La Gazette de GREENWOOD
n°18 (Avril 2000 )

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Tommy Castro
au New Morning(Paris) et à Besançon:
l'effet KissCool de la sauce à la Strato
Tommy Castro, 11/4/99 (photo Jocelyn Richez)


Au New Morning: la Strato et la sauce

Date: 9 Mars 2000
De: Arnaud Labouebe <arnaud_vh@yahoo.fr >

Comme l'indique le sujet, ce soir j'étais au New Morning pour y voir et entendre Tommy Castro dont, je dois bien reconnaitre, je ne connais aucun album. Donc j'étais au New Morning et qu'ai je vu ? En première partie, un groupe de blues chantant en français un blues dont la maitrise instrumentale était sans faille. Ils ont, parait-il plusieurs albums à leur actif dont les deux derniers chez dixie frog.
Après une petite heure de chauffe, notre bluesman de l'ouest prend sa strato et envoie la sauce. Et là, j'en suis toujours pas revenu. Moi qui ne connaissais pas, je suis passé de l'état d'ignorant à celui de fan. Le monsieur Castro nous a délivré son "soul blues" (dixit le chef de cérémonie) d'une qualité fantastique. Le bonheur communicatif des musiciens ajouté à leur maitrise des morceaux m'ont régalé durant deux heures.
Ce qui est remarquable dans chaque morceau c'est que les musiciens y font transparaitre leur plaisir de jouer et leur entrain. Ces mêmes musiciens, en plus de la musique assurent le spectacle notamment l'excellent bassiste et le batteur qui passe son temps à dévisser sa charley tout en jouant d'une main. Tommy Castro en instrumentiste et compositeur avisé a bombardé le public de solos, jamais démonstratifs, apportant toujours un plus à la chanson. Partageant souvent les espaces solos avec son saxophoniste qui bien que seul cuivre sonnait comme une section complète. En plus d'être un guitariste de très haut niveau, c'est un chanteur avec une authentique voix soul qui sait se faire blues quand la circonstance le requiert.
Tommy Castro et Benoit Blue Boy, 11/4/99 (photo J. Richez) 
Tommy Castro et Benoit Blue Boy
Tommy termine son set devant un public en ébulition qui ne veut qu'une chose: plus de musique. En gentleman artiste bien élevé il revient donc pour un rappel. Là, il demande à Benoit Blue Boy de venir sur la scène déja fumante. Autant le dire tout de suite, je me suis revu une semaine en arrière au st louis blues quand les harmonicistes avaient fait parlé la poudre. Les solos s'enchainent et le premier titre se finit.
Pas au bout de nos surprises, pour le deuxième morceau, Tommy cède sa place à Franck Ash pour un chicago blues où la guitare, le sax et l'harmo joueront au chat et à la souris pendant près de 8 minutes. Nos deux invités surprises quittent la scène, l'homme à la strato reprend le contrôle de ses troupes pour un "Sex Machine" anthologique, histoire de nous prouver une dernière fois que la soul, il connait.
Une troisième personne aurait pu et aurait dû monté sur scène. Je parle de Patrick Verbeke, lui aussi présent ce soir qui nous aura donc juste gratifié de sa présence. C'était un concert mémorable que je ne suis pas près d'oublier.

photos 1 et 2: Tommy Castro au New Morning, Paris, Avril 1999, Jocelyn Richez <jrichez@hotmail.com>)


A Besançon: le 2ème effet KissCool

Date: 23 Mars 2000
De: Didier TABERLET <Didier.Taberlet@u-bourgogne.fr>

La première fois que j'ai vu Tommy Castro sur scène, c'était lors d'un festival. Je n'étais pas spécialement venu pour le voir lui, je ne le connaissais d'ailleurs qu'à travers l'écoute en survol d'un de ses albums, écoute superficielle de plus et qui m'avait laissé l'arrière-goût d'un enième clone de SRV.
Tommy Casro , Avril 99, Salaise sur Sanne (photo Didier Taberlet) J'ai quitté le festival en question subjugué par le concert que je venais de voir. Aussi, quand j'ai vu que ce guitariste originaire de San Fransisco passait près de chez moi un an plus tard, je n'ai pas hésité à effectuer les 90 kms qui me séparaient du lieu du concert pour revivre une deuxième fois l'événement.
Et là, nouvelle claque, le deuxième effet KissCool en sorte : j'ai bien cru que les pierres du caveau dans lequel il se produisait allaient se déceler sous l'effet de l'énergie dégagée.
Comme le décrit très bien Arnaud dans son article sur le concert du New Morning, Tommy Castro offre sur scène un spectacle de qualité, sur tous les points de vue. Même si on ne possède aucun de ses albums, tout amateur de blues ainsi que tout musicien, quel que soit son style musical, devrait voir Tommy Castro en live, ne serait-ce que pour assister à une façon sublime pour un groupe d' approcher la scène.
Il possède une vraie présence, il vit sa musique et semble s'y investir. L'expression de son visage quand il joue, même au bout de 2 heures de set, ne trompe pas : il garde un sourire béat.
Mais une partie du succès de Castro vient aussi de son groupe, ils sont un modèle de cohésion et d'unité, leur philosophie de la musique ne se rencontre que très rarement, et comme le dit Tommy dans l'interview incluse dans son dernier CD live, "I found the right musicians to play with".
A l'heure où de nombreux jeunes guitaristes blancs s'attachent à copier ou à se prendre pour quelqu'un d'autre, Castro s'avère être une école de savoir vivre.
photo 3 : Tommy Castro à Salaise sur Sanne, Avril 1999, Didier Taberlet <Didier.Taberlet@u-bourgogne.fr>

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Catfish Keith:

l' A.D.C.G. porte plainte...
couverture video Catfish Keith

Date: 5 Mars 2000
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>

Il y a des jours où on bénit le ciel de ne pas être né corde de guitare et de ne pas avoir été tendu entre le chevalet et le sillet de la National Reso-Phonic de Catfish Keith... Les basses sont percutées sans ménagement d'un onglet qui, bien qu'en plastique, les frappe sans relâche, alternant en rythme de l'une à l'autre ou au contraire s'évertuant à en torturer une, sans doute choisie au hasard par le perfide poisson-chat. Quant aux aiguës, elles ne sont pas mieux loties: tordues dans tous les sens, pincées, frappées... Et quand Keith les caresse, c'est avec un goulot de bouteille ou une barre de fer!

On comprend donc mieux pourquoi l' A.D.C.G. (Association de Défense des Cordes de Guitare) n'a pas hésité à porter plainte contre Catfish Keith. Le fait qu'il soit actuellement un des meilleurs guitaristes de blues ne saurait lui servir d'alibi. Le fait que ses idoles s'appellent Son House, Charlie Patton ou Mississippi Fred Mc Dowell non plus.

Tel le Ying et le Yang, le Mi grave et le Mi aiguë, Catfish Keith a en effet deux visages: derrière l'ignoble cordophage se cache un véritable génie du blues. Il a enregistré son premier disque à vingt-deux ans (1984) et s'est tout de suite fait un nom dans le monde du blues acoustique, ce qui lui a notamment permis de jouer avec, excusez du peu, des légendes telles que Johnny Shines et David Honeyboy Edwards.

Ses album "Pepper In My Shoe!" (1991) puis "Jitterbug Swing" (1992) confirment le talent de Keith qui est récompensé par le W.C. Handy Award "Best Acoustic Blues Album of 1992" et est sacré "New Slide King of The National Steel Guitar" par la British Blues Connection. Il y en a qui auraient pété les plombs pour moins que ça, mais Catfish Keith ne s'est pas endormi sur ses lauriers et enregistre "Cherry Ball" en 1993.

En 1995, encore un "Best Acoustic Blues Album" pour le disque "Fresh Catfish", suivi de près par "Twist It Baby" (1997) puis enfin "Pony Run" en 1999. Ca nous fait donc sept disques qui placent Catfish Keith parmi les plus grands guitaristes de blues, au talent reconnu aux Etats-unis et en Grande Bretagne, mais méconnu en France où ses disques ne sont pas distribués. Grave erreur qui sera sans doute réparée dans quelques mois, quand Catfish Keith aura joué et chanté au Festival de Blues de Cognac 2000 où il doit se produire (ceci grâce à Travel In Blues, puisque c'est par leur intermédiaire qu'il est rentré en contact avec les organisateurs de ce festival!).

En attendant, il est urgent de ne pas attendre et de découvrir Catfish Keith (en allant sur son site http://catfishkeith.com où sont proposés des extraits audio, et où on peut également commander le disque) et son style de finger-picking flamboyant.

Catfish Keith: Pony Run Son dernier disque ("Pony Run") est un hommage au blues traditionnel, revu et corrigé avec respect et talent par Catfish Keith, brillamment accompagné sur certains morceaux par le piano swingant de Radoslav Lorkovic. Muni de sa National Reso-Phonic, de sa voix et de ses pieds (dans le rôle des percussions), Catfish interprète à sa façon des vieux traditionnels et des titres venus de légendes telles que Lonnie Johnson, Blind Lemon Jefferson, Robert Petway, Tommy Johnson... Loin de l'imitation de ces bluesmen, Catfish Keith nous livre son âme dans cette musique immortelle.

Ah! que c'est bon de découvrir encore qu'il existe des joueurs de blues de cette envergure, ouvrant encore de nouveaux horizons au blues acoustique! Si vous aimez ce style de musique, il faut connaître Catfish Keith; si vous voulez défendre les cordes de guitares maltraitées, adhérez sans tarder à l' A.D.C.G. . C'est un choix. Après réflexion, je choisis Keith, le poisson-chat...

En savoir plus sur Catfish Keith: http://catfishkeith.com

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Blues Qui Roule:
Sur l'pont de Nantes,
un Blues y est donné

Date: 8 Mars 2000
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr >

Avant (juste à la fin du siècle dernier), il y avait bien du blues à Nantes, mais ça ne se savait pas tellement... La belle Hélène voulait bien y aller, avec sa robe blanche et sa ceinture dorée, mais elle ne savait pas trop où elle pourrait bien écouter du bon gros blues qui tâche. Cette grave lacune est aujourd'hui comblée grâce à la naissance de l'association Blues Qui Roule en décembre 1998.
Cette association n'est pas sortie du néant: créée par des fans de blues, la plupart musiciens, elle a très vite regroupé plus de quarante adhérents. Fondée sur la base du double constat malheureux que les groupes de blues de la ville de Nantes restaient méconnus et que le blues en général était sous représenté dans la programmation des salles nantaises ou de son agglomération, l'association s'est fixée deux objectifs:

Pour le premier volet, ça démarre très fort avec les groupes "Eric C. & The Blues Syndicate", "Malted Milk", "Scratch My Back", "Blues Hang Out", "Mississippi Mud" et la "Sale Company"! Voilà des noms qui ne cachent pas le style musical interprété, du blues rural au blues urbain, et le CD-démo de l'association témoigne du niveau de ces groupes dont (actualité brûlante) l'un d'eux vient de sortir un album (" Peaches,Ice-cream & Wine " de Malted Milk , distribution MSI) qui devance de quelques semaines celui très attendu d'Eric C.
Cela va donc bien plus loin que le seul contexte régional, et ces groupes devraient très prochainement compter sur la scène blues nationale.

Blues Qui Roule, rendez-Vous de l'Erdre 1999Pour le deuxième objectif de l'association, tout était à faire et ça a attaqué très dur! Après un boeuf mémorable en avril 99 (la péniche a failli couler sous le poids des spectateurs!) ce furent les "Rendez-Vous de l'Erdre" en septembre 99, festival musical dont le thème était judicieusement approprié cette année là: la Louisiane! La jeune association en a donc profité pour montrer aux nantais (et au passage aux organisateurs de spectacles) qu'à côté de Zachary Richard ou autres groupes venus des Etats-Unis, il y avait un plateau de qualité dans leur propre ville.
Et ça continue, voici quelques dates à venir qui en témoignent: le 21 Mars 2000, Luther Johnson Jr; les 7 et 8 Juillet, organisation d'un festival à Pornic; Septembre: "Les Rendez-Vous de l'Erdre 2000"!

L'association ne manque pas d'idées et de projets, et si elle a découvert les affres des problèmes d'intendance, elle a allumé une étincelle qui risque bien de devenir un feu de tous les diables! En tout cas, Blues Qui Roule est une très bonne initiative qui prouve encore une fois que le blues reste une musique vivante, avec un véritable vivier de talents qui ne demandent qu'à s'exprimer. le public est là, tout près de nous... il suffit simplement de lui donner l'occasion d'entendre du blues!

Contact:
Blues Qui Roule, 7 rue des Pont-De-Forge 44240 La Chapelle/Erdre
Président: Alain Leclerc 02.51.76.18.01

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interview exclusive:

Charlélie Couture parle du Blues

De: Olivier "Mad Shuffle" Duvignac <olive20@club-internet.fr>

S'il est un artiste résolument atypique dans le paysage musical français, c'est bien CharElie Couture... Entre variété mélodique, blues hardcore et rock progressif, CharlElie trimballe sa silhouette charismatique depuis maintenant plus de vingt ans au gré de son inspiration et dessine par petites touches une oeuvre finalement sans compromis. Brève rencontre à l'occasion de la sortie de son album "Soudé Soudés" chez V2...

LGDG : On va sortir un petit peu des sentiers battus de la promo de ton nouvel album "Soudé Soudés" pour discuter un peu plus généralement de blues comme tu l'auras deviné...Quels que soient les styles que tu abordes sur tes disques ou sur scène, comme par exemple ces beats presque techno sur ton nouvel opus, on remarque très souvent un background blues, une teinte roots dans tes morceaux. Le blues a t-il été une influence précoce dans ton songwriting?
CC : J'ai en fait appris la musique d'une manière plutôt classique, feue ma grand mère a longtemps supervisé mes études de piano, (solfège et harmonie) mais j'ai appris la guitare de manière autodidacte, et les premiers accords qui e sont venus étaient inspirés par les disques que ma mère avait rapportés des États Unis où elle avait enseigné.

LGDG : Quand tu attrapes une guitare ou que tu t'installes derrière ton piano, est-ce que c'est le style qui te vient le plus spontanément?
CC : Je ne sais pas… J'aime les répétitives de John Lee Hooker, le rural de Taj Mahal, le son de Johnny Reeves, la voix de Slim Harpo, les approximations de Lightning Hopkins, les pulsions du sud d'Albert King (même si elles ont quelques similitudes avec celles de Dr John), il y a le blues de Chicago des années 35/40, il y avait aussi ce disque de Johnny Rivers dédié à John Lee Hooker et la poigne de Studebaker John. Quand je me mets au piano, c'est plus harmonique. Tom waits m'a décomplexé jadis, mais au piano c'est autre chose, je ne peux pas oublier tout ce que je sais

LGDG : Sur "Soudé Soudés", cette impression est renforcée par l'absence - étonnante? - de piano, au profit de la guitare.
CC : Hormis sur "Une main dans la mienne", blues lent, joué live au piano avec mes autres acolytes Alice Botté, Sara Murcia, Arnaud Dieterlen.

LGDG : Est-ce que c'est le fait de pianoter ou de gratouiller à un moment donné qui te donne l'inspiration pour écrire, ou bien est-ce que tu te rues sur ton instrument pour mettre en forme une idée qui te vient à l'esprit?
CC : Les idées me viennent souvent ailleurs. Quand je voyage ou sur d'autres instruments que les miens, en fait beaucoup de thèmes me sont venus sur mon scooter... L'arrangement est en évolution permanente, quand j'enregistre il peut changer à la dernière minute, l'arrangement est un empilage harmonique si j'ai une idée assez précise de ce que je cherche, je ne sais jamais comment je vais l'atteindre.

LGDG : Keith Richards se plaît à dire qu'on n'écrit pas une chanson, on se contente de l'attraper alors qu'elle flotte dans l'air, autour de nous, la difficulté étant justement d'être assez attentif et ouvert pour la saisir au vol. Adhères-tu à cette approche ou bien as-tu une vision plus préméditée du processus d'écriture?
CC : Ca dépend, entre le moment d'inspiration première et l'enregistrement, il se passe tellement de temps... J'ai beaucoup de chansons d'avance dans mon ordinateur, des idées, des centaines d'ébauches, j'en ai tellement que je ne les enregistrerai jamais toutes, sinon je saturerais... les chansons doivent savoir attendre.

LGDG : Un aspect intéressant de tes compos est cette qualité presque cinématographique des textes que tu écris, avec des personnages forts, présents, sur lesquels on sent que tu prends plaisir à t'attarder. Est-ce qu'il t'arrive d'envisager une compo de la même façon que tu envisagerais une peinture, un dessin ou une série de photos?
CC : Il y a une interaction entre les différents modes d'expressions que je pratique. Le disque " Casque nu " m'a fait progresser à l'intérieur de moi, du coup j'ai pu finir " le Couloir des Brumes " - une série de nouvelles parues au Pré au Clercs , par ailleurs sous-titrée " Histoires d'amour entre rêves et réalité " . Quand je me suis remis à peindre, ce que j'ai trouvé avec ces papiers froissés marouflés m'a fait dire: voilà à quoi doit ressembler le prochain album...

LGDG : Est-ce que tu es séduit par cette iconographie de bluesman qui longe les voies ferrées, de juke-joints en motels, et qui peint avec sa voix et sa guitare la moindre scène de rue qu'il croise? Cette vision très romantique de Robert Johnson et consorts, ou de son équivalent countrysant Hank Williams???
CC : Le blues est une question. Une question existentielle, les blues, au départ se tourne vers Dieu et lui demande: dis donc, seigneur, pourquoi m' as-tu mis dans un tel pétrin ??? Après ça se simplifie, mais la question reste toujours posée. Aujourd'hui elle existe toujours, mais au lieu de se trouver au bord des voies ferrées, c'est au bord des autoroutes, dans les banlieues, ou dans les grandes avenues du business où évoluent les princes de la finance, que viennent se poser les grandes questions d'être. L'iconographie a changé, c'est tout. Le rythme des questions n'est plus le même mais le blues ne répond pas. Il interroge.

LGDG : Pour ton album précédent, "Casque nu", tu es parti enregistrer à Chicago avec des musiciens du cru. Est-ce que c'était spontané ou bien ça correspondait à un projet, un rêve que tu gardais dans un coin depuis longtemps?
CC : Sûrement, même si cela s'est décidé vite. Je l'avais déjà fait à NY et surtout en Australie, mais aussi, le fait d'aller là bas, jouer cette musique avec ceux qui la pratiquent nuit et jour ressemblait à un défi.

LGDG : Est-ce que tu as surpris les musiciens avec lesquels tu as travaillé?
CC : Je crois, au début, ils ne comprenaient pas très bien ce qui se passait, parce que mes harmonies sont un peu particulières, et ils jouent le blues d'une manière rigoureuse, quasi dogmatique, ils n'aiment pas tellement sortir du schéma. Mais une fois qu'ils ont compris ce que je cherchais, alors l'appréhension du départ est devenue du respect, et ils m'ont dit: OK, toi, tu ne viens pas pour te moquer de nous, toi tu joues le blues de l'intérieur, c'est rare, et cette sincérité les a touché.

LGDG : Tu as d'ailleurs joué à la "House Of Blues" de Chicago devant un parterre d'autochtone, quel impression ça fait pour un français?
CC : Pour moi c'était comme un dépucelage. Oser aller jouer leur musique, chez eux, devant eux, sur cette scène mythique... oui j'avais le trac, mais après ils m'ont accepté pour l'un des leurs, et quand quelqu'un te fait savoir qu'il te respecte, justement parce que tu fais ce que lui même ne saurait pas faire... ça n'a pas de prix!!

LGDG : Le fait d'avoir un style si particulier et original même en jouant du blues aide-t'il face à ce public, ou bien ne se demande t'on pas à un moment donné en transpirant à grosses gouttes si on ne ferait pas mieux de balancer un bon gros shuffle à la Stevie Ray Vaughan?
CC : Le gens prennent ce qu'on leur donne. Si c'est bien fait, il n'y a pas de problème.

LGDG : A propos de ça, tu te tiens au courant de se qui se fait actuellement dans cette musique? Est-ce que tu es attiré par ces jeunes artistes un peu irrévérencieux jugeront certains comme G.Love & Special Sauce, Beck, les Fun Lovin' Criminals, qui mélangent background blues, jazz, country, folk avec des éléments hip-hop, noisy, etc?
CC : En plein dans le mille ! Sur mon dernier album j'en remercie un certain nombre parmi ceux que tu as cités mais aussi Eels, Ben Harper, Soul Coughing, Arthur Joseph et d'autres encore…

LGDG : Y a t' il des artistes dont tu te sentes proche dans la démarche actuellement?
CC : Heureusement! Sinon, ce serait trop angoissant… Je peux citer vite: Brian Eno, Durutti Column, Massive Attack, Perry Blake, Eagle Eye Cherry, Nick Drake etc... Il y en a eu et il y en aura beaucoup d'autres

LGDG : Si je te demandais de me graver un CD avec une dizaine de tes titres blues favoris, quelle serait ta sélection?
CC : Je ne sais pas, ce serait long… Un Tom Waits au choix, John Lee Hooker et son Boogie Chillun, Two Time Boogie de Studebaker John , Canyon Home deJohn Mayall, et puis pour la suite, choisis dans la liste de tous les noms que j'ai cités…

Propos recueillis par Olivier "Mad Shuffle" Duvignac

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Boeuf Travel In Blues:
Biiiiggggg Brazoooooossssss!!!!

Date: 2 Mars 2000
De: Jean-Pierre "lbop" Bourgeois <lbop@jpbourgeois.org>

Bon,... voici ce que j'ai retenu en tant que doyen très entamé.
le Doc et Patinus Le gratin de LGDG était représenté, sauf notre Oli bloqué au fin fond de la forêt de Brocéliande, soumis aux charmes de la fée tutélaire, ainsi que Bibi, retenu par un os à moelle. Donc, sourires, rigolades, rinçages de dalles et toutes ces sortes de choses.
Côté musique, le Doc et ses sbires ont fait leur office, le Doc, sa barbe et son sourire prenant une stature de plus en plus affirmée.
Droux the droux a assuré la basse avant de faire le chant. (mais où s'arrètera-t-il?).
Pierrot Mississippi Mercier Le Pierrot a été vu tâtant son dobro avec un rescapé du Mont St Michel. Je dis bien " vu ", car la sonorisation était légèrement faiblarde, malgré les tentatives du Bruno (encore lui). C'est donc officiel: Pierrot a enfin joué au boeuf Travel.

Stan Noubar pacha et Etienne Guillermond Du côté des experts, j'ai apprécié Monsieur Strato, le grand Stan Noubar Pacha lui même qui a réussi à piquer la mapple neck de notre Johny Guitar.
Ensuite, le fou au lap steel de " The Duo ", celui qui ressemble toujours à un employé aux écritures et qui vous démontre définitivement qu'un blanc peut jouer le blues. Très sympa, interviewé par lbop et Bruno (encore) sur la nature exacte de son instrument (de musique).
Indescriptible d'agressivité musicale. Un grand, mais pas par la taille.
Son compère, toujours à l'aise à l'harmonica entraîne un goupe d'harmonicistes dans un combat blueseux mais fraternel.
Et maintenant, le distributeur de grandes claques: Un petit gros (encore) à moitié chauve , se prenant pour un pianiste, arrive et commence à défaire le drap qui recouvre le piano. " Gaffe, les mecs, il cherche à piquer le piano ", hurle Bruno (encore lui!!!).
Jean-Pierre lbop Bourgeois Pendant ce temps, le grand Stan et ma pomme étions occupés de concert à essayer de faire tenir debout ce 'tain de bar instable. Petit boeuf au piano/chant du tondu. Pas de vagues, c'est calmos. Puis, voilà t'y pas que ce gugus emprunte la strato de Johny et se met à jouer. Pif paf, aller et retour en pleine tronche, la grande claque, le trou noir, the big bang. Résumé de la conversation avec le grand Stan: " Ca tombe bien qu'il ne sache pas jouer, y'aurais plus qu'à se tirer une balle. Puis: " et si on allait quand même s'en tirer une...., tu bois quelque chose? " Le stan était moins surpris que moi: " mais, tu le connais, pas? il a joué avec les plus grands, c'est une vraie bête ". Dis, René qui c'est? [ René: "Jonathan Kalb! Son mentor s'appelait Lightnin' Hopkins, avec qui il a beaucoup joué, avec de rencontrer TOUT le gratin de blues made in U.S.A."]. Y'a des énervants comme ça, il prennent n'importe quel instrument et t'as l'impression que la musique coule toute seule. Salauds de connards surdoués.
Résumé: soyez petit gros et chauve et la vie est à vous.
J'oubliais: et souriant.


photos de Jocelyn Richez <jrichez@hotmail.com>
légendes: Big Brazos, Docteur Blues et Daniel Boeing Patin, Stan Noubar Pacha et Etienne Guillermond, Pierrot Mississippi Mercier, Jean-Pierre lbop Bourgeois.

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Et alors,
Roscoe Chenier à Tremblay,
ça l'a fait ou pas ??

Date: 19 Mars 2000
De: Jocelyn Richez <jrichez@hotmail.com >


Le titre de cet article est en fait une question qu'a posé Didier Taberlet à Jocelyn Richez (sur la liste de diffusion LGDG). Ce dernier aurait pu répondre d'un simple "oui", mais fidèle à son habitude, Jocelyn argumente sa réponse de manière magistrale!

Roscoe Chenier (photo Jocelyn Richez) Gros succès pour Roscoe Chenier à l’Espace JR Caussimon (Tremblay) qui était plein à craquer (bon, c’est vrai que ce n’est pas le stade de France…)
Ma première surprise fut de voir qu’il n’y avait pas de 2nd guitariste ce qui est le cas sur tous ses CD (c’est généralement Charles Tyler qui assure ce rôle que ce soit sur les CD sur le label d’Opelousas « Vidrine records » ou lors de ses précédentes tournées, c’est Jan Mittendorp qui l’a remplacé sur le CD « Roscoe style » sorti sur le label « black & Tan »). Donc, forcément ça a un peu modifié sa façon de jouer et on a pu le voir jouer des accords plus souvent que d’habitude, lui qui à l’image de B.B. King a un jeu essentiellement mélodique basé sur des phrases courtes et un vibrato omniprésent. Compte tenu aussi de ses accompagnateurs qui comme nous l’indiquait Didier n’ont pas l’habitude de jouer avec lui, son répertoire s’en est trouvé modifié. Il a ainsi peu joué ses compositions personnelles laissant place à des standards dont certains sont incontournables comme « raining in my heart » ou « sugar coated love » (sortes d’hymnes du swamp blues) mais aussi des morceaux beaucoup plus surprenants comme « stormy monday », « something you got »,« Hoochie coochie man » pour finir par « Sweet home Chicago » ! ! ! Véridique !
Mais, à chaque fois ces morceaux étaient joués à la sauce (piquante bien sûr) Roscoe Chenier c’est à dire assez sérieusement revisités.
Ces petites remarques faites, je dois avouer que Roscoe Chenier m’a encore fait passer une excellente soirée de blues. Cet impressionnant gaillard au physique massif (typiquement Louisianais) un peu à la Freddy King est apparu dans une chemise rouge vif avec un col de 3 Km de long qui devait être à la mode au début des années 70. Comme précisé précédemment, il a joué beaucoup moins dans le style B.B. King que d’habitude montrant qu’il avait plus d’une corde à son arc (Heu… à sa guitare). Mais c’est toujours sur les blues lents qu’il est le plus à son aise comme il nous l’a montré sur une magnifique interprétation de « 19 years old ».
Il s’est montré un excellent chanteur qui ne force jamais sa voix (il faut dire qu’il a du coffre). Son jeu de guitare sans être celui d’un virtuose a tous les ingrédients pour satisfaire un amateur de blues comme moi. Son jeu de scène reste très sobre, mais en plusieurs occasions, il a eu certains gestes et des sourires qui ont bien montré son plaisir de jouer à Tremblay devant un public aussi réceptif.
Quand à ses accompagnateurs néerlandais particulièrement jeunes, ils ont eu le bon goût de savoir s’effacer quand il le fallait pour laisser la vedette à Roscoe et mettre en valeur son jeu. Le batteur notamment a fait bonne impression. Le bassiste était déjà venu avec Smokey Wilson. Mais la réussite de cette soirée tient aussi à l’organisation de l’espace JR Causimon, avec un accueil conviviale des petits prix et une sono parfaitement réglée qui évite le piège classique de l’accès de décibels.
Enfin, j’avoue avoir été conquis par la disponibilité et la gentillesse du colosse Louisianais qui après le concert est venu longuement à la rencontre de ses fans, dédicaçant une grande quantité de CD et d’affiches et se faisant prendre en photo avec un peu tout le monde.
Bref, c’est à juste titre que Roscoe Chenier a fait un triomphe hier à Tremblay.

Jocelyn « plus fan que jamais de Roscoe » Richez
photo: Roscoe Chenier à Tremblay, Mars 2000 © Jocelyn Richez

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MALTED MILK
Peaches, Ice Cream & Wine


Date: 11 Mars 2000
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>

Malted Milk... ce nom fait bien sûr référence à la célèbre boisson (lactée?) dont tout abus serait dangereux pour la santé. Mais ça ne laisse aucun doute non plus sur le type de musique interprétée par les quatre nantais qui composent le groupe: du blues, rien que du blues! Ne cherchez pas dans leur premier disque ("Peaches, Ice-Cream & Wine") une tentative de mondiale-musique consensuelle: c'est du Chicago Blues, point barre.
Et ça, c'est pas franchement pour nous déplaire! Parce que le Chicago Blues, c'est de toute façon un style ouvert permettant à chacun d'apporter sa propre touche et ses influences. Alors les Malted Milk jouent un Chicago Blues swingant, teinté de funk où l'influence zydéco est parfois évidente.
Arnaud Fradin (guitare électrique, lap steel et chant), Emmanuel Frangeul (Harmonica), Michel Cato (batterie) et Jean-François Vincendeau (basse/contrebasse) composent ce quatuor qui existe depuis deux ans et fait preuve déjà d'une grande maturité musicale. A noter la présence sur plusieurs titres du guitariste Eric Chambouleyron dont, à mon avis, on n'a pas fini d'entendre parler (en bien!).
CD Malted Milk Le disque commence par un instrumental maison (Willy's Boogie) qui annonce la couleur: si ce morceau ne vous fait pas taper du pied tout en hochant la tête en rythme, c'est que vous êtes sourd! Le second titre, après une intro bayoulesque (Straight Woman Blues) nous montre qu'en plus d'être des musiciens inspirés, ils ont un chanteur au timbre de voix et au swing qui collent parfaitement à leur musique. Trois autres compositions du groupe sont sur le disque: Jumpin'Jack Swing, Peaches Ice Cream & Wine et Blue Devils. Ce dernier titre étant le seul blues lent de l'album, profitez-en pour boire une bière ou faire les yeux doux à votre voisine (ou votre voisin si vous êtes une voisine), au choix, mais n'oubliez pas de continuer à hocher de la tête en rythme.
Côté reprises, on trouve des titres de Luther Johnson Jr, Albert Collins, Hound Dog Taylor et Albert King, revisités dans le plus pur respect des maîtres de la Sweet Home Chicago qu'a chanté le grand amateur de Malted Milk qu'on connaît. C'est donc un album à consommer sans modération par tout amateur de blues, le premier disque d'un groupe qu'il ne faut de toute façon pas rater si vous avez l'occasion d'assister à un de leurs concerts.

Contact: Blues Production 0251723346 ou Blues Qui Roule 0251761801
réf du disque: MALTED MILK, "Peaches, Ice Cream & Wine", Blueside/MSI, 1999, BLSCD 03/99

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soirée Outside Records:
le CD de Jesus Volt

Date: 29 Mars 2000
De: Docteur Blues <jtravers@europost.org>


Invité par email à la sortie du disque de Jesus Volt par le Label français Outside Records (qui a déjà sorti le très remarqué Tribute to Lee Brilleaux) je décide d'aller y faire un tour, voir ce que ça donne.
En bon pro, je me pointe pour le dernier set, guidé par la zique, j'arrive au sous-sol du squatt de la Grange aux Belles. La salle est sombre, un brin crade, après le "qu'est-ce que je fous ici", et la musique qui ne me prend pas par les sentiments, le groupe me cueille à froid avec 2 titres du Wolf, la claque. Bullshit ! ils ont l'esprit blues aussi pur que le maître lui-même, ça transpire blues, ça leur colle à la peau...

Je repère très vite le boss du label et je me pointe : "Salut ! c'est Docteur Blues... Pas eu le temps de venir aux balances, désolé. "
Le mec ne m'en veut pas et il me tend "Always Drunk, Never Sad" le petit dernier de ses protégés." Écoute ça et dis moi ce que t'en pense... "
Après une petite discussion au bar autour d'une bière maquillée de la pochette de Jesus Volt. Je me sens revenu dans un club londonien des années soixantes tant la musique est chargée d'un Blues-Rock puissant. ça doit être le changement d'heure, l'espace temps troublé, je me rentre.
CD de Jesus Volt Le lendemain, je me jette sur le CD, histoire de vérifier si je n'ai pas rêvé... Re-Bullshit ! Le CD est bien là, le son aussi, aussitôt les influences se mélangent, on reconnaît les Doors, Tom Waits, Hendrix, les premiers ZZ Top ou encore Doctor John et Screamin' Jay Hawkins. De la Fusion pure, qui fait passer G-love Special Sauce ou les Cowboy junkies pour des rigolos. Pourtant le groupe n'emploie pas les codes usuels du blues : le Nom : Jesus Volt ? La pochette, un rien Punky-Kro, nous présente la famille déjantée. Pour les titres "Checking upon my babe" un boogie qui reste mon favori. One Way Out, un morceau fusion à la Gallagher où le guitariste s'en donne à coeur joie, la reprise des Cure "A forest" merde je passe du Cure sur ma chaîne !!!, "Coda man" le morceau de bravoure du groupe qui les résume bien avec des changements de rythme à couper les pattes et pour clore l'album "Honey what's your name" un blues lent tout en atmosphère. En bref, 12 titres de qualités égales, ce qui est rare pour un premier album aussi personnel.
Jesus Volt tourne en trio, le groove de Lenine McDonald à la basse, la guitare de Mr Clit Tao, impressionnant sur une acoustique survitaminée à la disto et la voix de forçat de Lenny Shon, lequel distile également de longs souffles ennivrés d'harmo (ah, je l'aime cette formule), l'homme aime le Four Roses et hait les Beatles ! Le Trio est aidé dans sa tache par Mickey au Dodro, Tony Shon et Magic Doudous aux drums.
Si le Blues a un avenir en France il faut dès maintenant compter avec Jesus Volt...
Amateurs de métissage, sautez là-dessus comme des affammés ! A découvrir en live au Plan le 7 mai en première partie de Andrew Williams et au mois de juin en première partie de Little Bob à la Maroquinerie à Paris...

Autre découverte Outside-records : le trio blues américain Imperial Crowns, piliers des House of Blues dont le 1er Cd sera dans les bacs en cette fin de mois de mars.

Pour en savoir plus, visitez : www.outside-records.com et écouter des inédits de Jesus Volt en MP3 (bientôt en ligne).

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Somebody Hoodooed The Hoodoo MAN

Glossaire Blues: part 2/3


Suite du "glossaire blues" de Jean-Paul Levet qui nous éclaire sur les termes bien particuliers employés dans le blues. Rappelons que cet article est tiré du livre "Talkin' That Talk" (dont le sujet est le langage du blues et du jazz) sur lequel Jean-Paul Levet travaille à nouveau afin de le compléter, et fait suite à l'article "Les Pratiques Magiques dans le Blues" paru dans Soulbag.

Date: 5 Mars 2000
De: Jean-Paul Levet <jplevet@afpa-inmf.com >

14. GOOFER

Goofer dust : Mélange dont les ingrédents de base sont de la boue prise dans un cimetière, du sel et de la poudre de sulfure ; d'autres ingrédient, peuvent être adjoints (tête de serpent ou os broyés, poivre rouge ou blanc, peau de serpent, d'herbes en poudre…) utilisé dans le hoodoo pour jeter le mauvais œil sur un concurrent de n'importe quelle nature. Répandue devant la porte d'entrée elle protège du mauvais oeil; quand elle est brulée par un root doctor, elle permet de jeter un sort; saupoudrée sur l'oreiller, elle est censée provoquer la mort du dormeur...

Gettin' sick and tired of the way you do 'Time, mama, I'm gonna pizen you
Sprinkle goopher dust around your bed
Wake up some mornin', find your own self dead.

I don't know, Cripple Clarence Lofton (1939)


Pour se prémunir de la "poussière goofer", le port à la cheville d'un bracelet avec 9 Devil's shoestring et une dime en argent est recommandé, mais jeter du sel dans les coins de la maison, laver ou balayer le sol sont aussi utilisés pour éviter au mal de "d'empoisonner les jambes" (poison the legs).

The gypsy woman told my mother
Before I was born
`You got a boy child comin'
Goin' to be the son-of-a-gun
He gonna make pretty women
Jump and shout...

Hootchie Cootchie Man, Muddy Waters (ca 1952)
15. GYPSY

Tzigane, bohémienne; joue un grand rôle (divinatoire et/ou maléfique) dans de nombreux blues :

16. HAND

Hand, lucky hand, hoodoo hand, voodoo hand ou mojo hand : cf mojo hand

Dans cette acception, hand dérive peut-être de "Lucky hand root" (un ingrédient pour amulette à destination des joueurs, nom d'une racine d'orchidée assez rare ou de l'utilisation d'os de la main dans la fabrication des mojo.
Lord, I know many of you mens,
Wondering what the snake doctor got in his hand
He's got roots and herbs
Steals a woman, man, everywhere he land

Snake Doctor Blues, J.D. Short (1932)

One night I was layin' down
I feel so bad, so low, so low
Blues came along
Heal me heal me

The Healer, John Lee Hooker (1989)


17. HEAL

Guérir, cicatriser

Healer : Guérisseur, guérisseuse
Blues is the healer
All over the world
He heal me
He can heal you

The Healer, John Lee Hooker (1989)



18. HELL HOUND

Selon Samuel Charters, cette image fait probablement référence aux `chiens de l'enfer' promis aux pêcheurs coléreux par les églises noires
I got to keep moving (2)
Blues falling down like hail (4)
And the day keeps on mindin' me
There's a hell-hound on my trail
Hell-hound on my trail (2)

Hell Hound On My Trail, Robert Johnson (1937)

19. HEX

Sortilège, mauvais sort
Won't you tell me baby
Who can your good man be
I woke up this morning baby
With a hex all over me

I Couldn't Stay Here, Charly Jordan (1936)

I got a black cat bone
I got a mojo too
I got John The Conqueroo
I'm gonna mess with you
I'm gonna make you girls lead me by my hand
Then the world'll know
I'm a hootchie cootchie man.

I'm Your Hootchie Cootchie Man, Muddy Waters (1953)
20. HOOTCHIE-COOTCHIE (Hootchy-Kootchy, Hooch)

Féticheur, personne douée de pouvoirs magiques

21. HOT FOOT POWDER (HOT FOOT OIL)

Préparation à répandre ("sprinkling") sur le passage de la victime visée, mélangée avec de la poussière prélevée dans les traces de pas de la personne visée, dans l'objectif de la faire quitter la ville ou de la faire sortir de votre vie .
Le mélange peut également être lancé par-dessus l'épaule gauche dans une rivière, l'envouteur devant s'éloigner sans jeter un regard derrière lui. Dans un environnement urbain où les traces de pas sont inhabituelles, les pratiques se sont adaptées, la poudre étant répandue dans la cour ou les chaussures de la personne visée.

You sprinkled hot foot powder, mmm
Mmm, around my door
All around my door
It keep me with ramblin' mind, rider
Every old place I go

Hellhound On My Trail, Robert Johnson (1937)

I'm gon' cut out playing policy
Because my numbers just won't fall
Somebody's put jinx on me
Oh well, well, and I can't have no luck at all

Cut Out Blues, Peetie Wheatstraw (1936)
22. JINXING

Pratique magique dans laquelle la malédiction, le mauvais sort proviennent d'un mélange d'herbes, de poudres et de liquides divers jeté dans la cour de la victime. Le jinxing est sensé produire du mauvais œil, de la déveine chronique (bad luck).
Jinx désigne ainsi par extension, la déveine, la guigne.

Personne ou objet portant malheur; sort, mauvais sort

23. JOHN THE CONQUEROR ROOT (JOHN THE CONQUEROO)

Racine dite Jean le Conquérant / Jean le Vainqueur. En langage scientifique (ipomoea jalapa)
Sous ce terme on trouve en réalité 3 sortes de racines :
la racine tubéreuse de ipomoea jalapa, proche de la patate douce ou High John The Conquer
la racine de trillium grandiflorum, variété de lis ou Low John, plus rarement appelée The Conqueror
la racine de alpina galanga, variété de gingembre appelée Chewing John ou Little Joh to Chew ; des 3, seule cette dernière est ingérée (mâchée ou en jus)
Cette racine apparaît dans le nombreux préparations magiques et notamment dans la main ou le sachet mojo (cf mojo hand/bag) sensés apporter puissance et prospérité. Elle n'est jamais ingérée (la plante est un laxatif puissant).
My pistol may snap, my mojo is frail
But i rub my root, my luck will never fail
When i rub my root, my John the Conquer root
Aww, you know there ain't nothin' she can do, Lord,
I rub my John the Conquer root
I was accused of murder in the first degree
The judge's wife cried, "Let the man go free!"
I was rubbin' my root, my John the Conquer root
Aww, you know there ain't nothin' she can do, Lord,
I rub my John the Conquer root
Oh, i can get in a game, don't have a dime,
All i have to do is rub my root, i win every time
When i rub my root, my John the Conquer root
Aww, you know there ain't nothin' she can do, Lord,
I rub my John the Conquer root

My John The Conquer Root, Muddy Waters (1964)

I got a black cat bone
I got a mojo too
I got John The Conqueroo
I'm gonner mess with you
I'm gonner make you girls
Lead me by my hand
Then the all world'll know
I'm the hootchie Kootchie man.

Hootchie Cootchie Man, Muddy Waters (1953)
Elle tirerait son nom du surnom d'un esclave (High John the Conqueror) réel ou mythique, réputé être le fils d'un roi africain et dont la vie aurait été un exemple pour ceux qui brulaient de se rebeller mais étaient effrayés de le faire ouvertement. Son habileté à tromper son maître, à le rouler dans la farine était légendaire, ce qui en fit, à l'instar de Br'er Rabbit, un héros dans l'imagerie populaire.

Le talisman le plus puissant, le plus fameux, du folklore négro-américain; il est sensé ramener l'amant(e) infidèle, fortifier son amour ou forcer la chance dans les jeux de hasard:




24. JOMO

Forme inversée de mojo (voir ce terme)
It must be a black cat bone, jomo can't work that hard,
Every time I wake up, Jim Tampa's in my yard

Jim Tampa Blues, Lucille Bogan (1927)

They say there ain't no woman that a man can trust
That they all use juju, and goofy dust
But I don't argue baby
And I ain't gonna make no fuss
'Cause I'm glad, glad, glad, I'm so glad baby
That you put it on me

You Put It On Me, BB King (1968)
25. JUJU

Terme d'origine africaine, aujourd'hui peu usité . Fétiche, talisman gris gris / Celui qui pratique la magie, est doué de pouvoirs surnaturels

26. MOJO HAND (MOJO BAG)

Dans le hoodoo, préparation magique inserré dans un petit sac de flanelle Syn : nation sack (porté uniquement par les femmes), ou conjure bag, hand, lucky hand, root bag, mais aussi toby (dans le Maryland) et gris-gris ; le terme wanga est plus particulièrement utilisé dans les Caraîbes.

La main mojo est généralement portée par celui qui en attend des bénéfices, mais elle peut être placée dans des lieux qu'elle fréquente ; elle ne doit être touchée ou vue que pas son possesseur, au risque qu'elle perde tout effet bénéfique
Just keep your hands off a' my mojo, you can't cut off my luck
Now, keep your hands off a' my mojo, if you ain't got a buck
Time's is hard as hard can be
I don't want no broken man messin' 'round with me
Keep your hands off a' my mojo, you ain't got no time for me

Keep Your Hands Off My Mojo, Leola B. Wilson & Kid Wesley Wilson (1932)

I'm goin' down in New Orleans
Get me a mojo hand
I wan' show all you good-lookin' women
Just how to treat your man

Louisiana Blues, Muddy Waters (1950)

Ce talisman est censé raviver les sentiments amoureux, provoquer le désir, empêcher l'adultère:
Lord I'm goin' to Louisiana
I'll get me a mojo hand
I say I'm going to Louisiana
I'll get me a hoodoo hand
I'm gonna stop my woman
An fix her so she can't have another man

Two Strings Blues, Little Hat Jones (1929)

sous peine de défécation ou de menstruation pendant le coït pour la femme, ou d'impuissance pour l'homme,
Well, I'd like to love you baby
But your good man got me barred

Talking To Myself, Blind Willie McTell (1930)
voire même de mort :
Well I love you mister Charlie
Honey, God knows I do
But the day you try to quit me
Brother, that's the day you die

Staggering Blues, Rosie Mae Moore (1928)

- - Article à Suivre dans "La Gazette de Greenwood" n°19 - -

Pour ceux qui souhaitent en savoir plus :

lexiconplanet.com rubrique le mot de la semaine: http://lexiconplanet/wklyscreenblues_fra.html

Pour acheter "Talkin' That Talk": passer commande à jplevet@club-internet.fr (pour la France metropolitaine : 100 francs frais de port inclus)

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Extrait de la phonothèque: La chronique de Johnny Guitar


Stavin' Chain (Ruf Records)

Date: Samedi 25 Mars 2000
De: Johnny Guitar <psguitar@club-internet.fr>

A l'origine, Stavin' Chain est un duo composé de Garson Capps et John Lawrence. Le nom est tiré du folklore local et immortalisé par Jelly Roll Morton dans sa chanson "Winnin Boy". Stavin Chain figure légendaire du folklore noir qui désigne un type bien monté et qui sait bien s'en servir pour le plus grand bonheur de ses partenaires…..
Dans ce disque, ils sont secondés par une grosse machine rytmique et par un Hammond B3. L'ensemble donne un son et un felling enorme. Pas besoin de lire les notes de la pochette. Posez le disque sur la platine et laissez vous partir direction la nouvelle orleans. Une véritable soupe de soul, de blues et de funk assaisonnée lourdement de poivre de cayenne ,d'un peu de sel, et tout ça cuit à gros bouillons avec la voix trempée de kérosène de Garson Capps. Remuez bien fort avec les ustensiles cordés de John Lawrence.
Ce disque est aussi varié que les titres qui y figurent tout en restant dans un esprit bien New Orleans - Poison - Ike - Harley Davidson - Charlie love and the country girl - Bible - Bloodshot Annie - El Guapo - Monkey businnes - Train.
Dr John, Santana, Steppenwolf viennent se rappeler un peu à vos bons souvenirs pendant que le disque tourne sur la platine.

(Librement inspiré de Joe Grandwilliams et des notes du livret)

Retrouvez aussi dans la phonothèque de Greenwood du mois de Mars 2000: Jimmy Witherspoon & Robben Ford, Deborah Coleman, Catfish Keith, Chris Whitley, last American Virgin

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D-Regulators

:

les Tatoos du blues viennent de Bruxelles

D-Regultaors: D-Day

Date: 26 Mars 2000
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>


D-Regulators est un groupe bruxellois à l'énergie débordante qui propose un répertoire de jump blues et boogie. Sur certains titres de leur CD les cuivres pêchus (trompette, trombone, sax ténor) apportent un côté "big band" au swing entraînant qu'interprète le reste du groupe. Il y a la guitare tout juste saturée de Tornado Luke (mon coup de coeur pour le morceau de bravoure "Your Place or Mine?"), l'harmonica (aux envolées directes from Texas) et la voix de Doctor Boogie, et la section rythmique impeccable composée de la basse de Walkin'Winne et la batterie de Gerry Fever: bref un combo classique pour nous interpréter des compositions d'une qualité irréprochable, tel le phénoménal et très texan "The Tatoos Of The Blues" qui vous donne envie de monter dans votre chevrolet décapotable pour piquer une pointe de vitesse en direction de Bruxelles pour vérifier si tous les belges portent des Stetsons et des San'Tiags. Un orgue hammond vient compléter la formation et apporter une touche jazzy sur quelques titres.
On est loin de l'amateurisme et les D-Regulators sont à mettre dans les groupes qui comptent. Formés en 1996, ayant déjà à leur actif un premier CD ("Consider It Done", 1997) et leur reconnaissance en Belgique étant déjà acquise, ce second disque permet aux D-Regulators d'attaquer la scène européenne: France (festival de Beauvais, Mars 2000, pour commencer), Pays-Bas, Scandinavie, Suède, Espagne...
Ce disque "D-Day" (12 titres dont 11 compositions) témoigne d'une très grande maturité et laisse augurer des moments magiques sur scène, tant leur musique est appropriée au spectacle, au bon sens du terme, d'autant plus qu'il paraît que la section cuivres présente sur le disque a définitivement intégré le groupe.


références du disque: "D-Day", Deep Blue Something, 1999, DBS3300022
contact: tél/fax: +32 (0)2 267.75.34, E-mail: francis.winnepenninckx@compaq.com

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La Gueule de Blues du mois:

Muddy Waters




peinture de Denis Gérablie

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