SOMMAIRE :
la date: Sat, 30 Jan 1999
De: "Zig" <littlew@club-internet.fr>
[...]
A part ça, connaissez vous Robert Pete Williams
(1914-1981) ?
Il a été découvert par un ethnomusicologue
en 1958 venu enregistrer des chants de prisonniers dans le pénitencier
d'Angola. Mais c'est Robert Pete Williams qu'il y découvra. Il y
purgeait une peine de prison à perpète. Il a fini par être
libéré sur parole mais aussi sûrement grâce aux
efforts de l'ethnologue qui l'a découvert.
Son style de guitare est vraiment très particulier.
Il joue un style de Blues rural mais avec la particularité
de se servir presque tout le temps
d'accords mineur ("ré mineur" souvent) ce qui
donne un son inhabituel et amène une tension assez dramatique.
Il joue même des fois des boogie en mineur.
C'est le genre de musicien spontané qui ne reprend
jamais deux fois un de ses Blues. Il joue selon l'inspiration du moment
autant pour la musique que les textes.
Pour vous faire une idée, je vous conseille "Angola's
prisonner blues" (Arhoolie) enregistré dans le pénitencier
même, ou "the legacy of the blues vol.9"(Sonet).
C'est vraiment de l'excellent blues acoustique
et qui plus est assez novateur au niveau couleur.
Ayou tout l' monde
Zig
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la date: Tue, 02 Feb 1999
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
pour compléter l'information donnée par
Zig sur Robert Pete Williams, voici un extrait trouvé dans le livre
"Nothing but the Blues":
[...]
Parmi les autres morceaux recueillis ce mois là
[Janvier 1960, enregistré par Harry Oster], signalons le très
intense et très émouvant
"Almost Dead Blues", de Robert Pete Williams qui venait
d'être récemment libéré. La chanson reflète
la maladie et, indirectement, la liberté sous
condition dont il avait bénéficié
en Décembre 1959. Les conditions de sa mise à l'épreuve
étaient en effet si rigoureuses qu'il se trouva
virtuellement réduit en esclavage dans une ferme
de Denham Springs, Louisiane jusqu'en 1964.
[...]
Hexagone Blues: un CD sur le Blues en France
Date : lundi, février 01, 1999
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
Bonjours heureux Greenwoodiens,
je viens de découvrir dans la presse qu'un nouveau
disque sort ce mois-ci: Hexagone Blues.
Je précise pour nos amis canadiens ici présents,
car je ne sais pas si ils connaissent l'expression, que l' hexagone
en question est la France
(qui, si on cherche bien, a une forme hexagonale).
Donc ce disque est consacré aux groupes de Blues
français. Présenté par Patrick Verbeke (pilier du
Blues français), ce CD est annoncé comme
étant le Volume n°1 d'une collection (ça
c'est une bonne nouvelle!).
Parmi les groupes présentés, on trouve
un de mes groupes préférés (Doo The Doo, voir
la page que j'y consacre sur mon site:
http://perso.club-internet.fr/latailla/DooDoo/DooTheDoo.html
), mais également Harmonica Steve, Karim Albert Kook, Magic Buck,
Double Dose, Raoul Ficel, Poill's, Lulu Campers Blues Band, Black &
Blues, etc. Bon, je ne les connais pas tous, mais justement ça
va être l'occasion de les découvrir!!
Vous noterez au passage que l'existence même de
ce disque répond en partie à la question de Marc Champagne
qui nous demandait (sur la liste
"La Gazette De Greenwood") si le Blues connaissait en
France le même regain d'intérêt qu'au Canada: oui, ce
CD en est la preuve!
Bluesicalement vôtre
Uncle Lee
bonjour chers Greenwoodiens,
décidemment Docteur Blues est une inépuisable
source d'information sur le Blues (mais c'est normal quand on est bac +
8 en Blues). Il y a
quelques temps il évoquait un livre de Gérard
Herzhaft: "un long Blues en La mineur".
Et bien j'ai lu le livre, et j'ai aimé. C'est
un roman qui devrait intéresser tous les amateurs de Blues, puisque
le sujet principal en est
bien sûr la musique du diable!
Gérard Herzhaft raconte ici l'histoire d'un jeune
adolescent qui, en 1945, découvre le blues "par hasard" avec
les G.I.'s noir-américains
cantonnés dans sa ville de Normandie. Quand les
soldats américains repartent, il oublie cette musique (qu'il trouvait
d'ailleurs particulièrement répétitive et dissonnante),
mais la redécouvre quelques années plus tard alors qu'il
est étudiant et retrouve les vieux 78 tours que lui avait donné
son ami "Sugar".
Cette musique devient une passion dévorante qui
le conduira aux Etats-Unis à la recherche de "Big Johnny White"...
Là, il découvre ce qu'est réellement le blues, avec
ces bons côtés (la musique!), mais aussi ces mauvais côtés
(ghetto, misère, violence, alcool, etc). Retrouvant finalement son
idole "Big Johnny White", alcoolique obèse et malade, il se lie
d'amitié avec celui-ci, dont le jeu de guitare et le chant sont
restés toujours aussi intenses que sur les vieux 78 Tours enregistrés
bien des années auparavant. Big Johnny continue à vivre cette
vie de bluesman itinérant, sans attache et sans le sou.
Il le fait venir en France quelques années plus
tard (années 70) pour une tournée dans les maisons de la
culture, les salles de théatre et les
vieux cinémas désaffectés. Le succés
rencontré devant les quelques spectateurs médusés
comble Big Johnny, qui apprécie de voyager dans une vieille 4L et
de dormir tous les soirs dans un hôtel, tout en étant (maigrement)
payé. Mais le vieux bluesman meurt, léguant son blues en
héritage à son ami.
Cette histoire racontée simplement sonne vrai.
Je ne sais pas si elle est autobiographique, mais en tout cas on peut reconnaître
parfois des
anecdotes concernant tel ou tel bluesman, et il y a quelques
réflexions bien "senties" sur la société américaine
ou française! C'est donc un
livre intéressant à lire, sans "prise de
tête"!
références (pour le commander ou le "recommander"
à votre bibliothèque locale!):
"Un long Blues en La mineur" de Gérard Herzhaft,
collection Page Blanche / éditions Gallimard Jeunesse, 165 pages,
34 F
bluesicalement vôtre
Uncle Lee
la date: Sat, 13 Feb 1999
De: "Jean-Pierre Bourgeois" <jpbourgeois@claranet.fr>
Salut les Greenwoodiens, hommes, femmes et enfants.
Hier soir, concert Big Brazos au MINESCHOLA,
café musique - restau moules frites fort recommandable.
Le Docteur Blues est "là".
Les "Bigs", qui, heureusement ne sont pas des moules,
ont la frite. (oui, je sais, c'est facile).
Le Doc, mine de rien, choisi les morceaux et donne le
tempo. Sourire glissé entre barbe et moustache, il gratte sa Takamine
en chantant d'une voix convaincue.
Trois heures de blues, parsemées de quelques touches
de country et même de musique cajun aux paroles mémorables
que l'assemblée reprend à tue tête:
A remarquer, outre le Doc, un harmoniciste, impeccable
disciple de Milto. Le guitariste arrive à tirer fort bon parti d'une
copie Strato injouable.
Une petite réserve pour le bassiste qui joue un
peu trop "sur le temps" au lieu de tirer tout le monde légèrement
"en avance". Deux ou trois cuillères de vitamines et il n'y paraîtra
plus.
Cependant, excellente soirée vécue par
un public qui en redemande jusqu'à des heures prohibées.
Avis à la population:
Tous ceux qui n'ont pas, ou qui n'envisagent pas d'engager
Big Brazos sont des gros nuls méprisables.
______________________________
Jean-Pierre Bourgeois
www.multimania.com/lbop/
www.respublica.fr/jpb/
"Guitar Lovers" mailing list manager
De: "Docteur Blues" <jtravers@europost.org>
Lundi 22 Feb 1999
Cette question "un peu bête, c'est vrai ;-) " je
me la suis posée car je ne voyais pas de relation entre Robert
Johnson et Mississippi John Hurt. (thème de notre très
chère Gazette de Greenwood .
Habitant la même région au même moment,
leur style de jeu et les textes des blues qu'ils interprètent, sont
totalement opposés. Robert est un pur jus du Delta, il y côtoie
ses pères et influence toute la vallée du Mississipi jusqu'à
Memphis.
Mais John Hurt c'est lui l'énigme ?
Faut-il le rapprocher des grands Pickers comme : Blind
Blake, Blind boy Fuller ou Blind Willie McTell fondateurs du East coast
blues (chou-chous de Stefan Grossman et de Marcel Dadi) ? A votre
avis ? ...
Ce "Piedmont blues" dont le berceau s'étend de
Caroline du Nord et Sud, Virginie, Georgie, Kentucky, du Nord de la Floride
à l'Ouest du Tennessee et dont les descendants comme Brownie Mc-Ghee
ou Gary Davies se retrouveront à la pointe du mouvement Folk New-yorkais
aux côtés d'artistes blancs comme Woody Guthrie et Pete Seeger.
Tout ce courant musical est bien éloigné
de Greenwood, du Delta et par extension de Beale street ou de Maxwell street.
Dès la fin des années cinquante, un historien
anglais, Paul Oliver, faisait une distinction entre bluesman et songter.
Sans dire que les uns sont plus prépondérants que les autres,
le Songter est la mémoire musicale vivante de la région
dont il est issu et s'exprime donc dans des styles très variés,
qui plaisent à un large auditoire. Les songters étaient très
branchés à la fin du siècle dernier et au début
de celui-ci.
Ils étaient en quelque sorte le seul moyen de
diffusion de la musique populaire.
Ainsi aux blues et aux chants de prisonniers, ces troubadours
ajoutaient à leur répertoire des airs italiens, des Polkas
d'Europe centrale, de la musique mexicaine, du Hillbilly.
Henry "Ragtime" Thomas, né au Texas vers 1875,
est l'exemple type du songter, chantant et jouant à la demande pour
les ouvriers du chemin de fer des airs reccueillis lors de ses pérégrinations.
Il s'accompagne à la guitare, l'harmo, et aussi à la flûte*
(*instrument méconnu du blues, voir la fin du film de Bertrand Tavernier
"Mississippi Blues"). Il enregistre sur Vocalion vers 1927 et sera repris
plus tard par Bob Dylan et Canned Heat.
On peut citer aussi Mance Lipscomb également originaire
du Texas, de Navasota, il débute la gratte en 1905 mais il n'est
découvert par Paul Oliver qu'en 1959. Son style n'ayant subi aucune
influence, son très bon jeu en Fingerpicking rappelle le Piedmont
blues. (encore une piste) (pour les fous de picking notez également
Blind Willie Johnson mais là on s'égare...)
Mississippi John Hurt serait donc lui aussi un songter,
comme les bluesmen cités ci-dessus. il n'appartient à aucun
style musical de sa propre région. Il reste une exception jouant
un riche répertoire en picking avant 1928, date où il grave
ses premiers 78 t.
Ses musiciens en marge du blues et avant l'avènement
de la radio étaient de véritables Juke-boxes vivants
du début du siècle et de véritables virtuoses de la
six cordes.
Qu'en pensez-vous ?...
Sur ce je m'tire pour trois jours à London,
ça vous laisse un peu de temps pour méditer
!!!
A+ le Doc
______________________________
Accro à la musique du diable ?
Allez visiter, le site du Docteur Blues
et signer son Bluesbook :
www.multimania.com/docblues
Voici un compte rendu de la rencontre avec Popa Chubby
organisée au bottleneck par l'association Travel
In Blues.
1ère réaction, à chaud:
la date:Dimanche, 28 Février 1999
De: "jocelyn richez" <jrichez@hotmail.com>
Contrairement aux musiciens qui l'ont précédé
(Roy Rogers, Duke Robillard, Screamin' Jay Hawkins, Clarence "Gatemouth"
Brown et Bill Deraime en 98) dans cette formule, il a pris la soirée
plus comme une obligation professionnelle que comme un plaisir et il n'a
pas cherché le
dialogue avec les passionnés de blues qui composent
l'associasion. Il en a fait exclusivement une opération de promotion
pour son concert du
jeudi.
Après un bref passage à 20h00 avec ses
musiciens, il a décidé de partir manger ailleurs et
revient vers 21h30. Immédiatement, il se dirige vers la sono. Les
réglages étant vite effectués, il entame rapidement
le premier morceau accompagné par son bassiste, le batteur effectuant
les
percussions avec les petits moyens du bord. Après
ce premier titre, c'est le président de l'association René
Malines qui prend la parole pour présenter la soirée, son
invité et nous proposer de lui poser des questions. Pour la première,
c'est moi qui m'y colle, et je lui demande l'origine de son nom singulier
"Popa Chubby" (qu'on pourrait traduire en français par grosse érection,
son véritable nom étant Ted Horowitz). La réponse
fut brève: "stupid question!" pas besoin de traduire ...
Là dessus, il reprend sa guitare et enchaine 3
ou 4 morceaux de très bonne facture. Il nous annonce que la suite,
c'est pour jeudi à l'Elysée Montmartre,
et il accepte de répondre aux questions. Elles furent peu nombreuses,
et les réponses très brèves ne nous ont pas appris
grand chose. Autant il peut s'exprimer très
bien avec une guitare dans les mains (et son show case d'environ une demi-heure
en est la preuve),
autant il semble qu'il n'avait pas grand chose à
dire (en tout cas d'interessant).
En vrac, on a appris que sa couleur préférée
est le noir (passionnant !), qu'il a commencé à jouer seul
dans sa chambre; sachant que son
premier instrument était la batterie, ce sont
les voisins qui devaient être contants.
Plus interessant: il prépare une compilation de
guitaristes de New-York pour le printemps, et c'est là qu'il fut
le plus bavard indiquant de
manière un peu prétentieuse qu'aujourd'hui,
les meilleurs musiciens sont à New-York (il n'a pas convaincu grand
monde) et ajoutant qu'Austin est mort avec Stevie Ray Vaughan. Je passe
sur les détails, il n'a pas fait dans la dentelle.
A l'incontournable question sur la france et son opinion
sur les musiciens français (il y avait quelques "pointures" dans
la salle comme
Mauro Serri, Claude Langlois, Pascal Mikaelian et Alain
Rivet), il nous indique qu'il ne vient en France exclusivement pour des
raisons
professionnelles. Il connait peu les musiciens français
(il a cité Leadfoot Rivet et un jeune groupe Bordelais que je ne
connais pas -
Mississippi Johnson ???); il les trouve originaux ("ils
ne cherchent pas à copier pas Stevie Ray Vaughan").
Il était semble t-il pressé (il avait apparemment
un autre rendez-vous ensuite), et après avoir dédicacé
quelques pochettes de CD, il est
reparti vers 22h30.
La soirée n'était pas terminée pour
autant puisqu'un jeune musicien français était attendu pour
nous présenter son premier CD. Je ne peux
pas vous en parler puisque je suis parti avant qu'il
n'arrive.
2ème réaction, après réflexion! :
la date: Jeudi 04 Mars 1999
De: "jocelyn richez" <jrichez@hotmail.com>
Dans mon précédent compte rendu sur la
soirée Popa Chubby au bottleneck, j'ai sans doute été
excessivement négatif à chaud, parce que je ne
connaissais pas bien le contexte. C'est pourquoi, suite
à quelques informations qui me sont parvenues depuis, je suis
devenu plus indulgeant et je tiens à rectifier le tir.
Sur son humeur d'abord, ceux qui l'on fréquenté
de près durant cette journée m'ont dit qu'il se comportait
un peu comme un gamin (un gros
bébé quand même !) c'est à
dire qu'il peut être adorable (ce qui serait parait-il souvent le
cas) mais aussi capricieux. Il a des jours sans et
des jours avec un peu comme tout le monde finalement.
Le problème, c'est qu'on est tombé sur le mauvais jour et
qu'il ne s'est effectivement pas
montré très courtois. On peut mettre cela
sur le compte de la fatigue et du stress quand on sait qu'il était
en train d'effectuer une tournée
européenne de folie (beaucoup de kilomètres,
peu de sommeil), il n'avait parait-il dormi qu'une heure la nuit précédente.
Quand à son passage "éclair", j'ai appris
qu'il arrivait directement des studios d'Aligre FM où il était
invité juste avant et qu'il était ensuite attendu à
23h00 sur France Inter. Bref, son agenda était vraiment surchargé.
Quand à sa réponse désagréable
à ma question, on m'a indiqué que c'était la question
"bateau" que tout le monde lui posait et qu'en particulier
on venait de lui poser peu de temps avant sur Aligre
FM. Je ne pouvais pas deviner...
Aussi, pour ceux qui ne connaissent pas la réponse,
je peux maintenant vous la donner. Ce nom de "Popa Chubby" date en fait
de la fin des
années 70, à une époque où
il jouait dans un groupe punk. Un groupe de potes de l'époque avaient
à leur répertoire un titre qui s'appelait
justement "popa chubby". Un jour en l'écoutant,
ils l'ont montré du doigt et le surnom est resté.
Après ces quelques précisions, je tiens
quand même à rappeler qu'il a joué une petite demi-heure
GRATUITEMENT.
jocelyn richez