La Gazette de GREENWOOD
     n° 14 (Décembre 1999)

La Gazette de Greenwood reçoit 4 étoiles de l'Officiel du Net (Novembre 1999) !

 


SOMMAIRE  :

1 - BIG JOE WILLIAMS: le bluesman aux 9 cordes (biographie et photos inédites)

2 - Ecoutez le vieux Bluesman...

3 - Rencontre avec Miguel M. & The Brachay Blues Band (interview)

4 - Feuilleton de Docteur Blues: le Blues en Normandie se porte bien, merci !

5 - Le fils caché de Robert Johnson...

6 - Bill Deraime: Net-interview pour "La Gazette de Greenwood"

7 - Mon Pote Le Blues

8 - visite à l'atelier de Michaël "Mike" Lewis: Fine Resophonics Guitars

9 - Le feuilleton du Doc, 2e épisode : le blues dans l'armoire normande !

10 - Gueules de Blues: des peintures de célèbres bluesmen

10 bis - La Gueule de Blues du Mois: Mississippi John Hurt

11 - un groupe de Country Blues à suivre (de près): The Rabbit Foot Minstrels

12 - Taj Mahal : le musicologue cosmique

13 - Le feuilleton du Doc, 3e épisode : Goin' Back to Normandie

14 - le débat: B.B. King joue-t'il du Blues? (!)

15 - actu Web : La Chaîne du Blues se déchaîne!




BIG JOE WILLIAMS: le bluesman aux 9 cordes

LGDG est fière de vous présenter cette biographie très complète de Big Joe Williams, illustrée de photos exclusives du bluesman prises à l'occasion de son passage à Paris en 1972!



date: 1er Novembre 1999

texte: Jocelyn Richez <jrichez@hotmail.com>

photos: Pierrot "Mississippi" Mercier <pj_mercier@yahoo.fr>


Big Joe Williams est né le 16 octobre 1903 à Crawford, un petit village de l'est du Mississippi, non loin de la frontière de l'Alabama, un coin dont est également originaire le grand Chester Burnett dit Howlin' Wolf (Aberdeeen, West Point) mais aussi Carey Bell et Eddy Clearwater (Macon). Son véritable nom est Joseph Lee Williams, mais il fut surnommé "poor Joe" (pour des raisons évidentes, contrairement à B.B. King ou John Lee Hooker, le blues ne l'a jamais enrichi) et surtout "big Joe" compte tenu de son gabarit imposant.
Il était à la fois chanteur, guitariste, mais aussi et surtout grand compositeur, auteur d'un des plus grands standards du blues avec "Baby, please don't go" (dès 1935) repris par les plus grands musiciens de blues comme Muddy Waters, mais aussi par des groupes pop et rock (en particulier Van Morisson et les Them). Il a enregistré et réenregistré ce titre lors de multiples séances tout au long de sa carrière.
Big Joe Williams 1972 (photo Pierre Mercier)Il fut d'abord l'une des grandes figures du delta blues puis l'un des créateurs du Chicago blues de l'après guerre avant de participer du blues revival des années 60. Sa carrière fut d'une rare longévité (environ 60 ans) mais aussi très prolifique (comme celle de John Lee Hooker) et forcément inégale. Il n'a en fait jamais arrêté d'enregistrer depuis les années 30 jusqu'à sa mort en 1982 (au total, plus de 200 titres), et cela pour une multitude de labels dont Delmark et Arhoolie.
Sa vie ressemble presque à une caricature.
Sa jeunesse fut particulièrement difficile, battu par son beau père dès sa plus tendre enfance. Il apprend très jeune la musique sur un diddley bow (sorte de guitare à une seule corde). Il s'enfuit de chez lui dès l'âge de 9 ans pour mener une vie précaire et mouvementée de vagabond durant laquelle il rencontra quelques musiciens célèbres qui l'ont beaucoup influencé comme Charlie Patton et Leadbelly, par ailleurs des personnages assez peu recommandables, plus habitués des pénitenciers que des studios d'enregistrement.

Si quelqu'un connaît bien ce qu'est la route du blues, c'est bien notre hobo big Joe Williams qu'il l'a parcouru de long en large durant toute sa vie d'abord avec un medicine show où il accompagnait un charlatan vendant des supposés produits miracles. Ensuite, il survie tant bien que mal en jouant dans les fameux juke joint, souvent sordides. Mais ce grand consommateur d'alcool (à l'image de Charlie Patton) est aussi un infatigable coureur de jupon. Contrairement à Robert Johnson, il échappa de justesse à la colère d'un mari jaloux qui lui a tiré dessus car il avait chanté des avances à sa femme. S'il voyage d'abord à travers le Mississippi et en particulier le delta généralement accompagné du guitariste Honeyboy Edwards et de l'harmoniciste John Lee " Sonny Boy " Williamson, on le retrouve dans l'Alabama avec le Birmingham Jug Band puis à Saint Louis dans le Missouri où il influence le blues de la ville (il y rencontre le pianiste Walter Davis, alors l'une des vedettes du label bluebird qui lui permet d'enregistrer ses premières faces), et au Texas où il rencontre Leadbelly.

C'est son séjour à Chicago a marqué un tournant important pour sa musique qui s'électrifie. Il y enregistre pour le label Delmark (1957 à 61) récemment créé par Bob Koester, pour le label Cobra d'Elie Toscano et Willie Dixon, et Vee-Jay notamment. Mais c'est à Oakland en Californie, pour le label Arhoolie de Chris Strachwitz qu'il grave ses meilleurs disques ("Tough times", Arhoolie 1012 ; "Thinking of What they did to me", Arhoolie 1053 et surtout "Shake your boogie", Arhoolie 315). Big Joe Williams habite alors chez son filleul, l'harmoniciste Charlie Musselwhite.

On le retrouve en 1962 à New York où il enregistre pour le label Spivey en compagnie d'un jeune musicien blanc à l'harmonica qui débute une brillante carrière: Bob Dylan ! BJW jouera en 1963 avec Paul Butterfield, puis Mike Bloomfield. C'est aussi en 1963 qu'il effectue son premier voyage en Europe à l'occasion de l'American Folk Blues Festival, dont c'était la deuxième édition avec comme autres têtes d'affiche Sonny Boy Williamson (Rice Miller), Muddy Waters, Otis Spann, Willie Dixon, Memphis Slim et Lonnie Johnson. Il est alors l'un des principaux artisans du blues revival en europe. Il reviendra en 1972 pour la dernière édition de l'AFBF (je ne tiens pas compte de la tentative de reprise au début des années 80), vieilli et affaibli par des problèmes de santé (un diabète sans doute provoqué par l'alcoolisme).

A la suite d'une longue bataille juridique où il est notamment soutenu par Bob Dylan, il finit enfin par être reconnu comme le véritable auteur de "Baby, please don't go". Avec les royalties, il s'achète un bout de terrain à Crawford, son village natal et un mobil home où il vivra ses dernières années. La boucle est bouclée … Il participe encore au premier Delta Blues Festival en 1979 avant de mourir en décembre 1982 à Macon, Mississippi.


Big Joe Williams 1972 (photo Pierre Mercier)Il reste aujourd'hui une référence majeure en matière de country blues, notamment pour son jeu énergique et brut de fonderie en bottleneck. Les thèmes qu'il chantait avec une énorme conviction lui ont généralement été inspiré par ses séjours en prison, notamment au pénitencier d'Angola en Louisiane (non loin de Lettsworth, le village natal de Buddy Guy). Il jouait sur guitares bricolées dans des états déplorables, où les micros ne tenaient que par du sparadrap et du fil de fer. Vu les tortures qu'ils leurs faisaient subir, elles aurait pu militer à SOS guitares battues. La grande originalité des guitares de Big Joe Williams, outre leur état de délabrement avancé, était le fait qu'elles avaient 9 cordes (trois cordes doublées de manière parfaitement artisanale), comme la fameuse Harmony Sovereign rafistolée qu'il utilisait en fin de carrière et que l'on peut voir sur de nombreuses photos. C'était un bricolo dont la finition était le dernier des soucis.
Ces guitares à 9 cordes ont inspiré le titre de plusieurs de ses disques ("Nine string guitar", Delmark 627 ; "Blues for nine strings", Bluesville 1056).


texte: Jocelyn Richez

photos: Pierrot "Mississippi" Mercier (American Folk Blues Festival de 1972, Paris)


En complément de cet article, voici une chronique de disque par Docteur Blues, et la fameuse rencontre de Pierrot Mercier, alors sémillant jeune-homme, avec Big Joe Williams!


La Phonothèque de Greenwood a sélectionné pour vous:

Big Joe Williams and Friends

Big Joe Williams and Friends

- Going back to Crawford -

Arhoolie 9015 - CD 1999

Besoin d'authenticité, du 100 % Mississippi blues, la dernière session de Big Joe entouré de Austen Pete, John " Shortstuff " Macon, Glover Lee Connor, Amelia Johnson... Ces noms ne vous disent rien, normal, ce sont des amis et voisins de BJW à Crawford.
C'est un disque qui a été organisé et produit par B.J. Williams lui même en Mai 1971. Enregistré (si mon anglais ne me fait pas défaut) sur ces machines "Magnacord" qui permettaient de graver des disques en direct. La prise de son : juste 2 micros... Et alors ? Emotion garantie, je comprends même d'où nous vient le Led Zep III... il vient de là... 26 perles en guise d'héritage, à ne pas manquer (pour les amateurs du genre).

Docteur Blues <jtravers@europost.org>

 

Souvenirs de

L' American Folk Blues Festival de 1972 (Paris)

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Je vais essayer de vous parler de cette soirée.
C'est loin tout ça...
En mars 1972, je terminais mon apprentissage de photographe. J'ai surement pris ma journée pour monter à Paris en stop : le 3 mars était en vendredi.
Un concert de musique de sauvages à la salle Pleyel !!! Des hordes de chevelus (comme quoi les temps changent...) déferlent dans cette salle vénérable, semant la panique parmi les ouvreuses (contemporaines ou presque). Je vous passe leurs reflexions (1 F de pourboire pour cinq !).
La horde s'installe partout à son aise.
Le spectacle commence avec Robert Pete Williams.
Blues archi-rustique. Sacrée impression. Enthousiasme de la foule.
Ensuite notre bon gros Big Joe. Je me rappelle de ses chaussures jaunes. Pareil, comme beaucoup, j'ai bien aimé son blues vrai, rugueux, authentique (d'accord : comment je le sais ?, je sais pas pourquoi je le sais mais je le sais, na, ça se sent la sincérité, non ?)
Grosse émotion donc.
Ensuite, la partie moderne avec un groupe electrique et efficace.
Piano, Guitares, Saxes, Violon (si si), des blancs, des noirs.
Impossible de mettre un nom sur ces têtes.
Même si je retrouve l'affiche (car elle est qq part, mais ou ??), nous n'en saurons pas beaucoup plus, c'est le backing group. Mais nos érudits concitoyens vont eplucher les photos à la loupe et nous dire ça.
Arrivée en vrac de T Bone Walker. Totalement dans le potage. Désolé pour Johnny mais son idole n'était absolument pas présentable ce soir là. Parfaite illustration de notre débat récent, il ne s'est pas vu tellement il avait bu.
Après quelques minutes de promenade hésitante sur la scène, il a renoncé à se battre contre son orchestre et est sorti sous les huées. Eh oui, moche, moche.
Big Mama est arrivée, elle, en pleine(s) forme(s). Elle a commencé par engueler le public " Alors comme ça vous vous en prenez à mon gars ? attention la patronne maintenant c'est MOI et zallez voir ce que vous zallez voir ! ".
Efficacement soutenue par l'orchestre qui savait enfin dans quelle direction aller, elle a, évidemment, sauvé la soirée.
C'était il y a bien longtemps, mes petits amis...

Pierrot "Mississippi" Mercier <pj_mercier@yahoo.fr>

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Ecoutez le vieux Bluesman...


Date: Samedi 30 Octobre 1999

De: Franck Bonnicatto <FRANCK.BONICATTO@wanadoo.fr>

souvent y a ce vieux bluesman assi devant le bar
souvent il est noir avec quelques cheveux blancs
ses mains sont caleuses, il a travailler longtemps
elles carressent la guitare.
les notes sont rares
on s'arrête ?
Sa voix est grave et chaude
il pleure un enfant une femme de l'argent.
Il dit le bon sens: " garder votre âme d'enfant"
On l'écoute ?
un enfant l'écoute, il comprend.
quand il sera grand...
pourvu que ce ne soit pas trop tôt.
Nous on s'est fait baisé par le net et la télé
90 % ne l'on jamais écouté tranquilement.

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Rencontre avec Miguel M. & The Brachay Blues Band


Date: Mardi 2 Novembre 1999
De: René Malines <Renemalin@aol.com>

A l'occasion de leur passage pour une semaine au Chesterfield Café à Paris, après une soirée mémorable organisée par Travel in Blues en leur honneur au Saint Louis Blues, nous avons tenu à nous entretenir avec les membres de cet exceptionnel groupe de province. Miguel, guitare et chant, Lorenzo, guitare et direction musicale, François, basse, Patrick, batterie, Jean-Claude, sax ténor et Marie, manager du groupe, ont bien voulu répondre à nos questions.

Lorenzo Sanchez

Lorenzo Sanchez

LGDG : Comment s'est fait le Brachay Blues Band ?
Lorenzo : Ça a commencé en 93, à mon humble initiative, avec Patrick, François et Michel. On faisait des compos, des trucs à nous, un peu jazz fusion. Et puis on a décidé de faire du blues, avec au début un répertoire de reprises essentiellement. Histoire d'avoir un truc bien en place dès le départ, parce que tout le monde dans le groupe connaît les morceaux.
LGDG : Il y avait donc 2 guitares dès le début ?
Lorenzo : Non, il n'y avait que moi à la guitare, Miguel chantait seulement. Nos concerts étaient essentiellement instrumentaux, et Miguel n'intervenait quà la fin pour chanter 2 ou 3 titres. A partir de là, on l'a un peu incité à chanter le blues. Tu y es venu quand à la guitare ?
Miguel : J'étais déjà guitariste, je faisais des rythmiques de jazz, samba, bossa. Après j'ai laissé la guitare de côté pour me consacrer au chant.
LGDG : Mais au départ, vous êtes plutôt des gros fans de blues qui finissez par jouer ce que vous préférez, ou c'est en jouant du blues que vous commencez à le découvrir ?
Lorenzo : C'est un peu les deux. En fait on s'est rendu compte qu'on en avait toujours joué, par l'utilisation des gammes pentatoniques. Avant, j'intégrais ça dans le jazz, parce que nos compos me permettaient de ne jouer que pentatonique. Je jouais du jazz, mais sans jamais avoir appris. Du coup, inconsciement, je jouais déjà blues. Il y a eu un déclic quand j'ai découvert Stevie Ray Vaughan, en 86. Je pense qu'il a attiré vers le blues pas mal de musiciens venus d'autres horizons, entre autres du jazz, dont il avait une approche moderne. Il a quand même inventé quelque chose. Enfin, il a été influencé par tous les grands, mais il avait son truc à lui. Il y avait quelque chose de très pêchu qui a attiré pas mal de musiciens, surtout des jeunes qui ne parlaient plus que de lui. Parce que tous les jeunes de l'époque ne connaissaient pas les Freddie King et autres. Mais maintenant, je suis à fond dedans.
LGDG : C'est donc grâce à Stevie Ray Vaughan que tu as découvert les grands bluesmen ? Pareil pour toi, Miguel ?
Miguel : Non, moi, c'est surtout par mes frères, les grands, qui selon leur âge, écoutaient AC/DC, Hendrix, et le plus grand qui écoutait Muddy Waters. Gamin, je m'amusais à imiter les chanteurs, Mick Jagger et les autres, mais ces voix black, ça m'a toujours scotché. Muddy Waters, quand je l'ai entendu pour la première fois, je me suis dit : " lui, c'est un vrai ".
Patrick : Nous on était plutôt jazz, jazz fusion. Mais on en est vite revenu. Tous les 4, dans le blues, on s'est retrouvés.
LGDG : Vous n'avez donc pas seulement suivi le mouvement pris par le groupe, vous avez réellement accroché à cette musique ?
François : Oui, de par l'ambiance, le style, le feeling que ça dégage. Le côté essentiel du blues.

Jean-Claude Thies

LGDG : Mais il n'y avait pas encore de cuivres ?
Jean-Claude : Nous sommes arrivés en fin 96.
LGDG : Justement, je trouve ça très interressant, un groupe de blues français avec une section de cuivres. C'est plutôt rare ! En plus vous vous retrouvez dans une petite ville de province…Vous êtes de là-bas aussi ?
Jean-Claude : De Saint-Disié en fait, au sud de Chaumont. Nous, on jouait déjà ensemble dans un sextet de jazz. Mais on était très interressé par le fait de jouer dans un groupe de blues.
LGDG : J'ai justement été frappé, en vous entendant au Chesterfield, par la façon dont vous chorussez. Souvent, les cuivres, dans le blues, jouent peu sur l'aspect mélodique, ils privilégient le honking la plupart du temps. En vous écoutant, on se dit que vous avez du jouer autre chose avant de faire du blues.
Lorenzo : Mais après avoir intégré les cuivres, Miguel se consacrait toujours au chant uniquement.
Miguel : Je jouais chez moi, mais je ne sentais pas encore de le faire sur scène. Et puis avec Lorenzo, ça le faisait bien.
Lorenzo : Et puis un soir, on a fait un gig en duo. Ça faisait un moment que je ne l'avais pas entendu jouer, et là, il m'a étonné. Il avait des plans d'enfer ! J'ai donc pris la rythmique dans le groupe, pour renforcer la structure, et j'ai laissé la guitare solo à Miguel. Mais c'est venu petit à petit, pour arriver à ce qu'on fait aujourd'hui.
LGDG : Là aussi, quand on écoute le disque, c'est vachement bien, mais on est loin de se douter de ce que vous pouvez faire en live.
Miguel : Ce disque, on l'a fait pour se pousser. Il plaît, tant mieux…
Lorenzo : Mais le studio, c'est vraiment spécifique. On n'a pas vraiment une grande expérience de ça. Le live, ça c'est notre truc.
LGDG : Pour en revenir à ton jeu de guitare, Lorenzo, mon seul regret lors de vos prestations, c'est que tu te mettes si peu en avant. Et même quand tu prends des chorus, tu as tendance à les jouer à la façon de Miguel, alors que je sais que tu as une palette plus étendue encore…
Lorenzo : Là tu parles de la soirée au Saint Louis, et je vais t'expliquer pourquoi. On a joué avec d'autres musiciens, comme par exemple ceux de A86, qui jouent très Chicago. Je ne peux pas jouer de façon plus élaborée, faire des choses très techniques dans ces cas là. Pareil avec Swampini, qui joue très swamp, voire rock & roll.
Miguel Moreno

Miguel Moreno

Miguel : C'est une question de respect. Par exemple, après avoir ouvert pour Big Lucky Carter, il nous a appelés pour le rejoindre sur scène à la fin de son show. On allait quand même pas lui faire une démonstration de guitare ! On a joué roots. Tu joues dans l'esprit de ce que fait l'autre. Ça me rappelle la session de Stevie Ray avec Albert King. Tu vois que Vaughan joue vraiment dans l'esprit du blues d'Albert King, et là c'est magique.
Lorenzo : Mais au Chesterfield, on fait notre répertoire, et là je me réserve des plages pour faire mon truc.
LGDG : Ce qui vous permet une plus grande variété de styles de blues.
Miguel : C'est cette différence dans nos façons de jouer qui fait qu'on se complète bien.
Lorenzo : Moi, ce qui m'interesse, c'est la cohésion du truc. Il ne s'agit pas de me sacrifier, je m'en fous. Ce qui me plaît, c'est que la machine derrière soit cohérente. Pourquoi faudrait-il qu'on enchaîne les chorus sur chaque morceau ? Non, je m'en fous, je préfère me choisir un titre sur lequel je vais faire un chorus pendant que Miguel assurera la rythmique. Je te le dit, mon principal souci, c'est la cohérence. Si je voulais me montrer, en tant que guitariste, je monterais un autre groupe, avec une chanteuse, un batteur, un bassiste, et moi comme leader.
LGDG : Je t'ai dit une fois que la variété de styles que tu es capable de couvrir me faisait penser à Stan Noubard-Pacha. Qu'est-ce que tu penses de ce guitariste ?
Lorenzo : J'adore ! Il sait s'effacer quand il le faut, et toujours être là. Techniquement, il a un style très intéressant, et il a un son super. Sur l'album de Steve Verbeke, il a un son fabuleux. Et une palette terrible. Il est excellent.
LGDG : Aujourd'hui, vous êtes à Paris, pour une semaine au Chesterfield Café. Qu'est-ce que ça représente pour vous ?
Lorenzo : D'abord, ça nous apporte une bonne presse. Ça nous fait connaître sur Paris, et c'est important. Qu'on le veuille ou non, on ne peut pas y échapper.
Miguel : Et ça nous permet de rencontrer des musiciens, de sympatiser avec Claude Langlois, Frank Ash. Je les voyait en concert, mais je n'osais même pas les aborder. Là, ils viennent te voir, faire le bœuf, parler avec toi, ça fait plaisir. Ne serait-ce que pour ça je suis content.
Lorenzo : On était venu pour le salon de la musique, et Marie a vu l'annonce pour le concours au Chesterfield. Sur le coup, je lui ai dit : " Laisse tomber ". Les concours, on en a déjà fait. La galère, le chili con carne en boîte, tout ça. Elle a insisté, alors on a envoyé le disque. Ça a été le coup de bol. Et je n'aurais jamais cru que par ce biais, on allait pouvoir rencontrer les Claude Langlois, Frank Ash…Comment les rencontrer sinon ?
LGDG : Ben en participant à une soirée organisée par Travel in Blues, tiens !
Marie : Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier Travel in Blues de nous avoir organisé la soirée au Saint-Louis Blues et de nous avoir accueilli.
Lorenzo : Oui, c'est vrai. En plus, il y a cet enregistrement live à la clé. Et justement, je me disais que si on devait faire un nouvel album, il faudrait que ce soit un live. Parce que notre musique, c'est comme ça qu'on la joue le mieux.
LGDG : Merci, mais on allait quand même pas se priver de l'occasion. Qu'est-ce que vous comptez faire avec ce disque ? Combien d'exemplaires vous en tire-t-on ?
Lorenzo : Mille. On va tout enregistrer, et on va garder le meilleur. On nous fait la jaquette, mais on garde un droit de regard.
LGDG : Après avoir écouté le disque et vous avoir vu lors du concours au Chesterfield, on s'est dit que là, il se passait quelque chose d'important. Et d'important pour le blues en France aussi. On s'est dit que vous aviez tout compris, que vous n'aviez rien à envier à vos homologues américains. Avec Guy "l'Américain ", on se disait que vous aviez un niveau de qualité internationale.
Miguel : Ça je ne sais pas, je me rends pas bien compte. J'aimerais bien être dans la salle en même temps.
LGDG : Pour en revenir au live, vous comptez le faire distribuer ?
Lorenzo : Depuis peu, le premier est distribué par Socadisc. On va donc le leur proposer. Sinon, on le vendra en concert. Parce que c'est vraiment là, encore une fois, que se crée notre musique. Par exemple, il s'est passé un truc cet été à Longwy. Avant, les arrangements des cuivres étaient tellement chiadés qu'on ne pouvait pas se lâcher. Ils jouaient sur partoche et si le riff arrivait là, à la 28ème mesure, ils le jouaient là.
Miguel : Et ce soir-là, je ne sais pas pourquoi, je me suis lâché. Et quand le riff devait arriver, je leur faisait : " Non ! " et je continuais. Ça a marché…
Lorenzo : Depuis on a simplifié les arrengements. On s'est donné une liberté, et maintenant, on sait mieux le gérer. C'est bien d'avoir les cuivres, avec les arrangements et tout, mais si Miguel ou moi on le sent, on doit pouvoir prendre un chorus si on en a envie.
LGDG : En même temps, c'est une des grandes qualités du Brachay Blues Band d'avoir une section de cuivres, avec des arrangements pointus, harmoniquement parlant, sans parler de leurs qualités de solistes.

Lorenzo : De toutes façons ils le font pointu, mais on peut avoir des morceaux plus écrits, parce qu'ils tournent mieux comme ça, et d'autres où on a plus de liberté. Au début Stéphane, notre trompettiste, qui écrit les arrangements pour les cuivres, avait une telle influence bebop qu'il le faisait beaucoup trop chantant.
Jean-Claude : L'efficacité est arrivée avec la sobriété.
Lorenzo : Au fil du temps, entre les cuivres et les autres, on s'est adapté, jusqu'à trouver un équilibre.
Jean-Claude : Il y a de plus en plus de cohésion.
Lorenzo : Et c'est justement en apprenant à maitriser ça qu'on a pu s'accorder plus de liberté, ce qui fait qu'aujoud'hui, d'un jour à l'autre, tu n'auras pas la même version du même titre. Même si au niveau guitares, on a des plans, des automatismes, nos chorus ne sont jamais les mêmes.
Miguel : Même le toucher va être différent.
Lorenzo : C'est pour ça que j'aime beaucoup Frank Ash. Parce que j'aime les guitaristes qui prennent des risques. Toujours sur le fil du rasoir, qui se renouvelle toujours. Il ne va jamais te lasser.
Miguel : Ce qui est interessant, c'est qu'il prend autant de risques avec le chant. Et ça se sent, ça trompe pas. T'as des mecs qui chantent leur couplet pour se précipiter sur leur guitare et te sortir une démonstration. Mais un chanteur qui est devant son micro et qui se donne vraiment, qui prend son temps… Un mec comme Frank, il prend autant son temps au chant qu'à la guitare, et ça trompe pas. Et il est aussi bon aux deux.
LGDG : D'autres projets ?
Lorenzo : Les festivals. On a parlé hier avec Michel Rolland, de Cognac, et il serait partant.
LGDG : Et Johan, à l'orgue, c'est définitif ?
Lorenzo : C'est quand il peut, parce qu'il est très demandé. Faut dire qu'il est tellement bon. On a fait notre 1er concert avec lui après une seule répet' de 3 heures, et il n'y avait pas une note qui dépassait. Lui aussi vient du jazz, et à seulement 22 ans, il se met au blues et il le sent complètement. Il te tiend des notes avec la bouche ouverte, en grimaçant, il est dedans, quoi. C'est dément. Avec des musiciens comme ça, qui savent comment fonctionne cette musique, tu sais où tu vas.
LGDG : Sinon, comment vous en sortez-vous, avec des musiciens professionnels et d'autres pas dans le même groupe ? Certains ont des jobs à côté, comme Patrick, je crois ?
Patrick

Patrick à la batterie

Patrick : Oui, je suis disquaire. Avant je bossais en usine.
François : Moi, je suis instituteur spécialisé. Je travaille avec des enfants handicapés. Mais j'arrive encore à gérer tout ça, même si ce n'est pas toujours facile.
Lorenzo : Jean-Claude est prof de sax, mais le trompette et le trombone sont musiciens professionnels. Miguel et moi aussi.
Miguel : Au début c'est galère, parce que tu ne gagnes pas suffisament ta vie. Alors tu trouves des petits boulots. Et ici, je ne sais pas, mais là-bas, tu n'as pas trop le choix. C'est l'usine. Il faut te lever à 4 heures du matin alors que t'as quitté la répet' la veille à 2 heures du matin. En même temps, heureusement qu'il y a le groupe, avec des concerts, pour évacuer. C'est comme une relation amoureuse. Mais au bout de quelques mois, tu fais un choix.
Lorenzo : Justement, ce qui est chiant, c'est qu'il y a beaucoup de bons groupes qui ne tiennent pas, à cause de ça.
Miguel : Alors tu te dis que tu peux plus continuer. Et je me suis dit tant pis, mon loyer, je le paie ou pas, mais j'arrête de bosser pour ça, maintenant, je fais de la musique. C'est ça l'amour de la musique. Et avec le blues, je pense que c'est encore plus fort. C'est une musique viscérale, épidermique. Quand tu parles à un mec qui aime vraiment le blues, tu le sent, c'est net.
LGDG : Vous avez parlé de compos tout à l'heure. Vous en avez beaucoup dans votre répertoire ?
Lorenzo : Il y en a certaines qu'on ne joue plus, parce que nous avons intégré d'autres titres qui nous plaisent plus. Donc, aujourd'hui, on joue plus de reprises que de compos.
LGDG : Mais ces reprises, vous les arrangez à votre sauce ?
Lorenzo : Ça dépend des quelles. Il y en a qu'on reprend texto, parce qu'elles sonnent bien comme ça. On a des compos qu'on garde de côté, qu'on n'a pas encore eu le temps de mettre en place.
LGDG : Quelque chose à ajouter ?
Miguel : Dans le public, quand il y a des gens qui ont la quarantaine ou la cinquantaine, on est sûr de les capter. A côté de ça, tu as peut-être 50 jeunes, des gens de 18, 20 ans. Ce que j'aimerais, c'est accrocher ces jeunes de la même façon que ceux qui sont plus âgés. Il y a moyen d'attirer tous ces jeunes. Mais qu'on nous lâche un peu avec la techno, qu'ils viennent un peu écouter de la vraie musique. Là ils vivront, ils comprendront.
Lorenzo : C'est quelque chose qu'on a noté dans nos concerts. Au milieu des autres, t'as de jeunes rappeurs à casquette, parce que dans ce qu'on fait, il y a des choses qui vont leur plairent. Avec des rythmes funky, des choses comme ça, très puissantes, et ça les interesse.
LGDG : J'ai une dernière question : vous buvez quelque chose ?
Miguel : Excellente question ! Sans doute la plus intéressante !

Propos recueillis par René Malines, le 29 octobre 1999 au Bottleneck Café.

(Photos de René Malines)

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Feuilleton de Docteur Blues:

le Blues en Normandie se porte bien, merci !

Date: Mercredi 10 Novembre 1999

De:" Docteur Blues " <jtravers@europost.org>

Interview de Marc Loison, DJ de l'émission Sweet Home Chicago sur Radio 666 à Caen et webmaster du site internet " Sweet home Chicago " (http://perso.wanadoo.fr/shc/) sur lequel on peut écouter son émission en direct sur le web (il est aussi guitariste de Blues).

Docteur Blues : Peux tu nous éclairer un peu sur ton parcours :
tu es un gratteux qui est venu à la radio, ou un DJ qui est venu au blues?


Marc Loison : C'est plutôt la deuxième solution. J'ai commencé la radio à l'âge de 20 ans, en 1983 quand un ami m'a emmené le voir faire son émission en direct sur une petite radio locale d'alors : Radio Pince Oreille (!) à Hérouville (banlieue de Caen). Depuis peu c'était la pleine période de " libération " des ondes FM grâce à la loi Lang, il fallait vraiment connaître cette époque où on pouvait tout se permettre ou presque à l'antenne! J'ai assisté à des débats où les invités réagissaient sur des sujets très ciblés " jeunes " : l'alcool, la drogue, la zique, la " répression " au lycée, etc... J'étais déjà passionné de Blues et j'y ai rapidement vu l'intérêt de partager cette passion avec d'autres, et j'ai alors créé ma première émission: Chrysler Blues (!). Je me souviens d'une émission en particulier un mercredi après-midi où Thierry Anquetil et moi avions longuement disserté sur les mérites vocaux et guitaristique d'Otis Rush, moult morceaux à l'appui, et où au moment de partir (deux heures et demie après!) nous nous sommes aperçus que l'émetteur était resté sur OFF ! La guitare, c'est venu plus tard, vers 1990, quand l'envie de tenter d'imiter mes amis musiciens fut plus fort que la timidité qui me rongeait de m'y mettre. J'ai très vite intégré le band de Thierry Anquetil à la guitare rythmique pour de nombreuses dates en clubs et quelques premières parties mémorables: Jimmy Johnson, Phillip Walker, Johny B. Moore, Luther Allison, Phil Guy...

le Doc : Tu diffuses surtout du Blues contemporain. Le blues old-time n'est pas "radiogénique"?

Marc : Mes préférences pour le Blues moderne sont l'expression d'un goût personnel plus marqué actuellement qu'il ne l'était au départ. Dans mes premières émissions, on pouvait entendre Sonny Terry, Blind Lemon Jefferson ou Big Bill Broonzy, maintenant c'est plus volontiers Buddy Guy, Marva Wright ou Gary Primich qui squattent mes platines a! Le blues old-time reste certes " radiogénique ", mais je laisse à d'autres plus érudits que moi le soin de parler de ces artistes du passé... Ceci dit, l'acoustic blues actuel a largement droit de cité dans Sweet Home Chicago :
Keb Mo, Steve Arvey, Robert Lighthouse sont loin d'être bannis ! Par ailleurs, Albert Collins et Freddie King restent mes guitaristes préférés, même s'ils ne monopolisent pas les playlists de Sweet Home Chicago.

propos recueillis par Jérôme "Docteur Blues" Travers

à suivre (plus loin dans ce numéro) ou découvrez le texte intégral sur le site du Doc: www.multimania.com/docblues/

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Le fils caché de Robert Johnson...

Date: 11 Novembre 1999

De: Oncle Oli <latailla@club-internet.fr>


Quand Robert Leroy Johnson est mort, le 16 Août 1938, personne ne se soucia de son héritage, pour la bonne et simple raison qu'il ne possédait rien: ni argent, ni biens.
Mais le succés posthume du bluesman, dont les enregistrements furent réédités plusieurs fois et surtout dont les compositions furent reprises par un grand nombre de musiciens de blues et de rock, créa une richesse dont Johnson n'aurait pas imaginé le centième: les droits d'auteur. C'est seulement en 1974 que Carrie Thompson, demi-soeur de RL signa un accord avec Stephen C. Lavere, lui cédant tous les droits de copyrights issus du travail de Robert Johnson, en échange de 50% des royalties ainsi durement collectés à la sueure du front de Lavere. Lavere, collectionneur de disques avait en fait coiffé sur le poteau Mack McCormick, à l'époque où tous deux cherchaient à à éclaircir la vie alors méconnue de Robert Johnson. Tous deux avaient rencontré Carrie Thompson, mais cette dernière préféra traiter avec Lavere qui lui sembla plus franc-du-collier. Lavere coule aujourd'hui des jours heureux à Los Angelès, vivant des royalties qui pleuvent. Pour sa défense, disons que sans lui, Carrie n'aurait probablement jamais touché un centime des droits de son demi-frère.
En 1983, à la mort de Carrie, cet héritage fut transmis à Annye Anderson, née du même père que Carrie, mais d'une autre mère que Carrie et Robert. Carrie et Annye étaient donc demi-soeurs, mais Annye et Robert n'avaient donc aucun lien " sanguin ", n'ayant ni le même père ni la même mère.
Bref, ce fut donc Annye qui bénéficia alors de 50% des royalties sur les chansons de Robert Johnson, qui devinrent de plus en plus conséquentes notamment avec la sortie en 1990 de
"The complete Recordings" (Columbia Records) qui remporta le succés qu'on connaît.

Et soudain, coup de théatre, en 1992 apparaît Claude L. Johnson qui se se présente comme le fils illégitime de Robert L. Johnson! Né le 16 Décembre 1931 à Lincoln (Mississippi), son certificat de naissance désigne en effet Virgie Jane Smith comme étant sa mère, et un certain R.L. Johnson comme étant son père...
Il s'ensuit alors toute une série de procés et de renvois entre différentes cours de justice du Mississippi, et il est notamment reproché à Annye de ne pas avoir " tout tenté" pour retrouver d'autres héritiers potentiels de RL Johnson. A ma connaissance, cette série de procès n'a pas encore défini qui était l'héritier de droit de Robert Johnson et, en attendant, les droits d'auteur du bluesman tombent dans l'escarcelle de l'Etat du Mississippi!
En fait, la question intéressante à laquelle les juges américains ne semblent pas attacher d'importance est: Claude L. Johnson est-il le fils de Robert L. Johnson? Où donc était Robert Johnson 9 mois avant le 16 Décembre 1931, de 22h à 03h15 du matin?

Mais, après réflexion: est-ce important? Quest-ce que ça change?
Rien.
Parceque Claude L. Johnson ne joue pas de guitare et ne chante pas de blues...

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Bill Deraime: Net-interview pour "La Gazette de Greenwood"


Date: Mercredi 10 Novembre 1999
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>

décidemment l'époque est aux interviews, car je vous transmets ici une interview (exclusive, si ce n'est en direct) du GRAND Bill Deraime. Merci donc 1000 fois à Bill, et à Philip Payne (webmaster du site de Bill: http://www.multimania.com/muppets/ ).
L'interview est relativement court, mais on apprend quelques trucs sur Bill (la musique qu'il écoute, son secret pour écrire des textes, etc).
inutile de vous dire ma fierté d'avoir ainsi collecter les paroles d'un de ceux que je place en haut de la pile de disques: Bill Deraime!


Bill Deraime & Mystic Zebra:  Avant La Paix Bonjour Bill. Très heureux de retrouver Deraime avec le CD " Avant la paix ", je ne te cacherai pas avoir été " surpris " par son orientation carrément Reggae. Tu nous avais déjà habitué à quelques incursions dans ce style musical, mais là: c'est plus un disque de reggae que de blues, non?
Eh oui il y a largement plus de reggae que de BLUES sur cette album . Appelons ça du REG'n'BLUES. Deux cultures qui se rejoignent.
Peux-tu nous dire quel fut ton cheminement du Blues au Reggae? Ton orientation Reggae est-elle due à une évolution de tes goûts musicaux ou à l'utilisation d'un moyen d'expression qui te semble plus approprié?
Envie de racines ! Evolution de l'un à l' autre, rien est fermé ; libre circulation de musique et idées !!
As tu une muse? ou alors quelle est ta principale source d'inspiration pour tes textes? Comment fais-tu pour trouver des paroles qui " sonnent " si bien, qui " parlent " (justement) si bien?
Pas de secret..Travailler encore et encore et encore. Retravailler les textes et quand c'est fini, recommencer à travailler. C'est très très long, mais seul le travail compte quand on part d'une idée plus ou moins vague.
Quels sont tes Bluesmen préférés? et Reggaemen??
Bob Marley - La musique classique . J'aimais beaucoup Luther Allison.
Quels disques écoutes-tu en ce moment?
Gabriel Fauré ( http://www.edition-peters.com/urtext/faure/violon_klav/nachwort_franz.html )
Le Blues en France semble trouver un nouveau souffle avec de multiples groupes et musiciens. En connais-tu? Que penses-tu de ce " renouveau "?
Je me tiens plutot a l'écart du milieu musical, je ne connais donc pas vraiment les nouveaux groupes.
As-tu des projets? (tournées, concerts, enregistrement, etc)
Bien sur, à suivre sur le site.
Pour ton prochain album, envisages-tu un " retour " vers le Blues, ou continueras-tu à accentuer ton Reggae?
L'album vient de sortir, aucune idée de ce que seront les futures nouvelles chansons..
As-tu quelquechose à dire aux lecteurs de " La Gazette de Greenwood "?
Merci d'apprécier la musique et les texte de mes chansons! Ca me fait toujours trés plaisir quand on m'en parle aussi chaleureusement. Et merci a la Gazette de Greenwood peut être a bientôt..
Merci Bill, et continue à nous faire rêver avec ta musique et tes textes!

le site officiel de Bill Deraime: http://www.multimania.com/muppets/

propos recueillis par Olivier de Lataillade par échange d' E-mail.

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Mon Pote Le Blues


Henri Salvador

Mon pote le Blues, te voilà bien défiguré
Mon pote le Blues, ils t'ont tous commercialisé
Maintenant qu'ils t'ont bien souillé, il va falloir te relever

Mon pote le Blues, parfois quand tu es bien chanté
Mon pote le Blues, c'est à c'moment là que t'es sifflé
C'est trop tard pour tout recommencer, on t'écoutera dans les clandés

Pour bien t'interpréter, il faut s'laisser aller
Pas la peine de s'trainer, pas la peine de gueuler

Mon pote le Blues, n'importe qui croit te chanter
Mon pote le Blues, j'te jure qu'c'est dur à avaler
Avec leurs amplificateurs, ils doivent te saccager le coeur
ooooohhhh
Avec leurs amplificateurs, ils doivent te saccager le coeur


Henri Salvador
(in "Anthologie Jazz" 1991)

NDLR: les propos de l'auteur ne sauraient engager que sa seule responsabilité.
Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé ne saurait être fortuite.

Ah "lbop" nous l'avait dit: Henri Salvador chante le Blues!
En plus de ce titre "
Mon Pote le Blues", blues lent et mélancolique (on s'en doute), le disque comporte un autre Blues "Dérouillade Blues" au shuffle d'enfer, avec solo de guitare bien saturé, et la voix gouailleuse d'Henri Salvador qui raconte comment, alors qu'il buvait un quart-vichy sur les Champs-Elysées, il s'est fait tabasser par erreur par 3 malabars qui l'ont confondu avec un boxeur qui avait séduit leur petite soeur. Qu'est-ce que vous voulez moi, le Blues (bien) joué et (bien) chanté avec autant d'humour: je craque!

Oncle Oli

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visite à l'atelier de Michaël "Mike" Lewis:

Fine Resophonics Guitars


Date: Mardi 16 Novembre 1999
De: "Jean-Pierre \"lbop\" Bourgeois" <lbop@jpbourgeois.org>

Remarques très succinctes pour les non guitariste:
une tradition de guitares à résonateur(s) métallique(s) existe au USA, connues sous les marques Dobro (Dopeyra Brothers) et National. Elles sont en général utilisées en "open tuning" (accordage spécial) et en "slide" (jouées en style hawaiien). Les musiques correspondantes sont le blues ou la country music.

Compte rendu de visite à l'atelier de Michaël "Mike" Lewis Fine Resophonics Guitars

(3, voie Coypel 944000 VITRY SUR SEINE 01 46 77 86 17).


Arrivée inopinée en compagnie de Maryse à 11h30.

Bonjour, tu me reconnais? "Oui". Et Maryse, qui était attablée avec le Renard? "Non". Mike nous annonce immédiatement que nous ne sommes pas arrivés au bon moment, guitare à achever pour demain. En clair, cassez vous rapidos.
OK, on s'en va.... Ah, comment fais-tu ça? et ça?... Eh bien, patati,... patata,... je fabrique moi-même mes résonateurs Et puis, ceci, et puis cela....? J'ai fait l'école Boule, je trouve mon bois ainsi...., les mécaniques là... Mais j'en fait d'autres que celle-ci.... regardez celle-là...écoutez comment ça sonne....

1h30 après, il nous sortait toujours ses modèles et les merveilles des années 20/30 venues se faire soigner en son hôpital, ses ukuleles merveilleux, tous instruments joués devant nous par le "Maître". Et le vernis ci, et la peinture là, et la forme du manche et l'acier et le laiton... Nous avouons avoir été complètement estomaqués par les sonorités propres à chaque instrument. Il semblerait que la quincaillerie soit aussi vivante que le bois (entre ses mains) .
Et mon book... Clapton, Jauni à l'idée, Selzer, anglais, français, americains...
A 13 heures, non avons faussé compagnie alors qu'il sortait toujours des merveilles à écouter. Si vous pensez guitare à résonateur, pensez Fine Resophonics, c'est le "seul luthier au monde". Modèle de base 18000 F.

Nous avons, Maryse et moi, un ami de plus dans la corporation des luthiers. Un conseil, téléphonez quand-même avant visite ( 01 46 77 86 17), si possible avec votre portable car, la voie Coypel, faut trouver. C'est comme son site http://www.fineresoponic.st.fp ??? jamais trouvé.

Merci au Doc et au Renard de m'avoir aidé à flairer la piste.


NDLR: à lire absolument: " Fine Resophonic: des "Resonator" made in France " (article de Johnny Guitar paru dans La Gazette de Greenwood n°6 )

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Le feuilleton du Doc, 2e épisode :

le blues dans l'armoire normande !

Date: Lundi 15 Novembre 1999

De:" Docteur Blues " <jtravers@europost.org>

(Suite de l'interview dee Marc Loison)

le Doc : La culture blues et l'internet semblent faire bon ménage, en effet on a l'impression que toutes les associations, groupes, blues-fans se retrouvent enfin... qu'est-ce que tu en penses ?
Marc : Oui, c'est un aspect très positif de cette révolution Internet que nous vivons actuellement. Je pense que dans l'avenir, on notera les années 1995 / 2005 comme étant un tournant dans l'accession des gens aux nouvelles technologies, au même titre que dans les années 1975 on connut la démocratisation du téléphone.
On aura peut-être bientôt fini de vivoter dans notre coin...
Je vois même de petits labels américains m'envoyer leurs productions! Franchement, qui aurait pensé qu'un jour on pourrait écouter sur une radio locale de Caen, dans le Calvados, en France, un CD enregistré à 500 exemplaires dans un petit coin de Californie?
Il y a des talents cachés partout, Internet permet de les débusquer beaucoup plus facilement, il faut en profiter !
le Doc : Justement bon nombre de radios (ou média en général) semblent faire marche arrière, relègant le blues à une musique underground. On a besoin d'hommes neufs qui prennent des risques dans le créneau, non ?
Marc : Tout à fait, il faudrait tout de même qu'un grand média (radio ou même télé) ait enfin le courage de donner la parole à un animateur pour qu'il passe du Blues à une heure décente!
MCM Blues a disparu, Philippe Adler ne passe plus que du Jazz dans Jazz 6... il n'y a plus guère que Julien Delli-Fiori pour oser une tranche de galette blueue entre deux jazz... Ceci dit, je n'ai jamais senti que le Blues, même pendant le soit-disant " Blues-Boom " (le deuxième NDLR) des années 89-93 qui a suivi la mort de Stevie Ray Vaughan, soit sorti de ce côté " guetto " de musique " underground ", qualifiée par le grand public de sous-catégorie du Jazz.
le Doc : Concernant la scène blues normande, elle est plutôt riche, on connaît Thierry Anquetil, le festival de Lisieux, les nuits du blues de Caen et Blues à gogo au Havre. Peux-tu nous filer ton coup de coeur (pur beurre) régional ?
Marc : Le groupe qui monte actuellement: Thierry Hau and the Hoodoomen.
Une rythmique soudée et très shuffle avec les frères Marie:
Bernard à la basse, Francis à la batterie. L'expérience au service de vos oreilles!
Pascal Fouquet, guitare, détache bien ses notes et n'en rajoute pas inutilement.
Thierry Hau, harmo et chant, assure et donne une couleur Californienne à l'ensemble.
Incontestablement une des meilleures formations que la scène Caennaise du Blues ait connue depuis 10 ans.

propos recueillis par Jérôme "Docteur Blues" Travers

à suivre (plus loin dans ce numéro) ou découvrez le texte intégral sur le site du Doc: www.multimania.com/docblues/

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Gueules de Blues

C'est Jocelyn Richez qui nous a donné l'info par E-mail le 9 Novembre 1999 sur la liste de diffusion LGDG:

"Je reviens tout juste du Bd Sébastopol où j'ai pu admirer l'exposition de peinture " Gueules de blues " de Denis Gérablie suivi d'un concert de Karim Albert Kook.
L'exposition m'a vraiment ravi. Elle comprend une vingtaine de toiles représentant toutes des bluesmen célèbres: Mississippi John Hurt, Big Bill Bronzy, B.B. King, Muddy Waters, Sonny Boy Williamson, Luther Allison, Roosevelt Sykes, Son House et ... Karim Albert Kook (non, je ne déconne pas).
L'expo mérite vraiment le déplacement. Les toiles sont à vendre (avis aux amateurs; les prix varient de 6000 à 21000 Fr environ). Pour les moins fortunés, il y a des posters à 100 Fr (190 Fr encadré) qui sont très bien aussi et surtout plus abordables. Moi, j'ai opté pour un Mississippi John Hurt très coloré, dont le décor assez naif me rappelle les toiles de Clémentine Hunter. Quand à Mississippi John Hurt, c'est fou ce qu'il ressemble à Long John Hunter sur cette toile. Je dis ça parce qu'évidemment, j'ai fait la confusion...
"

Et c'est Pierrot Mississippi Mercier qui lui a emboîté le pas, pour nous ramener une surprise: les photos des oeuvres de Denis Gérablie! Avec l'accord de l'artiste, il les a mises on-line sur son site (http://www.argyro.net/amap/), et grâce à lui la Gazette de Greenwood va maintenant vous présenter, tous les mois, la GUEULE DE BLUES du Mois!!


La Gueule de Blues du mois:

Mississippi John Hurt

Mississippi John Hurt: peinture de Denis Gérablie

peinture de Denis Gérablie

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un Groupe de Country Blues à suivre (de près):

The Rabbit Foot Minstrels

Date: 20 Novembre 1999

De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>


Voilà un nom qui fleure bon les champs de coton: les
Rabbit Foot Minstrels ! Et leur disque nous plonge en effet là-bas, il y a quelques années, quand les instruments n'étaient pas encore électrifiés. C'est donc du pur country-blues et vous saurez tout quand je vous aurai dit que les quatres musiciens de ce groupe sont français... Ne vous précipitez pas chez votre disquaire favori, leur CD n'est pas distribué, il s'agit juste d'une "démo".
Mais quelle démonstration! Sept reprises de standards de T. Bone Walker, Robert Johnson, Muddy Waters, Lonnie Johnson et James Lane, réalisées avec une époustouflante maîtrise, dans le plus pur respect de l'esprit des "anciens". Respect ne veut pas dire copie, et les quatres compères apportent leur touche personnelle à ces oeuvres immortelles.
Pas de batterie, le rythme est assuré par la guitare de
Homesick G. Rodriguez et la contrebasse de Jeannot Delpy. Géniale la contrebasse, ambiance assurée! Très bonne idée de ne pas utiliser un de ces instruments branchés à la place!
La guitare lead et slide est jouée par
Jean-Paul Loisel. Pas de démonstration de vélocité, juste les petits coups de bottleneck qu'il faut, à la manière des plus grands: solos envoûtants accompagnés du shuffle hypnothisant du reste du groupe.
Et le "Mississippi Saxophone" (comme dit le chanteur dans un des titres pour annoncer un solo d'harmonica!) dans lequel souffle
Gilles Gabisson est de la même veine: omniprésent, il sait rester discret en ligne de fond, avant de prendre des chorus bien sentis.
Au chant,
Homesick G. Rodriguez a une voix bien placée, bien en phase et qui colle parfaitement avec le style de la musique.
Rabbit Foot Minstrels: le nom de ce groupe est donc à retenir car à mon avis, vous allez certainement en entendre parler de plus en plus. Enfin, si vous aimez le Blues...!
Donc, à ne pas manquer en concert. Et à guetter: la sortie de leur disque, vous ne serez pas déçus. Enfin, si vous aimez le Blues...!

Les titres interprétés:
Thème de "T-bone Blues" (T.Bone Walker), "I'll Dust My Broom" (R. Johnson), "Kindhearted Woman" (R. Johnson), "Can't Be Satisfied" (Muddy Waters), "Mr Jelly Roll Backer" (L. Johnson), "Ramblin' on My Mind" (R. Johnson), "Goin'Away Babe" (J. Lane).

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Taj Mahal :

le musicologue cosmique

Date: Mardi 23 Novembre 1999

De:" Docteur Blues " <jtravers@europost.org>


Rising Sons, Taj Mahal & Ry Cooder
Taj Mahal a enregistré son premier disque en 1964 avec Ry Cooder au sein des Rising Sons.
En 68, il tourne avec les Rolling Stones et il invite de nombreuses guest-stars du blues anglais sur ses enregistrements, démarche qui permet de faire découvrir, aux américains de l'époque, la richesse du blues en puisant directement dans la Mississippi culture.
Mais Taj Mahal ne se contente pas de promouvoir son blues, comme Ry Cooder, il fouille les racines de la musique, qu'elles soient d'Afrique, d'Europe ou des Caraïbes ; il trace une route balisée d'albums " riches "... Cette année, il enregistre directement avec des artistes africains (Toumani Diabaté) comme un hommage à ses ancêtres. - " Ce groupe, ce projet, est pour moi l'aboutissement d'années d'études de la musique noire américaine " - En outre, il se place aujourd'hui comme un gourou généreux en conseils auprès de la nouvelle vague blues américainne ; il compte parmi ses disciples Ben Harper, Alvin Youngblood Heart ou Keb'Mo...

La musique comme philosophie de vie, il reconnaît que chaque jour, il se lève, prend sa guitare et sans besoin d'électricité il joue à la manière des troubadours d'autrefois : - " En jouant, je cherche à entrer en relation avec l'univers, la lune et les éléments. La musique me donne la possibilité d'être plus optimiste quant au destin de l'humanité. Et quand parfois je regarde en arrière, je m'aperçois que j'ai fait beaucoup de choses que je voulais faire. " - (D'après une interview parue dans le journal Aden) .
Le 15 novembre, Taj Mahal vient de passer à la Cigale à Paris avec T. Diabaté, et même si je ne suis pas très chaud à l'occasion de la sortie de son nouveau disque, il reste pour moi la principale influence du blues acoustico-roots contemporain, le genre " Robert Johnson 2000 " (si je peux me permettre). Dans les noms cités plus haut, on peut ajouter également Corey Harris qui est, pour moi, le véritable fils spirituel de Taj Mahal.
Je sais que René a (normalement) rencontré l'ami Taj... à suivre donc..

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le feuilleton du Doc, 3e épisode :

Goin' back to Normandy

Date: Lundi 22 Novembre 1999

De:" Docteur Blues " <jtravers@europost.org>

(Suite de l'interview dee Marc Loison)


le Doc : Un projet fou, mais, penses-tu que ton emission puisse être diffusée sur le net 7j/7 24h/24 ? serait-ce possible techniquement ?
Marc :
Cela pourrait peut-être être réalisable, je n'ai pas encore étudié la question...
C'est vrai qu'une heure de Blues par semaine, ça fait quand même 167 heures sans Blues et c'est triste!
le Doc : Merci Marc, tu as un truc à ajouter pour conclure, genre : meilleur souvenir ou une exclusivité :
Marc :
Mon meilleur souvenir de musicien: un concert mémorable à Tours, dans un club nommé les 3 Orfèvres, en 1993, où nous avions joué 3 soirs de suite. Le 3e set du 3e concert fut grandiose !
Tout le groupe se sentait comme transporté, envoûté par la musique, le public était à l'unisson et nous portait, nous encourageait, nous obligeant à nous dépasser. Je me souviens avoir pris quelques solos qu'ils me seraient absolument impossible de rééditer tellement les circonstances étaient " magiques "!
Mon meilleur souvenir d'animateur radio: l'interview en direct de Popa Chubby, en 1998. Il s'installe avec sa guitare électrique et son mini-ampli, et me traite persque aussitôt de raciste quand je lui fais remarquer que les influences qu'il me cite comme étant les siennes sont composées exclusivement de bluesmen blancs ! Super malaise pour continuer, j'ai bien cru que j'avais droit à ma baffe, et quand on connait le gabarit du bonhomme, il vaut mieux rester à distance...
Une fois le malentendu dissipé, j'ai découvert un Popa très bonhomme, très sympa, mais qui a tout de même refusé de jouer " Palace of the King " pour privilégier l'actualité de son dernier CD avec " Arlita ". Cette version inédite d' " Arlita " figure maintenant dans ma collection de cassettes !
Mon meilleur souvenir de spectateur: un concert de 4 heures donné en 1991 par un Johnny Copeland déchaîné à l'Abilene Cafe de New-York. Une magie que je n'ai jamais plus rencontrée ailleurs en concert, le public communiait littéralement ! Pour conclure, je dirais que le Blues ne m'a apporté que des satisfactions: des souvenirs croustillants, des rencontres émouvantes et drôles, de bons amis et des disques, encore des disques, toujours des disques...
le Doc : Merci Marc et bonne route pour la suite !

propos recueillis par Jérôme "Docteur Blues" Travers

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le débat:

B.B. King joue-t'il du Blues?(!)


"La Gazette de greenwood" étant indépendante de caractère et de toute pression (!), elle n'hésite pas à entamer sur sa Liste de Diffusion (LGDG@onelist.com) des débats tels que "BB King joue-t'il du Blues!".

Voici quelques morceaux choisis parmi les courriers échangés:

@Daniel "Boeing" Patin

à votre avis, est ce que bb king fait du blues ?
parce que j'ai vu un concert sur Muzzik ou Paris Première, ce week end. Enfin j'ai aperçu un peu du concert, car franchement, c'était pitoyable !!
un bon show-man ventripotent, pire que lbop, c'est dire avec une veste à paillette et un noeud-pap, entouré de braves musiciens habillés pareil qui s'efforcent de lire une partoche, un brave bassiste qui nous à fait des plans slap éculés.
bref, j'ai zappé...

@Olivier "Mad Shuffle"

Hélas, je confirme... J'ai vu cet été à Bayonne aux Remparts BB King et sa clique, et c'était tu l'as dit Daniel pathétique... Le show sur Paris Première était similaire...
Le père BB fatigue un peu, joue de moins en moins et grimace de plus en plus,
ce fond de commerce commence à devenir désagréable... Mais le pire concerne sans aucun doute son groupe, certes d'un professionnalisme à faire froid dans le dos, mais avec un feeling aux abonnés absents... Syndical...
Pour accompagner Whitney Houston peut-être... Le clou du spectacle étant la fin du concert (pas de rappel d'ailleurs...) où un espèce de gourou à la mine peu engageante distribue au père BB des médiators et des gourmettes en plaqué or pour les filer au public... Non, vous ne rèvez pas...
C'était la deuxième fois en 5 ans que je voyais le père BB aux Remparts, la première fois était pas terrible non plus, meilleur musicalement mais avec une sono abominable...
Bref, le genre de légende vivante sur lesquelles il est désormais conseillé de faire l'impasse, autant rester chez soi dans les bras de sa tendre moitié en écoutant la sensualité exacerbée qui se dégage des enregistrements live de notre roi ventripotent comme son live avec Bobby Blue Bland ou au Regal...

@René "Renard Cigaloïde" Malines

C'est le problème avec B.B.King. Il peut te faire un concert où le feeling te submerge, comme il peut te faire un truc digne des émissions de Drucker et consorts. Et avec le même répertoire en plus. C'est pourquoi j'hésite à aller le voir quand il passe par Paris. A 200 balles la place en moyenne, si t'es déçu, en plus, t'as le sentiment de te faire arnaquer.


@Jocelyn Richez:
Certes, je n'ai pas vu ce concert, mais j'ai eu l'occasion de le voir à multiples reprises sur Paris et je n'ai jamais été déçu. Ce type est surnommé depuis longtems "
le roi du blues ", et j'affirme haut et fort que ce n'est pas usurpé!
Je n'ai malheureusement pas le temps de développer un topo pour prendre la défense du roi contesté, mais je signale quand même qu'il est
une référence incontournable en matière de jeu de guitare blues (combien de fois ai je entendu à propos de bluesmen " il joue à la B.B. King " ?), c'est aussi un remarquable chanteur et un fantastique showman. Son concert au zénith en juillet 98 était un véritable sommet, notamment au niveau de l'émotion. Je vous conseille également ses 2 derniers CD qui sont 2 pures merveilles (blues on the bayou et Let the good times roll). En lisant la critique d'Olivier, je me demande s'il aime vraiment le blues ?
Ps: OK pour le côté paillettes et le lancer de médiators, il pourrait éviter..

@Pierre "Johnny Guitar" Seguin

moi je suis fan et je rejoins l'avis de jocelyn sur les deux derniers albums qui sont somptueux à mon avis même si sur le dernier (let the good time roll) les solos de bb sont discrets et servent de façon géniale cette musique hommage à Louis Jordan (ce qui prouve qu'il ne sert à rien de trop en faire)..... J'ai toujours pensé qu'il fallait mieux deux notes judicieusement placée qu'un dégueulis de solo. connaissez vous une des bio en français du sieur BB qui s'appelle tout simplement BB KING par Sebastian Danchin (collection mood indigo, éditions du limon) ce livre est un des mes livres de chevet et le lire est toujours une partie de plaisir.
dernier point : comment serons nous à 74 ans?
et.... la tolerance ça fait aussi partie du blues

@Docteur Blues:
Dans mes souvenirs, je garde un concert de BB King au Casino de Deauville..
Eh ben, alors !
il y a 10 ans environ où " le roi du blues " est parti dans une improvisation d'au moins ¼ d'heure seul à la guitare avec juste la batterie en soutien (une perf. digne d'un Jimi Hendrix, sans effet), je n'aurais jamais cru qu'il était capable de faire ce genre de choses... et là il m'a troué le c., le papy.
Le costume à paillettes, le noeud pape font le personnage, comment voulez vous qu'il s'habille ? de toute façon les bluesmen sont toujours "bien habillés" au moins, ils portent le costard... Je ne sais plus qui disait dans un film qu'ils avaient besoin de reconnaissance... et d'être bien sappé attirait l'attention du public, "ce mec c'est pas un hobo... C'est un vrai gentleman du blues..." et par extension "il faudra bien le payer".
La
grimace est aussi un truc de bluesman, imaginez un visage impassible pendant que les doigts tiennent un vibrato de 2 minutes... Ok BB en use et en abuse !!! mais moi j'adore ça ! C'est vrai que BB King a eu une mauvaise période... Où il jouait n'importe où aux USA, genre thé dansant, il n'y pouvait rien, c'était la mode des big-bang jazz à l'époque, orchestre ciblé pour la danse, il fallait bien vivre, et entretenir un tel orchestre n'était pas une mince affaire. Aujourd'hui il reconnaît que voyager dans de bonnes conditions apporte à son groupe et à lui même, un certain confort bien mérité... Je vous rappelle qu'il n'y a pas si longtemps il se tapait encore plus de 200 gigs par an. Et répondre toujours à la même question des journalistes, devinez laquelle ? doit être très très très usant...
Outre
son influence incontestable et inconstestée sur les autres guitaristes de Blues, le personnage n'est pas sans rappeler des artistes comme Louis Amstrong, H. Belafonte, S. Poitier... Chouchous d'un public Blanc puritain et eux, toujours à la poursuite d'une reconnaissance pour leur peuple, un peuple qui les accusait souvent de nègres blancs.Bon, ce qui m'ennuie un peu c'est sa boulimie d'enregistrements, il dilue son message (voir John Lee Hooker dans le même travers).
Aujourd'hui, BB King est un monument, une institution, l'avoir à l'affiche d'un festival est une garantie de toucher un large public, qui ne demande, la plupart du temps, rien d'autre qu'un bon gros show à l'américaine : 2 ou 3 standards et " bonne nuit les petits ". Le public mérite souvent son spectacle, n'est-t-il pas ? Que la flamme du blues éclaire nos âmes, amen.

@Olivier "Mad Shuffle"

Mettons-nous d'accord: je n'ai pas critiqué BB King en général pour la bonne raison qu'il n'y a rien de criticable: il est UN roi du blues, je suis bien d'accord, un des rares guitaristes à être systématiquement et immédiatement reconnaisable au bout d'une seconde, son jeu de guitare fait preuve d'un bon goût rarissime, jamais une note de trop, toujours la bonne, il est remarquablement polyvalent bien que son jeu soit très typé (il n'y a qu'a écouter ses derniers albums comme vous le dites d'ailleurs fort justement), c'est un magnifique chanteur et quelqu'un qui aime par dessus tout ce qu'il fait...
Bref, sans BB King, le blues électrique se serait pas ce qu'il est devenu, point, à la ligne.
Je donnais un avis sur ses prestations live actuelles, puisque je connais de nombreuses personnes qui l'ont vu à diverses reprises en France, en Suisse, en Espagne, aux USA, et les avis sont unanimes...
Depuis quelques temps, les shows de BB ne sont pas terribles. Et ça ne lui pas entièrement imputable, loin de là, c'est tout ce qu'il y a autour de lui qu'il faudrait balayer, musiciens, managers, etc... Je pense qu'il serait superbe de le voir en petite formation guitare/basse/batterie, plutôt qu'avec son aéropage insipide, bruyant et visiblement assez peu concerné...
Maintenant, si les gens payent 200 balles pour voir, sur 90mn de concert, le père BB jouer et chanter effectivement 45mn, grimacer et faire faire des " solos " pour le moins dispensables à ces musiciens, et bien tant mieux pour eux, mais moi, ça me gonfle. Mais probablement les gens viennent -ils pour voir ça... Encore une fois, le fait d'être une légende ne protège pas de la critique lorsqu'elle est à mon avis justifiée. Je ne suis pas sûr que tout le monde serait aussi emballé et tolérant si de tels shows étaient l'oeuvre d'un artiste n'ayant pas la renommée de notre BB international... Je m'étonne d'ailleurs que Jocelyn ne se soit pas insurgé lorsque BB a joué un morceau sur fond de synthés et de samples...

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Actu Web:

Logo La Chaîne du BluesLa Chaîne du Blues se déchaîne!

Actualité Web: La Chaîne du Blues ( http://www.webnzic.com/backstage/webring/blues/liste.htm ) est un Web-ring qui a pour vocation de relier entre eux les sites francophones dont le sujet est le blues. Lancée le mois dernier (voir LGDG n°13), ça marche fort! Voici quelques commentaires de Mike Lécuyer, promoteur et animateur de ce Web-ring.


Date: Vendredi 19 Novembre 1999
De: Mike Lecuyer <mlecuyer@club-internet.fr>


Ah mes amis quel mois chargé :
Nous sommes 29 dans la chaine !
Le beaujolais nouveau est arrivé :-)
J'ai recu la visite (réelle et pas virtuelle) de Mauro Serri, puis de Jean-jacques Milteau et enfin je vais filmer Bill Deraime mardi soir... Coté concert il y a le festival de blues à Mantes (78), Brazos Band chez l'ami Pierrot mais je n'aurais malheureusement pas le temps d'y aller. J'espère que nous pourrons lire des compte-rendus dans la gazette ou autre part...
Enfin le cd (audio et multimédia) de la soirée Blues de St Pierre du perray de Mai 99 est pratiquement prêt. P. Mercier vous en reparlera surement.
PS. Ils me manquent qqs lieux de webmaster pour compléter ma carte.
Ah j'oubliais, parmi nos nouveaux membres il y a Lance & Donna qui sont américains mais vivent et tournent en France. Ils ont besoin d'aide pour traduire leurs pages en français. Je viens de terminer la premiere page, qui pourrait les aider pour d'autre pages :-)


Date: Jeudi 25 Novembre 1999

Quelques news :
Sur la Chaine... 31 sites.
Sur BlueDrum... une interview de Calvin Russell Sur BleuBlancBlues... les suites des E-nterviews Franck Ash et Bill Deraime.
Sur la gazette de Greenwood.... Bravo pour ses 4 étoiles dans l'Officiel du Net et bientot le bouclage du N° 14.
J'ai encore raté Big Brazos Band :-( mais j'ai vu (et filmé) Bill Deraime
:-)

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