La Gazette de GREENWOOD
n°27 (Janvier 2001)

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Utrecht 2000:
Blues Estafette

Date: 4 décembre 2000
De: Jocelyn Richez <jrichez@noos.fr>
(photos de l'auteur)

Richard Earl (photo Jocelyn Richez)
Richard Earl

Jody Williams
Jody Williams

Franck Robinson
Franck Robinson

Arthur Adams
Arthur Adams

Roy Gaines
Roy Gaines

Michael Burks
Michael Burks

La Blues Estafette est vraiment un festival hors normes avec ses 21 concerts en 13 heures sur 2 salles avec moins d’un quart d’heure de battements entre les concerts. Le cadre du festival est comme les années précédentes le centre commercial de Vredenburg en plein centre d’Utrecht. Comme d'habitude, le niveau était excellent, avec beaucoup de musiciens qui ne sont pas habitués à tourner en Europe, tous les bluesmen et blueswomen jouant en vedette étant des noirs américains dont la moyenne d’âge est assez élevée. Le festival présente aussi la particularité unique: il n’y a pas de hiérarchie pré-établie entre les différents groupes ce qui fait que généralement, le festival débute avec l’une des têtes d’affiche (Johnny Bassett en 97, Roscoe Chenier en 98, Johnny Jones en 99). Il vaut donc mieux ne pas arriver en retard !

Cette année encore, le public a répondu présent et les 2 salles étaient copieusement remplies (de même que les couloirs), la présence française étant en outre de plus en plus importante. Une trentaine de bluesfans ont profité cette année du voyage organisé par l’espace JR Caussimon de Tremblay.

C’est le chanteur guitariste Clarence Brewer (King Clarentz) qui avait l’honneur d’ouvrir l’édition 2000 du festival. Ce musicien qui vient de Springfield, Missouri et qui vient de sortir son premier CD à l’âge de 49 ans a joué un blues rustique avec un son très "brut de fonderie". Son jeu de guitare est énergique, tout en bottleneck avec une section rythmique minimaliste (une basse et une batterie limitée à un seul fut). Musicalement, je se situe entre Hound dog Taylor et RL Burnside. Le décor et l’ambiance semble montrer une influence voodoo indiscutable. Il a la curieuse idée de faire brûler de l’encens.

Après ce concert initial, je pars dans la petite salle pour aller découvrir une des grosses attractions du festival, le chanteur Texan Richard Earl, qui vient de sortir un excellent CD ("Grayhound bus") en collaboration avec le regretté Ervin Charles, Paul Orta et Uncle John Turner. Je ne suis pas déçu, malgré un répertoire qui s’étend largement vers la soul, Richard Earl montre qu’il est un très grand chanteur bien accompagné par le guitariste John Moeller (présent à Handzame avec Shawn Pittman). Après cette remarquable prestation, le chanteur de Beaumont ne devrait pas tarder à sortir de l’ombre.

Je reste dans la petite salle pour découvrir l’un des invités de dernière minute du festival, le vétéran Louisianais Clarence Samuels (77 ans) accompagné notamment de son fils Clarence Samuels Junior. Ce frêle chanteur se fait d’abord remarquer par son look, sa superbe veste blanche, un pantalon remonté très haut par ses bretelles et une cravate trop longue. Sa musique est plutôt jazzy avec un Lee Scott Thomas très remarqué en lead guitar alors que CS Junior fut très effacé. Le set de Clarence Samuels fut une bonne surprise. Le papy qui débuta tranquillement assis sur son tabouret, termina debout comme porté par public. Il a même obtenu un franc succès avec un morceau très rythmique avec un chant aux sonorités proches du rap.

Le concert suivant est celui de Jody Williams, guitariste chanteur qui a connu son heure de gloire dans les années 50 alors qu'il était musicien de studio pour Chess. Il était accompagné de grosses pointures West coast comme Rusty Zinn, Richard Innes, Rob Rio et Jeff Turmes. Ils n’inspirent pas la tristesse avec leurs costumes colorés et leurs chaussures bicolores en daim. C’est Rusty Zinn (lunettes bleues assorties au costume !) qui lance le concert sur d’excellentes bases avec sa guitare swingante avant que Jody Williams ne monte sur scène. Le concert en tous point remarquable, je le qualifierai même sans hésiter d’exceptionnel !

La grande classe… je crois pouvoir affirmer qu’après une telle prestation, une deuxième carrière débute pour ce vétéran encore en pleine forme.

Pour le concert suivant, le changement de style est radical mais la qualité est toujours au rendez-vous. C’est le Texan Frank Robinson qui chante seul en s’accompagnant à la guitare acoustique. C’est un musicien comme on n’en voit plus guère au blues profond et très roots. Sa prestation fut du même niveau que son excellent CD sorti sur "Black Magic" avec le regretté Guitar Curtis. Sa musique est extrêmement proche de celle de Lightnin' Hopkins originaire de la même région (l’est du Texas) et dont il a repris quelques titres. La structure des morceaux est parfois à géométrie variable mais sa musique ne manque pas de charme.

Je quitte enfin la petite salle pour aller voir Arthur Adams dans la grande salle de Vredenburg où j’ai manqué les concerts de Joyce Lawson (elle a fait forte impression d’après les échos qui me sont parvenus), Lazy Lester et Roscoe Robinson (accompagné à la guitare d’un habitué du festival : Fred James). Non seulement, le set d’Arthur Adams n’est pas commencé mais j’ai la chance de pouvoir assister (de loin) au final de la chanteuse guitariste texane Barbara Lynn.

Le concert d’Arthur Adams dont c’était la 2ème participation au festival était très attendue et même s’il a obtenu un indiscutable succès populaire, j’ai été personnellement déçu par sa prestation beaucoup trop démonstrative à mon goût. Il avait décidé de faire le spectacle et il ne nous a rien épargné parcourant la scène de long en large, jouant dans toutes positions des morceaux interminables, grimaçant un maximum, descendant dans le public: .bref, le syndrome Buddy Guy/Lucky Peterson a encore frappé et c’est bien dommage, car généralement, les morceaux partaient bien avant qu’il fasse tout son cinéma, sacrifiant au passage sa musique au profit d’un show dont une grande partie du public est friand.

Arrive ensuite le chanteur Ernie Johnson dans un magnifique costume blanc. C’est de la soul et j’en profite pour aller goûter les petits pains aux harengs et visiter les bacs des disquaires. Je reviens juste pour le dernier morceau (Ernie Johnson est alors pieds nus !). Le concert à venir, celui de Roy Gaines est sans doute le plus attendu du festival et la foule est très compacte dans la grande salle à cette occasion.

Roy Gaines se présente lui aussi dans un magnifique costume blanc accompagné d’un groupe composé de musiciens très réputés (Zach Zunis, Rob Rio, Jeff Turmes, Richard Innes, Tom Leavey, Randy Chortkoff). Malheureusement, non seulement le son était mauvais mais en plus la balance était catastrophique: on n’entendait que la guitare de Roy Gaines !

Comme en plus il avait décidé lui aussi de tout miser sur le spectaculaire (à l’image d’Arthur Adams), en bougeant beaucoup, jouant à genoux ou guitare derrière la tête, avec de long solos blues rock destinés à faire réagir le public, la déception fut à la mesure des promesses, c’est à dire énorme. Quand on pense à ce qu’il est capable de faire (je pense en particulier au CD "I got the T-Bone Walker blues"), on peut vraiment parler de gachis.

Je retourne alors dans la petite salle où j’ai du mal à frayer un chemin pour m’approcher de la scène et voir le final de Clay Hammond (encore un chanteur de soul) accompagné de Chris Millar à la batterie et d’un Paris slim en bonne forme.

C’est Studebaker John qui ouvre magistralement le set suivant avec un morceau digne de Hound Dog Taylor. Avec l’arrivé en vedette de Jimmy Burns, Studebaker John pose sa guitare pour jouer de l’harmonica. Ce concert marque le retour à un blues plus roots, notamment les 2 morceaux où Jimmy Burns joua seul. Sa version de "Hobo blues" fut pour moi le sommet de son concert. Contrairement à Arthur Adams et Roy Gaines, Jimmy Burns ne fais pas dans le spectaculaire, restant même "scotché sur sa chaise" en se concentrant uniquement sur sa musique.

Il est déjà 1 heure du matin, et c’est au tour de Finis Tasby de monter sur la scène de la petite salle. Ce texan d’origine installé depuis 1973 à Los Angeles est extrêmement souriant, sa musique étant très swinguante, une véritable invitation à la fête.

Cet ancien compagnon musical de Lowell Fulson, ex batteur et bassiste, ne joue aujourd’hui plus d’instrument pour se consacrer exclusivement au chant. Et il a une très belle voix qu'il ne force jamais. Si Kid Ramos et Rick Holmstrom, les guitaristes de l’excellent dernier CD de Finis Tasby sur Evidence (" jump children ! ")ne sont pas venus, Zach Zunis a montré qu’il était un remplaçant de luxe. S’il n’avait fait que de la rythmique derrière Roy Gaines, il eut cette fois largement l’occasion de s’exprimer et de montrer ce dont il est capable. Voilà un concert qui clôture en beauté la programmation de la petite salle. Pendant ce temps, j’ai raté Little Milton qui passait à la même heure: tant pis, j’irai le voir au méridien !

Il me reste à retourner dans la grande salle pour le dernier concert de la blues estafette 2000, pour découvrir Michael Burks, un jeune bluesman généralement comparé à Albert King et surtout cité par la presse spécialisée parmi les révélations de l’année. J’espère qu’il n’est pas supersticieux car depuis 2 ans, il y a comme une malédiction qui frappe la vedette du dernier concert dans la grande salle. King Ernest (1999) et Doug Sahm (1998) sont décédés peu de temps après le show. La conjugaison de ces tristes événements est sans doute une coïncidence et je ne veux surtout pas porter la poisse à Michael Burks. Pour revenir à des considérations plus musicales, la prestation de Michael Burks fut tout simplement remarquable, voir même exceptionnelle sans jamais tourner à la démonstration. La comparaison avec Albert King n’est pas usurpée que ce soit au niveau du physique massif, de la voix et surtout du jeu de guitare puissant qui lui a fait casser 4 cordes en une heure ! Comme Albert King (dont il a repris au moins un morceau), Michael Burks est particulièrement à l’aise dans les blues lents. Le niveau du concert était encore meilleur que celui de son CD ("From the inside out") ce qui n’est pas peu dire. Si sur la pochette du CD, on le voit jouer sur une gibson Flying V (sur 2 des 3 photos), il a joué à Utrecht sur une stratocaster. Vraiment, l’édition 2000 du festival d’Utrecht ne pouvait rêver d’une plus belle conclusion.

Pour terminer ce compte rendu, j’ajouterais une petite anecdote : Il était 3 heure du matin, lorsque qu’avec le groupe d’une trentaine de personnes ayant fait le voyage avec l’espace Caussimon, on rejoint le bus pour rentrer à l’hôtel distant d’une dizaine de kilomètres. Mauvaise surprise, le chauffeur a regardé des vidéos en nous attendant et il n’y a plus de batterie ! La fraîcheur de la nuit hollandaise nous donne un petit coup de fouet supplémentaire après l’excitation du dernier concert et une solution s’impose: il faut pousser le bus… et pour cette mission difficile, nous n’étions pas trop de 30. Et avec une organisation du type mêlée de rugby, nos efforts furent récompensés et le bus put nous emmener à l’hôtel pour une nuit courte et bien méritée.

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interview
Nico Wayne Toussaint

Date: 9 Janvier 2001
De: Yann "Walking Bass" Renoul
(photo de Yann Renoul: Nico Wayne Toussaint en concert au Globe, Cognac 2000)

Après avoir vu Nico Wayne Toussaint lors du festival Jazz à Vannes (voir LGDG n°23), Uncle Lee, qui n'en n'est toujours pas revenu, m'a demandé de faire son interview. Pour moi c'est une première, au téléphone, sans enregistrer, en notant tout ce que je pouvais. La conversation a souvent "dévissé" du fait que nous nous connaissons un peu et que nous partageons la même passion pour le Chicago blues et le shuffle… Voici donc le résultat :

LGDG : Pour commencer, une question qu'on doit souvent te poser : depuis combien de temps tournes-tu ?

Nico Wayne Toussaint : Je tourne depuis sept ans. Avant de tourner, j'accompagnais un guitariste. En fait, je suivais. On ne peut pas vraiment appeler ça tourner. Si je n'avais pas été là, il aurait tourné quand même. J'ai beaucoup appris avec lui. Ensuite, j'ai un peu pris les choses en main quand je me suis mis à jouer avec mon père. Je tourne à mon compte (si l'on peut dire) depuis 1996.

LGDG : A Vannes, tu nous a beaucoup parlé du groupe que tu avais avec ton père. Peut tu nous raconter un peu cette expérience ? Nico Wayne Toussaint (photo Yann Renoul)

N.W.T. : Mon père joue du piano. Il est très influencé par la musique cajun et la country. Nous avons commencé à jouer à deux. Notre répertoire mélangeait de la musique cajun où mon père chantait et des classiques de blues où je chantais - c'est sur les classiques qu'on se fait la main. Ensuite, nous avons intégré de plus en plus de morceaux blues en anglais et on conservait dans notre répertoire quelques morceaux cajun très efficaces. Mon père composait en français, mais de mon côté, j'avais de plus en plus envie de jouer de Chicago blues. Il y a une énorme différence d'âge entre mon père et moi. En plus, il ressemble un peu à Cousteau, et moi tout jeune à l'époque, scéniquement ça prenait très bien. En fait si je me suis mis à faire des concerts avec lui, c'est à cause d'un voyage en Grèce : il me fallait 800 francs pour financer le voyage. J'ai trouvé un café-concert qui acceptait de nous faire jouer pour cette somme la semaine suivante ! Nous avons passé le week-end à répéter, et le concert s'est très bien passé. On a décidé de continuer l'aventure. Ensuite nous avons intégré un guitariste, puis un batteur espagnol rencontré à la fac. Nous jouions sans bassiste. Je ne voyais pas l'intérêt de jouer avec un bassiste, je n'entendais pas la basse à l'époque. Jusqu'au jour où l'ancien bassiste de mon prof d'harmo s'est trouvé libre. C'était Greg Russel. C'était il y a 5 ans et on joue toujours ensemble depuis.

LGDG : A propos de Chicago blues, est-ce qu'il a été facile pour toi de trouver des musiciens motivés pour jouer ce style de musique ?

N.W.T. : J'ai beaucoup changé de musiciens. Je suis pour l'infidélité musicale. En fait je veux toujours proposer au public un groupe spectaculaire, qui envoie. Après avoir monté le groupe, je suis rapidement parti aux Etats-Unis, et je suis revenu en France avec un batteur et un guitariste. J'ai ensuite joué avec Amar Sundy, qui casse vraiment la baraque. Je connais beaucoup de musiciens autres que ceux avec qui je joue, mais je cherche à jouer avec des gens qui ont quelque chose de scénique, qui ne se contentent pas de jouer. Comme par exemple Julien, (Julien Brunetaud pianiste de la formation NDLR), ce n'est pas un bon pianiste de blues comme on en voit parfois. C'est une perle rare, et en plus il n'a que 18 ans. Quand les gens le voient jouer, il n'en croient pas leurs yeux.

LGDG : Quelles sont tes influences ?

N.W.T. : Tout le Chicago blues, le shuffle. J'adore ce rythme, c'est celui que je veux jouer. Je ne suis pas à l'aise pour jouer du funk ou de la soul, même si j'aime bien en écouter.

LGDG : Et quels sont les musiciens qui t'ont influencé ?

N.W.T. : Il y en a énormément. Pour n'en citer qu'un : James Cotton, mais il y a aussi Snooky Pryor, pour l'homogénéité et le groove. Il joue avec Ted Harvey, c'est dynamique, c'est gai… Sinon tous les harmoniciste de Chicago blues. En acoustique Louisiana Red pour sa voix, la profondeur et l'émotion qui se dégage de ses disques.

LGDG : As-tu été tenté de jouer du blues accoustique ?

N.W.T. : J'en ai fait au début lorsque je jouais avec le guitariste dont je t'ai parlé tout à l'heure, en accompagnement.

LGDG : Mais en tant que chanteur ?

N.W.T. : C'est un style qui demande beaucoup de travail, et puis je connais peu de guitaristes qui le jouent comme je l'aime. Le ragtime, je trouve ça vite lassant, et puis j'en ai marre d'entendre toujours les mêmes standards de Robert Johnson, même si c'est très bien joué. Je préfère la guitare à la Lightnin' Hopkins, ou le style de Louisiana Red, plus brutal.

LGDG : Essaies-tu de faire rentrer ta musique dans un style bien défini, ou considères-tu que qu'il faut mélanger les genres, créer quelque chose ?

N.W.T. : Mélanger les styles permet d'ouvrir toujours plus d'horizons, mais ceci dit, j'adore les shuffle… et par exemple je pense qu'il est difficile de mélanger les shuffle de type Chicago Blues avec des textes en français.

LGDG : Au niveau de l'apprentissage, qu'est-ce qui a été le plus difficile : le chant ou l'harmo ?

N.W.T. : Je n'ai jamais travaillé le chant, c'est toujours venu naturellement. En fait, quand j'ai commencé à faire des concerts, c'était très frustrant : souvent les gens venaient me voir à la fin des concerts pour me dire que je chantais bien, et jamais le moindre commentaire sur mon jeu d'harmonica. Pourtant je me suis vraiment donné du mal pour arriver à jouer de l'harmo : j'ai travaillé, j'ai pris des cours, je voulais y arriver. J'ai été longtemps frustré, mais plus maintenant, car je commence à être reconnu en tant qu'harmoniciste. C'est difficile d'être leader quand on joue de l'harmo. C'est un instrument beaucoup moins scénique que la guitare, et qui permet beaucoup moins d'excentricité. Peu de personnes connaissent bien l'harmo, beaucoup savent reconnaître un bon guitariste plutôt qu'un bon harmoniciste. Tu peux faire un plan qui tue à l'harmo et personne ne s'en rendra compte.

LGDG : Tu dis que l'harmonica est un instrument peu scénique, mais en ce qui te concerne tu en tires le maximum, et ça marche plutôt bien !

N.W.T. : En fait, j'essaie de compenser, d'agrandir mon instrument en faisant des gestes autour. Quand je joue avec les mains, j'essaie d'accentuer les choses pour que les gens voient qu'il se passe quelque chose, peut être un peu comme au théâtre.

LGDG : Tu as sorti plusieurs disques. Que peux tu dire de leur conception et de l'évolution de l'un à l'autre ?

N.W.T. : J'ai enregistré mon premier disque lorsque j'étais aux Etats-Unis. Je me disais : " Il faut absolument que je revienne en France avec un disque ". J'ai passé mon année à chercher des musiciens qui sonneraient comme je voulais. Je voulais enregistrer des trucs qui m'étaient chers, sans souci commercial. Je ne cherchais pas à innover mais plutôt à "jouer comme", à me faire plaisir.
Pour mon deuxième album, qui est distribué chez Dixiefrog, je me suis dit : " Maintenant, ça doit sonner vraiment blues ". J'étais à l'armée. J'ai utilisé mes contacts aux USA et j'ai pris des vacances pour partir enregistrer là-bas, avec le groupe de R. J. Mischo. R. J. c'est vraiment lui qui m'a mis le pied à l'étrier, autant qu'il pouvait. J'ai énormément appris de la scène avec lui. J'ai donc enregistré avec ses musiciens, et j'adore ce disque (My kind of blues NDLR). Le nouveau disque Blasting the blues est lui-aussi sorti chez Dixiefrog, à moitié avec des musiciens américains, à moitié avec les musiciens français avec qui je joue, car j'ai toujours le problème en France de m'entendre dire : " vous enregistrez vos disques avec des américains et ça sonne bien, mais ça ne doit pas être aussi bon avec des français blablabla… Alors avec le nouveau CD, tout le monde pouvait entendre les français et au premier plan : Rax Lacour, le guitariste. Aussi, comme je faisais souvent référence à l'Amérique, je voulais que les musiciens avec qui je joue aient les mêmes images que moi, aient vu les mêmes endroits, les mêmes ambiances. C'était une bonne expérience pour Rax qui n'était jamais allé aux USA, ni même dans un avion avant.

LGDG : Le son du dernier album est beaucoup plus agressif que celui du deuxième, est-ce une volonté de ta part ?

N.W.T. : C'est Rax surtout qui donne ce son, car il est plus rock. Et puis je ne pouvais pas refaire la même chose que sur le deuxième. En France, je ne connais que Tony Stelmaszack (des Flying Saucers NDLR) pour jouer swing Chicago classique à la Eddie Taylor. Mais pour moi il est beaucoup plus intéressant d'exploiter le potentiel de Rax. Notre association nécessite des compromis, mais aussi de l'apprentissage. Avec Rax, je suis beaucoup plus mordant.

LGDG : Le prochain disque ?

N.W.T. : Il est en chantier. Nous avons enregistré " live " lors de notre passage au Chesterfield Café en octobre. J'ai retenu environ quatre ou cinq morceaux qui sont sur le premier album, qui est introuvable à l'heure actuelle, et que je voulais enregistrer pour les faire connaître. Sinon des morceaux que nous enregistrerons en studio et peut être des morceaux acoustiques, entre ballades et blues, sans doute en français.

On peut considérer qu'ici l'interview s'arrête, bien que la conversation ait duré encore un certain temps sur des sujets divers (les styles de batteurs, le blues français, les bœufs…).

propos recueillis par Yann Renoul en Décembre 2000

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Kelly Joe Phelps
la Guitare à 7 cordes

Date: 14 décembre 2000
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>

Shine Eyed Mister Zen, Kelly Joe Phelps

C'est un disquaire qui m'a ouvert les yeux en me montrant "Shine Eyed Mister Zen" de Kelly Joe Phelps. J'écoutais chez lui une réédition d'un disque de Roger Mason & Steve Waring (1974) quand il m'a dit : "vous aimez ce style de guitare ? Vous connaissez Kelly Joe Phelps ?". Non je ne connaissais pas, alors j'ai écouté et au bout de quelques secondes ma mâchoire inférieure a fait schclonk sur le plancher, et je suis reparti avec le disque sous le bras (tant pis pour Mason-Waring, ça sera pour une autre fois !).

Chez moi, je me suis mis en zazen et j'ai ouvert mes chacras pour écouter ce disque en me concentrant 45 minutes afin de vérifier si je n'avais pas été victime d'une hallucination auditive, à la recherche de l'erreur ou de la faute de goût… et je n'ai rien trouvé, que du bon, du beau : un excellent chanteur et un virtuose de la guitare acoustique, slide et picking. kjp

En fait, j'aurais pu être déçu, car si j'ai acheté le CD à l'écoute du premier titre qui est une pure merveille de guitare slide , les dix autres titres sont parfois bien différents. Mais je n'ai pas eu de regrets, bien au contraire car d'un bout à l'autre ce disque est superbe et si Kelly Joe Phelps joue du country-blues, il ne s'embarrasse pas de contraintes philosophiques ou techniques. En fait, on se trouve quelque part entre le country-blues et le folk, avec des virées du côté du jazz, de la country ou du bluegrass, et même parfois de fortes envolées hispanisantes, voire orientales ou classiques! Le cadre des douze mesures n'impressionne ni ne limite le guitariste, pas plus que les accords ou accordages standards. Bref, c'est si varié (et j'aime tellement ça) que je n'hésite pas à classer ça dans le country-blues [ ;-) ], celui qui évolue.

Mais attention, ce disque n'est pas réservé qu'aux amoureux de la guitare ou de la musique acoustique, car il s'agit bien de chansons originales, avec des textes (à vous donner le blues…), des mélodies et une ambiance. Kelly Joe Phelps chante sur un ton intimiste, avec une voix chaude, légèrement cassée et désabusée, magnifiquement dosée par rapport à la guitare. Là, bravo pour la qualité de l'enregistrement : vous pouvez augmenter le son, vous entendrez mieux les subtilités de la guitare et l'expression du chant, et si vous dépassez un certain seuil, vous entendrez distinctement votre voisin dire " pouvez-vous baisser un peu la musique s'il vous plaît ? " et non pas " c'est pas un peu fini ce raffut ? ? ". Subtilement différent.

Mais d'où vient Kelly Joe Phelps ? Né (en 1960?) dans une région qui n'est pas particulièrement réputée pour sa musique (près de Seattle, ouest de l'Etat de Washington), Kelly Joe a par contre baigné dans une ambiance familiale très musicale. Son premier instrument fut la batterie dans un groupe scolaire, puis vers 13 ans il tomba en arrêt en entendant la guitare de Jimmy Page. "tu aimes Led Zep fiston ?", lui dit en substance son père, "tiens, je vais t'apprendre Lightnin' Hopkins et Hank Williams" ! C'est ce qu'on appelle l'éclectisme !

A partir de ce moment là, la vie de Kelly Joe fut entièrement consacrée à la musique. Le rock laissa bien vite la place à la country et au picking à la Chet Atkins, et Kelly Joe raconte qu'à cette époque là non seulement il dormait avec sa guitare mais qu'il lui préparait aussi son petit déjeuner ! Puis vint l'époque " folk music " avec Leo Kottke, John Fahey et Bert Jansch, guitaristes dont j'ignore à peu près tout mais qui ont paraît-il fortement marqués Kelly Joe notamment au niveau du chant.

Tout ça fut balayé par la découverte du jazz, avec l'étude de Miles Davis, Charlie Parker, Thelonious Monk, Dexter Gordon. Kelly Joe vendit sa guitare pour s'acheter une basse, tout simplement par qu'il avait constaté qu'il était plus facile de participer à des gigs avec cet instrument. En fait, peu lui importait l'instrument car ce qui comptait c'était la musique. Ornette Coleman devint son idéal et il aligna gigs sur gigs qui étaient plus des combats d'improvisation entre musiciens qu'autre chose. Au bout de dix ans à ce régime, Kelly Joe commence à péter un plomb, prenant plaisir à boeufer avec le moteur de son frigo ou à chercher sur la FM la longueur d'onde où il peut écouter trois stations à la fois…Un jour, on le retrouve hagard dans une ruelle, en train de lire des BD au travers de jumelles tenues à l'envers… "It was time for re-construction" précisa-t-il plus tard ! kjp

La reconstruction se fit à l'écoute de musiciens tels Fred Mac Dowell, Robert Pete Williams, Skip James, Blind Willie Johnson… Le country-blues le plus roots qu'avait déjà entendu et joué Kelly Joe Phelps dans son adolescence mais qu'il voyait maintenant sous un autre angle : une musique combinant la plus grande pureté avec l'improvisation.

C'est à cette époque qu'il commence à jouer "slide", guitare posée à plat sur les genoux, à la manière des joueurs de lap-steel. Il se met aussi à chanter pour accompagner sa guitare dans les cafés où il se produit en échange d'un repas et, à sa grande surprise, il ne se fait pas aussitôt lyncher et acquiert même vite une réputation de bon chanteur. Mais il se sent moins à l'aise au chant qu'à la guitare, ce qui explique que, en concert comme dans ses disques, la voix n'est pas "en avant" mais au même niveau que l'instrument : "ma voix est la septième corde de ma guitare" dit Kelly Joe qui considère le chant comme une ligne mélodique autour de laquelle il peut donner libre cours à l'improvisation sur sa guitare.

En 1994, il enregistre son premier disque "Lead Me On" (Burnside Records) qui lui permet de se faire connaître, de passer à la radio et d'effectuer des concerts. Son talent est reconnu par les autres musiciens et on le retrouve comme sideman sur de nombreux disques (notamment avec Greg Brown). En 1997, il enregistre "Roll Away The Stone " (Rykodisc) qui remporte un grand succès et l'amène à tourner dans tout le pays et en Europe. Son dernier disque (à ce jour) est donc "Shine Eyed Mister Zen" (1999, Rykodisc) qui le place de façon définitive parmi les nouveaux " géants " de blues acoustique.

Ce disque (sept compositions, trois reprises de traditionnels et une de Lead Belly) est donc à placer à côté de ceux de musiciens tels Corey Harris, Keb Mo, Eric Bibb ou le dernier Chris Thomas King, car bien que très différent d'eux, il nous propose également une nouvelle vision du blues acoustique. Il ne fera pas tâche non plus à côté des disques de Catfish Keith, Guy Davis, Rag Mama Rag ou Magic Buck, pour ne citer que quelques contemporains, même si il s'éloigne plus qu'eux du pur country blues.

discographie:
LEAD ME ON, 1994 (Burnside Records BCD-0015-2)
ROLL AWAY THE STONE, 1997 (Rykodisc RCD 10393)
SHINE EYED MISTER ZEN, 1999 (Rykodisc RCD 10476)

sur internet: http://www.kellyjoephelps.com

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SIX GLASSES & SOME BOTTLES
Electric Slide Blues

Date: 18 Décembre 2000
De: Pierrot Mississippi Mercie <mississippi@wanadoo.fr>

de: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>

"Electric Slide Blues", c'est le titre on ne peut plus descriptif de ce que nous proposent les SIX GLASSES & SOME BOTTLES dans ce CD démo. Une démo ?? un véritable album puisque ce disque comporte 17 titres !
Généreux les Six Glasses : 17 reprises de standards du blues, revisités à l' Electric Slide Guitar, c'est à dire d'une manière "sauvage" (comme dirait Lil' Ed) à décoiffer la banane du premier Billy Rocker qui passerait par là !
Tout en respectant les titres interprétés, les Six Glasses leurs donnent un style Hard Blues… Hard, avec une section rythmique (basse, batterie) hyper puissante sur laquelle viennent se greffer deux guitares saturées aux petits oignons (et à point) se partageant rythmique et chorus. Inutile de vous préciser qu'une de ces guitares est slide !
Ce sont également deux voix qui se partagent les textes et, surprise, un des chanteurs est une chanteuse. C'est presque étonnant pour ce genre (plutôt viril) de blues, mais rassurez-vous : la chanteuse ne se laisse pas marcher sur les cordes vocales et elle assure !
Un répertoire très chicagoïen, avec des zestes de Led Zep, Deep Purple ou Creedence, et soudain, dans ce monde de brutes pluggées… un peu de douceur avec un "Dust My Blues" acoustique ! Eh oui, car les Six Glasses, quand ils ne sont plus que Two se rappellent que la musique qu'ils aiment, elle vient de là-bas… du Delta. Et ils le prouvent une deuxième fois avec "I Can't Be Satisfied".
Un groupe à suivre, car il se démarque de bon nombre des groupes français actuels. En tout cas, La Gazette de Greenwood va les suivre, notamment avec le Service Slide Guitar (3ème étage à gauche) de Pierrot Mississippi Mercier !

Pour une fois que je reçois du courrier sur mon site... Muriel Dei Santi, chanteuse dans un groupe de Metz, m'a contacté, il y a quelques mois déjà. Nous avons échangé quelques mails puis elle m'a envoyé un CD démo, avec cette maigre explication "un truc tout simple vite fait sur un 8 pistes".
Je l'ai mis en route sans me méfier. 'Tain ! Au bout de dix secondes, j'étais content d'avoir la maison pour moi tout seul ! [ NLDR il n'y a en effet pas de quoi se méfier: la pochette du cd représente un dessin d'un mec sur un rocking chair, avec ce qui pourrait ressembler à un dobro. il y a bien 6 bouteilles vides qui traînent à terre... bref: ambiance roots ] CD 6 Glasses
Yippie, voilà de la musique qui déménage !
Dame, je vois d'ici venir les puristes... qui pourront m'objecter ce qu'ils veulent car, en ce qui me concerne, j'ai décidé d'être fan dès cette première écoute. [ NDLR évidemment, le disque s'appelle "electric slide blues"... pourquoi pas "comment mettre Pierrot dans sa poche"!!]
Les jours où je ne suis pas en train, où tout va de travers, où j'ai même la flemme de jouer (c'est grave je sais, mais ça arrive), je n'ai qu'à me mettre juste leur version de "Mercury Blues" et tout de suite, j'ai envie de prendre la Sheraton et de faire chauffer le BluesJunior.
[ NDLR: Un très bon disque en effet, avec des revisitages très "hard" d'un bon nombre de standards. Une production originale. Le côté original étant renforcé par une voix féminine là où on s'attendrait plutôt à entendre un gros barbu :-) A noter, 2 titres acoustiques... sans doute pour faire patienter le public pendant que le patron du bistrot où ils jouent change les fusibles qu'ils ont fait péter! ]

Nous avons correspondu assez longuement. Je leur ai suggéré de s'inscrire au tremplin Blues-sur-Seine (où bien est-ce l'archange Gabriel ? - il est bien discret celui-là (1)...) Ils n'ont pas été sélectionnés mais vous savez, car on vous l'a assez dit ici, que la concurrence a été rude et le niveau général particulièrement relevé.
Il n'empêche que je suis convaincu de leurs qualités et surtout de leur potentiel. La réception récente d'une version améliorée de leur démo ne fait que confirmer mon impression de départ.

Voici donc, par l'intermédiaire de Muriel, l'interview du groupe vainqueur de la catégorie "Espoir" des Mississippi Awards 2000 (je vais me géner, tiens) : 6 GLASSES & SOME BOTTLES.

(1) non, Pierrot n'est pas soudain devenu mystique: cet archange Gabriel existe bel et bien, il joue de la guitare et fait planer son ombre régulièrement sur la mailing-list LGDG.




LGDG -Tout d'abord, pourrais-tu me présenter les membres du groupe (ou, si vous préférez, chacun se présente) ?


Muriel DEI–SANTI, chanteuse

* Choriste, puis lead dans plusieurs formations rock, je suis passée naturellement au blues ; en rencontrant les "bons musiciens " (c'est souvent une histoire de feeling ! ). Je dis naturellement, car mes musiques de prédilections ont toujours été le jazz et le blues : la musique noire en général.
Mes références : Janis Joplin, Ella Fitzgerald, Billie Holliday, Johnny Guitar Watson, les Stones.
Remarque personnelle : le blues suscite toujours des émotions fortes aussi bien à celui qui le chante qu’à celui qui l’écoute : c’est la musique de l’âme.


James CARPI, guitariste

* Guitariste Rythm & lead, j'ai appris tout seul comme un grand à gratter mon jambon à l’époque où Hendrix et Winter me trouaient déjà la tête. Il m'a fallu du courage pour continuer sans être écœuré par de tels phénomènes.
Dans un style qui oscillait toujours entre le rock, le hard rock, le blues rock, j'ai toujours composé les titres des groupes avec lesquels je tournais. Dans celui-ci, je tombe pour la première fois dans le bouillon du blues et je crois n’être pas près d'en sortir, même si pour l’instant il ne s’agit que de reprises.


Stéphane MAURICE, bassiste

* Je suis bassiste depuis une dizaine d’années dans plusieurs groupes rock, en passant par le punk, le hard etc.…(donc influences diverses ).
Il y a un peu près 6 mois, les 6G&SB m’ont demandé de remplacer leur bassiste. Depuis je m’éclate dans cette formation ; les musiciens devenus amis collent parfaitement à ce que je recherchais. En gros "c’est le pied " surtout après la répète quand on débouche les bouteilles (aaaahhh aaaaahhhh aaaaahhhh, je rigole ). [ndlr : d'où le nom du groupe]


Christophe GUIHARD, chanteur

* Je suis le p’tit jeune du groupe et donc leur souffre-douleur (si, un peu quand même ! ).
J’ai commencé la musique en 94 en montant un groupe de rock avec des potes. Ca s’appelait "Amnésie" et on tourné un peu dans notre région pendant 5 ans, mais rien de très sérieux. Jusqu’au jour où les 6 Glasses m’ont proposé ce plan et depuis je prend un énorme pied.


Jean-Luc SCHULER, batteur

* Après avoir fait mon expérience musicale dans plusieurs orchestres de bal (variétés, musette et rock divers ) de 1970 à 1992 + quartet de jazz, j'ai créé avec des copains un groupe rock "Relayer" en mai 95 qui reprenait tous les standards rock, hard-rock et progressif-rock des années 70 à 85.
En septembre 99 j'ai rencontré les autres 6 Glasses. Batteur très éclectique et non sectaire, je pense leur apporter mon efficacité et mon expérience même dans ce domaine du Blues que je ne connaissais pas.


Gilbert SAND, slide Guitariste

* Né avec une guitare à la main ; un bottleneck à l’annulaire gauche. C’est en achetant mon premier 45 tours de Canned Heat ( Let’s work together ) que j’en ai compris l’utilité.
Aimant aussi le son plus éclectique de Winter, en passant par le Louisiana Blues de Landreth, j’ai posé mes valises chez les Glasses avec mon pote de longue date : James .
Les autres se sont convertis au Blues

LGDG - Comment vous êtes vous rencontrés, est-ce un groupe stable (c'est l'impression qu'il donne) ou, au contraire, "à géométrie variable" ?

C’est la volonté de Gilbert et James qui avaient déjà œuvré ensemble dans un groupe de rock qui est le déclencheur des " Six Glasses ".

Caressés par la baguette magique de la fée blues qui s’était enfin penchée sur leurs plumards,[ ;-))] tous deux ont ressenti le besoin de s’investir dans cette voie, et très vite par volonté de jouer la même musique, les autres musiciens sont venus adhérer à ce projet avant qu’il ne démarre vraiment. C’est ainsi que Muriel, qui chantait dans un groupe avec James, et Christophe, qui animait une autre formation, se sont engagés enthousiasmés dans ce groupe. Stéphane, qui était bassiste dans le groupe de Christophe, et Jean Luc notre batteur, qui vient d’autres horizons, sont venus gonfler les troupes.

Donc des liens très solides pour ce groupe dont les musiciens se connaissaient presque tous avant de former les " Six Glasses & Some Bottles " (si ce n’est sur la scène, au moins sur les terrasses des troquets !-)).

LGDG - Sur certains morceaux (les plages 3 et 4 de la démo) on sent une nette influence hard-rock (au moins), est-ce que c'est du au passé de quelques membres du groupe (à mon avis le batteur et le guitariste) ?

Les influences Hard que l’ont peut ressentir sur certains morceaux et aussi des tempos bien emmenés viennent bien sur de la culture musicale de certains des musiciens du groupe puisque les deux guitaristes et le batteur sont des quadragénaires bien sonnés qui ont grandi en même temps que le hard - l’authentique (Led Zep, Deep Purple, Black Sabbath…) mais aussi que de grands guitaristes comme Jimmy Hendrix ou Johnny Winter, entre autres.

Ce qui n’empêche pas les plus jeunes d’avoir une approche musicale similaire, mais certainement plus variée (fun, soul, jazz …).

Nous faisons peut être du " Heavy Blues ", mais nous canalisons toute notre fougue dans cette musique et sur scène nous nous éclatons comme des gamins trop privés de récréation à qui, tout à coup, on aurait laissé toute liberté.

LGDG - J'ai essayé d'extorquer un compte-rendu de votre dernière prestation commune de Forbach à Gabriel (MG Blues Band) mais je n'ai pas réussi à lui tirer autre chose que "je suis très mauvais journaliste, les mecs et la nana de 6glass sont super sympa" (merci quand même). Donc je n'ai pas d'avis extérieur sur 6 Glasses en scène.

Ce fameux 18 novembre, tous les groupes se sont fait filmer par une TV locale allemande. Dès reception, je peux te faire une copie de l'enregistrement.

Par contre, depuis que vous m'avez envoyé la nouvelle version du CD, j'ai fait quelques sondages avec des réactions très positives. Evidemment les adeptes du blues acoustique ont une nette préférence pour "Dust My Blues" et "Can't be satisfied" !

A ce sujet : dans quelles conditions ont été faites les différentes sessions d'enregistrement ? Est-ce que tout est enregistré en une seule prise ou y a t-il du re-recording (je pense à "Stop Breaking Down") ? En tout cas les auditeurs aimeraient en savoir en peu plus sur ce "truc vite fait sur un huit pistes" - comme tu me l'as présenté !

L'enregistrement a été réalisé en live dans notre salle de répèt. pour la partie instrumentale. Le chant a été rajouté par la suite; seules, quelques parties de slide ont été refaites pour donner plus de couleurs à certains morceaux tels que "Stop Breaking Down ", "You Shook Me", "Shame, Shame,Shame".

Les acoustiques ont été enregistrés en une prise (guitare + chant).

LGDG - L'impression que j'ai aussi est que vous vous remettez sans cesse en question. Si je calcule bien, il y a eu au moins trois versions de votre démo et je sens que ce n'est pas fini... Alors, comment voyez-vous la suite de l'histoire ?

Le 1er CD était prévu à but démonstratif; rien que pour démarcher des concerts. Ensuite il y a eu une demande de la part de notre public, donc nous l'avons peaufiné.

Comme nous sommes perfectionnistes, nous envisageons prochainement de nous enregistrer en Live dans une salle prévue pour cela (avec du matos adéquat). Et là, nous pourrons vendre nos CD avec la conscience tranquille; et encore ce n'est pas sûr !

LGDG - A suivre donc et surtout, tenez-vous au courant ! Ciao Muriel et à votre santé les amis !

propos recueillis par e-mail par Pierrot Mississippi Mercier

Contact :James CARPI
Tél. :03 87 31 87 87 / 06 84 95 90 57 / Fax :03 87 31 87 88 /
LCDA@wanadoo.fr

le site internet de Six Glasses : http://www.chez.com/sixglasses

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La vie de l' harmoniciste
Malcolm "Little Mack" Simmons

Date: 17 décembre 2000
De: Jocelyn Richez <jrichez@noos.fr>

On m'avait demandé quelques précisions concernant Little Mack Simmons. Pour rendre hommage à ce grand musicien décédé le 24 Octobre 2000, je vous ai donc préparé une petite bio.

Malcolm Simmons est né en 1934 à Twist, un petit village rural du nord est de l'Arkansas situé à quelques km de Memphis. Il fait partie d'une famille nombreuse comprenant 7 enfants. Dès l'âge de 10 ou 11 ans, il commence à ramasser le coton dans les champs. A cette époque, il a déjà l'harmonica dans la poche et la musique l'intéresse plus que le ramassage du coton et très rapidement, il se produit dans les juke joints locaux. Ses idoles sont alors BB King, Bobby blue Bland, Junior Parker et Willie Nix. Il est âgé de 15 ans seulement lorsqu'il se marie pour la première fois et qu'il a son premier enfant (malcolm junior). Sa femme Géraldine le quitte rapidement (désolé pour le cliché) et c'est en cherchant à la rejoindre qu'il débarque à Saint Louis en 1952. Il y trouve un emploi dans l'entretien des chemin de fer mais parallèlement il joue dans la rue et fréquente les clubs de blues. Il y rencontre Robert Nighthawk. Ils décident rapidement de jouer ensemble.

En 1954, Malcolm Simmons décide de quitter Saint Louis pour Chicago toujours pour suivre la trace de sa femme Géraldine. Là, il retrouve dès 1956 un autre musicien originaire de l'Arkansas, qui lui est passé par Détroit, le pianiste Emery Williams Junior plus connu sous le nom de Détroit Junior (qui accompagnait à cette époque Eddie Taylor). Si Mack a ces propres engagements dans un juke joint qui est le Pete's place, il commence à jouer régulièrement avec Détroit Junior dans les clubs du south side comme le Peppers Lounge, Theresa's et The blue flame. Ils joueront ensuite dans un petit club de la 47ème rue. Le patron du club connu sous le nom de cadillac baby les fait enregistrer sur son label Bea and Baby en 1959. Little Mack Simmons enregistre ensuite pour de nombreux labels comme CJ, checker, Pacer, Dud etc.

C'est dans cette période qu'il rencontre au Zodiac Lounge sa 2ème femme la chanteuse Georgia Hinton Simmons qui a enregistré pour Chess en 1960. Dans les années 70, il est omni présent sur tous les enregistrements de Chicago blues. Illinois slim disait à ce sujet : "si on écoute tout les 45tr de Chicago blues des années 70 contenant de l'harmonica, on remarque que 9 fois sur 10, c'est Little Mack Simmons qui tiens l'harmo". Autour de 1970, il est accompagné par un jeune guitariste qui deviendra célèbre : Lonnie Brooks. Il vint en Europe une première fois à cette époque justement avec Lonnie Brooks pour la tournée du Chicago blues festival. Il profite pour enregistrer " Blue lights " pour le label Black & Blue.

Little Mack Simmons monte ensuite son propre label sur lequel il grave quelques disques autoproduits que je ne connais pas mais qui ont bonne réputation. Mais il arrête tout en 1980, période où le blues est au creux de la vague. Il change alors complètement de vie, délaissant le blues pour la religion devenant Révérend Simmons. (il enregistra quelques disques de gospel dont je n'ai aucun echo). En fait, cette période est la plus trouble de la vie de Little Mack, car parallèlement à son activité religieuse, il se compromet dans des trafics de drogue qui lui vaudront de longues années de prison.

Little Mack Simmons revient au blues en 1992 pour accompagner le chanteur Tail Dragger dans les clubs du west side. Ce come back se concrétisa par l'enregistrement de 4 CD : High & lonesome sur le petit label de l'illinois St George avec le guitariste Studebaker John. Je n'ai pas eu l'occasion d'écouter ce CD mais j'en discutait hier avec Henri Mayoux du fanzine Blues Feelings qui connaît bien sa carrière et ses enregistrements qui me confiait que selon lui, " High & lonesome " était son meilleur enregistrement.

Il y a eu ensuite " come back to me baby " sur le label autrichien Wolf (Chicago blues session vol.38) qui est pour moi un chef d'oeuvre. Il y est entouré d'une véritable dream team avec John Primer et George Baze aux guitare (jake Dawson sur 3 titres) Nick Holt ou Willie Kent à la basse et le génial Détroit Junior au piano. Ce CD est véritable plaisir pour les oreilles, je le conseille vivement.

Viennent ensuite les 2 CD sortis sur le label canadien Electro Fi qui sont de bonne qualité. Je n'ai pas écouté " Little Mack is back " qui est le préféré de Gérard Herzhaft, par contre, je trouve que " somewhere on down the line " est plus inégal que le CD wolf et moins Chicago blues traditionnel. C'est malgré cela un bon Cd avec en bonus un morceau enregistré en 1971 avec Lonnie Brooks à la guitare et Détroit Junior au piano (next time you see me) : excellent !

Pendant ce temps, il vient 2 fois en Europe, participant à la tournée du Chicago Blues Festival 1996 qui passa comme d'habitude par Bagneux, puis en 1998, il fit un passage très remarqué à la blues estafette à Utrecht, très bien accompagné par le Rockin' Johnny Band.

Little Mack Simmons était basé dans le west side et jouait une fois par semaine au Rosa's. Il est décédé le 24 octobre 2000 après un long combat contre le cancer.

petite discographie :
-Blue lights (black & blue)
-Come back to me baby (Wolf)
-High & lonesome (St George)
-Somewhere on down the line (Electro Fi Records)
-Little Mack is back (Electro Fi Records)


NB: L'essentiel de ces infos viennent des livrets des CD.

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Pour la 2ème année consécutive:
Les J.R. Awards ! Une Exclusivité LGDG

Les J.R. Awards, c'est une tradition Greenwoodienne qui date du siècle dernier (voir LGDG n°16 ): notre blues-trotter Jocelyn Richez nous livre en exclusivité ses "Awards" des personnalités et évènements marquants de l'année passée!

Date: 2 Janvier 2001
De: Jocelyn Richez <jrichez@noos.fr>

Puisqu'Olivier me les a réclamé, voici l'édition 2000 des JR awards, des classements qui symbolisent mes propres goût musicaux par rapport aux concerts auxquels j'ai assisté cette année et aux CD qui ont eu la chance de passer sur ma platine. [NDLR: bien sûr, ce classement n'engage que son auteur, puisqu'il n'y a pas ** * *** ******* ni *** *** ***, pas plus que *********, etc etc ]

Bien sûr, ces classements sont tout relatifs car je n'ai ni tout vu ni tout entendu [NDLR: ah... qu'est-ce qu'on disait!]. Par exemple, j'ai un petit regret, c'est d'avoir raté le festival d'Eccaussines, et en particulier Rod Piazza avec Honey Piazza et Rick Holmstrom mais aussi Christian Dozzler et Henry Gray.

En ce qui concerne les CD, j'ai un peu de mal à établir le classement par manque de recul. Et puis même si j'achète beaucoup de CD (au moins 10 par mois), ma discothèque a quelques graves lacunes sur les productions de l'année 2000, je n'ai pas les Cd de Son Seals, Kid Ramos, Tommy Bankhead, Jerry Mac Cain, Vance Kelly, Fillmore Slim ni Mo & the Reapers lauréat du concours Blues FM de notre ami Cédric !

Le classement que j'ai eu le plus de facilité à établir , celui des concerts de l'année. Les 6 concerts suivants étaient réellement exceptionnels, et m'ont laissé un souvenir inoubliable :

Compte tenu que mon classement précédent ne contient aucun concert en région parisienne, je crée un classement spécifique "concerts préférés en région parisienne" : Voici mon classement en ce qui concerne les concerts d'artistes français :

Révélations de l'année :
Ce classement inclut des chanteurs et musiciens que j'ai découvert cette année (à l'exception de Shemekia Copeland que j'ai ajouté en raison de son jeune âge). Cette année se classement est particulièrement riche en quantité et en qualité ce qui veut dire que le blues n'est pas prêt de mourir !

CD de l'année : ré-éditions:

Il n'y a que l'embarras du choix car les 2 vagues de ré-éditions Black & blue (collection blues références) ne contiennent que des chefs d'ouvre.

Evènements de l'année : J'ai eu la grande chance d'assister à ces 2 formidables soirées dont j'ai fait le compte rendu pour LGDG. Malheureusement, le Bottleneck comme le Blues etc ont définitivement fermé.

Come back de l'année :

Pour conclure, je décernerais volontiers un JR award d'honneur à 2 musiciens de l'ombre mais omni présents cette année et surtout toujours excellents:

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Démos et merveilles

Date: 5 Janvier 2001
De: Docteur Blues <docteur.blues@free.fr>

Good morning Greenwood !
First bonne année 2001 à tous et à toutes ! Une santé de fer, un moral d'acier ! mais attention la rouille ne dort jamais !
Pour commencer cette nouvelle année, je vous propose deux reviews de Démo que Bluesy Train et Mathis mathematical Blues m'ont envoyées !

Bluesy Train
Le train sifflera trois fois...
Né il y a deux ans, Bluesy Train est un duo composé de Gérard Tartarini et de Thomas Laurent. Gérard, auteur compositeur, s'accompagne à la guitare acoustique ou au banjo et chante depuis une vingtaine d'années. Thomas lui, plus jeune que son collègue, souffle avec virtuosité dans son harmonica (il a obtenu le prix spécial du jury au 7e festival d'harmonica de Vauréal en 99).
C'est d'ailleurs Thomas qui ouvre avec brio la démo sur l'instrumental "Speedy Train" aux changements de tonalité caractéristiques de l'école Milteau, le jeu de Thomas est fluide et rapide mais attention trop de notes nuisent souvent à l'expression rugueuse dont le blues a besoin. Puis c'est "Metalo-Blues" un classique bien campé sur ses 12 mesures. Sur "Mississippi" on écoute avec plaisir le jeu au banjo de Gérard, c'est une composition bien équilibrée et la plus aboutie du disque ; la voix est bien en place, les lyrics coulent comme le fil des eaux du fleuve et Thomas soutient parfaitement la ligne mélodique.
Puis c'est "Bluesy Train" : encore un instrumental où Thomas nous fait démonstration de son talent et pour clore ce disque, "Pas un Radis" à la ligne rythmique complexe qui a du mal à m'accrocher l'oreille. Bluesy Train est un groupe avec un gros potentiel au vue de cette démo 5 titres, en chantant en français ils sont sur la bonne voie, ils ont déjà participé deux fois au festival Blues sur Seine et se produisent régulièrement en région parisienne.


Mathis' Mathematical Blues:
2+2=?
Two and Two is For
La deuxième démo nous arrive directement de Nîmes et m'a été envoyée par Florent Siclet l'harmoniciste de Mathis' Mathematical blues. Cette démo intitulée 2+2=? contient 6 titres dont la moitié sont des compos originales.
La première accroche sur le titre "interactive Blues" est sans aucun doute la voix de Mathis Haug dont le timbre particulier colle très bien aux paroles en anglais... (et au blues).
Ce premier titre sonne assez jazzy et a une structure intéressante car un pont inspiré vient relancer le rythme de ce morceau enlevé dont je tiens à mentionner la pompe rythmique joué par Florent à l'harmo qui groove comme les meilleurs.
On enchaîne avec la reprise très réussie du "Diddie Wah Diddie" attribué à Blind A. Blake, Mathis nous y fait apprécier un picking de bon aloi.
Le titre le plus original du disque est "Crash on you" une composition comme je les aime, "on the border", entre blues et country, l'essence même de la bonne musique de mecs qui se doivent d'avoir 500 disques de blues et aux moins 500 disques de country dans leurs discothèques. De la musique de types bien... quoi !!! (excusez moi mais je viens de finir "High Fidelity" de Nick Hornby et je suis encore sous l'influence du bouquin ;-) ) ...
On finit d'écouter cette démo avec trois blues honnêtes sur lesquels on devine une bonne maturité technique et une envie de jouer évidente ! Mathis Mathematical blues était à l'origine un duo qui a reçu depuis sa création en janvier 1999 l'appui de Laurent Natares à la Contrebasse et de Delphine Bayard à la batterie.

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Expo Mister Jazz:
Maria Rita Gauttieri-Tiergo
du Jazz, du Blues .... et le Loup-Blanc

Lorsque j'écoute un morceau, il me parle, il me raconte, il se raconte. Petit à petit des images s'imposent à moi, je n'ai plus qu'à les cueillir et en faire un bouquet. La "traduction" n'est pas facile mais la musique est là pour me guider dans mes moments de doutes.
(Maria Rita Gauttieri Tiergo à La Gazette de Greenwood n°20, Juin 2000)


3 dessins de main, extraits de l'exposition "Mister Jazz" de Maria Rita Gauttieri Tiergo


dessin de Maria Rita Gauttierri-Tiergo (2000) dessin de Maria Rita Gauttierri-Tiergo (2000) dessin de Maria Rita Gauttierri-Tiergo (2000)




De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
(photo Pierre Mercier <mississippi@wanadoo.fr>)

Parmi les choses qu'aura permis internet, il y aura eu la rencontre entre un bluesman marseillais et une artiste-peintre italo-parisienne.. !

Maria-Rita Gauttieri-Tiergo est entrée en contact avec La Gazette de Greenwood au mois d'Avril 2000 alors qu'elle cherchait sur internet des sources d'inspiration pour ses oeuvres sur le Jazz et le Blues. Après lui avoir indiqué les sites indispensables concernant le blues (La Route du Blues de Jocelyn(1), le site de Docteur blues(2), La Chaîne du Blues(3), etc) nous avons réalisé une interview particulièrement intéressante dans la mesure où la musique bleue est abordée d'un point de vue graphique ! (voir LGDG n°20) dessin de Maria Rita Gauttierri-Tiergo (2000)

L'artiste a eu l'heureuse idée de vouloir "illustrer" son exposition d'une bande-son ... Pour la partie blues, après avoir hésité sur Mississippi John Hurt, elle choisit finalement un autre guitariste, plus proche de nous, vivant et français : Roland "Loup Blanc" Malines ! "Du blues dans la plus grande tradition, magnifique. Roland Malines a une très belle voix, très "envoûtante" elle te transporte loin dans un autre univers." dit-elle de Roland après avoir écouté son disque «Blues Standards, Finger-Picking Style».

Voilà pourquoi, lors de l'exposition qui s'est tenue à la Galerie Caplan- Matignon (Paris) fin Novembre 2000, on aurait dû entendre en fond musical des morceaux interprétés par Roland Malines en alternance avec du jazz! Cela ne s'est finalement pas fait pour des raisons matérielles, mais la musique du Loup-Blanc a été une source d'inspiration pour l'artiste peintre qui a tenu à rendre hommage et remercier le guitariste en lui offrant son portrait.

Ce tableau a été une grande surprise pour tout le monde, y compris pour Roland puisqu'il ne l'avait pas vu, n'ayant même encore jamais rencontré Maria avant cette exposition.

Il n'y avait pas que le Loup Blanc à voir dans cette exposition ! Du Jazz, du blues, des tableaux et portraits au fusain, à l'encre ou à la sanguine, c' est toute la musique noire-américaine qui s'est exposée à la Galerie Caplan. Maria nous en avait déjà donné un aperçu quand, dés le mois d'Août, elle nous avait permis d'exposer ses premiers tableaux sur le site de La Gazette de Greenwood. Quelle émotion de voir de tels chefs d'oeuvre exprimer simplement mais superbement tous les sentiments de la musique bleue!

Si vous avez manqué cette exposition, il vous faudra patienter jusqu'en Juin 2001. Mais attention, il faudra aller les voir à New-York ou Montréal... où des galeries prestigieuses lui ont déjà commandé de nouveaux tableaux sur le même thème!

En attendant, vous pouvez (re)voir les tableaux sur internet:

le site officiel de Maria Gauttierri: www.sitelibre.com/tiergo/
la "pré-expo" de La Gazette de Greenwood: www.gazettegreenwood.net/expomariaritagauttieri.html
l'interview de Maria: www.gazettegreenwood.net/an2000/n20/numero20.htm également traduite en anglais sur www.jazzmagazine.com/
les photos de l'expo prises par Pierrot Mississippi Mercier sur www.argyro.net/amap/mariarita.html
et bien sûr le site de Roland Malines: www.loupblanc.net

(1) www.route-du-blues.net
(2) www.multimania.com/docblues
(3) webnzic.com/backstage/webring/blues

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"Grattes & Rabots" : 5ème pot de colle.
La Basse

De: Jacques Filhol (in TamTam, fanzine de l'association Blues Qui Roule)

Aujourd'hui Jacques Filhol rallonge les manches...

La partie rythmique d'une musique est d'autant plus efficace qu'elle se fait oublier, comme allant de soi, telle les fondations invisibles mais indispensables d'un bâtiment. C'est un vrai fond de sauce qui veille sur le piano de la cuisine : fouettée aux baguettes, des accords choisis pour les goûts et les couleurs, quelques percussions exotiques épiçant le tout, l'apanage de la base revenant au chef bassiste. Lui aussi tend à se fondre dans le tout, comme la partie immergée d'un iceberg sonore, en offrant une assise à la fois solide, imposante et discrète.

Le diapason typique est long : 34 pouces (863.4 mm), mais va de 830 à plus de 870 mm. Aussi le va-et-vient des cordes d'une basse est par définition moins fréquent, mais ceci est auto-compensé par une amplitude et une tenue accrues. On peut éloigner les micros sans trop de perte. On équipe aujourd'hui la touche de frettes larges (1,47mm) et hautes de 2,29 mm, mais j'ai trouvé que des frettes très fines de mandoles peuvent parfaitement convenir à une bonne intonation tout en permettant un jeu de legato quasi fretless, ceci dit pour les aficionados de franglais latino-italianisé.

Les tirants d'une basse à 5 cordes s'étagent de .040 à .145 ! Ce surplus de matière lui offre des harmoniques à foison, mais celles-ci seront plus perceptibles via une batterie de plusieurs 12" ou 10 " qu'avec un seul 15" qui privilégiera le bas du spectre. C'est d'ailleurs la tendance musicale actuelle : réponse plus instantanée, dynamique accrue et slap. Pour restituer un son grave par les débattements d'un H.P. à grande surface, mais avec une pression acoustique comparable à ce que nous procure le registre d'une guitare 6 cordes, on sera au moins deux fois plus gourmand en watts.

J'ai questionné des bluesmen émérites comme Éric Robin (La Sale Company), Miguel Hamoum (Scratch My Back), et Yann Renoul (Blues Hangout) et quelques jeunes amateurs. Ils partagent le même souci d'exactitude, de rigueur d'écoute, pour se mettre bien au chaud dans le groove. Eux ne sont pas des malades du slap à contretemps, et préfèrent qu'on puisse compter sur leur régularité. Aucune pédale d'effets, jugée inutile en blues. Pour eux un bon ampli se doit d'en garder sous le pied, 200W, pas trop de réglages et quatre H.P. de 10". Ampeg, Mesa Boogie et Trace Eliott se partagent leur faveur.

Une bonne basse doit pouvoir suffisamment sonner pour être accordée à sec, et bien tenir l'accordage. Vue la plus grande tension que le manche subit, il doit être très stable. Pour cause de raréfaction des meilleurs bois, il se verra doter à l'avenir de plus en plus de fibres de carbone. Le haut est relativement étroit (40 mm avec 4 cordes pour les petites mimines, ou 5 cordes et 10% de plus pour les grandes papattes). Ils achèteraient volontiers leurs micros chez Bartolini. Les vieilles Fender Jazz ou Precision sont plébiscitées pour leur confort, leur dynamique, la belle rondeur de son, et leur patate quand il en faut. L'érable et l'aulne, en bons weightwatchers, surveillent la bascule. Personnellement, mon chouchou pour le bois de basse, c'est le noyer des Alpes, avec une touche en ébène, ce qui rend une attaque plus flûtée et un son plus violoncelleux (ah bon, ça se dit pas ?) que l'érable : ça fait "KLOUHM" au lieu de "BOUM", si vous préférez.

En général la qualité du son et la versatilité des instruments a progressé, mais si on voulait râler un coup, ce serait pour exiger des fabricants que tous les modèles existassent aussi pour gauchers et ceci pour le même prix.

© Jacques Filhol 2000

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