La Gazette de GREENWOOD
n°34 bis (Août 2001)

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Le Festival de Cognac
au Jour le Jour

date: 5 Août 2001
de: Jocelyn Richez <jrichez@noos.fr>
(photos de l'auteur)

Jeudi 26 juillet

Après une bonne route, j'arrive à Cognac vers 15h00. Bien sûr, j'ai raté Gaye Adegbalola qui passait à 11h30 mais ce n'est pas grave puisqu'elle est présente tous les jours: il y aura donc des séances de rattrapage. Avant de foncer vers le jardin public qui est le coeur du festival, je passe à l'hôtel et de la fenêtre, j'entend déjà le blues dans la rue et ça sonne brigrement bien!

Hoodoomen
Les Hoodoomen
Je redescend rapidement pour découvrir que ce sont les Hoodoomen en personne qui jouent sur la scène "magic place", place François 1er. Ce concert me confirme l'excellente impression que m'avait fait le groupe récemment au cristal, avec notamment la guitare très swingante de Pascal Fouquet: un régal. Voilà la première bonne surprise du festival.

Un représentant de chez Fender monte sur la scène à la fin du concert pour annoncer que la scène est ouverte, qu'il suffit de s'inscrire et qu'il y a des guitares (fender) à gagner.

Lisa Otey
Lisa Otey
N'étant pas moi même musicien, j'en profite pour me diriger vers le parc et la scène "Eden blues" où la pianiste Lisa Otey, l'une des révélations de l'année dernière (en 2000, elle accompagnait Candy Kane) joue cette année avec son propre groupe. Lisa se présente toute de bleu vêtue, avec ce sourire qui nous avait tous charmé l'année dernière. Le line up de sa formation est assez original, j'y remarque surtout l'absence de guitare. On y découvre "Hurricane" Carla Brownlee au saxophone qui donne une bonne réplique à Lisa. Mais c'est surtout avec l'arrivée de Gaye Adegbalola que le concert va vraiment décoller. Les morceaux qu'elles chantent ensemble sont swingants et font bouger le public. Malgré cela, il faut admettre que le répertoire est loin du blues traditionnel. Néanmoins, j'apprécie le jeu de piano (surtout sur les morceaux rapides) et la voix puissante de Lisa.

North Mississippi Allstars
North Mississippi Allstars
On n'a pas trop le temps de souffler, car les North Mississippi Allstars démarrent leur concert presque immédiatement après celui de Lisa Otey. J'avoue qu'après ce que j'ai pu lire sur ce groupe, notamment sur le site du festival, j'avais les plus grandes craintes. Je m'attendais à une musique très moderne influencée par le funk, le rap, le hip hop et c'est tout le contraire que j'ai découvert: une jeune formation qui joue un rock seventies "péchu", "rentre dedans", très inspiré Allman Brothers (époque "brothers and sisters"), avec la finesse en moins. Je suppose que le guitariste chanteur et leader du groupe doit être un fan de Dickie Betts dont il a piqué pas mal de plans (mais je ne m'en plaint pas). Ils reprennent quelques standards du delta blues comme le lancinant "Going down south". On retrouve parfois aussi le côté hypnotique d'un Junior Kimbrough et la fougue de Cédric Burnside dans le jeu du batteur. Vu mes craintes initiales, c'est plutôt une bonne surprise, un concert de rock très honorable. Mais pourquoi s'appellent t'ils les North Mississippi Allstars? D'une part, il n'y a aucune star dans le groupe, mais uniquement des jeunes musiciens et d'autre part, il semble qu'ils sont originaires du Tennessee et non du Mississippi. Mystère .

Greg Jardine
Greg Jardine
Le concert suivant est celui de Greg Jardine, pianiste anglais de rock & roll, boogie woogie: j'adore ce type de pianistes qui me rappelle Steve "big man" Clayton, grosse révélation de l'édition 2000. Malheureusement je n'assiste qu'à la fin du concert ce qui me fait terriblement regretter d'avoir raté le début.

Il est déjà temps de se diriger vers la grande scène, le "blues paradise" pour aller voir Keb Mo. Je l'avais toujours vu en électrique et je le découvre pour la première fois en acoustique.
Il est arrivé très décontracté, souriant, nous récitant ces morceaux de manière linéaire et monocorde. Pour résumer, son concert fut ennuyeux et sans intérêt. Même sur une reprise de Robert Johnson comme "come on in my kitchen", son manque de charisme est évident, ça ne décolle pas, c'est trop propre, trop lisse, il n'arrive pas à faire vivre sa musique. Malgré tout, je pense aussi que la scène est trop grande pour lui et qu'elle ne convient pas à son style de musique. Il s'en serait sans doute mieux sorti sur une petite scène, par exemple sur le river boat ou dans les bars.

Changement de décor complet, on installe une grande banderole derrière la scène aux couleurs très américaines pour annoncer l'arrivée des Canned Heat (enfin, ce qu'il en reste). De la formation initiale (celle qui était à Woodstock en 1969), il ne reste plus que le batteur Fito de La Parra. Junior Watson, Robert Lucas qui avaient un moment rejoint la formation n'en font plus partie non plus. Le groupe a été presque entièrement renouvelé et ce qui étonne dès le premier morceau (le fameux "on the road again"), c'est qu'ils ont trouvé un chanteur qui a presque exactement la même voix que Al Wilson: étonnant !

Le concert sera un mix entre les nouveaux morceaux et les gros standards du groupe ("going up the country", "bullfrog blues", "let's work together") oubliant cependant "amphetamine Annie". Au rappel, et en hommage à John Lee Hooker (qui a enregistré le célèbre "Hooker & heat" avec eux) ils ont joué un long "refried boogie" d'au moins 20 minutes. Les nostalgiques de la grande époque y auront sans doute trouvé du plaisir, d'autant plus que les nouveaux musiciens ne sont pas mauvais. Cela dit, il faut bien reconnaître que même si le résultat fut honorable, cette formation est loin de valoir celle du début des années 90 avec Henri Vestine et Junior Watson (et je ne parle même pas de la grande époque !).

La soirée se termine pour moi au "Blues des anges" (après un rapide passage au New pub où jouent les Bo Weavil). C'est Colin John qui est sur scène. Mais comme le "New pub", le "blues des anges" est noir de monde, il y règne une chaleur étouffante et comme en plus le niveau sonore est très élevé et que la musique de Colin John ne m'accroche pas, je m'installe dehors pour discuter avec quelques amis histoire de faire un premier bilan avant d'aller me coucher. Pour moi, le bilan est clair, les grands gagnants de cette première journée sont les hoodoomen. Mais j'apprend que j'ai raté un super concert des Mudzilla au globe. Je ne connais ce groupe que par des mails de l'ami Christian (de l'association Trois Rivières Blues) et je commence à avoir vraiment envie de les découvrir.

Mudzilla
Mudzilla





Vendredi 27 juillet

La nuit est courte mais la journée sera longue !

David Evans
David Evans
Je me lève de bonne heure pour ne pas rater le début du concert de David Evans qui débute à 10h00. La scène "good morning blues" se trouve au beau milieu du parc à proximité des stands. David Evans est certes plus connu comme ethno-musicologue et conférencier que comme chanteur et musicien, mais c'est néanmoins un guitariste intéressant car très respectueux de la tradition. A vrai dire, il a un peu les mêmes qualités et les mêmes défauts que Keb Mo vu la veille, mais cette petite scène avec un public tout proche est beaucoup plus propice pour apprécier ce blues acoustique et intimiste. David Evans n'a pas une voix très puissante mais j'apprécie son répertoire fait de grands classiques du blues de Fred Mac Dowell ou Big Joe Williams. En plus de sa guitare, il n'oublie pas de jouer un peu de kazoo ce qui plait visiblement au public. Ce premier concert m'a permis de débuter agréablement la journée.

Bo Weavil
Bo Weavil
Juste après le concert de David Evans, direction l'Eden Blues pour voir les Bo Weavil qui doivent nous dévoiler les morceaux de leur nouveau CD. Autant le dire tout de suite, je suis un fan de Bo Weavil de la 1ère heure, bref, j'attend beaucoup de ce concert et je ne suis pas déçu. Les nouvelles compositions sont excellentes, autant que celles du 1er CD. En absence (définitive ?) du pianiste, le groupe ne comprend plus que 2 musiciens: Matthieu Fromont (guitare, harmonica et chant) et Vincent Talpaert (contrebasse puis batterie). Le son n'en est que plus roots. Le duo qui tourne maintenant depuis un moment est parfaitement rodé et je ne suis pas le seul à apprécier: David Evans a assisté à l'intégralité du concert sans bouger, apparemment impressionné! Evidemment, après une telle démonstration, j'ai craqué: j'ai acheté le nouveau CD.

Après un rapide repas, je vais au château pour assister au deuxième concert de Lisa Otey, cette fois en trio, avec juste "Hurricane" Carla Brownlee (chant et saxophone) et "Lil' mama" Heather Hardy (chant et violon). J'assiste à un concert atypique, avec un répertoire qui s'éloigne encore plus du blues traditionnel que la veille, mais c'est tellement bien fait avec une excellente acoustique et trois bonnes musiciennes qui enchaînent les solos dans une ambiance très conviviale qu'il est difficile de ne pas craquer: concert bien sympathique salué par une longue ovation du public.

Pas le temps de souffler, je reviens devant l'Eden blues pour la séance de rattrapage avec Gaye Adegbalola, que j'avais découvert il y a une dizaine d'années à Peer avec Saffire, the Uppity blues women, le groupe d'Ann Rabson. Si ses cheveux se sont peut être un peu éclaircis, je constate qu'elle n'a pas changé, musicalement comme physiquement. Cette fois, c'est Lisa Otey qui vient lui donner un coup de main au piano.

Benoît Blue Boy
Benoît Blue Boy
west side horns
les West Side Horns
Au final, j'assiste à un concert honnête, mais ce n'est rien à côté de ce qui va suivre, à commencer par Benoit Blue Boy qui attaque juste après sur la scène Swing Cognac en plein soleil. Si Benoit est toujours accompagné des fidèles Fabrice Millérioux, Thibaut Chopin et Stan Noubard pacha, la double innovation est ajout d'une seconde guitare (Hector "l'Arana" Watt) et d'une section de cuivres, les west side horns ("Rocky" Morales au sax ténor et "Al" Gomez Jr à la trompette), présents sur le nouveau CD "BBB en Amérique".
La greffe a remarquablement bien pris, notamment les cuivres qui claquent apportant un indéniable plus au groupe que j'ai déjà souvent vu. Si Benoit chante quelques nouveaux morceaux ("gare ta voiture dans l'allée", "hey ! toi" ou "tous les jours"-une fausse nouveauté en fait), il n'oublie pas de chanter ses vieux succès. J'ai découvert un Benoit Blue Boy très théatral (je ne l'avais jamais vu comme ça !) n'hésitant pas à présenter ces morceaux au public avec d'ailleurs beaucoup d'humour, utilisant toute son expérience pour mettre le public dans sa poche. Et clou du spectacle: Benoit Blue Boy est descendu dans la foule à la manière d'un Buddy Guy pour jouer un long solo d'harmo au milieu de son public visiblement ravi !
Un grand bravo pour Benoit Blue Boy et ses tortilleurs qui arrivent encore à me surprendre et à m'épater!

Après cette grosse claque, je traverse la rue pour aller découvrir enfin les Bonobo'z au bar brasserie du marché. Je suis un peu surpris par le côté rude et puissant du groupe que j'attendais plus swinguant autour du guitariste zeb. Je découvre la chanteuse "Miss Laure" qui chante un répertoire texan à la Lou Ann Barton ("sugar coated love", "Ti ni nee ni nu") .Au milieu du concert, Michel Rémond vient me chercher, prétendant qu'il vient de découvrir un groupe fantastique et que je vais adorer ! Je lui fais confiance mais c'est quand avec une petite pointe de regret que je quitte les Bonobo'z.

Nous arrivons au globe (quasi désert), et divine surprise, j'y découvre un jeune groupe complètement inconnu qui joue un blues west coast époustouflant, bien au delà de ce que je pouvais imaginer. Le guitariste est d'une incroyable virtuosité, on croirait Hollywood Fats en personne, je n'en crois pas mes oreilles !
Nico
Nico (Rosebud Blue Sauce)
Dès le set terminé, je fonce les voir pour en savoir plus: ils sont de Cahors et s'appellent Rosebud Blue Sauce. Le guitariste Nico, m'indique qu'il est un fan de West coast et surtout d'Hollywood Fats ce qui ne m'étonne pas ! Il m'indique aussi qu'il y a un 2ème set à 21h30. J'ai le temps de faire un aller retour dans le parc pour faire part de ma découverte et ramener quelques amis au globe. Ce fut le cas notamment de Tonton Erick, le fameux spécialiste de West Coast du magazine blues&Co. Le temps de retrouver les fans de west coast dans la foule, je passe devant l'eden blues où Robert Belfour continue à jouer à moitié couvert par le son de la grande scène où Shemekia Copeland a déjà démarré son spectacle, car avec elle, il y a du spectacle ! Bien sûr, je ne peux pas passer sous silence son fameux décolleté provoquant. Shemekia est une grande chanteuse avec un répertoire plus rhythm & blues que blues et avec un charisme extraordinaire (au niveau d'une Candy Kane). La scène est vraiment son jardin, et elle y est vraiment à son aise. Je ne l'ai vu cette fois que 5 minutes (je l'avais heureusement vu l'année dernière à Peer), mais j'ai eu le temps de prendre quelques photos au vol, essayant de capter ses attitudes particulièrement théatrales. Je l'aurais bien vu plus longtemps mais je me suis vite éclipsé pour ne pas rater la reprise de Rosebud Blue Sauce. Il y a déjà plus de monde que pour le 1er set. Et ça repart très fort avec une reprise de "rock this house" d'Hollywood Fats. Ca swingue un maximum et je me rend compte que le tonton Erick est aux anges. Le groupe est véritablement impressionnant non seulement Nico le guitariste mais aussi Abdel, le contrebassiste et Fabrice le batteur. Ca tourne à merveille et le groupe va nous étonner avec la reprise Dimple en hommage à John Lee Hooker
Quand Nico annonce cette reprise, je me pose des questions, me demandant ce que ça va bien pouvoir donner, le style de John Lee Hooker étant très éloigné de celui d'Hollywood Fats. Et la surprise est excellente, Dimple, version west coast, ça demeure un super morceaux !
Mais Rosebud Blue Sauce, ce ne sont pas que des reprises, ce sont aussi des compositions de très haut niveau comme Fatsology, un remarquable hommage à Hollywood Fats dans la lignée de Okie Dokie stomp: superbe !
Mathias
Mathias (des Blues'in Machine)
Et je ne suis pas au bout de mes surprises: J'avais bien remarqué un grand gaillard avec une chemise à fleurs qui se tenait debout au bar semblant apprécier lui aussi, ne sachant pas qu'il était lui aussi guitariste. Nico l'invite à prendre la guitare, et je découvre un deuxième formidable guitariste de blues west coast, encore un fan d'Hollywood Fats et Rick Holmstrom ! J'apprendrais plus tard qu'il s'appelle Mathias, qu'il est Lillois et joue dans le groupe Blues'in machine.
Damien Lopez
Damien Lopez
Après ce concert mémorable, je sors reprendre mes esprits en attendant le 3ème set et je tombe sur un autre phénomène: le jeune Damien Lopez, un jeune guitare "guitar héro" impresionnant de virtuosité. Il connaît le répertoire de Stevie Ray Vaughan par coeur. Avec ses solos de folie, il a littéralement mis le feu à la place François 1er. Il donne tout ce qu'il a, jouant même un moment à genou, c'est sûr il a de l'énergie mais aussi de la finesse (ce qui n'est pas le cas de tous ceux qui ont voulu imiter le grand SRV), notamment sur des morceaux lent comme "Little wing" et surtout la superbe version de "Rivera Paradise" au rappel: encore une belle découverte même si Damien Lopez devra un jour se libérer de Stevie Ray Vaughan pour trouver son propre style.

Le concert à peine terminé, je retourne au globe pour le troisième set des Rosebud Blue Sauce, cette fois le bar est plein à craquer et l'ambiance est montée d'un cran. Je suis encore enthousiasmé par ce groupe dont je découvre la largeur du répertoire. Ils boeuffent à nouveau avec Matthias qui chante "the sky is crying": je suis sur un nuage !

A 2h du mat, le globe ferme ses portes un peu brutalement, et le temps de prendre rendez vous pour le lendemain avec les musiciens qui m'ont tant enthousiasmé, je vais finir la soirée au "blues des anges" plus bondé et surchauffé que jamais. Difficile de se frayer un chemin jusqu'au bar. Finalement, je n'insiste pas pour rentrer dans la salle où les Nine Below Zero ont semble t'il mis une sacrée ambiance !
Tant pis, je les ai déjà vu plusieurs fois. Je vais me coucher satisfait de ma journée même si j'ai raté Shemekia Copeland et Bill Wyman et ses potes dont l'un de mes guitaristes préférés: Albert Lee.

Il me reste à remercier Michel Remond qui m'a permis de découvrir les Rosebud Blue Sauce...




Samedi 28 juillet

Après avoir découvert la veille que Hollywood Fats et Stevie Ray Vaughan n'étaient pas tout à fait mort, qu'en tout cas leurs musiques étaient encore bien vivantes, j'ai passé une excellente nuit, n'étant même pas réveillé par le violent orage qui s'est abattu sur Cognac au petit matin. En ce samedi matin, c'est sûr, je me réjouis d'avoir choisi l'hôtel plutôt que le camping !

Mais revenons au blues, c'est Marc Oriol qui devait ouvrir la journée sur la scène du "good morning blues" dès 10h00 du matin. Son concert est décalé en raison de l'orage. Marc Oriol, ce nom ne vous dit peut être rien. Si je vous indique qu'il est le manager de Keith Brown et le réalisateur d'un formidable film sur Big Lucky Carter, ça doit vous aider à mieux cerner le personnage et son attachement au "real blues". Je l'avais rencontré il y a quelques années au Bottleneck justement avec Keith Brown et je ne savais pas qu'il était lui même musicien.

Alors que le soleil fait son retour sur le parc de Cognac, voici les Rosebud Blue Sauce qui viennent au stand Blues & Co invités par le tonton Erick encore sous le choc du concert de la veille. Matthias des Bluesin' Machine vient aussi les rejoindre. Evidemment, on s'est échangé quelques adresses et on a parlé west coast ! Aussi, je n'ai pas oublié de les inviter à visiter le stand "Travel in blues". Avec ça, je n'ai pas vu le temps passer et j'ai raté Marc Oriol et Chris Smither.

Without
Without
Après un bon repas, j'assiste à la fin d'un concert acoustique de Without (un jeune groupe de Dunkerque) devant les stands. Ils débordent largement du contexte classique Robert Johnson, Big Bill Bronzy pour intégrer par exemple du Calvin Russell et ça me plait bien.

Robert Belfour
Robert Belfour
Le concert suivant est pour moi l'un des gros temps forts du festival: Robert Belfour se présente sur la scène "Eden blues" avec un costume noir strict, cravate claire et sa guitare acoustique. Notre vaillant papy est l'un des derniers survivants avec RL Burnside des bluesmen du nord du Mississippi. Et il ne déçoit pas, donnant vraiment le meilleur de lui même; j'avais pu constater la veille qu'il n'avait rien d'un fonctionnaire du blues, jouant bien au delà du temps qui lui était imparti. Son jeu de guitare est vigoureux, sans médiator et avec une belle attaque, sa voix est roquailleuse et puissante, avec un son brut et sans artifice: là pas doute, c'est pas de la variété bluesy mais bien du vrai blues profond, rustique au possible. En plus, je trouve le personnage vraiment attachant. Voilà un concert dépaysant qui nous transporte au fin fond du Mississippi tout en remontant le temps. Malgré quelques petites imperfections, je suis complètement conquis par ce concert "roots" d'une impressionnante intensité qui nous ramène forcément aux origine du blues.

Elmore D et David Evans
Elmore D et David Evans
Alors que sur la scène "swing Cognac" débute le 3ème concert de Lisa Otey dans ce festival, je décide d'aller voir David Evans au bar du canton & Olympia. L'ambiance est vraiment conviviale avec une musique de type jug band et un répertoire différent de celui de la veille. Ce concert est aussi l'occasion de rencontres musicales intéressantes, David Evans boeuffant pour l'occasion avec Little Victor, Marc Oriol (guitare et lap steel) et son harmoniciste Greg, ainsi que Daniel Droixhe (Elmore D). J'ai aussi aperçu Keith Brown parmi les spectateurs, mais il n'est pas monté sur la scène.

Après David Evans, je passe un petit moment à la brasserie du marché où Without joue cette fois en électrique faisant toute aussi bonne impression qu'en acoustique. Mais, je ne reste pas jusqu'à la fin du concert pour aller découvrir le jeune groupe Bordelais Mudzilla qui repasse au globe. Là, je comprend mieux les commentaires élogieux du premier jour: voilà du vrai blues bien poisseux, simple, énergique et swinguant autour d'une excellente section rythmique (Nicolas Domenech à la contrebasse et Andy Martin à la batterie), avec Vincent Pollet aux claviers et Florian Royo à la guitare: un gaucher ! La convivialité est encore bien présente, et les invités se succèdent comme Alain Dorlet et Thibaut Chopin.

Je profite de la pause pour revenir dans le parc où j'arrive juste à temps pour le début du concert d'Alvin Youngblood Hart sur la grande scène. C'est Jacques Perrin qui présente et il l'annonce comme étant un représentant du renouveau du blues, en quelques sortes, le blues du 21ème siècle. Ca m'inquiète un peu car j'avais déjà entendu le même genre de discours l'année dernière avec Chris Thomas King et le concert qui avait suivi fut assez catastrophique en tout cas très loin du blues traditionnel. Mes craintes étaient fondées, et l'entame de concert est particulièrement ratée. Lui a t'on dit que Cognac est un festival de blues ? Autant il peut être compétent dans un contexte acoustique, autant il a montré ses limites dans ce genre de concert pop/rock. Décidément, je préfère le blues du 20ème siècle !

Bref, au bout d'un petit quart d'heure, je décide d'aller ailleurs pour écouter du blues. Et mon inspiration fut excellente puisque je me suis retrouvé au New pub où jouaient les Hoodoomen. Ils jouent en fait dehors, devant le bar, et le public est de plus en plus nombreux. Gros succès sur "like a coyote" notamment pour le chanteur Philippe Brière, qui allie à sa voix puissante et rugueuse un jeu d'harmonica impeccable et une grosse présence. J'apprécie toujours autant le jeu de guitare tout en finesse de Pascal Fouquet, et ils finissent le set en faisant le tour du public, y compris Francis Marie le batteur !!!

Mel Brown
Mel Brown
Je me dépêche de revenir vers le parc et la grande scène pour assister au concert indiscutablement le plus attendu du festival, celui de Mel Brown & the Homewrecker. Et à juste titre, car Mel Brown non seulement vient de sortir deux CD remarquables (dont un avec Snooky Pryor) en moins d'un an, mais surtout il se déplace très très rarement en Europe, bref, c'était une occasion presque unique de le voir, en plus dans un état de forme encore convenable. Evidemment, quand on attend beaucoup (sans doute trop) d'un concert comme c'était mon cas avec Mel Brown, le risque est grand d'être déçu et ce fut effectivement le cas. Evidemment, si on compare par rapport aux autres concerts de la grande scène, Mel Brown se trouve forcément bien placé, mais je ne peux m'empêcher d'être déçu. C'est vrai, il a joué de somptueux solos de guitare, très fluides avec la dextérité qu'on lui connaît, mais je suis obligé de mentionner les lacunes apparentes de son concert. Personnellement, j'ai trouvé qu'il a mis du temps à se chauffer mais à son âge, ça peut se comprendre. Mel Brown est l'anti showman par excellence, il reste assis pratiquement tout le concert. L'intervention de la chanteuse (est ce sa femme, sa fille ??? je n'en sais rien au juste) a été diversement appréciée. Elle a certes amené un peu de punch au concert avec un répertoire typiquement texan à la Lou Ann Barton, mais malgré une belle voix puissante, elle s'est montrée terriblement mal à l'aise sur scène. Et c'est après son départ que Mel Brown a selon moi donné le meilleur de lui même, notamment sur une version de "I'm in the mood" qui m'a beaucoup plue. L'intervention de Jacques Perrin en plein milieu du concert pour décerner le "pied soul bag" de l'année a été unanimement mal perçue par le public comme une coupure pub au milieu d'un film. Le moment était de toute évidence mal choisi: pourquoi ne pas lui avoir remis ce trophée au début ou à la fin du concert ?
Toujours est il que Mel Brown a semblé surpris par cette petite cérémonie, il m'est aussi apparu heureux et ému. D'ailleurs, peu bavard comme il est, les remerciement ont été brefs. C'est ensuite qu'est intervenu l'incident du concert: Mel Brown a cassé une corde de sa guitare, ce qui doit être un événement on ne peut plus banal pour un guitariste aussi expérimenté. Mais là, tout s'est mal enchaîné pour lui, et il s'est un peu énervé, notamment sur un jeune qui venait lui ramener sa guitare. Dans un premier temps, on lui a amené une autre guitare (apparemment la stratocaster d'Alvin Youngblood Hart) qui était mal réglée (niveau sonore trop faible). Quand on lui a ramené sa guitare, elle était mal accordée et il a eu toutes les peines du monde à l'accorder, même avec un accordeur électronique si bien que le pianiste a joué un morceau pour meubler.
L'autre polémique est apparue à la fin du concert, avec un choix de morceaux forcément discutable. Pourquoi ne s'est il pas plus appuyé plus sur les morceaux de ses CD plutôt que de nous jouer Mustang Sally et Hey Joe ?
Certains ont apprécié sa version lente et bluesy de Hey Joe qui pouvait sonner comme à hommage au grand Jimi Hendrix, guitariste majeur du 20ème siècle. Mais là où la polémique s'est amplifiée, c'est quand il a repris Billy Jean de Michael Jackson! C'est sûr que dans un festival de blues, ce n'est pas banal: certains ont apprécié, moi, ça m'a poussé vers la sortie et je me suis réfugié au globe où l'ambiance était très chaude avec Mudzilla sur la scène.

En fait, j'ai beaucoup hésité entre le globe et le blues des anges mais le public relativement clairsemé à la fin du concert de Mel Brown semble m'indiquer que beaucoup ont choisi d'aller voir Matthew Skoller au blues des anges. Compte tenu de l'expérience de la veille, je décide de faire l'impasse, ratant Matthew Skoller et d'après les commentaires qui ont suivi, l'un des plus beaux concerts du festival. Mais pourquoi avoir envoyé Matthew Skoller sur cette petite scène et à une heure aussi tardive (pour son unique concert à Cognac) alors que sa place était de toute évidence sur la grande scène ?

A la fermeture du globe, je parti au new pub où j'ai assisté à la fin du concert des Bonobo'z où l'ambiance était là aussi très très chaude.




Dimanche 29 juillet

"Lil'mama" Hardy
La journée débute avec un concert de Lisa Otey accompagnée de la violoniste Heather "Lil'mama" Hardy dont les prestations sont de qualité mais malheureusement un peu gâchées par les interventions assez catastrophiques de Kathleen Williamson au chant et à la guitare.

Je me dirige ensuite vers l'Eden blues pour aller revoir Robert Belfour. Compte tenu de la chaleur, sa tenue est moins stricte que la veille, ayant laissé tomber la veste et la cravate. D'un point de vue musical, c'est d'un niveau équivalent au concert de la veille voire même encore mieux. On a la confirmation que Robert Belfour est vraiment une grande figure du blues. Et s'il a parfois semblé un peu perdu dans le parc de Cognac durant ces 4 jours, il a toujours été très réceptif vis à vis du public, répondant aux questions, signant des autographes, je l'ai même vu ce dimanche signer sur une guitare tendue par un gamin.

Dans la matinée, j'ai pu entendre des stands l'accordéon de Lil'Brian dont la balance est prometteuse.

Comme l'année dernière, la programmation du dimanche est moins dense que celle des 3 jours précédents. Le groupe qui est programmé l'après midi sur l'eden blues est John Doe. Mais, ce groupe est beaucoup trop funk pour moi et je m'en vais rapidement. Mais pourquoi programmer un tel groupe dans un festival de blues ?

Sue Foley
Sue Foley
Je ne veux pas rater le retour de Sue Foley dont je suis un fan de la première heure. Je l'avais vu 6 fois entre 1993 et 1996 à Paris. La température en ce dimanche après midi est caniculaire et il semble que Sue Foley soit gênée par ce soleil de plomb, malgré ses lunettes de soleil et sa casquette. Elle est toujours aussi jolie, elle utilise toujours la même télécaster rose bonbon mais par contre son groupe a été complètement renouvelé, son trio de base s'étant enrichi d'un pianiste ma foi fort compétent mais malheureusement pas bien mis en valeur. Son répertoire a aussi beaucoup évolué depuis que je ne l'ai plus vue et il est clair qu'elle a délaissé le blues de ses débuts (et notamment de son excellent premier CD "young girl blues") pour un folk rock qui ne m'intéresse pas vraiment. Elle ne joue qu'un seul vieux morceaux, excellent, celui qui était baptisé "hooked on love" sur son 1er CD et attribué à tort à Earl Hooker alors qu'il s'agit du morceau "You may" enregistré par Jody Williams en 1957 pour "Red lightning". J'ai aussi beaucoup aimé le boogie woogie joué seul par le pianiste et à un niveau moindre 2 ou 3 autres morceaux, dont le "long distance lover" au rappel, pour le reste, j'ai trouvé le concert ennuyeux et bien loin des concerts que j'avais vu entre 93 et 96. Sa voix très particulière reste aussi un point faible. Bref, c'est une grosse déception.

Fruteland Jackson
Fruteland Jackson
Heureusement, le concert qui suit me permettra de découvrir l'une des rares révélations du festival: Fruteland Jackson. Il joue seul avec sa guitare acoustique et je précise que ce dimanche, il a joué sur la guitare de Gérard Tartarini de Bluesy train. Il propose une bonne synthèse entre tradition et modernité. Il nous vient de Chicago mais ne fait pas du Chicago blues, il joue une musique originale et très personnelle. J'imagine qu'un musicien comme Jimmie Lee Robinson (pour citer un Chicagoan) doit l'inspirer. C'est un remarquable songwriter qui chante des thèmes différents des blues classiques, comme le "titanic blues". C'est étonnant qu'aucun bluesman contemporain n'ait eu l'idée avant lui d'écrire un morceau sur ce sujet. Aussi, vous ne serez pas surpris d'apprendre que j'ai particulièrement apprécié le titre "going down to king biscuit", où Fruteland nous raconte son séjour au King Biscuit time festival d'Helena, avec une petite visite du downtown Helena à la clé, la descente de Main street, une visite du Bubba's blues corner, la boutique de Bubba Sullivan, un passage devant la maison de Sonny Boy Williamson etc.
Fruteland Jackson est un personnage très communicatif, qui aime le contact avec son public et qui je pense, s'est bien éclaté durant ces quatre jours de festival.

Il est maintenant temps d'aller voir Franck Ash qui passe cette année sur la grande scène. Mais très rapidement, je me rend compte qu'il présente un nouveau répertoire, sans doute les morceaux du futur CD, et apparemment, sa musique s'oriente très clairement vers la soul. Vu que je suis toujours hermétique à la soul, j'en profite pour tenter d'aller voir les honeymen que j'ai jusqu'ici toujours raté et j'arrive une nouvelle fois à la pause: ils sont en train de manger.

les Hoodoomen
Hoodoomen
Finalement, je décide d'aller voir une troisième fois les hoodoomen qui jouent ce soir encore au New Pub. Une fois encore, j'assiste à un superbe concert, swinguant à souhait avec une magnifique interprétation du "Stormy Monday" de T Bone Walker où Pascal Fouquet se met particulièrement en évidence.

A la fin de ce set des Hoodoomen, je décide de revenir vers la grande scène où Robert Cray a débuté son concert. En passant place François 1er, j'entend le groupe Chewbaka qui joue sur la scène "Magic place" et ça sonne bien !

J'hésite un moment et finalement je suis mon idée initiale pour aller voir Robert Cray. Apparemment, je n'ai raté qu'un petit quart d'heure. Robert Cray, je l'avais découvert dans les années 80 et à l'époque je n'était pas vraiment fan de ses disques. J' en avais plus trop entendu parlé depuis cette époque, mais je me rend compte que sa musique n'a pas trop changé. C'est un bon chanteur et un excellent guitariste au jeu très fluide. Mais sa musique reste un peu froide, manquant d'envolées dont il serait sans doute capable. Je constate que son concert est bien réglé, très propre, que l'ensemble est très professionnel et globalement c'est plutôt une bonne surprise. Par contre, je suis surpris de le voir partir au bout de 50 minutes.
Contrairement à ce qu'on m'a dit en arrivant, j'ai dû rater un peu plus qu'un quart d'heure, mais malgré tout, ce concert ne devait pas être bien long. Est ce une demande des organisateurs car il y avait un 3ème concert programmé ce dimanche sur la grande scène? je n'en sais rien.

Le groupe qui suis est Lil' Brian & the Zydeco travellers, un jeune groupe Louisianais de zydeco. Autant, l'année dernière, j'avais adoré le zydeco, très traditionnel et très blues que CJ Chenier, autant j'ai été saoulé par le zydeco rap de Lil'Brian. Son groupe ne l'a pas beaucoup aidé avec un bassiste très funky, un guitariste plus proche du hard rock que du blues, et un batteur qui tape comme un fou sans trop de finesse. En plus, le côté excessivement racoleur de Lil' Brian me déplait: "give it up, give it up" qu'il disait. Bref, au bout de 3 morceaux, je me suis enfuit à la recherche d'un concert de blues et je me suis réfugié une fois encore au globe où j'ai assisté à la fin du concert d'un jeune groupe du sud ouest: Mr Tchang . L'ambiance est très chaude et le concert excellent. Je reconnais Florian Royo, le guitariste gaucher de Mudzilla qui joue donc aussi avec Mr Tchang. Le répertoire qui oscille entre Chicago blues et le west coast style me plait beaucoup. Le concert se termine par un bouf fantastique avec les hoodoomen, Arnaud Fradin de Malted Milk et Miss Laure, la chanteuse invitée par les Bonobo'z. Le festival a été éprouvant pour elle et elle n'a plus beaucoup de voix au moment d'attaquer ce bouf. Elle termine en chantant le célèbre morceau de Candy Kane "you need a great big woman" fort bien soutenue par les guitaristes, en particulier Arnaud Fradin, auteur de solos fantastiques malgré une corde cassée.

Décidément, le globe est bien le meilleur bar du festival !

Après ce grand moment de blues, direction le blues des anges pour le dernier concert du festival, celui de Jesus Volt. J'avais entendu pas mal de commentaires assez contradictoires sur ce groupe plutôt controversé. J'allais donc pouvoir me faire ma propre opinion. Autant dire tout de suite que dès les premiers morceaux, je me suis demandé où était le blues? Le groupe a énormément d'énergie, le chanteur me fait inévitablement penser à Jim Morisson dont j'imagine qu'il doit être fan, mais leur musique n'a qu'un très lointain rapport avec le blues. Je me demande si leur place ne serait pas dans un festival de rock plutôt que dans un festival de blues comme celui de Cognac? Bref, je ne reste pas trop longtemps dans la salle qui pour une fois n'est pas bondée.

Ca me permet d'aller discuter avec quelques amis et de savourer les derniers moments de ce grand marathon du blues.
Le bilan est bien sûr très positif, je me suis bien éclaté pendant ces 4 jours de festival. Outre les nombreux concerts auxquels j'ai assisté, le festival "blues passions" de Cognac porte bien son nom, étant devenu un rassemblement annuel incontournable pour tous les fans de blues, et pas seulement les français, nos voisins belges, très friands de blues (et très connaisseurs aussi) s'étaient déplacé en nombre. L'ambiance y est réellement formidable.
Par contre, comme beaucoup, j'ai été déçu par la programmation de la grande scène qui se voulait racoleuse avec des veilles gloires en marge du blues comme Bill Wyman ou Canned Heat, des concerts soul, rhythm & blues, rock, zydeco mais finalement peu de blues.
Même Mel Brown qui devait être la star de ce festival m'a un peu déçu: mais on ne transforme pas du jour au lendemain un musicien qui a fait une carrière d'accompagnateur (notamment au Antone's à Austin) en leader charismatique. Malgré une prestation honnête il a au moins prouvé qu'il n'a visiblement pas l'âme d'un leader.

Ce qui est évident, c'est que le blues (le vrai), de moins en moins présent sur les scènes officielles était surtout dans les bars et dans la rue. Les américains ayant été en général décevants (à part Robert Belfour, Fruteland Jackson et sans doute Matthew Skoller que j'ai raté), cette édition 2001 fut l'année des groupes français, puisque l'essentiel des révélations (Rosebud Blue Sauce, Mudzilla, Mr Tchang) et des confirmations (Hoodoomen, Bo Weavil, Benoit Blue Boy) concernent les artistes français. Ce qui est frappant également, c'est que certains de ces groupes ne faisaient pas partie de la programmation officielle du festival. De même, le globe, le bar où j'ai passé les plus belles soirées ne faisait pas non plus partie de la programmation officielle. Par ailleurs, comme beaucoup, je me suis étonné de ne pas voir de concert des Doo the doo alors qu'ils étaient tous là (honeymen + bonobo'z) ? Je pense qu'ils auraient pourtant pu mettre le feu sur une grande scène, dommage.
Enfin, après avoir entendu les Rosebud Blue Sauce, je peux annuler mon voyage en Californie prévu pour l'année prochaine, à la place j'irai à Cahors et je ferai quelques économies !!!

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Festival de Cahors
suivez le guide!

date: 6 Août 2001 De: Christophe Tof Godel <christophe.godel@freesbee.fr>
(photos de l'auteur)

20 ans. Cela fait 20 ans que Cahors, après avoir été une vieille capitale Gallo Romaine et un centre somme toute important du commerce au moyen âge, devient une capitale majeure du blues pendant 4 jours, chaque année. Que nous a réservé cet anniversaire symbolique? Malheureusement, pas que de bonnes surprises.
Me voici donc rendu chez les Cadurciens, en ce glacial 18 juillet. Les hostilités ne commenceront qu'à 19h30, je profite donc du temps que j'ai devant moi pour reconnaître les lieux :
- La grande scène où se dérouleront des concerts gratuis ou payants (Scène découverte/scène de verdure), des gradins entourant une bonne fosse et une scène de bonne taille
- Les bars du boulevard Gambetta (Il est né à Cahors), renommé pour l'occasion Boulevard du Blues. Les minis scènes sont installées sur les terrasses ou sur les trottoirs des cafés, ce que je trouve fort sympathique. Ainsi, le plus grand nombre peut en profiter.

Karim Albert Kook
Karim Albert Kook
19h30. Il est temps de se rendre à la Scène Découverte, où Ana Popovic doit ouvrir le bal pour Karim Albert Kook, si on en croit le programme. Mais c'est l'inverse qui a lieu. Il faut dire que le programme est douteux, puisqu'il avait mis la photo de Karim Albert Kook avec pour légende "Ana Popovic". Ca ne fait pas très sérieux! Sur place, je tombe sur Didier Taberlet (Blues'n'Co et Greenwoodien de son état) et son ami Thomas. On passera le festival à essayer de tout voir, tout entendre, tout analyser, tout photographier. C'était chouette!
Je retrouve donc un Karim Albert Kook en bien meilleure forme et plus à l'aise que lors des Masters of Guitar du Palais des Congrès du mois dernier. Avec une formation plus restreinte (fini les choeurs et les cuivres), il nous a distillé un bon blues bien vivant, tout en français, avec des morceaux essentiellement tirés de son dernier album. Le public clairsemé était parfois plus répondant que celui du mois dernier, mais cette fois, Karim n'a pas cherché à tout prix à le réveiller :) Il faut noter encore une fois l'excellente prestation de son second guitariste !
Ana Popovic
Ana Popovic
Une petite heure après, ce fût au tour de la belle Ana Popovic de faire son apparition. Alors non seulement, elle est agréable à regarder, mais elle est surtout très talentueuse, chante très bien et maîtrise sa Telecaster à merveille, et le tout avec grâce, et ça fait du bien dans ce monde de brute :))
Elle commence le concert par une cover électrique bien sentie de "See that my grave is kept clean" de Blind Lemon Jefferson (bon je continue à préférer les versions de Magic Buck et Catfish Keith mais tout de même)! Me voilà conquis par la belle ! Elle enchaîne ensuite avec des compositions personnelles et quelques reprises, notamment de son groupe préféré, les Fabulous Thunderbirds. On se rapproche plus d'un rock blues, tendance folk, que du blues pur et dur. Elle a tout de même un jeu slide attractif, même si on est loin du talent d'une Joana Connor. Elle adore aussi la wah-wah, et n'hésite pas à mélanger les deux ! Je dois lui reconnaître un certain talent pour la construction de ses soli. C'est frais, bien amené et absolument pas convenu. De plus, elle est bien entourée par un bassiste, batteur et un pianiste efficace et charismatique.
Sur le dernier morceau, elle a proposé que des gens du public viennent faire quelques solos. J'ai trouvé ça sympathique. Un premier volontaire, un peu intimidé, a tenté sa chance. Elle a quand même dû lui montrer quelle était la bonne position sur le manche pour jouer juste. Puis un deuxième, à qui on n'a pas besoin d'expliquer quoi que ce soit, nous a tous skotché sur place. Les yeux fermés, il était parti et nous distillait un solo énergique et virevoltant ! La belle Ana a vite fait de récupérer sa guitare et de conclure le show. Mais c'était qui ce gars là, c'était qui?!!!! L'enquête commençait, et l'énigme serait résolue! Pour conclure sur notre belle yougoslave, une petite "polémique" (j'adore ça en ce moment) est apparue en discutant avec certains festivaliers. J'ai pu entendre ici ou là des propos du genre : "si c'était un mec, on en ferait pas tout un plat". C'est un point de vue qui se défend. Ne serait-ce qu'une icône ou apporte t-elle vraiment quelque chose? Pour ma part, après y avoir bien pensé, je crois que c'est plus qu'une belle fille qui joue de la guitare blues. On va attendre ses prochains opus et ses prochaines prestations pour se faire une meilleure idée.

C'est pas tout ça, mais les groupes ont dû commencer leurs sets dans les bars. J'ai pu me faire une idée de tous les groupes sauf de Awek. Ce sera pour une prochaine fois.

Buttnaked
Buttnaked
- Buttnaked : Un groupe belge, composé de deux guitaristes, un batteur et un bassiste. C'est un bon groupe, les deux guitaristes alternant le chant et les solos. On sent bien que ce groupe travaille beaucoup sur leur morceau, essayant d'apporter une certaine ambiance, de part les amplifications complètement différentes des guitaristes et leur chant et leur toucher de guitare dimamétralement opposés, mais il y a quelque chose qui m'a empêché d'être complètement conquis. Je crois qu'il y a une trop grande différence de niveau entre un guitariste et les 3 autres. Dés que c'est ce guitariste (je n'ai pas les noms) qui prend la chanson à son compte, on passe vraiment la vitesse supérieure. Je pense que pour avoir une meilleure idée, il faudrait que jes entende en salle.

- Mercy Blues Band : Un guitariste, un batteur, un bassiste. Formation épurée pour du blues tonique (qui a dit trop?), rentre dedans (qui a dit trop ?). On pensait entendre du swamp-blues et j'ai vu tout autre chose. La référence du swamp blues en France reste Swampini. Finalement, ce groupe n'apporte rien de bien nouveau dans la galaxie blues. Il est clair qu'ils se donnent à fond et vont parfois un peu dans l'exhubérance (qui a dit... bon ok, j'arrête :)) ), comme le prouve leur version de "I got my mojo working". Pour le coup, cette cover ne m'a pas convaincu. Serait-ce dû au refrain qui est devenu : "I got my mojo working, but it don't worry on you". Alors si c'est fait exprès ça va, sinon, ça ne fait pas très sérieux, surtout pour un des titres les plus repris !

- Bluesin' Machine : Voici un groupe qui s'annonçait plutôt bien. Un batteur, un bassiste, un guitariste. encore un trio mais de bien meilleure facture que Mercy Blues Band. Ce groupe mené par le géant Mathias, guitariste de son état, s'inspire entre autre du blues de la West Coast. Mais encore une fois, quelque chose ne collait pas correctement. J'ai eu la réponse le lendemain grâce à Jean-Michel Borello de Mo & The Reapers, qui connaissait le bassiste. En fait, ce groupe ne tourne sous cette forme que depuis 3 mois, et je crois que cela se ressent beaucoup. Je pense qu'il faut suivre ce groupe de près tout de même, car ils tiennent en Mathias un guitariste de tout premier ordre. Mais ce n'est pas la prestation que j'ai vu à Cahors qui me permet de dire cela, mais celle que j'ai vu à Cognac lors de boeuf hallucinant notamment avec les Rosebud blue sauce ! Il faut dire que le backline des Rosebud est tellement impressionant que pour un guitariste ce doit être le rêve ! Je suis donc resté un peu sur ma faim avec les Bluesin' Machine. Et c'est là que Mathias invite un guitariste pour la fin du set. Mais oui, c'est bien le fameux volontaire d'Ana Popovic ! Le type semble s'appeler Nico, dit la "mobylette", et être de Cahors ! Cette fois-ci, pas de stratoscaster, mais sa Gison ES, son amplification, un jeu totalement différent, swinguant, endiablé. A force de cotoyer Jocelyn, je sais reconnaître du west coast maintenant ! Il est clair que ce Nico a quelque chose que les autres n'ont pas ! Mais il doit jouer dans un groupe, ce n'est pas possible ! L'enquête continue, je trouverais le fin mot de l'histoire !

- Jesus Volt : Bon nombre doive se demander comment ce groupe peut faire partie d'une programmation blues. Il est vrai que Jesus Volt, c'est un son à part, une ambiance à part, un feeling à part, une présence à part, une grosse influence rock, mais aussi un amour évident pour le blues dans tous ses états. L'écoute de leur album donne une impression moins blues que ce que j'ai vu sur scène à Cahors (et ce les deux soirs). Un harmoniciste chanteur passionné, fougeux et énergique, un habile mélange entre Mick Jagger et Jim Morrisson (sii sii c'est possible, même s'il n'a pas vraiment le même timbre de voix :) ), un guitariste impressionant, de tonus, de feeling, de technique, de précision, jouant dans 90% des cas sur une électro-accoustique amplifiée comme une guitare électrique (avec un pédalier impressionant) (c'est en fait un ancien guitariste de hard) donnant un son bluesy bien gras, un bassiste d'une grande qualité jouant sur une basse électro accoustique comme si c'était une contre-basse, et un batteur arrivé récemment dans le groupe qui tient la dragée haute à ses comparses. Avec ce mélange détonnant, on a eu droit à du blues, du vrai, reprenant bon nombre de standards de Big Joe William, Sonny Boy Williamson, John Lee Hooker, Howlin' Wolf, etc et leurs propres compostions. Je tiens ici à signaler une version démente de Baby please Don't go. Ce groupe possède un talent indéniable pour faire des reprises innovantes et les rendre actuelles. Bien sûr, leur registre sort souvent du blues et il ne s'en prive pas, montrant au public conquis leurs multiples influences.

Voici une journée qui finalement fût fort sympathique et pleines promesses. Le jeudi s'annonçait un peu différement. Moins de groupes, mais l'arrivée des têtes d'affiches américaines. En effet, Willie Kent et son groupe ouvrait le bal pour Lucky Peterson.
Personnellement, c'était la première fois que je voyais Willie Kent, mais tout ceux qui l'ont vu jusqu'à présent n'en ont pensé que du bien. Normalement, côté Chicago Blues, on allait être servi ! Et ce fût en effet le cas. Willie Kent est un bassiste chanteur impressionant de rigueur, de puissance, de talent ! Ce n'est pas pour rien qu'on dit de lui que c'est un bassiste de référence et qu'il a cotoyé les plus grands. Il est magnifiquement entouré par Cléo William à la batterie. Le charismatique et jovial Ken Barker connait ses claviers sur le bout des doigts et sait faire réagir le public, venu en nombre pour cette première soirée payante. Enfin, Willie Kent est entouré par deux guitaristes chanteurs de tout premier ordre, en la personne de Willy Davis et Jackie Dawson. Et voici encore deux guitaristes au style antinomique (ce qui nous a encore valu quelques discussions intéressantes:)) ). Willy Davis joue de la guitare Chicago Blues, plus que Chicago que ça tu meurs, et avec quelle dextérité. Jackie Dawson lui, amène un jeu plus subtil, moins percutant, avec des accents jazzy fort prononçés ! En tout cas, ca fait du bien de voir un groupe de ce niveau, et comme quoi, parfois l'âge n'a pas d'emprise sur le talent de tout ces musiciens. Il y a encore du travail pour nos petits jeunes !!

Après cette bonne surprise, Lucky Peterson fit son entrée en trombe. On peut s'attendre au pire et au meilleur avec celui là. Au menu ce soir, :
- 3 cuivres effaçés,
- un batteur qui bat,
- un bassiste serein et puissant,
- un guitariste doué qui joue vite et fort, très vite et très fort, trop vite et trop fort, sans véritable feeling,
- et un Lucky Peterson, adorant la foule et ses clameurs, qui a encore une fois passé plus de temps sur sa guitare que sur ses claviers, alors que c'est là qu'on le préfère. C'est sûr qu'une guitare, c'est plus pratique pour faire 2 sorties longue durée dans le public, j'en conviens, mais tout de même :)) En fait, c'est toujours pareil avec Lucky Peterson, ça joue fort et bien, c'est exhubérant, il aime le spectacle et en donne pour son argent au public qui vient le voir pour la première fois. C'est quelqu'un d'impressionant. Pour ceux qui l'ont déjà vu plusieurs fois comme moi, on revoit un peu le même film. Ceci dit, je n'ai pas vu le temps passé et il a joué près de 2 heures 30. Même les organisateurs se sont fait avoir :) Dans l'ensemble, c'était un bon concert de Lucky Peterson.

La suite de la soirée se passait dans les bars. Elle avait déjà bien été entammée puisque le concert de Lucky Peterson s'est terminé à 1h20. Paradoxalement, il n'y avait que deux groupes à l'affiche ce soir. Mercy Blues Band et Rosebud Blue Sauce. Pas le choix, je devais voir le Rosebud Blue Sauce, inconnu au bataillon. Le seul petit problème c'est que je n'ai jamais trouvé le Rosebud blue sauce !! Il se faisait tard et il ne restait le Mercy Blues Band. Ma fatigue pris le pas. Ce sera pour une autre fois. (oui, je sais, ce n'est pas la peine de crier ! Rosebud Blue Sauce, c'est génial... je suis au courant, merci ! :-D)....

Le vendredi s'annonçait bien, puisque cette fois, il y aurait de nouveau plein de groupes dans les bars (forcément, il n'y a pas de concerts payants). Avant cela, j'en profitais pour visiter la partie médiévale de Cahors avec une guide fort sympathique. Je conseille, c'est très intéressant. Mais ça n'a rien à voir avec le blues, donc je n'irai pas plus loin :) Surtout que la soirée commençait sur la grande scène par les Marvelous Pig Noise! Ma grande découverte de l'année précédente à Cognac, ce groupe reste pour moi un souvenir merveilleux. J'étais donc heureux de les revoir. Encore une fois, c'était excellent. Ce groupe a vraiment quelque chose de particulier hormis le fait que leur formation soit atypique. J'ai d'autant plus apprécié le travail qui a été fait en un an. Ils ont notamment réorchestré certains de leurs morceaux. Par conséquent, j'ai vu un tout autre concert. Le public, un peu plus nombreux que mercredi, fût conquis. Malheureusement, ils n'ont joué qu'une heure.

Ensuite c'était au tour de Miguel M & the the Brachay's Blues Band. Je ne suis pas resté pour voir le groupe, que j'ai déjà vu plusieurs fois. Et comme une amie m'avait rejoint quelques heures plus tôt, nous nous devions de faire honneur à la cuisine locale ! A Cahors, il y a de l'histoire, du blues et de la bonne cuisine ! :)) Nous fîmes donc notre retour pour le début des concerts du Boulevard du Blues. Nous avions le choix entre Roland Tchakounté, Bluesin' Machine, Buttnaked, Jesus Volt et Mo & The Reapers. Je ne reviens pas sur les autres groupes dont j'ai déjà parlé, à noter tout de même, une meilleure appréciation des Buttnaked.

Roland Tchakounté à Cahors raconté par Mike Lécuyer:

[...] 4 sets de 40 minutes environ (avec une petite pause de 10 minutes) pour Roland Tchakounté, c'est un sacré challenge mais finalement, cela permet aussi aux (bons) musiciens de développer toutes les palettes de leur art et de faire monter l'ambiance tranquillement tout au long de cette (chaude) soirée... Ce fut une soirée absolument magique.

Après une ou deux chansons, le public est envoûté par la voix, par la langue (Roland chante en bamiléké, un dialecte camerounais) et par les musiciens.


Roland Thakounté (photo Mike Lécuyer)

C'était seulement le deuxième concert d'Hervé Guillet (basse) mais il faisait déjà jeu égal avec les"anciens" : Christian Rousset (claviers), Jean-Pierre Vimont (guitare) et Manu Riquier (batterie).

Les gens ont tellement aimé que les 40 cds ont été tous vendus dès le premier soir ! Les musiciens se sont surpassés. Tout y est passé : le feeling, la cohésion, le blues, le rock, la ballade, l'émotion, la transe. Ca c'est terminé en apothéose à 2 h du matin. Epuisé mais heureux, Roland se promet bien de faire encore mieux le lendemain ! [...]

lire toute la chronique de Mike: www.multimania.com/mlecuyer/BKRITIK.htm

Je voulais voir Roland Tchakounté, que je n'avais entendu qu'au cours de certains boeufs parisiens de Travel in Blues. D'origine camerounaise, il chante en Bamiléké. C'est un formidable chanteur avec une voix puissante, et les standards de blues, traduits dans sa langue d'origine, sonnent magnifiquement à nos oreilles. Il en va de même pour ses compositions. Mais son set a quelque peu tourné assez vite à la monotonie, un peu trop convenu. J'avais l'impression que le groupe qui l'accompagnait jouait presque pour la première fois ensemble. Je dois dire que je m'attendais à mieux. Par conséquent, je ne suis pas resté pour le set suivant. Comme les Buttnaked, je souhaite le revoir dans d'autres conditions pour avoir une meilleure idée.

Mo & the Reapers
Mo & the Reapers
- Par conséquent, je me dirigeais vers le doux son Chicagoan que j'entendais au loin. Ce ne pouvait être que Mo & the Reapers. Encore un groupe que je n'avais vu joué. Installé à une table, je dégustais avec plaisir leur musique. Contrebasse (Jeff Tronelle), Batterie (Stéph Typhon), formant une véritable section rythmique blues, clavier (Automatic Slim), chant et harmonica (Mo), guitare (Jean Michel Borello), tout y était. J'ai pu vérifier que leur blues était traditionnel sans pour autant être intégriste (private joke). Vous ajoutez à cela une pincée de zydéco et d'humour, et vous passez un bon moment ! Voilà un très bon groupe animé par une passion commune, qui prend du plaisir à jouer et le communique plutôt bien. Et en plus, en la personne de Mo et Jean-Michel, il y a là 2 excellents musiciens solistes. Le groupe dans son ensemble m'a fait une excellente impression. J'espère pouvoir les revoir à Pornic mi-août. Enfin, je finissais la soirée, honte sur moi dirons les puristes, avec Jesus Volt.

Cela faillit être malheureusement la dernière bonne soirée de ce festival. Je ne comprends pas encore la programmation, qui pour ses 20 ans, a décidé de donner la vedette, en show unique, à Claude Bolling et son orchestre ! Ca me semble un peu paradoxal, mais pourquoi pas. Il y a bien des soirées blues dans les festival de Jazz... Mais nous ne sommes plus à une incohérence de programmation dans les festivals blues:) [NDLR: en fait l'explication se trouve dans le changement d'équipe municipale... le budget du festival a été drastiquement réduit, obligeant à annuler de nombreux contrats] . Par conséquent, n'ayant pas envie de payer pour voir ce concert, il fallut attendre 23h pour que les concerts dans les bars commencent. Au programme Roland Tchakounté et Rag Mama Rag.

- Je voulais absolument voir Rag Mama Rag, dont on me dit du bien depuis un bon moment. Le petit groupe que nous étions décidèrent d'aller voir ça de plus près. Contrairement aux autres groupes, ils ne jouaient pas dans un bar mais dans une "boîte", le Duplex (je suis obligé de le nommer). Nous avons alors été acceuilli par un gros dur qui gardait l'entrée, qui nous a dévisagé et qui a dit en gros (je fais court) : "Oui c'est bien ici, mais attention, ici ce n'est pas une salle des fêtes, il faut consommer et j'y veillerai". Ne voulant point cautionner ce genre d'attitude et d'établissement, tous les témoins présents de cette scène quittèrent les lieux sans chercher à savoir. Cette attitude est d'autant plus regrettable que ce lieu faisait partie de la programmation officielle du festival. Ca ne fait pas du tout sérieux !

Mathis's Mathematical Blues
Mathis's Mathematical Blues
- Triste soirée que cette soirée ce clôture. Et pourtant nous allions être sauvé par un groupe, qui n'était pas prévu, qui a trouvé un plan dans l'un des bars du Boulevard du blues, qui ne devait rien programmer ce soir là. Ils étaient venu en curieux, voir s'il y avait moyen de jouer quelque part ou de boeuffer. Ce sont les Mathis's Mathematical Blues ! Avec Mo & The Reapers et Jesus Volt, c'est la grosse claque du festival, même s'ils n'en faisaient pas partie :). Didier avait déjà écouté leur démo et en pensait beaucoup de bien. Ca s'est confirmé en "live". Ils sont de la région de Nîmes. Ils tournent parfois en solo (Mathis Haug, guitare, chant), ou en duo (Mathis Haug et Florent Siclet, harmonica). Maintenant, ils ont un contrebassiste (Laurent Matarese) électrique de grand talent, et à la batterie, l'excellente Delphine Bayard. Je dois dire que l'osmose de ce groupe est magnifique, le groupe prenant toujours le pas sur les individualités. Et pourtant ces quatre là sont des musiciens de tout premier ordre. C'est du véritable blues accoustique, et ça fait du bien d'entendre un groupe de cette qualité et de cette saveur. Je leur ferais le même compliment qu'à Jesus Volt. Une intelligence et un talent indéniable dans la reprise de standards. Ils appréhendent les morceaux, se les approprient, les modifient avec délicatesse, afin de nous les livrer dans des versions splendides sans pour autant les dénaturer. Dans un tout autre registre, ils sont pour moi une révélation de cette année, avec les Rosebud Blue Sauce et les HoodooMen.

Voilà qui terminait avec bonheur ce festival. Pourtant, dans l'ensemble, je m'attendais à mieux au vu des critiques des années précédentes. D'ailleurs, ceux qui étaient là ces deux dernières années semblent dire également que ce n'était pas le meilleur cru. C'est somme toute regrettable pour un anniversaire aussi symbolique. A quoi cela est-il dû? Dans un premier temps, une programmation étrange. Plus on avançait vers le samedi, moins il y avait de groupe à voir. En fait, à chaque fois qu'il y avait un concert payant, il y avait moins de groupes dans les bars, économiquement ça peut se comprendre. Mais paradoxalement, il y avait plus de monde pour les concerts payants que pour les concerts gratuits sur la grande scène ! Finalement, le dernier jour laissait un arrière goût d'inachevé au lieu de se terminer fête majestueuse, du moins pour ceux qui cherchait du blues à tous les étages :)
Un autre exemple étrange, la circulation automobile. Elle était bloquée sur ce fameux boulevard tous les soirs, sauf le samedi !! Par conséquent, les gens ne pouvaient rester tranquillement à regarder les groupes, enfin le groupe qui restait :) C'est vrai, il n'était pas prévu.
Ensuite, tous les groupes faisaient leurs pauses en même temps ou presque. Résultat, pour nous l'avoir dit, les musiciens étaient frustrés de ne pas pouvoir aller écouter les autres voire boeuffer avec eux. Le public lui non plus, ne pouvait profiter d'une pause d'un groupe pour en voir un autre, etc. De plus, je reviens sur le tendre acceuil fait par le Duplex pour le concert de Rag Mama Rag :)
Il est vrai que la programmation de Claude Bolling était étrange. Par conséquent, le samedi j'aurais presque préféré prendre la longue route qui m'amenait au Festival de la Route de Tullins (près de Grenoble) tellement la programmation était "pauvre". J'en profite aussi pour remettre une couche sur les services d'ordres des vedettes américaines et leur comportement stupide avec les photographes. Pour Lucky Peterson, apparement ils n'avaient droit qu'à une chanson. Sauf que comme souvent, le premier titre est laissé au groupe seul. Du coup, quand Lucky Peterson est arrivé, ils se sont fait virés et n'ont pas pu prendre de photos. Le public non plus n'avait pas le droit de prendre de photo. Enfin, je crois qu'un des journalistes de Blues Mag ou Blues Feelings a su les convaincre d'en prendre, tellement ils étaient stupides ! Surtout avec Lucky Peterson, qui adore ça !

Cet article trainant en longueur, je vais m'arrêter là, ou presque. Je tiens à féliciter tous les musiciens du festival qui ont joué dans les bars. Ils faisaient entre 4 et 6 sets de 30-40 minutes dans une soirée. Il faut tenir la distance et avoir le répertoire pour, car la plupart ont eu peu de doublons !

Concernant mon enquête et ce "Nico", vous devez savoir que je n'ai pas pu la résoudre à Cahors, mais à Cognac. Le bougre s'y trouvait, avec son groupe. Et oui, il a un groupe. Ca s'appelle les Rosebud Blue Sauce. Le fameux groupe que je n'ai pas vu le jeudi. Croyez-moi, avec ce groupe, on tient encore du très très grand blues, west coast. et c'est Jocelyn qui le dit, notre spécialiste en la matière ! Mais pour en savoir plus, il faut lire le compte rendu de la Gazette de Greenwood sur le Blues Passions de Cognac, où le Blues n'était pas là où l'on croyait qu'il devait être ! :)

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33 numéros parus depuis octobre 1998
Alors Docteur, comment va la Gazette ?

Date: 10 Août 2001
De: Pierrot Mississippi Mercier <mississippi@wanadoo.fr>

33 numéros parus depuis octobre 1998 !

J'ai emmené la collection complète pour lire à la plage ( ;-) et j'en ai profité pour faire quelques petits calculs amusants. Je ne vais pas vous assommer avec des chiffres, rassurez-vous #--) Quoique certains donnent à réfléchir et Olivier ne m'en voudra pas, je pense, d'essayer de les faire parler !

33 numéros de la Gazette ça fait quand même... 324 articles (jusqu'à 16 dans un seul numéro mais le rythme de croisière s'établit autour de la dizaine) . 324 articles en un peu moins de 3 ans ça veut dire qu'il y a eu depuis le début de la Gazette un article tous les 3 jours, c'est pas rien!
Au coté d'Olivier (qui est totalement (mais légitimement) hors concours puisqu'il en a écrit plus du quart ), de très nombreux rédacteurs différents ont, un jour ou l'autre, participé à cette aventure. Certains n'ont publié qu'un seul article mais nous espérons bien les voir se manifester de nouveau et venir rejoindre le peloton de tête des contributeurs (un qui est trop discret à mon goût c'est l'ami René, compagnon des premiers jours lui. Il est vrai qu'il a déjà fort à faire avec son journal à lui, l' excellent Travel In Blues.. ). A noter la percée remarquable de Tof qui nous régale de sa prose pratiquement tous les mois depuis son arrivée (votre serviteur, qui commence à faire partie de la vieille garde B+= , est loin d'avoir été aussi assidu)).

Globalement, le chiffre qui m'a le plus impressionné en effectuant ce pointage est celui des documents photographiques publiés: 540 images au total, une bonne part venant de nos recherches sur le Net (dans une moindre mesure dans les bibliothèques et discothèques - 83 pochettes de CDs quand même), mais surtout 246 clichés originaux . Une richesse que de nombreux sites web peuvent nous envier, j'en suis sûr (sommes nous piratés ? si oui, nous pouvons en être fiers). Pour cela en particulier un très grand coup de chapeau à Jocelyn (qui est par ailleurs le plus productif - juste devant le Doc - et ceci depuis les tous premiers numéros).

Une autre caractéristique de notre webzine préféré est la fréquence des articles co-signés ou collectifs. J'en veux pour preuve le dossier sur le blues acoustique publié dans le numéro 29. Il est significatif d'ailleurs qu 'à la suite de cette parution les organisateurs du Festival Blues sur Seine aient prévu un classement spécifique pour le prochain tremplin organisé à Mantes.

J'ai, pour ma part, bien apprécié les séries d'articles thématiques publiées au fil des ans: Grattes et Rabots du luthier Jacques Filhol (4 parutions), "Somebody hoodooed the hoodooman" (glossaire blues) de Jean-Paul Levet (3 parutions). (je n'oublie bien sur pas les 13 parutions des Gueules de Blues de Denis Gérablie)
Tiens, on va faire un sondage (%-)) : est-ce que vous préférez un sommaire entièrement libre (en gros la forme actuelle) ou est-ce que vous aimeriez trouver des rubriques régulières ? Oui ? Lesquelles ? (Question piège car je n'oublie pas que près de la moitié des colistiers ont été, sont (et seront sûrement) rédacteurs !)

Bon, j'ai dit 'hors concours', mais je ne saurais terminer cette petite étude sans remercier Olivier qui sait mener cette barque depuis octobre 1998 toujours dans le bon sens et avec un entrain communicatif.
Le sondage de Pierrot:

la gazette me va très bien comme ça, merci
ça serait bien des rubriques régulières
si rubriques régulières, quel type:
technique (instruments)
historique (biographies, etc)
chroniques courtes des CD nouveaux
autres:

Etes vous prêt à assurer une rubrique régulière (eh eh):
oui    non
  





Date: 12 Août 2001
De: Uncle Lee <stagolee@club-internet.fr>

Il faut ici remercier Pierrot pour le travail colossal qu'il a fait pour tirer des statistiques sur La Gazette de Greenwood… La preuve en est le fichier Excel qu'il m'a envoyé avec pleins de chiffres et de beaux graphiques!

Parti du numéro 1 qui faisait 7 ko et n'avait pas de photos, la Gazette se stabilise maintenant dans les 200 ou 250 ko, dont 150 ko de photos (elles-mêmes outrageusement compressée à 5 ou 7 ko… les photographes m'excuseront, mais tout le monde n'a pas une connexion haut débit…). Le choix de laisser tous les articles en une seule page (à part quelques numéros HENAURMES de 450 ko) est délibéré car une fois chargé on a tout le numéro sur l'écran.

Il va de soi que ce poids est dû à la participation de nombreux rédacteurs (en moyenne 7 par numéro, pour un total de 44 rédacteurs!) qui prennent le temps de donner leur avis sur un CD ou raconter un concert, écrire une biographie ou un pan de l'histoire actuelle ou passée du blues, diffuser une interview (ou une e-interview!), bref partager leur passion. C'est dingue ce que j'ai appris depuis que La Gazette de Greenwood existe ;-)
Comme l'a souligné Pierrot, il y a aussi les articles collectifs, synthèses des débats passionnés et parfois houleux de la mailing-list LGDG (90 abonnés), véritables spécificités de ce que permet internet. Autre caractéristique d'un webzine, la rapidité: trois jours après la mort de John Lee Hooker, l'article émouvant de Gérard et Cisco Herzhaft était en ligne…

Qui écrit dans La Gazette? Des passionnés! Du spécialiste au simple amateur qui a quand même une information à partager.

Qui lit La Gazette? Des passionnés! En Juin 2001, le site www.gazettegreenwood.net a reçu plus de 1500 visiteurs, en progression constante depuis le début (à part une légère décrue avec 1400 visiteurs en Juillet, vacances oblige). Pour une "start-up.com" ça serait un échec, pour un webzine consacré au blues on est content!

La Gazette parle du blues sous toutes ses formes et, sans que ça soit une stratégie établie (d'ailleurs, il n'y a aucune stratégie!), elle se fait particulièrement l'écho du blues en France (et en Belgique!). Ce blues joué loin du Delta mais si vivant et actif: il faut que ça se sache! Que les autres médias viennent nous pirater, on ne demande que ça! (citez vos sources quand même ;-)

Le choix éditorial est de ne pas matraquer un groupe ou un artiste… On n'est pas là pour se poser en "tenants de la vraie vérité"… Seules les "vedettes" du blues sont parfois écornées, quand elles le méritent! Pour les artistes qui bien souvent galèrent: si on n'aime pas, on n'en parle pas (mis à part quelques impressions de concert, qui ne sont que des "impressions" et ne demandent qu'à être contrecarrées). Tous les goûts sont dans la nature, chacun a son public, et bien souvent parmi les rédacteurs de La Gazette il y en a qui apprécient et qui, piqués au vif, vont faire un bel article!

Les polémiques vont bon train sur la mailing-list, tandis que le webzine se veut positif et mettre en avant les artistes qui jouent la musique qu'on aime. Keep the blues alive!

La Gazette de Greenwood a évolué et continuera à évoluer. Elle ne parle pas de tout (des disques ou concerts importants ne sont pas chroniqués, faute de rédacteur), mais elle essaie d'apporter sa contribution à l'information sur le blues.

La Gazette de Greenwood, Mazette quel Webzine!

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