La Gazette de GREENWOOD
n°48 (Décembre 2002)

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23ème édition du BLUES ESTAFETTE
(Utrecht- Hollande) -16 novembre 2002-
"A first class for the blues…"

Désormais, on ne pourra plus dire qu'au Blues Estafette, c'est la même "Samson"! No smoking! En effet, le retrait du fameux lion, emblème du partenaire cigarettier qui ornait l'affiche surplombant la groote zaal, -en raison de l'application d'une Directive CEE à l'ensemble des Etats Membres, et en particulier au Benelux-, marque la fin d'une époque… L'affiche s'en ressent -indirectement- puisque ce ne sont que 18 formations, dont certaines sont interchangeables, qui se sont succédé sur les planches de la grande et de la petite salle du Vredenburg cette année…

Néanmoins, Jaap Hindriks, le maître de céans, a toujours le nez creux depuis…. 23 éditions, en proposant au public néerlandais et francophone, une affiche conséquente et quelques découvertes qui valent à elle seules le déplacement en terre batave.

Pour l'équipe rédactionnelle de la Gazette, ce festival d'Utrecht est incontournable. C'est pourquoi, nous avons dépêché deux " envoyés très spéciaux " pour vous relater dans le détail -ou presque- ce marathon du blues de 12 heures non stop ! Ainsi, Jocelyn Richez se fait, dans le même tome 2, l'écho des sets auxquels il a pu assister. Par ailleurs, il nous a paru intéressant de vous livrer nos commentaires croisés et de recueillir parmi d'autres, vos impressions. En l'occurrence, nous avons choisi de vous rapporter les propos d'un amateur de blues français qui s'est déplacé, comme une quarantaine d'autres passionné(e)s, à Utrecht, en prenant la navette organisée ,avec beaucoup d'à-propos, par la MJC de Tremblay en France. The blues is alright !




date: 4 décembre 2002
de: Philippe Pretet <Philpretet@aol.com>

Groote Zaal (grande salle) :

C'est le californien d'Oakland, Craig Horton , dont la ressemblance avec feu "Booba Blue Barnes" est frappante lorsqu'il grimace sur scène, qui avait, le premier, la délicate tâche de chauffer la foule clairsemée de la grande salle du Vredenburg en ce milieu d'après-midi. Depuis une bonne quarantaine d'années, ce chanteur guitariste vétéran chevronné, fréquente le gratin de la scène blues, rock'n'roll, jazz et R & B, aux States, allant de Little Walter à Sam Cooke, en passant par Chuck Berry jusqu'à Dinah Washington. On peut le rencontrer dans les clubs de la Bay Area, jouant dans un style proche de celui de T-Bone Walker, même si ses influences sont plutôt proches de BB King, Freddie King ou encore Wayne Bennett. Preuve que son talent multifacettes n'est pas passé inaperçu outre-atlantique… Son passage à Utrecht devait être l'occasion de découvrir un chanteur à la voix puissante et ronde, dont la guitare incisive et sûre égraine des riffs secs et rapides rappelant quelque peu les sonorités du regretté Albert Collins dans un style mâtiné du meilleur Texas Blues des 60/70's ! Ceux qui possèdent son récent album In My Spirit (Bad Daddy records) avec l'excellent invité Franck Goldwasser, ont pu être surpris par la nature de sa prestation hollandaise, dans la mesure où l'album est caractéristique du Chicago blues pur jus des 70's avec des accents sudistes, notamment dans ses premiers titres de 1962 Ridin' in My Jaguar et Midnight Shuffle. Mais ne boudons pas notre plaisir, avec ce show de très bonne facture qui fait honneur à l'organisation de la Blues Estafette. Gageons, par ailleurs, que le franc succès hollandais de Craig Horton favorise une prochaine et flatteuse carrière discographique, car il est incroyable -et injuste- qu'un tel talent ait été négligé par les maisons de disques depuis plus de 40 ans !

Craig Horton (photo Philippe Pretet)
Spot Barnett(photo Philippe Pretet)

La suite allait malheureusement nous faire quelque peu déchanter… avec une bien pâle prestation de l'invité des San Antonio's West Side Horns with special guests. D'abord, il faut noter l'absence remarquée d'un des deux invités : Major Lee Burkes dont on ne saura jamais s'il eût été avantageux ou non de le substituer à son compère et illustre inconnu Little Joe Washington qui ne laissera pas un souvenir impérissable en Hollande! Dur, dur, de devoir subir un jeu décousu, confus, démonstratif et sans âme qui n'apporte rien au spectacle… Ensuite, il faut se réjouir de la bonne initiative prise par le tourneur Eddie Stout de le remplacer à la lead guitar à mi-parcours par Johnny Moeller ; lequel était confiné à un obscur rôle de sideman jusque-là, et qui a su ,sans difficulté, inverser la tendance, grâce à son jeu enlevé et étincelant! Que de classe chez ce jeune guitariste texan! Enfin, il faut retenir la bonne prestation de la section cuivres des West Side Horns (West Side Horns Dialtone Records DT 0007) avec Spot Barnett (saxo alto) Al Gomez (trompette) et Louis Bustos (saxo alto) et regretter la prestation "fatiguée" de Rocky Morales (saxo) que l'on peut voir tourner en bien meilleure forme avec Benoit Blue Boy!

Bonne pioche avec le groupe suivant! C'est effectivement toujours un plaisir de revoir aux fûts le truculent Louisianais Warren Storm rythmer le souffle de la French Harp de l'éternel Lazy Lester, vieil habitué de la Blues Estafette. Le son des crapauds buffles et l'atmosphère moite et pesante des bayous ne sont jamais bien loin! N'oublions pas que Warrem Storm est une des figures emblématiques du Rhythm & Blues, cajun, rockn'roll.. Il a accompagné par le passé Slim Harpo, Lightnin' Slim et Lazy Lester. Celui-ci se dit aujourd'hui fatigué (dixit Living Blues) mais a encore démontré à Utrecht qu'il avait de beaux restes lorsqu'il a fait vibrer la foule avec une version torride de I'm not a Fighter, I'm a Lover ou lorsqu'il a chanté, d'une voix éraillée et hésitante, la superbe ballade slow down Irene comme à la belle époque du swamp blues de J. D. Miller, le boss d'Excello Records! Mention spéciale à Studebaker John à l'harmonica chromatique qui convainc davantage à chacune de ses prestations à Utrecht depuis une dizaine d'années. Et puis, son jeu de guitare slide saturé à la Hound Dog Taylor a quelque chose d'extrêmement séduisant.

Warren Storm et Lazy Lester (photo Philippe Pretet)
Jody Williams (photo Philippe Pretet)

Returns of A Legend! Cette année, le Chicagoan Jody Williams était attendu comme le "loup blanc" à Utrecht, après une prestation remarquée en 2001 avec Rusty Zinn. [ndlr : ne l'ayant pas vu il y a deux ans à Utrecht, je ne pouvais pas avoir de point de comparaison ]. Or, dès l'entame avec Lucky You et Moanin' for Molasses, il est difficile de ne pas tomber sous le charme, le feeling impressionnant qui se dégage du personnage et la fluidité de sa technique qui, elle, demeure intacte et toujours aussi exceptionnelle à 67 ans! A l'évidence, le phrasé bluesy jazzy de l'un des derniers maîtres du West Side Sound fait toujours merveille, quand bien même l'acoustique catastrophique de la grande salle du Vredenburg (son tournant en écho) ne peut que desservir les bons guitaristes… Bien sûr, on peut regretter l'absence d'un bon sideman à la guitare rythmique, tel Ronny Baker Brooks, l'un des fils de Lonnie Brooks, qui officie avec brio sur l'album A return of A Legend (Evidence ECD 26120-2) pour relativiser le côté par trop "métallique" du set hollandais de Jody Williams. En revanche, on peut tout aussi bien se féliciter du jeu en finesse du batteur Willie Hayes et du phrasé aérien de Scott Dirks à l'harmonica. Enfin, faut-il rappeler qu'il a fallu toute la ténacité de Dick Shurman pour que l'artiste, devenu réparateur de photocopieurs, accepte de revenir, après 30 ans de silence, afin d'enregistrer un album mémorable (voir supra) et se produise à nouveau en Europe pour le plus grand bonheur des amateurs de Chicago Blues des 60's !

Passer après Jody Williams ne fut pas un cadeau ! The Counts, d'Indianapolis, l'ont appris à leurs dépens en délivrant un show conventionnel, "déjà-vu", quelconque et insipide, style doo-woop et rockn'roll, et ce, malgré les efforts de Warren Storm et de Robert Wesley (vocal) pour insuffler un rythme à un set qui n'accrochait pas…

Jimmy Church with Fred James & His Nashville Crew que l'on avait vu à Lucerne (voir compte-rendu "The Blues is back in The House" dans LGDG n°48 Tome 1) fut plus à son avantage et convaincant dans un style southern soul des 60's qui plut manifestement au public de la grande salle à l'instar de Why Did You Leave Me paru sur Excello Records en 1958.
Rudy Ray Moore (photo Philippe Pretet)

Rudy Ray Moore, annoncé in extremis comme le "Prince du Blues" qui devait remplacer The Mighty Hannibal au pied levé, était accompagné par un band de circonstance bien pâlichon lui aussi... Malheureusement, cette vieille gloire de la soul des sixties n'a rien montré d'excitant, à la limite de la rupture vocale, affublée d'une panoplie vestimentaire rutilante et démodée! Qu'il est difficile le chant du cygne, lorsque l'on en est réduit à battre la semelle en attendant un improbable chaland en coulisses, devant sa pile de disques inviolée… Bref, un concert à vite oublier.

Jimmy "Preacher" Ellis évolue dans un registre churchy gospélisant teinté de soul-blues comme son surnom le laisse deviner. Son timbre de voix est agréable, chaud et rond. En revanche, son jeu de guitare est minimaliste… Ce grand voyageur, né en Arkansas en 1935, a joué avec Fat's Washington, Lowell Fulson, Jimmy Cracklin ou encore T-Bone Walker. A Utrecht, il a été particulièrement à son aise sur des standards du Chicago Blues. En l'occurrence, son interprétation de Loving You qui figure sur sa démo produite par Fat's Washington Productions est somme toute de bonne facture avec un band bien en place. A noter l'absence remarquée de l'ombrageux Lucky Peterson au clavier, qui les avait "lâchés" quelques heures avant de s'embarquer pour Utrecht…

Jimmy Preacher Ellis (photo Philippe Pretet)

Kleine Zaal (petite salle) :

Force est de constater que d'année en année, malgré un choix pléthorique toutes salles confondues, le spectacle est de bien meilleure qualité dans la petite salle du Vredenburg. Cette année encore, ceux qui ont fait ce choix -a priori cornélien- ne le regrettent pas pour l'essentiel.

Première découverte en demi-teinte avec William "Westside" Williams, né en 1951 à Saint-Louis, émule de Robert Cray, qui a joué avec Luther Allison et Joe Louis Walker. Homme placide et introverti en backstage, Williams a commencé à faire parler de lui aux prémices de la scène psychédélique des années 60's à San Francisco… tout comme un certain Filmore Slim vu à Utrecht et en tournée en France à la fin des années 90's. A Utrecht, Chris Millar et Franck Goldwasser ont ,comme à leur habitude, "assuré" le show dans lequel Williams a eu bien du mal à entrer…!

Devant une salle comble et surchauffée, le plat de résistance avait pour nom The Motor City Rhythm & Blues Pioneers with RJ's Rhythm Rockers en provenance de Detroit (Michigan). Kenny Martin ouvrait le bal avec une voix suave et un pas double du plus bel effet. Suivaient respectivement Stanley Mitchell, gospélien dans l'âme, qui a enregistré chez Motown, dans un registre fifties/sixties du plus bel effet et Joe Weaver, ami de Johnny Bassett, dans un style vocal toujours impeccable de précision et de pureté. Quel dommage que ce dernier ne put se mettre quelques instants au piano pour nous faire admirer le Detroit Blues qu'il affectionne et qui reste pour beaucoup, avouons-le, une référence en matière pianistique…

Kenny Martin et Jo Weaver (photo Philippe Pretet)
Sharrie Williams  & The Wiseguys (photo Philippe Pretet)

Il y a toujours un coup de cœur au Blues Estafette. Nul doute qu'il est à décerner en 2002 à Sharrie Williams & The Wiseguys. Annoncée par le programme du festival comme "The Princess of the Rockin' Gospel Blues" elle fut "LA" révélation du festival avec son groupe The Wiseguys. She's a vocalist of galactic power pourrait-on dire! Car il y a de l'Etta James, de la Koko Taylor et de l'Aretha Franklin réunies chez cette nouvelle Diva… Au hasard des discussions dans l'autocar qui s'en retourne vers Paris, quelques bribes de conversation, pêle-mêle, retiennent mon attention. J'interviewe alors Michel Monnier, un des nombreux bluesophiles avertis présents depuis plusieurs années au Blues Estafette : " (…) Sharrie Williams? C'est la claque! Une grande découverte, différente de celle vue Quai du Blues à Paris. Une voix séduisante, soul funky, blues, sensuelle, avec beaucoup de feeling et d'émotions." Quel bel hommage. Et Michel d'ajouter, un tremolo dans la voix : "Elle a même pleuré…! " Il faut dire que sa version de What's Wrong With You ou de Purple Rain a de quoi dérider les plus récalcitrants! Outre un bassiste funky au groove hallucinant, Marco Franco, et un batteur surdoué du nom de Sterling Lee Brooks, on ne peut pas ne pas dire quelques mots de James Owens, un nom facile à retenir. Celui du guitariste "killer" à la croisée du funky soul/blues de Sharrie Williams. Une technique maîtrisée, un jeu bourré de feeling, des soli efficaces et un phrasé limpide. En voici un qui a tout compris au blues et à la musique en général, dont la formation éclectique est un pur chef d'œuvre. En backstage, après leur set, Sharrie et ses musiciens semblaient surpris par leur énorme succès mérité… Le triomphe modeste avec ça! Mon petit doigt me dit que l'on devrait très vite en reparler dans les festivals européens en 2003 …

Pour finir, il faut citer dans les groupes entre aperçus, faute de temps, le bon guitariste Charles Hunt, et l'ancien batteur de Mighty Joe Young , Alvino Bennett, sideman de luxe d'Arthur Adams, dont le show bien huilé a clos brillamment une 23ème édition riche en émotions. Vivement la 24ème qui aura lieu le 15 novembre 2003. Qu'on se le dise !

En conclusion, on a aimé :
- un peu : Jimmy Church…
- beaucoup : Craig Horton, Warren Storm, Lazy Lester, Studebaker John, Joe Weaver, Frank Goldwasser, James Owens…
- passionnément : Sharrie Williams, Jody Williams, Johnny Moeller
- pas du tout : Little Joe Washington, Rudy Ray Moore…

un regret : le grand absent du festival : The Mighty Hannibal !

© Philippe Pretet pour la Gazette de Greenwood - tous droits réservés. All rights reserved.
© Photos Philippe Pretet Utrecht 2002 - reproduction interdite sans autorisation de l'auteur.






date: 2 décembre 2002
de: Jocelyn Richez <jrichez@noos.fr>

La Blues Estafette reste fidèle à son image et à sa réputation avec une programmation dans la lignée de celles des années précédentes où les vedettes sont des artistes noirs américains. Si on retrouvait cette année encore beaucoup d'habitués du festival notamment chez les accompagnateurs (Studebaker John, Rick Kreher, Fred James, Franck Goldwasser, Chris Millar), ce cru 2002 nous a une nouvelle fois permis de découvrir des talents méconnus, de mettre en lumière des musiciens obscurs ou oubliés qui justifient néanmoins le déplacement (au moins pour la majorité d'entre eux).

C'était cette année ma sixième Blues Estafette et j'ai senti une certaine forme de récession déjà amorcée en 2001: 18 concerts cette année contre 19 en 2001 et 20 ou 21 les 4 années précédentes. Apparemment, le festival aurait perdu un de ses principaux sponsors qui était une marque de tabac, semble-t-il, suite à une loi qui en interdirait la publicité. La récession s'est, semble-t-il, aussi fait ressentir au niveau du public, notamment dans la grande salle où il était plus facile de circuler cette année. Par contre, l'accès à la petite salle reste difficile, surtout en soirée. Mais la programmation reste bonne et originale, le plaisir est toujours bien présent et c'est là l'essentiel. Enfin, j'ai remarqué une très nette amélioration par rapport à l'année dernière au niveau de la restauration.

Pour débuter cette édition 2002, c'est Craig Horton qui était programmé en ouverture dans la grande salle. Craig Horton est un chanteur guitariste méconnu, originaire d'Oakland en Californie, qui a sorti son premier cd "In My Spirit" (Bad Dady Records) à l'âge de 61 ans. Jusque là, ses seuls enregistrements dataient de 1961, une session avec Bill Warren et Jump Jackson à Chicago plus quelques participations au début des années 80 sur des LP du label TJ Records, avec Sam Myers. Il lui a donc fallu attendre 40 ans pour enfin enregistrer sous son propre nom !!!
Alors, bien sûr, quand on a assisté à ses prestations à Utrecht, on ne peut que se montrer surpris qu'un tel talent ait attendu aussi longtemps pour éclore.
Craig Horton est en effet un chanteur d'un bon niveau mais aussi un guitariste au jeu tranchant, parfois proche d'Albert Collins, avec des phrases courtes et incisives qui vont droit au but, un gars qui ne se perd pas dans de longs solos qui tournent en rond. Son répertoire soul blues original est très agréable. Je n'ai pas encore écouté son cd mais je me suis laissé dire qu'il était assez différent de ce que l'on a vu à Utrecht, dans un style plus west coast, dans la lignée de T-Bone Walker et de Roy Gaines (Je crois que je ne vais pas tarder à écouter ce cd !)
S'il semblait visiblement ravi d'être là, gratifiant le public de larges sourires, il s'est aussi montré très grimaçant dès qu'il chante, s'impliquant beaucoup dans ses interprétations. Son visage et en particulier ses yeux ronds et son regard assez perçant m'ont rappelé Booba Barnes. Son concert fut donc de très bonne facture, lançant parfaitement cette édition 2002 de la Blues Estafette qui nous réservait d'entrée une bien belle révélation.

Craig Horton (photo Jocelyn Richez)

Little Joe Washington

J'ai ensuite hésité à aller dans la petite salle où je sais par expérience qu'il est difficile d'atteindre les premier rang pour pouvoir prendre des photos, le public néerlandais se montrant toujours peu coopératif. Mais, me disant que Lazy Lester, je l'avais déjà vu à de nombreuses reprises les années précédentes, j'ai finalement opté pour la solution la plus simple: rester dans la grande salle pour le concert des San Antonio West Side Horns. Tout de suite, j'ai remarqué l'invité Little Joe Washington, chanteur guitariste au look rasta, vêtu d'une tenue très colorée. Son jeu de scène était résolument spectaculaire mais il en faisait trop, apparemment bien éméché, jouant avec toutes les parties de son corps, de la tête aux pieds. Son jeu quelque peu brouillon fut à la limite du bon goût. Il devrait arrêter de jouer avec les dents car il ne lui en reste plus beaucoup !
Il était secondé en deuxième guitare par un Johnny Moeller très discret, ce que j'ai regretté. Et les West Side Horns dans tout cela ? Rocky Morales est apparu en petite forme; il avait lui aussi de toute évidence bu un coup de trop, renversant notamment une guitare et prenant quelques attitudes que je qualifierais de bizarres. Spot Barnett était manifestement diminué physiquement étant obligé d'aller s'asseoir périodiquement. Bref, la déception était au rendez vous et sans attendre la fin du concert, j'ai décidé d'aller dans la petite salle pour assister à la fin du concert de Lazy Lester (guitare acoustique, harmonica et chant) et Fred Reif (rubboard), dans une ambiance assez intimiste. Lazy Lester connaît bien la Blues Estafette puisqu'il y est programmé presque tous les ans. Apparemment, il y trouve son compte et le public également. Il a en effet obtenu un beau succès (comme les années précédentes) mais j'ai vu trop peu de ce concert pour pouvoir porter un véritable jugement. J'ai néanmoins eu la nette impression que j'aurais mieux fait de venir dans la petite salle dès le début du concert. Tant pis!

J'ai profité de la pause pour rejoindre les premiers rangs. Me voici donc bien placé pour suivre le concert de William Williams. Son nom sonne un peu comme un gag mais il est accompagné par Franck Goldwasser et par Chris Millar (le big boss de Fedora), ce qui m'apparaît comme un gage de qualité. Pourtant, j'ai découvert un chanteur guitariste limité, sans charisme, avec une voix et un jeu de guitare quelconques. Si Franck Goldwasser a réussi à tirer son épingle du jeu, sa position d'accompagnateur ne lui a pas permis de sauver le concert. Il a pourtant pris de nombreux solos. William Williams était complètement inconnu avant son passage à Utrecht et je pense qu'il le restera. Je me demande juste pourquoi Chris Millar nous a amené ce type-là alors que la scène californienne regorge de musiciens méconnus au jeu vraiment excitant, comme par exemple Birdlegg, un chanteur harmoniciste que j'ai découvert au printemps dernier lors d'un voyage à San Francisco.

Williams Williams

Little Aaron

Heureusement, on a eu l'occasion de vite oublier William Williams car le concert suivant, celui du chanteur Little Aaron fut somptueux. A mon goût, le meilleur du festival! Du vrai blues profond et authentique comme on peut encore en écouter dans les juke joints. Little Aaron, de son vrai nom Aaron Mosby, est un musicien natif de Pine Bluff, Arkansas, mais installé depuis longtemps à East Saint Louis. Et décidément, cette scène blues de East Saint Louis est vraiment d'une grande richesse. Malgré le décès de Tommy Bankhead, il reste encore Boo Boo Davis, Arthur Williams et donc Little Aaron et Charles Hunt. Little Aaron s'est révélé être un remarquable chanteur, un grand bluesman. Il faut préciser qu'il a une longue carrière derrière lui, jouant de la basse dans les groupes d'Albert King et de Chuck Berry. Pourtant, alors qu'il a atteint l'âge respectable de 72 ans, il faut reconnaître que c'est encore un inconnu pour la plupart des fans de blues. A Utrecht, il était accompagné de Charles Hunt, un super guitariste au physique imposant qui évoque Freddy King même si son jeu rappelle plutôt Albert King. C'est un gars très à son aise dans les blues lents qui excelle dans l'art de faire pleurer sa guitare et surtout qui joue toujours juste, qui n'en fait pas trop, qui sort toujours la bonne note au bon moment et qui la fait sonner ! En fin de concert, le groupe fut rejoint par un invité, James Ross, vêtu d'une spectaculaire tenue en paillettes multicolores, façon Arlequin. Il m'a fait une excellente impression, très prometteuse pour le concert de Ross & Hunt, un peu plus tard dans la soirée, avec le même groupe. J'ai vraiment pris mon pied durant ce concert de Little Aaron, un peu comme avec Jody Williams en 2000. Quelle révélation!!!
Pourtant, ce gars n'a apparemment pas encore gravé de cd sous son propre nom. J'espère qu'il reviendra rapidement en Europe car il vaut vraiment le déplacement.

Le concert suivant, celui des Motor City Rhythm & Blues Pioneer était particulièrement attendu. Un ami de la région de Detroit me les avait particulièrement recommandés. Là encore, c'est le batteur, RJ Spangler qui semblait être le boss. Ce batteur au physique imposant n'a rien d'un inconnu puisqu'on l'a déjà vu notamment aux côtés de Johnny Bassett et c'est même une personnalité majeure de la scène blues de Detroit. Devant lui, j'ai découvert Paul Carry, un guitariste très fin, au jeu swinguant et aérien. Mais, ce qui représente le principal attrait de ce groupe est son formidable trio de chanteurs: Kenny Martin, Stanley Mitchell et Joe Weaver qui entrent en scène progressivement pour, au final, être présents tous les trois. Je n'ai malheureusement pu assister qu'à la première moitié du concert. D'abord à l'intro, avec seulement les musiciens, puis à la prestation de Kenny Martin. Car, c'est là l'une des caractéristiques de ce festival que de présenter en permanence deux concerts en concurrence et, comme je voulais absolument voir le concert de Jody Williams dans son intégralité, j'ai quitté momentanément la petite salle avec quelques regrets, sachant pertinemment que j'allais rater un grand moment. Kenny Martin est un chanteur de R&B, né à Détroit en 1940 et qui a connu le succès de 1957 à 1960, enregistrant pour Federal records avant d'aller vivre à New York et de tomber dans l'enfer de la drogue. Revenu à Détroit au début des années 90, il a fait son grand retour avec les Motor City R&B Pioneer, montrant qu'il reste un grand chanteur doublé d'un formidable showman encore très dynamique. Tous les commentaires que j'ai pu entendre sur ce show étaient unanimement enthousiastes, notamment sur les prestations de Stanley Mitchell et de Joe Weaver que j'ai ratées. J'ai aussi raté le concert de Warren Storm dans la grande salle, accompagné notamment de Studebaker John et de Lazy Lester qui fut apparemment très apprécié. C'est le côté frustrant de ce festival : on ne peut être dans les deux salles à la fois. Parfois, j'aimerais bien avoir le don d'ubiquité!

Kenny Martin

Me voilà donc revenu dans la grande salle pour le concert de Jody Williams, seul représentant de Chicago dans cette Blues Estafette. Autant le dire tout de suite, je suis fan de Jody Williams. J'avais adoré son concert lors de l'édition 2000 et je ne me lasse pas d'écouter son cd sorti depuis sur le label Evidence, "Return of a Legend". Pour moi, le cd de l'année. Depuis son premier passage en 2000 où il avait été programmé dans la petite salle, sa notoriété s'est largement accrue au point qu'il était programmé cette fois dans la grande salle. Son concert fut de très bonne qualité, complètement basé sur son cd "Return of a Legend" avec néanmoins une curiosité: il a joué deux fois le morceau Lucky Lou. J'aimerais bien que Buddy Guy prenne exemple pour ne jouer, lui aussi, que ses propres morceaux! Le jeu de guitare de Jody Williams est vraiment unique et reconnaissable. Personnellement, j'adore . Néanmoins, je dois reconnaître que ce concert était moins magique que celui de l'édition 2000 et pour plusieurs raisons : d'abord, le son de la grande salle, toujours aussi médiocre! Et puis l'accompagnement, cette année, était un cran en dessous. Il faut dire qu'en 2000, il était accompagné par Rusty Zinn, Richard Innes, et Tom Leavey. Excusez du peu!
Enfin, l'effet de surprise de l'édition 2000 avait disparu et, au contraire, son concert était sans doute, cette fois, le plus attendu du festival. Pour info, Jody Williams devrait être l'une des têtes d'affiche du festival Blues Passions de Cognac en 2003. Je conseille de ne pas le rater.

Jody Williams

Sharrie Williams

Le temps de faire une petite pause casse-croûte, me voilà revenu dans la petite salle où le concert de Sharrie Williams & the Wiseguys était déjà commencé. La salle était plus que pleine, elle débordait et il était quasiment impossible de se frayer un chemin pour rentrer. Je me rendais bien compte que la salle ne s'était pas remplie par hasard et, en insistant un peu, j'arrivai enfin à entrer mais je dus me contenter d'une place tout au fond de la salle juste derrière un pilier. Je n'ai pas vu grand chose mais heureusement, j'entendais bien.
Sherrie Williams vient elle aussi de Détroit où elle est surnommée "The Princess of the Rockin' Gospel Blues" : tout un programme! Je l'avais déjà vue à Paris, au Quai du Blues, dans un tout autre contexte, accompagnée de Vino Louden et des musiciens du club dans un répertoire de standards. J'avais bien remarqué un énorme potentiel, cette voix exceptionnelle de puissance et d'émotion, formée à l'école du gospel, mais pas complètement exploité. Là, avec son propre groupe (excellent) et son répertoire, c'est devenu magique, notamment lors des blues lents. Au final, elle a interprété une longue reprise de Purple Rain (de Prince) comme sur son cd live. Le choix de ce titre a dû en surprendre plus d'un, mais c'est très bien passé, l'émotion était alors à son comble et j'ai pu apercevoir (malgré le pilier) quelques larmes apparaître sur le visage de Sharrie Williams, très émue. Il faut dire que le public, très nombreux à ce moment-là, lui a fait un triomphe tout à fait mérité. Encore une grosse révélation! Je pense qu'on devrait la revoir bientôt en Europe.

J'ai une nouvelle fois profité de la pause pour me rapprocher des premiers rangs, surtout que le concert suivant était celui de Ross et Hunt que j'attendais avec impatience depuis le concert de Little Aaron avec Charles Hunt où James Ross avait fait une apparition remarquée. Malheureusement, la déception fut à la mesure de mes espérances. Ross, lui aussi de East Saint Louis, commença le concert par de longs medleys rhythm & blues basés sur des standards mille fois entendus d'Otis Redding ou de Ben E King. Dans ce contexte, Charles Hunt et son superbe jeu de guitare avait du mal à se mettre en évidence. La déception fut telle que j'ai décidé de sortir pour manger et boire et jeter un coup d'œil sur les bacs de cd.

Ross et Hunt

Rudy Ray Moore

Après quelques dépenses, j'ai fait mon retour dans la petite salle pour revoir Craig Horton où, avec un meilleur son et une salle copieusement remplie, il confirme largement la bonne impression qu'il m'avait faite en début d'après midi. Son concert fut une nouvelle fois très bon.

Le concert suivant, dans la petite salle, étant celui de Larry LaDon dont j'avais eu des échos assez négatifs de sa prestation à Lucerne le week-end précédent, j'ai décidé de revenir dans la grande salle pour assister aux dernières minutes du concert de Rudy Ray Moore qui remplaçait Mighty Hannibal initialement programmé. J'en ai vu trop peu pour pouvoir juger ce chanteur extravagant, vêtu d'une tenue zébrée des tiags au chapeau. J'ai néanmoins pu constater qu'il était accompagné de Rick Kreher à la guitare, décidément toujours aussi discret pour ne pas dire effacé.

C'était ensuite au tour de Jimmy "Preacher" Ellis de monter sur la scène de la grande salle. Lucky Peterson qui était annoncé aux keyboards était absent. Jimmy "Preacher" Ellis chante plutôt bien, s'accompagnant à la guitare et à l'harmonica mais il n'est pas parvenu à m'accrocher. Pris par la fatigue et la lassitude (il était déjà plus d'une heure du matin) j'ai tenté un dernier retour dans la petite salle où je suis arrivé pour le dernier morceau de Larry LaDon, accompagné notamment par Fred James et Mary Ann Brandon. Bref, impossible pour moi de me faire réellement une opinion sur ce chanteur. En passant dans les couloirs, j'ai aperçu Rudy Ray Moore installé chez l'un des disquaires pour dédicacer ses photos de promo et vendre ses cd (il y en avait au moins 6 ou 7 différents). Je peux vous assurer qu'avec sa spectaculaire tenue zébrée, on ne pouvait pas le rater! Et pourtant, personne ne s'arrêtait pour lui demander une photo ni pour lui acheter un cd. Ca faisait pitié. Sans doute que sa prestation ne fut pas fameuse.

Il ne me restait plus alors qu'à retourner dans la grande salle pour le concert final du festival, celui d'Arthur Adams. Le concert débuta à 2 heures du matin. Après une longue journée (un réveil à 5 heures du matin et 6 heures de bus en plus des concerts!), j'étais trop fatigué pour apprécier ce concert à sa juste valeur. Arthur Adams semblait lui en pleine forme et c'est là l'essentiel. Je l'avais heureusement vu une semaine auparavant à l'Odéon, à Tremblay, où il a donné plus ou moins le même concert, très dynamique, bondissant, avec une grosse influence BB King, alternant des moments calmes avec des soli furieux. Son groupe semblait bien rodé en cette fin de tournée qui l'avait aussi amené à Lucerne. Arthur Adams est lui aussi un habitué du Festival d'Utrecht où il a déjà été programmé en 1997 et en 2000. Arthur Adams a offert une bonne prestation, idéale pour clôturer de manière tonique un tel festival qui s'apparente quelque part à un véritable marathon du blues. Si la journée a été longue, elle est aussi passée très vite car il n'y a eu aucun temps mort; pas trop le temps de souffler, notamment entre le voyage et le début du festival.

Arthur Adams

Enfin, j'aimerais signaler qu'il y avait, cette année encore, une passionnante exposition photo dans les couloirs. C'est le photographe néerlandais Dirk De Jong qui avait l'honneur d'exposer ses superbes clichés. J'ai particulièrement apprécié les photos prises dans le Mississippi montrant RL Burnside devant chez lui, T Model Ford à Greenville et le fameux juke joint de Junior Kimbrough (avant qu'il ne brûle). Ca valait vraiment le coup d'œil!

Le retour a, lui aussi, paru bien court malgré les 6 heures de bus, grâce à l'initiative de Joel Bizon qui nous a passé une intéressante cassette vidéo de 4 h sur l'édition 2002 du festival de blues de Cahors (filmé par lui- même). Ca nous a permis de rester dans l'ambiance, de découvrir le cadre du festival, ses concerts, ses bœufs et son côté festif. Personnellement, ça m'a donné l'envie d'y aller l'été prochain !

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CHICAGO BLUES FEST 2002
Un grand cru dans un millésime de garde!
TALANT - 27 novembre 2002

A Talant, bourgade sise dans la banlieue de Dijon, en Bourgogne, il est un lieu commun de parler de grand cru… Métaphore œnologique que l'association " JAGOBLUES ", sous la houlette de son dynamique Président, Gérard Doidy et d'une équipe de passsionné(es) de blues, sait manier avec humour et bonheur. De fait, pour la troisième année consécutive, le nombreux public bourguignon (500 spectateurs) devait assister à un concert mémorable à l'occasion de l'étape locale de la tournée du Chicago Blues Festival 2002. Il est vrai qu'avec la présence d'artistes dont la réputation n'est plus à faire, en particulier celle de l'un des meilleurs guitaristes de sa génération, Will Crosby, ou encore le bassiste acoustique Russell Jackson, les amateurs de blues et le grand public venu en nombre (500 spectacteurs) ont pu découvrir une formation homogène et très professionnelle qui a su séduire par sa classe et son plaisir de jouer !

date: 8 décembre 2002
de: Philippe Pretet <Philpretet@aol.com>

Line-up:

Kenny Pour commencer le set, les boogies-woogies de Kenny "Blues Boss" Wayne au piano ont mis tout le monde d'accord sur le niveau et l'ambiance annoncée de la soirée! On allait voir ce que l'on allait voir! Kenny Wayne a un répertoire impressionnant qui va du jazzy swing, au rythme à gogo, en passant par la ballade blues/gospel jusqu'au bon vieux boogie-woogie qui passait en boucle dans les bouges du Sud dans les années 30's. Ce fut le cas avec une version torride et terriblement swingante de Choo-choo Boogie Woogie ou You're Spoiled Rotten qui fit lever le public un peu mou quelque peu abasourdi par autant de talent à l'état pur!

Kenny Wayne qui doit son surnom suite au succès qu'il rencontra en 1994 suite à une tournée (le titre Blues Boss est le titre de l'album d'Amos Milburn saluant son retour sur Motown..) a montré toute l'étendue de ses influences pianistiques de la West Coast : Lloyd Glenn, Amos Milburn, Jimmy Beasley… Son timbre de voix suave et chaud apporte une dimension extrêmement précieuse à des textes personnels qui méritent une écoute attentive.

James Amstrong James Amstrong, californien de son état, est un émule de Robert Cray, dit-il, mais plus vraisemblablement attiré par BB King, qui a su se forger un style personnel tout à fait convaincant sur scène. Il faut noter que ses disques R§B mâtinée de blues/soul "FM" un peu "ouatés" dont la production est bien trop léchée à mon goût, ne reflètent pas véritablement son véritable et surprenant niveau de jeu aérien, en particulier dans des blues pur jus style Chicago Blues interprétés au bottleneck. On retiendra que James Amstong, dont le timbre de voix est suave, fut particulièrement inspiré en prenant des soli bien en place, au phrasé délié et fluide à Dijon et ailleurs semble-t-il! A voir absolument sur scène pour se faire une idée un peu plus précise de son véritable potentiel. (album Got It Goin' On - Hightone Records JHCD8126 disponible sur www. jarmblues.com )

Wil Crosby Avec Wil Crosby, le blues devient, intemporel, divin, grand et beau : sa Gibson E 330 qui date de 1959 a des sonorités jazzy et bluesy merveilleuses, qui transcendent sa musique gorgée d'émotions… On comprend mieux pourquoi quand l'intéressé nous précise que sa mère lui faisait écouter BB King et que son père est un joueur de jazz fan de Wes Montgomery. Tradition familiale, vous dis-je! Ce n'est pas un hasard si Eddie C. Clearwater et Syl Johnson entre autres, s'attachent ses services depuis une bonne quinzaine d'années. Effectivement, son talent éclectique a de quoi ravir : funky, jazz, R § B blues/soul n'ont pas de secret pour l'un des meilleurs guitaristes de sa génération.

Russell Jackson Le bassiste acoustique Russell Jackson, ancien sideman de BB King pendant un septennat, jusqu'en 1984, mérite lui aussi des éloges. Quel dommage qu'il n'ait pu nous faire profiter d'un set acoustique à la contrebasse (problème de location sur place ?) Toutefois, quand on est bon on l'est sur n'importe quel instrument (en l'occurrence une basse Fender qui date de 1964)! Le groove qu'il nous a distillé en filigrane en témoigne avec un toucher fin et sobre dans la pure tradition des jazzmen.. ou en slap d'une vélocité exceptionnelle et brillante sur les tempos rapides des boogies de Kenny Wayne!

Sandra Hall Sandra Hall, qui rappelle étonnamment Etta James par ses mimiques et ses brèves onomatopées, joue de sa présence charismatique et de ses atours -particulièrement impressionnants- pour faire monter le mercure dans la salle! Voix éraillée et puissante caractérise cette chanteuse "rageuse" qui aura le mérite de faire swinguer la salle visiblement sous le charme…

Enfin, le batteur Stan Hale établit à Saint-Louis (Missouri) bien que parfois un peu trop dilettante, a su tirer globalement son épingle du jeu en assurant un set déjà bien rôdé en ce début de tournée.

Vous l'aurez bien sûr deviné, le Chicago Blues Festival version 2002 est bien l'un des meilleurs vus en France depuis l'époque des Vance Kelly et John Primer en 1999… Le niveau qualitatif élevé de cette édition vient à point nommé pour relancer une formule qui risquait de laisser sur leur faim les amateurs de blues de l'hexagone qui n'ont pas toujours la chance de voir des formations prestigieuses passer tout près de chez eux…

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