n°40 (février 2002)
Tome 1
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Les Bo Weavil le charançon du coton qui dévore tout sur son passage ! |
Les Bo Weavil ont encore frappé ? Une simple piqûre de DDT ne peut venir à bout du "charançon" du coton, attrapé, dompté et propagé par ce duo vacciné au blues des fifties, qui connaît une fulgurante ascension et une notoriété amplement méritée. Matt et Vince parlent de leur musique, de leur quotidien, de leur vie de routard tout simplement. Au-delà des clichés et des idées reçues, l'authenticité et la modestie de ces deux artistes passionnés apporte une bouffée d'air bienvenue. Pour la gazette de Greenwood, Boogie Matt (guitare, harmonica) et Sleepy Vince (contrebasse, washboard, batterie) se sont prêtés au jeu de l'interview lors de leur passage à Lyon au bar TSF. C'était le 28 décembre 2001.
LGDG: Matt, quel a été ton parcours musical après que tu sois venu jouer en 1997 sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon ?
Matt: J'ai pris beaucoup de plaisir à jouer à une époque à Lyon, notamment aux Loufiats, bien que la base du groupe se soit constituée bien avant avec Vince (Vincent Talpaert). Au début, nous avons bossé et joué en tournée ensemble. On a embauché un batteur assez rapidement qui a été changé une ou deux fois. Ensuite, Vince a joué quelque temps avec les Doo the Doo. J'ai de nouveau joué seul en venant à Lyon jusqu'à ce que Vince revienne.
LGDG: Ton style a-t-il évolué depuis ton époque lyonnaise ?
Matt: Mon style a beaucoup évolué. En quoi ça a pu évoluer ? Une recherche un peu plus fine du style, du répertoire... A Lyon, je jouais beaucoup de la guitare sèche, parce ce que je n'avais pas de guitare électrique (!) . Des trucs à la Robert Johnson, Bukka White, qui étaient plus adaptés à un jeu en solo. A plusieurs, on peut travailler avec la guitare électrique des morceaux plus " rock'n'blues ".
LGDG: Pourquoi avoir choisi de vous appelez Bo Weavil ?
Matt : Evidemment ! c'est le nom du charançon du coton. A l'époque, c'était synonyme de famine, de misère, et donc de blues. Plus tard, on le retrouve, dans un texte de Little Walter, entre autres, comme un symbole des blacks contre l'oppression blanche. La petite bête noire dans le coton blanc, pour imager, en quelque sorte !
Or, pour nous, on bouffe du coton, on bouffe du blues toute la journée, parce qu'on aime et qu'on écoute que ça. En même temps c'est aussi essayer de faire vivre encore le charançon, même si on a inventé le DDT qui ne lui laisse aucune chance de survivre. C'est aussi une image pour combattre l'oppression de la techno...
Vince : je me souviens que plusieurs personnes nous ont dits au cours des tournées, que Bo weavil, ça ressemble au nom d'une personne, comme Bo Carter, Bo Diddley. On a donc trouvé l'idée intéressante de choisir un nom impersonnel car nous sommes plusieurs dans le groupe. En fait, les gens sont persuadés que c'est un nom d'artiste...(rires).
LGDG: Qu'est-ce qui vous branche musicalement parlant ?
Matt : au départ, j'écoutais surtout John Lee Hooker, Robert Johnson, des musiciens acoustiques. Mais, c'est surtout Vincent qui m'a fait découvrir des bluesmen comme Lightnin' Hopkins, Frankee Lee Sims. Vince m'enregistrait des cassettes, mais ne me marquait pas le nom des auteurs !
Vince : pour moi, les influences vont des origines du blues aux années 60, en passant par Little Richard, autant que Frankie Lee Sims, Bo Carter, Otis Redding. Quand tu les écoutes, c'est la claque. En fait, c'est la qualité et l'originalité de la musique noire américaine qui m'intéressent.
LGDG: Un titre fétiche ?
Matt : Boogie Chillen de John Lee Hooker. C'est la première version, un morceau phare, qui m'a chamboulé, et qui m'a donné envie de jouer du blues à 18 ans.
Vince : She likes To Boogie Real Low de Frankie Lee Sims.
LGDG: Y-a-t-il un son " made in " Bo weavil ?
Vince : On peut toujours mieux faire ! Le son n'est pas trop compliqué. Je pense qu'il tient plus au travail, à la façon de jouer. Les appareils ne changent pas tellement, il y a des amplis et des guitares comme tout le monde. Après, ce qui arrive à faire la différence, c'est l'approche...
Matt : on s'est équipé de matériel qui nous convient. J'ai trouvé une guitare à 1000 balles qui sonne d'enfer. Mais, c'est surtout dans les doigts, dans l'interprétation... Maintenant, on ne peut pas vraiment faire du blues avec un ampli à transistors ; C'est possible, bien sûr, mais les lampes ont un grain particulier.
Vince : on a essayé les amplis à transistor, comme tout le monde, mais il est vrai qu'il y a une " chaleur " dans les amplis à lampe que l'on arrive pas à retrouver ailleurs.
LGDG: Qu'est-ce qui explique le succès de votre album " Early Recordings " ?
Vince : j'espère que ce n'est pas le son de nos amplis qui va motiver les gens ! (rires)
En fait, on a eu la chance de rencontrer des gens qui étaient intéressés par la même musique que nous, aussi bien le producteur de l'album, Pascal de Lenox Records, grand amateur de blues, que l'ingénieur du son qui nous a enregistré dans un vieux studio avec des micros RCA à ruban, deux, trois lampes et des vieux compresseurs.. Tout cela allait dans la même direction que celle que l'on recherche, le bon blues, avec le son hallucinant de John Lee Hooker sur des enregistrements de 1951 ou ceux de Snooky Pryor...
Matt : on a essayé de déchiffrer cette musique, et la manière dont ils obtenaient un tel résultat. On a constaté que la qualité des micros de l'époque était meilleure qu'aujourd'hui, malgré l'évolution de la technologie. Le fabricant Neuman est d'accord pour dire qu'il n'a jamais réussi à égaler le micro U 47, micro mythique qui vaut une fortune. (Ndlr : la voix de Matt sur le vinyle a été enregistrée sur un Neuman U 47).
LGDG: Est-ce un choix que d'avoir enregistrer pour le premier album exclusivement des compositions personnelles et/ou originales ?
Vince : on s'est retrouvé un peu court avec la proposition d'enregistrement. Avec Matt, on se voyait mal enregistrer des reprises, qui ne souffriraient pas la comparaison avec des originaux.
On avait déjà quelques compos, et on s'est donc mis à speeder et à composer pour avoir du " matériel " à enregistrer.
Matt : on a répété pendant une semaine ! Les mélodies je les ai chantées comme ça me venait. Depuis un an ou deux, nos compositions ont pris une autre tournure, beaucoup plus affinées, notamment dans Hold Me ou Fever Boogie, Lost My Way que l'on a fait évoluer, parce que j'adore ça ! L'interprétation change d'une fois à l'autre.
LGDG: Matt, un mot sur les intonations et la tonalité de ta voix très " roots " ?
Matt : c'est difficile à répondre ! Par certains excès (...) j'ai la tonalité de la voix qui est descendue et je peux de moins en moins chanter dans l'aigu, à la façon d'Elmore James. Je n'ai jamais pris de cours. J'espère ne pas la perdre, ma voix !
LGDG: Votre deuxième album Midnight Rumble porte la marque de fabrique du label " Sun " des fifties. Est-ce un hasard ou un choix volontaire ?
Matt : Non ! c'est Lenox.. (rires) Franchement le son " Sun " c'est le son le plus ultime. On a essayé de bosser dans ce sens là. Si on y est arrivé, tant mieux. Sur " Fool About You Baby " j'avais le son de Joe Hill Louis dans la tronche, on l'a bossé une journée complète pour essayer de trouver le son, et voilà ! On peut en dire autant pour Duckin' § Dodgin' qu'on a fait dans la sauce machin-truc ! Il y a aussi Doctor Ross qui est sur scène aussi…
LGDG: Comment définissez-vous votre musique par rapport aux prestigieux Juke Boy Bonner, Doctor Ross, Jimmy Reed, Joe Hill Louis ?
Matt : C'est une façon de leur rendre hommage. Ce sont des bluesmen qui jouaient guitare harmonica chant. Or, comme ce sont nos instruments… Souvent tu reviens dans ce genre de plan. C'est plus facile que de jouer du Little Walter en faisant tous les plans de guitare.
LGDG: L'important c'est quoi ? de copier ou d'être original ?
Matt : il est évident que le blues ce n'est que du repompage ! Tout le monde a repompé. Je n'aurai jamais la voix de Dr Ross ou de John Lee Hooker. J'ose espérer qu'il y a quand même une entité avec un son Bo Weavil ! Par contre, on n'est pas original dans le sens créatif. On essaye de jouer au plus proche de ce que blues a été à cette époque là.
Vince : on fait nos classes, comme à l'école. Tous les types que l'on écoute faisaient pareil. Ils étaient inspirés par d'autres qu'ils ont vu jouer ou qu'ils écoutaient. Ils avaient tous leurs mentors. A force, en étant eux-mêmes, ils finissaient par faire leur propre truc. Chez nous, il n'y a pas de créativité, à proprement parler, elle viendra peut-être avec le temps.
LGDG: Y a-t-il une méthode de travail originale propre à Bo Weavil ?
Matt : Je raconte une histoire vécue avec les mots du blues, car les mots existent, les rimes aussi, auxquels j'essaie de m'identifier. Avec Duckin' § Dodgin' c'est une reprise que j'ai trouvée sur un disque de prisonniers en Alabama, un disque " mortel " édité sur un label italien. On l'a mis à la sauce Sammy Lewis sur Sun. L'original c'est ni plus ni moins que le plan de RL Burnside sur Poor Black Mattie. Le reste des morceaux du second album c'est des compos écrites par Vincent et moi. (*)
Vince : ne jouant pas de guitare, j'écris des textes avec une idée musicale que l'on travaille ensemble. Il faut que ça colle sur un groove qui peut bien marcher. Les compos c'est moit-moit .
Matt : je trouve assez rigolo que les textes de Vincent m'arrivent dans la vie !
Vince : on peut encore améliorer la qualité des textes. On fait des paroles assez simples, un peu stupides, comme nous (rires). En réalité, on fait des choses dans l'esprit…
LGDG: Musicalement, le deuxième album est plutôt bien conçu. Pensez-vous avoir franchi un cap en l'enregistrant ?
Matt : Non ! L'album " ultime " qui n'existera peut-être jamais, c'est pas cinq jours qu'il faut pour l'enregistrer. Le premier a été enregistré en deux jours et demi. Le second en cinq jours. Tout cela en Suède dans deux studios différents. Chaque propriétaire de studio fait un son différent, avec des vieux amplis qui sonnent super…
LGDG: Un temps fort depuis que vous jouez ensemble ?
Vince : c'est étonnant la poisse qu'on peut traîner à deux ! (rires). On arrive toujours finalement à s'en sortir.. C'est assez marrant.
Matt : on a eu beaucoup de galères ! Mais on ne s'est jamais pris la tête !
LGDG: Votre public est assez large, pas typiquement blues ici et ailleurs. Y a-t-il un dénominateur commun que vous rencontrez dans les différents pays dans lesquels vous jouez ?
En Flandres, par exemple, ils n'aiment pas tellement les francophones ! Non seulement, ils nous ont acceptés, mais carrément déroulé le tapis rouge. Ce qui a fait un trait d'union très net. Les choses peuvent donc changer au niveau du blues, des relations…(silence). Parmi les concerts les plus chauds c'était en Suisse Alémanique à la frontière autrichienne. En fait, on a eu un accueil d'enfer dans beaucoup d'endroits. Finalement c'est en France, que l'on a eu le plus de galères…(rires).
LGDG: Quel est le cd qui tourne sur vos platines en ce moment ?
Matt : Sun records, Joe Hill Louis, Dr Ross, Frankie Lee Sims. C'est une drogue ! On essaie d'avoir des ouvertures, de ne pas écouter que du blues. J'adore le reggae ou le ska. J'ai flashé sur le sound cubain, des années 20/30 même avec un son qui craque. Je suis aussi amoureux de Billie Holliday…
Vince : en ce moment, j'écoute les disques Blues Bird, après guerre, Jazz Gillum, Tampa Red, sinon de la soul et du funk. Les faces Chess de Little Milton qui sont extraordinaires, notamment un live double LP chez Chess qui n'est sorti nulle part ailleurs. Sinon, j'aime bien le jazz New Orleans, Sidney Bechet, Louis Amstrong…
LGDG: Vos projets ?
Matt : en fait on a plein de projets ! j'aimerais bien enregistrer des reprises des standards du Mississippi, genre Rollin' stone, Big Fat Mama, en essayant de le faire version Bo Weavil, batterie contrebasse washboard guitare et harmonica. On en fait plein dans nos concerts, mais je voudrais bien que ça paraisse sur une galette. Ou alors carrément un live. Il y a aussi du boulot pour refaire des compos…
Vince : ouais, moi pareil !
(*) Ndlr : à noter que le pianiste Stack-O-Lu qui joue sur Midnight Rumble a souhaité quitter le groupe à l'automne 2001.
© propos recueillis par Philippe PRETET à Lyon (bar TSF) le 28 décembre 2001.
© 2002 Photos Philippe PRETET
voir aussi l'article "Midnight Rumble with Bo Weavil: un sacré millésime!", la Gazette de Greenwood n°35
Il y eut des guitaristes utilisant des guitares à 12 cordes avant Lead Belly et l'on continue à fabriquer des 12 cordes aujourd'hui mais on peut dire que le marché de la 12 cordes doit presque tout à un instrument et à un musicien. Lead Belly est le seul vecteur de la survivance et de la continuité de jeu sur cet instrument. Aucun autre musicien ne peut s'en réclamer.
Huddie Ledbetter (Lead Belly) est né en 1889 à la paroisse de Caddo au nord ouest de la Louisianne. Il accompagna Blind Lemmon Jefferson entre 1911 et 1913. C'est à ce moment qu'il acquit sa première 12 cordes. En Juin 1918, il fut emprisonné pour meurtre au Texas. Sa peine était de 30 ans, mais le gouverneur de l'époque Pat Neff , ému par une de ses chansons, le libéra en 1925. Il rentra chez lui, mais se retrouva à nouveau derrière les barreaux en 1930 pour tentative de meurtre. La visite de John et Alan Lomax au bagne d'Angola en 1933 permit encore une fois suite à leur enregistrement de Lead Belly de convaincre le gouverneur de le sortir de là ce qui fut fait en 1934.
Lead Belly arriva à New York au début de 1934. D'après Sean Killeen , éditeur de la lettre de Lead Belly, il acquit sa fameuse Stella à 12 cordes en Janvier 1935 et enregistra avec son premier disque en Avril 1935 pour American Record Corporation , les précurseurs de Columbia. Pendant l'été 44, il partit pour Los Angeles ou il devait jouer son propre rôle dans un film sur la vie de John Lomax dont Bing Crosby devait tenir le rôle. Il y séjourna de façon sporadique pendant 8 mois au cours desquels, avec l'aide de Tex Ritter, il enregistra pour le nouveau label Capitol. Il retourna à New York en 1945 ou il décéda en Décembre 1949 au Bellevue Hôpital.
Son répertoire composé de blues, de work songs, de cowboy songs et de chant pour enfants lui apporta un succès d'estime pendant sa vie, mais sans rapport avec sa reconnaissance après sa mort. En particulier avec sa chanson Goodnight Irene. Pendant le Folk Boom de la fin des années 50 / début des année 60 il devint une légende. Son style de finger picking fut souvent imité et ses chansons enregistrées à de nombreuses reprises.
la Stella 12 cordes de Lead Belly |
Pour aussi incroyable que cela puisse paraître, Harmony qui détenait la marque Stella semblait ignorer le lien entre Lead Belly et cette fameuse 12 cordes. Non seulement, il n'y eut pas d'exploitation marketing du nom Lead Belly, mais en plus, la firme ne voyait pas de développement potentiel des 12 cordes. Harmony arrêta la fabrication des Stella 12 cordes en 1958 et ne re-sortit un modèle bon marché sous la marque Stella qu'en 1964 ainsi qu'une autre 12 cordes de type jumbo sous la marque Harmony. On peut cependant affirmer que le déclin du Folk Boom entraina aussi le déclin de la 12 cordes.
La Stella de Lead Belly acquise en 1935 n'était pas à proprement dit un nouvel instrument, mais plutôt un instrument oublié. Les deux firmes qui fabriquaient ce type d'instruments en 1935 étaient la compagnie Regal de Chicago et Oscar Schmidt du New Jersey. Stella était le bas de gamme de chez Schmidt et Sovereign le haut de gamme.
A priori , sur les photos de la guitare conservée par la nièce de Lead Belly, Tiny Robinson, il semble que Lead Belly utilisait l'accordage suivant:
Les 3 cordes graves étaient doublées à l'unisson, les 4èmes et 5èmes cordes étaient doublée à l'octave et la 6ème, la plus aiguë doublée au double octave. Du fait des tirants utilisés et de la longueur du diapason de cette guitare, la guitare devait être accordée en Do plutôt qu'en Mi Ce qui donne Do Fa La dièse Ré dièse Sol Do.
Hier soir, vendredi 11 janvier, le James Café de Toussieu(69)
accueillait Fred Brousse accompagné des Zèbres.
Pour ceux qui auraient déjà vu et écouté
Fred, soit avec Mouss, soit au sein des
Railroad Crossing, ou bien encore avec Sandra au sein de Brown Sugar, et
bien attendez vous à...autre
chose.
En effet, avec une formation réduite (les Zèbres ne sont
représentés que par un
clavieriste et un batteur), on se doute tout de suite que le
répertoire sera différent. C'est ce
que nous a confirmé Fred en lançant le premier set sur un morceau
très jazzy.
Le deuxième morceau qui suivit fut encore différent
puisque plus acoustique et avec un début
où la musique est minimaliste; Je vous rassure, tout
s'étoffe rapidement, et nos trois acolytes
savent très bien emplir l'espace sonore. Les titres
s'enchaînant, nous avons pu apercevoir une facette
peut-être moins connue de Fred, à savoir un excellent
instrumentiste, qualité encore
démontrée, mais doué cette fois d'une grande
diversité. Ce sont une majorité
de morceaux en Français, plus quelques morceaux en Anglais et des
instrumentaux, qui nous ont été
servis. On passe tout à tour du jazz au blues, du blues au rock,
des rythmes plus tropicaux viennent
se mêler à l'affaire, ils restent toujours proches du blues
mais du coin de l'œil lorgnent vers
le reggae (notamment pour "Le Caporal Lelièvre"). A la
guitare, à l'harmonica, ou tout
simplement au chant, tout reste soigné et d'un excellent niveau.
Fred nous dévoile ainsi une
certaine ouverture d'esprit qui s'exprime dans sa musique. Son jeu est
toujours très précis,
très bien construit (lâchez-le dans un solo et il vous fait
des petits chefs-d'œuvres),
maîtrisé, mais élargit son horizon. Ce spectacle est
finalement plus accessible au public qui, hier
soir, a adhèré et n'a pas hésité à
occuper la piste pour danser.
J'ai eu l'occasion d'entendre une troisième version de "Ma
Belle, Ma Moitié",
"Bisou volé", ces deux morceaux étant extraits
de son album "Chicago, Carnet De
Voyage", et de nouveaux titres comme "Le Caporal
Lelièvre" cité plus haut ou "Hip
Zip Bip Blues", ainsi qu'une chanson écrite par Didier
Gascon des Hobos abordée ici sur un rythme
péché à La Réunion.
Une mention spéciale doit être décernée au
clavieriste Louis-René "Kouki"
Portelano, qui est fameux. Dans cette formation, il assure à la
fois la basse au clavier et
la partie piano.
les Bluesin' Machine au Biplan |
Avant d'entrer dans le vif du sujet avec le concert du biplan, je vais d'abord retracer un petit historique de ma découverte des Bluesin' Machine. Tout a commencé l'été dernier lors du festival Blues passions de Cognac où lors d'un fantastique concert des Rosebud Blue' Sauce au Globe (que je découvrais aussi), je suis épaté par un guitariste également bon chanteur qui vient boeuffer avec le groupe, jouant exactement dans le même style que Nico, le guitariste des Rosebud Blue' Sauce, c'est à dire du west coast blues digne des meilleurs spécialistes du genre, c'était Mathias Dalle, guitariste des Bluesin' Machine. J'ai fait connaissance à la fin du concert, on s'est échangé nos coordonnées, envoyé quelques mails et fin 2001, j'ai reçu par la poste un cd démo des Bluesin' Machine. Divine surprise, la démo est excellente (voir ma chronique sur la gazette n°39) et depuis je révais de les voir en concert.
Puisqu'ils passaient le 23 janvier au Biplan à Lille, une salle que j'avais envie de découvrir depuis longtemps, j'en ai profité pour faire un petit aller-retour à Lille.
Le biplan se situe en sous sol à l'image du mythique Theresa's Lounge de Chicago, avec une salle toute en longueur avec le bar au fond à gauche. L'ambiance est conviviale et le public, certes assez peu nombreux est un véritable public de connaisseurs.
Le concert commence à 22h30 par un jump instrumental d'enfer qui donne immédiatement le ton. Suivront ensuite deux superbes reprises de T-Bone Walker (Tell me what the reason et love is a gamble) que le public écoute presque religieusement, tellement c'est beau, avec un Mathias Dalle impérial à la guitare et aussi de superbes parties de piano jazzy à souhait de Stéphane Orins. La Bluesin' Machine tourne au quart de tour et c'est un véritable régal pour les oreilles!
Le public, calme jusque là, va donner de la voix pour faire les chours sur un certainly all proche de la version de Junior Watson. Le premier set dure environ 45 minutes et je n'ai pas vu le temps passer. Je profite de la pause pour discuter un peu, notamment avec les musiciens et le deuxième set démarre presque aussi fort que le premier avec encore quelques sommets comme la reprise du rock this house d'Hollywood Fats, un Kansas city joué à la Hollywood Fats (comme sur la démo), encore une reprise de T Bone et pour terminer leur fantastique compo instrumentale, le bluesin' Machine jump où tous les musiciens du groupe se mettent tour à tour en évidence, chacun faisant son solo.
Au total, le concert a duré aux alentours d'une heure trente, avec un répertoire fait essentiellement de reprises, dans leur grande majorité, du west coast blues, mais aussi quelques morceaux de Chicago blues également une remarquable interprétation du blues lent the sky is cring. Le swing est omni-présent. Le jeu de scène des Bluesin' Machine est très sobre (à l'image de leurs tenues, pas de chaussures bicolores comme les hoodoomen, ni de chemises à fleurs - sauf pour le batteur Eric Navet), Luc Dewerte ne monte pas sur sa contrebasse comme le fait Lee Rocker, il faut dire que le plafond très bas du biplan ne lui en laisserait pas la possibilité, Mathias Dalle ne joue pas avec les dents ou avec la guitare dans le dos. Par contre, son jeu de guitare est impressionnant de finesse et de swing, on sent qu'il a dû passer des heures à écouter T Bone, Kid Ramos, Hollywood Fats, Alex Schultz & Co.
La Bluesin' Machine semble bien rodée, j'attend maintenant avec impatience le cd qui devrait sortir dans le premier trimestre 2002 (donc bientôt) et j'espère aussi qu'on pourra les applaudir prochainement dans une salle parisienne.
Mercredi dernier avait lieu à Montpellier une très belle soirée Blues dans une boite totalement inconnue de ma part, qui pourtant existe depuis 19 ans (sic..) le Sax' Aphone. Endroit très chaleureux, scène géante, et tous les mercredis soirs, cette même scène est totalement ouverte à tous les joueurs de Blues de la région.
J'y avais rendez vous avec Daniel Blanc du DBT accompagné de son bassiste Carlos Serrano pour une Interview, lesquels m'ont séduit par leur vision très Blues de la musique et j'en profite ici pour les remercier d'avoir fait le déplacement depuis leur Camargue natale.
Sur la scène traînait une valise avec inscrit dessus Nothin' But The Blues......... Une question m'est venue immédiatement à l'esprit : Le duo qui attaquait la scène du Sax' était il le Nothin But The Blues?? Vérification faite, c'était bien eux. Ils furent rejoint par un jeune mec qui, avec sa guitare et sa voix me laissait totalement pantois .... Il s'agissait de Siryel, que je devais rencontrer à L' Equinoxe du Rock en Mars dans l'Aveyron. Ce mec m'a bluffé de part son feeling et sa voix envoûtante rauque de bon vieux bluesman. Si d'habitude il se produit seul en acoustique, ce soir là il accompagnait les N B T Blues. Dans la salle traînaient d'autres personnages de la scène Blues locale, notamment le guitariste du Marvelous Pig Noise, les K2 Blues ( réminiscence du Carpe Diem ) emmenés par trois mecs à l'allure plutôt "Hardos" mais qui finalement jouaient qd même du Blues un peu plus énervé que le N B T B et Siryel.
Bref, tout ça pour vous dire à tous, que si un mercredi soir, vous traînez du côté de Montpellier, arrêtez vous dans cette salle (un peu perdue dans une petite rue derrière les voies ferrées ) et vous devriez y rencontrer des gens d'une grande valeur !!
Je profite également de cette prose pour remercier et saluer Daniel Blanc et Carlos Serrano du DBT, Ralf et Marine des Nothin' But The Blues, Siryel, Phyli Alric du K2 Blues pour leur sympathie et leur esprit "très Blues".
Merci à Mike Lécuyer et à la Gazette de Greenwood de pouvoir réunir le temps d'une soirée des gens qui ne se connaissent que par un logo bleu "La Chaîne Du Blues" ou vert " LGDG........"
de: René Malines <renemalin@aol.com>Siryel Blues BandStrange man, Autoproduction - 2000Voici une galette qui nous arrive de Montpellier. Une bonne occasion de constater que malgré leurs fantastiques qualités, il n'y a pas que les Marvelous Pig Noise pour défendre les couleurs du blues dans l'Hérault. La première surprise de cet album, c'est la voix de Siryel. Le Let Me Love You de Buddy Guy est un excellent écrin pour ses vocaux bien posés, puissants sans forcer, parfaitement maîtrisés. Une voix faite pour chanter la musique afro-américaine. La seconde surprise, c'est l'aisance du jeu de guitare du monsieur. Ça semble couler de source, pourtant Siryel nous pond quelques perles de solos dont on ne se lasse pas, mais avec une telle simplicité apparente, une telle évidence que pour un peu, on n'y prendrait garde! Officiant dans un style où se succèdent blues classiques et blues-rocks teintés de soul plus proches d'un Tommy Castro que d'un Popa Chubby - sauf peut-être avec le Palace Of The King de Robert Cray, plus dans le style du gros new-yorkais que du fringuant californien - le quatuor fait parfois penser à ce que peuvent faire des gens comme Franck Ash et son Devils Band. C'est dire la qualité du groupe! Une touche de funk ici (Consequences), une bonne dose de country blues acoustique là (Stop Breaking Down, Drifting Blues et ses relents de John Lee Hooker, sans oublier le swingant Strange Man), histoire de varier un peu le menu. A eux quatre (guitare, claviers, basse, batterie), Siryel et ses acolytes nous charment de 13 titres dont 9 reprises en anglais et 4 compos en français, toutes d'égal niveau On a ici affaire à d'excellents musiciens en pleine possession de leurs moyens, une formation tout ce qu'il y a de mature. On se prend à espérer les voir quitter un temps le soleil méditerranéen pour le ciel gris de la capitale. |
de: René Malines <renemalin@aol.com>
Nothin' But The BluesDémo n° 3 - 2000Décidément, la belle ville de Montpellier nous réserve de sacrées surprises! Après l'explosion des Marvelous Pig Noise l'année dernière et l'excellent Siryel chroniqué dans ces colonnes, voici que nous arrivent 4 gars et une fille qui n'ont visiblement pas froid aux yeux! Le nom, déjà : Nothin' But The Blues. C'est assez clair, non? Mais ce n'est pas tout, il y a aussi - surtout - la musique! |
A Lyon, les "gônes" bluesophiles avertis se croisent immanquablement chez les trois disquaires spécialistes de la musique afro-américaine qui résistent encore à l'envahisseur du blues FM! Suivez le guide:
BOUL'DINGUE: 2 adresses dans le Vieux Lyon, à Saint-Jean, quartier emblématique des Canuts qui est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Les 2000 références de cd's neuf et occasion blues zydeco cajun tex-mex sont entreposées dans les bacs du magasin Boul'dingue 2. Un large choix d'occasions est offert pour un prix variant de 11,43 € (75,00 frs) à 14,48 € (95,00 frs) L'amateur de vinyles trouvera des perles parfois à prix d'or (rareté oblige!) et des disques d'occasion courants entre 9,15 € et 13,72 € (60,00 à 90,00 frs). Eric Deschamps, musicien cajun zydeco de son état, vous y réservera un accueil sympathique et connaisseur.
Boul'dingue 2 : 16, rue du Bœuf 69005 Lyon tél : 04 78 42 90 50 fax : 04 72 56 01 64
CRAZY TIME MUSIC : entre Saône et Rhône, à un jet de pierre de Boul'dingue, prendre la passerelle en face des "24 colonnes", enjamber la Saône puis remonter le quai Saint-Antoine jusqu'à la fresque des lyonnais direction la Halle de la Martinière. Vous entrez alors dans la caverne d'Ali Baba des disques vinyles des années 40, 50, et 60, allant du Rockn'roll, rockabilly, Country, Blues sixties, Western swing, hillbilly à… Johnny Hallyday (si si). Les blueseux pre et postwar y trouveront une superbe collection de disques vinyles à faire pâlir d'envie les collectionneurs zélés de LGDG (entre 10 et 15 €). Les afficionados du compact disc d'origine british et Us en auront pour leurs euros (15 à 20 €).
Le maître des lieux, Pierre Maman, disquaire depuis 1990, connaît bien son affaire. Fan de rockn' roll, semblant sorti tout droit d'une BD de Franck Marjorin, dont la gentillesse n'a d'égale que l'exigence et le sérieux du service rendu à sa clientèle, notre homme sait se mettre en quatre pour vous satisfaire. En quelques années, il a acquis une réputation flatteuse dans les conventions d'achat et de vente de disques. La preuve? Les amateurs du monde entier se pressent pour lui envoyer des want list de collectors introuvables. Si vous recherchez des 78 RPM , LP, EP, SP, CD n'hésitez pas : précipitez-vous chez CRAZY TIMES MUSIC ou demandez par e-mail son catalogue rockabilly et country de VPC.
Rendez-vous sur le site www.crazytimes.com (fin janvier 2002) Email : crazytimesmusic@wanadoo.fr
Crazy Times Music 2 rue Hippolyte Flandrin 69001 LYON tél/fax : 04 78 29 46 81
LA VOIX D'OR : le disquaire "black" des îles, d'origine martiniquaise, Christian Rapon est installé à l'Est de la métropole lyonnaise. Depuis 16 ans, notre homme se dépense sans compter pour satisfaire sa clientèle fidèle qui le lui rend bien. C'est aussi le rendez-vous obligé des amateurs de zouk des Dom-Tom. Il est bien rare de ne pas trouver chaussure à son pied parmi les 3000 cd's disponibles en permanence dans ce haut lieu de la bluesomania: chicago blues, deep blues, acoustique, électrique... Nouveautés et rééditions s'acquièrent en moyenne entre 19 et 20 €. Dépositaire de Soul Bag, Blues Mag , Blues Feeling. Régalez-vous en surfant sur www.lavoixdor.com et www.achatlyon.com.
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La Voix d'Or : 69, cours Gambetta 69003 Lyon - Métro Garibaldi - 69003 Lyon
tél/fax : 04 78 62 21 02
Si toutefois vous vous trouvez dans le quartier des terreaux (1er arrondissement) je vous conseille d'aller faire un petit tour rue Lanterne. Vous y trouverez plusieurs endroits pas inintéressants du tout.
LA LIBRAIRIE DE LA BOURSE: C'est le genre de boutique qui, sans être vraiment spécialisée dans le Blues, peu satisfaire les personnes désireuses de compléter leur discothèque par quelques enregistrements incontournables. On n'y trouve pas beaucoup de raretés mais le choix reste tout de même intéressant. La Librairie de la Bourse, 8, rue lanterne 69001 Lyon.
PLANETE COLLECTORS: Située juste en face de La Librairie de la Bourse, ce magasin possède un petit rayon (CDs et Vinyles) de Blues à pas chères qui cache parfois de bonnes occases. Planète Collectors, 7, rue lanterne 69001 Lyon.
Pour finir avec la rue Lanterne, sur le même trottoir que Planète Collectors, on trouve un autre disquaire dont j'ai oublié le nom mais qui attire l'oeil par sa devanture annonçant des disques à moins de 9 Euros. C'est toujours le même procédé, on fouille dans les bacs et peut être que l'on trouvera son bonheur. C'est ici que j'ai acheté pas plus tard qu'hier les LP's "Josh at Midnight" de josh white et "Home Sweet Homesick James" de Homesick James (un vinyle de Blues tout bleu, étonnant non ? ;-).
A Londres, chez n'importe quel disquaire, le rayon blues est bien mieux dimensionné qu'en France (ça c'est pas une surprise) (quant au rayon country, rikiki chez nous, là bas il est IMMENSE!) mais les prix des disques sont encore plus chers qu'en France (environ 15£ le CD, soit plus de 25 Euros).
Il y a quelques petits disquaires spécialisés, notamment Ray's Blues & Roots en ce qui nous concerne (descendre au sous-sol, le rez-de-chaussée étant consacré au jazz). Les prix s'y balladent entre 10£ et 15£, donc pas vraiment d'affaires non plus, mais par contre un choix des plus intéressants (disons quelques milliers de CDs!), notamment côté country-blues. Il a aussi quelques livres (j'ai vu un Godrich à 15£), des LP, 45 T et 78 tours: il faut fouiller!
Londres c'est aussi d'énormes librairies, et là l'adresse indispensable est
Foyles, avec un troisième étage consacré à la musique: livres et partitions, capharnaüm so british (noeud pap' du vendeur compris), à voir absolument!! un grand rayonnage est consacré au jazz et au blues, et là j'aurais bien embarqué 10 ou 15 bouquins!
D'autres librairies telles que Borders possèdent un rayon blues/jazz intéressant.
Côté instruments, des magasins du côté de Soho, mais franchement ça ne vaut pas la rue de Douai à Paris ;-) (et là aussi le cours de la Livre rend les prix inintéressants).
C'était un rapide passage à Londres, mais de nombreuses autres pistes restent à découvrir!
Ray's Blues & Roots: 180 Shaftesbury Avenue, WC2, métro Tottenham Court Road
Foyles:119-125 Charing Cross Road, WC2, métro Leicester Square
Puisqu'Olivier me les réclame, voici les JR awards 2001, un classement qui n'engage que moi! Ils ne reflètent que mes goûts personnels. Evidemment (et malheureusement), je n'ai pas tout vu et pas tout entendu...[NDLR: une tradition maintenant bien ancrée pour la Gazette de Greenwood, que petits et grands greenwoodiens attendent avec impatience... une référence!]
Pour résumer cette année blues, 2001 fut pour moi un bon cru en ce qui concerne les concerts avec une mention spéciale pour le jazz club Lionel Hampton dont la programmation fut exceptionnelle (j'y suis allé une vingtaine de fois en 2001!), un bon cru aussi pour les festivals, la blues estafette bien sûr mais aussi les festivals français comme Cognac, Compiègne ou le Croisic. Mais ce qui fut le plus marquant pour moi en 2001, c'est la bonne santé du blues français avec en particulier l'émergence de nombreux groupes très prometteurs.
"Popa Chubby Presents New-York City Blues Again" est la suite
du premier volume consacré à la
scène blues montante de New-York City, sorti il y a deux ans.
Le but avoué reste le même : présenter une palette
d'acteurs blues les plus actifs dans la grosse pomme.
Il ne faut donc pas s'étonner si la musique est
entièrement empreinte du style du lieu : une présence
affirmée des guitaristes, avec un gros son qui tue, un blues-rock
dynamique et très électrifié,
bref à l'image de la ville génitrice.
Le maître de cérémonie de cette deuxième
compilation est bien sûr Popa Chubby qui
débute avec un titre lui appartenant My Last
Cigarette.
Les élus sont Irving Louis Lattin, Matt Smith, Zach Zunis, Joe
Taino, Steve Logan, Lewis Gatewood.
Chacun affichant
sa personnalité, le résultat donne un patchwork
intéressant auquel je ne m'attendais pas. La mandoline
de Matt Smith apporte un côté italien, ambiance pesante
peuplée de mafiosi, sur Junkie For Your
Love. Joe Taino amène quelques accents latino avec Yo
Tengo Blues chantée en espagnol et
Mary Lou qui devrait plaire aux admirateurs de Santana.
La bonne surprise vient aussi des voix, que ce soit celle d'Irving Louis
Lattin sur Never Make A Move Too Soon
et la reprise de Robert Johnson When You Got A Good Friend,
ou celle de Matt Smith sur Shelter
From The Storm. Le bassiste Steve Logan a lui aussi une voix plus
qu'agréable sur Dancin' Chickens
ainsi que Joe Taino sur les titres cités plus haut. Par contre,
je n'ai pas du tout été
convaincu par la reprise de Red House faite par Lewis
Gatewood.
Comme je le disais en commençant cette chronique, les guitares sont
extrêmement présentes sur cet album, et
elles sont ici tenues de main de maître par chacun des
intervenants. Mon petit plus allant à Zach Zunis signant
l'instrumental Lookey Here joué dans un style proche
de celui de Jimmy Vaughan, et un petit moins
à Lewis Gatewood desservi peut-être par l'enregistrement de
Red house fait dans des conditions
apparemment particulières.
Enfin, les admirateurs de Popa Chubby risquent d'être surpris par
l'interprétation soft peu
habituelle au bonhomme autant sur My Last Cigarette que sur
Fishnet Stockings And A Long Pair Of
Legs ou Take Off ce qui permet d'écouter plus
sereinement et d'apprécier ces morceaux.
Le titre Dirty Lie qui termine l'album (et fait d'ailleurs
un peu remplissage) est une prise live qui se
limite à un déluge de décibels n'apportant rien de
mieux (si ce n'est confirmer le style de Popa
auprès de ses fans).
La variété des titres de cet album permet de le mettre
entre presque toutes les mains, et de
préférence entre les oreilles.
ref CD: Popa Chubby Presents New-York City Blues Again, Dixiefrog [DFGCD 8523] 2001
J'étais hier soir au Banana Peel en Belgique pour assister à l'un des premiers concerts de la tournée européenne de King Alex & the Untouchables, sans doute l'évènement blues du mois. J'y ai d'ailleurs retrouvé quelques connaissances dont un Greenwodien (Eddie).
Je découvrais pour l'occasion le banana peel, dont j'avais beaucoup entendu parler (en bien) qui est effectivement une très bonne salle pour le blues avec surtout un très bon son. King Alex a joué 2 sets + 2 rappels pour un total de 2h30 !
A 68 ans, on peut dire qu'il est en grande forme. J'ai passé une excellente soirée, découvrant ce groupe de grande qualité qui reproduit parfaitement sur scène le son que j'avais apprécié sur disques. King Alex a une sacré voix puissante qui rappelle le grand BB King en personne même si parfois, il lui arrive de chanter à côté du micro et il est très bien entouré avec une mention spéciale pour le
guitariste Tony Schaffer (qui a des faux airs de Jean Marcel Laroy - pour ceux qui le connaissent), vraiment excellent. J'ai aussi beaucoup aimé le tromboniste (également harmoniciste sur quelques morceaux) Steven Schoemaker. Il participe grandement au son du groupe assez original, même si beaucoup le compare à BB King. Côté répertoire, il a joué essentiellement des reprises revisitant les morceaux de BB King, Albert King, Little Milton et T Bone Walker. Il s'est montré particulièrement à l'aise sur les blues lents où Tony Schaffer s'est bien illustré. J'ai regretté qu'il joue peu ses propres morceaux, seulement 2 du nouveau cd "sugar bowl" (sugar bowl et 18th & wine) et 2 du cd "Hot as a coffee pot" (ses tubes hot as a coffee pot et Grandma's sweet patato Pie) mais il les a joué 2 fois!!!
Il annonce la majorité des titres et le gag de la soirée c'est qu'il annonce qu'il va jouer un morceau de Stevie Ray Vaughan (ce qui surprend un peu) et voilà qu'il se met à jouer ... the sky is crying!!!
La culture des américain a souvent de grosses lacunes.
Pour les parisiens (et les autres), King Alex sera le 2 février à l'espace JR Caussimon à Tremblay, je conseille vivement d'y aller.
Bonne Nouvelle: King Alex a annoncé qu'il prévoyait une nouvelle tournée européenne vers novembre 2002
La salle de Nekkersdael, trois Greenwoodiens (Malika, Didier et moi-même) autour d'une table réservée (merci, Miss America!) face à la scène, les lampes qui s'éteignent : le concert de King Alex
peut commencer.
Pourtant, ce n'est pas la toute grande affluence. King Alex n'aurait-il pas encore su se faire un nom
en Belgique?
Alex a travaillé à l'économie. Le premier set n'a duré que 3/4 d'heure, le second, une heure,
y compris un rappel un peu forcé au cours duquel il a joué deux titres dont la répétition de
Hootchie cootchie lovin' man, qu'il venait déjà de jouer pendant le second set.
Ceci mis à part, tous les musiciens tenaient la grande forme. Excellent concert, excellente soirée.
En complément du commentaire de Georges écrit à chaud, voici le mien, écrit au chaud (ah!ah!ah!):
Ce dimanche, la salle Nekkersdal accueillait King Alex and the Untouchables, un artiste que je ne connaissais que par son très bon cd "Hot as a coffee pot" et par les quelques extraits du deuxième diffusés par Malika [NDLR: émission America sur la RTBF] lors d'émissions précédentes.
Un public pas très nombreux, hélas, pour un concert en deux sets durant lesquels King Alex a joué des extraits de son dernier cd et d'autres du premier, mais également pas mal de reprises dont un formidable Turn on your love light.
A certains moments, la musique et le chant du King A (quelle belle voix, dommage que de temps en temps, il chantait à côté du micro) n'étaient pas loin de l'autre King, BB, qui est sans doute une des sources d'inspiration d'Alex.
A 68 ans, sa petite queue de cheval (brabançon ;)), son costume vert (comme sur la pochette de l'album "Hot as a coffee pot" – est-ce une marque de fabrique??), sa cravate (beurk), son sourire jovial et son regard pénétrant, il assure la rythmique avec Robert Locke, le batteur, précis, discret derrière ses tomes mais efficace.
Les autres membres des Untouchables sont les excellents Steven Shoemaker au trombone et à l'harmonica, James Colliver aux claviers et Tony Schaffer aux guitares (merci à Georges et Jocelyn pour le nom des musiciens).
Steven Shoemaker fut le plus impressionnant par ses interventions "tout en puissance" et en finesse, parfois sur une jambe, tel un héron (cfr. le Hoochie Coochie lovin' man que KA doit particulièrement aimer puisqu'ils l'ont jouée 2 fois).
J'ai trouvé le guitariste Tony Schaffer très convainquant et enthousiaste (quoique parfois brouillon). Enfin, James Colliver, le claviériste, hilare du début jusqu'à la fin, qui singeait Alex derrière son dos très à son affaire sur son "Roland".
Cabotin, King Alex (la phrase de la soirée était "n'oubliez pas de ne jamais l'oublier" et tout était prétexte à la répétition de cette phrase. Je crois qu'il l'a dite entre chaque morceaux) mais peut-être fatigué vu la (trop) courte durée du concert (un premier set de trois petits quarts d'heure et un deuxième d'une heure plus un tout petit rappel). Un peu déboussolé aussi par ses allées et venues en Europe, pour croire qu'il jouait en France…
D'après Guido Van Pevenage, les Untoutchables qui l'accompagnent sur cette tournée européenne ne seraient pas ceux ayant enregistré le dernier cd; Tony Schaffer et James Colliver ceux-ci étant issus du band de Sammy Fender.
Pour moi, une fois de plus, Nekkersdal et América m'ont offert une soirée blues de haut niveau qui m'a tout simplement ra-vi!
R.L. Burnside Well... Well... Well... |
Un nouvel album de R.L. Burnside, figure locale du Delta, cela me laisse
hésitant. Surtout après avoir
récemment écouté deux de ses producutions les plus
récentes comme "A Ass Pocket Of
Whiskey" qui date de 1996 et "Wish I Was in Heaven Sitting
Down" de 2000 que je n'avais pas du tout
aimés.
Mais la crainte s'est vite dissipée car cette compilation de
titres enregistrés live en divers endroits
entre 1986 et 1993 est à la fois originale et d'un haut niveau de
qualité.
Le côté live est indéniable. C'est le premier album
que j'écoute où les musiciens
discutent aussi longuement entre les morceaux. Ils blaguent, racontent
des histoires, et du coup on a un peu
l'impression d'être chez soi, en train de boire une bière
avec des potes venus taper le bœuf
à la maison. Même les chiens qui aboient semblent vouloir
être de la partie.
Côté musique, on a droit a beaucoup d'acoustique, soit sur
une folk, soit au dobro sur une steel guitar
("Can't Be Satisfied", "Boogie Chillen"), ou bien
encore à l'électrique sur les
prises de 1986. Dans tous les cas, R.L. Burnside cultive un style
dépouillé qui nous balade au travers
du Delta du Mississippi. Il n'a pas son pareil pour installer une
ambiance à la John Lee Hooker sur "Boogie
Chillen" bien sûr, mais aussi par exemple sur "Forty
Four Pistol" et "Rolling &
Tumbling"
Aux reprises de Muddy Waters et John Lee Hooker citées plus haut,
il faut rajouter "Staggolee",
"My Babe" de Willie Dixon, "Mojo Hand" de Lighnin'
Hopkins.
John Morris, producteur de cet album, apparaît brillamment
à l'harmonica sur plusieurs morceaux.
Bob Margolin Hold Me To It |
Bob MARGOLIN, surtout connu dans le milieu blues pour avoir tourner
longtemps avec Muddy WATERS, nous sert depuis quelques années de très
bons albums (on se souvient encore de "Down In The Alley" [ALCD4816] en
1993). "Hold Me To It" qui n'est plus très récent puisque sorti en 1999
chez Blind Pig Records, est de cette veine.
L'album commence à fond les manettes avec ce qui pourrait être un
hommage à Hound Dog Taylor, "All You Left Behind", un son slide saturé
et un rythme à dessouder les chaises.
Pour présenter l'harmoniciste Tad WALTERS, le deuxième titre est "Hold
Me To It" donnant son nom à l'album. Le son est chaud, avec du grain,
très amplifié, recette qu'on retrouvera sur "Lost Again" . On est en
plein dans Chicago, et on y reste avec le pesant "Mean Old Chicago".
Sur "Slam'em Down", Tad WALTERS, qui est l'auteur de ce morceau, tient
l'harmonica et, au chant, donne la réplique à Bob.
L'acoustique est aussi au rendez-vous avec "No Consolation", où Bob
MARGOLIN seul à la guitare, nous offre une chanson touchante, sans doute
par son côté minimaliste, sans fioriture, honnête. "No Consolation est à
ne pas confondre avec "Consolation" qui fait un peu plus balade, la
guitare est entièrement jouée en slide, et Sherry MARGOLIN, sour de Bob,
qui signe ce titre instrumental est au piano, dans un style plutôt
gospel.
Seule ombre au tableau, "Lost Again" que je trouve trop répétitif, la
rythmique de Wes JOHNSON à la batterie est sans saveur, et je ne vois
finalement pas d'intérêt à ce titre.
Bob MARGOLIN reprend aussi une chanson de Bob DYLAN, "Not Dark Yet", où
tous les instruments sont joués par Bob, à savoir deux guitares folk,
des solos au dobro, une rythmique basique à la batterie, pour terminer
en slide à la guitare électrique. Certes, le tout est un peu trop folk à
mon goût, mais ce morceau qui avait été enregistré à l'origine en tant
que démo, donne un aperçu des nombreux talents de Bob en tant
qu'instrumentiste.
"Stick Out your Can" est un boogie efficace, qui nous amène au dernier
titre sur lequel Big Bill MORGANFIELD, le fils de Muddy WATERS, vient
prêter sa voix et sa guitare à "Wee Baby Blues". L'harmonica étant
assuré par Mark 'Kaz' KAZANOFF, aussi co-producteur de cet excellent
album.
Contre le blues morose, offrez-vous une dose de blues lent, rapide, de
boogie, de shuffle, d'acoustique, bref de MARGOLIN , avec "Hold Me To
It".
Bonsoir Greenwood, C'est pas vraiment d'actualité car la galette aura bientôt 3 ans. Tout le monde est couché, j'ouvre la bouche de mon mange galette et y enfourne la tartine. Que nous réserve ce gratteux, Kid Ramos, qui a l'air rescapé des Stray cats?
Dead Love (Campbell/Sain) - 4:03
Les cuivres m'accrochent dès l'intro et me portent jusqu'au bout du morceau.
La guitare répond au chant en petites phrases assassines. L'image d'Albert
Collins m'a traversé l'esprit. Kim Wilson est égal à lui-même. Voilà une
galette qui commence bien.
No More Alcohol (Liggins) - 3:01
Un titre tenu par une basse/batterie calme sur laquelle le piano vient nous
tricoter un petit tapis souriant. Les souffleurs s'amusent tranquillement et
Lynwood Slim nous raconte tranquillement son histoire. Quand la guitare,
trés discrète voir absente sur le chant, débarque pour un solo en colère, je
m'installe dans le canapé et me sert un bourdon.
Leave Me Alone (Agee) - 3:03
Alors là Willie Chambers est royal, une voix râpeuse à souhait. La guitare
se mélange à l'orgue jusque dans le solo mené par l'un, soutenu par l'autre
puis inversement. Court mais efficace, j'adore. J'enfile le casque si
quelqu'un me dérange, je tape.
Three Hundred Pounds Of Joy (Dixon) - 4:01
Là, le principe question réponse est vraiment net, la réponse, cuivres plus
guitare, un peu chargées mais après le solo de guitare je leur pardonne,
surtout qu'il est conclu par un solo de piano. Je me ressers, si je fais ça
jusqu'au bout je meurs.
Walk-Around Telephone Blues (Harman) - 3:44
L'harmonica de James Harman lance ce titre trés swing années 30.
L'accompagnement guitare est à tomber. Heureusement je suis déjà vautré. Le
final harmo/chant (seuls) m'a achevé.
The Jig's Up (McCain) - 3:33
Janiva est impériale. L'accompagnement guitare fluide en continue, sans
jamais empiéter sur le chant. Et encore un solo superbe.
Open Up Your Heart (Agee) - 3:32
Un tempo lent, avec des cuivres tenus. Un style général que j'apprécie moins
mais qui reste très bien fait. Ouf, j'ai cru que j'allais tout aimer.
Cold Chicken And Beef (Ramos) - 3:18
Une très bonne composition du Kid, très swing. Si j'étais pas aussi vautré,
je danserai. Un thème guitare/cuivres puis un thème cuivres/guitare et
chacun y va de son solo, guitare, sax, orgue. Tant pis, je prends un risque,
je tape du pied.
Fiddle De Dee (Crayton) - 3:46
Un petit tour dans le monde de la glisse. Le Kid est tout aussi pertinent en
slide swing.
One Woman, One Man (Ramos) - 4:17
Ce titre là, est plus chanson que Blues et ne m'accroche pas. J'attends que
çà passe.
It Takes Time (Rush) - 4:16
Encore une fois l'image d'Albert Collins est passé, est ce que je fais une
fixation. Encore un très bon titre. L'esprit est un peu différent du reste.
M… il joue ce Kid.
I Don't Believe (Robey) - 3:09
Cette Janiva me donne envie d'écouter ce qu'elle produit sous son nom. Par
contre sur le solo de guitare, toujours très bon, c'est les cuivres qui
m'épatent.
Helsinki Laundromat Blues (Harman) - 6:17
Là encore, j'adhère moins, c'est toujours comme ça sur les tempos lents.
Bandstand Boogie (Albertine) - 3:30
Un thème guitare/sax qui marche très bien. Une série de solos guitare,
orgue, trompette, sax très Jazzy et très planants, du bonheur.
I Would Be A Sinner (West) - 3:07
Kid Ramos prend le micro en plus de la slide et c'est très bon. L'album est
déjà fin dommage.
Globalement c'est une très bonne galette, qui garde une homogénéité malgré le manége des musiciens. 3 titres qui me conviennent un peu moins mais qu'il ne faut pas jeter pour autant. C'est une galette de guitariste sans être une démonstration. J'ai pris bien du plaisir à l'écouter. J'ai quand même un étage à monter avant de me coucher, Allez, je me le remets une petite fois, pour la route.
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