La Gazette de GREENWOOD
n°26 (Décembre 2000 )

Tome I
Tome II
Spécial Festival Blues Sur Seine 2000
  • Blues Sur Seine 2000: Le Festival raconté par Jean Guillermo, Président

  • le tremplin Blues: tous les groupes

  • Roland Malines: une voix, des Textes, un Style

  • Xavier Pillac: quelquechose d'exceptionnel...

  • le blues c'est aussi des mots : "Blues Story 1962", une nouvelle de Gérard Herzhaft

    • e-interview de Gérard Herzhaft

    • Blues Story 1962: version intégrale

  • ils parlent aussi de Blues Sur Seine: Liens internet

Tome I

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Doo The Doo :
Sortilège...

Cd Hex de Doo The Doo

Date: 11 Novembre 2000
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>

Attention, baissez la tête… les Doo The Doo nous jettent un sort ! Aïe, trop tard… Enfer et damnation, je suis ensorcelé : j'ai posé les yeux sur la pochette de leur nouveau CD : Hex (1) .

La photo représente un charmant petit autel voodoo, tel qu'on en trouve rarement en Bretagne Sud d'où est pourtant originaire le groupe. Tous les ingrédients du culte en question sont là, et le seul moyen de vous désensorceler serait de passer le CD au moulin à café et d'en mettre la poudre dans votre mojo bag. Mais, piégé pour piégé, la meilleure solution est de glisser l'objet dans un lecteur laser. Et là, que la force soit avec vous, accrochez vous : c'est parti pour plus de 40 minutes d'extase ! "Raaaah lovely" (2) furent les premiers mots qui me vinrent à l'esprit quand j'ai écouté ce disque, "I'm Happy" (3) furent les seconds.

Ceux qui ont pu voir les Doo The Doo sur scène récemment (et ils tournent les bougres : 200 dates en un an !) savent qu'ils ont mis le turbo depuis leur précédent disque (1998), puisque aux trois compères du départ, Jimmy Jazz (guitare, chant), Elmore Jazz (harmonica, chant), Philippe Sad Carnot (batterie) se sont adjoints Sébastien "Zeb" Heintz (guitare) et "Mig" Toquereau (basse, chant). La greffe a parfaitement pris et le résultat en est ce disque Hex aux onze compositions qui s'enchaînent sans temps mort et sans jamais lasser l'auditeur.

Comment définir le style Doo The Doo ? Disons clairement que les racines du groupe sont dans le Sud des Etats-Unis : Texas, Louisiane, Mississippi ! Il serait difficile et réducteur de les classer dans un "style" précis… disons que c'est du rockin'blues, très blues mais quand même rock ! Rythmes forts et envolées de solis (guitares et harmonica) pour une musique envoûtante et "pleine", pleine d'une énergie et d'une richesse musicales à vous couper le souffle. Portés par la batterie de Philippe Sad Carnot et la basse de Mig, les 3 solistes s'en donnent à cœur-joie: Jimmy Jazz, aux riffs et chorus démoniaques, est peut-être l'âme de Doo The Doo, mais il n'est pas un leader despotique! Son frère Elmore Jazz monte souvent au créneau avec un style d'harmonica et un sens de la mélodie qui sortent de l'ordinaire. Le Zeb presque jazzy des Blues Machines a évolué et son style sincèrement blues (guitare électrique et lap-steel) apporte une profondeur inestimable aux Doo The Doo. Citron dans le rhum (4) , le disque comporte des invités tels que Cédric Legoff (claviers), Jacques Moreau (congas), ainsi que Pickey Butler(5) (Background vocals) !

Ce dernier signe d'ailleurs un titre bien swingant, tout comme Johnny Sansone (6) qui a écrit ce qui pourrait bien devenir le tube de l'été (à Greenwood en tout cas) qu'on répétera, en attendant, en sifflant la mélodie sous la douche. Les neuf autres titres sont composés par Jimmy, Elmore, Zeb ou Mig, tandis que le chant est partagé entre Jimmy, Elmore et Zeb ! Et ça, c'est super, car cette diversité des compositeurs et des voix apporte un plus indéniable à l'écoute du disque.

Les chansons s'enchaînent et on trouve du Texas, du Chicago, du blues-jazz (le phénoménal instrumental dElmore ), du Rock (Rocking Daddy, où Mig nous montre ce que chanter rock veut dire), du Louisiane, du swamp, du boogie (Bubble Bath Boogie, où tout le groupe s'éclate !), du Jimmyjazz… bref : du Doo The Doo ! C'est un disque qu'on peut écouter cent fois… il y aura toujours quelque chose à découvrir, il y aura toujours la même flamme.

C'est vous qui voyez (7), mais je vous aurai prévenu : tout ça est dans un disque qui vient de sortir !

Réf CD: " Hex ", Doo The Doo, 2000, SD0004, MSI/Surfin'Dog
Contact: 06 07 26 68 71 internet: www.doothedoo.com

(1) comme vous lisez régulièrement La Gazette de Greenwood, vous savez parfaitement que " hex " signifie sortilège, mauvais sort. Voir les très instructifs articles de Jean-Paul Levet dans La Gazette de Greenwood n°17, 18, et 19.
(2) Rubrique à Brac
(3) Droopy
(4) cerise sur le gateau
(5) Pickey Butler, anglo-brestois ayant déjà participé au dernier disque de Doo The Doo ainsi qu'à celui de The Honeymen.
(6) Johnny Sansone, harmoniciste et accordéoniste vivant à New-Orleans.
(7) Chevalier et Laspalès.


On a déjà parlé de Doo The Doo dans La Gazette de Greenwood:
Concert de Doo The Doo: ça a chauffé chez Mickey! (LGDG n°19)
Doo The Doo en concert: chronique d'une réussite annoncée (LGDG n°12)
et voir l' E-interview dans ce numéro

Doo The Doo sur internet:
le site officiel: www.doothedoo.com (à partir du 01/01/2001)
un site non officiel: http://perso.club-internet.fr/latailla/DooDoo/

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E-interview de Doo The Doo
de ce sort tu ne pourras te défaire !!
(Sweet Home Landerneau)

Date: 24 Novembre 2000
De: Uncle Lee <latailla@club-internet>

La sortie d'un nouveau disque de Doo The Doo, ça se fête! Ce groupe venu de l'Ouest sauvage et qui n'hésite pas à effectuer des raids dévastateurs au travers du vieux continent a bien voulu poser les armes quelques minutes pour répondre à cette E-interview.

Jimmy Jazz
Jimmy Jazz
Elmore Jazz
Elmore Jazz
Sébastien Zeb Heintz
Sébastion "Zeb" Heintz
Philippe Sad Carnot
Philippe Sad Carnot
Mig Toquereau
Mig Toquereau
 

LGDG : J'imagine que la question " pourquoi Doo The Doo " vous énerve un peu, alors je vais vous en poser une autre : pourquoi " hex " ?

Jim : L'origine de Doo the Doo vient d'un morceau de Howlin' Wolf, l'une des figures emblématiques de l'écurie Chess et du blues urbain post-war. Pour éviter la censure, les bluesmen utilisaient des expressions codées, ainsi "Do the Do" ( les deux o rajoutés n'étant que pure fantaisie de notre part), se traduit littéralement par "baiser". A l'époque où nous avions choisi ce nom, nous pensions que la signification de Do the Do était plus suggestive...Eh ben non !!!
L'idée de Hex (mauvais sort, sortilège) vient du fait qu'il fallait que le titre du disque ait un rapport avec l'iconographie de la pochette. Nous avions demandé à Sylvie Le Gac (art work), d'inclure des éléments un peu voodoo sur le visuel, nous pensions que cela évoquerait bien l'ambiance générale du CD (percussions et autres gris-gris). "Little voodoo queen" aurait pu être le titre, mais nous trouvions que le terme "voodoo" était trop souvent utilisé. De plus nous voulions un titre en un seul mot, immédiatement identifiable et facile à retenir. "HEX" est extrait d'une phrase de "Little voodoo queen" ("from this Hex you can't be free !", "de ce sort tu ne pourras te défaire !!!") EH ! EH ! EH ! (Petits ricanements pervers).

LGDG : Vous êtes reconnus comme un groupe phare du blues en France (si si), alors avez-vous l'impression pour ce nouveau disque d'avoir été attendus au tournant ? Si oui, et même si non, cela a-t-il influencé votre approche pour cet enregistrement ?

Doo the Doo : Il s'est passé beaucoup de choses pendant les trois ans qui ont séparé "It stands to reason" de "Hex" et nous voulions avant tout que ce dernier soit le reflet de l'évolution du groupe. Nous avions bien conscience qu'un troisième album est toujours un cap primordial dans le parcours d'un groupe et vis à vis du public. On a donc décidé de se donner les moyens de faire un disque, le plus abouti possible.

LGDG : Comment s'est passée l'arrivée de Mig, et pourquoi avoir changé de bassiste ? Et pourquoi Mig a-t-il accepté ( !) d'intégrer Doo The Doo ?

Jim : Vincent Tapäert ayant quitté les "DOO" début de l'été 98, nous étions en panne de bassiste. Nous avions rencontré Mig à Bordeaux au CRICKETERS (à l'époque il chantait dans Shake on Shake) et lorsque Elmore et moi sommes descendus passer quelques jours de vacances à Contis-plage (chez Dan) dans les Landes, on s'est arrêtés à Bordeaux chez Vincent Pollet-Villard, qui avait fait les parties d'orgue et piano sur "It stands".
Vincent nous a dit que Mig était libre à ce moment là, on s'est dit que ça pouvait coller, vu qu'il était cool et qu'il avait une bonne connaissance et expérience dans ce style de musique. Vincent l'a appelé, et une heure après il était là, prêt à nous rejoindre dans l'Ouest Sauvage. Par contre je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi il a accepté...Ah ! Ah !(rires gras).

Mig : (rictus méprisant).

LGDG : Vous avez gardé votre batteur, Philippe Sad Carnot, vous en êtes content ?

Doo the Doo : on a beau l'abandonner régulièrement sur le bord de l'autoroute, il arrive toujours à nous retrouver !!

LGDG : Faire entrer un deuxième guitariste soliste dans le groupe, surtout aussi doué que Zeb, était une sorte de gageure. Comment ça s'est passé ? Les choses étaient-elles clairement définies dés le départ, ou bien avez-vous laissé la situation se mettre en place naturellement ?

Doo the Doo : Nous avons rencontré Zeb au festival "Blues à gogo" de Quimper, on a accroché, il s'en est suivi sa participation à l'album de The Honeymen, puis fin 98 une tournée mémorable pour nous de 10 jours en Belgique : pour la première fois à cinq sur scène. La décision de son intégration au sein de la formation a été prise en Janvier 99. Le reste s'est fait naturellement, chacun trouvant sa place au fil des concerts.

LGDG : Jimmy, n'as tu pas eu peur (quelque part) de perdre ton " leadership " ?

Jimmy : Il est important dans un groupe que quelqu'un ait une vision globale des choses, peut-être est-ce à moi que ce rôle incombe. A part ça je pense qu'avec Elmore et Sad nous avons forgé l'identité de Doo the Doo, en intégrant le groupe Zeb et Mig n'ont fait qu'enrichir cette identité et chacun a su trouver sa place. Ceci dit Doo the Doo est un groupe qui fonctionne avant tout de façon démocratique.

LGDG : Elmore, tu utilises 2 types d'harmonica. Peux-tu nous dire pourquoi ? Tes préférences ?

Elmore : Oui, d'un coté les harmonicas de l'autre les harmoniqués !! (rires). L'ambiance du morceau détermine mon choix entre diatonique et chromatique.

LGDG : Est-il vrai que tu envisages d'utiliser un M'Buat pour le prochain disque ?

Elmore : M'Buat ?!? Buat is it ?????
(LGDG : M'buat là là ! Tous les secrets des origines de l'orgue à bouche sont à découvrir dans La Gazette de Greenwood n°26!!)

LGDG : Dans le CD, il y a 6 compositeurs ! En plus de Jimmy, Elmore, Zeb et Mig, il y a Pickey Butler et Johnny Sansone, manquiez-vous de titres ?

Doo the Doo : Nous ne manquions pas de titres, d'ailleurs nous en avions mis treize sur bande. Mais nous voulions un album concis, pour nous le choix de ces onze titres coule de source. En ce qui concerne Pikey Butler c'est un vieil ami, très bon musicien et parolier: "French girl" avait sa place dans "Hex".

LGDG : Comment s'est décidée la répartition des compositions? Y avait-il une volonté de diversification des styles ? Et d'ailleurs : qui décide ?

Doo the Doo : Cette diversité correspond bien à l'évolution du groupe. Chacun a apporté ses morceaux ou même juste une idée, réarrangés ensuite façon Doo the Doo. Nous avons tous des goûts et des parcours qui diffèrent sur plusieurs points, mais sur scène et en studio on va dans la même direction.

LGDG : Avoir 3 chanteurs dans le groupe est une vraie bonne idée, et ça apporte une diversité très intéressante au disque. Là aussi, comment s'est fait la répartition ?

Sad : Cette répartition est bien représentative de Doo the Doo sur scène.

LGDG : La question qui tue : au travers de votre musique, avez-vous un message à faire passer ?

Jim : "Let's get drunk and have some fun !" (rires). Non sérieusement, nous pensons que cette musique a été créée au départ pour divertir les gens et les faire danser, ce qui n'empêche pas de faire passer des émotions. Le blues (comme le rock'n'roll) c'est plutôt un truc viscéral.

LGDG : Avez-vous à un moment été tentés de plonger dans la vague celte qui a déferlé sur toute la France ? (question copyright LGDG) Sachant que dans l'Ouest, votre fief, ça vous aurait amené un public tout cuit.

Doo the Doo : L'idée nous a déjà titillé, l'expérience aurait été amusante, mais cela nous semblait un peu trop opportuniste en pleine vague celtique.

Sad : Pourquoi pas une version "Sweet home Landerneau" à la bombarde !!(rires)

LGDG : Vous passez à la télé bientôt (Breiz TV) : bravo ! Comment s'est fait le choix du (ou des) titre (s) qui vont passer ? Est-ce un extrait de concert ou un clip ?

Doo the Doo : Cette émission est un concert de huit titres live (principalement extraits de hex) + interviews. Ce 52 minutes, sera diffusé entre le 16 et le 22 Décembre (une diffusion par jour).

LGDG : C'est pour quand le prochain disque ? !

Doo the Doo : On commence à travailler dessus, il est encore un peu tôt pour en parler.

LGDG : Les groupes The Honeymen et Bonobo'z sont les 2 filiales de Doo The Doo, pouvez-vous nous en parler ? des disques bientôt ?

Jim et Elmore: Nous avons déjà un disque avec "The Honeymen" (Nothing but the devil), mais nous travaillons sur scène et pour un prochain album, à un son plus roots, très orienté Swamp Blues.

Mig : "The Bonobo'z" (Mig : basse, chant ; Zeb : guitare ; Sad : batterie), commence a avoir une réelle identité. On s'amuse beaucoup, on compose de plus en plus et tout cela devrait aboutir très rapidement à un album.

LGDG : Merci les Doo The Doo ! Avez-vous autre chose à ajouter pour votre défense ?

Doo The Doo : Nous plaidons coupables !!! KENAVO D'AR WECHALL...

LGDG: Yeah Men ! Ne partez pas... vous reprendrez bien un peu de chouchen ?

Propos recueillis par Olivier de Lataillade, par e-mail, le 24 Novembre 2000.
Remerciements à Thierry Lô (le 6ème Doo)

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L' Orgue à Bouche:
du M'Buat à l'Harmonica
(part I)

Date: 6 Novembre 2000
De: Alain "Harmo" Leclerc <harmo@wanadoo.fr>

Rubrique harmonicale du Président de BQR : Alain LECLERC (AKA Harmo sur LGDG). Fanzine "Tam-Tam's" Décembre 2000.

Allô.... Allô !
Y'a quelqu'un ?

- Mais qu'est qui va encore raconter ? Ah oui, l'histoire d'un truc qu'on souffle dedans pour s'chauffer les mains l' hiver !
… Chut ! C'est à lui.
- Hé ! psiiiit ! ... Parlez dans l'micro !

Heum.... Merci,

Chers LGDGiens, bonsoir !

Parler de l'harmonica devant un parterre de Troubadours, quelle gageure ! Ben, allons-y, sinon Uncle Oli va finir par me faire un procès pour non-présentation "d'enfant". C'est vrai, voici plusieurs semaines que cet article devait paraître mais en réfléchissant (ça m'arrive !), j'ai pensé qu'il fallait creuser un peu le sujet. D'abord, l'Harmonica mérite bien ça et, ensuite, pour répondre à l'attente de la Rédac de LGDG, dont l'action en faveur du BLUES est remarquable. (Oli, si tu m'entends, je te salue !) De surcroît, craignant de me faire interpeller par Pierrot (le shérif), pour racolage public de " Ménestrels " dans Greenwood-village, j'ai, comme pour me faire pardonner, promptement trempé une plume appliquée dans l'encrier, sondé mes souvenirs et farfouillé dans mes vieilles archives. Où ça ? Dans mon donjon, pardi ! Maintenant, ces modestes lignes seront-elles suffisantes pour convaincre René (la Science) d'abandonner sa platine HI-FI au profit d'un Marine Band, modèle handmade ? D'entendre Oli (l'habitant de l'Olympe), ne jurer que par les Saintes Altérations ? Seul l'avenir nous le dira. J'ajoute que n'étant qu'un plumitif amateur, comparé aux "Rouletabille", lbopesques et autres grands reporters de la liste, le père Harmo vous demande, d'emblée, votre indulgence pour cet essai " journalistique ".

L'orgue à bouche primitif.

instruments, issus du M'Buat
Parler de l'harmonica, disais-je ? Et bien, je pense nécessaire de dire, en préambule, un mot sur l'anche libre sans laquelle rien ne serait arrivé. J'entends d'ici fuser la question : "Mais c'est quoi, cette bête ?" Bon, disons qu' on taille un bout de roseau en lame souple pour permettre son entrée en vibration. Sans ce précieux mouvement vibratoire aucun son ne serait produit par de nombreux instruments à vent ! (Non, non… je ne dénoncerai personne ! Quoique ?) Et puis, si l'on veut comprendre le fonctionnement de l'harmonica, (rassurez-vous, je ne serai pas trop technique, dans ce premier article), il faut sans doute évoquer l'image poétique du vent soufflant dans les ramures. C'est ainsi qu'est née probablement l'idée de faire chanter, au moyen du souffle humain, une lame vibrante libre tenue seulement à l'une de ses extrémités. Cette idée, ayant reçu divers développements au fil du temps, semble avoir trouvé sa première application, audible et harmonieuse, dans les montagnes du Nord de la péninsule indochinoise, sous le nom de M'BUAT (ancêtre de l'harmonica, datant du IIIème millénaire avant notre ère !) Sûr que l'harmonica est plus ancien que Mathusalem et nous tous réunis, sans oublier, dans le calcul, l'âge de l'illustre Blind Joe qui hante Castelbrigde, cher à notre ami Jean-Michel Borello (le baroudeur ).

- Un peu de bambou ?
... Merci, un doigt, SVP
- Oui, mais l'quel ?
... Ben, le pouce, voyons !

Approchons d'un peu plus près cette chose aux sonorités étonnantes. Cet instrument qui dispose donc d'une anche libre en roseau, est composé d'une calebasse (chambre en matière végétale assurant la résonance), dans laquelle sont fixés, à la cire d'abeille, 6 tuyaux de bambou de longueur inégale, positionnés en faisceau, c'est-à-dire verticalement. Tiens, pendant j'y pense, l'anche métallique remplaçant celle fabriquée en roseau, remonterait, selon certains auteurs, à 2700 ans avant JC. Mais déjà, on note une première similitude avec l'harmonica " moderne " ; il se joue en soufflant et en aspirant. C'est le premier instrument au monde, à ma connaissance, à fonctionner ainsi. J'en possède une réplique assez fidèle mais, hélas, la notice d'emploi n'est pas livrée avec. J'en tire, quand même, des sons et quelques notes qui font fuir les chats et aboyer les chiens à cent mètres à la ronde. (Tiens, faudrait essayer un jour sur les moustiques !) Au demeurant, je connais un ami nantais, collectionneur d'instruments anciens, qui en joue à la perfection (Cf.Son : Real Audio, joint)

- Hé ! l'oublie pas qué chose, le m'sieur !
…Ben quoi ?
- La Guimbarde, pour sûr !

C'est exact ! Mais la Guimbarde (autre instrument de torture, ancestral et méconnu) mériterait, à elle seule, un long développement. Bon, j'en dirai un mot à l'adresse des amateurs de country. La guimbarde fonctionne selon même principe de l'anche vibrante. Toutefois, il existe une différence fondamentale entre cet instrument et ceux de la famille des aérophones primitifs ; la lame vibre sous la pression du doigt et non du souffle.

Je conseillerais aux harmonicistes de s'astreindre à la pratique de la guimbarde. C'est un " outil " efficace pour travailler les articulations et la recherche de sonorités. Une astuce : Choisissez d'en jouer les nuits de pleine lune devant votre belle-mère. Si ça déclenche, comme chacun sait, le hurlement des loups, on ne sait pas assez, que ça pousse au suicide…

Mais comment ça marche ?

C'est très simple, du moins en théorie ! Le son est émis continuellement pendant l'inspiration et l'expiration. C'est l'obturation d'un trou de jeu (d'un diamètre de 2,5 à 3 mm), percé dans le bambou avec précision, qui permet la mise en vibration de l'anche. Pour les pièces de musique nécessitant l'utilisation d'un bourdon, on obture alors le trou de jeu du tuyau désiré avec la même cire d'abeille assurant la tenue et l'étanchéité des tubulures sur la calebasse.

A : Quand le doigt ne couvre pas le trou de jeu, la pression de l'air montant dans la tubulure, n'est pas suffisante pour faire vibrer l'anche, l'air pouvant s'échapper par le trou jeu se trouvant ouvert.

B : Quand le doigt couvre le trou de jeu, la pression de l'air montant dans la tubulure, est suffisante pour faire vibrer l'anche, l'air ne pouvant plus échapper par le trou de jeu se trouvant fermé.

Certes, c'est très empirique mais ça fonctionne, ainsi, depuis 3000 ans, avant la nuit étoilée de Bethléem. Comme quoi, on n'a rien inventé... sauf, peut-être, pour les bonnes choses : La macédoine de légumes et les congés payés !

- Un peu de géographie ?
...... Si ça aide à voyager, c'est point d'refus !

Alain
(Harmo aux prises avec un SHENG)

On retrouve cet instrument polyphonique dans plusieurs pays sous des dénominations, des architectures et des latitudes différentes. En chine, le SHENG (sous le règne de l'empereur HANG-SI), doté, le plus souvent, de 17 tuyaux positionnés non-plus verticalement mais en radeau (les uns à coté des autres, comme une flûte de paon) est surtout employé dans la musique classique. Au Laos central, au Nord Birman et au Vietnam, sous le nom de KHENE, de FULU ou de KEYN (ce dernier peut comporter jusqu'à 26 tuyaux). Il est également connu sous le nom de SIAN en Corée (13 à 17 tuyaux), de SHÔ au Japon et de KLEDI, à Bornéo (de 1 à 6 tuyaux, selon les provinces). Au VIème siècle, on signale également un cousin de cet instrument en Perse, sous l'appellation de "MUSTAQ CHINOIS".

On trouve la première illustration du CHENG, datant de 551 après JC, au musée de l'Université de Philadelphie.

Précisions pour les acharnés de solfège : Le SHENG est le seul instrument accordé en demi-tons en quarte et en quinte. L'étendue va du La3 au mi bémol5, soit une octave et demie environ. La gamme est pentatonique (ex : la, si, ré, mi, fa#).

Tiens, v'là facteur
.... J'ai du courrier ?
Non, pas celui des postes, l'autre !

En dépit de sa simplicité apparente, la fabrication de l'orgue primitif dissimule des techniques très élaborées reposant sur des connaissances de l'acoustique, surprenantes pour l'époque. La présence d'une main experte, guidée par des siècles de réflexion, ne fait aucune doute. A l'évidence, le facteur d'orgue à bouche a bien existé.

- Oui mais, y avait pas bigophone pour donner le LA !
... Ben alors ?

En effet, l'accordage conventionnel du LA (fréquence 440 Hertz) ne date que des années 1950. L'accordage des orgues à bouche s'effectuait simplement en déposant un plot de cire sur la lame vibrante. Peut-être l'ignorez-vous mais cette technique est encore utilisée de nos jours par des réparateurs d'accordéons (autre instrument dérivé). Et pour ne rien vous cacher, c'est de cette façon que j'interviens sur mes harmonicas désaccordés en remplaçant, toutefois, la cire par de la colle Super-Glue. Cette pratique est, à mon avis, préférable à celle de la lime, croyez-moi. Essayez, vous comprendrez pourquoi...)

Et les overblows ?
... Et les overdraws ?

Sur l'instrument primitifs ! Pourquoi faire ? Non, le jeu de l'orgue à bouche ne se situant pas dans les registres de la musique occidentale, la torsion de l'anche sous l'effet du souffle est méconnue parce qu'inutile. En effet, la note jouée est juste et droite, les accords s'obtiennent par le positionnement des doigts sur les trous de jeu.

Curieusement, l'orgue à bouche n'a pénétré que tardivement en Occident. Il n'y fut pas importé avant la seconde moitié du XVIIIème siècle. On a trace d'un chinois jouant de cet instrument dans des salons princiers de Saint-Pétersbourg, dans un livre dont j'ai oublié les références. C'est d'ailleurs dans cette ville que les nombreux travaux ont été entrepris sur l'anche libre par un physicien nommé Kratzenstein. Nous sommes déjà en 1800, année marquant le début d'une autre histoire ; celle de l'ère industrielle. C'est promis, je vous conterai le mois prochain, les pérégrinations de mon "jouet" préféré, à moins que Néné n'achète, en Rédacteur avisé qu'il est, les droits de parution des prochains articles, à "Tam-Tam's", le fanzine Blues de la BQRie Libre.

- Hé ! Ca y est, c'est fini !
... Ben, c'est pas trop tôt !
- Au fait, t'as compris qué chose ?
... Euh ? Non, j'ai dormi !
- Alors, faut qu'tu d'mandes à Benoît Felten !
... A qui ?
- Mais, tu sais, l'gars de Planète ? ... Planète Guitare !
... T'es sûr qu'on peut souffler dans une guitare ?
- Evidemment, y connaît l'Harmo.
... Alors, là !

©Harmo.
Sources : Donjon de BQRie (propriété Royale & privée).
P.Kersalé (zicologue, spécialiste en Chinoiseries)
Joël Briand (instrumentiste collectionneur, Nantes).

PS : Clin d'œil, au passage, à mon ami Jean-Pierre Bourgeois, humoriste émérite, BQRien-Epicurien, Grand reporter et j'en passe...

A T'CHAO, BONSOIR...

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La discographie Blues d'Eric Clapton

Dire qu'il y en a qui se demandent si Eric Clapton joue du blues... Pas toujours! Mais souvent... Phil nous donne ici la discographie blues de Slowhand.

Date: Vendredi 22 Septembre 2000
De: Phil <philnet@free.fr>

Apres les longs échanges autour de "Clapton joue-t-il du blues ?", voici quelques albums qu'il me semble intéressant d'écouter avant de dire 'j'aime' ou 'j'aime pas'...

Sur les Yardbirds, même si les titres sont souvent, à l'origine, des blues, je considère que c'est plutôt du rock anglais, de celui du début des 60's.

"JOHN MAYALL & THE BLUESBREAKERS with ERIC CLAPTON" connu sous le nom de Beano car c'est le nom du comics que lit Clapton sur la pochette de l'album.

"LAYLA & OTHER ASSORTED LOVE SONGS" (Derek & The Dominos), même si tout n'est pas blues, cet album doit être écouté au moins une fois par tous les guitaristes.

"JUST ONE NIGHT" est à écouter.

"24 NIGHTS" est très bon (avec Robert CRAY, Buddy GUY), je pense en particulier aux titres "Have You Ever Loved A Woman" et "Hard Times"

"UNPLUGGED" et "FROM THE CRADDLE" sont a écouter absolument.

L'anthologie "BLUES" est un bon condensé de ce qu'a joué CLAPTON. Cette compile a été distribuée en petite quantité avec un CD bonus contenant uniquement des blues, surtout instrumentaux, jamais édités auparavant. C'est quasiment introuvable malheureusement.

Récemment, "RIDING WITH THE KING" est bien sans être extraordinaire.

Les autres albums, tout au long de la carrière de Clapton, contiennent souvent quelques blues isolés, dans des styles très différents et souvent critiquables. Aprés, c'est une affaire de goût. Globalement, ces autres albums sont à mon avis sans grande importance pour qui veut du vrai bon blues (ce qui reste encore à définir...).

Ensuite, voici quelques albums sur lesquels Clapton a joué avec des bluesmen reconnus :
3 albums des Yarbirds avec Sonny Boy Williamson dont 1 live
"CRACKED SPANNER HEAD" avec Otis Spann
"THIRD DEGREE" avec Champion Jack Dupree"
"PRIMAL SOLOS" avec John Mayall
"LOOKING BACK"
"BACK TO THE ROOTS"
"ARCHIVES TO EIGHTIES"
"LADY SOUL" avec Aretha Franklin
"THE LONDON HOWLIN' WOLF SESSIONS" avec Howlin' Wolf
"LONDON REVISTED"
"MUDDY & THE WOLF" avec Muddy Waters et Howlin' Wolf
"PLAY THE BLUES" avec Buddy Guy et Junior Wells
"CAMDEN DINGWALLS 1985"
"SIX STRING FRENZY" avec Buddy Guy "DAMN RIGHT I GOT THE BLUES"
"BURGLAR" avec Freddie King "FREDDIE KING (1934-1976)"
"THE PARTY ALBUM" avec Alexis Korner
"NATURAL MAN" avec Otis Rush
"PHONE BOOTH" avec Robert Cray
"ALPINE VALLEY" avec Stevie Ray Vaughan
"ON A BLUES NIGHT" avec Jimmy Vaughan "THE DAY AFTER THE STEVIE RAY VAUGHAN TRIBUTE"
"JOHNNIE B BAD avec Johnnie Johnson
"PHANTOM BLUES" avec Taj Mahal
"LONG WAY HOME" avec Clarence Gatemouth Brown

Voilà de quoi se faire une idée peut-être un peu plus juste sur le blues style Clapton si controversé.

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Dernier Concert au Bottleneck...

Date: 22 Novembre 2000
De: Jocelyn Rrichez <jrichez@noos.fr>

Après 4 ans et demi d'existence, le Bottleneck (Paris) a fermé définitivement ses portes le lundi 20 novembre (juste après la soirée rencontre avec Mighty Mo Rodgers organisée par Travel in blues). Après le Saint Louis Blues il y a quelques mois, c'est encore un lieu dédié au blues qui disparaît à Paris. C'était le seul restaurant à ma connaissance qui proposait un menu blues !
boeuf au Bottleneck
Claude Langlois, Fred Brousse,
Vincent Bucher et Mouss

Pour le dernier concert, vendredi 10/11/2000, histoire de boucler la boucle, c'est Fred & Mouss, le duo qui avait joué pour le premier concert il y a plus de 4 ans qui avait l'honneur d'être à l'affiche de cette soirée de clôture. Le duo séparé depuis 2 ans s'est reformé pour l'occasion et pour notre plus grand plaisir. Les 2 musiciens basés sur Lyon sont très sympathiques et on a eu le temps de discuter autour du buffet campagnard avant le début du concert. On a parlé de Joe Guitar Hughes que Fred (Brousse) a accompagné lors de sa dernière tournée en juin (je les avais vu au festival "les notes bleues" à Compiègne) et il m'a raconté comment alors qu'il enregistrait à Chicago avec Maurice John Vaughn, il s'est fait engagé comme harmoniciste du groupe de Lil' Ed.

Le concert démarra très fort avec une reprise de Honky Tonk de Bill Doggett, avec Fred à la guitare et Mous à la contrebasse. Fred passa ensuite à l'harmonica, les 2 compères se partageant le chant. Leur musique originale a ravi le public de connaisseurs. Après un premier set "classique", le 2ème set tourna rapidement en boeuf et quel bouf : ce fut un véritable feux d'artifice !
boeuf au Bottleneck
Otis Grand et Franck Ash

C'est Vincent Bucher qui le premier vint s'ajouter au duo avec ses harmos rapidement suivi par Claude Langlois (et sa Weissenborn) et Franck Ash. Se succéderont ensuite Stan Noubard Pacha, Steve Verbeke, Matthieu Fromont (de Bo Weavil) Benoit Blue Boy et cerise sur le gâteau : Otis Grand en personne sans oublier une chanteuse d'origine Camerounaise basée à Lyon se prénommant Sandra [NDLR: de She K Blues, groupe venu pour le tremplin Blues Sur Seine]. J'ai adoré la version du diable au bout de mon lit de Benoit Blue Boy. Le final avec un quatuor Otis Grand, Franck Ash, Benoit Blue Boy et Mouss fut somptueux en particulier la complicité entre Otis Grand et Franck Ash valait le détour ! Franck Ash était en grande forme et que dire d'Otis Grand qui était apparu fatigué dans la salle et dès qu'il a eu une guitare entre les main a retrouvé la pêche comme par enchantement.

Ce fut aussi un véritable marathon pour Mouss à la contrebasse qui n'a pas été relayé.

Enfin la soirée c'est terminé par un discours émouvant du patron Christophe Tible qui a évoqué les grandes heures du Bottleneck et les nombreux musiciens qui l'ont fréquenté avec un hommage particulier pour ceux qui nous ont quitté : Luther Allison et Sceamin' Jay Hawkins.

Ce dernier concert au bottleneck fut donc inoubliable, nous laissant encore plus de regrets qu'un tel lieu qui fut pendant 2 ans le fief de travel in blues disparaisse.

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Le fils caché de Robert Johnson...
(suite... et fin?)

En Décembre 99, La Gazette de Greenwood (LGDG n°14) vous parlait du procès qui devait conclure si oui ou non un certain Claude Johnson était le fils de Robert Johnson, et si au passage il pouvait empocher l'héritage que bluesman n'aurait pas imaginé laisser... Et bien ça y est, les juges ont jugé. Ce qui, on en conviendra, ne lève pas vraiment le doute!

Voici l'info parue dans Blues Magazine n°18 (http://www.bluesmagazine.net/) qui nous a gentiment autorisé à publier cette brève qui vient bien compléter l'article de LGDG n°14.

l'héritage de Robert Johnson par la Cour Suprême du Mississippi : L'héritier du bluesman de légende est un conducteur de camion à la retraite !

Jackson-Mississippi - Juin 2000-

Les royalties des oeuvres de Robert Johnson reviendront à un conducteur de Camion à la retraite, dont la mère eut une aventure avec le musicien en 1931. Ainsi en a décidé la cour suprême du Mississippi. Les éléments donnés par un témoin de l'aventure entre sa maman et Robert Johnson, auteur de multiples standards de blues comme Me and the Devil's Blues , Crossroads blues et Rambling On my Mind ont été déterminants pour les magistrats. En tant qu'héritier unique, 1.000.000 $ lui reviendront au titre des ventes des disques de Robert Johnson. Son avocat a déclaré : " Mr Claud Johnson est heureux qu'enfin soit reconnu officiellement qu'il était le fils de R. Johnson, ce qu'il a toujours su toute sa vie ". Robert Johnson est mort en 1938 à l'âge de 27 ans, sans laisser de testament. II est l'auteur de 41 enregistrements.
La maman de Claud Johnson Virginie Jane Smith Cain, décédée, avait désigné formellement le chanteur comme le père de son fils dans une déposition en 1992. Son amie d'enfance, Eula Mae Wilhams, a attesté en 1998 avoir été témoin des ébats du couple. Claud Johnson est né 9 mois plus tard.
La cour n'a pas retenu les objections concernant l'absence de preuve évoquée par deux autres membres éloignés de la famille. Les preuves "sont impossibles à obtenir puisque le lieu d'inhumation de R. lohnson n'est pas connu. Autant qu on le sache, il a été enterré sur le bord de la route, et son esprit maléfique peut prendre un bus et revenir " aurait écrit un membre de la Cour de justice. Recherchaient une part des royalties de R. Johnson, sa demi-soeur, Annie Anderson, institutrice à la retraite, et Robert Harris, musicien et petits fils d'une autre demi soeur de Robert Johnson, Carrie Harris Thompson. Ils contestaient la validité du certificat de naissance de Claud Johnson, qui désignait R.L.Johnson comme étant le père dü bébé.

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