n°28 (Février 2001)
for Bluesy People
keep on swingin, cats!
Date: 1er Février 2000
De: Jean-Michel Borello <jeanmichel63@wanadoo.fr>
Dans ce petit article, je vais essayer de donner une liste personnelle de quelques disques de jazz que tous les amateurs de blues devraient pouvoir aimer sans problèmes. Je trouve en effet dommage que ceux ci ne manifestent souvent que peu d'intérêt pour le jazz, alors que ces deux musiques sont très proches, au moins par le fait que le jazz a eu le Blues comme une de ses influences majeures. Les deux tiers des premiers enregistrements de jazz étaient en effet des Blues les plus classiques et un bon tiers de tout ce qui allait suivre aussi !
Si le jazz s'est ensuite peu à peu éloigné du Blues pour aborder des musiques harmoniquement plus complexes, il en a la plupart du temps conservé l'esprit, si ce n'est la forme. Quelle que soit l'époque, certains jazzmen ont conservé de très fortes racines blues et ont gravé des œuvres dans lesquelles les amateurs de blues que nous sommes ne devraient pas se sentir trop étranger…
Ce sont ces œuvres que je vais essayer de citer. Cette liste est bien sur forcément incomplète, subjective, critiquable, mais elle ne demande qu'à être complétée ! N'oubliez pas que ça n'est pas une liste des chefs d'œuvre du jazz ,mais une liste de ce que l'amateur de blues moyen est supposé pouvoir facilement apprécier, car se situant sur un territoire proche de ce qu'il connaît déjà bien. Les deux se recoupent néanmoins à plusieurs reprises.
J'ai cité uniquement des cd qui se trouvent facilement aujourd'hui dans les bacs français. Je ne donne pas les références, elles changent trop souvent.
Prêts ? alors allons y !
Sidney Bechet |
Dès les origines, le blues est partout. Les jazzmen accompagnent les chanteuses de blues dans les bordels de New Orleans…
Dans le style, on ne peut pas éviter les plus grands :Louis Armstrong (" Fireworks " chez Dreysfus jazz) et Sidney Bechet (Summertime aussi chez Dreyfus Jazz) Il y a des tonnes de magnifiques blue notes là dedans…Louis avait vingt cinq ans et Sidney était loin de penser qu'il finirait ses jours en tant que grande vedette en France…
Sur ces deux disques, chefs d'œuvre absolus du jazz, le son est quasi miraculeux pour l'époque. |
Count Basie |
Dans le style des grands orchestres, essayez le Count Basie (Swingin the Blues, toujours chez Dreyfus jazz-non ils ne m'ont pas payé-) avec Lester Young et le grand chanteur de blues Jimmy Rushing… |
Coté guitare, jouez à coup sur avec l'idole de Duke Robillard, Charlie Christian (Bon,c'est le dernier :Dreyfus jazz) On peut aussi classer dans ce style Middle jazz tous les grands saxophonistes ténor -souvent texans, allez savoir pourquoi- qui ont joué divinement le blues. Ils sont une origine importante du Rhythm'n'Blues et du Rock'n' Roll. |
Charlie Christian |
Thelonious Monk |
C'est peut être le style qui aura le plus de mal à passer pour un pur fan de blues, car parfois un peu difficile harmoniquement, mais ne manquez quand même pas Thelonious Monk (Trio, chez Prestige par exemple, mais tout est bon chez Monk) et enfin le génie intégral, Charlie Parker, le Bird (Savoy),grand bluesman devant l'Eternel. |
Miles Davis
Roland Kirk
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Bon, on se doit de citer d'abord l'inévitable " Kind of Blue " (CBS/Sony) de Miles Davis (avec Bill Evans, Coltrane et Cannonball Adderley) Surement LE disque de l'île déserte de beaucoup de monde (dont moi). C'est aussi intensément Blues que du John Lee Hooker… Et pour rester en famille : Blue Train de John Coltrane (Blue Note) et Them Dirty Blues (Prestige/Fantasy) de Cannonball Adderley (avec le fameux Work Song) Il vous faut aussi " Art Blakey et les Jazz Messengers au Club St Germain " (RCA) avec les fameux Blues March et Moanin'. " Senor Blues " d'Horace Silver (Blue Note)est un autre exemple typique de ce qu'on appelait le " soul jazz " à l'époque. Si vous trouvez " We free Kings " de Roland Kirk, prenez le, ne serait ce que pour ce petit bijou de " You did it,you did it " à la flûte. Enfin, ne ratez surtout pas Charlie Mingus, qui pète vraiment les plombs dans " Mingus ah Hum " (Atlantic) deuxième disque d'île déserte pour moi (si, si, Monsieur, au moins deux…S'il vous plait ? ?). Blues and Roots, toujours de Mingus (Atlantic) est du même niveau. Ces deux disques sont bourrés de blues et surtout de Sanctified Church ! |
Là, excusez moi, mais ça s'éloigne quand même un peu trop du Blues en général pour rentrer dans le cadre de cet article. Les radicaux pourront quand même risquer une oreille vers Archie Shepp (mama Too Tight-Impulse) Albert Ayler (Spirit Rejoice "-ESP) ou Steve Coleman .Ce sont les plus bluesy.
dans ce paragraphe, je classerai ceux qui pourraient très bien être rangés dans le rayon " Blues " mais qu'on laisse quand même dans le jazz parce qu'ils ne font pas que du blues…
Jimmy Smith :Midnight Special (Blue Note) avec Kenny Burrel et Stanley Turrentine…3° candidat sérieux pour l'île déserte…
Kenny Burrel :Midnight Blue (Blue Note) .Une montagne de plans pour des guitaristes de blues…
Grant Green :Born to be blue (Blue Note) Le feeling à fleur de peau…
Gene Ammons :The happy Blues (original jazz classics) quel son de saxophone !
Voilà, on pourrait sûrement en citer encore quelques dizaines, mais essayez déjà ceux là, vous ne serez sûrement pas déçus !
Bonne écoute, et "keep on swingin, cats!"
Date: 23 Janvier 2001
De: Christophe "Ridin' On" Godel <christophe.godel@freesbee.fr>
photos: Jocelyn Richez (prises au Glazart en 1999, et au Bottleneck en 1997)
La Maroquinerie, temple du blues français pendant 3 jours, a accueilli Patrick Verbeke et tout son clan.
Patrick Verbeke ne se refuse rien : deux premières parties ! Il a bien eu raison parce qu'on a vibré !
Tout d'abord, Steve Verbeke, le fiston. C'est surtout lui que j'ai envie de mettre en avant. Comme je disais à Jocelyn, il n'arrête pas de se bonifier. Je le vois peu, mais à chaque fois je me dis qu'il s'améliore. Je ne suis pas un spécialiste de l'harmonica, mais il me parait évident que son niveau augmente sans cesse et qu'il a de plus en plus de choses à dire, et de plus en plus de moyen de les dire. La première fois que je l'ai vu, il était stoïque sur scène, semblant jouer ses morceaux comme on récite un poème sans coeur. Samedi, il était vivant, souriant, plein d'entrain et surtout de passion. J'étais ravi, et il a terminé son set avec une reprise de Sonny Boy Williamson, si mes souvenirs sont bons, vraiment détonnante et techniquement parfaitement maitrisé m'a t-il semblé. Steve était entre autre accompagné par l'excellent Stan Noubard Pacha. Il n'y a pas à dire, c'est un des meilleurs guitaristes français. J'adore son feeling.
La deuxième partie (qui venait en fait après le premier set de Patrick) était assuré par Chris Lancry, seul à la guitare et à l'harmonica. C'était frustrant parce que trop court ! J'aurai vraiment adoré en entendre beaucoup plus. 4 titres vraiment excellents, dont une dédiée à Billie Holiday, teinté de Jazz, vraiment très jolie, et une autre dédiée à Lightnin' hopkins. Encore un artiste français complet. On n'a vraiment rien à envier aux américains !
Ensuite Papa Verbeke a pointé le bout de son bec, avec Claude Langlois et Pascal Mickaelian. C'était vraiment excellent sur l'ensemble des deux sets. Electrique, accoustique, aux grattoirs pour un peu de zydeco, c'était la fête pour Patrick. Et puis The Duo sont vraiment de sacrés bons musiciens, de sacrés comiques aussi. Les musiciens s'éclataient comme des fous furieux. On a eu droit à tout :
- Blues sous toutes ses formes ou presque, allant des compos originales aux reprises bien inspirées.
- Du rock'n'roll, limite psychédélique.. ? non? si... Sa version de Maybelenne était vraiment géniale. Et je pense que là, les purs et durs du blues ont dû avoir un peu mal à apprécier la dérive du morceau, Pascal Mikaelian étant certainement le premier harmoniciste scratcheur de son temps, oui oui il scratchait... et Claude Langlois nous a emmené dans une ambiance mystique telle, avec sa lap steel guitar, que nous étions limite 70's. J'ai adoré.
- Du Zydeco, avec une version pleine d'énergie et d'entrain de Sweet Home Chicago, devenu Sweet Home Zydéco, et en français, avec un peu tout le monde au grattoir ! Pour l'occasion, et la fin du set, Boney Fields était là avec sa femme Nadège au saxophone et au trombonne un très bon dont j'ai oublié le nom !
Benoit Blue Boy est également passé pour la reprise de "J'marche doucement j'suis pas pressé". Un bon BBB, mais sa prestation ne valait pas celle du dernier boeuf Travel In Blues, ou apparement, sa prestation du soir même à Ris Orangis.
Patrick n'a pas manqué de rendre hommage comme il se doit à notre Luther Allison, avec une nouvelle bonne version de Nobody But You (Lou), repris par un public conquis.
Date: 18 Janvier 2001
De: Aliocha <al.blues2000@magic.fr>
Chambéry, capitale historique de la Savoie et future capitale de la Savoie Indépendante, organisait pour la deuxième année sa «Nuit Du Blues». Cette année à l'affiche deux parties, et non plus trois comme l'année passée, et changement de lieu : du Scarabée salle de taille moyenne, passage à l'espace Malraux dans une salle de 900 places assises qui est plus habitée a recevoir du théâtre ou du jazz «tranquille» que du blues, seul Lucky Peterson a réussit a mettre le feu en deux morceaux.
Pour commencer la soirée Jean Sangally, bluesman national savoisien d'origine Camerounaise, invite Adrian Burns. Connaissant bien Jean Sangally dans différents contextes ; du concert seul à la guitare acoustique avec répertoire allant du Blues à Brassens en passant par des chansons africaines, aux concerts en formations importantes avec section de cuivres ; et ne connaissant pas Adrian Burns : je ne savais à quoi m'attendre. Et bien on a eut droit à la formule toute simple du : deux chaises, deux micros, deux guitares acoustiques, deux verres (mais seulement une bouteille de rouge, ah le Gamay !) et deux chanteurs guitaristes. Si la formule est appétissante sur la papier, dans la pratique cela nous laisse un peu sur notre fin. Parce que les deux hommes n'ont pas essayer de faire cohabiter leurs deux univers musicaux : ça commence par Adrian qui dit à Jean «j'aimerais que tu me joues une chanson d'Afrique», puis Jean dit à Adrian «j'aimerais que tu me joue un Robert Johnson», et ainsi de suite on enchaîne un Brassens-Afrique et un Blues avant qu'ils ne se décident a jouer ensemble. Et là ... et bien le courant passe entre les deux hommes mais leur jeux et leurs voix s'accordent mal : la voix chaude, profonde et rauque de Burns contraste trop avec celle de Sangally, le jeu sur guitare à corde nylon de Sangally est trop limité à côté de celui de Burns, la personnalité «blues traditionnelle» de Burns clash avec celle «issue du blues» de Sangally, et on en arrive à comparer les deux amis ... c'est d'autant plus dommage qu'ils sont vraiment bons amis, du point de vue humain ils sont sur la même longueur d'onde et on passe en fait un bon moment détendu en leur compagnie. Mais la musique laisse un peu froid.
Petite entracte qui ne laisse même pas le temps d'aller boire un coup tellement le bar est mal placé et ne peut satisfaire tous les «boient-sans-soif» que sont les amateurs de blues. Sûr que les ventes de bières doivent être inférieures à un récital de Mozart, mais là n'est pas le problème : on arrive pour la deuxième partie le gosier sec.
Pour la deuxième partie, la tête d'affiche est Melvin Taylor avec son Slak Band et Chico Banks. Alors la crainte de tout connaisseur de ce que fait Taylor et de ce que fait Banks est que le concert ne se termine en duel genre «qui joue le plus vite» ou «celui qui joue le moins vite donne son âme au diable». Je rassure tout le monde tout de suite : pas de duel. Le concert commence par Banks et le duo rythmique pour deux titres : un funk torride (reprise de Magic Sam, comme sur le disque «Candy Lickin' Man») et un «Stormy Monday Blues» au tempo lent mais tout aussi torride. Ensuite Chico baisse le volume de son Marshall, et présente le leader : MEL-VIN ! TAYYYYYY-LOOORRR ! ... qui à peine branché met tout le monde d'accord : c'est lui le boss, et Banks, lui, il apprend son métier. Aucune animosité entre les deux, entres les morceaux ils se balancent des vannes hors micros en parlant à la même vitesse avec laquelle ils jouent de la guitare, de fait personne dans le public ne comprenait rien (même les profs d'anglais présents). Pas d'animosité donc, mais ici c'est Melvin le leader et c'est Chico le guitariste rythmique. Mais celui qui Melvin présente comme son «little brother» aura de temps à autres droit à quelques plages d'expression. Et pour ceux qui comme moi redoutaient le phénomène du «deux fois le même solo pour le prix d'un», je peux vous dire qu'ils n'ont pas du tout le même style quand ils sont mis l'un à côté de l'autre: la même famille, mais pas la même personnalité, ni le même son, ni les même phrasés.
Alors, ceux qui connaissent Melvin sur disque uniquement ont été un peu surpris part ça débauche constante de soli furieux suivant le même schéma «climaxique»: jeu en octave à la Montgomery/Benson, puis mise en route de la première pédale de disto et solo un peu plus musclé, puis mise en route de la seconde pédale de disto et là on est dans le «gros son de la mort qui tue qui fait mal», et enfin la fidèle WhaWha qui fini d'achevé les rescapé des premières salves. Seul l'aspect rythmique semble changer au début des morceaux, avec un fois un blues lent, une fois un morceau plus funky, mais le développement les fait évoluer vers un magma sonore similaire. Si il est vrai qu'au premier morceau tout le monde est sur le postérieur, quand pendant une heure s'enchaîne 4 morceaux suivant ce même schéma, l'aspect «rentre dedans» et «improvisation interminable» fini par lasser, et le fantôme de Jimi Hendrix laisse sa place a celui des pires représentants du psychédélisme. Mais le public aime. Et le montre. Du coup Melvin s'investie un peu plus dans la musique, et la deuxième pédale de disto et la WhaWha sont délaissées au profit du feeling qui apparaît dans l'avant dernier morceau qui commence comme un blues plutôt lent et finit comme tel. Et le public aime encore plus. Et en redemande quand après 1h15 de spectacle Melvin balance avec un grand sourire en regardant sa montre : «Vous êtes sympa, mais c'est l'heure de ce casser.». Après un tonnerre d'applaudissement de plus de 5 minutes, on a droit à un final limite hard-rock sur "Peter Gun Theme" qui ne doit plus rien aux Blues Brothers, et sur lequel on a enfin droit a un échange de salves guitaristiques entre nos deux blues brothers de la soirée.
Mais «le blues ?» me direz vous. Et bien il était fort peu présent finalement. En fait l'erreur que tout le monde fait c'est de considérer que Melvin Taylor est un bluesman, en tant que tel il manque de feeling je suis d'accord. Mais pour un fils spirituel de Georges Benson et Jimi Hendrix il a quand même un sacré feeling !
Date: 1er Février 2001
De: Docteur Blues <docteur.blues@free.fr>
Je ne sais pas pourquoi j'aime autant ce disque. Pourquoi j'ai craqué il y a quelques années déjà quant un mien ami, amateur de jazz, me passe les premières mesures d'"Alabama March" jouées par cet inconu... Mickey Baker.
Ou plutôt si, je sais peut-être pourquoi, est-ce un de ces nombreux disques auxquels j'aurais aimé participer tant l'athmosphère de la musique qu'il conserve m'est proche... Et c'est aussi un disque témoin du Blues acoustique des années soixante-dix.
MC Houston Baker est né dans le Kentucky en 1925, à Louisville exactement, et devient guitariste par accident car il voulait devenir trompettiste, cette vocation fut déçue par le prix trop élevé de l'instrument. Il commence dons une carrière de guitariste en 1948 à New-York dans un orchestre de Calypso. Puis il quitte New-York pour la Californie où il découvre la scène Rythm'n Blues. Vers 1952, il commence à travailler pour Ray Charles, Big Joe Turner et Bo Diddley. En 1961, Mickey quitte tout et vient s'intaller en France, participe à beaucoup de sessions "Black and Blue" pour ce qui est du blues... Mais, il paraît qu'il aurait même tourné derrière France Gall à une certaine époque... (en fazit, il fait le bonheur des studios français en quête de musiciens "authentiques" pour tourner derrière toute la nouvelle vague yéyé).
En véritable touche à tout, Mickey écrit aussi des textes dont une histoire du blues (info sous réserve)...
C'est Philippe Rault qui encourage Mickey Baker à enregistrer ce disque en 1973, un disque initiatique, hommage aux bluesmen du Delta. Les sessions ont lieu entre Paris et Londres, il est accompagné pour l'occasion par Stephan Grossman et du London String Orchestra. Mickey n'a pas eu peur de frotter un dobro aux violons classiques, de s'essayer à une synthèse tout en jouant avec la reverb pour noyer l'auditeur dans le brouillard Voodoo de la Tamise. Le respect pour le blues et pour les auteurs reste néanmoins total : on y retrouve des signatures comme celles de JB Lenoir ("Good Advice", "Alabama March"), C. Patton ("High Sheriff Blues"), R. Johnson ("Terraplane Blues", "Sweet Home Chicago"), L. Carr ("Blues Before Sunrise", "Can't Find My Babe") etc...
Ce disque est donc réédité en CD depuis 1993 et reste chez Docteur Blues un
disque culte qui partage une place de choix dans ma discothèque entre Cousin Joe
et Slim Harpo.
réf: Mc Houston "Mickey" Baker; Mississippi Delta Dues - Verve/PolyGram 519 728-2 - 1993
(original sur Vinyle : Collection "House of the blues - vol. 5" - Blues Star 80.605 - 1973
Date: 28 Janvier 2001
De: Stagg O'Lee <latailla@club-internet.fr>
Des reprises de Robert Johnson, il y en a eu pas mal (1)… Trop, diront certains. Alors quel est l'intérêt de ce nouveau CD Dealin With The Devil dont le thème est Songs Of Robert Johnson ? Soyons clair, personne n'est obligé de l'acheter ni même de l'écouter, mais ça serait une erreur de le bouder sous prétexte d'un à-priori. Une grossière erreur même (Mais heureusement LGDG est là pour vous éviter une telle bourde).
Le disque est composé de 12 titres de RJ repris par 12 musiciens et musiciennes qui rendent ainsi hommage au bluesman devenu mythique. Dans les notes du livret, chacun des interprètes y va de son petit commentaire : soit il expose brièvement ce que représente RJ pour lui, soit il donne la clé de son interprétation du titre enregistré. Tout ça est dit simplement, sans envolées lyrique sur le personnage… Kris Wiley a une image assez bonne : " La musique de RJ est comme la farine. Il serait difficile de cuire un gâteau sans elle " .
Les musiciens chantent et jouent RJ avec leur propre patte, donnant ainsi à l'ensemble une grande diversité permettant d'écouter chaque titre avec un intérêt renouvelé. Mais pas de délire, les registres utilisés restent très " roots " et respectueux des enregistrements originaux…
Corey Harris donne le ton avec son dobro pour un Walking Blues magistral, accompagné de Michael " Mudcat " Ward à la basse acoustique et Per Hanson à la batterie (très discrète). Ces trois musiciens, auxquels s'ajoute parfois Denny Breau à la guitare, forment le groupe qui accompagne éventuellement les autres interprètes de ce disque.
Honneur aux dames (elles sont trois sur ce disque) car ce sont sans doute elles qui nous donnent les interprétations les plus intéressantes. Kris Wiley nous joue Ramblin' On My Mind accompagnée de sa seule guitare électrique… L'alchimie guitare et voix donne un résultat poignant et superbe !
Si la voix et la guitare de Debbie Davies dans son émouvant When You Got A Good Friend vous laissent insensible, je crains que le blues ne puisse plus rien pour vous… Tentez quand même votre chance avec Sue Foley et son nonchalant et énergique (oui, c'est possible) From Four Until Late teinté de country : un vrai bonheur.
Le morceau le plus original est sans conteste Last Fair Deal Go Down chanté par Dave Van Ronk accompagné du seul banjo de Luke Faust. C'est simple : on dirait un blues d'avant le blues ! Phénoménal.
Pinetop Perkins, doyen de la bande et seul contemporain de RJ, a choisi sans complexe Sweet Home Chicago. Avec Corey Harris dans le rôle de RJ accompagnant le pianiste boogie-blues à la voix fatiguée, ambiance juke-joint garantie !
Les autres interprétations sont moins inattendues mais tout aussi intéressantes. Eddie Kirkland reprend Dust My Broom sans être paralysé par la version d'Elmore James, ce qui aurait été étonnant, et Kenny Neal s'empare de I'M A Steady Rollin' Man et nous confirme que, l'harmonica, c'est son truc.
L'harmonica, et la guitare, c'est aussi le truc de Paul Geremia qui sort le gros calibre pour un 32-20 Blues énergique.
Josh White Jr joue Come On In My Kitchen (dont il nous dit au passage que la mélodie est la même que celle d'un titre enregistré par son père en 1932…) en y mettant un peu de Walking Blues : mélange superbe.
Colin Linden n'a pas tranché entre Son House et RJ pour son Preachin' Blues : il reprend donc les deux versions dans un même morceau, avec un intéressant changement de rythme et de ton entre les deux.
Quant à Guy Davis, il confirme son gigantesque talent avec Stones In My Passway, brut de fonderie et envoûtant (l'emploi d'une capsule de bière scotchée sous son pied et marquant le tempo y est peut-être pour quelque chose !).
Franchement, si cette énumération de titres et d'interprètes (dont certains que j'ai découverts dans ce disque) vous laisse indifférent… c'est que votre cas est désespéré ou que vous avez décidé, peut-être suite à une overdose, de snober les reprises de RJ. Suivez donc mon conseil : si vous arrêtez la cigarette, vous vous faîtes du bien ; mais si vous arrêtez RJ, vous vous faîtes du mal.
Que ce soit pour (re)découvrir les chef-d'œuvres de Robert Johnson ou pour compléter une collection déjà fournie, ce disque est à recommander à tous.
Ref CD : Dealin' With The Devil, Songs Of Robert Johnson, Cannonball Records, 2000, CBD 29117
(1) voir les reprises de Robert Johnson: www.argyro.net/amap/reprises.htm
Date: 29 Janvier 2001
De: Pierrot Mississippi Mercier <mississippi@wanadoo.fr>
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Le 10 juin 1964, les Rolling Stones arrivent à Chicago pour enregistrer "12 x 5", leur nouvel album. Tout le monde le sait (mais beaucoup l'oublient) : les Stones sont depuis toujours des passionnés de Blues et, plus particulièrement, de celui de Chicago. C'est donc tout naturellement (et sans le moindre complexe) qu'ils choisissent les studios Chess du 2120 South Michigan Avenue pour leur premier album américain. Le propre fils de Leonard Chess, Marshall, organise les sessions avec Andrew Loog Oldham. La suite est connue : en deux jours, les Stones enregistrent 15 titres (12 sont retenus pour l'album) et It's all over now (de Bobby Womack) devient leur premier succès aux USA - et donc leur premier succès international. |
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Plus de vingt ans après, les Rolling Stones sont devenus à leur tour des légendes. Leur carrière, même si elle est celle d'un groupe de rock avec une audience planétaire, n'a jamais cessé d'être un hommage au blues. Aucun de leurs disques, aucun de leurs concerts où le Blues ne soit présent. Les compositions de Jagger & Richards sont tellement imprégnées de la musique du diable (>-) qu'on se prend souvent à penser que ce sont des reprises de standards. Inversement, certains titres popularisés par les Stones - et ceux de Robert Johnson ne sont pas les moins nombreux - sont devenus tellement célèbres qu'on croit souvent qu'ils leur appartiennent. Après donc tant d'hommages des Stones au Blues, l'idée de les honorer en retour semblait s'imposer (on pourrait même s'étonner qu'elle est tant tardé à voir le jour). Des plus vieux aux plus jeunes, des plus confirmés aux plus prometteurs, de New-York à San Francisco, l'été 1997 a vu la réunion d'un bel éventail de talents pour ce projet. Pour finir, quel résultat ?
Une note de mélancolie pour finir : cet album est le dernier enregistré par Johnny Coppeland et Luther Allison, tous deux décédés quelques semaines après. Belle réédition chez Ruf Records sous la référence RUF 1020 - la première édition (A&M je crois) ne faisait pas vraiment envie. |
Date: 15 Janvier 2001
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>
Et la batterie ? eh bien il n'y en a pas. Peut-être est-ce un choix historique (pas de copain batteur dans les environs), mais en tout cas c'est devenu une caractéristique du combo et ils assument car ça ne les empêche pas de swinguer quand il faut.
Autre choix du groupe : un parti-pris acoustique, tout juste écorné par quelques incursions de Johnny Guitar du côté « électrique ». Johnny sait vous placer l'air de rien une petite phrase de derrière les fagots... Blues, Jazz, Country. no wall ! A l'harmonica, Winnerjammer sait vous coller le frisson, car il maîtrise son instrument et parce qu'il sait s'abstenir. pour mieux vous souffler au bon moment les notes qui font mouche. A la basse, El Manifico assure magnifiquement l'assise rythmique : c'est lui qui donne le tempo, aidé par le Doc qui ne ménage pas sa six cordes.
Si le chanteur principal du groupe est Docteur Blues, Johnny et Winnerjammer prennent parfois le micro, et c'est même souvent deux, trois voire quatre voix qu'on entend sur les titres. La recherche (et la trouvaille) d' harmonies vocales est un autre point fort du groupe.
Le répertoire des Brazos est vaste. Très vaste. Pas d'oeillères, pas de cloisons. Leur CD comporte 10 titres balayant large, de Robert Johnson aux Rolling Stones, en passant par Sippie Wallace, Doug Mc Leod, Louis Jordan, Tony Joe White, Brownie Mc Ghee et Sonny Boy Williamson n°2. C'est un petit échantillon de leur répertoire, et j'aurais aimé y trouver un ou deux titres cajuns, style dans lequel j'ai cru entendre dire que les Brazos excellaient, et qui est tout à fait en harmonie avec leur propre style.
Sur le CD, il y a écrit « arrangement Big Brazos » pour certains titres. Pourquoi pas sur les autres ??! Les Brazos ont une patte indéniable, c'est un groupe qui vous crée une ambiance. Et ça commence à se savoir, car après de nombreux concerts à Paris, deux participations aux Soirée Blues de Saint-Pierre du Perray (dont 5 titres live sont issus (2), les autres ayant été enregistré en studio), on les a vu tout dernièrement pour un concert au Festival Blues-Sur-Seine 2000 et une émission spéciale « Big Brazos » sur Canal Web (Blues TV) en Janvier 2001!
Guettez bien les affiches (ou e-mails) de concerts : à ne pas manquer ! Et à
ne pas manquer non plus : le site du « Docteur Blues »(3) où vous trouverez
toutes infos utiles sur le groupe (y compris des extraits sons et vidéos ,
et la possibilité d'acheter le CD) plus une mine de chroniques,
renseignements et informations, dont l'inestimable « Agenda de Lyzie »,
charmante secrétaire du Doc recensant tous les festivals de Blues !
(1) : "Les fous furieux des Big Brazos en concert" LGDG n° 13
"Sweet Home Caraïbe" LGDG n° 15
(2) "Comment sonoriser les Brazos" LGDG n° 15
(3) le site Docteur Blues : www.multimania.com/docblues
Date: 3 Février 2001
De: Pierrot Mississippi Mercier <mississippi@wanadoo.fr>
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AND NOW Ladies and Gentlemen... RORY GALLAGHER ! De Belfast (région troublée à l'époque - c'est le moins qu'on puisse dire) à Dublin pour finir à Cork, la ville de son enfance, Rory entraîne son groupe dans une course, un sprint ininterrompu, avec une énergie qui parait inépuisable. Quelle est son urgence ? Est-ce qu'il sait déjà que cela ne durera pas, que tout a une fin ? Où bien qu'il faut juste profiter de chaque instant ? |
Pourquoi vouloir tout expliquer, pourquoi ne pas se contenter de cette évidence : ceci est probablement un des meilleurs albums live jamais enregistrés. Lou Martin au clavier, Gerry Mc Avoy à la basse, Rod De Ath à la batterie, mais en fait quelle importance : ce pourrait être n'importe qui. Quand j'ai commencé à écouter ce disque (c'est-à-dire à sa sortie), je trouvais que le pianiste ne servait à rien (je le pense toujours) et que les deux de la section rythmique était des bourrins. Finalement, c'est peut-être la remasterisation qui fait : je les supporte mieux. Ou alors je me suis rendu compte, sur le terrain, que, finalement, ce qu'ils faisaient n'était pas si facile ? Il faut le suivre le gamin... même sur des trucs simples comme Too much alcohol de J.B.Hutto Justement, il y a une accalmie passagère : As the Crow flies permet aux comparses de souffler pendant que Rory s'approprie ce titre de Tony Joe White et nous entraîne tout autant, seul sur scène avec son Dobro. L'équipage, revenu de l'abreuvoir, est de nouveau au complet pour servir les compositions de Rory avec le somptueux Million Miles Away (si vous voulez les paroles : Blues Lyrics), puis l'incandescent (et pour cause) Walk on hot coals (celles-ci aussi ? pas de problème, merci again, BluesLyrics). | |
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Le disque devrait se terminer logiquement avec les 10'05 de Who's that coming ? et la standing ovation qui suit (à mon avis ils sont même debout sur les fauteuils !-) mais, bêtement, la version CD inclut, comme le double LP d'origine, 2 morceaux "off" qui ne servent à rien et font tomber l'ambiance. Sur le double cela se comprenait (un peu) pour remplir la 4e face, mais ici ? Je vais aller faire un tour sur http://www.rory.de, (LE SITE de référence), pour voir ce qu'ils en pensent. Autre piste RORY ON! The official Rory Gallagher Webring |
J'ai un mal de chien quand je veux parler de Rory. Déjà, quand j'ai commencé à mettre en ligne ma collection de photos, j'ai traîné et traîné et finalement, le Doc ayant fait une superbe page sur mon héros, j'ai juste mis un lien... Héros ou grand-frère ? J'ai presque le même âge que lui. Quand je pense qu'il a enregistré cette pure merveille à 25 ans, je me dis qu'il y a des choses qui me/nous sont inaccessibles et, finalement, c'est tant mieux : ça permet de rêver même si Rory est parti depuis, "a million miles away...". |
Date: 10 Janvier 2001
De: Docteur Blues <docteur.blues@free.fr>
En ce début de troisième millénaire, la mode des rétros fleurie à tout va. Chacun peut faire un retour sur ces cinq dernières années et faire un petit bilan des disques ou performances qu'il a le plus aimé. Pour ma part, je ferai ce petit flash-back avec deux artistes qui ont rencontré l'adhésion d'un large public, trop large diront certains, mais je voudrais leur décerner, de mon côté, l'award des "Blues Keepers".
Keb' Mo alias Kevin Moore, nous a cueilli à froid avec un premier Cd
exemplaire et le titre admirable qu'est "Every morning", depuis ses
détracteurs sont nombreux, mais Keb a permis de garder le blues un peu plus
vivant et à ceux qui ont toujours des doutes quant à son identité de
bluesman, je leur conseille d'écouter et de voir le DVD qui lui est consacré
dans la série "Sessions at west 54th" enregistré en juin 1997 en
pleine
KebMomania juste après la sortie de son 2ème disque. On retrouve sur ce DVD
dans une ambiance unpplugged MTV,14 titres parmi les meilleurs du bluesman.
Il y est accompagné façon électrique (basse, batterie, orgue) par une petite
formation de talent ...
Kevin joue dans plusieurs styles, et ne renonce pas aux onglets métalliques
sur une guitare électrique à resonateur (dont j'ai oublié le nom du
fabriquant) une belle perfomance en live. Enfin, Keb Mo qui a migré de la
Californie à la Nouvelle Orléans, a invité l'inamovible Doc John en voisin
et ami, ils réarrangent "Angelina" sur des accents cajuns. On retrouve
également, parmi ces 14 titres, les "grands" blues de Kevin comme
"I'm On your Side", "Every Morning" , le comique "You Can love your
Self", "She just want to dance", et le grand "Dangerous Mood".
Le "sweet-black-blues(*)" a trouvé en Keb Mo et aux côtés d'Eric Bibb et de Corey Harris, trois diamants purs pour une tradition éternelle (**) !
(*) Je n'ai pas trouvé mieux...
(**) Rhâah lovely, c'est beau !
ref DVD: Keb Mo "Sessions at west 54th" DVD Okeh - BVD 50237 (import zone 1)
Idem pour Popa Chubby, les New-yorkais eux le connaissaient peut-être depuis
un moment mais quand il a débarqué sur la planète Blues-Rock, il a mis tout
le monde d'accord et on est enfin sorti du syndrome Vaughanien, comme quoi,
pour bien jouer le blues, il n'était pas obligatoire d'être originaire du
Texas (ce qui est néanmoins un peu vrai).
Avec un charisme hors du commun,
il s'est approprié le blues comme un chef de gang dominerait un quartier du
Bronx... En 1999, en véritable leader, il nous présente cinq de ses copains
sur "New York City Blues"... "Coup médiatique !" diront certains, on
s'en
moque, le blues revient à New-York !!! Le grand spécialiste Etienne
Guillermond dira : "ça nous change de Josh White et de Leadbelly" et il a
bien raison... Popa en live c'est de la dynamite, les manettes à fond, il
fait fondre les tympans les plus endurcis ne renonçant pas à relire l'ancien
testament (Purple Haze) pour le bonheur d'une salle chauffée à blanc.
Mais le plus significatif avec la sortie de son dernier CD "How 'd a white boy
get the Blues ?" c'est que Mister Chubby décloisonne à sa manière, il
n'hésite pas : funks et blues lents, shuffles ou groove limite hip-hop avec
solo country, l'ensemble reste très cohérent même s'il vient de sortir un
single bonus où Popa chante le refrain en français "A chaque jour suffit sa
peine" ; notre homme serait-il reconnaissant.
Popa Chubby "How'd a white boy get the blues ?" Dixiefrog DFGCD 8500 + limited bonus single CDSG 008
Date: 2 Février 2000
De: René Malines <renemalin@aol.com>
1995. C'est dans le cerveau fertile de Nicolas Magnant, brillant jeune homme tout juste âgé de 21 ans qu'a germé l'idée : Paris a besoin d'une association de Blues ! Cinq ans plus tard, Travel in Blues est devenu l'un des acteurs incontournables de la scène blues héxagonale… et ne compte pas s'arrêter en si bon chemin !
Nicolas Magnant, initiateur de l'association, et Sebastien Petit, membre fondateur.
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Un soir de septembre 1995, dans un petit bar de la capitale, Nicolas expose son projet à Sébastien, Philippe et Rodolphe, trois autres fondus de blues : fonder une association de blues à Paris afin de fédérer amateurs et musiciens, et, par extension, porter la bonne parole à autant de néophytes.
Personne ne sait encore précisément ce que seront les activités exactes de l'association, mais qu'importe. Le feu de la passion, l'énergie de la jeunesse, l'envie de faire bouger les choses, tout pousse les 4 garçons à démarrer au plus tôt. Il faut un nom ? Rodolphe, angliciste occasionnel, propose Travel in Blues. Adopté à l'unanimité. Et voilà nos mousquetaires partis distribuer les tracts annonçant la bonne nouvelle dans tous les concerts blues de la capitale. C'est ainsi qu'au New Morning, sortant d'un concert de Clarence "Gatemouth" Brown, 2 de nos 4 pionniers engagent la conversation avec un type un peu plus âgé, certes, mais séduit par l'enthousiasme des jeunes gens. Echange de téléphones, on se recontacte, et voilà René , un mec love notoire, embarqué dans l'affaire.
En passant par la Lorraine…
Travel In Blues n°1 (Avril 1996) |
Etienne Guillermond, redac' chef et harmoniciste hors pair
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De la merguez-frites au jambalaya…
Philippe Sauret, membre fondateur, Mr Zydeco, et encyclopédie vivante du
blues
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Vache folle au Bottleneck ?
Entretemps, si Rodolphe est parti sous d'autre cieux avec de nouveaux projets, la petite équipe s'est vue renforcée par l'arrivée de Gilles et de Guillaume, puis de Francis, et enfin de Marie. Malgré ce sang nouveau, au bout de 2 ans de soirées hebdomadaires, tout le monde est sur les rotules. D'autant qu'en plus de ces soirées, Guillaume a ouvert les portes des festivals à l'association qui se voit tenir un stand tous les ans lors de la Bagneux Blues Night, de la soirée Blues des Banlieues Bleues, des Blues Passions de Cognac, sans oublier sa participation au festival Blues Autour Du Zinc de Beauvais.
René Malines, Président et grand ordonnateur de boeufs en tout genre (ici à Canal Web)
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Pendant l'année qui suit, on ira de rencontres magiques en découvertes inoubliables : tout le monde se souvient de la fameuse soirée autour de Miguel M & The Brachay Blues Band, en particulier de la rencontre Miguel - Franck Ash : un pur bonheur ! Le même soir, la participation de Suzie, chanteuse lead du groupe Tower of Gospel, va littéralement scotcher tout le monde ! Mais les meilleures choses ayant une fin, Jacques Bouissou, qui depuis longtemps, cherchait à vendre le Saint-Louis, trouve enfin acquéreur. Après un passage au Crystal, un bar très sympa du 19ème arrondissement, c'est encore de Swampini que viendra la lumière : Big Boy, le batteur, parle au patron d'un nouveau lieu, La Scène. Le mardi 26 septembre 1999, Travel in Blues y fait une entrée fracassante, remplissant la salle jusqu'à la gueule. Le bar est pris d'assaut, le personnel est débordé, et sur la scène, le bœuf tourne du feu de Dieu. Ce soir-là, Travel gagne ses entrées dans un club qu'il concourra à rendre prestigieux.
Quoi ? Y'a un nouveau Travel ?
Travel In Blues n°41 (Février-Mars 2001) |
La question est arrivée comme ça, un soir du froid hiver 2001, sur la mailng-list LGDG:
"Cela fait un moment que je souhaite me lancer dans l'aventure de l'harmonica blues, seulement je ne connaît aucun praticien de cet instrument. Voyant que dans la liste il y a des connaisseurs, je me permet de poser quelques questions de débutants."
Aux questions claires, c'est Benoît Felten (Planet Harmonica) qui a répondu clairement.
Date: 30 Janvier 2001
De: Benoît Felten <ben@planetharmonica.com>
Le choix de l'instrument quand on y connaît rien :
Lequel choisir pour débuter? Du genre pas trop cher mais pas du genre à donner envie d'abandonner au bout des 5 premiers essais. Je sait seulement qu'il existe des harmonicas chromatiques, diatoniques, j'imagine qu'il y en a des pentatoniques ? Mon objectif est le Blues.
La question n'est pas si difficile que ça ;-) L'harmonica du blues est le
diatonique. Il y a d'excellents joueurs de blues chromatique, mais aucun
d'entre eux ne jouait "que" du chromatique. La raison essentielle en est
l'altération. C'est d'ailleurs ça la grande découverte des noirs américains
au début du siècle dernier : la note aigüe de chaque cellule d'un diatonique
peut être tirée vers la note grave. L'effet "bluesy" de la chose est
indéniable !
Donc, pas d'hésitation, tu t'achètes un diatonique en Do pour commencer. Je
conseille en général à mes élèves d'acheter soit un Hohner Big River
(environ 150 F) soit un Lee Oskar (environ 175 F). Ce sont les deux plus
faciles à utiliser pour un débutant.
Pour info aussi, les techniques actuelles de jeu (altération et overblows)
permettent de jouer une gamme chromatique sur un harmonica diatonique. Ce
dernier tient son nom de son accordage d'origine, sans que ces techniques ne
soient connues à l'époque.
Pour info aussi, on peut altérer plus ou moins un chromatique, mais très
difficilement au delà du quart de ton. Du coup il est moins utilisé pour le
blues !
L'apprentissage :
Est il possible, selon vous, de commencer sans mentor, juste à
l'instinct et avec des disques comme repères?
Oui. C'est pour ma part ce que j'ai fait. A mon sens, une bonne approche
consiste à prendre des cours spécifiques sur des problèmes spécifiques, pour
"débloquer" un truc qui ne passe pas (l'altération, le tongue blocking,
l'overblow, etc.) et bosser de son côté, avec éventuellement des méthodes en
soutien.
Comme tout instrument celà dit, l'harmo demande du boulot. Jouer "Au Clair
de la Lune" n'est pas trop difficile, jouer l'intro de "Juke" est déjà plus
ardu, jouer "Donna Lee" proprement suicidaire (même si certains fous y
arrivent !) A mes débuts je jouais plusieurs heures par soir, en général par
dessus mes disques, et ça m'a permis de progresser assez vite.
Si non (et si oui d'ailleurs), est ce qu'il existe des méthodes
d'apprentissages intéressantes dans le commerce?
Les méthodes de Milteau sont effectivement pas mal, la meilleure pour un
débutant étant à mon sens la moins chère, à savoir la méthode Marabout
"Apprendre l'harmonica en 15 mn par jour". Ensuite, pour un niveau
intermédiaire/avancé, la méthode de Milteau/Szlapczynski et Crommen garantit
quelques centaines d'heures de boulot ;-)
Il y a d'autres bons ouvrages de référence. Pour certains points
spécifiques, je trouve que les petits bouquins de David Harp (c'est pas son
vrai nom ;-), en particulier "Bending the Blues" et "Blues and Rock Harp
Positions" sont bien foutus, respectivement sur l'altération et les
positions. Tout ça est en Anglais mais trouvable en France ou sur Internet.
Sinon, le meilleur ouvrage de référence à mon sens est "The Harp Handbook"
de Steve Baker. Ce n'est pas une méthode à proprement parler mais plutôt un
livre d'informations générales sur l'harmonica diatonique. Il est très
détaillé et aborde toutes sortes de sujets sur l'instrument (entretien,
accordage(s), techniques de jeu, styles, positions, exercices, disographies,
etc.)
Le 3e point c'est vous qui voyez. Si il faut savoir des choses
essentielles pour commencer sur de bonnes bases .......
Oui, il faut !
Grosso modo, voici les premières étapes de ton apprentissage :
Une fois que tu as franchi ces étapes, tu peux rentrer en phase imitative et
écouter ce que font tes harmonicistes préférés pour apprendre à le
reproduire.
Je ne te communique qu'un seul lien, http://www.planetharmonica.com, le
magazine gratuit que j'édite sur le sujet sur le web.
Dans la section
ressources en bas de la page de sommaire tu trouveras un top 10 des
meilleurs sites d'harmo. Je te recommande en particulier la page de Mike
Will "Diatonic Reference" qui est plus complète et mieux faite que bien des
méthodes.
Sonny Boy Williamson n°2