n°34 (Août 2001)
date: 2 juillet 2001
(Compiègne, le 30/6/2001)
de: Jocelyn Richez <jrichez@noos.fr>
(photos de l'auteur)
Pour cette 2ème édition, le festival de Compiègne a changé de formule en optant pour un regroupement sur une seule journée contre 3 soirées l'année dernière. Le cadre: le cloître Saint Cornille en plein centre de Compiègne est un lieu exceptionnel. L'ambiance était vraiment sympa et conviviale, à l'image du festival de Cognac l'an dernier. Comme en plus le beau temps était au rendez-vous, tous les éléments étaient réunis pour passer de grands moments et je ne fus effectivement pas déçu !
C'est le groupe français Bluesy train qui avait l'honneur d'ouvrir les hostilités en cette fin d'après midi ensoleillée. Emmené par un Gérard Tartarini (guitare, chant, kazoo) qui avait un peu le trac, ce trio acoustique sut vite séduire le public avec des paroles en français originales avec une pointe d'humour. Gros succès notamment pour le "parano blues".
PARANO-BLUES Paroles et musique Gérard TARTARINI -1998
J'me suis levé ce matin avec un drôle de "feeling". (bis) |
C'est ensuite les Nightporters qui montaient sur la scène: un groupe anglais au look très marqué "années 50" (ils portaient tous le même costard noir avec de fines rayures) et avec une musique très rock & roll à mi chemin entre Doctor Feelgood et les Stray Cats. Certes, les puristes du blues trouveront peut être à redire mais il faut reconnaître qu'ils dégagent une énergie incroyable et surtout contagieuse: il fallait voir ce public relativement froid au départ taper du pied pendant tout le concert. Les nightporters sont non seulement de bons musiciens mais ils ajoutent en plus cette touche de spectacle qui fait la différence en particulier avec le contrebassiste Chris Robbins-Davey qui fait des figures incroyables avec son imposant instrument, me rappelant Lee Rocker. Bref, ils ont obtenu un gros succès populaire mérité: une révélation !
Après une courte pause et en attendant Byther Smith, son groupe - composé de musiciens hollandais - (les Nightriders à ne pas confondre avec les nightporters !) joua trois morceaux que j'ai trouvé sans intérêt faisant un peu retomber l'ambiance comme un soufflet. Heureusement, Byther Smith fit son entrée sur la scène. Il était à ma grande surprise presque souriant: incroyable !
Mais, un petit problème (technique ?) qui m'a échappé sembla rapidement l'énerver et là, à l'image d'Albert King de la grande époque, c'est après une petite montée d'adrénaline qu'il donne le meilleur de lui même. Certes, personnellement, je me serais bien passé des keyboards dont le son d'orgue ne me semble pas le plus adapté pour accompagner Byther Smith, même si le musicien en question était très compétent. Au final, Byther Smith fut fidèle à sa réputation assurant un bon set sans fioritures. Y'a pas à dire: c'est un grand maître du Chicago blues !
Au rappel, il a joué une somptueuse version du grand classique de BB King, "the thrill is gone". Ca donne le frisson !!!
La tête d'affiche était Eugène "Hideaway" Bridges, Louisianais installé au Texas. Son entrée fut tonitruante avec l'incontournable instrumental de Freddy King: "Hideaway". Il enchaîna ensuite avec ses propres compositions, discutant beaucoup avec le public pour introduire ses morceaux. L'interprétation du blues lent "Aching heart" fut particulièrement épatante. Il rendit un bel hommage à son père, lui aussi guitariste (Hideaway slim). En fin de concert, il descendit dans le public durant un formidable medley Jimmy Reed. Par beaucoup de points, aussi bien le physique, que par l'énergie qu'il dégage, il m'a rappelé le concert de Mickael Burks (un autre guitariste de sa génération) à Utrecht. Son jeu de guitare très fluide avec de superbes cascades de notes me rappellent Jimmy Johnson. Apparemment, il a pris autant de plaisir que le public, terminant son spectacle avec un immense sourire. Curieusement, je me suis rendu compte qu'il n'a pas joué l'un de ses titres majeurs, le fameux "Born to be blue" .
Si physiquement, il ressemble de plus en plus à BB King, après un tel concert, il pourrait aussi prendre sa succession en tant que "king of the blues" !!!
Quel soirée !!!
petit prix, grand spectacle, maximum de plaisir: la formule gagnante de ce festival de Compiègne qui a parfaitement lancé la saison des festivals. La barre a été placé très haut, j'adresse un grand bravo aux organisateurs.
Vivement l'année prochaine.
Je n'ai pas l'habitude de raconter ma vie par écrit, mais je m'en vais quand même vous raconter ma soirée de Samedi a Clermont, car une initiative comme celle-la mérite d'être soulignée.
En effet, la toute nouvelle association Speakeasy (menée de mains de maître par Laetitia et ses amis) proposait la soiree "Tap'ton boeuf Blues" avec Calvin Jackson en vedette puis une scene ouverte a tous pour finir la soiree.
Rendez-vous était donc fixé ce samedi à la Petite Coope a 20h30. A souligner le tarif de 20F seulement a tous ceux se présentant avec un instrument (bien vu !!).
Accompagné de Ron Thomson, guitariste et chanteur Anglais de Haute-Loire à découvrir de toute urgence (mais je vous en reparlerai plus longuement sans tarder...), nous nous présentons donc a la coope, guitare en bandoulière évidemment.
La soirée débutait avec Electric Ladyband, trio stephanois emmené par la (très..!!) charmante Sophie au chant et a la guitare. Le Blues rock servi est de très grande qualité par de très bons musiciens. Basse et batterie sont on ne peut plus carrées au service de leur leader et Sophie reste impressionnante de feeling et de facilité à la guitare. Et en plus elle chante superbement bien, ce qui ne gache rien...!!! En bref, un très bon set de Blues avec compos et reprises de grand niveau.
Laetitia rejoint le trio en fin de set pour un très(très...!!) charmant duo de guitares... Un groupe à decouvrir avec un bel avenir devant lui. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.
Place était donnée ensuite a Calvin Jackson et son groupe. J'allais donc découvrir cet artiste dont j'avais entendu parlé mais que je n'avais pas encore écouté. Le groupe qui accompagne le chanteur batteur baisse, à mon goût, le niveau de l'ensemble. Guitariste hollandais un peu trop démonstratif et harmoniciste un peu a la traine. M'enfin...
Quand a Calvin, j'ai trouvé que sa voix tres soul clochait un peu avec son répertoire delta blues. Mais bon, ca reste mon avis...
Sinon, un bon set de bon vieux blues tres apprecié par le (nombreux..??) public.
Pour finir la soirée, la scène était donc ouverte a qui voulait jammer. Comme on le sait, gérer ce genre de chose demande une petite organisation. C'était chose faite, avec un petit planning établi à l'avance par les organisateurs.
Oui, mais qui dit boeuf "blues" dit, en général, 500 guitaristes prêts à se tirer la bourre, deux ou trois harmonicistes, un ou deux pianistes, et puis c'est tout... Par chance, ce soir là, la distribution ne fut pas mal équilibrée. Deux batteurs se sont succédés ainsi que deux/trois bassistes pour assurer la rythmique durant tout le boeuf et la bonne dizaine de gratteux
prêts à bondir était bien là...
On pouvait également voir une partie de la "fine fleur Bleue d'auvergne" (tiens, je la referais celle là...??!!) : Mo [Al Jaz], venu faire un tour à la sortie du boulot (...!!!), Automatic Slim, qui avait fait le déplacement depuis le Cantal, et bien sur Laetitia puisque organisatrice de la soirée. Bref, y avait du beau monde.
Côté musique, comme c'était à prévoir vu le nombre de gratteux, c'etait un peu tendance Blues rock et guitare (a mon gout..!!), et le niveau restait très bon tout le long. En tout cas, le boeuf se déroula sans aucuns problèmes ni faux départs ou attentes, malgré quelques habituelles longueurs des morceaux quand même....
Mentions toutes speciales a Laetitia, en progrès toujours constants a la guitare et au chant (que du bonheur ..!!), à Mo pour sa disponibilité et son aisance légendaire dans ce genre d'exercice, à Arnaud guitariste blues rock a decouvrir sur scène, a Nico batteur de Laetitia tout en feeling, et à la (très..!!) charmante chanteuse dont je ne connais pas le nom (shit..!!).
A signaler un bon final avec Calvin Jackson, laetitia, Sophie, Mo et Automatic Slim .
Petit regret personnel, le fait de ne pas avoir pu jammer ainsi que Ron. Petit raté de notre part. Mais bon, on sait qu'il ne faut jamais proposer la premiere bière a un Anglais, après on ne peut plus l'arrêter....!!! Ce n'est que partie remise.
Bref, en définitive, une très bonne soirée très bien organisée à renouveler dès que possible. Bravo et merci à l'association Speakeasy et à Laetitia.
festival de blues du Croisic |
Et voilà la première vague de l'été :)))
Le premier festival de blues du Croisic avait lieu le 14 et 15 juillet dernier. Le lieu choisi était l'ancienne criée du joli port du Croisic, sur la côte sauvage. Comme pour marquer le coup, le soleil avait décidé de ne pointer le bout de ses rayons que sur cette partie de la France ! La Bretagne, pour l'occasion terre de blues et de soleil, accueillait 5 groupes français réunis sous la bannière de l'association Blues Qui Roule. A l'origine, Paul Orta devait être l'invité américain du festival, mais il n'a pas pu se rendre en France. Par conséquent, ce serait un festival 100% Blues Qui Roule. Tout ce que je peux dire, c'est que l'on a rien perdu au change. Au programme, Blues Hangout, Flying Saucers, Malted Milk, Mississippi Mud et Scratch My Back. C'était la première fois que j'allais voir tous ces groupes. Le plus connu d'entre eux était Malted Milk, dont on a déjà parlé sur la Gazette. Je peux dire que le niveau de ces groupes est élevé et prometteur, et deux d'entre eux sont vraiment d'un niveau supérieur. Le festival se déroulait sur deux jours, les groupes inversant leur ordre de passage un jour sur l'autre. La journée se finissant tard dans la nuit en boeuf percutant et animé.
Blues Hangout :
Groupe composé d'un bassiste (Yan Renoul), d'un batteur (Jérôme
Boineau), d'un harmoniciste (Philippe Evrad), et de deux guitaristes
chanteurs (Fred Lebaron et Philippe Lai). On a affaire là un bon groupe
de chicago blues qui tourne plutôt bien, mais il manque le petit quelque
chose qui fait que ce peut être encore mieux. Peut-être cela est-il dû
au deuxième guitariste, Philippe, éffacé. Apparement, il vient tout
juste d'intégrer le groupe, et cela peut expliquer cette drôle
d'impression. Pourtant lors des rares moments où il a chanté ou a pris
un solo, on a senti qu'il y avait moyen de faire quelque chose
d'excellent. Il devrait suivre l'exemple de Fred, qui se donne
totalement sur son jeu de guitare et de chant. Il faut faire mention ici
du talent l'excellent harmoniciste qu'est Philippe Evrad. J'ai hâte de
voir la tournure que va prendre ce groupe, dont les membres sont
vraiment des personnages fort sympathiques et amoureux de cette musique.
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Flying Saucers :Pour moi, ce fût l'un des deux groupes impressionants de ce festival.
Nous avons là un groupe de grande qualité, innovant, travaillant sur des
compositions originales, en français, et souvent plein d'humour. Il y a
un petit esprit Benoit Blue Boy derrière. Ce groupe a aussi le mérite
d'avoir une identité propre et forte, qu'ils assument tous parfaitement,
que ce soit au niveau des textes, de leur musique, de leurs influences
diverses et variées (chicago blues, rock'n'roll, zydéco, cajun). Leur
crédo : Le côté festif de la musique, donc du blues mais pas que ça.
Parfois ça peut jouer des tours, je pense notamment au samedi soir. Il y
a eu comme un relâchement côté public suite à 3 morceaux français, dont
le controversé Angelina, pourtant très drôle. Du coup, il a fallu un peu
de temps pour que ça reparte. Le dimanche, c'était meilleur mais avec
une programmation plus blues et des morceaux différents.
La section rythmique des Flying Saucers est irréprochable, avec Christophe Schelstraete (batterie) et Charly Duchein (basse), ce qui laisse aux trois autres membres du groupe une liberté enchanteresse. En effet, nous sommes en présence de 3 bons chanteurs et de 3 excellents solistes !! - Anthony Stelmaszack à la guitare (meilleur guitariste du festival avec Arnaud Fradin) très impressionant et incisif, efficace dans tous les styles et avec une rythmique solide, - Fabio Izquierdo à l'harmonica et au Rubboard, avec un jeu explosif et ennivrant à l'harmonica - et Cédric Le Goff à l'orgue et piano (auparavant avec Zeb et apparaît sur l'album des Doo The Doo). Une voix puissante, un dynamisme impressionant derrière ses claviers et une dextérité et un feeling génial. Mais malgré ces fortes individualités, les Flying Saucers sont un véritable groupe, uni et harmonieux. A voir absolument ! |
Malted Milk :Et voici l'autre grande claque du festival. Les fameux Malted Milk dont tout le monde dit du bien. Je crois que je vais faire comme tout le monde alors ! Comment faire autrement ! Ils sont tous excellents. Ils font des compositions très intéressantes, des covers plus que bien pensés. Ils ont un harmoniciste talentueux (Emmanuel Franguel) et certainement l'un des meilleurs (le meilleur j'ai entendu dire) guitaristes de l'hexagone (Arnaud Fradin), et je crois que l'on peut repousser les frontières plus loin. C'est également lui le chanteur du groupe. De plus, on trouve Michel Catel (Batterie) et Jean-François Vincendeau (basse).Ce groupe, c'est du talent à l'état brut, transpirant la passion, qui ne demande qu'à exploser. J'en veux pour preuve leur deux prestations. le Samedi, en début de festival, tout électrique, ils ont conquis le public très facilement. Pourtant, la mise en place a semblé difficile au début, problème de voix du chanteur. Mais une fois chaud, ils sont devenus inarrêtables ! Et le Dimanche, ils ont cloués le bec à tout le monde. Le bassiste était absent. Il a fallu "improviser" un concert. Résultat, Arnaud et Emmanuel ont entamé une session accoustique extraordinaire. Le public clairsemé est revenu petit à petit soutenir un des grands moments du festival. Du blues root magnifique et de temps en temps, une innovation et un feeling bien senti. Leur connaissance du répertoire blues est ahurissante. Maitriser aussi bien le blues accoustique et ce blues électrique proche de Chicago est stupéfiant. Je me demandais même si ce n'est pas en accoustique qu'ils étaient les meilleurs ! Comme j'aime à le dire de temps en temps, nous avons affaire à des "gros dieux" ! Et il fallait voir le boeuf électrique qui a suivi le dimanche avec une partie des Flying Saucers !!! De la folie !! |
Mississippi Mud :Voilà une formation complétement accoustique pleine de vie, qui a la particularité d'avoir, autour du très bon chanteur/guitariste (Morgan Lebec), des membres des autres groupes de Blues Qui Roule à savoir, Blues Hangout (Yann Renoul à la basse, Jérôme Boineau à la batterie), Scratch my back (Kévin Doublé à l'harmo et au chant). Le samedi, ils ont joué en extérieur. C'était une bonne idée mais pas idéal, surtout quand la sono du port met à fond du Daft Punk, ou qu'une Harley passe par là, surtout quand on se trouve de l'autre côté de la rue, à une terrasse de café :) !Par conséquent, Dimanche, j'ai pu me faire une meilleure idée de ce groupe original. Ils reprennent des standards plus ou moins connu. Simplicité, bonne humeur, feeling sont au rendez-vous avec cette excellente formation. |
Scratch My Back :Voici un groupe qui semble avoir un bel avenir devant lui avec une bonne marge de progression. Il y a tous les ingrédients pour que ça devienne encore meilleur. Ce groupe a de la cohésion, du talent, de la classe, un leader inconstestable et efficace avec Kevin Doublé à l'harmo et au chant. J'adore sa façon de vivre sa musique, le regard qu'il a quand il joue et chante. La passion semble tenace et c'est tant mieux. La section rythmique est superbe, avec Olivier Sueur à la batterie et surtout Miguel Hamoum à la basse, et deux guitaristes au style diamétralement opposé, ce qui a d'ailleurs alimenté bon nombre de discussions entre certains festivaliers: Julien Broissand et Aymeric Oval. Aymeric gère essentiellement la rythmique, mais il a pris quelques solos et on a eu droit à un superbe jeu plein de finesse, rapide, bref de belles envolées lyriques. Julien, quant à lui, a un jeu plus découpé, composés de petites phrases assassines, un jeu hâché, proche du west coast (je pense ne pas me tromper). Son entente avec Kevin est évidente. La petite polémique se référait justement à la viabilité de ces deux styles opposés, et qui de Julien ou d'Aymeric devait être lead guitar, prétextant le fait que Julien semblait se chercher constamment et être plus laborieux. Je ne suis pas d'accord avec ce jugement et j'ai vraiment apprécié le style. Mais peut-être y'a t-il un travail à faire autour de cela, des ajustements, que sais-je. Ce qui compte c'est qu'il fasse la musique qu'ils aiment. La valeur ajoutée du groupe est aussi le jeu du saxophoniste Sylvain Fetis sur bon nombre de titre, ce qui apporte une touche vraiment intéressante à leur Chicago Blues. Bref, encore un groupe à suivre. Ce sont eux qui ont assuré le génial boeuf final du samedi avec entre autre les Malted Milk. |
Ce festival fût vraiment une réussite et ce n'était pas facile. Le
public était au rendez-vous le samedi et ça faisait plaisir. Dimanche
fût un peu plus délicat.
Mississippi Mud, le premier groupe, reçut un
franc succès devant un large public et ensuite l'assistance s'est
clairsemé petit à petit. Mais à la fin, il est en partie revenu,
subjugué par le final proposé. Peut-être que la formule doit être un peu
ajustée, avec moins de groupes, mais l'idée de faire tourner les groupes
dans un ordre différent un jour sur l'autre est bonne.
L'ancienne criée est un joli lieu, mais peut-être pas le meilleur côté
sonorisation, et ce malgré le bon travail de l'ingénieur du son.
J'espère qu'il y aura une seconde édition. Le Croisic c'est sympathique! Et un grand merci à Blues Qui Roule et à son président Alain Leclerc
dit Harmo, pour l'accueil et la qualité de son travail. Et merci aussi
aux musiciens. Cela fait plaisir de voir autant de talents, de plaisirs,
de joie de jouer, de solidarité et d'amitiés entre les formations.
Si vous ne savez pas quoi faire le week end le 17 et 18 août, vous
pourrez revoir quelques un de ces groupes à Pornic !
le site de Blues Qui Roule: www.bluesquiroule.com
Voir aussi dans La Gazette de Greenwood:
Mississippi Mud: un bain de jouvence (LGDG n° 29)
Blues en Retz (Pornic): Un Festival est né (LGDG n° 22)
La Sale Company: Rendez.Vous chez le Décoiffeur (LGDG n° 19)
Malted Milk: Peaches, Ice Cream & Wine, leur 1er CD (LGDG n° 18)
Blues Qui Roule: Sur l' pont de Nantes un blues y est donné (LGDG n° 18)
Je me remet petit à petit d'un été bluesical assez chargé au cours duquel j'ai assisté aux concerts de : Mighty Mo Rogers, Lonestar Shoot Out, Rhoda Scott, The Blind Boys Of Alabama, Jesus Volt, Nine Below Zero, Eugene Hideway Bridges, Nico Wayne Toussaint, Neil Young, John Doe, le tout dans 3 festivals : Jazz à Vienne, Omblèze et Sur la route de Tullins. Carnets de route :
Vivement l'été prochain ...
La naissance d'un lieu qui programme du blues est toujours un événement, surtout en cette période où la tendance est plutôt à la fermeture… Il faut dire que Gilles et Bruno ont fait fort pour étrenner leur nouveau bar : le Boob (Bar and Good Music).
Le bar est situé sur l'Ile d'Oleron, dans la ville du Château-d'Oleron (Charentes-Maritimes, 17), au cœur d'une citadelle du plus pur style Vauban chargée à l'origine de défendre l'entrée de Rochefort-Sur-Mer des attaques de la perfide Albion. Les hostilités avec nos voisins étant finies, le Boob s'est donné une mission beaucoup plus pacifique et festive: bar and good music. Gros avantage de la situation : pas de voisins et murs très épais ! Si les obus ne pouvaient pas rentrer, les décibels ne peuvent (presque) pas sortir et en tout cas ne dérangent personne. Longue vie au Boob, et n'hésitez pas à imposer votre propre équipe à la table de mixage ;-)
De la Good Music, ils en promettent en effet grâce aux conseils avisés de Guy L'Américain qui a permis en Avril dernier d'inaugurer les lieux avec Tino Gonzalès et propose une programmation pour l'été des plus musclées avec notamment deux concerts dont La Gazette de Greenwood se fait l 'écho : Tommy Castro et Doo The Doo.
Juste une remarque sur le volume sonore… Celui du concert de Tommy Castro était beaucoup trop fort… C'était à peine supportable et il a vraiment fallu que le concert soit exceptionnellement bon pour tenir jusqu'à la fin! Ce fut donc avec quelques craintes pour mon capital auditif que je me rendais au concert des Doo The Doo et là, ô surprise, le volume sonore était correct… pas besoin de protéger mes tympans ! L'explication est simple : Tommy Castro avait son propre ingénieur du son, alors que c'est l'équipe du bar qui a sonorisé les Doo The Doo. Cet ingénieur du son doit être sourd-dingue, et il faudrait lui dire qu'il y a un seuil de tolérance aux décibels… Cette remarque est malheureusement valable pour de nombreux concerts ailleurs: pas la peine de nous vriller les oreilles pour qu'on apprécie la musique…
Le talentueux Californien était de passage à l'Ile d'Oleron en ce mi-juillet venteux. En effet, un café concert a ouvert il y a quelques temps sur l'Ile, dans la cour du Château d'Oleron. Le Boob (Bar and Good Music). La programmation du lieu est orientée, blues, blues-rock. Petit bar, petite salle. En tassant bien, on doit pouvoir y mettre 300 personnes maximum! La scène est étroite, enfin si on peut parler de scène puisque les musiciens sont à votre hauteur et donc à 50cm de vous si vous le souhaitez ! Cela donne un fort sentiment de convivialité à cette salle, qui est dans l'esprit du Blues des Anges de Cognac, mais avec une chaleur somme toute supportable !
Et il y avait du monde pour Tommy Castro, environ 200 personnes. Il y en avait qui connaissait l'artiste, d'autres, la majorité je pense, pas du tout. Il faut dire que le bonhomme était présenté et annoncé comme il se doit sur les flyers et les affiches du coin : "Leader incontesté de la scène Blues de la Côte Ouest US"! Avec le retard qu'il se doit, le concert commença en trombe ! C'était parti pour deux sets endiablés. Il faut dire qu'avec Tommy Castro, on ne risque pas de s'ennuyer. Ca déménage, c'est efficace, ça donne envie de battre la mesure constamment ! Et le "Me and My Guitar" de Freddie King, en ouverture, s'y prêtait à merveille !
Le concert n'était pas trop proche de son dernier disque live, ce qui réservait donc quelques bonnes surprises. Et sur les titres communs, certains étaient parfois arrangés différement. En tout cas, il est clair qu'il se réserve une bonne part d'improvisation, et c'est tant mieux.
Son spectacle est pour une bonne part fait de ses compositions originales. Il en a même profité pour tester quelques titres de son prochain opus qui doit sortir à la fin du mois. Sinon de bonnes reprises de morceaux plus ou moins blues, James Brown, Freddie King, Buddy Guy, BB King, etc. Sa version de "taste of your love" était intéressante.
Première partie partie du morceau, il reprend les plans de BB King, du moins il essaye, parce que personne ne sonne comme BB King. Et ensuite, il nous emmène allégrement dans son style fougueux et passionné, technique et pourtant bien senti.
Mais Tommy Castro est surtout bien entouré ! Son band est d'un niveau exceptionnel. Un saxophoniste terrible, un batteur dangereusement efficace, et un bassiste redoutable. C'est d'ailleurs ce dernier qui a le plus épaté, à juste titre, notre Maire de Greenwood, présent à mes côtés (autant vous dire que j'étais ému :-D ) ! C'est lui qui mène la barque (le bassiste, pas le maire... quoi que :)) ).
Quand on n'a jamais vu Tommy Castro, et qu'on aime le blues, on apprécie vraiment beaucoup et on prend un grand plaisir. Son blues-rock, un peu funky, son feeling, sont très efficaces, et c'est un bon chanteur. Et ce soir là, je crois pouvoir affirmer que de son côté, il s'est vraiment bien éclaté. Même s'il répète tout le temps "I love this crowd", je crois que pour le coup c'était sincère. Il s'est donné à fond. C'était la fête dans la salle !
Après ce concert, il montait à Paris pour sa dernière date Européenne. Ensuite, de retour aux USA, il faisait la première partie de Buddy Guy et BB King, lors d'un festival itinérant. Deux maîtres à penser. Ce doit être un sacré événement pour un artiste.
Comme d'habitude, les Doo The Doo ont commencé très fort, et comme d'habitude la pression (musicale) est montée jusqu'à son paroxysme ce Jeudi 19 Juillet au Boob (Le Chateau d'Oleron). Eh oui, les DTD ont encore été excellents ! Ca en devient presque énervant, car on aimerait parfois apporter quelques critiques… Par exemple dire qu'Elmore Jazz (harmonica) semblait un peu fatigué dans le premier set. Mais non, on ne peut pas le dire, car même fatigué (il jouait la veille chez Dan, à Conthis-Plage !), il se planquait derrière Jimmy mais assurait d'enfer dans son ruine-babines ! A la pause, il m'a dit "fatigué? moi? Jamais!" et en effet, au second set ce fut du grand Elmore Jazz, flamboyant et scénique à souhait !
Petit public mais grosse ambiance, les Doo The Doo ont joué leur répertoire (principalement celui de leur CD "Hex") et quelques reprises, et la magie a opéré. Leur plaisir de jouer était évident et dans le public, ceux qui les connaissaient appréciaient et ceux qui les découvraient explosaient de bonheur ! Quel rythme ! Quelle pêche ! Les Doo The Doo savent alterner les styles (et ils en maîtrisent un paquet : texas, chicago, swamp, boogie, etc) et les tempos, ce qui permet au public de toujours être tenu en haleine, sans lassitude ou temps mort.
A la pause, Philippe "Sad" Carnot, Prince de Bretagne, Baron de Kermabeuzen et batteur de son état, m'a expliqué qu'il ne faisait jamais de solo de batterie, car il trouvait ça peu intéressant et qu'il n'aimait pas se mettre en avant. Et paf, au premier morceau du second set, ses compères (et amis ??) l'ont "forcé" à prendre un solo !! Net et sans bavure ! Ce fut une première et si Sad a raison de ne pas abuser des solos de batterie (les "démonstrations" sont en effet souvent sans intérêt), ça a prouvé ô combien sa présence dans le groupe est fondamentale. Des batteurs avec un tel sens du rythme et du swing… il n'y en a pas beaucoup !
Toujours aussi à l'aise à la basse, Mig "Bass Dreuz" Toquereau n'a pas fait de solo (ça sera pour la prochaine fois !) ni slappé (ouf !) et a prouvé si besoin était qu'il est devenu lui aussi une des pièces fondamentales du groupe. Quant à Zeb le Magnifique, il mérite bien le surnom que je viens de lui donner ! Qu'il caresse sensuellement sa guitare ou qu'il s'en serve comme d'une mitrailleuse, chacun de ses soli est une pure merveille. L'entente est parfaite avec Jimmy Jazz Le Valeureux, guitariste incisif et précis, plein de feeling. Quant à Elmore Jazz L'Eveillé, on peut dire qu'il joue de l'harmonica les yeux fermés, alors… quand il se réveille… époustouflant!
Les trois chanteurs du groupe se sont relayés (Elmore a quand même attendu le second set !), ajoutant là aussi une variation à l'ambiance du concert. On a même eu droit à un mini set des Bonoboz', alias Zeb-Mig-Sad, groupe instrumental qui s'est ici déchaîné sur trois titres de Surfin'Rock. Ce n'est qu'un petit aperçu de leur répertoire et c'est un style que j'apprécie moins que les DTD, mais ça décoiffe et ça décrasse !
Les représentants de la presse people présents au concert se posèrent mille questions sur les magnifiques couvre-chefs des frères Jazz, et seule La Gazette de Greenwood est en mesure de vous révéler que ces chapeaux viennent tout droit du Canada où les Doo The Doo ont fait un véritable triomphe au festival de Jazz de Montreal où ils ont joué entre autres devant 15000 personnes !
A Oleron, il y avait 200 personnes au Boob (Bar… And Good Music) deux jours plus tôt pour voir Tommy Castro, et 150 de moins pour les DTD… Faut-il être bluesman américain pour avoir du succès en France ? Les absents ont eu tort, car même si il est vain de vouloir comparer Castro (qui mérite aussi le détour!) et les DTD, il n'y a aucune raison objective à ce que l'un soit plus attractif que les autres.
Leur dernier disque a très mal été distribué, suite à la décision du distributeur MSI de stopper net la distribution pure pour se consacrer à je ne sais quoi... quelques semaines après le lancement de l'album… Quelle injustice ! Il n'y a plus qu'une solution (en attendant de trouver un nouveau distributeur), se le procurer directement lors d'un de leurs nombreux concerts ou en le commandant sur le site www.doothedoo.com (le Cd est vendu 110F, seulement!).
le site officiel de Doo The Doo: www.doothedoo.com
Doo The Doo dans La Gazette de Greenwood:
chronique du CD "Hex"; Doo The Doo, Sortilège... (LGDG n°26)
E-interview: de ce sort tu ne pourras te défaire!! (LGDG n°26)
Concert de Doo The Doo: ça a chauffé chez Mickey! (LGDG n°19)
Doo The Doo en concert: chronique d'une réussite annoncée (LGDG n°12)
une interview de la jeune chanteuse et guitariste d'origine yougoslave Ana Popovic réalisée par mes soins pour Blues&Co et La Gazette de Greenwood lors de l'édition 2001 du festival blues de Cahors (juillet 2001)
Bonjour. Tu es Ana Popovic, tu as 25 ans, et tu viens de Belgrade en Yougoslavie ?
Ana Popovic : oui, c'est exact ! ... (rires)
très bien... Peux-tu nous dire quand as-tu commencé à faire de la musique ?
AP : j'ai commencé vers l'âge de 15 ans, cela fait donc 10 ans maintenant. J'ai réellement démarré quand j'ai eu mon premier groupe vers l'âge de 18 ans, où j'ai fait des concerts. Mais le blues était souvent présent chez moi, puisque mon père était grand amateur de cette musique. Il avait pas mal de disques, et c'est ce que j'écoute depuis les premières notes de musique dont je me souvienne. Il y avait des jams sessions à la maison, il jouait avec ses amis, donc c'est comme ça que tout a commencé.
tu viens d'enregistrer ton premier disque pour le label allemand Ruf, comment as-tu rencontré les responsables de ce label ?
AP : et bien j'étais à un concert de Bernard Allison en Allemagne, je l'ai rencontré backstage et il m'a invité à jouer sur scène 2 ou 3 morceaux, parce qu'il avait déjà entendu parler de moi.
Nous avons joué ensemble et c'était très bien, le public a vraiment bien réagi et a apprécié nos duos de guitare, et Bernard aussi a apprécié.
Puis il m'a dit : « écoute, j'ai une idée en tête ... », mais je ne le croyais pas trop. 10 jours après ceci, j'ai reçu un email de Thomas Ruf, il voulait me rencontrer pour parler musique quand je voulais, pour voir quel était mon style et quelles étaient mes idées, et c'est comme cela que tout s'est fait.
A cette époque, ils travaillaient ensembles sur ce projet d'album hommage à Jimi Hendrix "Blue Haze", qui était presque fini, et il m'a dit « si tu veux, tu peux faire un morceau dessus », c'est donc devenu mon premier morceau pour Ruf, la reprise de "Belly Button Window" de Hendrix.
"Hush" est le nom de ton album chez Ruf, j'ai lu quelque part que c'est aussi le nom de ton tout premier groupe à Belgrade ?
AP : oui c'est exact, nous jouions là-bas à l'époque, et on a même fait un album sorti en Yougoslavie, juste avant que je ne parte vivre aux Pays-Bas.
donc "Hush" est une sorte d'hommage à cette première expérience ?
AP : oui, dans un sens, car j'aime mettre en relation ce genre de choses. Mais j'aime le mot aussi parce qu'il veut dire aux gens qui écoutent ma musique qu'il faut être attentif à ce que nous jouons. Hush est ici entendu comme un "chut !" (rires), comme une demande d'attention adressée au public, c'est là son vrai sens.
tu as enregistré cet album à Memphis, c'est une ville importante pour une jeune musicienne et pour un premier album. As-tu été stressée de ce fait ?
AP : non. La première fois que j'ai parlé à Thomas Ruf de l'enregistrement de mon album, nous nous sommes mis d'accord. Il m'a demandé quel était mon style et je lui ai dit que j'étais plus branchée par les artistes noirs-américains comme Buddy Guy, BB King, Albert King et tout le reste que par le blues européen. Il a dit «je connais bien Jim Gaines», qui est un grand producteur, il a notemment produit Stevie Ray Vaughan, «donc si tu veux aller là-bas pour enregistrer ton album ...»
Je voulais vraiment faire cela, car à Memphis tu peux apprendre tellement musicalement. J'étais plutôt décontractée quand j'y suis allé, ils ont bien aimé mes morceaux, on a enregistré pendant 3 semaines et le disque était fini à temps. C'était tellement différent, beaucoup de musiciens noirs ont joué sur ce disque, pas mal de choeurs, ça m'a apporté pas mal d'inspiration générale et j'ai envie d'en enregistrer un autre là-bas.
tu as donc appris des choses intéressantes à Memphis ?
AP : oh oui. Aussi bien au niveau blues, au niveau des chansons, qu'au niveau des arrangements, c'était vraiment passionnant.
tu es jeune, tu es une femme, il n'y a pas beaucoup de femmes qui jouent de la guitare blues en Europe, est-ce que tu penses que, de ce fait, ça a été plus difficile pour toi de devenir célèbre ?
AP : Je ne sais pas vraiment, pour moi devenir célèbre importe peu, ce que je veux c'est surtout jouer avec des musiciens que j'admire vraiment. J'ai joué avec Kenny Neal, avec Bernard Allison, on a jammé, et c'est quelque chose qui m'inspire vraiment, d'être sur la même scène. Quand je joue avec eux, j'aime avoir un style spécial qui leur fasse dire «ah ok, c'est différent...», donc je veux vraiment pouvoir jouer de ce style mon instrument.
Maintenant savoir si ça a été plus dur en temps que femme, je ne sais pas vraiment, disons que je n'ai pas eu de moments difficiles. Mais je n'attendais pas beaucoup de choses.
J'ai beaucoup travaillé de mon instrument et c'est pour moi la chose la plus importante, avec le fait de jouer dans de grands festivals.
est-ce que le blues est populaire en Yougoslavie ?
AP : oui, il y a des groupes blues comme partout, bien que ça n'ait jamais été le courant musical principal. Il y a toujours eu un circuit blues et un public pour, comme partout. En Yougoslavie on avait des titres qui passaient sur la station radio principale, comme n'importe quel autre groupe.
tu joues aussi ailleurs qu'en Europe ? AP : oui, on a joué au festival de Beale Street à Memphis qui accueille 150000 personnes, c'était il y a 2 mois environ et c'était vraiment grandiose. On jouera à nouveau aux Etats-Unis à partir de janvier. On joue aussi dans le reste de l'Europe.
on t'a vu au mois de juin de cette année jouer à Radio France à Paris avec le français Paul Personne, comment as-tu rencontré ce musicien ?
AP : J'étais venue à Paris une fois et avec une personne qui est en relation avec Ruf, Yazid Manou, qui m'a présentée à Paul Personne. Paul a écouté mon album et l'a apprécié, de la même façon que j'admire ce qu'il fait, car je le trouve fabuleux. Il a donc décidé de venir se joindre à nous pour cette session radiophonique où il y avait aussi Popa Chubby, c'était bien. Mais je crois qu'on a joué des solos vraiment trop longs !! (rires)
Paul est un grand personnage et un très bon guitariste.
tu as des projets pour l'avenir, un prochain album ?
AP : oui, il sera enregistré à la fin de la tournée américaine qui démarrera au début de l'année prochaine, avec le même producteur. En ce moment j'écris des titres pendant que nous faisons tout ces festivals.
et bien merci beaucoup Ana.
propos recueillis par Didier Taberlet à Cahors (juillet 2001)
Oui, il y a du blues en Lozère! Et la première nuit du blues a eu lieu cette année, le 21 juillet, à St Flour de Mercoire, juste à côté de Langogne. Le village est petit, certes (je ne suis même pas sûr qu'il y ait un bistrot) mais il y a tout de même un théatre, le Théatre de L'Arentelle. C'est à l'origine une ancienne grange en pierres, bien pittoresque, restaurée et aménagée en théatre avec Une salle de réception et une autre salle où se trouve la scène. Le tout est un habile assemblage de bois et de pierre.
Si cette soirée était la première nuit du blues, c'était aussi une première pour moi puisque je ne connaissais (si ce n'est de réputation) aucun des groupes à l'affiche, à savoir Jean CHARTRON, Marvellous Pig Noise, Jeff Toto Blues. Une idée originale était de proposer au public de se restaurer avant (ou pendant) le spectacle. Au menu, chili con carne, fromage, bière. Pas de la grande gastronomie mais un côté convivial incontestable, avec vue panoramique sur la campagne lozérienne.
La nuit a commencé avec Jean CHARTRON. Ce grand bonhomme, d'un abord simple, nous a tout de suite étonné par sa manière de jouer; Il est gaucher mais joue avec des cordes montées en droitier. Bien que seul, avec sa guitare acoustique, il installe une ambiance à la fois intimiste par la simplicité de sa musique, et explosive par l'énergie avec laquelle il joue. Il se sert allègrement de sa guitare pour ajouter des percussions. La voix est chaude, grave, un peu rauque, trés agréable à écouter et en concordance avec son jeu. Un jeu dynamique (une corde cassée l'a contraint à utiliser uniquement sa deuxième guitare) qui a su conquérir le public. Mélant chansons en anglais et chansons en français, standard de blues et compositions personnelles, les textes sont profonds et poétiques. Les arrangements (notamment sur Key To The Highway et Baby Please Don't Go) ont une personnalité affirmée. Ce musicien nous a donné un moment magique dans un cadre exceptionnel.
Les Marvellous Pig Noise se sont ensuite installés et ont démarré sur les chapeaux de roue. Leur musique, du blues revisité à la sauce New Orleans, arrosé de beaucoup d'humour et de bonne humeur, a fait bougé tout le monde. Ce groupe est fabuleux, les musiciens sont excellents et savent (presque) tout faire. Pierre CISTERNE, avec sa voix de ténor léger (c'est lui qui le dit) chante vraiment trés bien, mais je l'ai trouvé aussi trés bon à l'harmonica. J'ai beaucoup aimé son jeu au dobro et à la guitare, cette guitare qui a un son superbe. Quelque chose de vieux, de traditionnel, et de clair en même temps, même amplifiée elle sonne super bien. L'autre guitariste, Jérome DUSFOUR, à la guitare acoustique et au banjo m'a moins impressionné, le son était plus dur et je l'ai trouvé surtout bon accompagnateur.
La présence de David MELELLI à la bassine apporte un côté humoristique au groupe mais un son de basse aussi trés particulier. Les claviers étaient tenus par Christian BENARD qui, de temps en temps, est venu au devant de la scène pour jouer à merveille son rôle de chanteur-prédicateur, avec une belle et grosse voix de baryton. Je finirai sur un autre personnage haut en couleurs...musicales: Jean-Brice VIETRI qui est un véritable homme-orchestre. Il tient une rythmique de folie avec sa washboard, une petite batterie, un tambourin, toutes sortes de percussions, des cymbales, et j'en passe. Celà apporte un côté joyeux et spectaculaire qui a fait de ce groupe un grand moment de cette nuit du blues. Les morceaux, tirés de leur CD ainsi que du prochain étaient bien interprêtés, assortis de quelques titres de Révérend Gary DAVIS et de Bukka WHITE entre autres, avec des arrangements là aussi (forcément) trés particuliers.
A cette heure avancée de la nuit, le public s'est clairsemé. Certains se réchauffaient prés du feu qui crépitait dans l'immense cheminée, prés du bar. Entre chacun des sets, et donc en attendant la mise en place de Jeff Toto Blues, dans un coin de la première salle, Matthieu (j'sais pas son nom, je crois qu'il est de Toulouse) jouait du blues sur une Strat, tout seul avec un simple ampli, et ça le faisait. Son jeu est impeccable, et voir un musicien jouer dans le public, si proche, c'était exceptionnel. Un seul bémol, sa voix, que je n'ai pas aimé du tout. J'aimerais le revoir jouer dans un groupe, ça doit être
trés bon.
Ceux qui avaient résisté au sommeil ont accueilli Jeff Toto Blues pour le dernier set. Aprés les Marvellous Pig Noise, réchauffer le public allait être une chose ardue. Mais Jeff, c'est une joie de jouer, de vivre son blues, qui est trés communicative et le public s'est bien pris au jeu. En débutant par Hymne Au Blues, c'est ensuite la soul qui a été abordée, pour mieux revenir au blues aprés un petit passage par le reggae. Autant dire que Jeff Toto a plus d'une corde a son arc et que son répertoire est finalement bien fourni et hétéroclite. Les morceaux ont été quasiment tous des compositions personnelles, en français. Le groupe était "allégé" puisque Stéphane Espinasse qui est habituellement à l'harmonica, n'était pas là pour accompagné Eric Orsoni (qui a tourné pendant un temps avec Bernard Lavilliers) à la basse et Didier Hanot à la batterie. Jeff (Jean-François THOMAS) a donc joué de l'harmonica, en plus de sa Télécaster. Sa voix rauque m'a rappellé celle de Patrick Verbeke et sert trés bien ses chansons blues. Les textes en français parlent de la vie quotidienne et sont plaisant à écouter.
Le spectacle s'est terminé vers 2h30. Ce fut une nuit de blues. Pour une première, j'estime que cette soirée a été trés bien menée, et la qualité de la musique était d'un haut niveau. Le cadre est exceptionnel pour ce genre de représentation et y donne une identité toute particulière. Il faut saluer les efforts des organisateurs (L'association des familles de Langogne et Jean-François 'Jeff Toto' THOMAS) qui avaient visiblement mis beaucoup de coeur à lancer cette nuit du blues. Jean-François est une véritable personnalité de sa région et a été trés accueillant, trés sympathique. Nul doute que la deuxième nuit du blues mérite d'exister, suivie par de nombreuses autres.
Photos: www.photo-amateur.fr.st/concert/
Voir aussi l'interview et chronique de disque de Jeff Toto dans LGDG n°31
Le vendredi 6 juillet 2001, La Gazette de Greenwood (gazettegreenwood.net) et Bluesactu.com organisaient leur premier chat "Blues Corner" permettant aux internautes de dialoguer avec des invités. Ce jour là, nos invités (de marque!) étaient Mo' Al Jaz' et Jean-Michel Borello du groupe Mo & The Reapers (voir LGDG n° 23) qui ont gentiment joué le jeu de ce "chat-interview"!!
De: 'Blues FM' Cedric <cedricblv@hotmail.com>
Bonjour à tous et bienvenue sur le chat blues Corner (La Gazette de
Greenwood / Bluesactu.com). Ce soir nous vous proposons une rencontre
exceptionnelle avec le groupe Mo and The Reapers suite à la sortie de leur
dernier album Hot'N'Spicy Blues. Nous recevons Mo' Al Jaz' (chant, Harmo) et
Jean-Michel Borello (chant, guitare)
Bonne soirée !
Bernard84> Comment est né le groupe ? Jean-Michel est-ce toi l'initiateur ?
Jean-Michel> Non, c'est Mo, je suis arrivé après. Mais en fait, on se
connaissait depuis vingt ans.
Dv (don't Forget to Boogie)> A part le site web, je ne vous connais pas.
Pouvez-vous vous présenter (parcours musical etc.) ?
Jean-Michel> On est donc un groupe de blues "traditionnel" créé il y a cinq
ans. On est 5 (Chant, guitare, piano, basse, batterie). On essaye de jouer
le blues le mieux qu'on peut, sans le dénaturer. On est dans le coin de
Clermont-Ferrand. On a enregistré 3 cd. Le dernier "Hot'N'Spicy" marche
plutôt bien. Il y a que des compos a peu près originales dessus...
Tof> Blues traditionnel, ça veut dire quoi pour vous ?
Jean-Michel> Blues traditionnel, ça veut dire qu'on respecte les racines de
cette musique, sans être intégristes néanmoins ! Si tu veux, on trouve que
le mot Blues recouvre un peu n'importe quoi aujourd'hui. On veut essayer de
préserver ce qui fait vraiment l'originalité du style.
Uncle Lee> Parle-nous des concerts .
Jean-Michel> On a beaucoup joué dans les bars de la région. Maintenant, on
essaye de faire surtout des premières parties ou des festivals. On joue à
Cahors, à Vic sur Cère et a Pornic bientôt et bien sûr encore pas mal de
petits bars dans le Cantal ou le Puy de Dome.
Uncle Lee> pour les Belges : à quand les Reapers en Belgique ?
Jean-Michel> C'est quand même loin ! Faudrait plusieurs dates... On ne
connaît personne par là bas et on est quand même un peu feignants tu sais
pour aller si loin ..
cedric_bluesactu> Jean-Michel, quels sont les artistes de blues actuels qui
ont tes faveurs ?
Jean-Michel> Pas grand monde. Mel Brown, Jonny Basset, Duke Robillard,
Ronnie Earl... En fait, j'écoute surtout les anciens comme T Bone Walker
cedric_bluesactu> et en France ?
Jean-Michel> En France, j'aime bien les Marvellous Pig Noise et les
Hoodoomen m'ont scié !
cedric_bluesactu> As-tu découvert la musique avec le blues ?
Jean-Michel> Oui, presque. Vers 1965, en même temps que le rock et le jazz.
Le premier, c'était Billy Boy Arnold. Je suis resté un fan de blues et de
jazz depuis. Vraiment un fan des deux.
Uncle Lee> Avant tu n'écoutais rien ?
Jean-Michel> Avant, j'avais treize ans.
cedric_bluesactu > et toi MO, as-tu découvert la musique avec le blues ?
MO> J'ai plutôt découvert la musique avec la musique orientale. Ensuite le
rock des années 60 et les tournées de l'American Folk Blues Festival.
cedric_bluesactu> les stones par exemple ?
MO> Entre autre.
Jean-Michel> Moi j'aime bien les stones, surtout Keith!
Dv> Jean-Michel quand tu disais que tu ne voulais pas être intégriste que
veux-tu dire par là ?
Jean-Michel> Ca veut dire qu'on respecte le truc mais qu'on s'autorise à
changer à la marge...
cedric_bluesactu> Un mot sur John Lee Hooker, a-t-il exercé une influence
sur votre musique ?
Jean-Michel> Oui, bien sûr... On joue Boom Boom à tous nos concerts. Ceci
dit, John Lee est tellement spécifique...
MO> Ses boogies seront toujours présents dans notre musique
Tof> Ne se dit-on pas que c'est difficile de faire de la musique et encore
plus du blues, quand on est en province ? Quand on voit comment cela est
parfois difficile sur Paris même ?
Jean-Michel> En Province, c'est ni plus ni moins difficile. Par contre,
c'est dur de trouver les types qui faut pour jouer.Y'a moins de choix!
dv> " Y'a moins de choix ! " je ne comprends pas ... n'êtes vous pas 5 ?
Jean-Michel> Si, mais quand y'en a un qui part, c'est galère pour le
remplacer. Surtout un pianiste ! On est tombé sur Automatic Slim qui habite
Aurillac mais c'est dur pour répéter !
Uncle Lee> Slim, pourquoi Automatic?
MO> Tu ne l'as pas vu quand il joue ou quoi ? Waouh !
Automatic Slim> En Boogie, la main gauche est indépendante de tout ce qui se
passe ailleurs...
Jean-Michel> En fait, Automatic Slim ne joue jamais sans son 38 special sur
le piano. Dangereux ça ! Mais efficace. ça aide là ou on joue !
MO> y s'en est servi 1 seule fois ...... mais le mec l'a senti passer.
cedric_bluesactu> Le public est plus demandeur en Province, non ?
MO> Bien sûr mais il n'y a pas trop de connaisseurs.
Jean-Michel> Mais les gens aiment bien ce qu'on fait en général. En fait, on
préfère jouer dans la campagne. Le public est plus spontané.
Tof> Avant Mo & The Reapers je ne pensais pas que ça bougeait "blues" dans
le massif central ! et il semble que vous n'êtes pas seul ! Ce doit être
motivant ?
Jean-Michel> Non, on n'est pas les seuls. Y'a Laetitia, pins et ses
copains.
Uncle Lee> Mo, joues-tu d'un autre instrument ?
MO> Non, j'avais commencé la guitare et manque de bol je me suis abîmé 1
poignet (accident) et depuis c'est l'harmonica.
cedric_bluesactu> Pourquoi avoir réédité le titre "My Computer Ain't Workin
Any More" de Blind Joe Castlebridge sur votre album. C'est assez rare comme
démarche ?
Jean-Michel> On est tombé sur le 78t- à Vicksburg et on l'a bien aimé. Et
puis on a rencontré Blind Joe. Et voilà ...
Uncle Lee> pfff, la vrai version est dans LGDG
Jean-Michel> C'est vrai. Mais celle là est vraie aussi !
didtab> Et Cahors c'est la première fois que vous y allez ?
Jean-Michel> oui
Uncle Lee> Vous rentrez dans vos frais avec les concerts ? ou plus ?
Jean-Michel> oh, tu sais quand on a retiré les frais d'essence et les cordes
de guitare ou les harmos,il reste plus grand chose
Tof> Ca veut dire que vous n'en vivez pas, mais souhaiteriez vous en vivre
ou finalement la situation actuelle vous convient plutôt bien ?
Jean-Michel> Pour moi ça va comme ça !
Tof> Ca vous frustre ou pas du tout ?
MO> Ca me frustre beaucoup si tu veux savoir
Jean-Michel> Tu sais, j'ai connu des pros, ça ne me fait pas tellement envie
comme vie...
Tof> Et qui compose la musique dans votre groupe ? il y a des règles ?
Jean-Michel> Ben c'est moi qui compose, mais les autres défigurent tout ce
que je fais !
MO> On travaille ensemble et pour les paroles Big Joe a été très productif.
Jean-Michel> Y'en a encore plein les cartons, tu sais, Mo !
MO> il ne voulait pas au début et d'un coup il a commencé à écrire et on ne
pouvait plus l'arrêter.
Jean-Michel> En fait j'ai tout écrit pendant les réunions au boulot. Pour
écrire, il faut que je sois dans une certaine disposition et les réunions
sur le budget c'est super !
Tof> Tout à l'heure vous disiez que vous faisiez du blues traditionnel et ne
pas vouloir être intégriste... C'est pas complexe pour être tout de même
original ? Vous vous censurez quand vous tombez sur des plans trop
classiques ?
Jean-Michel> C'est vrai qu'on n'aime pas jouer les gros standards. On
préfère surprendre un peu les gens.
MO> on essaie de fouiner. Il y a tant de chose à faire découvrir dans le
blues
Tof> Je pensais à vos compos originales ? Comment être traditionnel et ni
trop intégriste ?
Jean-Michel> je ne sais pas, tu penses qu'on a trouvé la bonne mesure Tof ?
Tof> Je ne peux juger, je ne connais pas assez... Mais dans ce que j'ai déjà
écouté, il y a une bonne alchimie oui ! C'est à la fois quelque chose qui
sonne comme connu, mais qui nous entraîne ailleurs... Ca me plait :)
cedric_bluesactu> Et les pages "Economie" du Monde, ça t'inspire toujours
Jean-Michel ?
Jean-Michel> Oui, je me considère comme concerné par la politique (quand je
dis politique, ce n'est pas Jospin/Chirac, OK ?). Et mon expérience
personnelle m'a confirmé que c'était sacrément important !
cedric_bluesactu> Tu te sers de la musique pour faire passer un message ?
Jean-Michel> Non, message, ça non. J'aime bien parler de ce qui me concerne,
c'est tout !
cedric_bluesactu> Avez-vous commencé à réfléchir sur le prochain CD ?
MO> New : Projet d'1 nouveau CD à partir d'octobre.
Jean-Michel> Oui. Il y aura des trucs en français.
cedric_bluesactu> comment s'appellera t il ?
MO> Ce n'est qu'au dernier moment qu'on décide
Jean-Michel> je sais pas encore. LGDG Blues peut-être ;-)
Tof> Et vous savez déjà combien de proportion de titres en français ? Qui
écrit les textes ?
Jean-Michel> C'est moi qui écrit les textes. Sur le premier album, à part "
Truck Nicolas ", c'était tout en anglais.
cedric_bluesactu> et sur le prochain ?
MO> J'aimerais bien au moins 1/3 des titres
Tof> Ca te semble dur de faire sonner les mots français sur votre blues ? Ca
ne semble pas évident comme ça de loin ?
Jean-Michel> Oui c'est dur. Autre question ?
MO> Tu sais c'est pas facile de faire sonner en français mais on devrait
pouvoir le faire.
Jean-Michel> Si on prend des mots courts, ça va mieux pour les blues.
Merci à Jean-Michel et Mo' Al Jaz' d'avoir participé à cette première et à
très bientôt !