La Gazette de GREENWOOD
n°37 (Novembre 2001)

Notre Supplément détachable:
Muddy Waters : The Complete Plantation Recordings

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Elmore D
Saturday Night Rub

date: 25 octobre 2001
de: Didier "Don't Forget To Boogie" Van Den Branden <dvandenbranden@swing.be>
(photos © Jocelyn Richez : Elmore D avec Big Dave au Bottleneck le 15/01/1998)

J'ai entendu pour la première fois Elmore D le 7 octobre 2000 au Spirit of 66, à Verviers, lors de la présentation de son deuxième opus Saturday Night Rub.
Pour être exact, la toute première fois que je l'ai entendu, c'était lors de l'émission radio du Dr. Boogie, à la RTBF, annonçant ce fameux concert.

"Waouh" me suis-je dit: la violence du chant, la musique lâchée sans fioriture et sans concession... : il fallait que j'aille à ce concert pour voir la "bête".
Et en fait de bête, j'ai vu un grand type arriver sur scène tenant sa guitare à la main, hésitant, cherchant où placer sa chaise en essayant de ne pas s'étaler dans le tas de fils courant un peu partout à terre. Il avait l'air d'être désolé d'interrompre nos bavardages...
Il s'est assis et, avant de commencer le premier set, il s'est excusé d'avoir, ce soir là, ... le blues! "Ca tombe bien quand même" a-t-il dit, avec, au coin de la bouche, un sourire timide.
Puis, il a commencé à jouer.

Et lorsqu'à la fin du premier set, la musique s'est arrêtée, je n'avais pas encore touché à ma blanche d'Hoegaarden et ma bouche était encore ouverte, bêtement!!
Elmore D (photo Jocelyn Richez)

Mes tympans n'en croyaient pas leurs oreilles! J'ai quand même eu le bon réflexe: je me suis précipité pour acheter son cd "Saturday Night Rub". Je dois avouer que j'étais inquiet quand à savoir si le cd allait être aussi intense que le concert. Je n'ai pas été déçu! 12 morceaux, 8 reprises dont une adaptation de Your One and Only de Tampa Red qui devient Tot seû et 4 compositions originales chantées en wallon.

En ouverture, Can't afford to do it (Homestick James) qui vous cloue littéralement au fauteuil, si vous aviez la chance d'être assis, avec cette guitare qui vous squatte les oreilles et Elmore qui nous dicte sa prière. Puis, Drop down mama (Sleepy John Estes) toujours la voix d'Elmore à laquelle vous n'échapperez plus (tenez le vous pour dit!!) et l'hamonica en pointillés et encore ce son à l'état brut. If you take me back (Kansas Joe McCoy) qui suit est le seul morceau, avec Rahis' èt rikètes, où apparaît une basse. il est sautillant en diable, et le bottleneck fait des merveilles.
Le morceau suivant est le premier signé Elmore D: Dji n'ouveûre qui l'londi (I Only Work on Monday), belle petite histoire sur notre société. Avec la deuxième reprise de Kansas Joe McCoy, It ain't no lie, Elmore et son band, irréprochable tout au long du cd, nous entraîne dans une petite promenade acoustique qui se poursuit avec I want you to know de Bo Carter.
Retour à l'électricité pour Li rwè dèl rowe d'Erquy et Rahis' èt rikètes. Ahhh, l'harmonica de Big Dave... Deux fables l'une sur l'artiste, l'autre incantatoire, sur la question de savoir QUI peut chanter le blues ... (ça me rappelle certains débats sur LGDG: quelle est la couleur qui va le mieux avec le bleu, le noir, le blanc, le rouge ...) humour en conclusion.
Avec Mama sét, Elmore nous démontre qu'il peut aussi être tendre. Seul avec sa guitare sonnant mat, une merveille. Tampa Red chanté en wallon. Fallait oser. Là aussi, Elmore et sa guitare sont seuls et il nous la fait crooner, magique. Saturday Night Rub (Big Bill Broonzy), un instrumental sonnant comme un disque 78 tours et Drop down (I don't feel welcome) de Sleepy John Estes clôturent ce disque hors du commun.

La boucle est bouclée.

Daniel Droixhe est rageur, il nous crie son blues en nous prenant à partie, nous défiant de ne pas y croire! Et comment ne pas y croire, ce son brut, c'est du live! En une prise? Sûrement! Sans prêchi-prêcha. Il va droit au but! Ce sont nos tripes qu'il vise. Toutes les reprises sont tellement personnelles qu'elles semblent être des compositions d'Elmore lui-même. Faut dire qu'il est fabuleusement entouré, jugez du peu: Lazy Horse à la guitare, Big Dave à l'harmonica, Willie Maze à la batterie. Et qui produit cette perle?? Marc T bien sûr. Les ex-Electric Kings qui sont devenus l'Antwerp's band d'Elmore! Quel bon choix... Elmore D (photo Jocelyn Richez)

Son premier disque, Basse-Moûse Blues, je l'ai obtenu suite à une rencontre lors du concert des Paladins (rappelez-vous ma petite chronique LGDG n°33). Le cd étant épuisé, il m'en a envoyé une copie, et ici aussi, la claque!
Sincère! Ce gars est sincère! C'est le premier mot qui m'est venu à l'esprit en écoutant ces chansons. Il s'agit ici de quelque chose de plus calme, plus acoustique, moins rageur.
Ici aussi, des reprises de bluesmen d'avant guerre tels que Son House, Skip James, Kokomo Arnold, Leroy Carr et d'autres qui m'étaient totalement inconnus: Cannon Jug Stompers, Scrapper Blackwell. Par contre une seule composition personnelle et chantée en anglais.
Quand on écoute ce cd, on a du mal a croire qu'il a été enregistré ici. Ecoutez par exemple, Bukka's Jitterbug Blues, et vous comprendrez ce que je veux dire.
Il chante avec émotion Broke and Hungry (Skip James) en s'accompagnant de sa National Triolian (et de quelle façon) ou est entouré de musiciens tels Big Dave (je t'avais reconnu sur le 9, hé) à l'harmonica, de Mark T (c'est déjà lui qui produit ce 1er cd) à l'harmonica, de Willy Maze (tiens donc...) à la batterie, voila pour les ex-Electric Kings, et de son fils Cédric à la guitare, Renaud Lesire à l'harmonica, Christophe Foulon au piano, Didier Heggerick au tuba et, comment l'oublier, Sarah Taillard, au chant plein de chaleur sur les reprises de Memphis Minnie, de Lucille Bogan et de Blind Willie McTell.
Je vous épargne l'énumération complète des 17 morceaux composant cet album. Sachez seulement que Basse-Moûse Blues est le digne prédécesseur de Saturday Night Rub.

Deux petits conseils pour finir: 1) procurez-vous ces albums 2) si vous avez l'occasion de croiser le bonhomme, n'hésitez pas à lui serrer la pince, il l'a chaleureuse.

de: René Malines <renemalin@aol.com>

la chronique de Travel in Blues:

Elmore D

Saturday Night Rub

Sabam/All Blue Record Service - 2000

Ah la bonne surprise ! Revoilà Elmore D, 3 ans après son excellent 1er album, Basse-Moûse Blues (voir chronique dans Travel in Blues n°11, septembre 97). Les quelques lignes qu'avait alors écrites Etienne Guillermond pourraient fort bien s'appliquer à ce nouvel opus tant l'humour et la fantaisie de notre Belge préféré sont ici intacts. Il y a cependant des différences de taille entre les deux CDs. D'abord les reprises : si Daniel Droixhe puise toujours son inspiration dans le pre-war blues, il ne remonte pas le temps aussi loin cette fois-ci puisqu'il choisit de rendre hommage à Sleepy John Estes, Homesick James, Bill Broonzy ou Tampa Red. L'autre nouveauté, ce sont les compositions de Daniel. Si le 1er disque n'en comportait qu'une, elles sont ici au nombre de 4, plus une adaptation d'un titre de Tampa Red, Your One And Only qui devient Tot Seû. Et quels textes ! Sans vouloir vexer l'artiste ou ses compatriotes, il doit s'agir d'un patois local dont les vers sont fort heureusement traduits en anglais dans le livret. Bien sûr, si on n'est ni angliciste, ni Belge, on n'y comprend que pouic. Mais reste la musique. Comme toujours avec Elmore D, elle est essentiellement acoustique, mais d'une puissance et d'une conviction qui devrait convaincre une fois pour toutes certains esprits chagrins que non, définitivement, acoustique n'est pas synonyme de soporifique. Quelle voix ! Et quelle maîtrise des instruments, guitare traditionnelle ou National ! Il y a d'autres différences tel le son, mais aussi et surtout le traitement apporté aux morceaux interprétés ici. Bien que l'orchestration soit rigoureuse, on a l'impression d'entendre, excusez l'expression, un joyeux foutoir, tour à tour produit par un washboard (" planche à lessiver " dit le livret) une mandoline, une guitare électrique, un harmo ou une batterie. Et le pire, c'est que ça fonctionne, et faut voir comment ! C'est simple, on se régale du début à la fin. Non, décidément, Elmore D est en train de devenir incontournable, pour ne pas dire indispensable ! D'ailleurs, si vous aviez des difficultés à vous procurer ce disque, contacter all.blue.record.service@skynet.be ou 00 32 51 722 954.
René Malines

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E-interview:

Elmore D.
Basse-Meuse Blues

date: 14 octobre 2001
de: Didier "Don't Forget To Boogie" Van Den Branden <dvandenbranden@swing.be>
(crédit photos: 1: Roland Cardoen; 2: N.Vanwelkenhuyzen; 3: Georges Lemaire; 4: Jocelyn Richez)


Elmore D avec Johnny Moeller et Lazy Lou Beckers (photo Roland Cardoen )

LGDG: Peux-tu raconter ta découverte du blues?

Elmore D: Ce serait bien long. Au milieu des années '60, j'étais amateur d'Eddie Cochran, Jerry Lee Lewis, Chuck Berry, d'une part, et des Rolling Stones, Pretty Things, Kinks, etc. de l'autre. Le premier blues que j'ai entendu sur scène, en live, était le "Milk Cow Blues" de Sleepy John Estes, par les Kinks, à Liège en mai 1966 (je crois). J'ai réécouté la version récemment; ma femme trouve ça assez ringard, mais j'aime encore. Je continue de croire que les Pretty Things étaient un très bon groupe de blues basique et provocateur (Viv Prince, quel batteur!). De là à découvrir Bo Diddley, Muddy, Howlin' Wolf, c'était direct. L'ouverture du magasin "Caroline" à Liège m'a permis d'acheter les premiers albums Yazoo, et de connaître Skip James. Lors des événements universitaires de 68-69, je passais le "Washington DC Hospital Blues" de James pendant l'occupation de la salle académique, à Liège. C'était aussi l'époque des festivals de Bilzen, de Cuby and the Blizzards, de Fleetwood Mac... Tu vois que ça risque d'être long - et poussiéreux - si je me laisse aller aux souvenirs.

LGDG: Ton nom de scène, Elmore D, D pour Daniel? Elmore pour James?

ED:Oui. Elmore, ça vient de mon beau-frère Jean-Marie, batteur, avec qui on avait formé le groupe "Ox", devenu plus tard, "Bande de Blues", puis "B. de Blues".

LGDG: Dans une bio sur le net, il est précisé que tu es issu de la scène bleus liégeoise "Rue Mississippi". De quoi s'agit-il ?

ED: C'est l'association formée dans les années '90 avec Jean-Pierre Urbain et Joseph Brems, qui ont créé en 1983-84 l'émission de radio "Les douze mesures", sur la station privée de l'université de Liège. Ma femme Alice en est la secrétaire. Il s'agissait de promouvoir le "vrai" blues par des concerts qui ont permis de voir à Oupeye, où j'habite, des musiciens comme R.L. Burnside avant qu'il soit très connu, Bob Brozman, Roy Bookbinder, Byther Smith, Percy Strother, RJ Mischo avec BB and the Blues Shacks, etc.
Les derniers qu'on ait programmés étaient Paul Rishell et Annie Raines. Je dois dire "les derniers" parce qu'on va sans doute suspendre les activité. Trop peu de public, trop de dettes. Mais ça laisse de grands souvenirs. L'autre jour, cherchant une cassette vidéo vierge dans la bibliothèque, j'ai retrouvé l'enregistrement du concert donné chez nous par Burnside. Tout le monde avait oublié qu'on avait filmé (il jouait avec Calvin Jackson et John Morris à l'harmo).

LGDG: Y a-t-il une scène blues à Liége ?(des noms!!)

Elmore D Band
Elmore D. à Marcq-en-Maroeul / Lille, 2001,
avec Lazy Horse(guitare), Magic Wuff (batterie) et Big Dave (harmo)
- cliché N.Vanwelkenhuyzen
ED:
A Liège? on ne peut pas dire qu'il y ait des lieux spécialement voués au blues - si on parle de "scène". Le problème est que les groupes, sans cette infrastructure, n'ont pas tant l'occasion de se voir et de se connaître.
Or, des musiciens, il y en a. En blues rock, Jean-Pierre Froidbise (groupe "Froidbise") et Michel Leclerc (disciple de Peter Green notamment) sont les plus connus. Les frères Cocco, Jean-Pierre et Claudy, ont formé depuis un quart de siècle l'ossature de divers groupes dont subsiste "Express"; leur blues en français fait penser à Deraime, Personne, etc. (CD 1997 "Rien à personne" SABAM Dureco France, avec l'excellente harmoniciste bruxelloise "Gene" Dartevelle). Andrew Norris et ses amis relèvent davantage du trash-garage; ils ont aussi un album (que je ne retrouve plus). "PJ Junior & Simply the Blues" mettent en évidence le guitariste Michel Krajewski (CD "Blues and Grooves", 1998, distribué par www.simplytheblues.com). Il faudrait aussi parler de la Wallonie: "Fred and the Healers", "Butt Naked", qui (re)fait cette année "Blues Sur Seine", les "Good Time Rollers"... Sans oublier Bruxelles, où dominent deux artistes de format international: le pianiste Renaud Patigny (CD "Tritons Dance" 1997, "Tribute To The Giants" 2000, distribués par AMG; ne joue-t-il pas aujourd'hui avec Verbeke et Mahjun?) et Marc Lelangue, une voix unique au service du plus pur country blues - un des seuls Européens à jouer vraiment Blind Lemon Jefferson (dernier CD "Greenville" 2001, sur Sowarex: sowarex@arcadis.be).
Pour ce qui est des musiciens du Nord, il faudrait des pages et des pages pour en parler ("Tee", "El Fish", "Seatsniffers", "44 Rave", "Last call"). La seule "scène" liégeoise régulière est verviétoise: le club "Spirit of 66" programme régulièrement des légendes et des groupes locaux (www.spiritof66.com).

LGDG: Tu dis pratiquer un "blues acoustique des années 20/30 et hokum mis à la sauce industrielle fin de siècle pour en finir avec une certaine routine pseudo chicago-texane". Peux-tu expliquer cela et surtout "à la sauce industrielle fin de siècle" ?

ED: La routine, elle est dans beaucoup de productions interchangeables, dont je ne crois pas devoir parler. Je préfère - pour la "sauce fin-de-siècle" - inviter à ré-écouter "Doo rag", d'où est sorti "Bob Log III", l'"Electric Rag Band" (chercher sur internet), l'"Asylum Street Spankers", "Preacher Boy", ou les Français de "Bo Weavil" et du "Marvellous Pig Noise". Par contre, je ne suis pas un inconditionnel du style "Fat Possum".

LGDG: Que penses-tu d'artistes comme John Spencer Blues Explosion, North Mississippi All Stars, Petit Vodo ou encore des derniers cd de RL Burnside? Elmore D (photo Georges Lemaire)

ED: Oui, ça renouvelle le paysage, mais pas aussi radicalement, à mon avis, que "Doo Rag", quand il fait exploser Fred McDowell. J'ai vu les "Miss. All Stars" à Cognac. Ce sont des artistes et des malins: garantie de succès. Mais je préfère les provocs de Bob Log - aventure et fragilité.

LGDG: Que sont devenus certains musiciens qui t'accompagnent sur Basse-Moûsse blues: Renaud Lesire, Sarah Taillard notamment ? (Gilles D, c'est ton fils? joker;-))

ED: Gilles: oui, mon fils. Il joue de temps en temps avec "Costar Fill-Up", formé de copains de la rue d'Erquy. On a nécessairement quelques souvenirs communs (et quelques divergences esthétiques sur scène ou en studio). Il faudrait qu'il se produise plus. Franchement, il a quelque chose à lui, mais il se méfie trop du "business". Renaud Lesire a un groupe tout à fait original, "Harmony Two Tones", tirant vers Louis Jordan et le "novelty" des années '40. On peut les entendre au "Crossroads café" d'Anvers (La Mecque...) lors du réveillon 2001 (je crois).

LGDG: Sur Saturday Night Rub, tu interprètes magnifiquement Tot seû, ou Dji n'oûveûre qui l'londi.... en wallon (de Liège je suppose). Pourquoi ce choix de chanter en wallon et pourquoi pas en français ?

ED: Merci de l'appréciation. Pourquoi en wallon? Je n'arrive pas à écrire en français. En dialecte, ça vient plus facilement, pour l'instant. Mais il faut un point de départ: juste le titre du morceau de Tampa Red, dans le cas de "Tot seû" - enregistré à une heure tardive dans des conditions quelque peu particulières.

LGDG: Peux-tu parler de Marc Thijs, ton producteur pour Saturday Night Rub ?

ED: Ah, Marc! Quel homme! Je l'ai connu à la fin des années '80, quand il animait à l'harmo le meilleur groupe de blues belge, les "Slime Hunters". On a fait ensemble le festival de Bagneux en '88. Son groupe des années '90, les "Electric Kings", où il tient l'une des deux guitares solo, reste unanimement considéré comme le meilleur ensemble belge des dernières années. Je lui ai emprunté occasionnellement Willie Maze (batterie) et Big Dave (harmo), tandis que le second guitariste, Luc Jansens, reconverti dans "Last Call", a réalisé le graphisme de "Saturday Night Rub", dans la version originale. Marc a fondé "Tee". Il faut l'entendre avant d'en parler. Un titre comme "Time", une de ses compositions, devrait passer tout le temps en radio. Marc est aussi un excellent batteur. Nous jouons de temps en temps en duo.

LGDG: J'ai lu dans un Soulbag que tu avais participé à un colloque sur "Le texte dans la musique populaire afro-américaine". D'après l'article, tu t'étais intéressé aux "correspondances textuelles entre Blind Lemon Jefferson et Blind Boy Fuller, Blind Gary Davis ainsi que Blind Roger Hayes".

ED: Oui, mes amis Jean-Pierre Urbain, Joseph Brems et moi-même avons examiné l'influence des textes et de la musique de Blind Lemon sur d'autres musiciens, avec l'aide informatique de Bob McLeod, qui a publié ces merveilleuses transcriptions des albums Yazoo puis Document. Le texte aurait dû paraître dans les "actes" d'un colloque tenu à Metz - sans l'obstination idiote de Robert Springer, bluesologue patenté, à vouloir corriger les transcriptions de McLeod. On s'est un peu braqué. Bref, l'article ne paraîtra pas là. Si quelqu'un est intéressé de le donner...
Peut-être y trouvera-t-on des choses rigolotes. Par exemple que le fameux "Bullfrog Blues" de William Harris, repris par Gallagher, vient d'un titre de Barbecue Bob. Elmore D et David Evans (photo Jocelyn Richez)

LGDG: Sans reproduire ici ton exposé, peux-tu donner les raison de ce choix, quels en sont les principaux éléments du développement et également quelles sont les conclusions que tu en as tirées?

ED: Voir ci-dessus.

LGDG: Quels sont les concerts/rencontres qui t'ont le plus marqués?

ED: Récemment: les concerts de D.C. Bellamy au "Rosa's" de Chicago et de "Billy Bacon and the Forbidden Pigs" à Anvers.

LGDG: Qu'écoutes-tu en blues pour le moment?

ED: Maria Muldaur, Renaud Patigny, Washboard Sam (on reprend "Mama don't allow"), Benoît Blue Boy,le très bon "Last Chance Jug band" de David Evans (Inside Sounds/Inside Memphis P.O. Box 171282, Memphis, TN 38187),les Allemands de "Country Blues Project" - et surtout Leroy Carr et Scrapper Blackwell, peut-être le premier vrai "soliste" de l'histoire du blues avec Lonnie Johnson (je m'avance, là). J'allais oublier un des "tributes" pour Robert Johnson: je trouve les Anglais de la revue "Blues 'n' Rhythm" bien gonflés de ne même pas citer l'un des titres les plus intéressants du volume, le "Milk Cow Blues" - on y revient - de Robert Palmer. Snobisme de l'artiste "original"!

LGDG: Quels sont tes projets ?

ED: On en discute ferme avec Lazy Horse, l'autre guitariste du groupe, un intuitif "paresseux" qui joue un grand rôle dans l'équilibre commun (et qui tient la plupart des parties de slide dans l'album). J'aimerais aussi davantage me produire en duo avec Marc Tee (sous le nom "Pain blanc, pain gris"). Mais il faudrait qu'on nous demande.


photo 1: Elmore D en jam au Crossroad le 3 juin 2001 avec Johnny Moeller et Lazy Lou Beckers.Roland Cardoen (© <Bluesy@skynet.be>)
photo 2: Elmore D à Ecaussines le 15 Mai 1999 (© Georges Lemaire <lemaire.g@skiynet.be>)
photo 3: Elmore D à Peer le 15 Juillet 2000 (© Georges Lemaire <lemaire.g@skiynet.be>)
photo 4: Elmore D et David Evans le 28 Juillet 2001 (© Jocelyn Richez <jrichez@noos.fr>)

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FROIDEBISE
Eroticomobile

date: 20 octobre 2001
de: Mike Lécuyer <mlecuyer@club-internet.fr>

cd Froidebise

Froidebise, tel un Johnny Winter lunaire pose les bases d'un blues-rock-jazz très personnel, très attachant, qui doit, qui va les porter vers les cimes de leur monde musical métissé.

De prime abord j'avais pensé à un groupe du Canada, mais non, ils sont de Belgique... même si chacun des musiciens a pas mal bourlingué (Europe et Amérique).

Il(s) a (ont) décidé, sur ce 2e cd, de s'exprimer en français.

"On" m'avait dit que ce disque était très différent du premier. Hé bien, je ne trouve pas tant que ça. A part la langue (qui donne forcément des intonations musicales différentes par rapport à l'anglais), j'y retrouve tous les ingrédients, toutes les qualités qui font de Froidebise un groupe majeur de la scène blues européenne... et ce n'est pas des paroles en l'air. Il faudra bien que vous vous y fassiez, ils vont tout bousculer quand ils déferleront sur la France !

Le chanteur-guitariste-compositeur (Jean-Pierre Froidebise) et sa horde sauvage composée de Jack Thysen (barbu bassiste), Marc Descamps (brillant batteur) et Thierry Crommen (harmonieux harmoniciste) sont des sacrées gachettes dans leur genre ! Quelques mercenaires (comme le sublime saxo de Pietro Lacirignola) complètent ce casting idéal.

Ah cette guitare (slide), ah ces intros dont ils ont le secret (déjà sur le 1er disque). En 3 coups de pinceau-guitare, ils vous dessinent les contours d'une chanson, ils vous plantent le décor... entrez messieurs-dames dans l'univers Froidebise. Et grâce aux textes en français, c'est dans l'intimité de Froidebise. Après la claque musicale, la caresse textuelle :

"Ma mère elle peut t'en parler
Mes enfants te l' diront
J' suis pas complètement cinglé
Mais quelque chose tourne pas rond
(Un type comme moi)

ou bien encore :

"Quand elle découvre que mes partoches
Sont infestées de double-croches
Elles les encaustique au Tippex
Si j' les joue quand même ça la vexe"
(Elle a la rage)

Jonasz, Gainsbourg, Vian... voilà quelques joueurs de mots qui ont du marquer Froidebise, sans oublier Beaudelaire ou Ferré... On s'éloigne du blues ? Ben non :

"Comme un riche
Costard noir et pompes cirées
Quelques gros billets qui dépasseront de mes poches
Feront croire que j'y suis arrivé"
(Hopital Saint-Jacques)

N'oublions pas l'humour (Le goudron et les plumes), le parano (Les gabardines), le sexe (Eroticomobile, Une amazone) et les drogues (Chet, Passe moi la gnole Pascal)... Sex and drugs and rock 'n' blues.

La surprise (la cerise sur la gâteau) c'est "On a des machines" (même si ce n'est pas du blues)... mais je ne vous en dirais pas plus ! A vous de la découvrir en écoutant ce disque. Na !

Ah je sais bien ce que je ferais si j'étais programmateur de radio...

"Eroticomobile", FROIDEBISE, 2001, Blues Gems 658607 40022

Site : www.froidebise.com

En écoute sur radio BLUES FR

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E-interview:
Froidebise
Vent Chaud en Provenance de Belgique!

date: 20 octobre 2001
de: Uncle Lee <stagolee@club-internet.fr>

LGDG : Pouvez-vous nous raconter en quelques mots l'histoire du groupe Froidebise?

Jack Thysen : En effet, le groupe a été formé en 1997 avec moi et deux anciens complices (Jean-Pierre Froidebise: guitare et chants et Yves Baibay: batterie) afin d'honorer quelques contrats que mon groupe défunt "Shahbrack" ne pouvait plus assurer. "Froidebise" était né.
Marc Descamps reprend les baguettes et participe à l'enregistrement de notre première galette "Freezin' to the bone..."qui sort en mai 99 Parmi les invités qui ont participé à cet album, il y'a Thierry Crommen a l'harmonica, un autre vieux complice et sideman de Fugain pendant de nombreuses années. Juste après Thierry devient définitivement le quatrième membre du groupe.
Participation au festival de Peer en 1999, quelques concerts dans le nord de la France ( Allonnes en 1ère partie de John Hammond). Festival de Blues de St Quentin en avril 2001. D'autres festivals en Hollande et en Allemagne sans compter évidemment la Belgique.
En mai 2001 sort notre deuxième album (en français) avec des compositions et textes originaux de Jean-Pierre (Eroticomobile) Si le Blues est encore bien présent, d'autres styles tel que le rock, le jazz et le funk sont bien présents.

LGDG : Descamps, ça a un rapport avec les frères Descamps du groupe Ange??

Jack Thysen : Non, aucun lien de parenté avec les Descamps du groupe Ange, hélas!!

LGDG: Quelles sont les influences musicales du groupe? Avez-vous tous les même goûts musicaux, la même approche?

Jack Thysen : les influences sont très diverses pour chacun d'entre nous :
- Dylan, Winter, Big Bill Bronzy pour Jean Pierre
- John Mayall, Toots Tielemans, Charlie Mc Coy et les harmonicistes de blues en général pour Thierry
- Les Stones, la soulmusic, SteelyDan pour Marc
- Les Beatles, Ten Years After (j'ai appris à jour de la basse en écoutant l'album "Undead", Lightin'Hopkins et ... Yes pour Jack
Nous avons tous les quatre la même attitude musicale. Nous aimons toutes les musiques bien jouées et exprimées avec feeling: blues, jazz, rock, folk,f unk, soul etc... et ce quelle que soit l'époque.
Nous avons tous été "infectés" par le British blues boom (Mayall, Korner, Clapton, Fleetwood Mac, TYA, etc...) C'est grâce à ces musiciens anglais que nous avons pu remonter la filière et découvrir tous ces merveilleux bluesmen américains.

LGDG: dés le 1er CD vous avez le "son"... et une super cohésion, confirmés par votre nouveau CD! Etes-vous professionnels? Quelles sont vos expériences respectives?

Jean-Pierre Froidebise: Oui, nous sommes professionnels depuis de nombreuses années, mais il faut savoir qu'être musico en Belgique ressemble assez fort à un film d'horreur!! Pas de statut, peu de clubs, la culture qui dort du sommeil de l'injuste, les médias qui manifestent peu d'intérêt pour la musique vécue, tout cela contribue à faire de nous des marginaux obligés! Le tout est de garder le feu sacré, envers et contre tout!.

LGDG: Votre 2nd CD marque un changement de taille par rapport au 1er avec des textes en français. Est-ce une évolution naturelle, une volonté délibérée d'être mieux compris du public ou de passer plus à la radio?

Jean-Pierre Froidebise: Quant aux textes en français, oui, c'est une volonté d'être compris du public car enfin, même si j'adore écrire et chanter en Anglais, il est très frustrant d'essayer de faire passer des trucs un peu soignés et de s'apercevoir que peu de gens réellement s'en rendent compte pour cause d'incompréhension... ça laisse rêveur de penser qu'on pourrait faire l'apologie du ku-ku-klan et être applaudi comme "super groupe de blues!". De plus, le français étant ma langue maternelle, cela me permet d'écrire plus précisement, de faire un peu d'humour (wich is very difficult in English) Enfin, comme nous avons l'intention d'Envahir la France et le Québec Libre, je trouve normal que les Français puissent converser avec leurs nouveaux occupants !!! Ciao!

Remerciements à Laurie Mc Connell

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Awek

Awek et Youssef Remadna
en concert à Lyon (TSF)
date:
de: Phil CatFish <philpretet@aol.com>
© 2001 photos Philippe PRETET

Lyon - 19 octobre 2001 Awek (photo Philippe Pretet)

Il est des soirs où l'on ne regrette pas d'être sorti. Plan blues au TSF à Lyon. Bar du centre ville, tenu par Thierry , collectionneur dans l'âme de vieux postes TSF dans une atmosphère fifties du meilleur effet. Un public hétéroclite se presse ce vendredi 19 octobre 2001 pour découvrir un groupe de musiciens français de blues.
D'entrée, c'est le choc ! L'intro à l'harmo met le feu au bar bondé avec Hoochie Coochie Man . Le son " Austin " sur la télécaster de Bernard SELLAM chauffe les lampes de l'ampli Peavey… Suprise, les AWEK sont quatre et non pas trois comme annoncé !
L'harmo superbe de Youssef REMADNA intrigue ! " J'ai 38 ans et joue de l'harmonica depuis une dizaine d'années. L'envie de jouer m'a pris quand j'ai décidé d' arrêter de fumer ! Je suis allé boeuffer à Chicago l'année dernière. J'ai pu jouer dans les clubs du ghetto sud notamment avec Billy Branch et bien sûr avec Matthew Skoller mon pote. Aujourd'hui je joue avec Back Door à Briançon et " Boogie Desease " à Paris. J'adore le son des années 50. J'ai aussi joué avec Champion Jack Dupree il y a une dizaine d'années. "
Le timbre de sa voix est aussi au diapason. Influence Little Walter et Phillip Walker pour le chant. Sa présence étincelante insuffle une fraicheur bienvenue à AWEK. On comprend mieux pourquoi cet harmoniciste de talent assure avec bonheur la partie guest sur l'album Barber Shop. (chant et harmonica). A quand sa première démo ou un album auto-produit ? A voir absolument sur scène. Le reste du concert est d'un très bon cru. Pas mal de reprises de Barber Shop et de Chess Session, ambiance Lynyrd Skynyrd, très sudiste sur les morceaux enlevés.
Bernard SELLAM joue dans l'esprit de Jimmie Vaughn aux temps bénis des Fabulous Thunderbirds… La basse de Joel PERRON assure un groove d'enfer. Quant à la batterie d'Olivier TREBEL, elle sonne " Blues ", tout simplement. C'est tout dire ! AWEK est un groupe de blues français qui s'est forgé une identité et un " son " aux antipodes du déjà-vu ambiant. C'est un signe distinctif qui ne trompe pas.
AWEK à suivre.

Awek, le CD:
Barber Shop

date: 9 Novembre 2001
de: Docteur Blues <jerome.travers@free.fr>

Si Toulouse fut le berceau du blues en France au début des années 70 grâce au travail de Jean-Marie Monestier et Jean-Pierre Tahmazian de la maison Black and Blue, on aurait presque du mal à croire que cette ville est aujourd'hui un Los Angeles à la mode cassoulet tant la création y est féconde. Pour s'en convaincre, je vous propose de découvrir le troisième CD du trio toulousain Awek. Barber Shop (Awek)

D'abord, il y a la pochette magnifique de ce disque qui recueille 12 compositions en anglais dont 2, seulement, sont des reprises "you can't judge a book" et "flamenco woman".

Et puis il y a Benard Sellam ("Don Bernardo" svp) qui est une révélation du côté de chez nous, en véritable patron, il assume les guitares, le chant et la majorité de l'écriture. Émancipé du blues, Bernard produit sans aucun doute la musique qu'il a envie d'entendre. ça tombe bien car nous aussi on aime l'écouter, cette musique !

On lorgne du côté de chez Billy Gibbons, Mark Knopfler, Popa Chubby ou Jimmie Vaughan. On avait peut-être un peu trop vite oublié le son du blues rock bien juteux distilé en power trio. Si celui-ci a la particularité de sentir la violette, il a aussi l'odeur âpre et plus familière du bon vieux Pub-Rock Anglosaxon.

Le low drive du slide sur les cordes est un délice sur "Going back on the road" et "Together we'll synchronize". Tout au long de l'album, le son chaud de l'Epiphone rejoint le timbre rapeux de la voix de Bernard et quand Youssef Remadna (l'autre révélation de l'album) vient épauler le trio avec son harmo, il pousse le leader dans ses derniers retranchements. La rythmique - Joël Ferron à la basse, et Olivier Trébel aux drums - est irréprochable. Pour le prouver, écoutez la plage 9 "Play the game" qui résume tout l'esprit du groupe grâce à 6 minutes du meilleur blues rock. Je voudrais également saluer les arrangements des choeurs car chez Docteur Blues, on est sensible à ces petits riens qui font tout.

Enfin, le trio se tire bien d'un exercice difficile en évitant les pièges que bien d'autres n'ont su éviter. Je crois qu'on peut être fier du côté de Toulouse de ce nouveau fleuron du Blues Rock Français même si on aimerait, que ce rock, soit un peu plus personnel.

ref CD: Barber Shop- Awek - Mosaïc Music 360482

le site d' Awek: www.ifrance.com/awek

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Interview:

AWEK :
ça joue à donf!

Par Phil CatFish <philpretet@aol.com>
© 2001 photos Philippe PRETET

Crée en 1995, le trio AWEK Bernad SELLAM (voc guitar) Joel FERRON (bass) Olivier TREBEL (drums) réunit trois musiciens chevronnés de la scène française. Le groupe a acquis sa maturité au fil des concerts et de ses nombreuses tournées, quelques fois en première partie de musiciens tels que Luther Allison ou les Blues Brothers. Son énergie débordante, sa passion et l'intelligence de ses interprétations l'impose aujourd'hui comme un des groupes majeurs de la scène française du Blues. Rencontre programmée au bar TSF à Lyon le 19 octobre 2001 avant le concert.

Acte 1 : Quid d'AWEK ? Awek (photo Philippe Pretet)

Subtile lecture de la langue d'Oc : AWEK en languedocien veut dire à fond. " C'est du languedocien parce que l'on est pas de là-bas ! pour se faire accepter de notre région à Toulouse.. C'est un hommage à tous ceux qui nous soutiennent. " dit Bernard SELLAM. Et si on met AWEK à l'envers ? ça fait KEWA. " L'énervement, l'excitation " renchérit Olivier. Lui, c'est le batteur, l'écorché vif du groupe qui a découvert le blues grâce à Bernard et au groupe AWEK : " J'ai tout de suite adhérer, c'est en le jouant que j'ai aimé le blues. Le blues c'est la sincérité et la simplicité. Un peu d'humanité… On retrouve une insouciance, une naïveté qu'il n'y a pas forcément dans d'autres musiques trop complexes, où les gens se prennent trop la tête… " Bernard, le " vieux " du groupe, jeune quadra, est tombé directement dans le blues British et a découvert plus tard " d'autres gens " qui venaient de Chicago New Orleans et Memphis : " j'ai découvert que c'étaient eux qui avaient composé les succès de toutes mes idoles (rires) Sonny Terry, Bill Big Bronzy, Brownie Mc Ghee, tout le revival années 60/70. J'ai écouté John Lee Hooker, qui avait débranché sa guitare pour faire plus rural…. J'aime la musique… pas que le blues ! et je suis collectionneur en plus d'être musicien ! ". Quant au bassiste, Joel, au calme olympien, il est venu au Blues comme beaucoup d'amateurs de pop musique : " à l'époque c'était Hendrix Deep Purple. Après, comme je suis bassiste, j'ai découvert Stanley Clarke, Pastorius. Je suis allé petit à petit vers le jazz. Je me suis rendu compte que toutes ces musiques étaient issues du blues. Je suis donc revenu au Blues. Plus ça va, plus j'aime cette musique vraiment à fond ! ".

Acte 2 : les mentors d'AWEK…

Le batteur d'AWEK est du genre modeste, mais il en connaît un rayon ! " Des noms comme ça je ne pourrai pas dire ! j'aime bien Jimmy Vaughn, Kim Wilson, mais je ne suis pas assez connaisseur pour en parler. Un batteur comme Richard Inness.. pêut-être, bon, j'écoute plein de trucs.. " Le guitariste a des choix tranchés : " j'adore Alex Schultz, qui a joué très longtemps avec Rod Piazza et William Clarke, Hollywood Fats, la génération West Coast, sinon chez les guitaristes Albert Collins, c'est une montagne … Mais je n'irai jamais repiquer quelque chose de lui. BB King c'est tellement beau, c'est simple, ça envoie de suite. Il y a Ted Robinson dans la jeune génération. Je peux en citer d'autres, Rusty Zinn. Je suis aussi un fan de Holwin' Wolf… je trouve que c'est le plus grand compositeur de cette période-là. Tout comme la soul avec Otis Redding, plein plein d'influences ! ". " Il y a des choses à découvrir sans arrêt " rétorque le bassiste " ce n'est pas une compétition, on peut découvrir une forme d'émotion sur n'importe quel disque. Pour moi c'est une découverte de tous les jours. J'adore Willie Dixon, Albert Collins, évidemment ! ".

Acte 3 : AWEK c'est cool sur scène !

Quand on leur demande sur quel type de morceau il y a le plus d'émotions entre eux, Bernard le leader charismatique d'AWEK, répond : " tous ! (rires) C'est vrai, mon groupe préféré, tous groupes confondus, c'est AWEK. Ca paraît très prétentieux, mais on la chance de faire la musique que l'on veut, de se sentir bien ensemble. On ne peut pas dire pour autant que l'on est très à l'aise sur tous les styles.. On va faire un vieux shuffle style texan, on va se régaler, après on va faire un truc plus binaire, à la Collins, vu qu'on a fait un peu de soul, on se régale aussi. On va faire un slow blues à la Freddie King, selon les soirs, selon l'émotion, ça va être un moment de bonheur. Souvent c'est le public qui nous donne ces moments-là d'émotions. Plus il y a d'écoute, de répondant, plus on va trouver ce feeling là. C'est vraiment une communion avec les gens… Il peut y avoir 20 personnes ou 3000 , on essaye d'envoyer pareil ! Awek (photo Philippe Pretet)

Acte 4 : Barber Shop in English dans le texte ? Why ?

de 'Blues FM' Cedric <cedricblv@hotmail.com>:

Extrait de l'interview d'Awek sur www.bluesactu.com

Radio BLV : Le magazine Rock & Folk a dit sur vous : "Le propos est de célébrer et d'entretenir une tradition" , on imagine qu'il s'agit du blues. Pourtant à l'écoute de votre album, j'ai plutôt eu l'impression que votre propos était de dépasser cette tradition avec une musique très personnelle parfois assez loin des standards de la tradition du blues. Est-ce que je me trompe en disant cela ?

Bernard Sellam : Non. On essaye de pousser un petit peu plus loin les limites. C'est très difficile dans le blues d'innover parce qu'il y a une tradition du blues avec un langage, des sonorités et des textes qui sont bien particuliers. Pour créer, il faut respecter certaines règles. Le problème c'est qu'il y a des gens dans le blues, rarement des musiciens mais plutôt des gens de la presse, qui limitent cette musique, qui mettent des barrières. On est dans le XXIe siècle et le blues doit continuer à exister. Ce n'est pas une musique d'antiquité à mettre dans les archives. Il faut dépoussiérer le blues. Nous le faisons avec beaucoup de modestie car on ne peut pas prétendre être des précurseurs. Il y a plein de groupes de blues qui ont fait des choses différentes. Aujourd'hui, au moins en France, c'est un peu le tour d'Awek de le faire.

Radio BLV : Vous avez adhéré cette année à l'association Blues Qui Roule (www.bluesquiroule.com). Comment s'est faite votre rencontre avec cette association ?

Bernard Sellam : En premier lieu, je tiens à saluer Alain de Blues Qui Roule car c'est une rencontre très importante pour nous. On a le sentiment d'avoir rencontré une personne très importante pour faire avancer Awek. On a adhéré à Blues Qui Roule car on s'est rendu compte qu'il y avait déjà un plateau blues très intéressant avec des gens qui font des choses assez différentes d'Awek mais de qualité. De plus, la personnalité d'Alain et l'identité de son association sont très intéressantes. Ca nous permet de nous ouvrir sur une région que l'on n'a pas encore vraiment exploré, à savoir l'ouest.

Retrouvez toute l'interview de Cédric sur www.bluesactu.com

Bernard SALLEM compose sur le dernier album 10 titres sur 12 ce qui dénote un certain tempérament porté vers l'écriture. Pourquoi l'avoir écrit en Anglais ? " Le Blues reste pour moi affilié à la langue anglaise et à une certaine tradition, même si le blues doit évoluer. Certes, il y a beaucoup plus blues que nous. Mais, chanter en français, moi j'ai du mal ! Je ne connais pas de groupes de blues en français qui m'éclatent ! Peut-être faudrait-il essayer en Cajun ou en Africain. Je trouve que nous les musiciens français on a du mal à faire sonner le blues en français ! Voilà pourquoi on le fait en Anglais ".
Olivier Trebel explique qu'il y a une tradition française de texte bien lèché, littéraire qui empêcherait de faire des textes de blues en français. Pour Joel, si on garde l'esprit du blues américain et que l'on essaye de le faire en français c'est très difficile de faire passer l'expression du texte.
Le compositeur des textes ajoute : " Dans les textes de blues, il y a une certaine sonorité, qui fonctionne avec la musique. Il faut trouver une traduction du blues, sans dire ma chérie m'a quitté ce matin et j'ai pleuré toute la nuit sur son oreiller. En Français ça ne fonctionne pas ! c'estun peu plus compliqué ".
Le batteur s'attache aux mots du blues : " il y a des mots qui me plaisent parce qu'ils sonnent, l'accent, des mots qui coulent de source ".
Et lorsque le public ne comprend pas le texte du groupe écrit en anglais ? (dixit Christophe Oliveres) Pour Bernard SELLAM, c'est le plus gênant ! : " combien de fois on nous dit : c'est marrant je ne suis pas spécialement branché blues, mais ce soir je me suis régalé ! souvent la deuxième question c'est : pourquoi vous ne chantez pas en français. En France le texte passe avant la musique, alors que dans les musiques anglo-saxonnes et le blues, le texte a son importance à part égale avec la musique ". Joel PERRON estime que les choses changent : " les gens attachent moins d'importance à la langue ". " Il y a une émotion qui se dégage même si les gens ne comprennent pas le texte " pour Olivier.
" Quand on joue avec Youssef Remadna, qui parle anglais américain couramment, il donne des explications sur les textes. On n'est pas non plus que des missionnaires du blues loin de là. On s'adresse à un public très large, avec beaucoup de sincérité. Quand il y a un amateur de blues, on ne veut pas le décevoir, même si on joue pour tout le monde. " A la fin du set, on peut répondre aux questions des gens ".

Acte 5 : les délires d'AWEK !

" On est assez théâtral dans AWEK ! on aime bien se mettre dans des situations rigolotes. Le premier disque c'était un jeu de monopoly (Black to the same place). On est parti dans un délire . Pour le deuxième, on est allé chercher les costumes de l'Opéra de Toulouse qui figurent sur l'échiquier. ! Il y a un salon de coiffure à Lyon pour Barber Shop. Il y a un tas d'éléments années 50 chez les barbiers. C'est pour cela que l'on fait de la musique, pour s'éclater, avec un réseau de copains, les gens de Lyon, plein de groupes, Back Door avec Youssef et Dom, les Doo the Doo, avec qui on délire et on parle peu de musique !

Acte 6 : un peu de technique… Awek (photo Philippe Pretet)

Le dernier disque est produit par Casa Studio et distribué par Mosaïque Music. Les deux albums précédents étaient distribués par MSI qui a arrêté. Il a donc fallu chercher un nouveau distributeur. Les albums ont été enregistrés le plus " live " possible. : " on a joué le morceau en réalité, il n'y a rien de changer, cela reste dans la tradition… On a eu la chance de tomber sur Thierry Bordier et Néné dont on est très contents et qui ont compris ce que l'on voulait faire. Ca devient rare !
Sur Barber Shop, l'album est le plus abouti. Nous on ne le dit pas ! on va encore aller plus loin, et en faire un quatrième qui sera encore mieux. On a quand même un côté sérieux (rires) On sait ce que l'on aime : le son même si on est pas blues à 100 %. Il y a un son AWEK relativement blues, c'est à toi de voir ce que tu en penses ! on va avancer sur des concepts. Un blues un peu plus soul plus funk nous convient plus. On aimerait bien avoir un saxo et un harmo sur les grosses scènes. Quand il y a Youssef, c'est bien cela donne une nouvelle fraicheur au groupe.

Acte 7 : une anecdote avec Luther Allison…

C'est l'endurance ! le concert n'en finissait plus à Vendôme à côté de Tours. Luther avait une super équipe avec lui et a mis le feu, c'était extraordinaire. C'était un des derniers géants du chicago blues moderne. D'avoir partagé la même scène que lui cette nuit-là c'était un honneur et un vrai bonheur surtout.
Pour Olivier , c'était une première : " c'était une de mes premières grosses premières parties. Je ne le connaissais pas. J'avais une super batterie. Je me rappelle de la batterie de son batteur, complètement pourrie Je lui ai proposé de jouer sur la mienne, il s'en foutait ! c'était un black. Là tu comprends beaucoup de choses. C'était bonnard ! il y a pas de côté cérébral, ça joue. C'était un grand souvenir.

Propos recueillis par Philippe PRETET au TSF à Lyon le 19 - 10 - 2001 © tous droits réservés

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Ernestine Anderson
un peu de Blues qui change...

date: 23 Octobre 2001
de: Benoît "Planet Harmonica" Felten <ben@planetharmonica.com>

Laissez moi vous parler d'un album que je me suis procuré il y a peu...

Il s'agit d'un album du milieu des années de la chanteuse de Jazz Ernestine ANDERSON, intitulé "When the sun goes down" (www.allmusic.com/cg/amg.dll?p=amg&sql=Apu7ibkd9hakn). "Chanteuse de Jazz ?" dites vous, pourquoi nous bassine-t'il avec ce hors sujet ? Et bien, tout simplement parce qu'il s'agit d'un album de Blues. Et oui !

J'ai découvert Ernestine Anderson en "guest" sur un superbe live de Ray Brown "Live at the Concord Jazz festival". Il faut vous dire que:
1/ je suis un grand fan de Ray Brown, surtout la période années 80
2/ j'adore explorer la musique de manière associative.

J'ai donc entrepris d'explorer quelques albums d'Ernestine Anderson. Le seul qu'on trouve facilement dans le commerce (Blues, dues and love news) est pas mal, mais assez variétoche sur certains morceaux. Et puis, un jour, en consultant allmusic, j'ai vu qu'elle avait sorti un album dans les années 80 avec entre autres Ray Brown (mon contrebassiste de rêve), Gene Harris (le plus bluesy des pianistes de jazz) et Red Holloway (sax tenor du Honeydripper, je crois) Je l'ai donc commandé sur Amazon. Je n'ai pas regretté !

Quand on aime le blues et le jazz, on est parfois étonné et déçu de la guéguerre un peu débile que se livrent les deux "camps", renvoyant la "musique d'intello" que serait le jazz au "vulgaire et répétitif" que serait le blues. C'est donc avec un plaisir non feint que j'écoute cet album où se rejoignent superbement les deux mondes. Ray, Gene et Red font un accompagnement tout en finesse mais qui reste fermement dans les territoires du blues, avec en particuler ce toucher extra de Gene Harris, qui a clairement joué Fats Waller dans sa jeunesse ! Le sax de Red donne une touche jazzy mais sans s'aventurer trop loin dans les harmonies complexes. Tout cela reste accessible.

Et puis il y a Ernestine... Sa voix est inhabituelle, comme pouvaient l'être celles de Billy Holiday ou de Sarah Vaughan, mais on la sent sincère et pleine d'émotion. Au programme, quelques standards du jazz bluesy, et quelques standards du blues, jugez plutôt :
1. Goin' to Chicago
2. Someone Else Is Steppin' In
3. In the Evenin'
4. I Love Being Here With You
5. Down Home Blues
6. I'm Just a Lucky So and So
7. Alone on My Own
8. Mercy, Mercy, Mercy

Bref, si vous avez envie d'écouter un blues rafraîchissant, aux inflexions jazzy et en l'absence absolue et salvatrice de toute guitare électrique, n'hésitez pas : cet album est fait pour vous ! Je considère pour ma part qu'il réunit le meilleur des deux mondes... http://www.amazon.com/exec/obidos/ASIN/B0000006FA/qid=1003828210/sr=8-3/ref=sr_8_3_3/103-9626696-8160658

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Eric Bibb
Painting Signs

date: 17 octobre 2001
de: Uncle Lee <stagolee@club-internet.fr>

Eric Bibb, CD Painting Signs

Heureusement, dans la vie il y a des moments de bonheur… La découverte du nouveau CD (Painting Signs) d'Eric Bibb fait partie de ces moments là. Fidèle à lui-même, le poète song-writer nous offre ici un disque de chansons de pure beauté. La sonorité d'ensemble du disque est bien sûr acoustique, mais il y a plusieurs titres électriques, avec un véritable band (guitares électriques, slide, accordéon, piano, orgue, mandoline, basse, batterie, chœurs).

Visiblement, si il y a quelque chose dont Eric Bibb ne se soucie guère, ce sont les critiques acerbes de certains qui lui reprochent de ne pas faire un blues "pur"… car il continue à nous offrir des titres (reprises ou compositions) finement ciselés et sans contrainte de style ou autre qu'il faudrait respecter. Eric Bibb a son propre style, ça semble lui convenir et à nous aussi !
Eric Bibb à Zootegem 1997 photo Philippe Pretet)
Eric Bibb à Zootegem 1997
photo Philippe Pretet

Pas facile à classer Eric Bibb, et c'est sans doute une des raisons pour lesquelles on le compare parfois à Mississippi John Hurt, la raison principale étant évidemment l'utilisation d'un finger-picking bien compris. Les raisons "historiques" ne sont pas les mêmes, mais blues, gospel et folk font également partie de l'univers musical d'Eric Bibb. Toutefois, plus jeune que John Hurt (qui aurait 108 ans aujourd'hui), celui-ci y rajoute des influences plus récentes et des orchestrations plus fouillées. Dans ce disque, on trouve ainsi "Five Miles Above" (signé Dave Bronze, producteur du CD) que n'auraient pas renié les Pink Floyd (!), ou "Angel", belle chanson d'amour de Jimmy Hendrix qu'Eric Bibb chante accompagné d'un seul piano.

Quand Eric Bibb prend la guitare électrique, ce n'est pas pour une démonstration de guitar-heroe, mais pour nous jouer "Honest I Do" de Jimmy Reed: ambiance bayou garantie avec la présence de l'accordéon.

Dans un autre registre, purement acoustique, il reprend "I Heard The Angels Singing" du Reverend Gary Davis: il ne chante pas comme lui, il ne joue pas comme lui… mais que c'est beau! Tout comme le petit bijou de finger-picking "Delia's Gone" (trad.).

Les compositions d'Eric Bibb sont magnifiques et si personnelles qu'il est difficile de vouloir les classifier… du blues (Kokomo), de la soul (Got to Do Better), de la ballade (Walkin' Home), des chansons intimistes (Painting Signs, the Light Was Worth the Candle).

Ce disque est dédié à Roebuck "Pops" Staples dont Eric Bibb reprend "Hope In a Hopeless World". Du vrai gospel qui donne envie de taper dans les mains! Quand les chœurs de "Linda Tillery & The Cultural Heritage Choir" entrent en scène: frisson garanti!

Et puis il y a "Don't Ever Let Nobody Drag Your Spirit Down", véritable blues décloisonné enregistré en live. Décloisonné, certes, mais qui va chercher dans les pièces voisines ;-) Ca démarre sur un riff blues de chez blues, sur lequel Eric Bibb chante en duo avec Wilson Pickett lui-même! La pression monte, puis, quand arrivent les "Cultural Heritage Choir", les chanteurs rentrent bien vite en transe : c'est du blues, du gospel et de la soul! Tout ça réuni dans un seul titre hypnothisant dont on ne pourra se détacher qu'après le "Oh Yeah" final!

"Painting Signs" est le quatrième disque d'Eric Bibb, un numéro charnière où bien souvent la flamme vacille… Ce n'est pas le cas de cet album qui me paraît encore plus accompli que les précédents.
La voix d'Eric Bibb, son jeu de guitare acoustique, ses musiques et textes en font un des meilleurs musiciens de country-blues (oui : au sens large !) actuels. Ce disque n'est pas réservé aux fans de blues, où est le mal ?

Réf CD: Painting Signs, Eric Bibb, RUF Records, 2001, LC01956

voir chronique de son CD "Home To Me" (1999): Eric Bibb : le Blues nouveau est arrivé ! (LGDG n° 12)

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Jimmie Vaughan
Do you get the Blues ?

date: 20 octobre 2001
de: Docteur Blues <jerome.travers@free.fr>

C'est un Jimmie Vaughan souriant et apaisé qui nous accueille à l'intérieur de la pochette de ce très beau Cd, qui nous fait regretter le temps du vinyle, un habillage de cire noire du plus bel effet revêt le support numérique. La photo de couverture avec sa pause jazzman en bichromie fait très 50's.

Cette nouvelle livraison enregistrée entre Memphis et Austin, gage d'un label d'origine contrôlé, fleure bon le shuffle pur jus teinté de Madisson cher à Jimmie depuis "Family style". Sur "Dirty Girl" qui ouvre l'album ou "Out of the shadows" et "Robbin' me blind" nous retrouvons l'esprit et le feeling habituels de Jimmie bien que l'effet "chorus" ait pratiquement disparu.

Le plus intéressant est l'enchaînement très claptonien des plages (5) "without you" et (6) "Let me in". La voix de Jimmie et le son "coin-coin" de la strato nous font découvrir de nouvelles directions. Aux côtés de ces bonnes surprises, je rangerai les titres acoustiques "Deep End" avec James Cotton à l'harmo et "Don't let the sun set" dont la flute traversière d'Herman Green rappelle l'album mythique de Don Covay "the house of the blue light (Atlantic 921 034)".

je file quelques bons points aux guest-stars : Bill Willis au B3, le saxo fantomatique de Greg Piccolo du groupe Room full of blues sur "Slow dance blues" et surtout une mention spéciale pour Lou-Ann Barton sur "Power of love" et "In the middle of the night". Elle se livre sans retenue avec sa voix "gouailleuse" se rappelant à notre bon souvenir ; à réécouter d'urgence : "Read my lips" (Antones 0009cd) "Old enough" (Antones 0021cd) et pour les collectionneurs "An Austin Rhythm n' Blues Chrismas" (epic 40576).

Pendant que j'écris cet article, je me souviens d'un concert des Fabulous TBirds avec J.V. lors duquel les quatre membres du groupe avaient joué aux sommets du bluesrock texan devant la salle de l'Elysée Montmartre chauffée à blanc... Et même de bien plus loin, à la découverte de leur premier album sur lequel, bien plus que son frangin, Jimmie est devenu presque malgrè lui la référence pour toute une génération de guitaristes.

J'oserais même faire le parallèle avec l'album "John Mayall Bluesbreakers with EC" qui avait mis le feu aux folles années du blues boom (vous me pardonnerez ce raccourci).

Jimmie Vaughan fait partie d'une sainte famille aux côtés de Ronnie Earl, Duke Robillard et il nous légue aujourd'hui, avec cet album "cool", le meilleur de sa musique.

ref CD: Jimmie Vaughan, Do you get the Blues ?, Artemis Records 504533 2

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la Rubriqu' à blues…

date: 29 Octobre 2001
de: Phil "CatFish" <philpretet@aol.com>

Goin' Down to Louisiana :

The Goldband downhome blues anthology ACE CDCHD 821/Night § Day.

Cette anthologie, que l'on doit à John Broven et Dave Sax, rassemble une sélection des enregistrements effectués entre 1957 et 1960 par Eddie Shuler, alors propriétaire du label Goldband. On y retrouve l'énergie " brut de décoffrage " et l'authenticité des musiciens qui figurent sur l'album " Bluesscene USA the Louisiana Blues ". Parues en 1965, sur le label danois Storyville, (SLP 177) ces faces reçurent un accueil enthousiaste. Il est vrai que Mike Leadbitter (tout comme Jay Miller) avait le nez creux pour repérer des bluesmen jouant de la musique down-home qui plaisait énormément au public noir. Goin' Down Louisiana débute par quelques unes des meilleures faces roots de l'harmoniciste et guitariste Juke Boy Bonner. Huit titres, dont les fameux " Let's Boogie " ou " Call Me Juke Boy " qui deviendront des hits repris dans les rutilants juke-boxes du Sud. Viennent ensuite les première mesures de " Need Shorter Hours " qui versent dans le meilleur " swamp blues " lancinant de Lazy Lester, derrière la guitare rythmique d'Ashton Savoy. On croirait entendre son ami Mr Lightnin' Slim himself… Le timbre de voix suave de Al Smith fait un malheur sur " if I don't see you " ou sur " Down down ". Le piano torride de Tal Miller incite au déhanchement dans " Mean Old Kokamoo " et " B-a-b-y ". L'atmosphère lourde de la guitare slide de Hop Wilson prend aux tripes. Un vrai plaisir. Les faces de Big Chenier (l'oncle de Clifton) sentent bon le Southern blues et le Cajun. La carrière de ce musicien singulier décédé en 1978 fut assez courte, au grand dam d'Eddie Shuler. Ainsi, Big Chenier n'a plus voulu enregistrer après 1960, préfèrant se retirer dans son petit café installé à Lake Charles ! C'est pourquoi, il ne faut pas rater l'occasion d'acquérir une partie de son œuvre qui reste difficile à dénicher. A bon entendeur…
En résumé, un album recommandé, qui a le mérite d'être accompagné de notes complètes et d'une discographie exhaustive (enfin !) que l'on doit à Mike Leadbitter, co-auteur avec Neil Slaven du monumental Blues records 1943-1970 - Volume 1 - A / K (RIS London 1987).

The Travelling Record Man :

historic Down Sout Recording Trip of Joe Bihari § Ike Turner ACE CDCHD 813/Night § Day.

Ace (UK) semble vouloir prêter, par l'intermédiaire de Ray Topping et Ted Carroll, une oreille plus attentive aux désirs des amateurs de Down-Home Blues Music. Ces derniers attendent (avec philosophie) depuis belle lurette la réédition complète en compact-disc (ou DVD ?) de l'ensemble des faces Modern, Crow, Rpm et Flair. Il leur faudra encore patienter pour embellir leur discothèque de la totalité des titres originaux, notamment, ceux de l'incontournable " Anthology of the Blues " des frères Bihari, en collaboration avec Bruce Bomberg, Frank Scott et…Ike Turner. Mais, ne boudons pas avec cet album inattendu notre plaisir immédiat ! avec le Delta blues classique d'un Charlie Booker " No Ridin'Blues " ou de Boyd Gilmore " Ramblin' on my mind ", le bottleneck d'un Pinetop Slim sur " Baby please don't go ", le blues atypique de l'Arkansas avec ..Arkansas Johnny Todd sur " I'll be glad when ou're dead, you rascal you.. " le pianiste texan Alexander Moore, tout en phrasé subtil, l'excellent guitariste qui devint facteur en Alaska, Jesse " Baby Face " Thomas, l'harmonica plaintif de Driftin' Slim ou encore la version magique de " Blue Serenade " par Baby Face Turner. En l'état, cette livraison a donc de quoi satisfaire les plus exigeants ! Quid de l'apport de Ike Turner ? Au gré de sa participation aux virées de Joe Bihari dans sa Buick Roadmaster depuis Memphis et dans le Delta, Ike y aura joué, notamment en 1951 et 52, un rôle de dénicheur de talents locaux qu'ils enregistreront dans les juke joints, music stores et radios du coin : notamment Big Charlie Bradix, Willie Nix, Sunny Blair Houston Boines… On notera aussi la présence heureuse des enregistrements effectués par Sam Phillips sur des versions très down-home de Smokey Hogg, Elmore Jame, Driftin' Slim ou Joe Hill Louis. Ces morceaux de bonne facture ont paru en France sur Musidisc. Pour l'anecdote, le présent compact-disc est issu en partie d'un catalogue de 78 tours (support acétate) miraculeusement conservés et retrouvés après un long périple allant de la côte Ouest (EU) jusqu'à Londres ! Le son originel est remarquablement restitué, mieux défini et aéré. Un bon point pour ACE Records UK.
A signaler : 8 titres inédits sur 24 ! A ne manquer sous aucun prétexte.

Lazy Lester :

All Over you ANTONE'S ANT 0042/Night § Day

Le célèbre label d'Austin a encore frappé fort avec cet album produit en 1998 par Derek O'Brien récemment disponible dans les bacs des disquaires. Les amateurs avertis connaissent les faces mythiques de l'album " I'm a lover not a fighter " (Excello) enregistrées par Leslie Johnson alias Lazy Lester avec Jay Miller au Miller's studio in Crowley. Rappelons que Lazy Lester, l'une des dernières légendes vivantes du blues des marais, a été récompensé fort justement en 1987 par un WC Handy Award (Best Contemporary Blues Album). Entouré d'une bonne formation composée de Sue Foley et Derek O'Brien (guitar) de Sarah Brown (bass) et de Mick Buck (drums), Lazy Lester, et ses 68 printemps, réussit à donner ici sa véritable mesure, bien que diminué physiquement. Son entame " boogisante " est dévastatrice sur " I need money ". Ce " shériff du blues " surfe magistralement dans les eaux " boueuses " du bayou avec son harmonica incisif supporté par la guitare rythmique efficace de Sue Foley. Ecoutez la superbe version de " The Sun is Shinning" de Jimmie Reed. Le phrasé du maître souffleur est terrien sur " Strange Things Happen " comme au bon vieux temps avec son complice Lightnin'Slim. Jay Miller doit sourire : " I'm a lover not a fighter " n'a pas pris une ride même si la voix de Lazy est désormais voilée… Pas d'esbrouffe sur ce disque : ça swingue dur ! Un moment d'émotion et de pur bonheur sur " Nothing but the Devil " et " My home is a prison ". Lazy Lester homme orchestre, cymbalette bricolée au pied, y joue en solo son blues le plus roots, rustique et ô combien envoûtant. Il ne manque que le son strident des crapauds buffles et une assiette de jambalayah remplie de crawfish pour parachever la fête au Bayou ! La fin de l'album est du même tonneau : les morceaux s'enchaînent avec brio accompagné par la guitare efficace et discrète de Derek O'Brien soutenu par un très bon Mick Buck. Ne vous y trompez pas : ce disque est une des meilleures productions actuelles du Louisiana swamp Blues. Sans aucune hésitation.

Clarence " Gatemouth " Brown :

Back to Bogalusa BLUE THUMB Records 549785-2/Universal Music Jazz

Cet autre légendaire septuagénaire (77 ans)qui a tapé dans l'œil de T-Bone Walker en 1947 (en lui empruntant sa Gibson sur la scène du célèbre Peacok Club de Don Robey à Houston) est un musicien unique qui apprivoise avec talent tous les styles. Multi instrumentiste, il joue avec brio de la guitare, violon, harmonica, Mandoline, Viole et.. de la batterie. C'est d'ailleurs à la batterie que Clarence Brown commencera sa carrière pendant la seconde guerre mondiale. Clarence " Gatemouth " qui est né en Louisiane, chère à son cœur, aime à travailler au studio " In The Country " de Bogalusa. Un signe du destin ? " L'acoustique y est excellente, et je peux me détendre, faire les choses à ma manière " explique-t-il. L'idée de Clarence est que les gens puissent se faire une bonne idée de ce qu'est la vie dans le Bayou, là ou la nature et l'homme coexistent. Le pari est réussi. Les guest Sonny Landreth à la guitare slide " Folks Back Home " et l'accordéoniste Cajun Zachary Richard " Beau Brigde Rag " " Louisian' " venus en voisins, donnent la réplique au Maître, lui qui a brillamment inspiré Frank Zappa, Albert Collins ou encore Joe Louis Walker. " Going Back to Louisiana " est la démonstration du groove voulu par Clarence Brown sur cet album. Les senteurs swinguantes de Louisiane et plus généralement l'ambiance du Sud profond embaument cet album bourré de références, comme dans la version splendide de " Dixie Chicken " (composée par Lowell George avec Little Feat) ou l'humoristique " Dangerous Critter " titre que Clarence a écrit qui évoque l'Alligator vivant sous sa maison…! Peut-être un clin d'œil à " See you Later Alligator ", tube des années 50 écrit par Bobby Charles qui signe deux titres de ce disque. Un album rafraîchissant avec une production de rêve en direct du Bayou par un musicien génialement inclassable qui fera vibrer votre platine comme là-bas !

Lucky Perterson :

Double Dealin B LUE THUMB 549 475-2/ Universal Music Jazz

Le long solo électrique de "Double Dealin" qui ouvre l'album caractérise le style de blues contemporain qu'affectionne Lucky Peterson. Une guitare démonstrative sublimée par une orchestration taillée à sa mesure pour lui permettre de briller ! Briller, c'est ce qu'il fait d'habitude, qui plus est lorsqu'il sait s'entourer de bons sidemen. Or, cette fois-ci, il y a du beau monde ! Les Texacali Horns, dont il a déjà été question dans cette rubrique, fourbissent une section cuivre de choc outre une rythmique de rêve du " groover " Reggie McBride (ex bassiste de Stevie Wonder). Cet album convainc aussi (et surtout) grâce au Lucky intimiste. Comment résister à l'attrait des superbes blues soul lents de l'album qui magnifient sa voix d'ange " When my Blood Runs Cold " " don't try to explain " " When Can a Man Go " Objectivement, peu de bluesmen de cette génération sont capables de transmettre une telle intensité. Ceux qui l'ont vu en concert, savent de quoi il en retourne. Ce disque marque assurément un tournant dans la carrière de Lucky Peterson. Remember the Day ! Recommandé, pour le fun bien sûr.

Willie Kent :

Comin' Alive BLUE CHICAGO BC 5006/Socadisc

Encore un Willie Kent diront certains. Chic alors diront les autres. Ils auront raison ! On ne peut pas ne pas s'attarder sur une livraison de cette qualité. Pour sa 11ème galette (tout enregistrement confondu), Willie Kent a enregistré son premier disque auto-produit en partenariat avec Twist Turner et le prometteur Haguy F. King sur le label Blue Chicago qui nous a déjà habitué à d'excellentes livraisons.(cf acoustic Blue Chicago) Bon plan puisque 10 titres sur 12 sont écrits de la plume du bassiste chicagoan. Sur " Lonely Streets " Haguy F. King démontre qu'il est un brillant guitariste au jeu enlevé et plaisant, comme la scène chicagoanne sait en produire régulièrement : cf Rockin' Johnny. Le très long morceau introductif " Born in the Delta " rappelle que Willie Kent a vécu une enfance difficile dans le Mississippi, avant de monter à Chicago au contact des maîtres du genre . " I was born in the Delta about 100 miles south of the Dixie line. I was choppin' and pickin' cotton/Way before I was the age of nine". De fait, le blues puissant et rugueux du West Side est bien représenté sur " Check it out " "Lonesome Whistle Blow" ou " Sittin here Thinkin' " qui mettent en exergue la voix aux intonations gospélisantes de Kent derrière la guitare du petit nouveau " King " qui prend feu. La version de " I can't stop loving you " de Don Gibson est somptueuse d'équilibre entre voix et guitare. Les gents de Willie sont de parfaits sidemen, notamment le pianiste Erskine Johnson , sur " Something New " et . Le final est magique sur " Someone you should Know " très churchy sur lequel les cœurs du " Gospel Supremez " s'envolent vers les cieux du blues. La messe est dite… avec une heure d'enregistrements ..divins !

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Lisieux Blues Festival

date: 10 octobre 2001
de: Docteur Blues <jerome.travers@free.fr>
(photo de l'auteur)
C'est bien pour Lisieux qu'il a fallu m'embarquer pour ce premier festival de blues de l'automne. Après la grande vague de l'été Cognac, Cahors etc... c'est la Normandie qui est à l'honneur en ce mois d'octobre puisque Lisieux et Blues à Gogo du Havre s'enchaînent à une semaine d'intervalle.
Arrivé sur le parking du Parc d'exposition, je rentre accueilli par les Ruine Babines et Manivelle qui on animé les rues de Lisieux toute la semaine.
– “ Bonsoir, j'ai une accréditation : Docteur Blues ”
– “vous êtes combien ?”
– “2...”
Je tombe ensuite sur Didier Chaumier, le Webmestre du site du festival, il me remet, Oh ! immense honneur, un badge VIP.
J'ai le temps de dire quelques mots à des connaissances de la région du côté du bar avant que le show commence...
Sur scène Joe Silver et Didier Cantegrit. Le premier est américain et installé dans la région depuis un moment, le second est normand, genre guitar hero régional. Ces deux là, aidés du pianiste, enflamment la salle. Didier Cantegrit sait utiliser le couple Gibson/Marshall et du moment qu'il fait chialer ou rugir la guitare ça nous va !
Joe Silver a une bonne voix crédible, il alterne un répertoire de classiques et de compos. On décloisonne sans peur : "You gotta move", "Stop breaking down" s'alternent entre des compos country rock très plaisantes, ça fait très "Allman Brothers". Les deux solistes piano et guitare dialoguent à coups de triolets et enchaînent les climats. Le band vole le show : ils se sortent bien de "Thrill is gone" et d'une bonne version de Polk Salad Annie pour conclure. En rappel c'est du délire : "Sweet Home Alabama" (dans un festival de blues ! faut oser) et "It's all over now". Didier est fan de Johnny Winter.
A l'entract je tombe sur Marc Loison (Sweet home Chicago) et un allumé (pire que nous tous réunis) : Joël Bizon correspondant pour le fanzine "Blues Feeling".
Red House (photo Jérôme Travers) j'allais oublier que pendant ce temps là Red House tape le blues sur une petite scène à côté du bar. C'est frais et sympa et les lascars ne se prennent pas la tête.
La scène est enfin prête pour l'évènement du jour : L'avant première de Blues Odyssey.
JJ Milteau débute seul en scène. On nous a prévenu : le flash est autorisé que sur les trois premiers morceaux. Le Maître enchaîne les instrumentaux et heureusement il se fend de quelques commentaires et même d'histoires drôles car au bout d'une demie heure la salle commence à se vider. L'absence de chanteur se fait cruellement sentir et Mighty Mo Rodgers, quant à lui, se fait attendre. Seul Manu Galvin s'en tire à merveille. Ce soir, Il fête dignement ses 43 ans, il illumine par sa technique : c'est le Killer à la telecaster. Merci Manu. Quant à Jean-Michel Kajdan de toute évidence il passe à côté du show... Il est temps de sortir Mighty Mo Rodgers... J'attendais "Heart Of Gold"... J'ai eu "Heart of Gold". Le show se temine. Les rappels : "Gloria" le vrai Joke de la soirée. Milteau chante Ô miracle ! Sainte Thérèse priez pour nous ! ouf c'est fini il est temps de filer... mais le band revient sur scène
pourquoi ? Non il va pas oser ! "Sweet Home Chicago" putain et c'est Milteau qui chante encore Mr Rodgers semble ne pas connaître ses classiques. Je quitte la salle frustré sans avoir connu le grand frisson.
Il faut absolument revoir la programmation pour la prochaine édition. Je suis sûr que la petite association "Jazz Calva Blues" va savoir relever ce défi et repartir sur de bonnes bases. Elle pourra compter pour cela sur la jeune scène blues française qui ne manque pas de vrais talents qui sont autant de vrais bluesmen.

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Jean-Jacques Milteau
et Mighty Mo Rodgers

au Festival de Jazz de Rive de Gier

date: 18 octobre 2001
de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>
(photos de l'auteur)
Jean-Jacques Milteau (photo Philippe Espeil)

Mighty Mo Rodgers (photo Philippe Espeil)

Cette année, le festival de Jazz de Rive de Gier recevait Jean-Jacques MILTEAU et Mighty Mo RODGERS. Etant donné l'organisation très décentralisée du festival, le concert avait en fait lieu à Saint Chamond (42), à un peu plus de 50km de Lyon.

La soirée a commencé avec quelques titres joués par Jean-Jacques et Manu GALVIN à la télécaster. Pour avoir assisté à un concert de Jean-Jacques MILTEAU et Manu GALVIN quelques mois plus tôt, je dois avouer avoir été agréablement surpris par Manu GALVIN à la guitare électrique. Il a pris de beaux solos et le fait d'être debout (plutôt qu'assis comme les deux fois précédentes où je l'avais vu) le rend finalement plus dynamique, plus vivant, et attire beaucoup plus l'attention. Jean-Jacques MILTEAU, fidèle à lui-même, a été exemplaire techniquement. Il a joué plusieurs morceaux d'horizons bien différents, gigue irlandaise, musique sud-africaine, bref son show " pédagogique " habituel (oui, oui, celui avec les mêmes vannes téléphonées) avec Manu revenu pour l'occasion à l'acoustique sur une Takamine (soit dit en passant, je n'ai vraiment pas de chance avec Manu car son son en acoustique était assez désagréable, surtout une corde qui frisait - problème d'approvisionnement de corde paraît-il.).
Pour la suite, Bobby RANGELL au saxo est venu prêter main forte. Bobby, en plus d'être un excellent musicien, est un personnage hors pair qui s'amuse constamment sur scène. Lors de ses solos, il a des mimiques et prend des postures qui font sourire mais, ne nous trompons pas, quel souffle ce petit bonhomme ! Quel talent ! De plus, Bobby RANGELL joue aussi de la flûte traversière (je ne connaissais et n'avais vu que Johnny HEARTSMAN le faire) et a su intelligemment placer cet instrument (avouez qu'en blues, c'est quand même pas évident).
Après quelques morceaux comme " Insouciance " de l'album " Bastille Blues ", Jean-Jacques MILTEAU a enfin annoncé l'invité tant attendu, Mighty Mo RODGERS. Accompagnés de André CHARLIER et Benoit SOURISSE respectivement à la batterie et à l'orgue Hammond, le groupe nous a servi un ou deux titres joués tous ensemble, avant que Jean-Jacques ne nous laisse avec Mighty Mo RODGERS. Mighty Mo a alors surtout joué des extraits de son dernier album " Blues Is My Wailin' Wall ", notamment "Sweet Soul Music ". Il est toujours aussi débordant de sentiments dans sa musique. Il la vit du fond du cour et ça se sent. On retrouve le côté fervent du gospel, l'aspect swinguant de la soul. Lors de ce concert, j'ai pu apprécier son jeu aux claviers, sa voix, et la grandeur humaine de cet homme.
Jean-Jacques ayant rejoint la scène, le public a pu apprécier la couleur du nouveau MILTEAU. En effet, c'est une petite révolution de voir à quel point Jean-Jacques MILTEAU a su rendre sa musique humble vis à vis des autres instruments. De ce fait, la présence de l'harmonica, qui n'est plus prédominante, se mêle mieux aux autres sonorités et il y a une sorte d'équilibre, d'osmose entre les musiciens qui fait que MILTEAU.ne fait plus du MILTEAU. On a alors écouté de superbes interprétations, dont " Gone Fishin' " que l'on trouve sur " Blues Is My Wailin' Wall ", commencé sous une forme pleine d'humour et qui fut très entraînante. Pour finir le show, le public a chanté " Gloria " avec Jean-Jacques (au chant), ce qui donna lieu à un rappel demandé par une standing ovation. On eut droit à un standard de twist, histoire d'essayer de faire danser un peu la salle.

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Harmonicales de Condat

date: 15 octobre 2001
de: Benoît "Planet Harmonica" Felten <ben@planetharmonica.com>

Je reviens du festival d'Harmonica de Condat sur Vienne (près de Limoges). Ces Harmonicales se déroulent à Condat pour la deuxième année consécutive, et j'en reviens avec de la musique et des idées plein la tête, et des nouveaux amis plein le carnet d'adresse.

Je ne vais pas parler que de blues, j'espère que vous ne m'en voudrez pas trop, mais il faut que ça sorte. Et puis, on va quand même parler de blues aussi !!!

Les Harmonicales de Condat c'est un petit festival organisé par des bénévoles de l'association Harpedge de Limoges dont le leader de fait (même s'il n'est pas président) est Laurent CAGNON, harmoniciste que certains d'entre vous ont pu entendre dans son duo de blues et plus "Ruines-Babines et Manivelle". Le fait que ce soient des bénévoles qui organisent le festival n'est d'ailleurs certainement pas étranger à l'ambiance exceptionnelle qui y règne, très conviviale et relax.

Le festival se déroule sur cinq jours, dont les deux premiers sont consacrés à des initiatives locales avec les écoles, les hopitaux, etc. Les trois derniers, en l'occurence du 11 au 13 Octobre, proposent des stages de cours, des séminaires et (bien sûr) des concerts.

Je suis donc arrivé Mercredi soir de Paris accompagné par mon bon ami et excellent harmoniciste David CHALUMEAU qui sévit dans le groupe Swampini, comme certaines d'entre vous le savent déjà. On a récupéré au passage Laurent, un pote de Nice qui était venu en avion. Jeudi matin, à la fraîche, nous voilà arrivés à Condat où je dois donner deux matinées de cours à 5 élèves du niveau "confirmé". Sans vous noyer dans les détails techniques, on a parlé overblows, jeu rapide, mais aussi, comment forger son identité musicale et comment jouer autre chose que du blues. Aïe, me tapez pas dessus ;-)

Mes "élèves" étaient tous d'un très bon niveau avant d'arriver, et l'un d'eux mérite une attention particulière : Alain VITEL est un très bon harmoniciste blues, qui joue dans plusieurs formations. Il a tout intégré du jeu de Sonny Terry, et le mimétisme est d'autant plus frappant qu'Alain est non-voyant. C'est certainement un type à suivre. Il m'a laissé des disques de démo dont je vous dirais plus lorsque je les aurai écoutés.

Les après-midi des deux jours de cours étaient consacrés à des masterclasse, de Michel HERBLIN sur "Le Son" le premier jour et de Nico TOUSSAINT sur "L'Amplification" et Brendan POWER sur "La Musique Irlandaise" le second jour. Les masterclasse se sont super bien déroulées, et des personnes extérieures qui n'avaient pas suivi les cours sont venus y assister. Il y a même un type qui est descendu de Belgique pour assister au concert et au masterclasse de Brendan Power qui ne passe pas souvent en concert en Europe !

Les concerts, parlons-en. Le premier soir, ça a commencé sur les chapeaux de roue. Les Chats Variés sont un duo de "chanson française" du sud de la France. Eric CHAFER, l'harmoniciste, joue aussi de la basse, et généralement pas d'harmo plus de trois/quatre morceaux par concert, mais vu le contexte du festival, ils avaient un peu ajusté leur répertoire. Imaginez un peu un type un peu enrobé (mais moins que moi ;-), barbu, le teint olive des gens du sud de Toulouse et l'accent chantant qui monte sur scène... Il sort d'une trousse une sorte de barre/plaque métallique d'une quinzaine de centimètres de long qu'il coince dans un mouchoir avec un petit micro. Et là, les phrases d'harmos les plus étonnantes qu'il m'ait été donné d'entendre surgissent : un son rond et chaud, des phrases véloces qui surfent sur des accords jazz sans pour autant perdre l'auditeur. WOW ! Tout le monde était sur le cul. Au bout de quelques morceaux, Eric lache l'harmo (qu'il a fabrique lui-même et donc l'accordage est extrèmement atypique, pour ceux qui veulent en savoir plus, écrivez moi en privé) pour la basse acoustique, et là, il s'avère être un bassiste aussi étonnant qu'il est harmoniciste. Le répertoire a donc oscillé entre du jazz acoustique et de la chanson française, des textes drôles qui ne sont pas sans rappeler Brassens, chantés par Francis, le guitariste, qui a aussi l'accent chantant de Toulouse. Superbe. Tout le monde en est resté baba...

Deuxième partie de soirée : Brendan POWER accompagné au bouzouki par Michael Lempelius. Brendan est une pointure de l'harmonica celtique, mais ses influences musicales vont du blues à la musique bulgare en passant par le jazz et les mélodies nippones. Le concert comporte un certain nombre de "standards" irlandais mais aussi des compositions très intéressantes dont le "Real Blues Reel", un reel irlandais basé sur des gammes blues, qu'il m'a d'ailleurs dédicacé, j'étais pas peu fier !!! Un concert superbe aussi, très varié et plein de feeling.

Ayant rejoint mon lit fort tardivement mais devant assurer aussi les cours le lendemain matin, j'ai préféré ne assister aux concerts du Vendredi soir, pour reprendre des forces pour le Samedi soir. Je ne peux donc pas vous en dire beaucoup plus sur Jean-Luc PEILHON sinon que son CD est très intéressant, dans un style arabo-andalou pas très éloigné de Renaud Garcia-Fons. Plus de l'harmonica ! Vendredi soir, nous avons récupéré à la gare Xavier, celui qui poste sur LGDG et qui aime Rod Piazza pour le week-end [NDLR: il s'agit de Xavier Lanusse-Cazalé!]. Il pourra sans doute vous donner ses impressions sur les concerts auxquels il a assisté.

Enfin, le samedi soir était la soirée blues. Première partie, Philippe MENARD, dont je crois bien qu'il est un des poulains d'Harmo [NDLR: Alain leclerc]. Pas un virtuose de l'harmonica, mais le peu qu'il joue sonne pas mal, c'est sympa. Par contre, pour le reste, il est vraiment étonnant : homme-orchestre blues et blues/rock, il joue guitare, harmo, chant et batterie avec une coordination à faire palir d'envie les organistes qui jouent la basse au pied. En plus, il a une variété dans les accompagnements de batterie qui lui permet de vraiment installer des climats et de changer radicalement l'esprit des morceaux. Lorsqu'il passe en "électrique" on pourrait facilement croire qu'il s'agit d'un groupe au grand complet ! Et, cerise sur le gâteau, il joue de la guitare avec une finesse étonnante en cet âge de guitar heroes. Bref, super mec, super début de soirée.

le concert de Nico Wayne Toussaint,
par Xavier Lanusse-Cazalé <xlcazale@9online.fr>:
Je ne connaissais Nico Wayne Toussaint que par CDs interposés et appreciais deja beaucoup. Le show a franchement tout cassé: un vrai showman que je met (et ca veut dire beaucoup pour moi) au rangs des Rod Piazza et autres pour la coté "entertainer" de la performance scénique. Ca va de l'intime (dans une salle des fêtes, pas un bar du south side!) a la "grosse artillerie" avec toujours un savant equilibre qui fait qu'on ne s'ennuie vraiment pas. Mais alors pas du tout. Nico c'est du 100% sincérité dans son jeu comme dans sa communion avec le public: on a eu droit a certaines petites histoires liées a certains morceaux et on sentait que c'etait pas du flan et que ce qu'il racontait etait tres personnel. On voyait presque les yeux briller :) Je viens de Pau et ca me fait chaud au coeur de savoir que lui aussi.
Nico Wayne TOUSSAINT venait donc clore ce festival. D'une certaine manière, il était tendu car, comme il le disait lui-même, il n'avait jamais joué devant tant de gens qui s'y connaissaient sur l'harmo !!! Du coup, il a mis le paquet et le concert n'en était que meilleur. Julien, le pianiste, a cassé la baraque, tout le groupe était dedans à fond et ils avaient l'air de s'éclater. Sur un blues lent, Nico est descendu dans le public, comme il le fait habituellement à chaque concert, mais cette fois après avoir chanté et joué dans les travées, il est venu s'agenouiller devant David CHALUMEAU et lui a demandé de le rejoindre. David a sorti un harmo et tous les deux ont joué ensemble au milieu de public, se répondant. Absolument superbe. Quelques morceaux plus tard, Nico m'a invité à jouer avec eux. J'ai joué sur "Champagne and Reefer", et je me suis dit que j'avais oublié à quel point il était plaisant de jouer amplifié avec un groupe bien mené qui sait jouer mais qui sait aussi être dynamique. Je n'ai rien fait de bien exceptionnel (dans ces moments là, on assure !) mais je me suis bien éclaté.

Le moment vraiment magique de la soirée, ça a été quand Nico a invité Brendan Power à jouer avec lui. Brendan, bien que n'étant plus un harmoniciste de blues a proprement parler n'a pas moins commencé avec la musique du diable, et il est plus que capable de le démontrer. Nico faisait les yeux ronds en entendant les phrases bien nettes et véloces de Brendan, ses trilles surprenantes mais hyper bien senties, et son vibrato rond et superbe. Si bien que Nico lui a demandé de rester pour un second morceau. Ils ont fait "Mojo Working", avec un super break au milieu ou tous les musiciens sauf le batteur ont laissé Nico et Brendan jammer. L'un des deux assurait la rythmique pendant que l'autre prenait des solos. C'était absolument magique et le public était plus qu'enthousiaste ! Nico et ses acolytes ont joué plus de trois heures pour finir le concert avec Philippe MENARD et Laurent CAGNON en guest, tout le public dansant devant la scène.

Inutile de dire qu'il avait beau être deux heures du mat, on est sorti de là avec une pêche d'enfer et que l'heure de route pour retrouver le lit est passée comme une brise. Je reviens enchanté de ce festival qui tranche vraiment par sa convivialité et son ambiance sympa. Tous les artistes qui l'ont pu sont resté et ont discuté avec des fans, des harmonicistes ou juste des amoureux de musique. Ca jouait un peu dans tous les coins, on échangeait conseils et techniques ou alors on allait s'improviser un boeuf avec une guitare (et un guitariste) qui trainaient par là.

Bref, même si ça aide, je ne suis même pas sur qu'il faille être harmoniciste pour apprécier ce festival. L'ambiance, la musique, la région sympa, tout ça contribue à en faire un moment exceptionnel. J'espère juste que l'an prochain, le bouche à oreille aidant, plus d'harmonicistes ou de fans d'harmo feront le déplacement. Laurent Cagnon m'a raconté que certains harmonicistes pro ou semi-pros lui auraient dit que s'ils n'étaient pas programmés ils ne se déplaceraient pas pour le festival. C'est une attitude un peu ridicule et j'espère bien que d'ici quelques temps ils se rendront compte qu'on peut n'être que spectateur et prendre son pied néanmoins...

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New Morning:
Deborah Coleman et Jesus Volt

date: 10 octobre 2001
de: Christophe Tof Godel <christophe.godel@freesbee.fr>

Lundi 9 novembre, à Paris, le New Morning accueillait Deborah Coleman pour la première fois depuis 2 ans et demi. Le groupe parisien Jesus Volt faisait la première partie.
Je dois dire que j'étais venu pour gouter de nouveau à la musique du groupe français, dont je suis plutôt fan je dois dire, mais aussi pour découvrir Deborah Coleman, que je n'avais jamais vu.

Jesus Volt, maintenant sur le label Magic Blues (aupravant, ils étaient chez Outside Records), nous a servi une bonne prestation. Ils ont joué une heure. Leur set était essentiellement blues. Il y a eu beaucoup moins de titres à la frontière du blues et d'autres mouvances. Ceci dit, j'en entend certains déjà qui doivent se dire que même leurs titres dit "blues", n'en sont pas :) Jesus Volt fait partie de ces groupes qui font un peu polémique dans le milieu, un groupe aux multiples influences, avec véritable talent d'adaptation musicale.
Je ne vais pas de nouveau dire tout ce que j'ai déjà évoqué précédement ici. On y retrouve l'ambiance de leur disque. La qualité de la salle m'a permis d'apprécier encore plus leur talent musical dans son ensemble. J'étais en compagnie d'amis qui ne connaissaient pas forcément, et qui ont apprécié. Il est évident que ce groupe dégage quelque chose sur scène, et que les non-initiés au blues s'y retrouvent du fait de l'influence rock, 70's. Le groupe a reçu un très bon accueil, et il n'y avait pas que des fans dans la salle :)

Ensuite, la belle et talentueuse Deborah Coleman fit son apparition pour un show de quasi 2 heures. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, j'apprécie en génèral ses disques, notamment le tout dernier. Et je dois dire que je fus plus qu'agréablement surpris.
Je ne m'attendais absolument pas à une telle qualité de jeu, de son, et de chant. Elle tourne avec un nouveau groupe. Malheureusement, je n'ai pas retenu le nom de ses musiciens, mais il faut donner ici une mention spéciale à son batteur (M. Williams?). J'ai adoré son jeu qui n'était pas toujours convenu. Il faut dire qu'avec le style de la dame, il y a moyen de sortir des sentiers battus. Je crois qu'elle a joué tous les styles de blues électriques depuis les 60's (sauf bottleneck). Chicago, Texas, Jump, Slow blues, etc. rien ne lui échappe.
On sent effectivement bien l'influence du blues blanc dans ses morceaux (voir interview de René Malines pour la Gazette de Greenwood n° 17). Tel les grands guitars hero du blues, elle aime les morceaux de plus de 10 minutes et les envolées lyriques ! Elle est allé jusqu'à faire une cover (Changes) de Jimi Hendrix (cité comme une influence majeure) qui m'a littéralement laissé sur le carreau !
Ce n'est pas pour me déplaire dans ce cas précis, surtout quand il y a la grace en plus !

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Big George Jackson (photo Jocelyn Richez)

espace JR Caussimon:

Big George Jackson

date: 28 Octobre 2001
de: Jocelyn Richez <jrichez@noos.fr>
(photos de l'auteur)

J'étais hier soir comme la grande majorité des fans de blues parisiens à l'espace JR Caussimon pour ce qui était l'évenement blues de la semaine: le premier concert en région parisienne d'un bluesman américain encore trop méconnu mais très prometteur (il a a déjà 52 ans) : le chanteur harmoniciste Big George Jackson.

Je peux vous garantir que le qualificatif de "big" n'est pas usurpé: il a un gabarit imposant typiquement américain, quand on est en face du colosse, on a vraiment l'impression d'être tout petit.

Big George Jackson, pour cette longue tournée européenne est venu avec son groupe au grand complet, tous les musiciens qui ont enregistré avec lui les deux cd sur le label Black & Tan (Beggin' Ain't for me-1998 et Big shot-2001) étant présents, en particulier les 2 guitaristes: Jeremy Johnson et Phil Schmid. Le groupe joue et tourne ensemble depuis 3 ans et ça se sent: le groupe tourne à plein régime avec une cohésion remarquable. Le jeu de scène de Big George est sobre et sans fioriture, il ne cherche pas à épater la galerie, il ne se compromet pas dans des effets aussi factices qu'inutiles, se concentrant uniquement sur le blues et c'est tant mieux. Big George Jackson (photo Jocelyn Richez)

Ce qui m'a le plus frappé durant ce concert, c'est que le répertoire joué durant les 2 sets ne comprenait que très peu de reprises (contrairement à ce qu'on a l'habitude d'entendre même avec de grandes stars comme Magic Slim, Willie Kent ou John Primer) car Big George Jackson est un auteur compositeur assez prolifique.

Hier, le colosse de Minéapolis est apparu très décontracté, laissant l'impression d'une force tranquille (pour utiliser une expression qui fut à la mode il y a quelques années), ne forçant jamais au chant, se contentant de soli relativement brefs à l'harmonica.

A tel point qu'il s'est par moment fait prendre la vedette par ces deux remarquables guitaristes, en particulier Jeremy Johnson qui m'a fait très forte impression dans ses long soli tout en finesse, avec une grosse influence west coast. J'ai mieux compris à la fin du concert quand il m'a indiqué qu'il était le guitariste de RJ Misho quand celui ci était basé à Minnéapolis, et qu'il a rejoint le groupe de Big George quand RJ Misho a émigré en Californie. Il m'a cité T Bone parmi ses influences majeures, ce qui qemblait évident à l'écoute du concert. Le 2ème guitariste Phil Schmid était excellent, dans le même style, il faut dire qu'il a fait partie du groupe de Lynnwood slim.

Malgré cela, le style du groupe était très marqué "Chicago blues", mais avec un côté très swinguant. L'espace JR Caussimon était bien rempli hier soir avec un public de connaisseurs qui apprécié le concert, réservant un succès mérité au Big George Jackson Band.

Comme beaucoup de spectateurs présents hier, j'aurai l'occasion de le revoir le 17 novembre à Utrecht.

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Un spectacle de Richard Bohringer:

C'est Beau Une Ville La Nuit

date: 17 octobre 2001
de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>
(photo de l'auteur)
Jeudi 11 octobre 2001, la salle Albert CAMUS de Bron, en banlieue lyonnaise, accueillait Richard BOHRINGER et son groupe One Take. S'il n'est plus la peine de revenir sur l'acteur, il est peut être utile de souligner pour l'amateur de blues que Richard BOHRINGER a aussi écrit 2 livres dont le premier, intitulé " C'est Beau Une Ville La Nuit ", est sous-titré " Blues ". C'est aussi le nom qu'avait choisi Richard BOHRINGER pour son émission de radio, sur Europe2, dédiée au blues.

Le spectacle " C'est Beau Une Ville La Nuit " se propose de mettre en musique les textes de Richard. Paradoxalement, la musique choisie n'est pas vraiment empreinte de blues mais évolue plutôt entre le funk, la musique d'ambiance de film, la musique latine. Une ambiance particulière est créée et, emporté par les textes de Richard, on voyage avec les lui, ses rêves, ses délires, avec son expression. Richard installe un univers bien à lui et convainc par la sincérité de son interprétation. On ne peut pas vraiment parler de chant car le ton est sans doute trop monocorde, plus proche de la diction, mais c'est un véritable jeu d'acteur, porté par la musique.

Le groupe One Take montre beaucoup de maîtrise instrumentale, de professionnalisme, gérant à merveille les changements de style et de rythme. J'ai notamment été séduit par les solos de Philipe FALCAO (guitare) et Bertrand RICHARDY (piano).

Sur le plan musical, très peu de blues donc. Le blues, il fallait le reconnaître dans les textes de Richard BOHRINGER qui raconte les souffrances, les injustices de la vie qui peuvent surgir au coin d'une rue, le déchirement des adieux, la difficulté d'assumer ses rêves et le temps qui passe. Mais il nous raconte aussi Polo, l'ami imaginaire (pas tant que ça) soumis aux confessions et complice des coups de blues, et puis le bonheur d'instants qui marquent une vie et redonne un peu d'espoir pour poursuivre.

Des textes tout à fait adaptables au blues, ce qui m'a fait regretter que la musique choisie n'y corresponde pas plus. Ce fut cependant deux heures de bon spectacle avec un Richard sensible, humain, avec toujours autant d'émotion à véhiculer.

Sylvio MARIE (basse), Olivier MONTEILS (batterie), Pierre MARIE (clavier), Arnaud FRANKFURT (percussions).

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Notre Supplément détachable:
Muddy Waters : The Complete Plantation Recordings

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