La Gazette de GREENWOOD
n°35 (Septembre 2001)

Tome I

  • John Smith Hurt: Songster du Mississippi
  • Avalon Blues: Le Retour de Mississippi John Hurt
  • Mississippi John Hurt: les Sessions de 1928
  • Mississippi John Hurt: sa Musique

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logo Jazz à Vannes 2001

JAZZ A VANNES :
une 22e édition de plus en plus Blues

De: Pierrot Mercier <mississippi@wanadoo.fr>

Vendredi 3 Août, il est bientôt 20 heures et nous attendons tranquillement le moment d’entrée dans le jardin de l'Hôtel de Limur. La rue des Tribunaux, où la queue se forme, est étroite et pentue. À quatre ou cinq de front les spectateurs attendent, calmes et patients, sous le soleil revenu. Il a encore plu vers 18 h mais la météo est formelle : il n y a pas d’inquiétude à avoir pour ce soir et, une fois encore, le festival de Jazz de Vannes passera entre les gouttes. Une salle de repli était prête (car tout est parfaitement organisé ici) mais elle ne servira pas et c’est heureux car, hormis le fait que l’intérieur du Palais des Arts soit bien moins agréable que les gradins installés au pied du tilleul bicentenaire, sa contenance est décidément trop faible pour la soirée Blues, une des plus fréquentées du Festival (la Mairie de Vannes réfléchit d’ailleurs à l’insonorisation d’un hall du parc des expositions).

Je rejoins ma tribu, parfaitement installée au quatrième rang, juste avant que le spectacle commence avec les lauréats du Tremplin Blues organisé le jour-même (voilà une idée qu’elle est belle) : Meg an Compagnie, quatuor fort sympathique de jeunes gens bien propres sur eux. Bon, j’ai pas trouvé que c’était vraiment blues (ou alors une variété inconnue de moi ;-), plutôt funk ou jazzifiant selon les morceaux mais très agréable sinon Des gens charmants, un peu émus d’être là (le guitariste remporte le trophée Franck Ash en cassant une corde -et une grosse- avant la moitié du premier morceau) mais très sérieux, méritants quoi.

Manu Galvin, 3-8-2001, photo P.Mercier

Après ces quatre morceaux, Jean-Philippe Breton, directeur du Festival, présente rapidement celui que la majorité du public parait attendre (encore qu’en laissant traîner les oreilles dans la file d’attente nous n’avons pas pu le confirmer - il y a même des gens qui étaient venus un peu au hasard, encouragés par la beauté du cadre et l’ambiance décontractée " Ah bon, c’est du Blues ce soir mais c’est parfait ça ! "( ;-)), - qu’il attend ou qu’il connaît le mieux : Jean-Jacques Milteau arrive donc, seul pour faire l’intro. Il est vite rejoint par son quartet : le fidèle Manu Galvin et ceux qui l’accompagnent depuis plusieurs mois maintenant : André Charlier à la batterie et Benoît Sourisse à l’orgue Hammond. Je crois vous avoir déjà dit tout le bien qu’on pouvait penser de ces deux excellents jazzmen que j’avais déjà vu à l’Avant-Scène. Je trouve en particulier que l’organiste apporte une couleur, une densité au son de l’ensemble. Ceci est particulièrement vrai pour certaines compositions qui trouvent sur cette grande scène et devant ce vaste public l’ampleur qu’elles méritent et qu’elles atteignent plus difficilement dans des lieux plus intimes.

Pas de réelle surprise cependant (surtout pour Marie et moi qui ne comptons plus le nombre de fois où nous avons entendu ce répertoire) mais un concert efficace, bien rodé, avec quelques moments plus prenants, surtout grâce à un Manu Galvin en très grande forme, justement et longuement ovationné.

Je préviens déjà les remarques en disant que, non, cela n’a pas été que du Blues et c’est d’ailleurs tant mieux parce que le Blues, le vrai, pur et dur, c’était pour après.

Tout le monde rassemble ses affaires, les roadies s’activent (Manu, toujours sympa, vient remercier les petits gars de la sono scène qui ont fait du super boulot), les Teardrops amènent leurs instruments et s’accordent, les spectateurs se ravitaillent, la nuit finit de tomber.

Danny Connor et sa casquette de rappeur viennent s’installer devant un ampli de basse à trois corps, Allen Kirk et ses biceps derrière sa Yamaha et le show démarre en douceur, mené par Mickael Dotson. Grand, mince, élégant avec sa veste noire aux manches relevées, il a vraiment, comme on dit, une *bonne gueule* de bluesman. Deux morceaux s'enchaînent - un de Magic et le Look Over Yonder d’Elmore James. Je précise ce titre car je pense que tout le monde (parmi nos chers lecteurs ;-) le connaît : un tempo moyen qui vous indique bien la cadence adoptée. On sent que ces gars là sont partis pour tenir la distance. On commence même à le sentir un peu trop car ce début manque légèrement de conviction. Le trio évite de se donner trop en attendant l’arrivée du patron. Mickael Dotson jette un oeil en coulisse... et entame un troisième morceau à la slide... enfin, Morris " Magic Slim " Holt apparaît.

Un grand et gros bonhomme, au pas très pesant, je dirais : essoufflé (il jouera la plupart des morceaux assis sur une chaise haute). Econome de ses gestes et de ses effets mais c’est cette réserve qui le rend d’autant plus attachant. Difficile d’expliquer ce qu’on peut ressentir devant une telle présence .

Cela dit, on l’entend le pépère !-) sa superbe voix, bien sur, et le gros son de sa Jazzmaster dans un Twin réglé vraiment fort. Excellente sono d’ailleurs, il est bon de le préciser (c’est peut-être le fait que nous sommes dans un festival de Jazz ?), j’ai juste regretté que Mickael Dotson soit des fois un peu trop en retrait. L’entente entre les deux guitaristes est parfaite, la cohésion du groupe excellente : une fois que la machine est lancée, on voit mal ce qui pourrait l’arrêter. A noter aussi plusieurs morceaux repris à 3 ou 4 voix, le batteur lancera même le How Many More Years du Wolf avec un aplomb réjouissant (faut oser, il l’a fait !).

Le public a été à la hauteur : il a joué le jeu, applaudi les solos (solis ? bref : les interventions), repris " hey hey the blues is allright " et a rappelé avec ferveur Magic Slim à la grande joie de ses musiciens restés sur scène après son départ.

" Ok let the old man take a breath then we’ll call Magic back ! ! " : la foule est debout pendant tout un long morceau, tapant dans les mains dans un rythme parfait, musiciens et spectateurs complices pour faire revenir le géant [je suis en général assez réservé pendant ces manifestations d’enthousiasme et pourtant je me suis fait mal aux mains comme les autres] Enfin il est revenu ...pour offrir non pas un mais directement deux titres supplémentaires enchaînés sans faiblir et je crois qu’il aurait bien continué encore !

Il était presque une heure du matin quand tout s’est fini, qu’est ce qu’il faisait bon dans le jardin de Limur !

Pierrot

Magic Slim dans sa loge - photo Loïc Tissot, Ouest-France

From: Tissot Loïc <Loic.Tissot@ouest-france.fr>

Blues is allright for Magic Slim

William Faulkner l'a écrit dans son livre Sanctuaire : "Mettez un Mississippien dans l'alcool, vous obtiendrez un gentleman."

Vendredi 3 Août, jardin de Limur à Vannes. Morris Holt est fatigué. Il a du mal à traîner sa lourde carcasse. Jack Daniel's délivre un peu le bluesman retiré à Chicago depuis 1955, peu enclin à la parlotte. "Le blues, on n'en parle pas, on le vit. C'est un état d'esprit." 

Voix rocailleuse, main immense posée sur le verre, Magic Slim se souvient.

"Ouais, je retourne dans le Mississippi de temps en temps. J'ai un frère et une sœur qui vivent encore là-bas."

Morris Holt est né à Grenada, en Août 1937. Pas grand chose à faire dans la petite ville, encore aujourd'hui, bordé d'un lac infesté de serpents. Le grand saut, Morris Holt le fait vers ses 18 ans quand il prend la direction de l'Illinois.

La mine défaite, Magic Slim ne triche pas avec son personnage. "J'ai eu mon lot de bullshit dans la vie."

Pas de conseils à donner aux jeunes générations du blues. "Tu sais, je n'ai vraiment rien à leur dire. Il faut qu'ils se battent et suivent leur propre style. Et s'ils veulent vivre le blues, ils feront du blues."

Alors quand on lui parle de la disparition de John Lee Hooker, la réponse est fidèle au bonhomme. "Je l'ai rencontré en 1988 (hésitations d'une ou deux minutes). C'est dans un même festival. Grand homme. Je n'ai pas essayé de l'imiter. J'aurais pu si je l'avais voulu. J'ai mon propre son."

Magic Slim s'impatiente, le regard devient furtif. Il lève sa main droite aux quatre doigts, souvenir d'un accident avec une machine agricole, et porte son chapeau à la tête. Pas de photo sans lui.

Vient l'heure du concert.  Magic Slim laisse ses musiciens se roder sans lui. Trois morceaux. Vraiment fatigué Magic Slim. Sur scène, le bluesman agrippe sa guitare, son gri-gri, son remède à toutes les fatigues. Le son tranche, Magic enchaîne,  l'interprétation est solide. Blues is allright de Little Milton, il la reprendra avec la complicité du public. L'homme est heureux.

Magic time.

Loïck

Pas de photos de Magic Slim ?

Le préposé au contrôle des billets voulait interdire l'entrée à ma sacoche photo. Évidemment je n'ai rien voulu entendre et j'ai donc été conduit au responsable de la billetterie. Celui-là m'a remis un bulletin de sortie en me priant de ramener mon matériel chez moi ou dans ma voiture. Pas de chance pour lui, j'étais venu à pied - 20 minutes quand même... - d'où mon embarras légitime et mon refus persistant.

Comment ça ?
On voudrait empêcher la Gazette de Greenwood de faire son travail ???
Appelez-moi quelqu'un !! si si c'est sérieux !

Du coup, c'est le patron du festival soi-même qui s'est déplacé pour m'expliquer, très courtoisement, que l'interdiction de photographier (par des personnes non accréditées) était bien précisée dans le contrat de Magic Slim et qu'il ne souhaitait pas avoir de problèmes avec l'agent de celui-ci. Il redescendit ensuite vers la scène pour présenter le premier groupe (je le remercie sincèrement d'avoir pris ces quelques instants pour moi).

La Gazette de Greenwood ne publiera donc pas les (excellentes) photos de Magic Slim que je n'ai donc pas pu prendre ce soir là...

Pierrot

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Pornic:
2ème édition du Festival "Blues En Retz"
le Festival vu par un "Reaper"

date:22 Août 2001
de: Jean-Michel Borello <jeanmichel63@wanadoo.fr>

Voici donc, deux jours après l'événement, le compte rendu de la deuxième édition du festival «Blues en Retz» organisé par Harmo [Alain Leclerc, président de l'association Blues Qui Roule] sur le port de Pornic. Comme je vous le disais juste après mon retour, nous y avons vécu des moments très forts avec Mo et les Reapers. Je ne vous parlerai pas que du Blues, y'a quand même pas que ça dans la vie, mais je vous livrerai plutot l'ensemble des impressions que j'ai ressenti pendant ce voyage quasi-initiatique.

On est donc parti le vendredi matin à 7 heures de Clermont avec Jeff et Slim, entassés avec les instruments (sacrée contrebasse) dans la grosse VW. On devait récupérer Steph à Tours chez sa maman et Mo était déjà parti la veille avec sa famille pour passer quelques jours au bord de la mer.
Sept heures de route avec néanmoins le casse croûte bienvenu chez la gentille maman à Steph. Ils font vraiment du bon vin dans le coin! Heureusement que Slim ne boit pas et qu'il voulait bien conduire à ma place!
On arrive vers les quatre heures à Pornic où on devait jouer à cinq heures, y'avait pas beaucoup de temps pour la balance ! On est content de retrouver Mo et je vois enfin Harmo, avec sa belle trogne réjouie.Il est bien comme je l'imaginais. Embrassades émues et congratulations rieuses ! C'est vrai qu'on a vécu quand même des moments forts sur [la mailing-list] LGDG et que ça laisse des traces affectives! Même si par moment, le verbe était fort! Tu nous as manqué Patrice, ça t'aurait sûrement plu.
On s'embrasse aussi avec Mireille, la délicieuse manager des Flyin'Saucers. On le fera encore plein de fois ces deux jours! Ils sont en train de faire leur balance et ça a l'air d'assurer méchant.
On sympathise bien aussi avec tous les BQRiens [NDLR: les BQRiens sont les membres de l'association Blues Qui Roule!] présents, qui sont ici pour filer un coup de main sur le stand de l'asso. Y a l'air d'y avoir une ambiance chaleureuse en BQRie! Il fait beau, Stéphane, le sonorisateur a l'air sympa et compétent. Vous connaissez ma méfiance proverbiale à l'égard de cette profession tant redoutée! Avec lui, elle est remontée d'un cran dans mon estime. Tout le long de ce qu'a duré le festival, le son a été clair et jamais assourdissant. Et il a du respect pour les musicos, ce qui est rarement le cas ailleurs!
On boucle la balance vite fait pour commencer à l'heure notre set devant un public chaleureux mais néanmoins réduit. Il faut dire que ça n'est pas la meilleure heure pour un concert de blues.Bon, ça n'a pas été une prestation historique de Mo and the Reapers . Bref, demain on jouera à une meilleure heure !Et on sera plus reposé ! On va donc dîner dans le restaurant du Casino, juste en face de la scène. C'est lui qui sponsorise le festival avec la ville, ce qui fait qu'il est gratuit.
On est toujours surpris en traversant la salle de jeux de voir tous ces gens à l'air préoccupé qui introduisent dans les fentes les pièces qu'ils prennent dans un seau qu'ils tiennent à la main. C'est drôle de faire ça ? Ils auraient mieux fait de venir nous voir, ça leur aurait sûrement coûté moins cher! Il y a un orchestre brésilien en bas, et ce qu'il y a de bien, c'est qu'il y a deux petites habillées (déshabillées) en brésilienne qui descendent l'escalier à un moment devant nos yeux ébahis. Tout ça est un peu loin du Blues, mais c'est bon quand même.
Après, on va voir Scratch my back qui démarre la soirée. Le public est nombreux, remplissant les bancs devant la scène. Un journaliste de Ouest-France, estimera à près d'un millier le nombre de personnes présentes, au plus fort de la soirée. Ca sonne bien, dans une optique non agressive, ce qui me plait. On voit que les types ont sérieusement travaillé. La rythmique assure sans fioritures. L'harmoniciste chanteur, Kévin Double mène le groupe avec assurance et communique bien avec le public. Celui qui m'impressionne le plus, cependant, c'est Julien le guitariste qui assure la plupart des solos. Technique, bon goût, feeling. Comment fait il pour jouer si bien à l'âge qu'il a? Je me pose seulement quelques questions à propos de leur répertoire, à mon goût un peu trop basé sur les grands standards. Harmo me dit que c'est parceque que leur saxophoniste était absent. Ceci dit, le public a l'air tout content de reprendre « Got my mojo workin » en coeur ! Et c'est vrai que si des morceaux deviennent des standards,c'est parcequ'ils sont bons!
A l'entracte, on va vite faire un tour voir les bars de la ville et on tombe sur les Swamp cats, un groupe de Rockabilly tout à fait dans la grande tradition bananes/santiags. On leur demande si on pouvait jammer et ils nous accueillent avec plaisir. On fait Blue Suede Shoes ensemble et le public apprécie !

Vite de retour pour voir Mississipi Mud, un groupe dédié au Chicago Blues des débuts, ce qui est très louable. Il est mené par Morgan Le Bec, encore un gamin plein de feeling et d'assurance. Mais d'où BQR sort-il tous ces types? Kévin l'accompagne à l'harmonica.

Et puis c'est au tour des Flyin Saucers. Je ne vais pas répéter ce qu'ont déjà dit bien d'autres avant moi sur cette liste, mais c'est vraiment la grande claque. Qu'est ce que ça joue! Le répertoire, avec pas mal d'originaux, déborde largement du Blues tel que je l'entends, mais c'est bien comme ça. Là aussi, je suis très impressionné par le guitariste, Anthony Stelmazack, un type largement au niveau de tous les guitaristes américains qui sont aujourd'hui en haut de l'affiche. Il a fait un long solo sur Flip Flop and Fly qui m'a littéralement scotché ! Et que dire de Cedric, fabuleux chanteur et organiste (ce Hammond, quel son ça a quand même !)
Comme Harmo, je pense qu'il se passe actuellement en France quelque chose de très spécial avec ces groupes et que ça mériterait que le show biz officiel commence un peu à s'en rendre compte. Je ne vois pas l'équivalent dans le monde (je pèse mes mots) de groupes comme les Flyin, Marvelous Pig Noise.Ils sortent du ghetto du Blues pour proposer une musique vraiment susceptible d'intéresser pas mal de gens. Et c'est quand même moins putassier que Poppa Chubby!
Le show des Flyin Saucers s'arrête hélas au quatrième morceau à cause de la pluie qui s'abat en rafales. On est un peu triste de ne pas tout voir ni de ne pas pouvoir participer à la jam finale promise par Harmo.Tant pis, ça sera mieux demain ! On retourne voir nos copains Rockabilly pour se consoler et jammer encore un moment avec eux. Jeff comprend enfin comment fonctionne le fameux slap rockabilly sur la contrebasse. Il y'a un micro contact sous le manche et les types ont des cordes quasiment en élastique! C'est plus facile comme ça.

Le lendemain matin, on va se balader dans Nantes. Jolie ville. Je rentre dans la cathédrale et j'ai le plaisir de discuter avec la gentille dame qui s'occupe de l'accueil , du passé chargé des grandes familles nantaises, souvent descendantes des négriers. On tombe d'accord sur le fait que l'Eglise pourrait quand même apposer une plaque dans la cathédrale en mémoire des esclaves qui ont indirectement servi à la rendre aussi belle. Je me régale à mon habitude dans les magasins de vynil d'occasion et j'y dépense par anticipation le cachet promis par Harmo.

A cinq heures, on revient à Pornic pour assister au show des Flyin saucers. Ils réussissent à aller jusqu'au bout ce coup ci, confirmant ainsi tout le bien que je pense d'eux ! Après le dîner au casino où on rencontre Arnaud Fradin de Malted Milk (il s'avère que lui et Jeff, notre contrebassiste, se connaissent bien. Il faut dire que Jeff connaît intimement la moitié de l' humanité) et où on se repaye un petit coup de brésiliennes descendant l'escalier,ce qui est toujours appréciable.

On se prépare enfin à remonter sur la scène. Et là, damned, alors qu'on avait vraiment envie de jouer, que le public était là, une pluie diluvienne s'est abattue sur Pornic, et hélas aussi sur la sono qui en a pris un sale coup derrière les transistors. La mort dans l' âme Harmo a du annuler le reste du festival. Les musiciens présents décident de ne pas en rester là et d'aller finir la nuit quelque part. Et là, c'était vraiment étonnant de voir l'efficacité et l'énergie déployée par la communauté BQR.En une demi-heure, le lieu était trouvé (Le Quinze Noeuds, un bar au bout de la jetée) les amplis et la batterie transférés et tout le monde suivait.
La jam commençait vers les 22 heures et elle allait durer jusqu'à presque trois heures du matin. Et bon Dieu que c'était chaud les amis ! Nous décidons que chaque groupe allait jouer quatre morceaux et qu'après on se mélangerait. Nous avons commencé et là franchement, on a été bons. C'est vrai que Mo and the Reapers sont plus à l'aise dans un petit endroit comme cette arrière salle de bar que sur une grande scène. Et puis bon, on avait la rage.Je crois que les gens s'en sont rendu compte.
Après il y a eu les Old Bluesters qui ont manifestement la « frite ». Le chanteur Jean Claude réussit très bien à communiquer avec le public et à mener tout son monde. La rythmique (le vétéran Claude à la basse et Cyril, le fils de Jean-Claude à la batterie) aussi tourne très rond, caractéristique de tous ces groupes, avec en plus, de très sérieux guitaristes. Celui des Bluesters s'appelle Cristophe . Il ont aussi récupéré Cedric des Flyin Saucers à l'orgue. Le répertoire est plus « moderne » que le notre, avec même un morceau de Poppa Chubby (vade retro !) Anthony (des Flyin lui aussi) les rejoint vite avec sa guitare.
Scratch my back enchaîne, sans leur chanteur/ harmo remplacé par Jean Claude ou par moi. Anthony prend l'harmonica de façon très compétente. C'est un grand plaisir d'être accompagné par un guitariste de la classe de Julien! Et derrière ça pulse sacrément! Une impression très différente de celle que j'ai d'habitude avec la rythmique des Reapers. Avec ces jeunes, on a l'impression de courir devant un camion de 35t lancé à toute berzingue.Y' a pas intérêt à s'arrêter pour réfléchir, on se retrouverait vite écrasé!
Et puis c'est Malted Milk (sans Manu, leur harmo, remplacé par Mr Mo en personne) qui font exploser la baraque! Je n'avais pas encore vu Arnaud à l'oeuvre, mais c'est quelque chose. Il est un bon chanteur en plus.

Après tout ça, franchement, je ne sais plus trop ce qui s'est passé, mais je sais que c'était vraiment bon, l'esprit du Blues planait au-dessus de nos têtes! Harmo a explosé à l'harmonica à un moment. Je crois qu'il avait alors oublié l'amertume qui était en lui lorsqu'il avait du arrêter le festival.Ca nous a fait plaisir de le voir jouer. Ca a terminé avec Mississippi Mud accompagné par les Reapers et rejoint par Manu de Malted, vraiment dans l'esprit. La Loire et le Mississsippi paraissaient se confondre dans une même fleuve boueux !

Nous concluons la soirée par des embrassades générales et des adieux à n'en plus finir. J'ai presque du ramener de force tous les Reapers dans la voiture, tellement ils paraissaient oublier qu'on avait encore une longue route à faire dans pas longtemps ! Bon, voilà, après quatre petites heures de sommeil, il ne nous restait plus qu'à rentrer en Auvergne, avec quasiment les larmes aux yeux d'avoir rencontré une telle chaleur humaine ! Nous avons expérimenté quelque chose dans ce voyage que je vous souhaite à tous de vivre un jour.c'est quand même bien de pouvoir jouer le Blues.
A bientôt mes frères et mes soeurs bretons !

la 1ère édition de "Blues en Retz" :Blues en Retz (Pornic): Un Festival est né (LGDG n°22)

le site de Blues Qui Roule: www.bluesquiroule.com

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festival "Jazz à Riom"
les Reapers, Little Victor & Sophie Kay

date: 28 Août 2001
de: Pin's (the Slide Killer) <pinspas@ifrance.com>

voici le très attendu compte rendu du festival "Jazz à Riom"....!!!!

Sous un soleil de plomb, étaient programmés sur quatres jours, pour la partie Blues, Bourbon Street, Mo and The Reapers, Alain Dorlet Blues Gang et Little Victor & Sophie Kay.

Pour des raisons professionnelles, je n'ai pas pu me déplacer pour la soirée de Jeudi avec Bourbon Street et Mo and the Reapers, entre autres. Bad luck....
Par contre, suite à la proposition de Jean-Michel qui m'avait gracieusement invité à croiser le manche avec lui et les Reapers (du moins ce qu'il en restait......??!!), la soirée de Vendredi qui s'annonçait passionnante a effectivement tenu ses promesses.

La soirée débuta donc vers les 19h (c'est un peu tôt, non ...??) avec le concert de Mo and the Reapers au Restodine, cafeteria du centre ville. Comme indique plus haut, la formation du groupe était pour le moins exceptionnelle, car Mo et Automatic Slim etaient absents et excuses.... Vacances pour l'un et boulot (théatre de rue d'Aurillac.....??) pour l'autre.
Jean-Michel, toujours fidèle au poste, avait donc fait amicalement appel à Laetitia à la guitare et au chant, et à moi-même pour compléter l'ensemble. Bien sur Steph "typhon" à la batterie et Jeff Tronnelle à la contrebasse assuraient la rythmique.
La composition du groupe quelque peu complexe (trois guitares...) pouvait laisser imaginer une soirée sous le signe du show guitaristique cacophonique voire "putassier".....(Oups...???). Mais il n'en fut rien. Sous une chaleur limite supportable et devant une assistance attentive, Jean-Michel géra comme a son habitude la soirée de mains de maître.
Laetitia, assurant une partie des vocaux, a demontré une belle assurance au chant et une aisance plein de feeling a la guitare (attention, les mecs....!!!). Le tandem forme avec Jean-Michel fut d'ailleurs une des belles surprises de la soirée. Que du bonheur.
Comme d'had, "Juke Box" Jean-Michel nous concocta un set de bons vieux blues comme il sait le faire mélé de Chicago blues, de west coast, etc.... Le public d'ailleurs apprécia puisque nous avons eu droit a un rappel mémorable et quelque peu surprenant (n'est-ce pas, Jean-Michel.....?!!! et merci a la sono...?!!!).
Une autre belle surprise de la soirée fut Jean-Michel qui, une fois n'est pas coutume, avait ressorti ses vieux harmos (qu'il trempe d'ailleurs dans du whisky avant de jouer pour les entretenir, comme il dit....). Et la, coup de bluff, il joue le bougre. Sonny Boy, Junior Wells, tout y passe. Chapeau bas...
En bref, un grand merci à Jean-Michel et aux Reapers, pour ce concert un petit peu improvise mais rondement mené et diablement efficace. Bon souvenir personnel.

Bon, remis de mes émotions et guitare dans son étui, place a Little Victor & Sophie Kay qui jouent dans un petite rue du centre ville. Et là encore, la claque. On m'avait énormement dit de bien d'eux, et bien je confirme. Ca c'est du blues comme je l'aime. Du roots, du roots et encore du roots. Et avec le look, si ou plait...
Little Victor à la guitare et au chant, Sophie Kay à la guitare et au chant et Lulu (ancien des Bo Weavil, rien que ca....) à la batterie. Côté répertoire, que du bon. Des reprises de Memphis Minnie, S. Blackwell,.... et des compos a eux taillées dans le bon vieux blues. ca fait plaisir à entendre, et à voir.
Little Victor est pour moi un des meilleurs représentant actuel de ce vieux blues comme on le jouait à l'époque. Il reste impressionnant à la guitare dans ce style. Sophie Kay l'accompagne admirablement en plaquant les accords sur sa vieille De Armond et Lulu, LE batteur de Blues par excellence, simple, efficace, à l'écoute, fait le minimum, mais toujours bien senti....
A la fin du set, j'ai eu le plaisir avec David, mon pote harmoniciste de Clermont, de jammer avec eux. On a fait quelques bons vieux Chicago Blues dont un Eyesight to the blind vraiment bon (Ah !! Lulu à la batterie.....). Que du bonheur. On se serait cru dans Maxwell Street. Jeff Tronnelle était venu avec sa contrebasse et Laetitia et sa guitare aussi. En bref, L'esprit était là, avec de vrais gens admirables et authentiques vraiment respectueux du blues et de ses racines. Bravo et merci à Little Victor & Sophie Kay.

Voila donc pour mon week end à Riom. Désolé d'avoir été si long. Mais bon, quand on aime, on ne compte pas....

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Jean-Jacques Milteau
Memphis

date: 4 Septembre 2001
de: Benoît "Planet Harmonica" Felten <ben@planetharmonica.com>
(photo Pierrot "Mississippi" Mercier)

Le dernier album de Jean-Jacques Milteau sorti récemment dans les bacs est l'objet d'une démarche singulière et un peu inhabituelle de la part d'un artiste Français : notre harmoniciste national est parti à Memphis enregistrer cet album avec des musiciens de studio du cru, et pas n'importe lesquels puisqu'il s'agit des piliers du "Royal Studio" de Memphis qui ont contribué à nombre d'albums de soul et de rhythm and blues depuis les années 60. C'est de cette expérience musicale qu'est tiré le titre du l'album "Memphis".

JJM est parti à Memphis à la recherche d'un son. Pas le son rauque et blues des premiers enregistrements du Wolf, mais plutôt le son "soul" de Booket T, de Issac Hayes et des célèbres Memphis Horns. Et le plus intéressant dans ce nouvel album, c'est certainement ça : une unité de son et d'atmosphère qui a pu manquer à certains des albums précédents de Jean-Jacques, qui jonglaient entre des styles très différents.

Bien sûr, la contribution de trois pointures du chant blues/soul tels que Little Milton, Mighty Mo Rodgers et Mighty Sam McClain n'est pas non plus pour rien dans le succès de l'entreprise. Chacun d'entre eux est arrivé avec dans son escarcelle une de leur propres compositions et une reprise. De manière assez intéressante, les compositions s'avèrent plus blues que les reprises qui sonnent très soul. Les trois chanteurs (et guitariste dans le cas de Little Milton) sont en grande forme vocale et, tout en ayant des manières différentes de chanter, ont vraiment les "voix qu'il faut" pour coller avec le contexte musical du "Royal Studio".
Jean-Jacques Milteau à Vannes 2001 (photo Pierrot Mercier)
Jean-Jacques Milteau à Vannes 2001

Et l'harmonica, dans tout ça ? Et bien disons que si certains ont pu reprocher de par le passé à JJM d'être un harmoniciste pour harmonicistes, ils devraient être surpris par ce dernier opus : tout en restant l'instrument soliste essentiel de l'album, puisque présent sur tous les morceaux, l'harmo de JJ n'est ni démonstratif ni technique : il s'intègre dans l'ensemble, et en particulier au sein des arrangements de cuivres, avec facilité. L'évolution sensible du jeu de Jean-Jacques depuis quelques années se fait clairement sentir dans cet album, qui est l'aboutissement d'une recherche du son : des phrasés simples, des improvisations mélodiques et un son dont la texture est de plus en plus riche. Si je n'avais peur d'être accusé de blasphème, je dirais que JJM se Miles-Davis-ise...

Certains morceaux, bien sûr, ressortent plus que d'autres : les compositions de Little Milton ("Things are gonna change") et de Sam McClain ("At last, on time") en particulier devraient satisfaire les amateurs de blues, tandis que des instrumentaux très funky comme "TMCP" ou soul somme le superbe "Master Lester" devraient ravir les amateurs de soul.

Au final, cet album s'addresse certainement plus aux amateurs de musique en général qu'aux amateurs de prouesses instrumentales et d'harmonica virtuose en particulier. Comme me le disait récemment un collaborateur de Planet Harmonica, "on peut le prêter à un ami sans avoir à lui dire que c'est de l'harmo !" C'est très juste, et c'est à ce titre qu'à mon sens il s'agit du meilleur de JJM depuis un bon moment.

ref CD: Memphis, Jean-Jacques Milteau,2001, Emarcy

date: 6 Septembre 2001
de: Christophe Tof Godel <christophe.godel@freesbee.fr>

Ce qui m'a frappé à l'écoute de cet album c'est avant tout l'unicité du son, des thèmes abordés. C'est cohérent, ça ne part pas dans tous les sens ni tous les styles, contrairement à ce qu'a pu faire Jean-Jacques Milteau par le passé.

Il faut dire que le Monsieur n'a plus besoin de nous prouver qu'il maitrisel'harmonica comme personne. Dans cette ambiance rythm'n blues et soul, l'harmonica est bel et bien là mais est en osmose parfaite avec les autres instruments et surtout avec les belles voix qui chantent sur cet album.

Une fois n'est pas coutume, JJM ne chante pas. Cette partie est laissée à quelques unes des voix les plus magique de ce style, à savoir Mighty Mo Rodgers, Mighty Sam McClain, mais aussi Little Milton (également à la guitare) et le surprenant William C Brown III. Manu Gavin, le fidèle, est toujours là et bien présent sur cet opus.
Voici tous les ingrédients qui font que cet album à une saveur particulière. On se laisse embarquer facilement sur la route de ce Memphis, le pied battant facilement la mesure. De plus, le rythme de l'album est sympathique. JJM alterne les instrumentaux originaux et les chansons !
A noter deux reprises surprenantes, un peu dans la tendance de ces derniers temps, où les bluesmen reprennent des titres non blues, et en font du blues ! Ici, JJM propose une version sympathique de Heart of Gold de Neil Young, avec Mighty Mo Rodgers, et "If you love somebody, set them free" de Sting avec Little Milton ! Cette dernière reprise est vraiment bien sentie, je trouve !
Il y a quand-même quelques titres qui sortent largement du lot comme "TMCP" (instrumental), "The change has yet to come" avec Mighty Sam McClain, "Master Lester" (instrumental), "Things are gonna change" avec Little Milton et "Memphis" (instrumental) qui me fait littéralement danser !
Les cuivres sont très présents sur cet album, et c'est un régal. C'est vraiment un bon album, bien pensé, bien réalisé, bien produit. Il peut plaire au plus grand nombre, c'est certain et faire découvrir les invités de JJM sur ce disque. Il ne faut pas prendre ce disque comme un disque d'harmoniciste, même s'il est présent partout.

Plus je le réécoute, plus je découvre de petites subtilités géniales, notamment dans les accompagnements. Ce disque est bien plus riche qu'on ne le croit à la première écoute.

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les Bloosers
la galette qui vous blousera...

date: 10 Août 2001
de: Docteur Blues < docteur.blues@free.fr>

CD des Bloosers Il y a quelque temps, je vous parlais des Bloosers que j'avais vu en concert à "La Scène". J'avais déclaré à l'époque qu'il ne manquait plus à ce sympatique combo de la région parisienne que ce maudit premier album. M'ont-ils entendu ? non... tout le mérite leur en revient car ce maudit Cd a vu le jour et ils me l'ont gentillement envoyé pour voir ce que j'en pensais.

Composé essentiellement de reprises, l'album laisse entrevoir malgré tout, deux compositions "Baloogie" en intro et surtout "Case Closed" signée Rémi Parisse et Rodolphe Dumont respectivement chanteur et guitariste du groupe. Rémi est sans aucun doute un vrai chanteur, quelle chance pour un frenchy ! il assure l'homogénéité de l'album ce qui permet de varier un répertoire de grandes signatures : Milburn, Bartholomew, Jacobs, Dixon ; Un répertoire que les Bloosers nous servent sur un shuffle texan brulant.
Le batteur Guillaume Kissel et le bassiste Pascal Lefevre en sont les principaux artisans, un sans faute, ici ça crépite ça ne martelle pas. On peut parier que ces deux là donneront des fourmis dans les jambes des demoiselles qui auront la chance de les écouter ha ha ! prépare tes boogie schoes baby !
Côté solistes Rodolphe et l'harmoniciste Marc Schaeller donnent eux aussi le meilleur de leurs âmes qu'ils auraient bien vendues au diable (les clichés ont la vie dure). Comment expliquer sinon des sons d'harmo et de guitare aussi chauds, une domination de la technique et une belle maîtrise de la saturation.
Côté invité, le mystérieux Bala Pradal accompagne au piano le groupe tout au long de l'album avec un gros feeling sur "Bad Bad Whisky" un de mes titres favoris et surtout un grand numéro sur "Don't want no woman" ; quand tout le groupe fait un clin d'oeil au Jazz.
On retrouve également deux fines gachettes de la six cordes en la personne de Philippe Fernandez qui enflamme un Joyeux "Sick and Tired" et Pascal Swampini qui ne refuse jamais un duel original sur "I'm gonna love you" un des autres hits de l'album.

Je dois vous l'avouer, les Bloosers m'ont bien blousé. Quel album!!! Un travail de pro qui supporte la comparaison avec des noms prestigieux que je ne citerai pas ici de peur de choquer les âmes sensibles ou ceux qui pensent encore que le blues français n'existe pas.
Ah j'allais oublier de vous parler de la superbe pochette du Cd qui enveloppe parfaitement les 14 titres irréprochable de ce "maudit" Cd... En deux mots "La claque" et attention chez Docteur Blues on ne cire pas les pompes c'est pas le genre de la maison alors écoutez les, ils le méritent !

date: 16 Août 2001
de: Jean Bakrim < jean92@club-internet.fr>

Beaucoup de musiciens ont oeuvré sur ce premier album déjà très accompli. "Pour un coup d'essai, ce fût un coup de maître". un disque de reprises mêlées à des compos personnelles. On ne peut résister à cet album très swinguant, qui balaye large dans le spectre du blues, du rock, du swing, du boogie. Même ma mère l'a aimé.

Rémi Parisse, au chant, avec son charisme, emmène tout ce beau monde derrière lui avec beaucoup de conviction, d'entrain, et de professionnalisme. Il signe d'ailleurs le 4° morceau, "Case closed" avec le guitariste Rodolphe Dumont, alors que Bala Pradal signe lui, le premier morceau d'intro "Baloogie" .
Le 11° titre "I'm gonna love you", sonne très rock'n roll, avec le concours de l'excellent Pascal Swampini. Sur une majorité de titres, on peut également apprécier l'excellent travail de Marc Schaeller à l'harmonica.
Cet album à du souffle, c'est un hymne à la vie. A conseiller, encore un, je sais, en cas de cafard.
L'apport du piano donne une touche très complémentaire aux guitares, et Bala Pradal nous livre une ligne mélodique très présente. Le 3° titre, "It's too late Brother" , swingue à fond et vous fait claquer des doigts, à moins d'être à moins d'être totalement sourd. L'ensemble du disque est d'ailleurs très dansant. Pour les avoir vu récemment au "Triolets" à Paris, je peux attester de l'énergie que le groupe dégage, et d'ailleurs le public ne s'y est pas trompé en envahissant le moindre m² pour danser !

Du Blues, du Rock pur jus. Une réelle sensation que cet album jubilatoire est le fruit d'un long travail de passionnés. Il a accompagné mes journées de farniente cet été, il supporte très bien le voyage!

C'est une galette excellemment produite par "Abdul & Cléopatra" , avec effectivement une pochette, un design très professionnels qui force le respect pour un premier disque, et qui en attendant la suite de leurs aventures, devrait offrir bien du plaisir à son heureux possesseur.

ref CD: Bloosers - BOR002 © Gazoline Association 2001

Contact Bloosers : 01 44 54 65 75, 06 83 37 12 73
e-mail bloosers@hotmail.com
Url : www.multimania.com/bloosers

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Midnight Rumble with BO WEAVIL
UN SACRE MILLESIME !

date:26 Août 2001
de: Phil CatFish <Philpretet@aol.com>
Bo Weavil

Le premier disque de Bo Weavil avait révélé une des meilleures formations de la dernière décennie, de ce côté ci de l'atlantique, composée de musiciens talentueux, passionnés par le blues des années 50 aux accents boogie et rock'n roll . Drôlement efficace et terriblement swinguant !

Leur deuxième album s'est fait attendre, en ce début d'année, à l'instar des grands vins qui évoluent lentement mais sûrement jusqu'à leur maturité…

Qu'en est-il du millésime 2001 ? A l'évidence, les années se suivent et se ressemblent : Midnight Rumble with Bo Weavil est à classer à la rubrique "sacré millésime" qui devrait ravir les amateurs de blues authentique.Est-ce une surprise ? Pas vraiment !

Il faut être clair : Boogie Matt (Voc, harp, guitar) Sleepy Vince (contrebasse, drums) accompagnés par le pianiste Stack-o-Lu, savent, actuellement, mieux que quiconque, tirer la quintessence de l'esprit des fifties.

Dans cette deuxième livraison, on reconnaîtra, certes, l'éclectisme musical des Bo Weavil : le Memphis Blues de Joe Hill Louis à l'écoute de "Oh Mama" , l'immense vide laissé par John Lee Hooker dans "Boogie Blues", ou encore l'atmosphère du Deep South et celles des clubs du West Side chicagoan…dans "The Junker" etc...

Mais, ce qui frappe le plus, c'est la force, l'intensité de l'âme et le feeling époustouflant de Bo Weavil qui transpirent à chacune de leurs compositions originales…à faire pâlir d'envie et de surprise les vieux routiers du blues d'outre atlantique ! Eh guy ! L'authenticité, celle qui sort des tripes, on en redemande !

"The blues is a feeling" disaient les vieux bluesmen. Humez donc les senteurs qui se dégagent de cet album !

Dès les premières notes, on adopte le toucher et le phrasé particuliers de la guitare de Boogie Matt et sa " cig voice ", le slap tout en finesse, caractéristique de la contrebasse de Sleepy Vince, mise en valeur par l'efficacité feutrée du piano, le tout dans une chaude ambiance, style barrelhouse des arrières cours du Beale Street des fifties…

Vous sentirez peut -être … comme une envie irrésistible de vous lâcher, et de swinguer en poussant la table du salon. Oh Mama ! le blues joué comme cela, c'est si bon !

Et puis, ne boudons pas notre plaisir : 14 titres ! Une production bien lèchée qui sait restituer les ambiances et les nuances des vieux amplis à lampes… God job, men.

Vous l'aurez deviné : un sacré millésime. Un album incontournable. A servir sur un plateau, chambré, sans décantation, brut de brut, et surtout… sans modération !

ref CD: Midnight Rumble with BO WEAVIL, Lenox Records 1021
web site du groupe : www.bo-weavil.com
booking et infos : Afozic Management e-mail : opiumDID@aol.com

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interview:
Doo The Doo à l'émission America (RTBF)

date: 3 septembre 2001
de: Didier Van Den Branden <divdbranden@swing.be>

Doo the Doo invité a l'émission AMERICA (sur la Radio-Télévision Belge Francophone Première, tous les lundis de 20 a 22h ) du 8/3/2001 et interviewé par Malika Ben Brahim et Laurent Dehossay.
En complément de l'e-interview parue dans le n° 26 de la gazette de Greenwood, Didier "Don't Forget To Boogie" l'a retranscrite pour nous (publiée avec l'aimable autorisation des animateurs d'America)

America: Quatrième album pour le groupe, "Hex", ça signifie sortilège, je crois. Vous avez choisi une pochette représentant un autel Voodoo?.

Doo the Doo: Malédiction, sortileèe, mauvais sort, oui. On voulait que la pochette corresponde à l'ambiance du disque. Y a pas que ça mais il y a quelques éléments qui rappellent cette ambiance Louisiane, Voodoo, d'où le titre et la photo de la pochette.

America: Vous venez de Quimper en Bretagne, et le groupe existe depuis 91, formé autour des frères Jazz. Vous êtes tombes dans le Blues quand vous étiez petits?

Elmore: (Rires) Oui, on était fans, on écoutait beaucoup ce genre de musique, on s'est mis a jouer ensemble (les frères Jazz) et les choses se sont mises en place assez naturellement. Maintenant on est sur la route tout au long de l'année.

America: Qu'est ce qui a fait que vous sous soyez plutôt orientés vers le Blues et pas vers le rock, le funk, ...

Elmore: Dans le Blues on a trouve un terrain d'expression qui nous convient bien. On y a trouve notre voie, notre façon de s'exprimer. Ca c'est fait naturellement, sans calcul, parce qu'on aimait ça.
Mon premier disque de blues était un album de Jimmy Reed. C'est comme ça que j'ai découvert le Blues et tous les autres bluesmen derrière. Mon tout premier album était un disque de Chuck Berry que j'avais acheté un peu par hasard a l'époque. J'étais très jeune et je ne connaissais pas du tout le Blues, j'écoutais pas mal de rock 'n roll noir.

America: D'où vient le nom du groupe?

Doo the Doo: C'est le titre d'un morceau de Howlin' Wolf.

America: La presse vous définit comme un groupe de rockin' blues. Ca vous convient?

Doo the Doo: Oui, c'est assez juste, on a un côté assez rock 'n roll même si c'est trop réducteur, comme toutes les étiquettes. Ca vient peut-être de l'énergie qui ressort lors de nos concerts.

America: Dans l'album Hex, il y a pas mal d'atmosphères différentes: du swamp blues, du Texas, Chicago blues, certains morceaux plus rock, boogie, ..

Doo the Doo: C'est voulu, pour donner des couleurs a l'album. On avait envie de faire un disque qui s'écoute du début jusqu'a la fin sans lassitude. Il était donc important de varier les climats.
L'image qu'on a du Blues, c'est une alternance de shuffle et de blues lents. On voulait sortir de ce cliche.

America: Sur cet album, vous vous êtes partagés les compositions; alors qu'avant c'était principalement les frères Jazz qui composaient.

Doo the Doo: On a compose les chansons avec l'un ou avec l'autre, par affinité, ou tout seul dans notre coin. On les a jouées, arrangées et on a choisi celles qui sonnaient. On a tous une culture blues un peu différente en raison de nos parcours. Ca a donc une influence sur les compositions qu'on retrouve sur l'album.

America: Tu parles d'affinité, comment cela ce passe-t-il au sein du groupe?

Doo the Doo: A ce niveau, le seul apprentissage, c'est la scène! C'est la qu'on apprend a se connaître et qu'on acquiert une bonne expérience. En répétition, on a droit a toutes les erreurs.
Au départ on jouait a 4. Quand Zeb (2eme guitare) est arrive, il nous a fallu +/- 6 mois pour que chacun trouve sa place, son rôle, même si ça c'est fait assez naturellement. Avant de jouer en groupe, on avait déja eu l'occasion de faire des boeufs ensemble, on se croisait souvent. Donc chacun savait qui et comment était l'autre avant de former Doo the Doo.

America: On parle d'une nouvelle vague du Blues. En avez vous conscience?

Doo the Doo: Oui, il y a un regain d'intérêt pour le Blues en France, on ne connaît pas la situation en Belgique. Ca ce remarque lors des concerts, ou on constate qu'il y a un jeune public qui vient nous écouter. Il n'a pas connu la vague précédente, fin des années 80 début des 90, avec Bill Deraime, Patrick Verbeke, notamment. Après les concerts, ils arrivent et nous disent "Ah, c'est ça le Blues?". Ils pensaient que le Blues était une musique pour rêveurs, un peu soporifique, mais ils entendent une musique bien vivante, ils dansent et achètent nos disques. C'est que ça doit leur plaire... En plus, toutes ces mélodies propres au Blues, ils ne les entendent pas ailleurs.

America: Ca vous motive à innover, à vous éloigner d'une tradition trop pesante?

Doo the Doo: Non, on tient simplement a avoir notre propre identité, rester Doo the Doo et ne pas sonner comme untel.

America: La vie sur la route ne semble pas vous effrayer. Le rythme éfreiné avec lequel vous donner des concerts semble même souder le groupe. Doo the Doo: La route, on aime ça! Avec l'expérience, on a apprit à gérer les tournées, apprendre à récupérer quand on le peut, dormir dans le fond du camion ne serait-ce que 40 minutes.

America: Puis les Bretons ont ça dans le sang, non?

Doo the Doo: (Rires) Il y a un alsacien et un bordelais avec nous, mais maintenant je crois qu'ils ont piges! On est surtout très bien organises, ce qui nous évite pas mal de soucis. C'est notre métier après tout et dans ces conditions ça devient un bonheur.

America: A propos de la Bretagne, qu'en est-il de la vague de musique celtes?

Doo the Doo: On assiste a un recul du Blues en Bretagne, effectivement. Il y a de moins en moins d'endroits pour jouer notre musique. A ce manque d'intérêt est venu s'ajouter la loi anti-bruit qui a provoque pas mal de fermetures de bars. Ceux qui existent encore ont préféré arrêter les concerts que d'entreprendre des travaux d'insonorisation trop lourds financièrement.
Au niveau du public, la nouvelle génération, en Bretagne, est plus tournée vers le Reggae ou le Ragga que vers le Blues.

America: Sur scène on vous dit; je cite: "scéniques en diable, décontractés, performants", quelques qualificatifs qui reviennent souvent même pour Elmore alors que l'harmonica n'est pas un instrument connu pour être très visuel.

Elmore: Je pense que, sur scène, il faut faire un petit peu le clown. En tout cas moi, j'aime bien faire le con. Souvent, les harmonicistes disent que l'harmonica est moins scénique que la guitare, par exemple. Après un solo d'harmonica, c'est rare que les gens applaudissent. Mais si tu fais le con a côté, tu verras que les gens applaudiront. La scène, c'est pas seulement un instrument, c'est aussi un personnage. De toute façon, chacun fait comme il peut! Il y en a qui ont besoin de concentration pour jouer. Moi je me relâche très facilement.

America: Vous avez été a la même affiche que Mick Morgan, Calvin Russell, Taj Mahal, notamment. Y a-t-il une de ces personnalités qui vous a marque?

Doo the Doo: Oui, notre rencontre avec Junior Wells. C'était en 94 ou 95. Un petit peu avant son show, il est venu nous demander de le rejoindre a la fin de son concert. C'était pour nous un grand moment, de plus ça ne faisait pas très longtemps qu'on jouait ensemble. C'est vraiment le souvenir le plus marquant qu'on ait.

America: Vous restez basés à Quimper. C'est important pour vous de rester en Bretagne?

Doo the Doo: On habite tous la-bas. C'est plus simple de monter tous dans le camion à Quimper et puis de démarrer de là. A part Zeb. Mais il habite a 100 km et on passe toujours par chez lui quand on sort de Bretagne. Et puis, c'est un bel endroit pour vivre. C'est même plus facile pour un groupe d'être basé en province qu'à Paris ou il n'y a pas énormement d'endroits ou jouer. Il y a le New Morning, le Chesterfield Café, on vient d'y faire 15 jours, mais il y a plus de possibilités en banlieue et même en province.

America: Hex est votre 4eme album. Cela signifie que vous avez atteint une vitesse de croisière, ou que tout est a chaque fois a recommencer?

Doo the Doo: C'est un nouveau départ a chaque fois. C'est vrai qu'on a un acquis, on travaille maintenant plus vite et plus facilement qu'au début. Mais, à chaque fois, c'est différent, le groupe évolue et c'est donc un renouveau, un pas en avant, aussi.

America: Et pour la production, les choses sont-elles plus faciles aujourd'hui?

Doo the Doo: Notre expérience de studio s'enrichit a chaque album. On est donc plus à l'aise qu'auparavant. Sur Hex, on a travaille avec une équipe de chez nous. On l'a enregistre a Quimper. On avait loué un endroit dans lequel on a monté un studio, on y a fait venir un technicien de Bordeaux, Alex Bardinet qui s'est occupé de la prise de son. On l'a mixé au Luxembourg avec Mick Butcher qui a travaillé avec Arno, Marvin Gaye, notamment.

America: Et le résultat est 100% ce que vous espériez?

Doo the Doo: On ne sait jamais a l'avance ce que ça va donner. Mais c'est dans ce sens la qu'on voulait aller en tout cas. L'album ne s'est pas fait du jour au lendemain non plus! Au mois de janvier 99, on a eu l'occasion de louer une maison pour 15 jours en Bretagne ou on a écrit tous les morceaux de l'album plus quelques uns qui n'ont pas été repris. On les a travaillés en répétition, joués et rodés sur scène pendant toute la saison en modifiant ce qui ne nous plaisait pas et suite à cette expérience sur scène, on a retravaillé les chansons juste avant d'entrer en studio en fonction de la réaction du public, comment elles avaient été ressenties par la salle. Ca nous a permis, en septembre, d'entrer en studio avec un choix précis de morceaux. De tout ça il reste quelques compositions qui ne figurent pas sur Hex.
On devrait donc s'y remettre rapidement. On est un peu fainéants et, pour le moment, beaucoup sur la route.

America: Hex est un bel objet, une présentation impeccable, des photos superbes, ...

Doo the Doo: Quand on a pas les moyens d'avoir une grosse promo, ce qui est notre cas, il faut que l'album attire le regard. Le LP avait une image de bel objet que le cd a perdu. Un digipak rappel ce côté écrin. En plus, quand on paie 140FF pour un disque, il est normal d'avoir quelque chose de soigne.

America: Comme arrivez-vous a garder une cohérence dans un album aussi diversifie dans les styles?

Doo the Doo: Les morceaux sont enregistrés "live", donc quand ils ne tournent pas on s'en rend directement compte. Si on est bien installe dans un morceau, qu'il roule bien, qu'il nous plait, on le garde. C'est là-dessus qu'on se base.

America: Et tout le monde est d'accord?

Doo the Doo: Oui, Doo the Doo, c'est presque une famille (rires). Trouver son unité, sa cohérence ça tient aux personnes qui composent le groupe, même si ça met quelque temps avant de se trouver. Chacun apporte quelque chose pour arriver a un résultat d'ensemble, et la scène reste le meilleur test possible que ce soit pour savoir si on veut tous jouer tel ou tel morceau ou savoir comment chacun s'intègre dans Doo the Doo. A partir du moment où tous les musiciens sont heureux de jouer un morceau, ça donne forcément une image de cohérence au groupe et à l'album.

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