n°39 (Janvier 2002)
date: 9 décembre 2001
Blues Estafette 2001
à Utrecht
de: Jocelyn Richez <jrichez@noos.fr>
(photos de l'auteur)
La Blues Estafette 2001 était un excellent cru avec un niveau général très élevé, comme chaque année beaucoup de musiciens méconnus, beaucoup de découvertes, de révélations comme Delta Slim, Classie Ballou ou Tom Hunter, des confirmations comme Big George Jackson ou Harmonica Shah et des vedettes qui assurent comme Henry Gray ou Lazy Lester. Même si certains ont pu regretter que cette année la restauration sur place n'était pas à la hauteur, cette Blues Estafette 2001 à Utrecht restera dans les mémoires de ceux qui ont eu la chance d'y assister.
Big Georges Jackson |
C'est le Big George Jackson Band qui avait l'honneur cette année d'ouvrir le festival. Je les avais déjà vu deux semaines auparavant à l'espace JR Caussimon à Tremblay où ils m'avaient fait bonne impression. Autant dire que l'essai fut transformé! Si Big George est assurément un très bon chanteur, ses deux guitaristes Jeremy Johnson et Phil Schmidt sont vraiment excellents. J'apprécie beaucoup le répertoire original de Big George Jackson à une époque où beaucoup de bluesmen se contentent de jouer des standards. C'est en plus un gars qui ne se disperse pas, ne jouant que du blues avec une très nette orientation Chicago blues. Le Big George Jackson Band est pour moi l'une des révélations de l'année!
Delta Slim |
A la suite de ce bon concert, je reste dans la grande salle pour découvrir un musicien dont je n'avais jamais entendu parler auparavant (et c'est bien dommage!): le chanteur, guitariste Delta Slim, originaire du Mississippi. Il arrive sur scène habillé avec une salopette et une chemise à carreaux qui lui donnent un look rural assez caricatural. On a l'impression qu'il est venu en tracteur! Ce look est trompeur car je m'attend alors à un delta blues rustique et assez binaire à la manière d'un T Model Ford par exemple. Ce n'est en fait pas le cas: si sa technique reste relativement rudimentaire, elle est largement suffisante pour jouer le blues. Et le blues, il connaît apparemment! Il ne sait sans doute jouer que ça mais qu'est ce qu'il le fait bien avec une bonne voix, un jeu profond et un vrai feeling blues. Sa musique est même relativement sophistiquée, excellente synthèse entre blues rural et urbain, entre delta blues et Chicago blues. Tout chez lui sent bon le blues, c'est vraiment du blues à 100% comme je l'aime. L'accompagnement de Studebaker John à l'harmonica est remarquable; sans en faire de trop, il s'est parfaitement mis au service de la musique de Delta Slim. Rick Kreher à la guitare rythmique fut très discret, comme d'habitude.
Comment un type comme Delta slim a t'il pu rester inconnu jusqu'à ce festival ? C'est en tout cas la première grosse révélation du festival.
Sammy Fender Will Bill Pitre |
C'est le chanteur, guitariste Sammy Fender qui le remplace ensuite avec le même backing band. C'est l'occasion lui aussi de le découvrir car il n'était finalement pas venu à Handzame. Il joue un Chicago blues électrique assez classique mais qui me touche moins que la musique de Delta Slim. C'est néanmoins un bon concert mais je pars avant la fin pour aller voir Lazy Lester dans la petite salle.
Lazy Lester |
Là, je trouve un Lazy Lester souriant et en super forme, accompagné non seulement de Fred Reif au frottoir mais aussi (et c'est une excellente surprise) de Jeremy Johnson et Phil Schmidt aux guitares, une fois de plus éblouissants. Si les prestations de Lazy Lester dans le passé ont parfois été inégales, cette fin de concert est vraiment remarquable, avec quelques classiques incontournables du swamp blues: un grand moment !
Pour le concert suivant, on reste dans l'ambiance des bayous avec Wild Bill Pitre (guitare et chant) et Paul Orta (harmonica). Wild Bill est personnage qui a l'air sympathique et présente la particularité de parler Français (il n'est pas Louisianais pour rien!). C'est le genre de musicien qui doit jouer épisodiquement dans les juke joint du ghetto et n'a pas l'habitude des grands festivals. Sa prestation fut catastrophique, sans doute complètement rongé par le trac et l'émotion (à l'image d'Iceman Robinson à Ecaussinnes). Ce musicien d'environ 70 ans était tellement excité de jouer dans un tel festival qu'il en a perdu ses repères, étant aussi mauvais au chant qu'à la guitare, emportant dans son naufrage le pauvre Paul Orta, dont je me suis demandé ce qu'il était venu faire dans cette galère. Non seulement, il chantait mal mais en plus souvent à côté du micro, son jeu de guitare essentiellement rythmique était particulièrement imprécis, avec un son particulièrement "brut de fonderie". Le public lui a néanmoins réservé un succès inattendu, l'encourageant à tenter quelques effets de scène peu convainquants comme jouer à une main (déjà qu'il n'y arrivait pas avec les deux !). Mais, ne condamnons pas ce Wild Bill Pitre, peut être que dans un autre contexte, il peut se révéler être un bon bluesman, j'ai en tout eu de bons échos de son CD.
Harmonica Shah |
C'est ensuite le chanteur et harmoniciste de Détroit Harmonica Shah qui fait son entrée dans la petite salle accompagné de RJ Spangler à la batterie (que j'avais déjà vu avec Johnnie Bassett) et du guitariste Howard Glazer, grand gaillard chevelu au look de rocker. Ayant apprécié les enregistrements d'Harmonica Shah, j'attendais tout particulièrement ce concert et je ne fut pas déçu. Le concert fut superbe avec un Harmonica shah aussi bon au chant qu'à l'harmonica, bien soutenu par un Howard Glazer discret quand il le faut mais capable de sortir un beau solo au bon moment pour booster le concert et l'empêcher de tomber dans la routine. Le répertoire très Chicago blues (malgré l'influence de Johnny Winter dans le jeu d'Howard Glazer qui joue d'ailleurs sur une gibson Firebird) m'a bien plu. On sent que le groupe a l'habitude de jouer ensemble, c'est vraiment bien rodé!
Classie Ballou |
Le concert suivant est une grosse découverte, j'ai un peu de mal à parler de révélation pour un musicien de plus de 60 ans: le Louisianais Classie Ballou qui aurait connu son heure de gloire à la fin des années 50. Son physique massif m'a personnellement fait penser à Freddy King. Il a une bonne voix et un jeu de guitare puissant et précis. Ses solos de guitare énergiques sur sa Gibson SG rouge m'ont vraiment impressionné. Il a profité lui aussi du soutient sans faille de Studebaker John à l'harmonica, décidément de tous les bons coups ! J'ai juste regretté que Classie Ballou joue quelques ballades sirupeuses typiquement louisianaises dont je me serais bien passé, mais ça fait partie du personnage et de sa musique et je l'accepte volontiers dans la mesure où le reste m'a vraiment fait vibrer.
Henry Gray et Jocelyn Richez (photo Jean Marcel Laroy) |
Arrive enfin le moment du concert le plus attendu du festival, celui du légendaire pianiste louisianais Henry Gray, celui qui accompagna notamment le Wolf pendant 12 ans. Malheureusement, il a dû se contenter d'un piano électrique au son forcément moins bon qu'un vrai piano et ça c'est vraiment dommage. Henry Gray était accompagné de Lazy Lester à l'harmonica et Andy Cornett à la basse. La basse n'était pas indispensable. L'accompagnement de Lazy Lester fut discret, ponctuant le jeu d'Henry Gray sans jamais lui prendre la vedette. A l'image de ses deux excellents cd sortis cette année, Henry Gray a donné un bon concert, montrant qu'à 76 ans, il était toujours en pleine possession de ses moyens. Son répertoire s'est plus axé sur le cd "watch yourself" que sur "plays Chicago blues" agrémenté de quelques standards comme "Blueberry hill" de Fats Domino ou "what I say" de Ray Charles. A la suite du concert, Henry Gray s'est beaucoup baladé dans les couloirs de Vredenburg, se faisant prendre en photo avec de nombreux fans et signant une multitude d'autographes.
Après ce concert remarquable, à déjà 22h00, il est temps pour moi de penser à me restaurer et à passer rapidement à la buvette. Le problème étant qu'il fut ensuite impossible de rentrer dans la salle, complètement bondée pour le concert de Little Buck Senegal avec Warren Storm à la batterie, Andy Cornett à la basse et le Stakhanoviste Studebaker John à l'harmonica. Néanmoins, on entendait très bien à la porte et je pouvais suivre l'image sur un écran. Bref, je n'ai pas tout perdu mais ça m'a donné des regrets de n'avoir pas pu assister à ce formidable concert dans de meilleurs conditions. Paul Senegal ancien guitariste de Clifton Chenier et habituel accompagnateur d'Henry Gray a vraiment mis le feu à la petite salle.
Tom Hunter | Roscoe Chenier |
Je profite de la pause pour rentrer de nouveau dans la salle pour assister au concert de Tom Hunter, (frère de Long John Hunter) et Roscoe Chenier. C'est Tom Hunter qui est le véritable leader du groupe, excellent aussi bien au chant qu'à la guitare tout en étant plus souriant que son frère: ce Tom Hunter est l'une des grosses révélations du festival. Comment a t'il pû se contenter jusqu'ici d'une carrière locale sur la région de Beaumont?
Roscoe Chenier même s'il n'a pas semblé au sommet de sa forme reste un très bon bluesman. Malheureusement, la chanteuse Amanda "Miss Candy" Kennerson qui a fait son apparition en milieu de set a cassé l'ambiance en interprétant un programme soul qui n'était manifestement pas prévu. Sa voix assez particulière n'a pas fait l'unanimité non plus. Heureusement, elle a quitté la scène rapidement après 2 ou 3 morceaux et on a eu de nouveau du bon blues.
Après ce concert, le choix était le suivant: soit je restais dans la petite salle pour voir une deuxième fois Big George Jackson (la 3ème fois en 2 semaine) soit j'allais dans la grande salle pour voir Bobby Parker qui m'avait déçu à Handzame 2000. Finalement, j'ai préféré aller voir Bobby Parker et je l'ai regretté par la suite. Son concert fut assez semblable à celui d'Handzame, avec les même défauts. C'était dans les 2 cas techniquement irréprochable, mais sans le moindre feeling, une musique très froide avec un son de guitare métallique et une musique plus rhythm & blues, même
Johnny Dyer |
Il est alors 2h du matin et c'est l'heure du dernier concert, celui de Johnny Dyer avec Barry Levenson à la guitare. C'était la première fois que j'avais l'occasion de voir Johnny Dyer dont je suis fan depuis longtemps. Il a joué essentiellement les titres de ces cd Black Top "shake it" et "listen up". Personnellement, j'ai été un peu déçu par le jeu de Barry Levenson, inspiré par Rick Holmstrom mais qui pêche à mon sens par un manque de fluidité. Johnny Dyer s'il a fourni un bon concert malgré l'heure tardive, est néanmoins apparu très fatigué, montrant progressivement des difficultés pour reprendre son souffle pour arrêter un peu brutalement après une petite heure. Je pense qu'il est allé au bout de ses force mais je ne peux m'empêcher d'avoir un petit goût d'inachevé. J'espère qu'il se remettra bien de ce coup de fatigue, il est évident que ce genre de tournées doit être éprouvante pour un homme de cet âge.
Rendez vous au 16 novembre 2002 pour la prochaine édition.
Et voilà, les fêtes sont passées, le Père Noël aura peut-être déposé quelques CDs dans vos petits souliers, à moins que votre vieil oncle ou votre mémé vous ait laissé une petite enveloppe d'étrennes, que vous aurez sans doute attribué illico à votre budget "musique".
Mais peut-être Santa Claus, peu connu pour ses goûts en blues, se sera enfin débarassé, à vos dépends, de ses fins de stock de l'album Les Plus Beaux Blues de Tous les Temps par George Jouvin et son orchestre, ou plus vraisemblablement -je l'espère pour vous!- n'avez-vous pas encore dépensé votre pécule tout nouvellement acquis?
Et peut-être vivez-vous dans la capitale ou à ses abords, à moins que vous n'y prévoyez un prochain passage?
Auquel cas, sans doute apprécierez-vous une visite guidée des hauts lieux du CD pas cher à Paris, véritables temples d'adoration pour quiconque, comme vous et moi, a fait du blues sa religion.
Commençons par les grands classiques, et tout d'abord, le magasin que tout amateur français se doit de visiter au moins une fois dans sa vie : j'ai nommé Boogie.
Sis au numéro 61 de la rue Louise Michel à Levallois-Perret dans les Hauts de Seine (92), on y arrive très facilement en métro, station Louise Michel en direction Pont de Levallois.
Quand vous entrez, à droite, derrière le comptoir, vous verrez sans doute un grand échalas brun frisé: c'est Didier, alias DJ Père NS, chroniqueur du Soul Corner dans Soul Bag, et bien sûr grand amateur de Soul et de R&B. Vous y verrez aussi un barbu au poil blanc comme neige : c'est LE Jean-Pierre Arniac. 30 ans de photos blues pour Soul Bag, grand amateur de blues devant l'éternel, ami intime de feu Screamin' Jay Hawkins et nombre d'autres figures de légende, c'est une véritable encyclopédie sur pattes!
Vous verrez peut-être aussi un jeune quinquagénaire avec lunettes et moustache blond-roux: c'est Jacques Périn lui-même, rédacteur en chef du même Soul Bag, le magazine qui fêtera ses 33 ans cette année, et dont il préside aux destinées depuis le début!
Maintenant, un regard sur votre gauche, et c'est un des plus beaux rayons blues de toute l'Ile de France qui s'offre à vous! Enfin, qui s'offre, façon de parler: Boogie n'est pas le moins cher, mais c'est parce qu'il ne vend que des CDs neufs. Cependant, ses prix restent en deçà de ceux pratiqués par les Fnac, Virgin et autres Extrapole. Et surtout, on y voit parfois des choses assez difficiles à trouver ailleurs. Et pour les amateurs de vynils, n'oubliez pas de demander à voir le rayon 33 tours en dépôt-vente. Beaucoup d'albums classiques, mais on y trouve parfois la perle rare, pour peu qu'on se donne la peine de fouiller.
Chez Boogie, on trouve aussi à peu près toutes les publications spécialisées en français et en anglais, mais aussi des livres et des vidéos.
L'autre grand spécialiste parisien, c'est Black Cherry Blues, à 2 pas de la place Pigalle. Plus précisément au n°15 de la rue Chaptal, dans le 9ème arrondissement. Là, vous trouverez Daniel, toujours la cigarette au bec, toujours très occupé. Il faut dire que l'homme est toujours entre 2 conventions, entre 2 commandes, que sais-je encore?
Chez lui, on trouve de très intéressants CDs neufs, d'excellents compacts d'occasion, et aussi des livres, des videos. Mais Black Cherry, c'est surtout la caverne d'Ali Baba pour l'amateur de 33 tours de blues. Il y a de tout, c'est à en attraper le tournis ! Si vous n'êtes pas fixé sur un titre précis, prévoir d'arriver tôt, un grand sac… et une carte bleue en bon état de marche! Et encore, vous serez obligé de revenir…
Bon, ça y est, vous avez fait le plein de disques rares, de CDs d'exception, d'imports introuvables… Mais peut-être aimeriez-vous trouver cet album qui fut très bien distribué il y a à peine 1 an ou 2, mais que le prix prohibitif pratiqué par les gros distributeurs vous a fait hésiter à acquérir, et qui n'est déjà plus au catalogue aujourd'hui?
Pour çà, mis à part les boutiques spécialisées sur internet, il y a les soldeurs et autres magasins d'occasions.
Commençons par le marché aux puces. En fait, il y en a 2 à Paris. Celui de la Porte de Montreuil, avec son lot de vendeurs de CDs, mais où il n'y a pas de véritable spécialiste. On peut bien sûr tomber sur la perle rare entre 2 vieux Sheila et 12 compils Cloclo, mais au prix de combien d'heures de fouilles et de frustration?
L'autre Marché aux Puces, plus grand, et certainement plus connu, c'est celui qui se tient entre la Porte de St Ouen et la Porte de Clignancourt. Pour les disques, tout se passe entre la rue qui longe le périphérique et les rues avoisinantes. Là aussi, on peut parfois trouver des choses exceptionnelles, surtout en vynil, sur les étals, mais le mieux, ce sont encore les boutiques.
La plus vaste étant Copa Music (52, rue Jules Valles 93400 Saint Ouen), près de feu le Baryton. C'est aussi une des plus intéressantes, le patron, Sébastien, étant lui-même assez amateur malgré des goûts très éclectiques. Un des gros avantages de Copa, c'est que Sebastien va régulièrement aux US pour en ramener des albums parfois introuvables ici. Et comme il ne passe par aucun intermédiaire, il n'a aucune difficulté à proposer des imports neufs à 90 ou 100 frs pièce (désolé, je ne suis pas encore passé à l'€uro ). Il n'hésite pas non plus à solder, puis brader, des disques qu'il n'arrive pas à vendre. On peut trouver chez lui des choses moins rares mais néanmoins très intéressantes à 50 ou même 20 frs. Quant aux 33 tours, ils sont presque tous à très bas prix, 20 ou même 10 frs! Là aussi, il y a de tout, le pire côtoie le meilleur. J'y ai par exemple trouvé un album de James Harman, Those Dangerous Gentlemen, avec Kid Ramos et ce qui sont sans doute les dernières prises de Hollywood Fats, 20 frs le 33 tours en parfait état.
J'ai oublié le nom de la boutique, mais en sortant de Copa, on tourne à droite dans la rue longeant le périph', on fait quelques mètres, et on tombe sur ce qui n'est pratiquement qu'un trou dans le mur, envahi de CDs, de 33 et de 45 tours. Pour l'inconditionnel du compact, il y a 2 rayons blues : le "normal" et les soldes. Dans le 1er, beaucoup de Black Top à 80 frs - le label a fait faillite et n'est plus distribué, c'est donc une véritable aubaine - des Rounders en pagaille, des Alligators, et toute la crème du blues américain récent. Dans les soldes, des compils, des classiques, des rééditions peu récentes, mais parmi lesquelles on peut tomber sur de véritables petits bijoux, et pour un prix modique, avec une formule "3 pour le prix de 2", ou "30frs le CD, 100 frs les 4", quelque chose comme ça.
S'il vous reste du temps en quittant les puces, prenez donc le métro jusqu'à la Fourche. De là, rendez vous rue Legendre. Au n° 138 se tient la boutique de Lenox Records, le label de Bo Weavil. Si on y trouve surtout du rockabilly, avec une préférence pour les 33 tours en 25 cm et les 45 tours, on peut aussi y faire l'aquisition de vynils ou de CDs de blues et rock & roll noir, en fait de toutes sortes de musiques américaine des années 50 ou d'artistes plus récents jouant dans le style de ces années-là.
Le weekend est passé, vous avez épuisé les ressources des puces, mais il vous reste quelques deniers, et vous êtes sorti tôt du travail, ou vous êtes en congés à Paris? Pourquoi ne pas aller traîner vos guêtres entre le Châtelet et le quartier latin?
Petit itinéraire : puisque c'est facile d'accès -c'est en plein centre de Paris- on va se diriger vers la station de métro/RER Les Halles. En sortant, on va vers la rue St Honoré, pour entrer dans une librairie : la Librairie Parallèles. Non contente de fournir un grand nombre de livres et revues musicales, c'est aussi un magasin de disques d'occasion. Prix moyen d'un CD : 60 frs. Le rayon blues a peut-être un peu diminué ces dernières années, mais, si on est dans le coin, ça vaut toujours le coup d'aller y faire un tour : on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise! Il y a aussi un rayon vynils, mais force est de constater que les albums de blues ne s'y renouvellent guère. Jetez-y un œil malgré tout, sait-on jamais?
Bon, poursuivons notre promenade.
En quittant Parallèles, on peut se rendre au Bld St Michel, soit à pied, si le temps est clément - le coin est très beau - soit en métro, en sortant à la station du même nom. En remontant le boulevard, sur la droite, on entre chez Boulinier. Il faut avouer que l'endroit n'est pas exactement un indispensable sur le parcours du bluesophile parisien. Mais là aussi, la bonne surprise peut n'attendre que vous, et même, quand un blues maniaque poursuivi par le fisc vous y a précédé pour y vendre sa collection afin de payer ses dettes, c'est la pêche miraculeuse. Mais disons-le tout net : c'est plutôt rare, Boulinier étant sans doute, de tous les magasins d'occasions de la capitale, celui qui rachète au plus bas prix.
Remontons un peu plus le même boulevard St-Michel. Toujours sur le trottoir de droite en allant vers le Luxembourg (le jardin, on va pas au Sang-A-Klang!) après 2 magasins à l'enseigne Gibert Joseph, on en trouve un 3ème, Gibert Joseph Musique. Au fond du magasin, en haut de l'escalier en colimaçon, se trouvent les rayons jazz, blues, country et rock & roll. Il y a 2 types de bacs : les occasions, où il faut fouiller, car tous les styles y sont mélangés, et les CDs neufs, au milieu desquels on trouve aussi des occasions, signalées par un sticker jaune. Celles-ci sont classées avec les CDs neufs des artistes concernés. Si les prix du neuf sont très proches de ceux pratiqués par les Fnac et autre Virgin, ceux des occases varient énormément, de moins de 50 frs à plus de 90. On trouve aussi assez fréquemment des albums neufs soldés ou en "offre spéciale".
Ça va? Vos sacs ne sont pas encore trop lourds? Il vous reste du temps? De l'argent? Bon. Alors en sortant de chez Gibert, traversez le boulevard, que vous redescendez jusqu'à la rue des Ecoles, sur votre droite. Sur le trottoir de gauche, vous trouverez 2 boutiques côte à côte sous la même enseigne : Crocodisc. Peu d'occasions, mais des CDs neufs à bas prix. Un exemple? Le dernier Ronnie Earl à 90frs la semaine de sa sortie, alors qu'il n'était pas encore partout. N'hésitez pas à examiner le bac "Rock-blues Texan", c'est là que je l'ai trouvé. Et pour le blues "noir", c'est la porte à côté.
En quittant ces 2 échoppes, reprenez la rue des Ecoles dans le même sens après l'avoir traversée. Plus loin à droite, vous arriverez à la rue de la Montagne Ste Geneviève, que, si vos jambes ne vous font pas trop souffrir vous remonterez jusqu'à la petite place où vous attends Gilles, chez Crocojazz. Oui, il est associé avec les 2 précédents. Si vous aimez discuter musique, et que vous avez beaucoup, mais alors beaucoup de temps, n'hésitez pas à lui demander conseil : vous ferez la fermeture avec lui, mais vous vous serez fait un copain. Les albums chez Gilles sont plus chers, en général de 120 à 150 frs pour les plus intéressants, mais dans son tout petit espace, cet authetique amateur détient de véritables trésors, parfois très difficiles à trouver ailleurs.
OK, vous avez réussi à vous échapper avant la nuit -vous êtes balèse! Ou pas causant?- et vous fuyez en redescendant jusqu'à la rue des Ecoles, que vous prenez à droite jusqu'à Jussieu. Vous laissez la fac à gauche, Jussieu Music est un peu plus loin sur votre droite. Le rayon blues vient d'y réemménager, aussi n'est-il pas encore très fourni. Mais là aussi, on peut trouver chaussure à son pied à des prix raisonnables, 69 frs le plus souvent. Et comme vous êtes tout à côté, vous ne résisterez pas, en sortant vers la gauche, à remonter la 1ère à gauche.
En haut de la rue, face à vous, Paris Jazz Corner est, comme son nom l'indique, au coin. Une quinzaine de mètres à droite, il y a Jazz Ensuite . C'est là votre destination. Vous vous dirigez résolument vers le fond, à droite, non sans avoir pris soin de jeter un coup d'œil sur les rayonnages en colonnes au centre, où se trouvent les coffrets. Pour les CDs simples, un prix unique : 80 frs. Avant de partir, n'oubliez pas les 33 tours, à droite juste avant la sortie. On y trouve encore quelques albums jamais réédités en CD. Ceux-ci sont un peu chers, mais assez rares.
Une autre fois -difficile de tout faire le même jour!- vous irez à la Porte Maillot prendre le bus n° 244 jusqu'à l'arrêt Place de la Paix à Suresnes. Au fond de la place, vous apercevez une église. Vous la longez jusqu'au bout de la rue Gustave Stresemann. Au coin à gauche se trouve le magasin Ondac, tenu par un sympathique couple de vrais amateurs. J'avoue ne pas y être allé depuis longtemps, mais une bonne part de ma discothèque personnelle vient de chez eux.
Il y a certainement d'autres lieux à visiter à Paris ou dans ses environs, comme par exemple Oldies But Goodies en plein centre, mais je trouve les prix un peu trop élevés pour des occasions et le patron peu avenant, voire méprisant si on a le malheur de lui poser une question sur un album d'un artiste qu'il n'aime pas.
Il arrive aussi que certaines Fnac, ou le Virgin, procèdent à des opérations de déstockage sous l'étiquette "offres spéciales". C'est de plus en plus rare, mais quand ça leur prend, il ne faut pas hésiter à fouiller, on peut trouver des merveilles pour moins de 50 frs.
Eh bien, vous avez salement entamé votre budget disques pour plusieurs mois, il ou elle va sans doute encore vous faire la gueule -ne lui dites pas que c'est moi qui vous ai filé le tuyau!- votre problème de rangement n'a fait que s'aggraver, il faudra sans doute supporter encore quelques temps ces pantalons qui commencent à vous serrer parce que vous prenez du poids, peut-être même devrez-vous apprendre à repriser vos chaussettes plutôt que d'en racheter de neuves, mais vous voilà en possession de plein de nouveaux albums de blues à écouter, et ce pour un bon moment!
Quand vous aurez changé d'emploi pour un meilleur salaire, ou que vous aurez gagné au LOTO, nous parlerons des lieux de concert.
En attendant, bonne écoute !
Les Bottlenets 2001 : les premiers trophées Blues du Net |
Ca y est : les premiers "bottlenets" ont été décernés!
Qu'est-ce que c'est un bottlenet ??
L'idée a germé en Février 2001, suite à la constatation qu'il y avait une véritable communauté blues qui se développait sur internet et qu'il serait bon d'en profiter pour promouvoir cette musique, et plus spécifiquement le mouvement actuellement bouillonant du blues en France.
Neuf volontaires, pleins d'idées pour ce projet, ont donc formé un Comité d'organisation (concrétisé par une association sans but lucratif : bottlenet (1)) présidé par Nathalie Dazin afin d'organiser un système de trophées permettant de mettre en valeur ceux qui font l'actualité du blues en France.
Chaque membre du comité a apporté sa pierre à l'édifice permettant de définir les catégories et le mode de fonctionnement des bottlenets tel que décrit dans la charte, créer les logos, écrire les textes de présentation des artistes et des bottlenets, etc. L'air de rien le travail était considérable mais c'est ainsi qu'en quelques mois le projet est devenu réalité sous la forme d'un magnifique site (www.bottlenet.org) créé par le webmaster Christophe Godel (aidé de main de maître par Adeline Mercier), tandis que les trophées naissaient sous le pinceau électronique de Christophe Oliveres et que les bottlenets avaient leur jingle "slide guitar" concocté par Gérard Tartarini !
Le côté "compétition" d'un tel système de trophées peut provoquer chez certains des moues dubitatives ou des ricanements, mais il est clair que le but n'est pas là de déterminer qui sont les "meilleurs"… Tout le monde est d'accord là dessus : en musique, et sans doute tout particulièrement en blues, l'idée de compétition est ridicule.
Simplement, les bottlenets ont pour but de permettre, on l'espère, de distinguer ceux qui ont marqué l'actualité blues de l'année, leur donner un coup de pouce et, par ricochet faire savoir (au public, aux médias, aux organisateurs de spectacles) que le blues en France existe et se porte bien!
Les groupes ou musiciens pouvant participer aux bottlenets sont ceux qui font vivre le blues en France, ce sont donc bien sûr des français, mais également d'autres francophones ou toute autre nationalité du moment qu'ils résident et se produisent en France. Seules deux catégories sont ouvertes aux artistes internationaux (pour ne pas dire américains !).
Treize catégories ont été définies, dont neuf demandaient une pré-selection par un jury. Et là, ce fut déjà un grand encouragement de voir l'accueil réservé par les jurés sollicités (les principaux médias et associations concernés par le blues)! Si certains se sont désistés, se jugeant honnêtement peu aptes à participer aux nominations, les autres ont bien compris que les bottlenets représentaient une chance de plus de promouvoir le blues en France.
En septembre, les jurés ont envoyé leurs choix, et la compilation de tous les noms cités a permis de désigner quatre nominés par catégories. D'octobre à fin décembre 2001, le public a pu voter en choisissant parmi les nominés de chaque catégorie ou en proposant des noms dans les catégories libres! Et dès le premier janvier 2002 les résultats furent calculés et on put ainsi connaître les premiers lauréats des bottlenets!
A Greenwood on est content : la Gazette de Greenwood a remporté le "bottlenet spécial" (ex-aequo avec Bleu Blanc Blues) récompensant un site consacré au blues!
Et surtout, on est content qu'il y ait là une occasion de faire savoir que le blues est vivant! Le bruit court déjà que, grâce aux bottlenets, des contacts sont pris entre des lauréats et des organisateurs de concerts… so good!
Voici donc ci-dessous les résultats des bottlenets 2001. N'hésitez pas à aller visiter le site www.bottlenet.org pour avoir plus d'informations sur les lauréats et les nominés. Et surtout, bookmarquez www.bottlenet.org pour participer aux bottlenets 2002 !
BottleNet Bill Deraime (meillleur Blues en français): Benoît Blue Boy (Gare ta voiture dans l'allée)
Les autres nominés: Patrice Boudot Lamot (L'amour roule); Roland Malines (Le blues du numéro 12); Marvellous Pig Noise (Ma muse est le blues); Xavier Pillac (J'vais au pressing)
BottleNet Robert Johnson (meilleur compositeur): Benoît Blue Boy
Les autres nominés: Patrice Boudot Lamot; Roland Malines; Bo Weavil; Jimmy Jazz (Doo The Doo)
BottleNet Mississippi John Hurt (meilleur artiste blues acoustique): Patrice Boudot-Lamot
Les autres nominés: Roland Malines; Marvellous Pig Noise; Malted Milk; Rag Mama Rag
BottleNet Elmore James (meilleur artiste soliste): Pascal Fouquet (Hoodoomen)
Les autres nominés: Franck Ash; Nicolas Duportal (Rosebud Blue Sauce); Elmore Jazz (Doo The Doo); Nico Wayne Toussaint
BottleNet Willie Dixon (meilleur artiste accompagnateur): Stan Noubar Pacha
Les autres nominés: Zeb Heintz (Doo The Doo); Claude Langlois (The Duo); Francis Marie (Hoodoomen)
BottleNet Alan Lomax (révélation de l'année): Xavier Pillac
Les autres nominés: Roland Malines; Bloosers; Hoodoomen; Rosebud Blue Sauce
BottleNet Big Bill Broonzy (meilleur album de l'année): Jean-Jacques Milteau (Memphis)
Les autres nominés: Benoit Blue Boy (Benoit Blue Boy en Amérique); Bo Weavil (Midnight rumble); Doo The Doo (Hex)
BottleNet Mamie Smith (meilleur auto-produit ou démo): Bloosers (Bloosers)
Les autres nominés: Bloosers; Hoodoomen; Rosebud Blue Sauce; Mo and The Reapers
BottleNet International B.B. King (meilleur album international): Buddy Guy (Sweet tea)
Les autres nominés: D.C. Bellamy (Water to wine); Henry Gray (Plays Chicago Blues); Willie King and The Liberators (Freedom creek); Big Bill Morganfield (Ramblin' mind); Lucky Peterson (Double dealin')
BottleNet John Lee Hooker (meilleure salle en France): Le Cristal (Paris)
BottleNet Luther Allison (meilleur concert ou tournée): Tremplin Blues sur Seine (Mantes la Jolie)
BottleNet Spécial (meilleur site web francophone): Bleu Blanc Blues et La Gazette de Greenwood
BottleNet International Screamin' Jay Hawkins (meilleur concert d'un artiste international): Andy J.Forest
(1) Les membres du comité bottlenet : Nathalie Dazin (Présidente), Christophe Godel (webmaster), Olivier de Lataillade (Trésorier), René Malines, Pierre Mercier (Secrétaire), Christophe Oliveres (Designer des trophées), Jocelyn Richez, Gérard Tartarini (Musique d'introduction), Cédric Vernet.
(2) Les membres du jury :
AMAP, Aligre FM (93.1), Bleu Blanc Blues et La chaîne du Blues Fr, Blues & Co, Blues Feeling, Blues Magazine, Catfish Magazine, Christian Legras, Docteur Blues, Espace JR Caussimon, Highway 89 (Radio BEAUB'FM 89.0 et Vassivière 88.6), La Gazette De Greenwood, La Route du Blues, Le Biplan, Radio BLV / Bluesactu.com, Radio Sweet Home Chicago, Rollin' & Tumblin' et le Club Blues de Luxembourg, Route 66, Soul Bag, Stormy Monday (Radio Campus Bordeaux - 88,1), Travel in Blues, Trois Rivières Blues.
Alain Vedeche Mouss |
Salaise sur Sanne, dans l'Isère, est un village à une demi-heure de Lyon, au sud de Vienne. Bien qu'étant une petite commune, un festival de blues y est organisé, principalement au printemps, mais fait durer le plaisir dans l'année par des concerts isolés. Ce samedi 13 octobre 2001, la soirée était consacrée à Popa Chubby et Railroad Crossing en première partie.
Le groupe Railroad Crossing, originaire de Saint-Etienne, est notamment composé des frères Védèche. Ces deux frères, Gérard et Alain, sont très connus depuis maintenant quelques années dans la région lyonnaise. Gérard a enregistré avec Liane Edwards, chanteuse-guitariste de country reconnue et tourne beaucoup avec le groupe d'Anabel, autre chanteuse-guitariste de country reconnue. Alain écrit et joue aussi pour Anabel. Mais c'est sous le signe du blues que Railroad Crossing a été créé.
Le concert a commencé avec Gérard et Alain en acoustique, sur des standards de blues. J'ai tout de suite retrouvé le son du dobro de Gérard que j'avais pu écouté une première fois quelques mois auparavant. Ensuite Alain, au chant, m'a stupéfait. Je ne m'attendais pas à ce que la voix aussi bonne. Il jouait l'accompagnement à la folk et nous avons alors eu quelques morceaux de vrai plaisir.
Le groupe s'est ensuite trouvé au complet avec l'arrivée de Mouss à la contrebasse et Fred Brousse (voir LGDG n°38) à l'harmonica. N'était-ce pas là une sorte de dream team? Mouss et Fred sont aussi très connus dans la région lyonnaise pour avoir joué ensemble pendant quelques années. Actuellement, Mouss officie également dans un groupe de blues métissé avec des percussions nord-africaines. Fred, quant à lui, se produit avec les Zèbres et un second groupe, Brown Sugar. Autant dire que les occasions de les voir sur la région lyonnaise sont assez nombreuses et c'est tant mieux.
Alors que Gérard avait délaissé le dobro pour une folk, Mouss a apporté une base rythmique bien pensée, discrète mais efficace. Fred, que je connaissais de réputation en tant que guitariste, a été étonnant avec son jeu d'harmonica. Il a pris des solos bien construits, n'étant pas avare d'énergie.
Les quatre musiciens semblaient vraiment s'amuser sur scène, prendre du plaisir à jouer et ça a du être communicatif. Ce sont surtout des classiques qui ont été joués, comme Nobody Knows You When You're Down And Out, San Francisco Bay Blues (dont j'ai trouvé l'arrangement assez
proche de celui de l'album Unplugged de Clapton - ce qui n'est déjà pas mal), Key To The Highway dans une version revisitée (morceau que l'on trouve sur leur album Livin On The First Floor) de même que Walkin'Blues. Nous avons aussi eu droit à un titre écrit par Mouss, et un autre écrit par Fred Brousse. Ces deux chansons supportent très bien les textes en Français qui démontrent vraiment une qualité d'écriture.
Ainsi, Railroad Crossing a conquis le public et ce fut pour moi une excellente surprise, une bonne découverte. J'aurais aimé que Mouss prenne plus de solo (car j'aime beaucoup le son de la contrebasse), j'ai beaucoup apprécié le chant de Alain et le son de Gérard au dobro (quel pied !). Fred m'a étonné à l'harmonica et j'attends de le voir à la guitare pour avoir un aperçu complet de son talent.
Popa Chubby |
Ce dimanche encore, je m'écoute avec régal le dernier CD de Railroad Crossing, un groupe de la région lyonnaise. Je ne résiste donc pas à l'envie de vous en dire 2 mots:
Les frères Vedeche, connus sur la région lyonnaise, notamment pour accompagner la chanteuse-guitariste country Annabel, ont enregistré en octobre et novembre 2000 le premier album de leur groupe Railroad Crossing. Cet album est intitulé Livin' On The First Floor.
Dès le début, l'album s'annonce acoustique et original avec un arrangement très particulier de Key To The Highway. Le second titre Rollin' & Tumblin' de Muddy Waters est suivi de Walkin' Blues de Robert Johnson. Au bout de ces 3 titres, on est déjà comblé par une telle fraîcheur dans les arrangements choisis pour ces standards. Alain Vedeche a une voix puissante, un peu grave, et surtout très bonne. Il s'accompagne à la folk sur quasiment tous les morceaux.
Alain est épaulé par son frère Gérard qui joue du dobro, de la folk, ou de la pedal-steel. Je trouve Gérard particulièrement bon au dobro, et de façon générale, sans trop en faire, il pose un jeu de guitare inventif et de bon goût. Il faut écouter ces deux frangins, seuls, chacun à la guitare sur Talk To Your Daughter ou sur le superbe One Chance With You.
D'autres musiciens non moins talentueux composent ce groupe dans leur musique country blues : le guitariste-harmoniciste Fred Brousse (qui, sur cet album, n'assure que l'harmonica) et Mouss à la contrebasse. Fred est fidèle à lui-même, exemplaire de maîtrise, notamment sur Reconsider Baby et Let The Good Times Roll. Mouss est très discret, peut-être trop à mon goût, mais assure une rythmique impeccable. Il est parfois secondé par Michel Rullière à la batterie et qui, sur Walkin' Blues et Livin' On The First Floor, joue aux balais donnant une couleur feutrée à la rythmique.
Après Got My Mojo Working, You're Heartbreaker clôt l'album avec un superbe solo de dobro de la part de Gérard Vedeche.
Avec cet album, les frères Vedeche affirment une approche très personnelle du country blues et du blues acoustique en général, choisissant des arrangements subtils, créant une ambiance jouyeuse (il faut les voir s'amuser sur scène) et intimiste. Cet album est une véritable réussite, d'une rare qualité pour une autoproduction.
Quelle surprise à l'écoute de ce CD démo des Bluesin' Machine! du jump blues comme je l'aime, swinguant à souhait, impressionnant de finesse et de feeling: quel pied!!!
N'en croyant pas mes oreilles, je vérifie quand même les quelques notes de la jaquette pour avoir la confirmation que le guitariste virtuose n'est ni Kid Ramos ni Rick Holmstrom mais bien Mathias Dalle, que le contrebassiste n'est pas Larry Taylor mais Luc Dewerte, que le pianiste n'est ni Fred Kaplan ni Tom Mahon mais Stéphane Orins et le Batteur pas Richard Innes mais Eric Navet. Ils ne viennent pas de Californie mais de la région Lilloise. Comme quoi, à Lille il n'y a pas que des footballeurs mais aussi des bluesmen!
J'avais découvert Mathias Dalle cet été au festival "blues passions" de Cognac où il m'avait enchanté en boeuffant avec les Rosebud Blue' Sauce lors d'un concert mémorable au Globe. Je me doutais bien qu'un tel musicien confirmerait tôt ou tard mais de là découvrir un tel CD…
Décidément, l'année 2001 aura été riche en révélations pour le blues Français: après les Hoodoomen, les Malted Milk, les Bloosers, les Rosebud Blue' Sauce, voici les Bluesin'Machine!
Ce cd 5 titres démarre sur les chapeaux de roue avec Kansas city. Ce célèbre standard y est interprété de manière résolument west coast, à la manière d'Hollywood Fats (dans son cd "rock this house"), l'une des influences majeures du groupe avec en particulier une superbe prestation à la guitare de Mathias Dalle aussi bien en rythmique que lors des solos.
Le deuxième titre est Tell me what's the reason, une reprise très respectueuse de T Bone Walker, dans le plus pur style du maître; interprétation très réussie de Mathias Dalle à la guitare avec un jeu d'une fluidité remarquable, parfaitement soutenu à la rythmique par Luc Dewerte à la contrebasse sans oublier le superbe solo de piano de Stéphane Orins. Somptueux!!!
Le troisième titre est Certainly all de Guitar slim, dont l'interprétation n'a rien à envier à celle de Junior Watson sur le CD "long overdue" où l'on trouvait pourtant outre Junior Watson, Fred Kaplan au piano, Larry Taylor à la basse et Richard Innes à la batterie !!!
Le quatrième morceau est Love is a gamble, encore un titre de T Bone Walker, un blues lent un peu jazzy avec une guitare encore une fois dans le plus pur style du T Bone de la grande époque, un piano très présent. Un morceau tout en finesse qui est un véritable régal.
Le cd se termine (déjà) avec Bluesin'machine Jump un instrumental endiablé, du jump blues top niveau, un véritable feux d'artifice. Si Mathias fait encore merveille avec sa guitare virevoltante et swiguante, que dire du solo de contrebasse irrésistible de Luc Dewerte ?
Ce morceau est un chef d'œuvre du style !
Bref, ce CD démo est pour moi un véritable coup de maître. Des CD comme ça, j'en redemande. Il paraît qu'un CD complet est prévu pour le 1er semestre 2002. Vivement 2002 !
Little Victor et Sophie K Beale Street in Paris! |
Laissez moi vous conter l'histoire du Petit Victor et de Sophie K, car elle nous explique comment aujourd'hui, en France, on peut entendre un groupe dont on dit "c'est comme ça que doit être joué le blues" (Robert Lockwood Jr), ou "ça me rappelle Beale Street" (David Evans), ou encore "un bon gros feeling proche des origines" (René Malines).
Le petit Victor, plus connu sous le nom de Little Victor, est un américain né en 1967 en Italie (mais il ne découvrira qu'à 8 ans que l'Italie ne fait pas partie des U.S.A.) et ayant vécu à Memphis (Tenesse) et Austin (Texas). Il doit son surnom de " Little " à sa précocité musicale : dès 14 ans, il joue de l'harmonica d'abord dans des groupes de rock'n'roll (version Sun Records) puis dans des formations de blues après être tombé amoureux de cette musique en écoutant les musiciens de Beale Street (Memphis).
Il jouera dans cette mythique rue pendant trois ans avec Uncle Ben (guitariste ressemblant beaucoup au personnage vantant les qualités du riz du même nom) qui lui apprendra la guitare. C'est comme ça qu'est né le son "Little Victor".
En 1989, Little Victor part à Austin où il joue avec les Boomers. Loin de développer un style à la Stevee Ray Vaughan, il persiste dans son blues roots du Texas, du Mississippi et de la Louisiane. Pour lui, la technique (harmonica et guitare) est secondaire : ce qui compte, c'est la musique, son esprit et son feeling.
En 1996, Little Victor revient en Europe, d'abord en Italie puis en France en 1998 où il forme un groupe avec Bill Thomas. "C'est comme jouer avec Muddy Waters" dira ce dernier, heureux de jouer avec lui un blues roots.
Puis Little Victor reprend à cette époque la guitare pour jouer en solo (gtr + hca), ou avec Paul Orta (il joue alors de la guitare) ou Karim Albert Kook (il souffle alors dans l'harmonica). Son chemin croise alors Sophie Kertesz.
Sophie Kay a appris la guitare à 18 ans en écoutant Doc Watson, Blind Willie Mc Tell et Mississippi John Hurt. Passée par le théatre, par des groupes de rock'n'roll et de rythm'n'blues, elle s'entendra dire par Luther Allison qu'elle a la voix et le feeling qu'il faut pour chanter le blues. Après avoir créé une société de distribution de films musicaux et de management d'artistes et participé à l'émission de radio Horizon Blues, elle reprend la guitare acoustique en 1997, attirée par le style de Lightnin' Hopkins.
En 1998, elle tourne un film sur RL Burnside ("un jour avec RL Burnside", Ciné-Rock, 2001), et c'est à cette occasion qu'elle rencontre Little Victor qui, comme par hasard, est également pris de passion pour le style de Lightnin' Hopkins! C'est RL Burnside qui dira, en entendant Sophie et Victor jammer : "you're cookin' with gas!" (vous cuisinez à l'essence!).
A partir de ce moment là, Victor et Sophie vont alors former un duo, dans la vie et dans la musique. De cette idylle naîtra leur premier disque, Cookin' With Gas (2000), salué par la critique, puis le petit dernier : Just Rockin' The Blues (2001).
Tout d'abord, ce qui frappe dès le début de ce CD, et jusqu'à la fin, c'est le côté délicieusement rétro: le son des guitares électriques (demi-caisses) saturées, celui de l'harmonica acoustique et les voix intemporelles de Victor et Sophie.
"C'est Beale Street à Paris!" s'exclame David Evans dans le texte qui accompagne le CD. Tout est dit dans ces quelques mots du spécialiste du genre!
Vous pouvez donc y aller les yeux fermés : tout est bon dans ce CD où deux compositions de Little Victor côtoient dix reprises. Accompagnés de main de maître par Eric Lelet à la batterie et Vince Talpaert à la basse, Little Victor et Sophie Kay nous offrent un blues brut de fonderie, sans artifices ni simagrées. Ca swingue, ça roule, c'est bourré de feeling! Et surtout, c'est vivant, on ressent le plaisir qu'ils ont à jouer cette musique qui leur vient des tripes et qui nous les prend…
Ref CD : contact: e-mail cine-rock@wanadoo.fr ,
tel : 01 44 53 09 03
Just Rockin' The Blues, Blue Rabbit Record, 2001
Cookin' With Gas, Blue Rabbit Record, 2000
film: A Day With RL Burnside, Ciné-Rock, 2001
Pas mal d'entre vous connaissent les Hoodoomen, les autres en ont au moins entendu parler, ne serait-ce qu'ici [voir LGDG n°31]. Vous savez donc tout le bien que ceux qui l'ont écouté pensent du groupe, et plus particulièrement de Pascal Fouquet, son guitariste.
Pascal m'a envoyé 3 mini albums de 2 groupes où il a oeuvré, Blues Power et Connivence.
Il m'a dit : "Tu vas voir, tu vas te marrer" Eh bien je ne me marre pas du tout. En fait, je suis plutôt sur le cul.
D'abord, parce que ces groupes tournent plutôt bien, avec de bons musiciens, de bons chanteurs - malgré l'accent limite du chanteur de Blues Power en anglais. Mais surtout, il y a la guitare de Pascal. Et là, c'est l'ENORME surprise!
date: 21 décembre 2001 de: Pascal <loreillebleue@free.fr> Je voulais juste ajouter à leur sujet que leur qualité de jeu n'a d'égale que
leur gentillesse. J'ai fait leur connaissance un soir où le patron d'un bar
de la Normandie profonde nous a laissé sur le trottoir avec notre matos,
concert annulé (match de foot en retransmission live dans le troquet). Avant
de rentrer nous morfondre dans nos pénates en regrettant de ne pas lui
avoir mis la tête dans sa télé, nous avons été boire un verre dans l'autre
cafcons du village pour essayer de prendre une date. Ce soir là étaient
programmées les Hoodoomen (avec Thierry Hau harmo chant à l'époque). Devant
notre état de décrépitude, ils nous ont laissé la scène en début de
soirée. Nous devions leur rendre la place à 10h tapantes, à 10h10 c'est eux
qui nous en réclamaient encore une autre. |
En 1994, il y a donc 7 ans, Pascal ne jouait pas du tout comme aujourd'hui, mais il imitait Johnny Winter à la perfection. Bon, OK, je suis le 1er à trouver peu d'intérêt à reproduire exactement les plans d'un autre, mais imiter Johnny Winter, ce n'est quand même pas à la portée du 1er venu!
Sur un autre titre, autre surprise : le Fouquet aurait-il été fan de Gary Moore en ces temps reculés? N'empêche que, même si je suis loin d'être un fan du guitariste anglais, je dois reconnaître que Pascal, au travers de cette influence que l'on pourrait qualifier de néfaste, manifestait déjà une qualité qui semble être une constante chez lui : une extraordinaire musicalité.
Et même quand il se laisse aller à l'avalanche de notes au cours de tel ou tel solo, il ne perd jamais de vue ce sens de la mélodie et de l'improvisation qu'il a su préserver, et même transcender, dans le jeu qui est le sien aujourd'hui.
Et je vous passe les aptitudes à jouer rock - attention, je parle de rock & roll là, du vrai, celui des 1ers, directement hérité des bluesmen noirs - comme s'il n'avait fait que çà toute sa vie.
Bref, ce mec semble être capable de tout faire avec une gratte ! Et avec quelle confondante facilité !
Il y a quelques temps, à Greenwood, une expression, initiée par Christophe Godel, était à la mode : on parlait volontiers de "Gros Dieu". Eh bien, s'il est un guitariste en France auquel ce qualificatif peut s'appliquer, c'est bien Pascal Fouquet!
Bon, entendons-nous bien : parmi ces 3 groupes, Blues Power, Connivence et Hoodoomen, ce dernier est sans le moindre doute ce que Pascal a fait de mieux - de beaucoup mieux même - aujourd'hui. Et même en ce qui concerne le groupe dans son ensemble, c'est non seulement le plus intéressant, c'est aussi le
meilleur. Meilleur chanteur, meilleur batteur -ah, ce Francis Marie, quel musicien!- meilleure musique, mais qu'on se le dise : quelle que soit la formation, Pascal Fouquet y a toujours excellé.
Cependant, une question subsiste : il est né comme ça ou quoi?
En tous cas, longue vie aux Hoodoomen, et surtout merci à Pascal d'avoir un jour choisi de jouer de la guitare. C'est simple, sur un coup pareil, je me mettrais presque à croire en Dieu, tant ce type est miraculeux !
Le vendredi 21 décembre 2001 au 3 Brasseurs à Mondeville (Caen) étaient programmés The Hoodoomen.
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Le vendredi 28 décembre 2001 au 3 Brooklyn Café (Rouen) étaient programmés The Hoodoomen.
C'est à moins de 10mn de chez moi, là pas de risque de perte de courage. |
Ce moi-ci, j'ai choisi de vous parler d'un des personnages des plus illustres de la communauté Blues du Québec, Bob Harrison.
Né à Cowansville, notre ami fait ses débuts dès l'âge de sept ans. Se faisant tout d'abord connaître comme batteur il forme avec son frère Jacques un groupe de Jazz-Rock progressif nommé Dillinger. Celui-ci poursuivra sa carrière avec le groupe Offenbach (groupe de Rock quasi mythique au Québec).
En 1981, il troque la batterie pour la guitare et décide de se consacrer entièrement à sa passion c'est à dire le Blues formant le Bob Harrisson Blues Band. Celui-ci deviendra rapidement une figure de proue de la communauté Blues et en plus de ses activités sur scène il cumulera aussi les fonctions de directeur de ce qui était reconnu en 1995 comme étant la plus grande boîte de Blues au monde, le Berry Blues.
Véritable bout-en-train sur scène, Bob a de plus donné la chance à plus d'un artiste de se faire connaître à ses côtés. Possesseur d'une voix rauque taillée sur mesure pour le Blues, Bob Harrisson est devenu en quelque sorte le Roi du Blues au Québec, autant par ses performances que par sa bonhomie légendaire et son rayonnement personnel.
Bob Harrisson constitue un personnage incontournable quand il est question de Blues au Québec.
D'ailleurs si vous voulez en savoir davantage le concernant, je vous invite à consulter les adresses suivantes :
declic.com/synopsis/harrisson.htm
www.centrart.qc.ca/artistes/musique/bob/ecran.html
club-culture.com/general/entrebob.htm
En terminant, je voudrais profiter de l'occasion pour souhaiter à tous les lecteurs de Gazette une très bonne et heureuse année remplie de santé, de joie et bien sûr de Blues......
J'ai enfin (?!!!) acquis ce weekend (pour la modique somme de 200F) le coffret 3 cds "Chicago the Blues Today". Oui, je sais, c'est un classique incontournable, mais je n'avais qu'une vieille cassette enregistrée avec le Volume 1 et 2 qui a malencontreusement fini sa vie dans ce qui me sert d'autoradio.... Trop écoutée, sûrement...
Bref, j'allais pouvoir reécouter tout ça et découvrir le volume 3 que je n'avais pas. Bon, je passe sur les deux premiers volumes, tout a été deja dit.... Bon, non, tant pis je me lance....
Le Vol.1 attaque d'emblée avec les faces Wells / Guy qui, dans la série "dressage de poils", restent inégalables et inégalées (à mon avis). En deux mots: Une reference... n'est ce pas Laetitia ?...
En deux, JB Hutto, slide + basse / batterie. Pour moi, le meilleur de Hutto. j'en dis pas plus. Juste écouter.....
Le disque se termine, comme il a commencé, en beauté avec le duo Otis Spann au piano et SP Leary aux drums. Bon, là, je dois dire que ces faces, je les ai écoutées et reécoutées et je ne m'en lasserai toujours pas...GEANTISSIME !!!!
Pour le vol.2, Bon, c'est pareil... Cotton, puis Rush, puis Homesick James... Avec une préférence quand meme pour les faces Cotton avec Madison et Spann. Et puis, c'est pas le meilleur de Otis Rush....
Bon, la nouveauté pour moi : le Vol.3. La, big grosse claque. Tout ce que j'aime. Du bon vrai Chicago Blues à son apogée, au sommet. Les faces de J.Young sont magnifiques avec un Horton a l'harmo comme on l'aime. Inventif, précis,.... Puis la voix de Young . J'ADORE..!!!
Idem pour les faces Johnny Shines. Avec encore Horton a l'harmo. GRANDIOSE !!!
Ca y est, le disque tourne en boucle. Pourvu qu'il ne s'use pas trop vite....!!! ...(petite pensée émue pour ma vieille cassette ..).
Mais comment j'ai pu me passer de ça si longtemps...??!!!....
Voila, tout ça pour dire à tous ceux qui, comme moi, n'avaient pas ces faces juste à côté d'eux, de se jeter les yeux fermés sur ce coffret incontournable du Chicago Blues. No soucy...Je m'en porte garant...sans problème.
En plus, la réédition est bien faite en digipack, avec toujours la photo de Chicago et les rails sous la neige et avec en plus un superbe livret avec textes de Sam Charters et de bien belles photos de Chicago et de ces séances d'hiver 1965 par Ann Charters. Dont une de J.Young avec une
Silvertone dans les mains que si quelqu'un en voit passer une, qu'il m'appelle tout de suite, je suis
preneur....!!!
Tout ça pour deux cent balles ??? Alors pourquoi se priver.....
"Luther Allison me disait peu avant sa disparition tragique en 1997 : «Tu sais, je ne parle pas français, je ne parle pas vraiment bien américain, je parle blues. C'est ce que tu dois faire... Mais pour cela, emploie les mots de ta langue maternelle, c'est avec elle que tu seras le plus à même de transcrire et d'exprimer tes sentiments, surtout en improvisant...»"(Patrick Verbecke, Préface du livre de Stéphane Koechlin "Le blues" - Librio musique).
Ce n'est certainement pas les membres du groupe Blues de Picolat qui iront contredire Luther Allison. Depuis une dizaine d'année ce groupe, originaire des Pyrénées Orientales (66), s'appuie sur des textes en catalan pour diffuser le Blues dans le Sud de la France et le Nord de l'Espagne.
Leur premier disque Ah! Perpinyà enregistré au studio NUIT BLANCHE de Perpignan , sort en 1996. La formation est alors composée de Carles Sarrat (chant, guitare, harmonica), Véronique Lesenne (orgue, piano), Bruno Lopez (basse), Fred Duclos (batterie) et Emma Caron (sax).
Ce disque propose 11 morceaux qui, malgré leurs titres plus ou moins "exotiques", ne manquent pas de nous rappeler le Chicago Blues d'après guerre et le bon vieux Country Blues.
Les thèmes chers aux Bluesmen y sont présents et sont évidemment adaptés à la langue et à la région. Ainsi les pénitenciers du sud des Etats-Unis, les crues du Mississippi et les noms des villes et villages américains cèdent respectivement leurs places à la prison de Malloles, aux méfaits de la Tramontane ainsi qu'aux noms de Perpignan, Canet, Estagel, Sallagouse, Olette et bien d'autres bourgades de cette région.
Le quotidien, le mal être, les relations hommes-femmes sont bien évidemment de la partie et traités, comme le veut la tradition, avec un zeste d'ironie, de passion, et de double sens.
Les Catalans de Blues de Picolat ne dérogent pas à la tradition locale et manifestent discrètement au travers de leurs textes, un léger chauvinisme doublé d'une petite dose de nationalisme. Tout ça de façon très poétique.
A noter la participation remarquable du guitariste acoustique Jean-Laurent Chartron (sur le dernier titre) et la présence d'une seule reprise (en anglais): The sky is crying.
Enfin, la pochette, qui brandit le petit bandeau "sang et or" (c'est le signe d'une préparation artisanale), propose les textes en catalan et leur traduction en français. Une initiative très appréciable qui nous permet de savoir ce qui se cache derrière des titres comme Liquidació (Ah ! Perpinyà), Malloles, No cal, Bluesman, Món boig, Firaire country blues, Dama Tramuntana, La Serra et País bonic.
Depuis, le groupe Blues de Picolat est passé de 5 à 8 musiciens et a sorti un autre album Carrer De L'Angel en octobre 2000. (chronique dans le Blues Magazine n°18).
A savoir que Blues de Picolat n'est pas le seul groupe à chanter le Blues en catalan. Big Mama, Blues de Rostoll, Casas Amadeu, Víctor Uris et sûrement beaucoup d'autres musiciens locaux, s'adonnent au plaisir de l'idiome dans leur langue régionale.
(NDA : Blues de Picolat est un jeu de mot sur la spécialité culinaire catalane "boles de picolat" ou "boules de picolat")
3h05 (du matin), de retour du Biplan (19 rue Colbert, 59000 Lille) où j'ai pu rencontrer Gérard Tartarini
ET Benoît Beghin (2 greenwoodiens pour le prix d'un ;))
J'étais aussi au Biplan pour Bluesy train [NDLR: le groupe de Gérard Tartarini] et je ne regrette pas du tout les 95 km (190 aller/retour) parcourus entre Bruxelles et Lille!
J'y ai assisté à un concert tout en finesse de trois musiciens de GRANDE qualité. Ils ont joués exclusivement des compositions originales chantées en français. Ce qui m'a assez dérouté au début du 1er set mais qui s'est avéré un plus au fur et à mesure du concert vu la grande émotion avec laquelle ces chansons sont ... chantées par Gérard.
Je m'explique: n'étant pas parfait bilingue anglais/français, les paroles sont pour moi, au premier abord, une musique jouée au moyen d'un instrument qu'est la voix. Ici, avec Bluesy train, je comprenais directement de quoi il s'agissait et pouvait immédiatement pénétrer et resentir (avec + de force) les ambiances crées par les musiciens. On passe de morceau en morceau, d'une historiette à une autre historiette; du blues-reportage (copyright RenéM).
Côté musique, j'ai bien aimé le jeu de guitare de Gérard fort subtil, dans la mesure où les effets étaient là au service de la chanson et pas comme pour dire "ouais, le plan, vous m'avez vu", même si il semblait avoir des problèmes pour accorder ses guitares et son banjo (français, a-t-il précisé..?).
Idem de l'harmonica de Thomas Laurent qui accompagnait véritablement les morceaux en coloriant au bon moment certaines atmosphères. Et la rythmique de Didier Morando, sautillante (quel jeux de jambes!!! ) assurée de façon minimaliste (2 balais et un tome) et efficace.
Donc, un excellent moment même si, du côté du public, peu nombreux (j'y ai quand même rencontré des compatriotes attirés là par les annonces de concerts de Malika dans son émission [NDLR: America sur RTBF]) et fort timide (je le sais, j'y étais ;)). On ne s'est laissé aller, qu'à partir du milieu du 2ème set. Deuxième regret: pourquoi Thomas n'a-t-il pas utilisé plus souvent le sax?
le site de Bluesy Train: www.multimania.com/bluesytrain/
le site du Biplan: www.chez.com/biplan/
La parution de cet album n'a pas franchement déchainé l'enthousiasme des rédacteurs de La Gazette De Greenwood, c'est le moins qu'on puisse dire... Voici deux critiques (parmi les plus modérées) suivies de quelques échanges entre co-listiers que nous espérons constructifs.
date: 22 novembre 2001 de: Johnny Guitar <psguitar@club-internet.fr> Il fallait un sacrifié le voilà ! Au grand regret de quelques uns et de moi même, je me suis quand même offert le double CD (eh oui on ne recule devant aucun sacrifice !!!) Autour du blues enregistré au Club Med World (c'est sur ça fait déjà suspect) et pompeusement surmonté d'un : (je cite) « Un concert unique, les meilleurs guitaristes interprètent les plus beaux standards du blues ». Pour ma défense, votre honneur, je dirai que je l'ai acheté essentiellement pour savoir ce que voulait dire « les meilleurs guitaristes ». Au chant on retrouve surtout, dans le désordre, Luc Bertin, Patrick Verbeke, Michael Jones, Denys Lable (l'un des instigateurs de cette soirée), Manu Galvin, Paul Personne, Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel, Slim Batteux, Chris Lancry Aux guitares c'est pratiquement les mêmes agrémentés de Claude Engel, Basile Leroux, Crapou, Michel Haumont. A l'harmo, l'essentiel du travail est assuré par Chris Lancry, rejoint par Patrick Singery et JJ Goldman (bon d'accord sur Sarbacane mais quand même). On remarquera l'absence de l'autre JJ sûrement parti se cacher à Memphis (quoique ...). Les titres joués sur le CD 1 : Le CD 2 (c'est le dernier je le jure) débute par un Hesitation Blues suivi de Comme guitariste, je retiens Crapou, Claude Engel, Denys Lable et Manu Galvin. Un bravo à Chris Lancry pour sa présence à l'harmo. Comme chanteur ? heu .. là j'ai pas de réponse désolé les gars. Que dire devant ce disque ? Déjà que le titre est pas si mal choisi. C'est vrai qu'on est autour du blues et pas vraiment dedans. Que des meilleurs guitaristes j'en ai entendu d'autres ; que les meilleurs chanteurs de blues ce soir là ils étaient en vacances; Que la section rythmique (Claude Salmieri batterie, Bernard Paganotti basse) ... euh ... bref on peut conseiller certains morceaux pour les insomniaques qui y trouveront de quoi régler leur problème ! Ce disque est mou du bide, il ne s'y passe rien, c'est comme un puzzle dont les pièces seraient mal usinées. Je ne mets pas en doute les qualités techniques de certains participants, je crois cependant que ceux ci ont oublié ce qu'était le blues et d'où il venait. Je ne sais pas à quoi sert ce disque. Il existe en France de multiples formations de blues et de multiples musiciens de blues bien supérieurs (je ne citerai personne par peur d'en oublier) à cet amalgame de célébrités qui pourraient être supportées par ces artistes et qui pourraient bénéficier d'un appui plus conséquent pour se produire. Il aurait était peut être plus judicieux de permettre à certains blues bands de l'hexagone de se produire ce soir là parmi cette kyrielle d'artistes de variétés et qui auraient pu profiter des retombées (pour peu qu'il y en ait) de ce genre d'événement. J'espère cependant que les musiciens et que le public ont passé une bonne soirée, c'est le principal. Mais fallait il en faire un disque et une vidéo qui doit sortir prochainement je crois ? Là est toute la question . Vivement les prochains boeufs Travel (si on a la chance d'en avoir encore) afin de pouvoir écouter les meilleurs non pas autour du blues, mais les deux pieds et les deux mains dedans. |
date: 9 décembre 2001 de: Philippe Espeil < philnet@free.fr> L'album Autour Du Blues est issu d'un concert ayant eu lieu à Paris, le 11 juin 2001. Le coffret contient deux CD, le livret est plutôt bien fait et donne un descriptif précis du line up de chaque morceaux. La liste des artistes invités à cette occasion est impressionnante : Patrick Verbeke, Jean-Jacques Goldman, Michael Jones, Francis Cabrel, Paul Personne, Denis Lable, Gérard Bikialo, Manu Galvin, Michel Haumont, Chris Lancry, Basile Leroux, excusez du peu. Par contre, le fait que ce concert se déroule au Club Med World sous la houlette de M6 me laissait présager du pire. Le premier titre Black Night est plutôt encourageant bien qu'à mon avis un peu trop garni de guitares. Le second titre Key To The Highway (attribué à Big Bill Broonzy!) est interprété par Patrick Verbeke et sa voix très root ne passe pas très bien avec l'ambiance gentillette donnée au morceau. Ca s'aggrave franchement lorsque Michael Jones prend le micro ; sa voix n'a rien de blues et dessert tous les morceaux qu'il interprète sur ces deux CD. Luc Bertin ne fait pas mieux avec Suzy Q. Le Polochon Blues de Gotainer amène un peu d'humour mais se révèle un peu long malgré le chant agréable de Manu Galvin. La suite, Stormy Monday, est jouée et chantée entre autre par Paul Personne. Ce retour au blues de notre Paulo national m'a fait plaisir. On y retrouve la patte des premiers albums de Paul Personne mais le son est quand même beaucoup plus saturé, comme sur ces derniers albums. Ceci ne dure malheureusement pas, le solo est inutilement rageur. Rollin' and Tumblin' est massacré, Michael Jones fait une belle intro au dobro puis ça part un peu dans tous les sens. Pour Crossroad, c'est Francis Cabrel qui est au micro, ainsi que Paul Personne. Francis Cabrel tire assez bien son épingle du jeu, ce qui n'est pas le cas par la suite avec Ya Ya et Sarbacane. L'apparition de Michel Haumont sur Hesitation Blues est plaisante, son jeu en picking est bienvenu, mais le son est assez mauvais, on a l'impression que les cordes frisent sous ses doigts, ce qui se retrouve sur d'autres titres où il joue (Dust My Blues, St James Infirmary). Third Degree débute avec une belle intro de Denys Lable, mais l'effet utilisé par la suite pour le solo est moins convaincant. Avec des morceaux comme Unchain My Heart, Pour Oublier Qu'on S'est Aimé (!) de Nino Ferrer, Sarbacane, on ne baigne pas plus dans le blues. La version de Cocain est interprétée à la façon de Clapton, mais ne convainc pas plus. Pour clore cet album, c'est Sweet Home Chicago qui a été choisi, comme c'est le cas très souvent dans les concerts. Ce morceau est joué par tous les musiciens présents, ce qui nous donne une formidable et insupportable version de presque douze minutes ponctuée de pas moins de treize solos... Si musicalement, ça joue bien, j'ai été particulièrement déçu d'un tel manque de cohérence dans ce concert. Il y a sur cet album pleins de petites choses très bonnes (des intros, des solos, des phrasés) par moment, mais il y a beaucoup d'autres choses qui viennent gâcher les bonnes impressions que l'on peut en dégager. Je pense qu'il y a globalement trop de musiciens sur chaque morceaux (3 ou 4 guitaristes au minimum). Sur plusieurs morceaux, il y a une guitare acoustique, une électrique, un dobro, et ceci ne fait que contribuer à un certain brouhaha. Il n'y a pas de style clairement assumé. Les morceaux traînent en longueur (presque les deux tiers des titres de cet album font plus de cinq minutes). Cependant, j'ai trouvé que Chris Lancry avait des interventions assez judicieuses à l'harmonica. Il est navrant d'avoir pu réunir une telle brochette de personnalités et de n'avoir pas pu obtenir un résultat plus à la hauteur. Ca se cherche vraiment trop entre blues et variété, il manque une osmose entre tous ces musiciens qui donnent l'impression de jouer chacun de leur côté sans jamais jouer ensemble. Le titre est finalement bien trouvé puisqu'à l'écoute de cette production, on est en effet tout le temps autour du blues, mais jamais dedans. Espérons que le succès commercial assuré de cet album aura le mérite de conduire un public non initié vers la voie du blues.
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