La Gazette de GREENWOOD
     n° 17 (Mars 2000 )

1 - interview: Deborah Coleman

2 - British Blues Boom: Once Upon A Time...

3 - Deborah Coleman: le Blues n'est pas perdu

4 - résultats des France Blues Trophées

5 - Paul Butterfield : L'inventeur du Blues-Rock?

6 - Screamin' Jay Hawkins nous a quitté...

7 - Somebody Hoodooed The Hoodoo Man, Glossaire Blues: part 1/3

8 - Net-interview de Franck Marco: Les confessions d'un batteur de Blues

9 - Guitare Blues: la méthode Lelong

10 - La gueule de Blues du mois: Billie Hollyday

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Interview :

Deborah Coleman

Deborah Coleman, Paris 1999 (photo René Malines)

Deborah Coleman (photo René Malines)

De: René Malines <Renemalin@aol.com>


Nous avons rencontré la jeune guitariste lors de la tournée de promotion de son album Where Blue Begins, en 1999. Notre webmaster Uncle Oli lui consacrant un article, nous en profitons pour vous faire part de cet entretien.

La Gazette de Greenwood : Voudriez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?
Deborah Coleman :
Eh bien je m'appelle Deborah Coleman, je suis née à Portsmouth, en Virginie, dans une famille de militaires, de la Navy en fait. Aussi nous avons souvent déménagé quand j'étais jeune. Du coup j'avais peu d'amis, aussi je regardais souvent la télé. Et c'est en voyant les Monkees à la télé que quelque chose m'a accroché à la vue du guitariste. J'ai voulu en faire autant.
LGDG : Quel âge aviez-vous ?
DC :
J'avais juste 8 ans. J'ai demandé une guitare à mes parents. Ils ont bien mis 4 ans avant de m'en acheter une. J'ai essayé d'apprendre en écoutant des disques.
LGDG : Quel genre ?
DC :
En fait j'écoutais un peu de tout. J'avais une petite radio toute rose dans ma chambre sur laquelle j'écoutais James Brown, les Beatles, Joe Cocker, Cream, les Yardbirds et tous ces trucs-là.
LGDG : Et du blues ?
DC :
Non, ce n'est que plus tard que j'ai commencé à en écouter. Mon premier disque de blues, c'était un album de Bobby Blue Bland que j'ai trouvé dans la rue. C'est vers la fin des années 60, début des années 70 que j'ai commencé à m'interesser au British Blues Boom. J'écoutais Cream, John Mayall, Fleetwood Mac, jusqu'à l'arrivée de Jimi Hendrix qui a vraiment soufflé tout le monde. J'ai commencé à jouer en groupe à l'âge de 15 ans. Bien sûr, on ne m'a pas laissé d'autre choix que de jouer de la basse. Tous les garçons voulaient jouer de la guitare, et de plus, personne n'avait jamais entendu parler d'une femme jouant de la guitare électrique.
LGDG : C'était chasse gardée pour les mecs…
DC :
Oui, comme beaucoup d'autres choses. Mais j'étais déterminée à devenir guitariste soliste, comme Hendrix ou les autres. Et c'est ce que j'ai fait. J'ai joué du rock pendant des années, puis du rhythm & blues.
LGDG : Toujours à la basse ?
DC :
Non, je n'en ai joué qu'un an. J'adore ça, mais je suis passé à la guitare, c'est ce que je voulais faire. Ce qui s'est passé, c'est qu'un jour, on faisait un bœuf dans un garage, et au lieu de me pointer avec ma basse, je suis arrivée avec une guitare électrique. Et quand ils m'ont entendu, ils ont dit OK, et ils m'ont laissé jouer. Après, j'ai joué avec divers groupes. Ce n'est que vers 19 ans que j'ai vraiment commencé à m'interesser au blues. Un jour, j'étais avec des amis, on n'avait rien à faire, alors on est allé à un festival de folk musique. Et là, il y avait John Lee Hooker, Howlin' Wolf et Muddy Waters. Je n'oublierai jamais ces moments-là. J'ai adoré. Je ne savais même pas qui c'était ! On était jeunes, et il y avait ces types bien plus âgés, loin, sur la scène, qui jouaient acoustique… Je me souviens surtout de John Lee, il faisait son truc, et ça m'a vraiment accroché. "Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? - Ben ça s'appelle le blues - Ah bon, d'accord".
LGDG : C'est amusant, parce que le fantasme de pas mal d'Européens, c'est que tout afro-américain naît dans un environnement où le blues est partout et qu'il ne peut y échapper. C'était peut-être vrai il y a longtemps, dans le Sud…
DC :
Ce n'est pas le cas de tout le monde. Moi, je suis passée par la porte de derrière. Avec des amis on a formé un trio de blues rock. Une fille à la basse et un garçon aux drums. C'était pas mal, on a eu du succès. Elle chantait aussi. A l'époque, je ne voulais pas chanter, je voulais juste jouer de la guitare.
LGDG : C'était par timidité, ou seule la guitare vous intéressait ?
DC :
Les deux. Et puis quand on joue en trio, la guitare a beaucoup à faire, il faut remplir les espaces. J'étais bonne à ce jeu-là. Et puis j'ai eu envie d'enregistrer, mais on ne faisait que des reprises. Moi j'écrivais déjà, je voulais faire un disque. Alors j'ai quitté le groupe, et pendant un an, je suis allé à tous les concerts de blues où je pouvais, histoire de faire savoir que je jouais de la guitare. " Tu veux faire le bœuf ? - D'accord ". Des gens comme Koko Taylor, Lonnie Brooks, Saffire, et bien d'autres m'ont permis de partager la scène avec eux, et j'ai commencé à me tailler une petite réputation. Un jour je me suis retrouvée dans une espèce de tremplin, en compétition avec 23 groupes de blues. Et j'ai gagné.
LGDG : Vous aviez à nouveau un groupe à vous ?
DC :
Non, mais mon frère jouait de la basse dans un groupe de heavy métal. J'ai répété une semaine avec son batteur et lui, à leur apprendre quelques titres. Et on a gagné. Ça m'a amené à enregistrer mon 1er disque, que personne ne connaît. Ça s'appelle Taking A Stand, c'est sur New Moon Records.* Ça m'a aussi permis d'avoir un agent, ce qui est très important aux Etats-Unis. Du coup j'ai pu jouer dans pas mal de clubs, de festivals. Finalement, j'ai été repérée par Blind Pig. On a fait l'album I Can't Lose qui a reçu un bon accueil, et on vient de sortir Where Blue Begins qui démarre bien.
LGDG : A nouveau avec Joanna Connor…
DC :
Oh oui, c'est une bonne guitariste. Elle joue sur les 2 Blind Pig. En fait, c'est une des toutes premières femmes guitaristes que j'ai entendu. J'aime travailler avec elle.
LGDG : Etre une femme guitariste dans le blues, un monde connu pour son machisme…
DC :
Absolument.
LGDG : Mais vous y sentez-vous simplement guitariste, ou bien avez-vous fortement conscience d'être une femme guitariste ?
DC :
Au début, je m'en fichais. J'étais dans le truc de jouer, peu m'importait le reste. Au bout d'un certain temps, j'ai bien été obligée de voir qu'il y avait des réactions. Pour moi, elles ont été plutôt positives. Il y a une espèce de période de probation. " Ok, t'es une femme, tu joues de la guitare, voyons un peu ce que tu sais faire ". Il faut en passer par là. J'y suis passée, et j'y ai acquis le respect de gens comme Buddy Guy, John Mayall, et je pense que de ce point de vue, tout va bien. Je me sens acceptée.

Deborah Coleman, Paris 1999, photo Jocelyn Richez

Deborah Coleman (photo Jocelyn Richez)

LGDG : Est-ce que, en tant que femme, vous vous sentez liée à des artistes comme Joanna, Debbie Davis, Sue Foley, ou bien est-ce que c'est seulement chacune fait son truc et basta ?
DC :
Non, définitivement, il y a une camaraderie. Nous sommes des femmes, et nous essayons toutes de faire la même chose. Nous essayons de nous faire entendre dans un monde d'hommes, et les portes se sont ouvertes pour nous. Bonnie Raitt a ouvert pas mal de portes. Et même avant elle, Memphis Minnie la première, mais pas mal de femmes dans le domaine du country blues se sont exposées. Mais je pense que c'est aussi une question d'époque. Le temps est venu pour les femmes de partager cette reconnaissance. Mais ça marche bien pour moi.
LGDG : Ça fait quand même plus de trente ans qu'une espèce de révolution est sensée avoir eu lieu.
DC :
Ça prend du temps.
LGDG : Qui considérez-vous comme vos principales influences ?
DC :
Il n'y a aucun doute sur le fait que ce sont essentiellement des musiciens de blues rock qui m'ont le plus influencé. Jeff Beck, Eric Clapton, ça s'entend dans mes albums, sont des gens que j'ai incorporé dans le son Deborah Coleman. C'est du moins ce que j'essaie de faire, tout en essayant d'avoir mon propre son. Mais le blues en particulier m'aide à créer le son que je recherche.
LGDG : Mais aujourd'hui, vous sentez-vous plus blues qu'autre chose ?
DC :
Absolument. J'essaie de faire quelque chose basé sur le blues, ancré dedans, tout en gardant une certaine fraîcheur.
LGDG : Vous n'essayez pas de reproduire les anciens non plus.
DC :
Non, j'essaie de faire quelque chose de différent, mais qui ait toujours à voir avec le blues.
LGDG : Sur l'album I Can't Lose, vous remerciez tout particulièrement quelqu'un appelé Misao. C'est votre fille ?
DC :
Oui, c'est ma fille. Elle va avoir… euh… Eteinds le magnéto ! **
LGDG : Avez-vous du arrêter quand elle est née ?
DC :
Bien sûr. Elle avait besoin de moi. Son père était plutôt du genre aventurier. Pas vraiment fait pour s'occuper d'enfants. Pas vraiment fait pour le mariage non plus. Inutile de dire que j'ai divorcé. Donc je suis resté à la maison à m'occuper d'elle. Quand elle a été assez grande, j'ai repris la route. Entretemps, j'avais un boulot régulier. J'ai du laisser tomber la musique pendant 13 ans, mais j'avais toujours ce désir. En même temps, pendant cette période, j'ai beaucoup appris, ne serait-ce que sur moi-même.
LGDG : Et comment s'est fait le retour ? De nouveau dans les clubs à essayer de jammer avec les uns et les autres ?
DC :
Exactement, c'est ce que j'ai fait.
LGDG : Vous avez donc du tout recommencer depuis le début…
DC :
Eh oui. Mais plus je jouais, plus je savais que c'était ça que je voulais faire. Jusqu'à ce que je quitte mon job. Brusquement. Parce que j'avais commencé à me dire : " Je reprendrai la musique quand… " Et quand n'est jamais venu. Alors j'ai démissionné, j'ai pris le risque, et ça a payé.
LGDG : ça a du être dur au début…
DC :
Oh oui ! J'étais fauchée. Mais ça valait le coup. Il y a eu la rencontre avec Blind Pig.
LGDG : Vous tournez beaucoup depuis ?
DC :
Pas mal, oui. C'est la première fois que je viens en Europe. Après l'Angleterre, je repars aux Etats Unis, d'abord en tournée, puis je prépare un nouvel album. Ça va être une année chargée. Je vais écrire de nouveaux morceaux, et je vais faire des reprises un peu obscures, que personne ne fait jamais. Ça va prendre du temps. L'album devrait sortir au printemps 2000. Il sera beaucoup plus blues encore.
LGDG : Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
DC :
Seulement que j'espère être là pour un bon moment encore !

Propos recueillis par René Malines le 27 mars 1999.

· *Disponible chez Boogie, 61 rue Louise Michel à Levallois (92)
· **Désolé, j'ai promis de ne pas répéter…

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Le British Blues Boom:

Once upon a time...

Date: Vendredi 4 Février 2000
De: Docteur Blues <jtravers@europost.org>


Pour bien débuter l'histoire du Blues anglais, on doit se pencher sur quelques idoles du rock ou quelques Jazzmen qui vont montrer la voie au milieu des années cinquante.
le rock en Angleterre ne date pas des Beatles, mais de quelques années plus tôt avec l'apparition de la première vedette anglaise du genre Tommy Steele.
Tommy Steele est né le 17 décembre 1936 à Bermondsey. Tout jeune, il est marin puis, lors d'un long séjour à l'hôpital, il apprend la guitare. De retour sur les mers, il interprète des airs de Hank Williams pour divertir les passagers.
A Londres, Tommy forme le groupe les Cavemen et tente sa chance au " 2 I's Club " un Coffe Shop branché sur Old Compton Street. Le groupe sort son premier disque en octobre 1956 pour Decca " Rock With the Cavemen ", puis les disques s'enchainent " Singing the Blues ", " Knee deep in the Blues ", " Happy Guitar ", " Come on let's go ". Véritable idole, il enregistre live " The Tommy Steel Stage Show " et commence même une carrière cinématographique avec " The Tommy Steele Story ". C'est en grand frère du rock anglais, à la manière d'un Elvis Presley, qu'il annonce la naissance du Blues Boom : " J'ai eu de la chance, et j'étais assez bon guitariste, j'avais même accompagné le bluesman Josh White en 1955. Je connaissais par coeur les blues de Leadbelly et les chansons de Hank Williams. Je voulais marier ces deux styles. C'est ce qui m'a décidé à composer des morceaux comme " Rock with the Caveman ". Lorsqu'on a commencé à passer sur scène, les gens ont été surpris, ils n'avaient encore jamais vu d'amplificateur pour guitare. "
Il se retire de la scène rock pour se consacrer à l'opérette et au Music-hall.
L'autre grand frère du British Blues est le tromboniste Chris Barber et son orchestre Dixieland avec notamment la présence dans ce band d'Alexis Korner et de Lonnie Donnegan.
Ce dernier est batteur de Jazz pendant son service militaire et devient gratteur de banjo dixieland. En 1956, il forme le premier groupe de Skiffle et remporte un gros succès avec " Lost John " et " Rock Island Line ". Cette notoriété l'ammène à passer dans l'émission de Jack Good " 6.5. Special " puis il anime sa propre émission le " Lonnie Donnegan Show " . En 1959, il adapte encore des titres comme " Tom Dooley ", " The Battle Of New-Orleans ". Partout en Angleterre se forme des orchestres de Skiffle dont bon nombre de ces jeunes musiciens se retrouveront en première ligne du Blues Boom. On peut citer entre autres : Bob Cort, Chas McDevitt, les Vipers et Johnny Duncan. Américain d'origine, Johnny Duncan chantera, après avoir quitté lui aussi l'orchestre de Chris Barber, " Last Train to San Fernando ". Chris Barber quant à lui tiendra les rênes d'une fameuse boite de Jazz : le Marquee Club, il sera aussi à l'initiative du National Jazz Blues Festival qui se transformera un peu plus tard en Reading Rock Festival.
le Skiffle, c'est quoi ?
D'après son créateur Lonnie Donnegan c'est une mixture comme seuls les anglais savent en faire, un mélange de Folk Blues de chanson Western et de Jazz New Orleans.
les tournées de Josh White, Big Bill Broonzy et surtout celle de Muddy Waters vont influencer beaucoup de jeunes anglais et les insciter soit à écouter du blues, ou après avoir déniché quelques rares disques, à reproduire cette musique. Le succès du rock américain livre également des disques d'artistes blacks comme Chuck Berry, Little Richard ou Bo Diddley. Au début des années soixante, deux générations de musiciens venant du Jazz et du Skiffle vont se cotoyer à Londres au sein du Blues Incorporated, véritable starter-group du Blues anglais, il sera le premier orchestre blanc à jouer du Chicago Blues électrique.

retrouvez toute la saga sur le site du Doc:
http://www.multimania.com/docblues

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Deborah Coleman:

Le Blues n'est pas perdu...

Deborah Coleman, Paris 1999, photo Jocelyn Richez

Deborah Coleman (photo Jocelyn Richez)


Date: Dimanche 6 Février 2000
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>



"C'est pas parce que je suis une femme que je ne peux pas jouer du blues"... C'est à peu près les mots que pourrait prononcer Deborah Coleman. Quant à sa couleur de peau, elle considère que ça l'a peut-être aidée à se faire un nom dans le milieu du blues, mais que ça n'a rien à voir. Elle n'est pas née dans un bas-fond de Chicago ou dans une baraque vermoulue du Mississippi... Sa vie est très loin des clichés qui entourent en général l'existence des joueurs de blues. Née en 1956, fille d'un officier de la Navy, elle a vécu son enfance dans un milieu relativement aisé, beaucoup plus en contact avec les blancs que les noir-américains. De base militaire en base militaire, d'un bout du pays à l'autre, Deborah se sentira perpétuellement déracinée et seule la musique la rendra vraiment heureuse. Ce qu'elle écoute, ce sont les titres du top 40, puis les reprises des Cream ou Yardbirds que jouent les groupes de son école.
Deborah Coleman, Paris 1999 (photo René Malines)

Deborah Coleman (photo René malines)

Comme elle l'a dit à René Malines (voir interview), elle est arrivée au blues "par la porte de derrière". Ses premiers pas de guitariste ont été fait dans des groupes de rock ou de metal (on est dans les années 70), avant d'abandonner la musique pendant plusieurs années, le temps d'élever sa fille tout en menant le métier d'électricienne. Encore un métier d'homme dans lequel Deborah n'aura pas peur d'évoluer!
En 1986, elle a divorcé et sa fille ayant six ans, elle reprend la guitare et forme le groupe de rock Moxxie composé exclusivement de femmes et dont le plus grand et unique moment de gloire fut d'assurer la première partie d'un concert de "Emerson, Lake & Palmer". Un 45 tours remporta un certain succès régional, mais le groupe ne résista pas à certains désaccords internes. Avec Debra Nardi (une italienne, chanteuse des Moxxie), elle forme alors les Misbehavin' (1989), trio guitare-basse-batterie de blues-rock qui acquit rapidement une bonne réputation et lui permet de quitter son métier pour vivre de la musique. Mais elle se lasse de ne jouer que des reprises (du rock des années 50 à Led Zeppelin) et quitte le trio pour pouvoir composer ses propres musiques, encouragée dans cette voie par Kenny Neal. Voyant ce que font Joanna Connor et Debbie Davis, Deborah décide que c'est ce qu'elle veut faire: du blues! C'est à cette époque que pendant deux ans elle rencontre quantité de bluesmen, tape le boeuf avec les plus grands, se forge des relations, remporte un tremplin blues (1993) et finalement enregistre son premier disque ("Takin' A Stand", 1994) pour New Moon Records, lui ouvrant bien des portes. Signée par Blind Pig, elle enregistre "I Can't Lose" en 1997 et remporte le trophée du "Best New Artist" remis par l' Atlanta Blues Society. Et en 1999, c'est son troisième CD, "Where Blues Begins", plaçant définitivement Deborah Coleman parmi les artistes les plus sûrs du renouveau du blues.
Deborah Coleman: where Blue beginsElle le dit sans problème: ses premières influences viennent du blues blanc, et ce n'est que dans un second temps qu'elle s'est plongée dans l'histoire et la musique des noir-américains. Elle est en fait l'exemple même de l'effet boomerang du "British Blues Boom" des années 60 qui a permis aux américains de redécouvrir la richesse de cette musique qu'ils avaient oublié. Pour Deborah, le blues ne doit pas être monopolisé par un seul groupe de personnes en fonction de leur couleur de peau. Tout comme elle ne voit pas pourquoi il serait réservé aux hommes.
Bien sûr elle admet avoir eu sans doute plus de mal qu'un homme à se faire une place dans le monde du blues, mais elle remarque que c'est le même problème dans bien d'autres domaines (le métier d'électricien qu'elle a exercé par exemple): "Si on se dit qu'on ne peut pas faire ça parce qu'on est une femme, alors on ne fait jamais rien!".
En tant que leader de son groupe, elle a des règles qui peuvent paraître strictes mais qui lui permettent de réaliser sereinement ce qu'elle veut faire: de la musique! Ainsi, elle refuse d'avoir une relation amoureuse avec les musiciens de son groupe pour ne pas créer de jalousies, de tensions, tout comme elle n'admet pas l'alcool et la drogue. Et si on la traite de Sainte-N'y-Touche, elle répond: "non, mec, j'essaie juste de réussir ce que je fais".
Et on peut dire qu'elle y réussit plutôt bien! Voix chaude et grave, guitare omniprésente faisant écho au chant ou assurant des chorus finement ciselés, Deborah Coleman est à n'en pas douter une révélation du blues. Elle prépare un quatrième disque pour le printemps 2000 et a en projet un album plus acoustique. De quoi bientôt se régaler!

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Résultats des France Blues Trophées 2000

Date: Jeudi 3 Février 2000

De: René Malines <Renemalin@aol.com>


Voici les résultats des "France Blues Trophées" , organisés pour la 2ème année consécutive par Alain "Leadfoot" Rivet et qui se sont tenus au New Morning le 3 février 2000, en avant-première du concert de Tino Gonzalez.


International :

Artiste de l'année : Tommy Castro
Guitariste de l'année : Duke Robillard
Album : Luther Allison "Live In Chicago"
Nouvel artiste : Kelly Joe Phelps
Géant du blues : Luther Allison
Chanteur : Mighty Sam McClain
Slide Guitar : John Mooney
Femme guitariste : Deborah Coleman
Légende du blues : Muddy Waters
Harmonica : Kim Wilson
Chanteuse : Etta James / Angela Brown (ex-aequo)
Guitare acoustique : John Hammond
Batteur : Herman Ernest
Basse : Bob Stroger
Claviers : Dr John
Divers : Beau Jocque (accordéon)
Groupe : Anson Funderburgh & the Rockets featuring Sam Myers
Songwriter : Larry Garner


Europe :

Artiste de l'année : Frank Ash
Disque de l'année : Paul Lamb "The Blue Album"
Chanteur : Eugene Hideway Bridges
Groupe : Doo The Doo
Harmonica : Benoît Blue Boy
Guitare : Otis Grand


France :

Artiste de l'année : Frank Ash
Disque de l'année : Bo Weavil "Early Recordings"
Chanteur : Frank Ash / Leadfoot Rivet (ex-aequo)
Guitare : Stan Noubard-Pacha
Guitare acoustique : manu Galvin / Patrice Boudot-Lamot (ex-aequo)
Nouvel artiste : Bo Weavil
Groupe : Miguel M. & the B.B.B.
Harmonica : Vincent Bucher
Batteur : Fabrice Millerioux
Bassiste : Christian Mellies
Claviers : Lionel Gaget
Divers : Claude Langlois

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Paul Butterfield

L'inventeur du Blues-Rock ?

Paul Butterfield a vécu dès son enfance à Chicago où il est né, le 17 décembre 1942. Issu d'une famille aisée, il a d'abord appris la musique classique, étudiant la flûte. Au moment d'entrer à l'Université, il s'éloigne peu à peu de ses études et commence à apprendre la guitare et l'harmonica. S'entraînant seul à longueur de journées, il passe ses soirées dans les clubs de Chicago et des environs, écoutant et jouant à l'occasion. Ses parents finissent par le laisser faire. Il se consacre désormais entièrement à la musique. Vers 1960, il rencontre Elvin Bishop dans la rue, un peu comme Lennon rencontra Mc Cartney ou Jagger, Richards. Avec Bishop, il décide de monter un orchestre. Bien acceptés dans le milieu blues chicagoan, les deux compères arrivent à persuader Sam Lay et Jerome Arnold de quitter Howlin'Wolf (avec qui ils jouaient depuis 6 ans !) pour les rejoindre. Le groupe s'étoffe ensuite avec l'arrivée de Mike Bloomfield et commence à se faire connaître. Elektra leur offre d'enregistrer en 1965 le premier album pour lequel ils s'adjoignent Mark Naftalin aux claviers.

The Paul Butterfield Blues Band, Elektra, 1965

Bien qu'on puisse le trouver un peu dépassé aujourd'hui, le premier album du Paul Butterfield Blues Band a eu, à sa sortie, un retentissement considérable. Pour la première fois, un groupe de jeunes blancs américains s'approprie le blues, en retient le meilleur (l'apport de la section rythmique -noire- est essentiel) et lance sur les rails ce qui sera plus tard défini comme le BLUES-ROCK. Il ne s'agit plus de reprendre textuellement et respectueusement les morceaux traditionnels du Blues, comme le font les musiciens folk, mais bien de faire du blues une musique moderne. Donc, d'arrêter de le considérer avec nostalgie, comme une relique d'un passé enfui. Alors que chercheurs, ethnologues, musicologues se plongent dans les archives, ressuscitent des chanteurs disparus, vont jusqu'à prier les bluesmen qu'ils retrouvent de DÉBRANCHER leurs guitares (le Blues Revival de cette période est parfois une caricature), Paul Butterfield et sa bande montent le volume, sortent le Chicago Blues de son ghetto et font exploser au grand jour ce son rugueux. Ils révèlent à tous que le BLUES est une musique VIVANTE.
Les jeunes américains sont stupéfaits. Alors que, au mieux, la plupart ne connaissent que ce que les groupes anglais ont pu leur rappeler, ou ce que leur distillent laborieusement les *spécialistes*, voila que, soudain, la musique noire des États-Unis leur est accessible. Tous les jeunes groupes vont, tout à tour, s'y plonger avec délices.

Pour le deuxième album, l'évolution se poursuit.
Sam Lay, malade, est remplacé à la batterie par Billy Davenport qui vient du Jazz. Son apport technique est essentiel. Petit à petit, le Butterfield Blues Band va élargir ses horizons musicaux.

L'influence de Mike Bloomfield est aussi déterminante. Puisant dans toutes les musiques, même les plus exotiques et se lançant dans des solos impressionnants, il lance à son tour un nouveau défi et annonce l'ère psychédélique. Les années soixante vont se terminer en beauté.

East-West, Elektra, 1966
Bloomfield quitte le groupe avant le troisième album pour fonder Electric Flag; Mark Naftalin partira, lui, peu après.
Qu'importe, la révolution du Blues-Rock est lancée.

Left to right : Mike Bloomfield (G), Paul Butterfield (Hca,Vocals), Elvin Bishop (slide), Jerome Arnold (B), Mark Naftalin (Kb), Billy Davenport (D)


Paul Butterfield, photo de David Redferns extraite de Blues Story N°25

Les divers groupes de Paul Butterfield ne retrouveront jamais la cohésion de la formation originale. En 1972, il formera Better Days et enregistrera avec deux albums, avant de se retirer progressivement de la scène jusqu'à sa disparition en 1987.

Il laisse le souvenir d'un leader de groupe talentueux, plutôt dirigiste au début, quand il s'agissait de constituer une équipe soudée, plus ouvert par la suite, afin d'explorer de nouveaux territoires.

Et surtout d'un prodigieux instrumentiste, dont le son était une véritable signature, reconnaissable entre mille.

En tant que tel, il était considéré comme leur égal par les musiciens du Chicago Blues.

Un clin d'œil en passant à celui qui m'a fait découvrir Paul Butterfield :
Jean-Jacques Milteau par cette mention au dos de "Explorer" (Victoires de la Musique 1991)

To Paul Butterfield, respectfully

Pierrot Mercier, février 2000

Sources :

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Screamin' Jay Hawkins

nous a quitté...

Screamin' Jay Hawkins, 9/4/98, photo Jocelyn Richez

Screamin' Jay Hawkins,

( 9 Avril 98, photo Jocelyn Richez)

Date: Lundi 14 Février 2000
De: René Malines <Renemalin@aol.com> (photos Jocelyn Richez)


Screamin' Jay Hawkins, interview par René Malines (photo Jocelyn Richez)

Screamin' Jay Hawkins interviewé par René Malines (photo Jocelyn Richez)

La nouvelle est tombée comme un coup de canon : Screamin' Jay Hawkins nous a quitté, victime des suites d'une occlusion intestinale. Lors de notre rencontre il y a 2 ans, en janvier 98, pour une interview à Travel in Blues, il nous avait dit qu'il était sujet à ce type de problème. Il avait même été hospitalisé pour ça, et c'est, nous disait-il, ce qui lui avait inspiré le fameux "Constipation Blues". Une fois encore, il avait transformé sa souffrance en un grand éclat de rire.

J'avoue que ce soir, je n'ai plus du tout envie de rire. Cet homme que l'on disait terrible,

au Maxwell café le 9/10/98

(photo Jocelyn Richez)

dont on racontait qu'il avait un caractère épouvantable, nous était apparu comme un personnage charmant, jovial, enjoué, beaucoup plus jeune que son âge. Jalacy Hawkins a eu 70 ans le 18 juillet dernier. Après une vie de galères qui lui avait apporté son lot de malheurs, le succès de son "I Put A Spell On You", ses multiples reprises et diffusions à la radio, au cinéma, dans la publicité, lui rapportaient assez de royalties pour vivre décemment. Jay Hawkins était enfin heureux.

J'ai peine à croire que ce grand gaillard, en son temps champion de boxe dans l'armée américaine, débordant d'énergie, fut vaincu par de stupides selles récalcitrantes refusant de quitter son système digestif. C'est une des plus grandes voix du blues qui vient de s'éteindre. Il n'aura jamais réalisé son rêve, enregistrer un album d'opéra. En guise de consolation, le plus bel hommage que pourrait lui rendre Last Call, son dernier label, serait de remixer le concert de l'Olympia, correctement cette fois-ci, de lui faire une belle pochette (l'originale est hideuse) et de remettre sur le marché un testament musical digne de ce grand artiste. Nous étions à l'Olympia ce soir-là, et nous pouvons vous dire que le show fut excellent et le groupe, mené par Frank Ash, tout à fait à la hauteur.

En attendant, Henry doit être bien triste, plus personne ne lui allumera jamais sa cigarette. Adieu Mister Hawkins...

René Malines



La subite disparition de Screamin' Jay Hawkins laisse une place béante dont on commence à peine à mesurer l'étendue, que lui seul pouvait intégralement occuper. Cet homme de caractère nous a encore, une dernière fois, surpris en partant précipitamment. L'immense talent de ce chanteur unique, ce poète surréaliste, ce metteur en scène, le rend irremplaçable et incomparable. Jay n'a pas épuisé son inspiration et se projetait encore dans des rêves, sa stupéfiante jeunesse d'esprit en faisait un créateur de chaque instant, il prenait tous les risques. J'ai eu la chance de partager avec lui ces précieux instants où il était souvent génial durant les cinq années où ma guitare était au service de sa musique et du personnage qu'il s'était créé.


Franck Ash
LGDG: Rappelons que Franck Ash était depuis cinq ans le guitariste de Jay Hawkins, enregistrant notamment un disque studio à Memphis (1995) et un live à l'Olympia (1998), et participant à de nombreux concerts, dont le dernier à Athène en décembre 1999.
Voir le site de Franck Ash (
http://www.multimania.com/franckash) et la Net-Interview de Mike Lécuyer (http://www.multimania.com/mlecuyer/EVIEWS/FASH.htm)

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SOMEBODY HOODOOED THE HOODOO MAN

Glossaire Blues: part 1/3

A plusieurs reprises sur la liste de diffusion LGDG, nous nous sommes interrogés sur le sens réel de certains mots ou expressions fréquemment utilisés par les bluesmen. A la suite de l'article "Les Pratiques Magiques Dans Le Blues" paru dans les Soulbag n°156 et 157, nous somme rentrés en contact avec son auteur Jean-Paul Levet qui a bien voulu nous apporter ici les réponses sous forme de glossaire alphabétique des énigmatiques termes du blues. Cet article est tiré du livre "Talkin' That Talk" (dont le sujet est le langage du blues et du jazz) sur lequel Jean-Paul Levet travaille à nouveau afin de le compléter.

C'est donc avec fiereté que La Gazette De Greenwood publie ici la première partie de ce glossaire ( de A à F) dont la suite paraîtra dans les deux prochains numéros. Laissons le dernier mot à Jean-Paul Levet qui nous a écrit dans un e-mail: "Longue vie a la Gazette de Bois Vert, Halte aux volees du même nom!"

Uncle Lee



Date: Lundi 14 Février 2000
De: Jean-Paul Levet <jplevet@afpa-inmf.com>

Quelques termes pour s'y retrouver dans les pratiques magiques afro-américaines

Lord, I wonder what's the matter this time, it seems like everything has changed
It seems like this woman that I've been lovin' have found some other man
I hold up my hand, I'm just trying to get my baby to understand
See, my baby don't love me no more,
all because somebody hoodoo'd the hoodoo man

Hoodoo Hoodoo, Sonny Boy Williamson I (1946)


1. HOODOO

Terme probablement d'origine africaine
Ensemble de croyances, coutumes et de pratiques magiques importées d'Afrique, mêlées à des éléments d'origine européenne, cubaines (influence de la santeria) et intégrant des savoirs faire indiens notamment en matière d'utilisation des plantes. Les survivances africaines (Yoruba, Fon…) apparaissent assez clairement dans certaines pratiques comme celles liées au carrefour (cf. crossroads) et aux traces de pas (cf hot foot powder). L'utilisation des plantes doit beaucoup aux croyances indiennes ; mais leur utilisation dans le hoodoo n'est que marginalement à visée médicinale : le hoodoo doctor est moins un guérisseur, un herboriste qu'un sorcier.
Il faut distinguer hoodoo de voodoo (vaudou) ; les 2 termes coexistent en Louisiane mais renvoient à des pratiques différentes, le terme voodoo étant peu employé dans les autres régions du Sud. Dans les endroits où les termes cohabitent, il apparaît que hoodoo est plus particulièrement utilisé par les Noirs en zone rurale et le terme voodoo par les Blancs ou les Noirs urbanisés.
Le hoodoo met l'accent sur les pratiques magiques, sur les dons et pouvoirs individuels ; il n'entretient que peu de liens directs avec une religion. Du panthéon africain des dieux, seul Legba apparaît dans le hoodoo : c'est le black man, le dark man, en d'autres termes le devil (voir ce terme), que l'on peut croiser au carrefour (crossroads)
Synonymes : conjuration, witchcraft (2 termes anglais standards signifiant respectivement évoquation des démons, incantation et sorcellerie/magie noire) et rootwork, mot mettant en relief l'importance centrale des racines.
Les termes hoodoo man/woman, root doctor, root worker, conjure, conjurer, cunjure ou conjure man/woman ; quant au terme two-headed doctor, il est plus spécifiquement employé en Floride.

Robert Johnson dans Stones In My Passway décrit un ensemble de phénomènes typiques des pratiques hoodoo : allusions à sa trace (cf hot foot powder), route obstruée (block), encombrée de pierres (cf crossing), manifestations physiques décrites (perte d'appétit, douleurs), sentiment que son chemin est devenu noir, qu'on veut attenter à sa vie et l'éloigner de son amour ; cet ensemble de manifestations l'amène à la chute inéluctable : il est victime d'un mauvais sort, il doit s'en aller :

I got stones in my passway
And my road seem dark as night
I have pains in my heart
They have taken my appetite

(…)
Now you trying to take my life
And all my loving too
You laid a passway for me
Now what are you trying to do

(…)
I got three legs to truck on
Boys please don't block my road
I been feeling ashamed about my rider
Babe, I'm booked and I got to go

Stones In My Passway, Robert Johnson (1937)


2. BARRED

Litt : barré, empêché. Sous l'influence d'un mauvais sort, ensorcelé :

I wrote you a letter mama,
Put it in your front yard
I would love to come to see me
But your good man got me barred

Writin' Paper Blues, Blind Willie McTell (1927)


3. BLACK CAT

Le black cat, le chat noir, est, comme dans les systèmes de croyance européens, un mauvais présage ; s'il croise la route de quelqu'un, celui-ci, pour éviter le mauvais œil qui lui est ainsi promis, n'a plus qu'à faire demi-tour et à rentrer chez lui :

I don't know why
But I sure don't get no mail
It must be one o' them old walkin' black cats
Been walkin', walkin' all over my trail.

Black Cat Trail, Carolina Slim (1952)


Mais dans le monde du jeu, de la loterie (cf policy, numbers) et des activités illicites, le chat noir est plutôt présage de bonne fortune.

Black cat bone : tous les root doctors interviewés par Zora Neale Hurston ou Harry Middleton Hyatt qui étudièrent les traditions hoodoo dans les années 30, précisent que le chat noir possède un os qui possède le pouvoir de rendre son utilisateur invisible ou de rendre un amour perdu dans la mesure où le chat est ébouillanté vivant à minuit. L'identification de l'os donne lieu à diverses croyances. Une fois repéré, l'os est oint de Van Van Oil puis glissé dans une main mojo : il peut alors agir pour faire revenir un amour perdu

4. CONJURE LADY (MAN)

Dans le hoodoo, personne douée de pouvoirs occultes (voyance, capacités d'envoûtement ou de guérison...) :

I've got to see the conjure man soon
Because these gin-house blues is campin' round my door
I want him to drive 'em off
So they won't come back no more

The Ginhouse Blues, Bessie Smith (1926)


Parmi les plus célèbres, Sanité Dédé (fin du XVIIIè), Marie Laveau (1794-?), la plus célèbre des figures du vaudou, qui la supplanta vers 1820 et disait tenir ses pouvoirs du serpent (d'où
son surnom de `Snake Marie', sa fille `Tite Marie' Laveau, toutes trois de La Nouvelle-Orléans, Ida Carter et, plus près de nous puisque décédée en 1944, Aunt Caroline Dye :

Well I'm going to Newport
To see aunt Caroline Dyer
She's a fortune-teller
Oh Lord, she sure don't tell no lie

Hoodoo Woman, Johnny Temple (1937)


5. CROSSING

Pratique magique basée sur le fait de mettre en travers du chemin de la personne visée de la poussière, des herbes, des aiguilles ou autres, le "mal" entrant par le pied au moment où celle-ci franchit la marque.
Par extension, synonyme de jinx

6. CROSSROADS

Le carrefour, lieu où des chemins se croisent, fait l'objet de croyances diverses un peu partout dans le monde. Dans le hoodoo, le crossroads est un lieu où l'on pose ou enterre des préparations variées selon les effets recherchés ; mais c'est aussi le lieu par excellence où l'on peut acquérir un pouvoir , un savoir ou une technique (jeu de cartes, instrument de musique, art de la danse ou de la prise de parole…).
Dans le rituel généralement décrit, celui qui désire acquérir un tel pouvoir doit attendre à un carrefour 3 ou 9 nuits particulières ; durant ces visites successives, il doit être témoin de l'apparition d'animaux (les plus fréquemment cités sont le poulet, le chien et le taureau, tous noirs) et lors de la dernière, c'est le "devil" (voir ce terme) qui va apparaître et, s'il ne s'enfuie pas de peur, il recevra le don désiré.

Dans son enregistrement "Cross Road Blues" de 1936, et bien qu'étant incontestablement initié (Hellhound on my Trail, Come On In My Kitchen et Little Queen Of Spades contiennent des références explicites respectivement à la Hot Foot Powder, au nation sack ou à la main mojo), Robert Johson fait bien plus référence aux aléas de l'auto stop qu'au rituel hoodoo. Le mythe selon lequel il aurait cédé son âme au diable pour devenir un maître de la guitare trouve probablement sa source dans ce rituel du crossroads, mais l'interprétation la plus communément avancée qui en fait un héros faustien, est largement ethnocentrique et jamais le devil, au sens où l'entend le hoodoo, ne se propose de faire griller pour l'éternité l'âme ainsi cédée (cf devil).

7. CURSE
Sortilège :

Says I believe, I believe, the good Lord has put a curse on me
I believe, I believe, the good Lord has put a curse on me
Because every woman that I got, some man takes away from me

Blue, Black And Evil, Leroy Erwin (1947)


8. DEVIL

Le devil, selon les informants, est indistinctement aussi appelé "big black man", "rider" ou "little old funny boy", c'est le descendant des dieux des carrefours, dont Legba. Il a peu à voir avec Méphistophelès et le mythe faustien du pacte avec Dieu ; il s'agit plutôt d'un mentor, d'un sage doublé d'un professeur enseignant une technique et la sagesse.

"If you want to learn how to make songs yourself, you take your guitar and you go to where the road crosses that way, where a crossroads is. Get there, be sure to get there just a little 'fore 12 that night so you know you'll be there. You have your guitar and be playing a piece there by yourself...A big black man will walk up there and take your guitar and he'll tune it. And then he'll play a piece and hand it back to you. That's the way I learned to play anything I want."
Interview de Ledell Johnson citée par David Evans in Tommy Johnson


Le rituel du crossroads est l'un des plus communément pratiqué dans le hoodoo comme le montre les très nombreux témoignages recueillis par Harry Middleton Hyatt entre 1935 et 1939 (Hoodoo - Conjuration - Witchcraft - Rootwork, Alma C. Hyatt Foundation, 1970-1978) :

"If you want to know how to play a banjo or a guitar or do magic tricks, you have to sell yourself to the devil. You have to go to the cemetery nine mornings and get some of the dirt and bring it back with you and put it in a little bottle, then go to some fork of the road and each morning sit there and try to play that guitar. Don't care what you see come there, don't get 'fraid and run away. Just stay there for nine mornings and on the ninth morning there will come some rider riding at lightning speed in the form of the devil. You stay there then still playing your guitar and when he has passed you can play any tune you want to play or do any magic trick you want to do because you have sold yourself to the devil. "
Interview recueillie à Ocean City, Maryland.


"You go out there [to the forks of a road] about four a'clock, jis' commence dawnin' day, jis' about crack of day -- an' start a-pickin' at de guitar. Yo' go jis' onest. An' they says de devil came out an' take it -- jis' somepin will pull it from you, you jis' give up to it. An' he'll tune up an' hand it back to you and you start to play . You can pick any song you want to pick."
Interview recueillie à Wilmington, North Carolina.


9. DOCTOR (Root Doctor, Goofer Doctor, Snake doctor, Two Headed / faced Doctor) :
sorcier, guérisseur, jeteur de sorts :

I'm a snake doctor man
Got my medicine, I say, in my bag
I mean to be a real snake doctor man
And you know I don't mean to be no quack
(...)
I know many of you men are wondering
What the snake doctor man got in his hand
He's got roots and herbs,
Steals a woman, man, everywhere he land

Snake Doctor Blues, Jaydee Short (1932)

10. DOUBLE EYED (ou HEADED, SIGHTED)

Qui a des dons de double-vue, voyant :

Double-Eyed Whammy, Freddy King (1966)

11. DREAM BOOK

Litt : `Livre des rêves'.

Ces opuscules, publiés par les organisateurs des loteries clandestines (cf numbers), sont destinés à guider les parieurs dans leurs choix en leur fournissant des listes de nombres
supposés entretenir d'étroites relations avec leur expérience, leur histoire et leurs rêves :

I'm gonna buy me a dream book
See what my dreamin' means
I dreamed I was mixin' sweet milk
With my baby's cream

Dream Book Blues, Tommy Griffin (1936)


Parmi les plus populaires, `Aunt Della's Dream Book', `Aunt Sally's Policy Players Dream Book', `The Gypsy Witch Book' et `The Three Witches Dream Book'.

12. DYE, Aunt Caroline

Une des conjure ladies dont le peuple du blues a conservé la mémoire :

I'm goin' to Newport News
Just to see Caroline Dyer
She's a fortune telling woman
Oh Lord, and she don't tell no lies

Aunt Caroline Dyer Blues, Memphis Jug Band (1930)


Quoique dise le Memphis Jug Band, elle était de Newport, Arkansas et non de Newport News

13. FIX

Mauvais sort. V. Jeter un sort, envouter :

I'm going In Louisiana
I'm gonna get me a mojo hand
I wanna fix my woman
So she can have no other man

Mojo Hand, Lightnin' Hopkins (1962)


D'où `fixer' sorcier, personne douée de pouvoirs surnaturels :

Oh, baby I'm the fixer
I am the fixer
I'm the fixer pretty baby
I got everything that you need

I'm The Fixer, Willie Mabon (1963)

- - Article à Suivre dans "La Gazette de Greenwood" n°18 - -

Pour ceux qui souhaitent en savoir plus :

lexiconplanet.com rubrique le mot de la semaine: http://lexiconplanet/wklyscreenblues_fra.html

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Talkin' That Talk": passer commande à jplevet@club-internet.fr (pour la France metropolitaine : 100 francs frais de port inclus)


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Net-Interview du Doc:

Les confessions d'un batteur de Blues

Date:Mercredi 23 Février 2000
De: Docteur Blues jtravers@europost.org

Franck Marco est aux baguettes du Mercy Blues Band, dont le premier album "Tribute to Slim Harpo" a été plébicité par C. Mourot dans Soul Bag et sélectionné toujours par soul bag parmi les 7 meilleurs albums français depuis 20 ans, preuve s'il en est de qualité... Et pour une fois que j'avais un batteur de blues sous la main, je ne me suis pas privé pour lui poser c'est quelques questions.
Contacter le Mercy Blues Band : mercyband@aol.com


LGDG (Docteur Blues) : Quelles sont les qualités d'un batteur de blues ?
Frank Marco : Pour tout batteur, tous styles confondus, il doit avoir conscience du tempo, du son, d'un minimum de technique et surtout d'une grande écoute du groupe ; être disponible et servir la musique. Avoir du swing ça aide aussi pas mal, surtout dans le blues...
LGDG : Tu as commencé comment ?
FM : J'ai commencé à l'âge de 6 ans dans un trio musette. Aprés avoir craqué sur Charlie Watts, lors d'une émission T.V., je me suis mis à taper partout, sur tout (marmites, seaux, couvercles, etc...) Ma mère craquait. Mes parents m'ont acheté une vraie petite batterie, mon père m'a branché avec cet orchestre de musette et voilà, depuis j'ai le virus...impossible de me guérir !!!!
LGDG : Tu cites Charlie Watts comme principale influence...
FM : Oui, ce qui paraît toujours bizarre aux yeux de certains batteurs, j'adore Watts. J'aime son jeu simple, efficace et ce côté stoïque. Sinon actuellement, je craque littéralement pour Jim Keltner. A part ça, tous les batteurs m'interèssent, ils ont tous un truc.
LGDG : Jouer en trio est un exercice assez difficile, tu ne peux pas tricher. C'est une formule qui te convient ?
FM : J'aime ce côté difficile. Le problème du trio, généralement, c'est qu'il y a beaucoup de place ; la difficulté est de la combler intelligemment tout en pensant musique. Dans la plupart des cas, les musiciens ont peur du vide, alors qu'il faut laisser la musique s'exprimer et non la technique.
LGDG : Mercy blues-band a fait la première partie de grosses pointures. Comment avez-vous été accueillis par les bluesmens, le public ?
FM : Par le public, toujours très bien. Les gens nous découvrent et, ce qui est bien pour nous, c'est qu'ils aiment et ils nous le font savoir. C'est toujours très chaud.
Par les bluesmen, ils sont en tournée, un peu fatigués. Ils nous regardent toujours avec du recule, puis après les balances, ça se dénoue. Puis, c'est la rencontre... Robben Ford c'était spécial, puisque Jean-Paul Avellaneda (guit et chant/Mercy) a étudié avec lui à Los-Angeles, donc s'était des retrouvailles. Au festival de Gap, il y a deux ans, on a mis le feu. Nous faisions la première partie de Lucky Peterson, au dernier morceau, il était sur le côté de la scène, avec un regard un peu noir à notre égart. A notre sortie de scène il était très speed. Nous avons eu peu de contact avec lui, son band était très sympa. Soit, en général ça se passe bien.
LGDG : Vous avez tourné pour le Fender Blues-Rock Tour 99, comment vous êtes vous retrouvés du voyage ?
FM : C'est trés simple, le bassiste a rencontré Yvan Taieb, directeur des produits, il a écouté l'album et nous a branché pour cette tournée. C'est un bon souvenir.
LGDG : Parlons un peu du disque "Tribute To Slim Harpo". Le choix d'un album entièrement consacré à Slim Harpo peut s'expliquer ou c'était évident pour le trio ?
CD MercyFM : En fait nous connaissions un peu Slim Harpo. Jean-Paul et Francis, le bassiste qui joue sur l'album, (il a perdu la foi... il ne joue plus avec nous !! Il est remplacé par Romuald Laur, un bon mec.), ont travaillés ensemble dans un groupe commercial "Quai des Brumes", dans les années super branchées "80". Donc, Maisons de disques CBS, éditions Campbel-Connely , etc... Un jour autour d'une table, et surtout d'une bonne bouteille, nous discutions du cd Mercy, on voulait rendre hommage à quelqu'un, en plus cela nous excitait pour un premier album. Et c'est là que Claude Duvivier (responsable Campbell-Connely-France) nous sort les éditions Slim Harpo. Et voilà l'idée est partie de là. Quel régal ce Slim Harpo.
LGDG : Comment s'est passé la mise en place des morceaux, la batterie était-elle à la source des arrangements, ou le batteur doit suivre et "subir" le lead-guitariste?
FM : AH AH j'aime le "subir" !!!!! non pas du tout, en fait nous avons cherché en jouant les tournes, les idées, tout le monde participait. Grosso-Modo, nous avons gardé les textes et Jean-Paul s'est inspiré des riffs originaux. Enfin, nous voulions un truc sobre, sans technique ; pourtant, on peut entendre l'intro de "Shake yours hips" spécial bassiste. Nous assumons, c'est n'importe quoi, hors contexte. Devine qui a eu cette idée ??!! ah ah ....
LGDG : En combien de temps avez-vous enregistré cet album, c'était votre première expérience en studio pour un projet aussi lourd ?
FM : Non ce n'était pas notre première expérience studio, Francis a bossé avec Chris de Burg, Billy Cobham, Ribeiro (eh oui !!!!!). Jean-Paul avec Luther Allison, Patrick Juvet, et d'autres séances en Suisse. Moi, j'ai enregistré avec un groupe de jazz-rock (lille) avec Luis Winsberg (sixun) et Christophe Marquy (ex-Stocks) et d'autres séances en France et Belgique. Il faut que je précise que j'habite le sud mais je suis natif du nord (Maubeuge) ; de toutes façons dans ce métier, tu es là où t'emmène le vent. Revenons à cet album, nous avons enregistré chacun notre tour, je sais, pour du blues, ce n'est pas la meilleur façon de procéder, mais nous n'avions pas le temps de nous enfermer 2 ou 6 mois en studio. Nous avions beaucoup de concerts, donc on jonglait. La batterie fut enregistrée en deux jours, la basse en une journée, les guitares et chants en une semaine. C'est pour cela que l'album peut paraître un peu soft. Actuellemnet, nous travaillons sur le prochain et nous allons jouer un maximum "live". Ce sera des compos, avec peut-être des reprises de Jimmy Reed. On va voir !
LGDG : Quels sont les projets de Mercy...? Et comment êtes-vous managé aujourd'hui ? Quel est votre statut, pro, semi-pro ? Comment est distribué votre disque ?
FM : Comme je te le disais tout à l'heure, nous préparons le deuxième album. Nous n'avons pas de manager, nous faisons tout, Jean-Paul et moi, c'est difficile, en fait la musique n'est que 40 % de notre activité, le reste c'est de la relation avec les organisateurs, la promo, etc...d'autant plus que nous sommes complétement indépendants, nous pouvons vendre les concerts de Mercy, clef en main. Nous avons camion, sono, lights, c'est du boulot ! D'ailleurs nous cherchons un tourneur qui puisse nous soulager et surtout, nous cherchons la personne qui a les clefs de certains festivals et autres. En tant que musicien, tu n'as pas toutes les ficelles du management, c'est un métier. Nous sommes tous les trois, pro ; à côté de Mercy, j'enseigne la batterie et anime des stages. Notre disque est pour l'instant distribué par Culture-Press, une boite sur Paris. Nous sommes distribués dans les Fnacs, Virgins, etc... Nous cherchons vraiment à jouer en France et autres pays européens, j'espère que nous aurons des retombées par rapport au disque.
Mon plus grand regret restera de ne pas avoir joué, ni même boeufé, avec Luther Allison, j'adorais son énergie et sa générosité. Ma plus grande joie est de faire ce métier et de rencontrer des âmes très généreuses qui font avancer ...
Merci à toi Doc, merci pour ton accueil et puis à un de ces jours sur la route du blues.

propos recueillis par Docteur Blues www.multimania.com/docblues

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Guitare Blues:

La Méthode Lelong

Date: Samedi 26 Février 2000
De: Uncle Lee "latailla@club-internet.fr"

"John Hurt Wanabee"... c'est un des morceaux qui compose la "Méthode Blues" de Michel Lelong. Et croyez-moi, on retrouve parfaitement le sens mélodique du vieux songster Mississippi John Hurt: les basses font boom-tchick pendant que les aiguës nous enchantent les oreilles d'une petite ritournelle bien enlevée!
Quant aux autres titres de la "Méthode Blues", ils nous font voyager dans tous les styles du blues acoustique, qu'on en juge par les titres: "East Coast Blues", "Get A Drink With Mc Dowell", "Garylogy", "CIA Blues", "Kentucky Thumbpicking Blues", "Watson's Blues" "B.B.B.'s Blues", "Brownie's Blues"... Est-ce humain de maîtriser autant de styles? En tout cas, au delà de la méthode pour apprendre la guitare Blues, le CD qui l'accompagne s'écoute avec un plaisir évident par celui qui aime la guitare blues! Quant à celui qui décidera d'apprendre le blues avec Michel Lelong, il aura choisi un tuteur qui connaît son sujet, c'est le moins qu'on puisse dire.

Adepte de la guitare depuis l'âge de 13 ans, Michel Lelong a aujourd'hui 39 ans et a consacré toute sa vie à l'étude de cet instrument. Quand on écoute son album "Noir & Blanc" (1996), le premier mot qui vient à CD Michel Lelong: Noir & Blancl'esprit comme un éclair est "Marcel"... Marcel Dadi, oui, car le parallèle est évident: fluidité, vélocité, mélodie, diversité des styles. La plupart des morceaux sont purement instrumentaux, guitare seule ou accompagnée par un harmonica (Greg Szlapczynski), un banjo (Eric Gloaguen), une mandoline (Frédéric Hamel), un violon (Suzi Gott) et une basse (Jean-Gilles Kerbiguet).
Deux adaptations ("The Stumble" de Freddy King et "La Javanaise" de Serge Gainsbourg) côtoient douze compositions qui raviront les fans de finger-picking: ragtime, Dadi's style, bluegrass, ballades, et bien sûr: blues! Et là, Michel Lelong nous gâte: "Oh Johnson" n'est rien moins qu'une chanson qui nous raconte la vie (tumultueuse) de Robert Johnson!

Michel Lelong est donc une des nombreuse victimes du passage (trop bref) sur terre de Marcel Dadi, de ceux qui, dans les années 70, découvraient que la richesse de la guitare était accessible à celui qui voulait bien (quand même!) s'en donner la peine. Et Michel a été au bout de sa conviction, puisqu'il consacre sa vie à cet instrument en donnant des cours, des concerts, et en écrivant des méthodes ou recueils qui seront édités par Stefan Grossman qui salue ainsi le travail minutieux de "repiquage" effectué sur le "Travis Style". Mais il ne s'arrêtera pas à ce seul style de picking, étudiant tous les autres genres, du blues au jazz, en passant par le country, la bossa, la musique irlandaise, le musette, etc.
Et maintenant, Michel Lelong peut certainement être considéré comme un des plus grands spécialistes de la guitare picking, une encyclopédie musicale de la guitare acoustique! Loin de s'en tenir à la copie des autres, Michel Lelong est aussi un compositeur talentueux et respectueux du savoir transmis par les plus grands guitaristes.

En savoir plus sur Michel Lelong: http://pro.wanadoo.fr/guitare.acoustique/
Contact: 02 47 37 29 35 ; E-mail: Michel.Lelong@wanadoo.fr

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La Gueule de Blues du mois:

Billie Holliday




peinture de Denis Gérablie

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