1 - interview: Deborah Coleman
2 - British Blues Boom: Once Upon A Time...
3 - Deborah Coleman: le Blues n'est pas perdu
4 - résultats des France Blues Trophées
5 - Paul Butterfield : L'inventeur du Blues-Rock?
6 - Screamin' Jay Hawkins nous a quitté...
7 - Somebody Hoodooed The Hoodoo Man, Glossaire Blues: part 1/3
8 - Net-interview de Franck Marco: Les confessions d'un batteur de Blues
9 - Guitare Blues: la méthode Lelong
10 - La gueule de Blues du mois: Billie Hollyday
Deborah Coleman |
Deborah Coleman (photo René Malines) |
De: René Malines <Renemalin@aol.com>
Nous avons rencontré la jeune guitariste
lors de la tournée de promotion de son album Where Blue Begins, en 1999. Notre webmaster Uncle Oli lui consacrant
un article, nous en profitons pour vous faire part de cet entretien.
La Gazette de Greenwood : Voudriez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?
Deborah Coleman : Eh bien je m'appelle Deborah Coleman, je suis née à Portsmouth, en Virginie,
dans une famille de militaires, de la Navy en fait. Aussi nous avons souvent déménagé quand
j'étais jeune. Du coup j'avais peu d'amis, aussi je regardais souvent la télé. Et c'est en
voyant les Monkees à la télé que quelque chose m'a accroché à la vue du guitariste.
J'ai voulu en faire autant.
LGDG : Quel âge aviez-vous ?
DC : J'avais juste 8 ans. J'ai demandé une guitare à mes parents. Ils ont bien mis 4 ans avant
de m'en acheter une. J'ai essayé d'apprendre en écoutant des disques.
LGDG : Quel genre ?
DC : En fait j'écoutais un peu de tout. J'avais une petite radio toute rose dans ma chambre sur laquelle
j'écoutais James Brown, les Beatles, Joe Cocker, Cream, les Yardbirds et tous ces trucs-là.
LGDG : Et du blues ?
DC : Non, ce n'est que plus tard que j'ai commencé à en écouter. Mon premier disque de
blues, c'était un album de Bobby Blue Bland que j'ai trouvé dans la rue. C'est vers la fin des années
60, début des années 70 que j'ai commencé à m'interesser au British Blues Boom. J'écoutais
Cream, John Mayall, Fleetwood Mac, jusqu'à l'arrivée de Jimi Hendrix qui a vraiment soufflé
tout le monde. J'ai commencé à jouer en groupe à l'âge de 15 ans. Bien sûr, on
ne m'a pas laissé d'autre choix que de jouer de la basse. Tous les garçons voulaient jouer de la
guitare, et de plus, personne n'avait jamais entendu parler d'une femme jouant de la guitare électrique.
LGDG : C'était chasse gardée pour les mecs…
DC : Oui, comme beaucoup d'autres choses. Mais j'étais déterminée à devenir guitariste
soliste, comme Hendrix ou les autres. Et c'est ce que j'ai fait. J'ai joué du rock pendant des années,
puis du rhythm & blues.
LGDG : Toujours à la basse ?
DC : Non, je n'en ai joué qu'un an. J'adore ça, mais je suis passé à la guitare,
c'est ce que je voulais faire. Ce qui s'est passé, c'est qu'un jour, on faisait un bœuf dans un garage,
et au lieu de me pointer avec ma basse, je suis arrivée avec une guitare électrique. Et quand ils
m'ont entendu, ils ont dit OK, et ils m'ont laissé jouer. Après, j'ai joué avec divers groupes.
Ce n'est que vers 19 ans que j'ai vraiment commencé à m'interesser au blues. Un jour, j'étais
avec des amis, on n'avait rien à faire, alors on est allé à un festival de folk musique. Et
là, il y avait John Lee Hooker, Howlin' Wolf et Muddy Waters. Je n'oublierai jamais ces moments-là.
J'ai adoré. Je ne savais même pas qui c'était ! On était jeunes, et il y avait ces types
bien plus âgés, loin, sur la scène, qui jouaient acoustique… Je me souviens surtout de John
Lee, il faisait son truc, et ça m'a vraiment accroché. "Mais qu'est-ce que c'est que ce truc
? - Ben ça s'appelle le blues - Ah bon, d'accord".
LGDG : C'est amusant, parce que le fantasme de pas mal d'Européens, c'est que tout afro-américain
naît dans un environnement où le blues est partout et qu'il ne peut y échapper. C'était
peut-être vrai il y a longtemps, dans le Sud…
DC : Ce n'est pas le cas de tout le monde. Moi, je suis passée par la porte de derrière. Avec
des amis on a formé un trio de blues rock. Une fille à la basse et un garçon aux drums. C'était
pas mal, on a eu du succès. Elle chantait aussi. A l'époque, je ne voulais pas chanter, je voulais
juste jouer de la guitare.
LGDG : C'était par timidité, ou seule la guitare vous intéressait ?
DC : Les deux. Et puis quand on joue en trio, la guitare a beaucoup à faire, il faut remplir les espaces.
J'étais bonne à ce jeu-là. Et puis j'ai eu envie d'enregistrer, mais on ne faisait que des
reprises. Moi j'écrivais déjà, je voulais faire un disque. Alors j'ai quitté le groupe,
et pendant un an, je suis allé à tous les concerts de blues où je pouvais, histoire de faire
savoir que je jouais de la guitare. " Tu veux faire le bœuf ? - D'accord ". Des gens comme Koko Taylor,
Lonnie Brooks, Saffire, et bien d'autres m'ont permis de partager la scène avec eux, et j'ai commencé
à me tailler une petite réputation. Un jour je me suis retrouvée dans une espèce de
tremplin, en compétition avec 23 groupes de blues. Et j'ai gagné.
LGDG : Vous aviez à nouveau un groupe à vous ?
DC : Non, mais mon frère jouait de la basse dans un groupe de heavy métal. J'ai répété
une semaine avec son batteur et lui, à leur apprendre quelques titres. Et on a gagné. Ça m'a
amené à enregistrer mon 1er disque, que personne ne connaît. Ça s'appelle Taking A Stand,
c'est sur New Moon Records.* Ça m'a aussi permis d'avoir un agent, ce qui est très important aux
Etats-Unis. Du coup j'ai pu jouer dans pas mal de clubs, de festivals. Finalement, j'ai été repérée
par Blind Pig. On a fait l'album I Can't Lose qui a reçu un bon accueil, et on vient de sortir Where Blue
Begins qui démarre bien.
LGDG : A nouveau avec Joanna Connor…
DC : Oh oui, c'est une bonne guitariste. Elle joue sur les 2 Blind Pig. En fait, c'est une des toutes premières
femmes guitaristes que j'ai entendu. J'aime travailler avec elle.
LGDG : Etre une femme guitariste dans le blues, un monde connu pour son machisme…
DC : Absolument.
LGDG : Mais vous y sentez-vous simplement guitariste, ou bien avez-vous fortement conscience d'être une
femme guitariste ?
DC : Au début, je m'en fichais. J'étais dans le truc de jouer, peu m'importait le reste. Au bout
d'un certain temps, j'ai bien été obligée de voir qu'il y avait des réactions. Pour
moi, elles ont été plutôt positives. Il y a une espèce de période de probation.
" Ok, t'es une femme, tu joues de la guitare, voyons un peu ce que tu sais faire ". Il faut en passer
par là. J'y suis passée, et j'y ai acquis le respect de gens comme Buddy Guy, John Mayall, et je
pense que de ce point de vue, tout va bien. Je me sens acceptée.
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Deborah Coleman (photo Jocelyn Richez) |
Propos recueillis par René Malines le 27 mars
1999.
· *Disponible chez Boogie, 61 rue Louise Michel à Levallois (92)
· **Désolé, j'ai promis de ne pas répéter…
Once upon a time...
Date: Vendredi 4 Février 2000
De: Docteur Blues <jtravers@europost.org>
Pour bien débuter l'histoire du Blues anglais, on doit se pencher sur quelques idoles du rock ou quelques
Jazzmen qui vont montrer la voie au milieu des années cinquante.
le rock en Angleterre ne date pas des Beatles, mais de quelques années plus tôt avec l'apparition
de la première vedette anglaise du genre Tommy Steele.
Tommy Steele est né le 17 décembre 1936 à Bermondsey. Tout jeune, il est marin puis, lors
d'un long séjour à l'hôpital, il apprend la guitare. De retour sur les mers, il interprète
des airs de Hank Williams pour divertir les passagers.
A Londres, Tommy forme le groupe les Cavemen et tente sa chance au " 2 I's Club " un Coffe Shop branché
sur Old Compton Street. Le groupe sort son premier disque en octobre 1956 pour Decca " Rock With the Cavemen
", puis les disques s'enchainent " Singing the Blues ", " Knee deep in the Blues ", "
Happy Guitar ", " Come on let's go ". Véritable idole, il enregistre live " The Tommy
Steel Stage Show " et commence même une carrière cinématographique avec " The Tommy
Steele Story ". C'est en grand frère du rock anglais, à la manière d'un Elvis Presley,
qu'il annonce la naissance du Blues Boom : " J'ai eu de la chance, et j'étais assez bon guitariste,
j'avais même accompagné le bluesman Josh White en 1955. Je connaissais par coeur les blues de Leadbelly
et les chansons de Hank Williams. Je voulais marier ces deux styles. C'est ce qui m'a décidé à
composer des morceaux comme " Rock with the Caveman ". Lorsqu'on a commencé à passer sur
scène, les gens ont été surpris, ils n'avaient encore jamais vu d'amplificateur pour guitare.
"
Il se retire de la scène rock pour se consacrer à l'opérette et au Music-hall.
L'autre grand frère du British Blues est le tromboniste Chris Barber et son orchestre Dixieland avec notamment
la présence dans ce band d'Alexis Korner et de Lonnie Donnegan.
Ce dernier est batteur de Jazz pendant son service militaire et devient gratteur de banjo dixieland. En 1956, il
forme le premier groupe de Skiffle et remporte un gros succès avec " Lost John " et " Rock
Island Line ". Cette notoriété l'ammène à passer dans l'émission de Jack
Good " 6.5. Special " puis il anime sa propre émission le " Lonnie Donnegan Show " .
En 1959, il adapte encore des titres comme " Tom Dooley ", " The Battle Of New-Orleans ". Partout
en Angleterre se forme des orchestres de Skiffle dont bon nombre de ces jeunes musiciens se retrouveront en première
ligne du Blues Boom. On peut citer entre autres : Bob Cort, Chas McDevitt, les Vipers et Johnny Duncan. Américain
d'origine, Johnny Duncan chantera, après avoir quitté lui aussi l'orchestre de Chris Barber, "
Last Train to San Fernando ". Chris Barber quant à lui tiendra les rênes d'une fameuse boite
de Jazz : le Marquee Club, il sera aussi à l'initiative du National Jazz Blues Festival qui se transformera
un peu plus tard en Reading Rock Festival.
le Skiffle, c'est quoi ?
D'après son créateur Lonnie Donnegan c'est une mixture comme seuls les anglais savent en faire, un
mélange de Folk Blues de chanson Western et de Jazz New Orleans.
les tournées de Josh White, Big Bill Broonzy et surtout celle de Muddy Waters vont influencer beaucoup de
jeunes anglais et les insciter soit à écouter du blues, ou après avoir déniché
quelques rares disques, à reproduire cette musique. Le succès du rock américain livre également
des disques d'artistes blacks comme Chuck Berry, Little Richard ou Bo Diddley. Au début des années
soixante, deux générations de musiciens venant du Jazz et du Skiffle vont se cotoyer à Londres
au sein du Blues Incorporated, véritable starter-group du Blues anglais, il sera le premier orchestre blanc
à jouer du Chicago Blues électrique.
retrouvez toute la saga sur le site du Doc: http://www.multimania.com/docblues
Deborah Coleman: Le Blues n'est pas perdu... |
Deborah Coleman (photo Jocelyn Richez) |
Date: Dimanche 6 Février 2000
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
"C'est pas parce que je suis une femme que je ne peux pas jouer du blues"... C'est à peu
près les mots que pourrait prononcer Deborah Coleman. Quant à sa couleur de peau, elle considère
que ça l'a peut-être aidée à se faire un nom dans le milieu du blues, mais que ça
n'a rien à voir. Elle n'est pas née dans un bas-fond de Chicago ou dans une baraque vermoulue du
Mississippi... Sa vie est très loin des clichés qui entourent en général l'existence
des joueurs de blues. Née en 1956, fille d'un officier de la Navy, elle a vécu son enfance dans un
milieu relativement aisé, beaucoup plus en contact avec les blancs que les noir-américains. De base
militaire en base militaire, d'un bout du pays à l'autre, Deborah se sentira perpétuellement déracinée
et seule la musique la rendra vraiment heureuse. Ce qu'elle écoute, ce sont les titres du top 40, puis les
reprises des Cream ou Yardbirds que jouent les groupes de son école.
Deborah Coleman (photo René malines) |
Date: Jeudi 3 Février 2000
De: René Malines <Renemalin@aol.com>
Voici les résultats des "France Blues Trophées" , organisés
pour la 2ème année consécutive par Alain "Leadfoot" Rivet et qui se sont tenus au
New Morning le 3 février 2000, en avant-première du concert de Tino Gonzalez.
International :
Artiste de l'année : Tommy Castro
Guitariste de l'année : Duke Robillard
Album : Luther Allison "Live In Chicago"
Nouvel artiste : Kelly Joe Phelps
Géant du blues : Luther Allison
Chanteur : Mighty Sam McClain
Slide Guitar : John Mooney
Femme guitariste : Deborah Coleman
Légende du blues : Muddy Waters
Harmonica : Kim Wilson
Chanteuse : Etta James / Angela Brown (ex-aequo)
Guitare acoustique : John Hammond
Batteur : Herman Ernest
Basse : Bob Stroger
Claviers : Dr John
Divers : Beau Jocque (accordéon)
Groupe : Anson Funderburgh & the Rockets featuring Sam Myers
Songwriter : Larry Garner
Europe :
Artiste de l'année : Frank Ash
Disque de l'année : Paul Lamb "The Blue Album"
Chanteur : Eugene Hideway Bridges
Groupe : Doo The Doo
Harmonica : Benoît Blue Boy
Guitare : Otis Grand
France :
Artiste de l'année : Frank Ash
Disque de l'année : Bo Weavil "Early Recordings"
Chanteur : Frank Ash / Leadfoot Rivet (ex-aequo)
Guitare : Stan Noubard-Pacha
Guitare acoustique : manu Galvin / Patrice Boudot-Lamot (ex-aequo)
Nouvel artiste : Bo Weavil
Groupe : Miguel M. & the B.B.B.
Harmonica : Vincent Bucher
Batteur : Fabrice Millerioux
Bassiste : Christian Mellies
Claviers : Lionel Gaget
Divers : Claude Langlois
Pierrot Mercier, février 2000
Sources :
Screamin' Jay Hawkins nous a quitté... |
Screamin' Jay Hawkins, ( 9 Avril 98, photo Jocelyn Richez) |
Date: Lundi 14 Février 2000
De: René Malines <Renemalin@aol.com> (photos Jocelyn Richez)
Screamin' Jay Hawkins interviewé par René Malines (photo Jocelyn Richez) |
J'avoue que ce soir, je n'ai plus du tout envie de rire. Cet homme que l'on disait terrible,
au Maxwell café le 9/10/98 (photo Jocelyn Richez) |
J'ai peine à croire que ce grand gaillard, en son temps champion de boxe dans l'armée américaine, débordant d'énergie, fut vaincu par de stupides selles récalcitrantes refusant de quitter son système digestif. C'est une des plus grandes voix du blues qui vient de s'éteindre. Il n'aura jamais réalisé son rêve, enregistrer un album d'opéra. En guise de consolation, le plus bel hommage que pourrait lui rendre Last Call, son dernier label, serait de remixer le concert de l'Olympia, correctement cette fois-ci, de lui faire une belle pochette (l'originale est hideuse) et de remettre sur le marché un testament musical digne de ce grand artiste. Nous étions à l'Olympia ce soir-là, et nous pouvons vous dire que le show fut excellent et le groupe, mené par Frank Ash, tout à fait à la hauteur.
En attendant, Henry doit être bien triste, plus personne ne lui allumera jamais sa cigarette. Adieu Mister Hawkins...
René Malines
|
LGDG: Rappelons que Franck Ash était depuis cinq
ans le guitariste de Jay Hawkins, enregistrant notamment un disque studio à Memphis (1995) et un live à
l'Olympia (1998), et participant à de nombreux concerts, dont le dernier à Athène en décembre
1999. Voir le site de Franck Ash (http://www.multimania.com/franckash) et la Net-Interview de Mike Lécuyer (http://www.multimania.com/mlecuyer/EVIEWS/FASH.htm) |
Glossaire Blues: part 1/3
A plusieurs reprises sur la liste de diffusion LGDG, nous nous sommes interrogés sur le sens réel de certains mots ou expressions fréquemment utilisés par les bluesmen. A la suite de l'article "Les Pratiques Magiques Dans Le Blues" paru dans les Soulbag n°156 et 157, nous somme rentrés en contact avec son auteur Jean-Paul Levet qui a bien voulu nous apporter ici les réponses sous forme de glossaire alphabétique des énigmatiques termes du blues. Cet article est tiré du livre "Talkin' That Talk" (dont le sujet est le langage du blues et du jazz) sur lequel Jean-Paul Levet travaille à nouveau afin de le compléter.
C'est donc avec fiereté que La Gazette De Greenwood publie ici la première partie de ce glossaire ( de A à F) dont la suite paraîtra dans les deux prochains numéros. Laissons le dernier mot à Jean-Paul Levet qui nous a écrit dans un e-mail: "Longue vie a la Gazette de Bois Vert, Halte aux volees du même nom!"
Uncle Lee
Date: Lundi 14 Février 2000
De: Jean-Paul Levet <jplevet@afpa-inmf.com>
Quelques termes pour s'y retrouver dans les pratiques magiques afro-américaines
Lord, I wonder what's the matter this time, it seems like everything has changed
It seems like this woman that I've been lovin' have found some other man
I hold up my hand, I'm just trying to get my baby to understand
See, my baby don't love me no more,
all because somebody hoodoo'd the hoodoo man
Hoodoo Hoodoo, Sonny Boy Williamson I (1946)
1. HOODOO
Terme probablement d'origine africaine
Ensemble de croyances, coutumes et de pratiques magiques importées d'Afrique, mêlées à
des éléments d'origine européenne, cubaines (influence de la santeria) et intégrant
des savoirs faire indiens notamment en matière d'utilisation des plantes. Les survivances africaines (Yoruba,
Fon…) apparaissent assez clairement dans certaines pratiques comme celles liées au carrefour (cf. crossroads)
et aux traces de pas (cf hot foot powder). L'utilisation des plantes doit beaucoup aux croyances indiennes ; mais
leur utilisation dans le hoodoo n'est que marginalement à visée médicinale : le hoodoo doctor
est moins un guérisseur, un herboriste qu'un sorcier.
Il faut distinguer hoodoo de voodoo (vaudou) ; les 2 termes coexistent en Louisiane mais renvoient à des
pratiques différentes, le terme voodoo étant peu employé dans les autres régions du
Sud. Dans les endroits où les termes cohabitent, il apparaît que hoodoo est plus particulièrement
utilisé par les Noirs en zone rurale et le terme voodoo par les Blancs ou les Noirs urbanisés.
Le hoodoo met l'accent sur les pratiques magiques, sur les dons et pouvoirs individuels ; il n'entretient que peu
de liens directs avec une religion. Du panthéon africain des dieux, seul Legba apparaît dans le hoodoo
: c'est le black man, le dark man, en d'autres termes le devil (voir ce terme), que l'on peut croiser au carrefour
(crossroads)
Synonymes : conjuration, witchcraft (2 termes anglais standards signifiant respectivement évoquation des
démons, incantation et sorcellerie/magie noire) et rootwork, mot mettant en relief l'importance centrale
des racines.
Les termes hoodoo man/woman, root doctor, root worker, conjure, conjurer, cunjure ou conjure man/woman ; quant
au terme two-headed doctor, il est plus spécifiquement employé en Floride.
Robert Johnson dans Stones In My Passway décrit un ensemble de phénomènes typiques des pratiques
hoodoo : allusions à sa trace (cf hot foot powder), route obstruée (block), encombrée de pierres
(cf crossing), manifestations physiques décrites (perte d'appétit, douleurs), sentiment que son chemin
est devenu noir, qu'on veut attenter à sa vie et l'éloigner de son amour ; cet ensemble de manifestations
l'amène à la chute inéluctable : il est victime d'un mauvais sort, il doit s'en aller :
I got stones in my passway
And my road seem dark as night
I have pains in my heart
They have taken my appetite
(…)
Now you trying to take my life
And all my loving too
You laid a passway for me
Now what are you trying to do
(…)
I got three legs to truck on
Boys please don't block my road
I been feeling ashamed about my rider
Babe, I'm booked and I got to go
Stones In My Passway, Robert Johnson (1937)
2. BARRED
Litt : barré, empêché. Sous l'influence d'un mauvais sort, ensorcelé :
I wrote you a letter mama,
Put it in your front yard
I would love to come to see me
But your good man got me barred
Writin' Paper Blues, Blind Willie McTell (1927)
3. BLACK CAT
Le black cat, le chat noir, est, comme dans les systèmes de croyance européens, un mauvais présage
; s'il croise la route de quelqu'un, celui-ci, pour éviter le mauvais œil qui lui est ainsi promis, n'a
plus qu'à faire demi-tour et à rentrer chez lui :
I don't know why
But I sure don't get no mail
It must be one o' them old walkin' black cats
Been walkin', walkin' all over my trail.Black Cat Trail, Carolina Slim (1952)
Mais dans le monde du jeu, de la loterie (cf policy, numbers) et des activités illicites, le chat noir est
plutôt présage de bonne fortune.
Black cat bone : tous les root doctors interviewés par Zora Neale Hurston ou Harry Middleton Hyatt qui étudièrent
les traditions hoodoo dans les années 30, précisent que le chat noir possède un os qui possède
le pouvoir de rendre son utilisateur invisible ou de rendre un amour perdu dans la mesure où le chat est
ébouillanté vivant à minuit. L'identification de l'os donne lieu à diverses croyances.
Une fois repéré, l'os est oint de Van Van Oil puis glissé dans une main mojo : il peut alors
agir pour faire revenir un amour perdu
4. CONJURE LADY (MAN)
Dans le hoodoo, personne douée de pouvoirs occultes (voyance, capacités d'envoûtement ou de
guérison...) :
I've got to see the conjure man soon
Because these gin-house blues is campin' round my door
I want him to drive 'em off
So they won't come back no more
The Ginhouse Blues, Bessie Smith (1926)
Parmi les plus célèbres, Sanité Dédé (fin du XVIIIè), Marie Laveau (1794-?),
la plus célèbre des figures du vaudou, qui la supplanta vers 1820 et disait tenir ses pouvoirs du
serpent (d'où
son surnom de `Snake Marie', sa fille `Tite Marie' Laveau, toutes trois de La Nouvelle-Orléans, Ida Carter
et, plus près de nous puisque décédée en 1944, Aunt Caroline Dye :
Well I'm going to Newport
To see aunt Caroline Dyer
She's a fortune-teller
Oh Lord, she sure don't tell no lie
Hoodoo Woman, Johnny Temple (1937)
5. CROSSING
Pratique magique basée sur le fait de mettre en travers du chemin de la personne visée de la poussière,
des herbes, des aiguilles ou autres, le "mal" entrant par le pied au moment où celle-ci franchit
la marque.
Par extension, synonyme de jinx
6. CROSSROADS
Le carrefour, lieu où des chemins se croisent, fait l'objet de croyances diverses un peu partout dans le
monde. Dans le hoodoo, le crossroads est un lieu où l'on pose ou enterre des préparations variées
selon les effets recherchés ; mais c'est aussi le lieu par excellence où l'on peut acquérir
un pouvoir , un savoir ou une technique (jeu de cartes, instrument de musique, art de la danse ou de la prise de
parole…).
Dans le rituel généralement décrit, celui qui désire acquérir un tel pouvoir
doit attendre à un carrefour 3 ou 9 nuits particulières ; durant ces visites successives, il doit
être témoin de l'apparition d'animaux (les plus fréquemment cités sont le poulet, le
chien et le taureau, tous noirs) et lors de la dernière, c'est le "devil" (voir ce terme) qui
va apparaître et, s'il ne s'enfuie pas de peur, il recevra le don désiré.
Dans son enregistrement "Cross Road Blues" de 1936, et bien qu'étant incontestablement initié
(Hellhound on my Trail, Come On In My Kitchen et Little Queen Of Spades contiennent des références
explicites respectivement à la Hot Foot Powder, au nation sack ou à la main mojo), Robert Johson
fait bien plus référence aux aléas de l'auto stop qu'au rituel hoodoo. Le mythe selon lequel
il aurait cédé son âme au diable pour devenir un maître de la guitare trouve probablement
sa source dans ce rituel du crossroads, mais l'interprétation la plus communément avancée
qui en fait un héros faustien, est largement ethnocentrique et jamais le devil, au sens où l'entend
le hoodoo, ne se propose de faire griller pour l'éternité l'âme ainsi cédée (cf
devil).
7. CURSE
Sortilège :
Says I believe, I believe, the good Lord has put a curse on me
I believe, I believe, the good Lord has put a curse on me
Because every woman that I got, some man takes away from me
Blue, Black And Evil, Leroy Erwin (1947)
8. DEVIL
Le devil, selon les informants, est indistinctement aussi appelé "big black man", "rider"
ou "little old funny boy", c'est le descendant des dieux des carrefours, dont Legba. Il a peu à
voir avec Méphistophelès et le mythe faustien du pacte avec Dieu ; il s'agit plutôt d'un mentor,
d'un sage doublé d'un professeur enseignant une technique et la sagesse.
"If you want to learn how to make songs yourself, you take your guitar and you go to where the road crosses
that way, where a crossroads is. Get there, be sure to get there just a little 'fore 12 that night so you know
you'll be there. You have your guitar and be playing a piece there by yourself...A big black man will walk up there
and take your guitar and he'll tune it. And then he'll play a piece and hand it back to you. That's the way I learned
to play anything I want."
Interview de Ledell Johnson citée par David Evans in Tommy Johnson
Le rituel du crossroads est l'un des plus communément pratiqué dans le hoodoo comme le montre les
très nombreux témoignages recueillis par Harry Middleton Hyatt entre 1935 et 1939 (Hoodoo - Conjuration
- Witchcraft - Rootwork, Alma C. Hyatt Foundation, 1970-1978) :
"If you want to know how to play a banjo or a guitar or do magic tricks, you have to sell yourself to the
devil. You have to go to the cemetery nine mornings and get some of the dirt and bring it back with you and put
it in a little bottle, then go to some fork of the road and each morning sit there and try to play that guitar.
Don't care what you see come there, don't get 'fraid and run away. Just stay there for nine mornings and on the
ninth morning there will come some rider riding at lightning speed in the form of the devil. You stay there then
still playing your guitar and when he has passed you can play any tune you want to play or do any magic trick you
want to do because you have sold yourself to the devil. "
Interview recueillie à Ocean City, Maryland.
"You go out there [to the forks of a road] about four a'clock, jis' commence dawnin' day, jis' about crack
of day -- an' start a-pickin' at de guitar. Yo' go jis' onest. An' they says de devil came out an' take it -- jis'
somepin will pull it from you, you jis' give up to it. An' he'll tune up an' hand it back to you and you start
to play . You can pick any song you want to pick."
Interview recueillie à Wilmington, North Carolina.
9. DOCTOR (Root Doctor, Goofer Doctor, Snake doctor, Two Headed
/ faced Doctor) :
sorcier, guérisseur, jeteur de sorts :
I'm a snake doctor man
Got my medicine, I say, in my bag
I mean to be a real snake doctor man
And you know I don't mean to be no quack
(...)
I know many of you men are wondering
What the snake doctor man got in his hand
He's got roots and herbs,
Steals a woman, man, everywhere he land
Snake Doctor Blues, Jaydee Short (1932)
10. DOUBLE EYED (ou HEADED, SIGHTED)
Qui a des dons de double-vue, voyant :
Double-Eyed Whammy, Freddy King (1966)
11. DREAM BOOK
Litt : `Livre des rêves'.
Ces opuscules, publiés par les organisateurs des loteries clandestines (cf numbers), sont destinés
à guider les parieurs dans leurs choix en leur fournissant des listes de nombres
supposés entretenir d'étroites relations avec leur expérience, leur histoire et leurs rêves
:
I'm gonna buy me a dream book
See what my dreamin' means
I dreamed I was mixin' sweet milk
With my baby's cream
Dream Book Blues, Tommy Griffin (1936)
Parmi les plus populaires, `Aunt Della's Dream Book', `Aunt Sally's Policy Players Dream Book', `The Gypsy Witch
Book' et `The Three Witches Dream Book'.
12. DYE, Aunt Caroline
Une des conjure ladies dont le peuple du blues a conservé la mémoire :
I'm goin' to Newport News
Just to see Caroline Dyer
She's a fortune telling woman
Oh Lord, and she don't tell no lies
Aunt Caroline Dyer Blues, Memphis Jug Band (1930)
Quoique dise le Memphis Jug Band, elle était de Newport, Arkansas et non de Newport News
13. FIX
Mauvais sort. V. Jeter un sort, envouter :
I'm going In Louisiana
I'm gonna get me a mojo hand
I wanna fix my woman
So she can have no other man
Mojo Hand, Lightnin' Hopkins (1962)
D'où `fixer' sorcier, personne douée de pouvoirs surnaturels :
Oh, baby I'm the fixer
I am the fixer
I'm the fixer pretty baby
I got everything that you need
I'm The Fixer, Willie Mabon (1963)
- - Article à Suivre dans "La Gazette de Greenwood" n°18 - -
Pour ceux qui souhaitent en savoir plus :
lexiconplanet.com rubrique le mot de la semaine: http://lexiconplanet/wklyscreenblues_fra.html
Pour acheter "Talkin' That Talk": passer commande à jplevet@club-internet.fr
(pour la France metropolitaine : 100 francs frais de port inclus)
Les confessions d'un batteur de Blues
De: Docteur Blues jtravers@europost.org
Franck Marco est aux baguettes du Mercy Blues Band, dont le premier album
"Tribute to Slim Harpo" a été plébicité par C. Mourot dans Soul Bag et
sélectionné toujours par soul bag parmi les 7 meilleurs albums français
depuis 20 ans, preuve s'il en est de qualité... Et pour une fois que
j'avais un batteur de blues sous la main, je ne me suis pas privé pour lui
poser c'est quelques questions.
Contacter le Mercy Blues Band : mercyband@aol.com
LGDG (Docteur Blues) : Quelles sont les qualités d'un batteur de blues ?
Frank Marco : Pour tout batteur, tous styles confondus, il doit avoir
conscience du tempo, du son, d'un minimum de technique et surtout d'une
grande écoute du groupe ; être disponible et servir la musique. Avoir du
swing ça aide aussi pas mal, surtout dans le blues...
LGDG : Tu as commencé comment ?
FM : J'ai commencé à l'âge de 6 ans dans un trio musette. Aprés avoir
craqué sur Charlie Watts, lors d'une émission T.V., je me suis mis à taper
partout, sur tout (marmites, seaux, couvercles, etc...) Ma mère craquait.
Mes parents m'ont acheté une vraie petite batterie, mon père m'a branché
avec cet orchestre de musette et voilà, depuis j'ai le virus...impossible
de me guérir !!!!
LGDG : Tu cites Charlie Watts comme principale influence...
FM : Oui, ce qui paraît toujours bizarre aux yeux de certains batteurs,
j'adore Watts. J'aime son jeu simple, efficace et ce côté stoïque. Sinon
actuellement, je craque littéralement pour Jim Keltner. A part ça, tous les
batteurs m'interèssent, ils ont tous un truc.
LGDG : Jouer en trio est un exercice assez difficile, tu ne peux pas tricher.
C'est une formule qui te convient ?
FM : J'aime ce côté difficile. Le problème du trio, généralement, c'est
qu'il y a beaucoup de place ; la difficulté est de la combler
intelligemment tout en pensant musique. Dans la plupart des cas, les
musiciens ont peur du vide, alors qu'il faut laisser la musique s'exprimer
et non la technique.
LGDG : Mercy blues-band a fait la première partie de grosses pointures.
Comment avez-vous été accueillis par les bluesmens, le public ?
FM : Par le public, toujours très bien. Les gens nous découvrent et, ce qui
est bien pour nous, c'est qu'ils aiment et ils nous le font savoir. C'est
toujours très chaud.
Par les bluesmen, ils sont en tournée, un peu fatigués. Ils nous regardent
toujours avec du recule, puis après les balances, ça se dénoue. Puis, c'est
la rencontre... Robben Ford c'était spécial, puisque Jean-Paul Avellaneda
(guit et chant/Mercy) a étudié avec lui à Los-Angeles, donc s'était des
retrouvailles. Au festival de Gap, il y a deux ans, on a mis le feu. Nous
faisions la première partie de Lucky Peterson, au dernier morceau, il était
sur le côté de la scène, avec un regard un peu noir à notre égart. A notre
sortie de scène il était très speed. Nous avons eu peu de contact avec lui,
son band était très sympa. Soit, en général ça se passe bien.
LGDG : Vous avez tourné pour le Fender Blues-Rock Tour 99, comment vous êtes
vous retrouvés du voyage ?
FM : C'est trés simple, le bassiste a rencontré Yvan Taieb, directeur des
produits, il a écouté l'album et nous a branché pour cette tournée. C'est
un bon souvenir.
LGDG : Parlons un peu du disque "Tribute To Slim Harpo". Le choix d'un album
entièrement consacré à Slim Harpo peut s'expliquer ou c'était évident pour
le trio ?
FM : En fait nous connaissions un peu Slim Harpo. Jean-Paul et Francis, le
bassiste qui joue sur l'album, (il a perdu la foi... il ne joue plus avec
nous !! Il est remplacé par Romuald Laur, un bon mec.), ont travaillés
ensemble dans un groupe commercial "Quai des Brumes", dans les années super
branchées "80". Donc, Maisons de disques CBS, éditions Campbel-Connely ,
etc... Un jour autour d'une table, et surtout d'une bonne bouteille, nous
discutions du cd Mercy, on voulait rendre hommage à quelqu'un, en plus cela
nous excitait pour un premier album. Et c'est là que Claude Duvivier
(responsable Campbell-Connely-France) nous sort les éditions Slim Harpo. Et
voilà l'idée est partie de là. Quel régal ce Slim Harpo.
LGDG : Comment s'est passé la mise en place des morceaux, la batterie
était-elle à la source des arrangements, ou le batteur doit suivre et
"subir" le lead-guitariste?
FM : AH AH j'aime le "subir" !!!!! non pas du tout, en fait nous avons
cherché en jouant les tournes, les idées, tout le monde participait.
Grosso-Modo, nous avons gardé les textes et Jean-Paul s'est inspiré des
riffs originaux. Enfin, nous voulions un truc sobre, sans technique ;
pourtant, on peut entendre l'intro de "Shake yours hips" spécial bassiste.
Nous assumons, c'est n'importe quoi, hors contexte. Devine qui a eu cette
idée ??!! ah ah ....
LGDG : En combien de temps avez-vous enregistré cet album, c'était votre
première expérience en studio pour un projet aussi lourd ?
FM : Non ce n'était pas notre première expérience studio, Francis a bossé
avec Chris de Burg, Billy Cobham, Ribeiro (eh oui !!!!!). Jean-Paul avec
Luther Allison, Patrick Juvet, et d'autres séances en Suisse. Moi, j'ai
enregistré avec un groupe de jazz-rock (lille) avec Luis Winsberg (sixun)
et Christophe Marquy (ex-Stocks) et d'autres séances en France et Belgique.
Il faut que je précise que j'habite le sud mais je suis natif du nord
(Maubeuge) ; de toutes façons dans ce métier, tu es là où t'emmène le vent.
Revenons à cet album, nous avons enregistré chacun notre tour, je sais,
pour du blues, ce n'est pas la meilleur façon de procéder, mais nous
n'avions pas le temps de nous enfermer 2 ou 6 mois en studio. Nous avions
beaucoup de concerts, donc on jonglait. La batterie fut enregistrée en deux
jours, la basse en une journée, les guitares et chants en une semaine.
C'est pour cela que l'album peut paraître un peu soft. Actuellemnet, nous
travaillons sur le prochain et nous allons jouer un maximum "live". Ce sera
des compos, avec peut-être des reprises de Jimmy Reed. On va voir !
LGDG : Quels sont les projets de Mercy...? Et comment êtes-vous managé
aujourd'hui ? Quel est votre statut, pro, semi-pro ? Comment est distribué
votre disque ?
FM : Comme je te le disais tout à l'heure, nous préparons le deuxième
album. Nous n'avons pas de manager, nous faisons tout, Jean-Paul et moi,
c'est difficile, en fait la musique n'est que 40 % de notre activité, le
reste c'est de la relation avec les organisateurs, la promo, etc...d'autant
plus que nous sommes complétement indépendants, nous pouvons vendre les
concerts de Mercy, clef en main. Nous avons camion, sono, lights, c'est du
boulot ! D'ailleurs nous cherchons un tourneur qui puisse nous soulager et
surtout, nous cherchons la personne qui a les clefs de certains festivals
et autres. En tant que musicien, tu n'as pas toutes les ficelles du
management, c'est un métier. Nous sommes tous les trois, pro ; à côté de
Mercy, j'enseigne la batterie et anime des stages. Notre disque est pour
l'instant distribué par Culture-Press, une boite sur Paris. Nous sommes
distribués dans les Fnacs, Virgins, etc... Nous cherchons vraiment à jouer
en France et autres pays européens, j'espère que nous aurons des retombées
par rapport au disque.
Mon plus grand regret restera de ne pas avoir joué, ni même boeufé, avec
Luther Allison, j'adorais son énergie et sa générosité. Ma plus grande joie
est de faire ce métier et de rencontrer des âmes très généreuses qui font
avancer ...
Merci à toi Doc, merci pour ton accueil et puis à un de ces jours sur la
route du blues.
propos recueillis par Docteur Blues www.multimania.com/docblues
De: Uncle Lee "latailla@club-internet.fr"
"John Hurt Wanabee"... c'est un des morceaux qui compose la "Méthode
Blues" de Michel Lelong. Et croyez-moi, on retrouve parfaitement le sens
mélodique du vieux songster Mississippi John Hurt: les basses font
boom-tchick pendant que les aiguës nous enchantent les oreilles d'une
petite ritournelle bien enlevée!
Quant aux autres titres de la "Méthode Blues", ils nous font voyager
dans tous les styles du blues acoustique, qu'on en juge par les titres:
"East Coast Blues", "Get A Drink With Mc Dowell", "Garylogy", "CIA
Blues", "Kentucky Thumbpicking Blues", "Watson's Blues" "B.B.B.'s
Blues", "Brownie's Blues"... Est-ce humain de maîtriser autant de
styles? En tout cas, au delà de la méthode pour apprendre la guitare
Blues, le CD qui l'accompagne s'écoute avec un plaisir évident par celui
qui aime la guitare blues! Quant à celui qui décidera d'apprendre le
blues avec Michel Lelong, il aura choisi un tuteur qui connaît son
sujet, c'est le moins qu'on puisse dire.
Adepte de la guitare depuis l'âge de 13 ans, Michel Lelong a aujourd'hui
39 ans et a consacré toute sa vie à l'étude de cet instrument. Quand on
écoute son album "Noir & Blanc" (1996), le premier mot qui vient à
l'esprit comme un éclair est "Marcel"... Marcel Dadi, oui, car le
parallèle est évident: fluidité, vélocité, mélodie, diversité des
styles. La plupart des morceaux sont purement instrumentaux, guitare
seule ou accompagnée par un harmonica (Greg Szlapczynski), un banjo
(Eric Gloaguen), une mandoline (Frédéric Hamel), un violon (Suzi Gott)
et une basse (Jean-Gilles Kerbiguet).
Deux adaptations ("The Stumble" de Freddy King et "La Javanaise" de
Serge Gainsbourg) côtoient douze compositions qui raviront les fans de
finger-picking: ragtime, Dadi's style, bluegrass, ballades, et bien sûr:
blues! Et là, Michel Lelong nous gâte: "Oh Johnson" n'est rien moins
qu'une chanson qui nous raconte la vie (tumultueuse) de Robert Johnson!
Michel Lelong est donc une des nombreuse victimes du passage (trop bref)
sur terre de Marcel Dadi, de ceux qui, dans les années 70, découvraient
que la richesse de la guitare était accessible à celui qui voulait bien
(quand même!) s'en donner la peine. Et Michel a été au bout de sa
conviction, puisqu'il consacre sa vie à cet instrument en donnant des
cours, des concerts, et en écrivant des méthodes ou recueils qui seront
édités par Stefan Grossman qui salue ainsi le travail minutieux de
"repiquage" effectué sur le "Travis Style". Mais il ne s'arrêtera pas à
ce seul style de picking, étudiant tous les autres genres, du blues au
jazz, en passant par le country, la bossa, la musique irlandaise, le
musette, etc.
Et maintenant, Michel Lelong peut certainement être considéré comme un
des plus grands spécialistes de la guitare picking, une encyclopédie
musicale de la guitare acoustique! Loin de s'en tenir à la copie des
autres, Michel Lelong est aussi un compositeur talentueux et respectueux
du savoir transmis par les plus grands guitaristes.
En savoir plus sur Michel Lelong: http://pro.wanadoo.fr/guitare.acoustique/
Contact: 02 47 37 29 35 ; E-mail: Michel.Lelong@wanadoo.fr
Billie Holliday
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