n°46 (Octobre 2002)
Tome 2
|
Tome 1:
|
date: 5 septembre 2002
Festival Blues en Retz
Pornic - 2002
de: Jocelyn Richez <jrichez@noos.fr>
(photos de l'auteur)
Comme j'avais la chance de faire le pont du 15 août, j'en ai profité pour prendre la "route 44" (pas encore aussi célèbre que la 66 mais ça viendra peut être), direction Pornic, pour assister à la troisième édition du festival "Blues en Retz" organisé par la très active association nantaise "Blues qui roule" en partenariat avec la ville et le casino de Pornic. Le site du festival - la place du Môle de Pornic - était idéalement placé entre le port et le casino et à proximité de quelques terrasses fort accueillantes. Ambiance de vacances garantie surtout que le soleil était de la partie. Le festival se déroulait sur deux jours, les concerts débutant à 17h30 ce qui laissait le temps de profiter de la ville, son port, sa plage, son casino, ses terrasses, ses boutiques, ses crêpes et ses glaces à la fraise. L'ambiance était franchement décontractée, conviviale et familiale.
Le programme comprenait 8 groupes représentant les diverses facettes du blues. Bien sûr, les groupes "Blues qui roule" étaient bien présents, représentant à eux seuls plus de la moitié du programme (Malted Milk -acoustique puis électrique, Blues & Trouble, Philippe Ménard, Awek) auxquels s'ajoutaient Simon Shuffle Blues Band, Rag Mama Rag et Nico "Wayne" Toussaint plus quelques invités, des surprises et des boeufs, chaque soir. Le public, en grande partie néophyte, a répondu présent faisant de cette troisième édition de "Blues en Retz" un grand succès (3000 à 4000 personnes sur l'ensemble des deux jours selon Ouest France).
Pour le premier concert du festival, j'ai découvert Philippe Ménard, ex guitariste du groupe Tequila et figure marquante de la scène blues française depuis de longues années. Il joue désormais en solo dans une formule baptisée "one man band". Il est impressionnant, jouant à la fois de la guitare, de l'harmonica, utilisant les pieds pour la batterie et en plus il chante. J'ai fermé les yeux un instant, j'avais vraiment l'impression d'entendre un orchestre au complet et pourtant il était seul, jouant d'abord acoustique puis électrique. Il fut rejoint en fin de concert par son vieil ami Philippe Evrard (harmo de blues Hangout, autre formation BQR jouant dans un registre Chicago blues).
Le concert suivant était celui des Blues & Trouble, un groupe venu de Pau que j'avais découvert en mai lors des "rencontres du blues" au casino des pins aux Sables d'Olonnes [voir LGDG n°43]. C'est un groupe au registre large avec une solide base blues mais aussi des influences jazz, gospel et funk. Si c'est bien sûr la chanteuse Gladys Amoros qui focalise l'attention par sa voix gospelisante et chargée d'émotion, j'ai aussi apprécié le jeu de guitare jazzy et tout en finesse de Michel Foizon.
Pour le concert suivant, quel plaisir de retrouver Malted Milk de retour des USA après leur tournée mouvementée avec le bassiste Big Joe Turner. Et en ce vendredi, c'est un concert acoustique qu'ils ont donné car si Malted Milk s'est surtout illustré en formation électrique, c'est aussi une remarquable formation acoustique (Ils viennent d'ailleurs de sortir un cd acoustique). Ils ont entamé le concert en duo assez intimiste (Arnaud Fradin à la guitare et Emmanuel Frangeul à l'harmonica) dépoussiérant quelques bons vieux standards. Ils furent rejoints à mi concert par les deux invités américains venus de Floride: Karl Davis au chant et Josh Miller à la guitare slide. Dans ces occasions là, la nationalité n'a plus importance, le blues est un formidable catalyseur et je dois dire que la complicité entre les 2 français et les 2 américains était stupéfiante. La joie de chanter et jouer ensemble devant ce public nombreux et réceptif était contagieuse !
L'alternance des deux voix, la complémentarité et le feeling des deux guitaristes, la pêche de Karl Davis sans oublier la présence de Manu à l'harmo (un musicien à ne surtout pas négliger, il n'y a pas qu'Arnaud Fradin dans Malted Milk) ont fait de ce concert un moment inoubliable.
La tête d'affiche de cette première soirée était Nico Wayne Toussaint, en pleine tournée de promotion de son dernier cd transgender. Je m'attendais à voir Julien Brunetaud au piano mais c'était Vincent Pollet Villar de Mudzilla qui était là sans doute de manière ponctuelle et exceptionnelle. Le groupe est apparu fatigué par une tournée éprouvante où la route est le quotidien et les kilomètres se multiplient. Nico, qui avait joué la veille à Marciac n'avait dormi que 2 petites heures et dans ces conditions, il est difficile d'être au top, surtout que sa voix était un peu entamée. Il a néanmoins présenté un concert dynamique, se dépensant sans compter pour satisfaire le public distillant un blues rock énergique et avec un jeu résolument rock de la part de Rax Lacour, son fidèle guitariste. Et quand un spectateur, en fin de concert lui a réclamé un morceau d'Elvis dont on célébrait ce soir là, le 25ème anniversaire de la mort, il s'est empressé de le satisfaire (au détriment d'un morceau du nouveau cd). Je m'attendais à ce qu'il chante Fever, enregistré sur son cd my kind of blues mais il a finalement choisi d'interpréter un morceau plus rock & roll That's allright mama sans doute plus dans le ton de la soirée et plus apte à enflammer cette fin de soirée. Nico est un musicien qui communique beaucoup avec le public, et pour l'anecdote, il s'est gentiment fait épinglé par le public lorsque dans un de ses discours de présentation, il a situé Pornic en Vendée! la gaffe n'est pas passée inaperçue, comme quoi, il n'y avait pas que des vacanciers.
Ensuite, Nico a invité Gladys Amoros à le rejoindre sur scène (Got my mojo workin') avant que la soirée ne se transforme en un énorme boeuf avec bien sûr les musiciens de Nico Wayne Toussaint mais aussi ceux de Blues & Trouble, de Malted Milk et leur deux invités américains et même Miguel Hamoum le bassite de Scratch my back. Les musiciens ont de toute évidence pris leur pied lors de ce boeuf et ont su parfaitement partager ce bonheur avec le public visiblement ravi. Nico ne semblait pas pressé de reprendre la route, pourtant, le lendemain, il devait jouer en Hollande !
La deuxième journée a encore démarré très fort avec le Simon Shuffle blues band, un groupe venu de la région de Poitiers comprenant outre Simon Boyer à la batterie, deux guitaristes complémentaires Xavier Pillac et Jeff Magidson. Si Xavier Pillac (lauréat du tremplin Blues sur seine.2000 et du BottleNets 2001 de la révélation de l'année) s'est forgé une réputation flatteuse (et méritée) ce groupe est synonyme de retour au blues pour Jeff Magidson après l'expérience John Doe. Je les avais découvert avec un intérêt en mai dernier lors des rencontres du blues aux casino des pins aux Sables d'Olonnes. Ce groupe tourne bien, il a assurément un bon potentiel et encore une marge de progression. J'ai particulièrement apprécié le chant et le jeu de guitare de Xavier Pillac, que ce soit dans des morceaux roots joués au dobro ou dans des titres plus "Chicago blues". J'ai aussi aimé la version originale du grand standard Stormy Monday en fin de concert.
Changement de style ensuite avec le groupe Rag Mama Rag. Ce duo acoustique anglais aime beaucoup la France à tel point qu'ils s'y sont installé, vivant maintenant en Bretagne et tournant tant que possible en France. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Ashley maîtrise parfaitement bien notre langue et qu'il s'en sert pour communiquer avec le public et présenter les morceaux de manière didactique. Leur répertoire est très traditionnel, remontant aux racines du blues, réarrangeant à leur sauce quelques vieux morceaux des pionniers du blues. Ils ont surtout interprété les morceaux de leur cd live [voir LGDG n°45]. Ce concert fut pour moi un vrai bonheur. Mais comment font ils à deux pour nous offrir une musique aussi riche et variée ? il faut dire que l'instrumentation change presque à chaque titre, guitare acoustique, dobro, weissenborn, yukulele pour Ashley, harmonica et percussions (diverses et variées: washboard, tambourin, cuillères etc) pour Deborah sans oublier les voix. Leur complicité est impressionnante. Quelle enthousiasme et quelle fraîcheur !
Il était alors temps d'aller manger. Mais la pause entre les concerts fut de courte durée si bien que j'ai malheureusement raté le début du concert du trio toulousain Awek. J'ai néanmoins pu constater qu'ils avaient toujours la même énergie et toujours le même succès auprès du public. A la fin du concert, il y avait du monde au stand "Blues Qui Roule" pour acheter leurs cd! Leur répertoire blues rock comprend des compositions du groupe mêlées à quelques bonnes reprises comme Tuff enuff des Fabulous Thunderbirds parfaitement interprété.
Et c'est Malted Milk, cette fois en version électrique qui avait l'honneur de clôturer le festival avec une section rythmique remaniée où l'on remarquait un petit nouveau à côté du batteur Michel Catel (le régional, il est de Pornic !): le bassiste Sylvain Daniel. Son jeu jazzy rappelle celui de Jeff Vincendeau, le bassiste original. Apparemment, il ne fait qu'assurer l'intérim en attendant qu'un nouveau bassiste intègre définitivement Malted Milk. L'entame du concert fut tonitruante avec quelques morceaux issus du cd Peaches, ice cream & wine comme Mother in law et Straight woman blues suivis qu'une version bourrée de feeling du blues lent as the years go passing by rendu célèbre par Albert King. Comme la veille, les Malted Milk ont été rejoint par leurs invités américains venu de Jacksonville, le chanteur Karl Davis et le guitariste Josh Miller. Arnaud Fradin nous fit alors une belle démonstration de lap steel et le concert se termina avec un blues plus funky sous l'impulsion d'un Karl Davis déchaîné. A vrai dire, mon petit regret de la soirée, c'est que Josh Miller n'ait pas joué sa fameuse version endiablée du célébrissime Okie dokie stomp de Clarence "Gatemouth" Brown, comme à Jacksonville.
Et l'apothéose fut comme la veille, le boeuf final avec encore une belle brochette bluesistique, les musiciens de Awek et du Simon Shuffle Blues Band rejoignant les Malted Milk sur scène. Ces fameux boeufs, c'est vraiment le petit plus de ces festivals "Blues Qui Roule", quelque chose que l'on voit rarement dans les autres festivals.
C'était de la folie dans le public qui même néophyte est resté jusqu'au bout, pour ne pas en rater une note, tapant des mains, se levant, bougeant, et dansant de manière complètement spontanée !
Comme quoi, il n'est pas nécessaire de faire venir des grandes stars US pour assurer la réussite d'un tel festival, ça montre une fois encore toute la richesse actuelle de la scène blues française.
Enfin, je salue Alain Leclerc (alias Harmo), au four et au moulin, qui s'est révélé être un présentateur de talent, ainsi que la performance de Stéphane Lebeau à la technique. Il agit dans l'ombre mais il est d'une remarquable efficacité !
Jocelyn a profité du long week-end du 15 août pour aller à Pornic, d'où il est revenu très heureux - ce qui ne nous surprend pas, accoutumés que nous sommes maintenant à la qualité des organisations de Blues Qui Roule. Quant à moi, j'ai réussi à convaincre ma moitié et nous sommes partis découvrir enfin le festival de Chédigny, près de Tours. Par une heureuse coïncidence, un des groupes phare de BQR y était également en vedette...
PrologueC hédigny, petit village de 444 habitants situé près de Loches, Indre-et-Loire, réussit l'exploit d'organiser tous les ans, et ce pour la cinquième fois cette année, un festival de Blues dont la renommée va croissant.J'en avais découvert l'existence grâce à Jacques Beauchamp, leader du défunt King Crossing qui nous avait enthousiasmés lors de la toute première édition de Blues à Saint-Pierre en 1999. Nous sommes restés en relation depuis mais, à part une soirée au Saint-Louis Blues, je n'avais pas eu le plaisir de le revoir. Graphiste de métier, Jacques s'est installé de façon permanente à quelques kilomètres de Chédigny où il a ses habitudes. Muni des indispensables cartes routières détaillées de l'endroit, nous voilà donc partis en ce bel après-midi du 16 août. Voyage sans histoire jusqu'à la sortie Amboise de l'autoroute. Nous pénétrons dans les profondeurs de l'Indre-et-Loire sous quelques nuages menaçants mais bienvenus car il fait encore bigrement chaud. La dernière partie du trajet se fait sur le plateau qui sépare la vallée de la Loire de celle de l'Indrois. Le paysage est assez monotone, vastes champs de blé fraîchement moissonnés, les voitures sont rares, personne ne travaille dans les champs. Passé le point culminant du plateau, nous découvrons enfin la silhouette d'un clocher et, blotties autour de lui, les quelques maisons d'un tout petit village. Quelques rangées d'arbres nous confirment la proximité d'une rivière. Les premières affiches apparaissent : c'est donc là. Nous suivons la rue semi-piétonne à allure respectueuse, passons devant la grille délimitant l'enceinte et arrivons au café-hôtel. La voiture est garée à quelques mètres et nous pénétrons dans le bar, heureux d'y trouver un peu de fraîcheur et d’y être accueillis par un fond sonore familier. Lionel, le nouveau propriétaire, est un gros fan de Johnny Hallyday - comme l'atteste un grand poster de son idole - mais il ne diffusera que du Blues pendant toute la durée du festival (le détail n'est pas anodin car Chédigny compte parmi ses habitants le webmaster d'un site très réputé consacré à la vieille gloire du rock français - à ce que j'ai compris, il est également responsable du site du festival). Nous installons nos affaires, je sors déjà un appareil, et nous partons explorer les alentours. En sortant, nous faisons à peine quelques pas et nous sommes à l'accès côté coulisses : la scène est à, allez, vingt-cinq mètres ! Nous rebroussons chemin et, après un trajet guère plus long, nous trouvons l'entrée du public. En fait, le pâté de maisons (la salle des fêtes, la mairie, la poste et l'école) constitue l’enceinte du festival. Tout cela est joliment aménagé, pavé et très fleuri. Par contre, une seule rangée de gradins sur le côté (adossée à notre hôtel en fait), rien en face de la scène. Nous allons vite comprendre que l'objet indispensable ici est la chaise ! Justement, il est bientôt 18 h 30 et nous nous installons à l'ombre, face à la scène découverte installée sur le seuil de la salle des Fêtes (l'espace Cabaret est, lui, situé à l'intérieur). Nous discutons avec Domenico Puglisi, le batteur de King Crossing, venu lui aussi en touriste, contrairement à l'ami Jacques, pas encore aperçu mais très actif ici, musicalement et photographiquement. Domenico est un compagnon très agréable, toujours prêt à sortir une anecdote amusante. Dommage qu'il reparte demain matin. Mais il était déjà là hier et nous raconte qu'Ana Popovic, si elle a fait danser les quelques premiers rangs, a plutôt déçu et même fait fuir les autres en jouant vraiment trop fort. A tel point que, alors que la chanteuse essayait de faire chanter le public, le projecteur cherchant la foule a éclairé un grand vide (et s'est vite discrètement éteint %-).Je le crois sans peine, d'autant que Domenico, en bon batteur, ne se sépare jamais de sa petite boite de boules auriculaires.
| ApéritifDe derrière la buvette nous parvient le crépitement d'un washboard puis le son caractéristique de la steel-guitar : accompagné par Larry Nager, voici venir William Lee Ellis et son blues de rue. Quelle meilleure introduction à la soirée que ces deux musiciens ambulants qui se donnent de toute leur énergie ? Robert Johnson et Son House mais aussi des ragtime, un peu de bluegrass et de gospel. Bref, tout un harmonieux mélange de musiques américaines traditionnelles. Le public est surpris, puis charmé. Après quelques allées et venues, les deux compères grimpent les quelques marches de la salle des fêtes et profitent de la petite sono qui y est installée. Leur musique prend tout de suite une autre dimension. Larry Nager abandonne le washboard pour une contrebasse, William Ellis alternera également les morceaux à la National et à la Gibson. Près d'une heure sous le charme de ces sympathiques et talentueux musiciens. Après une dernière composition interprétée par William seul à la Gibson (quel toucher !), le duo reprend ses bagages légers et repart dans le public. L'Atelier Blues de Chédigny, dirigé par Jörg Petersmann, prend la relève. Evidemment, il s'agit là d'amateurs. Le niveau n'est pas le même mais cette formation essaie de donner le meilleur de son talent et ne ménage pas ses efforts. Ils sont quand même huit sur scène : harmonica/chant, basse, batterie, saxo-ténor, bugle, trompette et deux guitares - dont l'ami Jacques avec sa nouvelle ES335 et un superbe chapeau de paille (il faut dire qu'ils sont maintenant face au soleil qui tape encore fort alors que 20 h arrive (mais ne sonne pas : les cloches sont en congé pendant le festival ;-)) Il est temps de passer au ravitaillement car la soirée va commencer sur la grande scène. Les spectateurs s'organisent par équipes : pendant que l'une court la longe de porc, l'autre emmène les chaises.
| Quelques bouchées plus tardLes doigts décidément trop collants après avoir dégusté la longe de porc, je me fraie un chemin dans la foule à la recherche d'un lavabo. Je croise un japonais avec une guitare dans le dos ?? Au retour, je rencontre Jacques qui me parle de Chédigny. Rendez-vous compte que ce petit village a derrière lui une longue histoire de fêtes et d'événements. Voici plus de 30 ans qu'on organise ici festivals, salons, spectacles et autres animations. Pendant une longue période, le jeu était de reconstituer la vie du village à différentes époques. Ceci jusqu'en 1989 où Chédigny fut désigné comme Meilleur spectacle du Bicentenaire. Voilà qui ne nous intéresserait pas outre-mesure ici sauf si je vous disais que la récompense fut un voyage pour toute la troupe (c'est à dire la moitié de la population) à Memphis, afin de présenter le spectacle là-bas : vous saurez alors d'où vient cet étonnant engouement d'un petit village tourangeau pour la musique du Diable. Par la suite, Big Joe Turner [ndlr : le bassiste, pas le chanteur] est venu s'installer un petit pied-à-terre ici (rien moins que le presbytère de la chapelle du château, ma chère !) et a contribué au lancement du festival qu'il continue à soutenir grâce à ses relations et où il va se produire ce soir avec sa Memphis Blues Caravan.
| Mais pour l'heure, la scène est prête à accueillir les Nightporters. Nous nous rapprochons donc et l'ambiance est tout de suite très chaude. J'avoue avoir un peu perdu de vue la scène anglaise. Doctor Feelgood était certes un de mes groupes préférés mais la mort de Lee Brilleaux m'en a éloigné pendant un grand moment. Aussi, j'ignore totalement qui sont ses Nighporters, pourtant bien dans le même style que mes favoris. [ndlr : pourtant la Gazette en a parlé dans le numéro 34 !-)] Et bien, pour une surprise, c'est une très bonne, une excellente surprise. Le vrai groupe anglais dans toute sa splendeur : costumes sombres, coiffures de rockers, de bonnes tronches, la classe quoi car tout à fait à l'aise sur scène. Au début, je les ai pris pour des gamins mais, visiblement, ce ne sont pas des tout jeunes, même s'ils s'amusent comme des mômes. Un vrai groupe de rock'n'roll mais aussi de Blues (Willie Dixon, Little Walter, entre autres). Plus le concert dure et plus je me rends compte que, finalement, dans l'esprit, ce qu'ils font est beaucoup plus proche du Blues que bien des gens qui s'étiquettent un peu vite dans cette catégorie. Même si le rockabilly l'emporte souvent (et le jeu du contrebassiste Al Gare est très typé), les bons shuffles bien musclés sentent bon comme du vieux Chicago. Mèches en bataille, Ian Roberts (chant, harmonica) et Martin Vowles (Sheraton II natural (;-) branchée sur un bassman velu à souhait) se relaient pour envoyer la sauce. Derrière, très en phase avec le bassiste précité et tout aussi banané, Kewin Crowe assure une rythmique sans faille avec ses fûts. Une musique extrêmement jouissive donc, qui enthousiasme le public. La deuxième bonne surprise du festival - et il y en aura d'autres !
| Un qui n'est pas du genre à prendre des risques c'est Big Joe Turner venu ici en voisin et en ami (il faut entendre les crêpières sexagénaires en parler avec fierté). Heureusement, car sa Memphis Blues Caravan qu'on aurait pu croire venue tout exprès pour nous du Tennessee se composait en fait de copains à lui ou racolés à la va-vite grâce à un carnet d'adresses bien parisien. Du chanteur anglais (Earl Green) au batteur allemand (même si originaire de l'Alabama, Tommy Harris) en passant par le pianiste (le toujours excellent Julien Brunnetaud) et le percussionniste français (Jeff de la Chaise), il ne manquait plus qu'un guitariste japonais pour finir de colorer la caravane ! Bah tout ce monde s'est bien donné - ce qui d'ailleurs démontrait d'autant la passivité pour ne pas dire l'inertie du bassiste-leader - en essayant de faire tourner les inévitables standards habituels (les saucissons chers à Christian Andrieu ;) plutôt bien que mal d'ailleurs, mais rien d'éclatant. Un bon bœuf quoi, avec un Mar Todani totalement immergé dans sa musique et la vivant intensément (c'était donc lui le japonais que je croyais venu en mobylette avec sa gratte dans le dos !-). Jacques me faisait remarquer que son jeu apparement simple sur le plan harmonique, était en fait très riche en émotions (ce qui pourrait être une des définitions du blues, non ?) Grâce à son énergie, le Blues majuscule a plané quelques instants magiques sur cette scène.
| Une jam sympathique est venue conclure cette soirée. Encore l'ami Jacques, à l'harmonica cette fois, et Jörg Petersmann, non plus en bassiste (la place était prise et plutôt deux fois qu'une !-) mais en violoniste - car c'est là son talent principal et nous le reverrons demain. A demain donc !
| NB: j'ai bien essayé vers minuit de pénétrer dans le Cabaret mais j'ai battu en retraite devant le boucan des Wanana Blues Blasters (pour vous dire si c'était fort : je les entendais de l'hôtel alors qu'eux étaient dans la salle des fêtes, à l'autre bout de l'enceinte)
| Samedi matin.Nous nous levons de bonne heure afin de profiter des alentours. Petite virée jusqu'à Loches dont nous gravissons les ruelles pentues pour monter jusqu'au donjon. Il y a une vaste scène aménagée au pied de cette masse impressionnante. Je pense qu'elle doit servir pour des représentations costumées. Quel bel endroit aussi pour un festival : on peut s'asseoir sur la pelouse qui forme une sorte de cuvette à cet endroit - comme ça on n’est pas obligé de trimballer sa chaise !-) Mais décidément, il fait trop chaud et nous repartons vers la campagne. Nous déjeunons fort agréablement au bord d'un étang, prenons notre temps et allons passer un moment chez Jacques. Nous avons le plaisir d'admirer sa collection de photos du Mississippi (prises dans les années 1990, lors de deux voyages successifs). Plein de lieux étonnants : certains anonymes comme ces champs de coton, ces mills où l'or blanc est traité, épuré, emballé, ces bassins d'élevage pour les catfishes ; d'autres plus chargés d'histoire : Tutwiler (où W.C. Handy nota le premier blues jamais publié), Moorehead (Where The Southern Crosses The Dog), Clarksdale, Stovall's Plantation et la cabane (cabin) de Muddy (Jacques est un des derniers à y avoir pénétré avant qu'elle ne soit grillagée - s'il est un lieu empli de vibrations, c'est bien celui-là) (séquence émotion). Jacques envisage d'ouvrir un site l'an prochain pour montrer cette série. Ses Bluescapes sont visibles entre temps au Delta Blues Museum de Clarksdale, si vous passez par là...
| Five o'clockIl est temps de redescendre quelques miles au sud car Jacques compte bien retrouver William Ellis et Larry Nager qui doivent jouer justement dans notre café-hôtel. Après ce petit concert devant une toute petite assistance (mais ô combien privilégiée), le duo repart dans les rues et nous les suivons en direction du Festival. Ils reprennent possession de la scène découverte mais avec un répertoire différent. Nous remarquons surtout l'apparition d'une superbe mandoline dans les mains de Larry. C'est, bien sûr, encore un vrai régal. Un autre homme aux talents multiples leur succède : Jörg Petersmann, qui tenait la basse hier pour l'Atelier Blues et que nous avions aperçu au violon lors de la jam-session finale. Il revient cette fois avec une guitare, juste pour commencer car le vrai guitariste c'est son complice Yann Beaujouan : une sacrée technique et une grande variété de jeu. Le duo s'appelle Crossroads (:-) Si le chant de Jörg est encore mal assuré, il est par contre tout à fait à son affaire quand il reprend son violon. Il a une grande passion pour Sugarcane Harris (dont les qualités de chanteur n'ont d'ailleurs jamais été le point fort); j'imagine que peu de gens, sauf les vieux fans de John Mayall, doivent s'en souvenir maintenant ! Voici donc à la fois un répertoire méconnu et une formation peu ordinaire, un moment très rafraîchissant à mon goût. Le set se termine cependant par un standard mais c'est une version totalement bouleversante (d'émotion et d'intelligence) de Saint-James Infirmary. Il y a un moment de silence à la fin.... Wow ! Encore une belle surprise (c'est la troisième... et ce n'est pas fini) Bon, ce soir, saucisses pour tout le monde (c'est plus maniable que la longe de porc >: 8 )
| Où on va enfin parler de Scratch my Back...La foule est de plus en plus dense pour cette dernière soirée du Festival. Nous avons finalement décidé de nous installer juste devant la table de mixage : c'est un point de repère commode, qui me permettra de faire des incursions au pied de la scène, le temps de faire quelques photos, et retrouver ma moitié ensuite (enfin j'espère). En plus, question écoute, c'est idéal. Vous ai-je dit, au fait, que le son était excellent ? Je ne saurais pas déterminer si le lieu en lui-même y est propice - encore que la disposition aléatoire des bâtiments le favorise; l'église, à laquelle est adossée la scène ne peut pas plus générer d'échos gênants - où si l'ingénieur du son a un réel talent ? Nous allons bientôt le savoir car il y a maintenant... Hé ? Sept personnes sur scène... Car je parle, je parle, mais voici Scratch My Back !
Très franchement, c'est un peu à cause d'eux que nous sommes ici cette année : ce groupe a acquis une sacrée réputation (et Jocelyn, avec le récit de leurs exploits récents en Floride, n'y est pas étranger). Et bé ! Je vais faire bref, car je ne saurais pas les décrire mieux : non seulement cette réputation est totalement justifiée mais je me range à l'avis de Jocelyn quand il les compare aux groupes américains et les classe à leur niveau. [Surtout qu'ici, les Américains (à part Ellis et Nager) n'ont pas été vraiment géniaux - mais bon] . Il n'empêche que nous nous trouvons ce soir en face d'un show absolument impeccable, sans temps mort, avec une cohésion et une complicité qui font plaisir. Et pourtant, la formation actuelle est assez récente : ils étaient cinq en Floride, ils sont quelquefois sept avec des cuivres en renforts mais, sauf erreur, c'est la première fois qu'un clavier complète le big band. Et comme clavier, tiens donc ? le Cédric Le Goff des Flyin'Saucers ! Je suis content : je vais peut-être arriver à le prendre en photo ce coup-ci ! [Les claviers sont toujours placés d'une façon impossible - faut dire que leur matos les camoufle souvent, un peu comme les batteurs quoi - et donc ils sont difficiles à attraper. NB : du temps où ils s'appelaient des pianistes, on les mettait face au mur et ils prenaient les balles perdues - il en reste très peu de cette époque +-] Je reviens à ma présentation du groupe : - Kévin Doublé : un chanteur plus que rare (phrasé, accent, je comprends que les Américains aient été épatés) complété d'un excellent harmoniciste. - Aux cotés d'Yves Brouiller à la trompette, Sylvain Fetis assure gravement au saxophone, je vais y revenir. - Olivier Sueur (batterie) et Miguel Hamoun (basse) : une section rythmique sans faille. Gros, très gros groove du bassiste et une ponctuation impeccable du batteur à chaque instant - je crois qu'il démontre à lui seul le professionnalisme du groupe : une frappe ultra-précise et jamais un coup de baguette de trop. - Julien Broissand : un guitariste à la technique impressionnante mais, comment dire ? Finalement, je trouve qu'il est trop maître de son jeu et de ses émotions. Peut-être que ce soir, il n'a pas envie de se lâcher ? Jocelyn qui l'a vu souvent pourrait nous le dire. Je ne l'ai vu auparavant qu'à Bourges avec les Reapers où je peux comprendre qu'il n'était pas dans son élément. Alors, je ne veux pas généraliser. Mais à la limite (y en a qui vont crier !) le Japonais d'hier m'a plus fait vibrer. En tout cas, ça tourne et l'ensemble ne faiblit pas. Une toute petite hésitation quand Kevin Doublé veut faire chanter le public (lequel a bien fini les saucisses et les frites mais pas encore les crêpes. Bref, il n'est pas prêt, quoi) et la sauce a du mal à prendre. Alors, sarcastique, il prévient : Bref : la grosse claque !!!! (Et pourtant, le west-coast, les cuivres, tout ça, ce n'est pas exactement ma variété de thé préférée (;-), alors pour que je vous le dise, c'est que, vraiment, c'est trop bien ! ) Malheureusement, ce n'est que la première partie et donc elle doit se terminer pour qu'il y en ait une seconde. Ben oui, désolé mais c'est le jeu.
| EntracteJe rends à Jacques son téléobjectif (ça y est, j'ai mis Le Goff en boîte !-), nous nous donnons rendez-vous (devant la console) pour vider une bouteille de cidre. Vraiment excellente, la sonorisation (je leur ai dit). Pas mal non plus le cidre (ah j'ai oublié de leur dire)
| Comment ça ? C'est fini ??Euh non ! Après, il y a eu Angela Brown et j'ai pas aimé. Son groupe était bancal. Il y aurait eu juste le pianiste, ça aurait pu passer. Je ne sais pas pourquoi elle s'est affublée de ce bassiste et de ce bourrin (Pierrot ! ça s'appelle un batteur ! Déconnez pas, j'en ai un à la maison, je sais ce que c'est, quand même) Bref, ça n'allait pas du tout. Il aurait fallu, oui, un contrebassiste et un batteur (si, si) tout en finesse, avec un beau jeu de balais. Ambiance cool, quoi. Mais non, madame a décidé de nous faire du rentre-dedans et j'ai craqué au troisième morceau. Y en a qui ont aimé : ils étaient tellement agglutinés devant la scène que j'ai eu un mal de chien à faire des photos (argn >-x). J'ai vite battu en retraite. Je n’sais pas, peut-être que la fatigue accumulée de ces deux jours de canicule... Oh, et puis flûte : j'ai trouvé ça lourd quoi. Je suis allé m'asseoir au fond, près du stand de disques en attendant que ça se termine.
| Voilà, là, c'est vraiment fini.Pas plus envie d'aller au Cabaret ce soir, pourtant c'est moins fort on dirait ? - Qu'est-ce que tu dis ?? Je dis : " C'est moins fort qu'hier !! " #-)) Demain, il faut rentrer. A bientôt Chédigny, Scratch My Back, Nightporters, Crossroads, William et Larry... |
Tournon a transpiré sous le blues !!!
Samedi, Memo Gonzalez a joué un blues corsé. La venue à Tournon d'Agenais de l'harmoniciste-chanteur chicano texan Memo Gonzalez et de ses Bluescasters dans le cadre des "Blues Station", était la première date de la programmation "Blues Station in Tournon" de la saison 2002/2003 de Christian Boncour et son équipe.
Samedi dernier dès qu'on passait la porte de cette chapelle du blues, on se sentait transporté dans l'atmosphère intime d'un juke-joint Texan. Or, le début de cette soirée était assuré, et de fort belle manière, par le duo agenais Blues Addict. Yves Lespine et Daniel Caron vivent leur passion du blues en jouant dans les bars mais là, ce fut un véritable challenge. A Tournon, le public est connaisseur et on ne le trompe pas sur la qualité. Ils étaient parfaitement à la hauteur ce soir-là pour nous fournir un excellent set de blues-roots traditionnel. Ce n'est qu'à 22h30, après un rappel, qu'ils laissèrent la place à la vedette de la soirée.
La maestria de l'harmoniciste-chanteur a ravi les connaisseurs venus nombreux. Memo Gonzalez qui possède un bel itinéraire dans le monde du blues ne s'est pas embarrassé de fioritures et a plongé d'emblée son auditoire dans la puissance émotionnelle de cette musique. Memo a sorti ses tripes, entraînant dans son sillage les Bluescasters. Harmoniciste affichant une maîtrise incontestée des effets bluesy, il possède une voix puissante et brûlante, une présence physique brute et directe. Memo n'a pas manqué d'ajouter une touche très personnelle qui confère à sa prestation une saveur incomparable.
Superbement bien secondé par Kai Strauss, virtuose de la six cordes doté d'une technique hors du commun, Memo déclencha à plusieurs reprises des feux d'artifice faisant craquer le public. Les morceaux s'enchaînèrent à un rythme effréné ; ça a swingué, ça a roulé, et ça a sauté. Un véritable bonheur ! Erkan Özdemir à la basse et Klaus Strauss à la batterie s'acquittèrent de leur tâche de manière discrète mais efficace, laissant les lauriers au duo Memo / Kai.
Au sens propre, comme au figuré, Memo Gonzalez et ses Bluescasters ont transpiré leur musique d'un bout à l'autre de leur prestation. Le public ne s'est pas privé de danser sur les rythmes et les intonations parfois swing, parfois rock d'un blues Tex-Mex.
Le prochain rendez-vous blues à Tournon d'Agenais sera une édition spéciale puisque l'on va fêter la 25ème édition des "Blues Station in Tournon". Si la programmation habituelle est déjà excellente, là ce sera grandiose. Deux grandes pointures seront présentes : le légendaire harmoniciste-chanteur Mojo Buford (plus de dix ans au sein de l'orchestre de Muddy Waters) accompagné de Malted Milk et l'illustre Phil Guy soutenu par le Colin John Blues Band. Une soirée à réserver d'avance !
Ain't nothing but... blues bar !
Voilà un nom de bar des plus intéressants ! Profitant enfin d'un peu de temps que me procurent mes voyages professionnels à Londres, je suis allé voir ce que pouvait bien proposer ce bar qui accueille chaque soir un artiste différent !
C'est un endroit tout en longueur où l'on se sent vite à l'aise. Quelques tables, placées comme dans une cantine, très proches de la scène. Ou plutôt de la toute petite estrade qui sert de scène ! L'exiguïté du lieu aidant, l'ambiance est chaleureuse et conviviale.
Tout dans la décoration rappelle le blues avec des guitares acoustiques au plafond, un papier peint jauni représentant des partitions musicales, des photos de bluesmen connus, en couleurs ou en noir et blanc, des affiches de festivals blues comme le Blues Estafette, le Puistleblues (ou quelque chose d'approchant) ou de fameux concerts qui ont eu lieu à Londres avec des noms évocateurs comme Lightnin' Hopkins, Freddy King et j'en passe! Il y a vraiment tout pour plaire et pour un mercredi soir, le pub va faire quasiment salle comble.
Une pinte de Murphy à la main, j'attends avec impatience l'artiste du jour. Il s'agit de Marcus Malone, parfait inconnu pour moi, mais qui, semble-t-il, écume les clubs de Londres depuis de nombreuses années. Cet américain de Detroit semble avoir de bonnes critiques locales.
Le groupe débarque à 5 et on se demande comment ils vont tenir sur la petite estrade : un batteur, un bassiste (avec 2 basses), un guitariste (avec 2 guitares et un pédalier énorme) et Marcus Malone (avec une Fender et un petit ampli de la même marque). Ce dernier fera le concert à côté de l'estrade, entre deux tables d'Anglais assoiffés.
Avec une telle configuration, je m'attendais à un groupe surtout blues-rock voire même très rock. Ce ne fut pas vraiment le cas, ça sonnait bien blues. Le groupe a alterné les morceaux plus rock avec des plans bien blues et une ballade country rock (walkaway) fort sympathique au demeurant.
Sur les 3 sets du concert, Marcus Malone nous a distillé une majorité de compositions originales visitant ou revisitant les styles de blues les plus courants : shuffle, boogie, slow blues langoureux et Chicago, en y intégrant quelques passages plus agressifs aux phrasés très rock. A noter quelques titres phares vraiment intéressants comme One more time (dans la tonalité d'un Thrill is gone), Drowning man (relents de rock des 70's), Walkin' Shoes (au rythme groovy syncopé qui vous fait hocher la tête) et Dirty Shame.
Côté reprises, on a eu droit à un Hey Joe des plus classiques mais à un Got my mojo working terrible, très rythmé et plus positif que celui de Muddy (oui, le mojo de Marcus semble fonctionner, lui !) qui a fait chanter le pub entier !
Marcus Malone est un bon guitariste précis qui peut être rapide et incisif, mais aussi avec un excellent toucher quand il le souhaite. De plus, son excellente voix suave et parfois rocailleuse, en fait un très bon chanteur. Le guitariste qui l'accompagnait (Stuart Smith, je crois), quant à lui, avait un style vraiment très rock, puissant et rapide, plutôt démonstratif mais somme toute efficace. La section rythmique a réussi à tenir le coup, gage d'un bon niveau, car le bassiste était nouveau et ne connaissait pas encore tous les morceaux. Et je peux vous dire qu'il y a eu peu de problèmes. Du coup, le niveau général était plutôt bon!
Marcus Malone a à priori plusieurs albums à son actif, mais deux semblent encore distribués chez Redline, à savoir One more time (1999) et Walkin' Shoes (2002). Ces deux albums comportent un peu plus de morceaux blues-rock que pendant le concert, des cuivres, harmo et slide en prime. Ils sont agréables à écouter et les passages de titres blues vers d'autres plus rock se font sans heurts.
Marcus Malone sur le web : www.marcusmalone.com/
Ain't nothing but blues bar sur le web : www.aintnothinbut.co.uk/
Si vous traînez dans Londres un de ces soirs, allez donc faire un tour de Kingly street, vous aurez peut-être de sympathiques surprises comme moi. A noter que la majorité du temps, l'entrée est gratuite, ce qui semble obliger les artistes à faire la quête entre les sets en plus de vendre leurs CD.
Il y a une semaine, je suis allé écouter Mr. Bluestrek & the Trekkers à Angers, à la maison de quartier Saint Serge Saint Michel.
Un concert organisé par l'association "Jazz pour tous" - www.jazzpourtous.com/ - qui propose des spectacles tout au long de l'année (Nico Wayne Toussaint en avril).
Mr Bluestrek, Christophe Chauvin, tourne depuis une dizaine d'année dans les bars du coin, essentiellement en acoustique avec un harmoniciste ou en formation électrique.
Ce soir-là, ils étaient quatre devant une bonne soixantaine de personnes, je pense. Ambiance très sympa et très bonne prestation. Christophe maîtrise son sujet, il donne des cours de guitare par ailleurs et exerce dans la musique à plein temps.
Laurent LeFrancois à la basse était efficace, Pierre Démas à la batterie était vraiment bon, ça je m'en suis rendu compte pendant son solo. Et enfin, Francois Pasquier, à l'harmonica, m'a vraiment impressionné. Vu le nombre de très bons harmonicistes français (et je ne parle que des blueseux), je commence à me demander si cet instrument est facile à jouer. Et pourtant, pour avoir un peu essayé, je crois que non.
Ils ont joué des compos en anglais dont un Alligator Blues (?? me rappelle plus exactement) qui, une fois de plus, parle d'un patron de bar pas trop accueillant. Sinon, des reprises T-Bone Shuffle, etc... et un Stormy Monday qui sortait de l'ordinaire puisqu'ils l'ont repris sur un ton swinguant très réussi, comme celui de T-bone, finalement.
Entre chaque morceau, Christophe prononçait avec humour quelques paroles pédagogiques à propos du shuffle, du mojo.... Le son était très bien réglé. Pas trop fort, juste ce qu'il faut, bien balancé.
Au final, 2h30 de Chicago blues, je crois. Le site annonçait un peu de jazz, de funk et de rock mêlés à leur blues, je n'en ai pas trouvé. A découvrir sur scène comme sur cd : ils viennent de sortir un album, le premier, que je devrai bientôt me procurer.
Samedi 14 septembre, j'avais rendez-vous à Rouen avec Jean Luc au Brooklin' Café, sur les quais, pour voir Palace Of the King.
Je dois dire que nous connaissons bien les membres du groupe pour les avoir croisés depuis des années sur les scènes Blues de Rouen dans différents groupes. Le Palace est constitué depuis un an environ mais nous avons pu constater que la cohésion est désormais complète et ultra efficace. Leur répertoire oscille entre le Blues, le Rhythm'n'Blues et le Blues Rock.
Ils se sont approprié des reprises que l'on pourrait croire éculées ou surfaites pour les revisiter. Du coup, c'est comme s'ils avaient recousu nos vieux chaussons: ils sont comme neufs mais on s'y sent bien. En ce qui concerne leur jeu, la fougue de David "la riflette" Cheron à la batterie est tempérée par la force tranquille de Didier Soutif à la basse. Cela donne une assise énergique à l'ensemble.
En rythmique, Alban Alexandre au Hammond sait être tranquille et vivant, présent et effacé. En solo, il finit toujours par se faire posséder par sa musique, il se lève, s'assoit, gesticule comme si ses doigts ne suffisaient pas. Il donne ce qu'il a et c'est aussi agréable à voir qu'a entendre.
Christophe "Pelo" Pélissié à la guitare est absolument incroyable! L'énergie, la fougue, la maîtrise et le feeling. Il ne lui manque absolument rien pour nous ravir, nous ébahir ou nous retourner les tripes selon son bon plaisir et pour le notre. Ajoutez à cela le charisme et vous obtenez un guitariste de tout premier plan. Stan Gaffet au micro possède une vraie voix de Blues, même s'il doit peut-être encore faire preuve de plus de présence. Pascal Bertou, à l'harmonica, n'a pas participé au premier set, mais il nous a montré, lors du second, qu'il n'est pas en reste.
En bref, j'ai passé une excellente soirée avec un groupe qui devrait faire parler de lui dans les mois à venir.
Yeah!! Retour de Bordeaux après quelques heures de sommeil chez des amis!!! J'ai assisté à l'excellent concert de Sean Costello!!! Mes amis, quelle claque!!! Ce jeune blanc-bec(23 piges!!) soutenu par une section rythmique "black"+ un organiste, et un harmo/piano, s'est révélé, non seulement un super guitariste (on le savait !), mais aussi et surtout un excellent chanteur à la voix rauque et "pêchue"! Je dois dire qu'on a eu droit à une sorte de kaléidoscope musical, avec une pincée de West Coast, pas mal de Chicago Blues, une petite louche de rock n'roll, mais surtout, et à ma grande surprise, du rhythm n' blues et de la soul !!!
Il faut dire que le gamin vient de Georgie et on a vraiment (du moins moi !) l'impression que c'est dans ce registre qu' il est le plus "authentique" (dans les autres genres, je le qualifierai de "talentueux") ! Il a, par moments, des inflexions à la Otis Redding, et je n'use pas souvent de ce genre de comparaison !!!
Ses chorus à la guitare sont toujours variés, jamais trop longs et pour le rappel, il nous a même joué de l'harmo !
J'ajouterai que le gamin est en plus un super showman, qu'il n'a pas "le melon" pour un sou, et que son band est vraiment excellent, notamment le souriant batteur black(surtout quand il fait du boogie avec les balais !!!)
Le Bourbon était très bien rempli, l'ami Philippe Combes toujours aussi sympathique, et toute la scène Blues bordelaise (musiciens, organisateurs... ) était là....
Mâtin, quelle soirée !!!