou pour une autre on devait le considérer comme de dominante, il
appellerait très fort un accord de Fa Majeur (qui serait l'accord de 1er degré de ce tout-à-coup
accord de dominante), et cela extirperait quasi sur le champ, l'harmonie Blues (celle là même qui
marie si bien un Mi " sept de Tonique " (E, G#, B, D) d'avec la
fameuse gamme " Patate à Monique " de Mi mineur (E, G, A, B, D).
Pour résumer, je propose d'appeler un chat "un chat", et un accord de septième sur la tonique
un "Septième de tonique", et un accord de septième sur la dominante un "Septième
de dominante", mais dans tous les cas, il suffit de dire "accord de septième", sans préciser
si c'est "de tonique" ou "de dominante". D'ailleurs on a besoin de ce distingo que si on fait
de la nalyse à Monique, pas quand on joue.
P.S.: Le coup des conjugaisons zarbies dans le texte, c'est pour rire.
Date: Samedi 9 Octobre 1999
De" Jean-Pierre \ "lbop\ " Bourgeois " <lbop@jpbourgeois.org>
Le Docteur Blues nous avait écrit: "Le vendredi soir ne baillez plus devant Thalassa !!! Le retour
des Big Brazos (Blues et Country, Cajun) au Mineschola le vendredi 8 octobre à 21 H.· Restaurant
et bières spéciales, moules et frites (et sono toute neuve)".
Première erreur.
On n'a effectivement pas vu Thalassa mais le film X de la 6. Un couple d'Italiens, (pas d'espagnols Franck) vautré
sur la banquette nous a fait: le son, comme le X de la 6 la revue du Kama Soutra, comme le X de la 6 le coït
tout habillé, comme le X de la 6 Quand ils ne couvraient pas la musique, c'était plutôt rigolo.
On se sentait comme chez soi.
Faudra pourtant qu'on m'explique un jour comment on fait sans retirer son calbard, comme dans le X de la 6. Evidemment
ça évite les capotes, mais quand même....c'est pas trop cool.
Seconde erreur.
La " sono toute neuve " à correctement fait son boulot normal de sono toute neuve: elle a merdoyé
lamentablement. Heureusement que le Doc a un bel organe. (n'oublie pas mon petit cadeau pour la vile flatterie,
Doc et pas de chèque surtout)
Troisième erreur, pas de moules pas de frites.
Donc, omelette au jambon, trois bières, trois whiskies (tassés)..., hips.
Pour ce qui est du fabuleux Big Brazos, toujours les
mêmes fous furieux (j'ai cherché,
mais j'ai pas trouvé meilleur qualificatif).
Le Doc Jérôme " Papa John " Travers : chant + guitare
Pierre " Johnny Guitar " Seguin :
guitare + chant
André " Winer Jammer " Fougerousse
: harmonica + chant
Etienne " Nothin' but the country " Faïsse : Basse + chant
A tout seigneur (saigneur?), tout honneur.
Le Doc, chevelure à la Chopin, barbe
et moustache encadrant un sourire qui hésite entre le convivial et le démoniaque (musique du diable
oblige). Takamine électro-acoustique, taille 00 qu'il harcèle avec conviction afin de mieux servir
sa voix de stentor. (désolé Mesdames, c'est là son bel organe, quoi que... vous pouvez toujours
espérer, on ne sait jamais)
Johnny , sous perfusion Télécaster
noire, jolie petite Takamine comme antibiotique et guitare " de voyage " vitaminée (que je suppose
Martin), s'affirme de plus en plus, tant aux grattes qu'au chant. Il est venu avec sa basse-cour remplie de cocottes
qui font s'écrouler de rire les trois autres compères.
Pour les non initiés, les cocottes sont des notes étouffées dont la succession imite le caquettement
de la poule. Un brin dopé ce soir, il en profite pour casser en deux ses médiators sur la plus petite
des grattes qui ne sait pas se défendre, le lâche.
André nous fait un sans faute à
l'harmonica. Il lui manque pour l'instant un léger manque d'assurance au chant qu'il va combler car ce n'est
pas un manque de technique.
Etienne, le si grand qu'il semble jouer d'une
basse pour enfant, parait roupiller toute la soirée, mais, ne vous y trompez pas, il assure comme une bête.
Côté public: le patron qui arbore un sourire complice, quelques habitués ravis, quelques amis,
quelques LGDGistes (NDLR:
Greenwoodiens), les deux Italiens faisant fond sonore parfois envahissant.
Une question subsidiaire qui va permettre de départager ceux qui suivent: d'après Franck, à
quoi se reconnaît-on entre LGDGistes qui ne se sont encore jamais rencontrés?
M'enfin, c'est le pékin excité qui est juste à côté de toi et qui, bêtement
comme toi, tape avec frénésie sur sa table.
Se sont ainsi reconnus:
Frank Bonicatto, venu de la ville rose avec (ou pour) une charmante. Olivier Chesneau, ami du Renard
Cigaloïde, sommé de s'inscrire au plus vite. ma pomme, journaliste de service, en mission
pour le Seigneur Blues.
Blues, country, zaricot, ça défile avec entrain, le public répliquant aux usuels " got
my mojo " ou " les zaricots sont pas salés ", monument de la littérature
française.
Bon..., là, je balance: Beattles (Get Back) et Stones (Honky-tonk Women), c'est pas très blues-contry-cajun
ça. Mais les arrangements " maison "
collaient parfaitement avec le programme en nous changeant des copies conformes habituelles.
Une interview subtile du Doc nous apprend que le Brazo River à donné son nom au groupe conjointement
avec le Brazo, pénitencier qui a accueilli Peter Alexander.
Pas déçu(s) de la soirée.
That's all, folks, see you later.
Keep on bluesin' and stay in tune.
(récit de la soirée du 27/9/99 organisée par "Travel in Blues" au Saint-Louis Blues) |
L'association "Travel in Blues" organise régulièrement des soirées musicales, sous forme de boeuf ouvert à tous et à toutes. Bien mal leur en prit, car le 24 Septembre 1999, plusieurs greenwoodiens se rendirent au Saint-Louis Blues... Pierrot Mississippi Mercier nous raconte ici cette soirée mémorable.
Tout à commencé un soir dans une ruelle sombre de Paris à 20 h 30 précise:
- Lbop: 'tain où est-il ce |`\^@ de St Louis? Bon, une place, je me gare. - Maryse: ben, tu ouvres simplement ta portière et on y est pile. - Lbop : OK, cherchons le Renard Malin.
Quelques minutes plus tard:
- Lbop: Bonjour, ne serais-tu pas le petit gros grisonnant décrit dans la notice explicative et répondant au prénom de René ?
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l'héritage de Robert Johnson? |
Date: 24 Octobre 1999
De: Oncle Oli <latailla@club-internet.fr>
Difficile de
ne pas évoquer Robert Johnson quand on veut parler de Robert Lockwood Jr, car si il y a un
guitariste qui peut prétendre être l'héritier du bluesman maudit, c'est bien lui... En effet,
jeune, Robert Lockwood avait la chance d'avoir pour mère Estelle Coleman si jolie qu'elle retint l'attention
de Robert Johnson qui vécut avec elle quelques temps dans les années 30. Et là, fait rare
de la part de Johnson qui avait l'habitude de cacher jalousement sa technique (c'était son gagne-pain et
à l'époque il n'était pas rare que les musiciens gardent secrets leurs "trucs"),
le bluesman enseigna la guitare à son "beau-fils" Robert Lockwood, en fait à peine plus
jeune que lui de 4 années!
Né le 27 Mars 1915 à Turkey Scratch (Arkansas), Robert Lockwood Jr joua d'abord de l'orgue
avant de se mettre à la guitare et d'adopter définitivement cet instrument après que Robert
Johnson lui en ait enseigné les secrets. La carrière musicale de Robert Lockwood Jr débuta
dés qu'il eût 15 ans, quand il commença à jouer dans les juke-joints, picnics et autres
fêtes du Samedi où les ouvriers du coton venaient s'amuser et dépenser l'argent durement gagné
pendant la semaine. Il parcourt alors tout le Delta
du Mississippi (Helena, Friar's Point, Clarksdale, etc) et rencontre
Rice Miller (le fameux chanteur et harmoniciste Sonny Boy Williamson II). Ils jouèrent ensemble
pendant plusieurs années, le bouillonant Miller entraînant son compagnon à jouer n'importe
quand et n'importe où. On les voit alors à Helena,
Memphis, Saint-Louis et Chicago où, en 1941, Robert Lockwood
effectue ses premiers enregistrements, en solo (label Bluebird) ou en qualité de sideman (accompagnateur).
De retour à Helena en Novembre 1941, les 2 compères sont engagés par la radio KFFA pour animer
pendant plus de 2 ans "King Biscuit Time", célèbre émission consacrée au blues et sponsorisée
par "King Biscuit", grande marque de farine très connue et utilisée dans le Sud des Etats-Unis!
C'est à cette époque, durant
les années 40, que Robert Lockwood Jr fait évoluer son jeu de guitare vers un style de plus
en plus jazzy, admirant des musiciens tels que Duke Ellington, Count Basie, Louis Jordan. Si on
lui reproche alors de s'éloigner du style de Robert Johnson, il répond que le bluesman aurait lui
aussi évolué dans cette direction... Cette affirmation peut étonner et choquer les fans de
Robert Johnson, mais Lockwood est bien placé pour en parler, et ses propos sont corroborés par un
autre bluesman: Johnny Shines (qui a accompagné Johnson pendant ses dernières années)
affirmait en effet que RJ jouait en public du blues parceque c'est ce qu'on lui demandait, mais qu'il était
également un grand passionné de jazz, style dans lequel il était encore meilleur...
C'est aussi durant les années 40 que Robert Lockwood vécut le passage de la guitare acoustique à
la guitare électrique, évolution inéluctable du blues du Delta vers le blues urbain.
En 1950, Lockwood retourne à Chicago où il trouve un emploi de sideman pour les studios Chess, accompagnant
alors tous les plus grands noms du blues. Parallèlement, il enregistre des disques sous son nom pour les
labels Bea & Baby, JOB, Decca, et il participe à la folle époque du blues de Chicago en jouant
dans les clubs avec tout ce que la ville compte alors de bluesmen (et il y en avait beaucoup!).
Le "travail" devenant plus rare, Lockwood retourne à Cleveland en 1961, et s'y installe
définitivement puisque c'est là qu'il vit encore aujourd'hui. Il forme alors son propre groupe et
joue dans les clubs locaux, tout en maintenant ses relations avec Chicago, enregistrant dans les années
70 pour le label Delmark.
Au début des années 80, Lockwood retrouve son vieil ami Johnny Shines et le goût du
Delta blues en enregistrant pour les disques Rounders les disques "Hangin'
On" et "Mister
Blues is Here to Stay". C'est la première fois que
les 2 disciples de Robert Johnson enregistrent ensemble... Robert Lockwood, avec son ami ou seul, tourne alors
dans les festivals blues aux USA ou en Europe, bénéficiant du retour en grâce du blues.
Mais ce qui énerve Lockwood, c'est qu'il est souvent interviewé ou invité en raison de sa
"filiation" avec Robert Johnson dont le mythe refait alors surface... Jamais Lockwood n'a renié
l'influence de Johnson sur son style, il prétend même que l'enregistrement "Mister Downchild"
est un morceau écrit par le célèbre bluesman qui n'a pas eu le temps de l'enregistrer en raison
de sa mort brutale en 1938. Beaucoup des titres écrits par Lockwood sont dans un style très proche
de celui de Robert Johnson ("Take a little
walk with me") et il n'hésite pas à reprendre,
et adapter, des titres de celui-ci. Mais Robert Lockwood Jr n'est pas resté paralysé par cet héritage,
et il a su évoluer et intégrer d'autres styles, notamment le Jazz et le be-bop dont il est un grand
amateur.
Son dernier disque ("I
Got to Find Me a Woman") est en ce sens une sorte de chef
d'oeuvre où on retrouve le meilleur de Robert Lockwood Jr, avec ses différentes facettes. Accompagné
de son groupe (piano, basse, guitare électrique, harmonica, saxophone, batterie) et des géants B.B.
King et Joe Louis Walker, Lockwood nous démontre sa maîtrise de la 12-cordes et de la 6-cordes
dans un florilège de compositions ou de reprises magistralement interprétées: Delta
blues, Chicago blues, jazz, jumps, boogie... Ce disque a d'ailleurs été récompensé
par les W.C. Handy Awards 1999, catégorie "Album
Blues Traditionnel de l'année", tandis que Lockwood était
nommé "Artiste Blues Traditionnel de
l'année" !
Toujours reconnu par les autres bluesmen, Robert Lockwood Jr n'a pas connu auprès du public le succés
de nombre de ses contemporains. Est-ce dû à l'écrasant héritage de Robert Johnson? La
vraie raison semble plutôt être dans une personnalité discrète et réservée,
préférant se consacrer à la musique plutôt qu'aux feux de la rampe, laissant cet honneur
à ceux qu'il a accompagné: Sonny Boy Williamson, B.B. King, James Cotton, Muddy Waters, Sunnyland
Slim, Little Walter, The Moonglows, Howling Wolf, Freddy King, Willie Mabon, Eddie Boyd et Johnny Shines, pour
n'en citer que quelques uns.
Non, Robert Lockwood Jr n'est pas un pâle imitateur de Robert Johnson, c'est un vrai bluesman qui, du point
de départ "RJ" a su faire évoluer son blues vers un style limpide et swingant. Oui, Robert
Lockwood Jr est un géant du blues, et l'écouter est un vrai régal!
le disque d'un Bluesman étrangement méconnu jusqu'ici |
Date: 27 Octobre 1999
De: Oncle Oli <latailla@club-internet.fr>
|
Authentique... Voilà le mot qui vient à l'esprit quand on
écoute le disque de Big Lucky Carter. Si il faut faire une différence entre " bluesman " et " joueur de blues ", Big Lucky Carter est à ranger dans la première catégorie. Quoique, après réflexion, on peut aussi le mettre dans la seconde! Bref, c'est un bluesman qui joue du bon blues depuis plus de 50 ans dans les bars de Memphis, et on ne peut qu'être étonné que son premier album ne soit sorti que l'année dernière, alors qu'il est âgé de 79 ans! La maigre discographie de Big Lucky Carter ne reflète en rien son talent et sa carrière: 3 singles aux succès commerciaux assez limités, et des participations épisodiques avec quelques vedettes du blues (notamment son cousin Ed " Prince Gabe " Kirby). Et encore, tout ça date des années 50 et 60, à part 3 titres (acoustiques) publiés dans une compilation sortie en Allemagne en 1994. Pourtant, Big Lucky Carter est à classer aux côtés des plus grands, tant son talent de compositeur (musique et paroles) est évident. Quand il chante, c'est comme si il nous racontait des histoires. D'ailleurs, il parle plus qu'il ne chante, et beaucoup de ses chansons sont pleines d'humour ou de grivoiseries. Mais parfois grave, il aborde des sujets tels que le Sida ou la drogue. Tout le groupe qui accompagne Lucky est composé des musiciens excellents et expérimentés d'un niveau exceptionnel: harmonica, piano, batterie, basse, deuxième guitare. N'importe lequel de ses musiciens serait une star du blues ailleurs qu'à Memphis! Mention particulière, et personnelle, au guitariste Lee Roy Martin qui effectue la plupart des solos. Je n'ai pas été étonné d'apprendre qu'il était également un très bon guitariste de country blues, car cela se ressent dans sa façon de jouer. Le CD " Lucky 13 " nous offre donc 13 titres parfaitement rodés depuis des années par Carter et son groupe... C'est du blues sans concession à un autre genre musical, et il est impératif de découvrir ce géant du blues! Uncle Lee référence du CD: BIG LUCKY CARTER, "Lucky 13", Westside / Blueside, WESF 106, 1999 |
( chronique parue dans "Travel in Blues", Octobre 1999 )
date: Lundi 25 octobre 1999
de: renemalin@aol.com
salut, je viens juste de rentrer de la soirée qu'avec Travel In Blues, nous avons organisée.
il s'agissait de recevoir Miguel M. & the Brachay's
Blues Band, de Chaumont,et de leur permettre une rencontre musicale
avec les bluesmen de paris. et je dois avouer que des fois, je me rends même plus compte de ce qu'on fait
avec Travel. je savais qu'en invitant Frank Ash à croiser le manche avec Miguel et sa bande, on allait passer un bon moment.
Je me disais qu'avec ces 2 excellents chanteurs/guitaristes, bien que leurs jeux et leurs voix soient différentes,
ils devraient bien s'entendre, parce que quelque part, il y a chez tous 2 une approche similaire du blues, un côté
" même famille ", une façon d'aller chercher au fond des tripes et de remonter tout ça
à la surface avec une force incroyable pour le partager avec nous qui m'a laissée pantois (non, pantois,
l'autre). je ne m'attendais pas à une telle osmose! leur " the thrill is gone " fut tout simplement
grandiose!
Et la p'tite Suzie! j'avais invitée le saxophoniste de Fred Clayton, Gulliver, jeune anglais particulièrement talentueux. non seulement il ne m'a pas déçu, mais il est venu avec sa copine, Suzie, un tout petit bout de bonne femme, mais chanteuse à la voix inversement proportionnelle à la taille. et quelle présence! quel charisme! le genre de nana dont tu te dis qu'il doit pas falloir trop chercher à l'emmerder. une vraie personnalité, quoi. j'ai appris ensuite qu'elle chante dans un groupe de gospel. tu m'étonnes.
Les interventions successives d'Etienne et de Pascal " Baco " Mikaélian aux harmos furent de grands moments aussi. et que dire de l'unique solo de Gilles Nollet, guitariste d'A86 Blues Band? il a pas eu peur, il s'est lancée entre un chorus de Miguel et un de Frank Ash, et franchement, il n'avait pas à avoir honte, vu la qualité et l'originalité de son intervention. Pareil pour Jean-Pierre Paze, guitariste sans groupe, ouvrier de métier. Je vous passe les morceaux réunissant Swampini au grand complet et Miguel, ça peut pas se raconter, c'est juste trop bon. on a eu droit aussi à une section de cuivres improvisée réunissant le sax du Brachay's Blues band, Gulliver et un trombone de ses amis. quelle pêche! quelle présence! on a même failli avoir la visite des keufs tellement cette soirée s'envolait. Non, franchement, je suis parfois loin de me douter du résultat de ce qu'on organise. Dailleurs les quelques colistiers [de LGDG] présents pourront confirmer, voire vous en parler mieux que moi.
Et pour les franciliens de Greenwood, je signale que Miguel M. & the Brachay's Blues Band jouent du mardi 26/10 au samedi inclus au Chesterfield Café, rue de la boëtie (près des champs Elysées, en face du Virgin, métro Franklin Roosevelt). et tenez vous bien, ils ont invitée Frank Ash à venir les rejoindre sur scène vendredi. mais si vous y allez un autre soir, vous risquez d'y voir aussi Swampini, Benoit Blue Boy ou d'autres, toujours sur la scène avec eux.
Raaaaah que j'aime faire Travel In Blues !
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