La Gazette de GREENWOOD
n°48 (Décembre 2002)

Tome 1:
  
Tome 2
  • Lucerne Blues Festival (Suisse) 7-9 novembre 2002
    • The Blues is back in the house ! (version française)
    • the blues is back in town ! (version luxembourgeoise)
  • Les Porteurs de George Pullman
  • Hommage à John Lee Hooker au Havre





Tome 3
  • Spécial Blues Estafette 2002:
    23ème édition du Blues Estafette :
    A first class for the blues…
    (Utrecht- Hollande)
  • Chicago Blues Fest 2002 : un grand cru dans un millésime de garde! (Talant)





Tome 4
  • Spécial Blues Sur Seine 2002:
    • le Tremplin
    • Mathis and the Mathematiks, nouvelle formule !
    • soirée de clôture du festival : Lisa Otey et Jean-Jacques Milteau
  • retour haut de page


    Interview :

    Shemekia Copeland
    (18 octobre 2002)

    date: 1er novembre 2002
    de: Marc Loison <marc.loison@wanadoo.fr>

    A l'issue d'un concert harassant pour elle [NDLR: voir Festival Blues à Gogo, LGDG n°47] et grâce à la gentillesse du responsable de la tournée JVC (merci aussi à Olivier Renault de Coup d'Bleu!), Shemekia accepte de me consacrer quelques minutes dans sa minuscule loge. Elle est assise, face au miroir, fatiguée mais souriante, prête à l'unique interview de la soirée... On me laisse 3 minutes: il est 0h30 et elle m'en accordera 10! Rencontre avec une jeune prêtresse du Blues de 23 ans, fille du grand Johnny "Clyde" Copeland décédé prématurément en 1997, basée à New York depuis sa plus tendre enfance. Depuis notre dernière entrevue en 1998 (elle n'avait que 19 ans et venait pour la toute première fois en Europe), Shemekia a pris de l'assurance et semble très concernée et très impliquée dans la gestion de sa carrière. Générosité et chaleur se dégagent immédiatement du personnage...

    Marc Loison: Je ne pense pas que vous vous en souveniez, mais nous nous sommes déjà rencontrés il y a 4 ans, en Normandie à Lisieux...

    Shemekia Copeland: Oui, je me souviens de Lisieux!

    ML: Je vous avais posé quelques questions (forum FNAC de Caen) à propos de votre vie, de votre carrière... C'était en 1998, après la sortie de votre album chez Alligator "Turn the Heat up"... Aujourd'hui, un nouveau et 3ème CD sort, "Talking to strangers", dont vous nous avez joué des extraits ce soir... Pouvez-vous me parler de votre nouvel album ? Ce sont de nouvelles chansons? Je ne l'ai pas encore écouté...

    Shemkia Copeland (photo Marc Loison) SC: "Talking to Strangers" est un album entièrement composé de nouveaux morceaux, des chansons originales. L'album a été produit par Doctor John. Ca a été très excitant, c'était un merveilleux projet pour moi, musicalement parlant! C'était géant! J'ai écrit quelques chansons, Doctor John en a écrites aussi, John Hahn (qui avait co-produit le premier album) et d'autres également l'ont fait pour moi... Guy Latenzzi (?), un jeune italien, a co-écrit le titre-album "Talking to strangers" avec John Hahn. Dans chaque album, j'essaie d'incorporer quelque chose de nouveau, quelque chose de différent. "Turn the heat up" était un album très bluesy, le second "Wicked" était plus rock, et celui-ci contient du R'n'B. Donc, nous faisons un peu de tout...

    ML: Vous faites un album tous les deux ans. Pensez-vous que ce rythme vous permettra de prendre tout votre temps pour travailler sur de nouvelles chansons?

    SC: Oui, il me faut du temps pour mettre sur pied un bon album! Je n'aime pas me presser pour concevoir un disque. C'est mieux si vous prenez le temps, pour obtenir de la qualité pour le public. C'est très important pour moi de produire de la "Great Music" et pas seulement de la "OK Music" (!)

    ML: Combien de temps passez-vous en studio à enregistrer?

    SC: Le dernier a pris environ deux semaines pour l'enregistrement. Ce n'est pas si long, vous savez, certains artistes passent deux ans en studio avant de sortir quoi que ce soit!

    ML: Certains enregistrent en une journée ou deux, ou 4 jours comme le nouvel album de Solomon Burke!

    SC: En fait, nous sommes restés 15 jours en studio, mais pas d'affilée: deux ou trois jours de suite, puis à nouveau deux jours plus tard... Ca ne s'est pas fait en une seule fois.

    ML: Ca fait quoi de jouer en première partie des Rolling Stones avec Doctor John à Chicago en septembre dernier?

    SC: C'était génial! J'adore les Rolling Stones, c'était un rêve pour moi de jouer dans ce stade de Chicago!

    ML: Vous avez fait le boeuf avec eux?

    SC: (amusée) Non! Non!

    ML: Vous auriez souhaité le faire?

    SC: (excitée) Oh oui, bien sûr! Un jour, bien sûr, si ça se présente... Mais en fait j'étais plus excitée à les voir jouer, je ne les avais jamais vus auparavant!

    ML: Rencontrez-vous souvent des gens du public ou des journalistes qui vous parlent de votre papa? La question revient-elle souvent?

    SC: (soudain grave et réfléchie) Oh, oui, définitivement. Mon père est une grande partie de la raison pour laquelle je fais ce que je fais. De cette manière, son héritage vivra, ainsi que celui de tous ceux que j'aime tant. Des gens comme Luther Allison, mon père Johnny "Clyde" Copeland, Albert Collins et tous ces gars, c'est aussi pour eux que je chante.

    ML: Albert King?...

    SC: Albert King, oui, aussi, bien sûr!

    ML: Je dois vous confier que depuis 20 ans, le meilleur concert de Blues qu'il m'ait été donné de voir fut celui de votre père en 1991, à Abilene Café à New-York. Je l'ai alors vu 4 heures durant donnant toute son âme au public...

    SC: (très rêveuse) Pas seulement parce qu'il était mon père, mais à mon avis, il était le meilleur "entertainer" que j'aie jamais vu, vous savez... (une pointe de tristesse ponctue cette réponse).

    ML: Avez-vous un avis à propos de la scène actuelle du Blues à Chicago ou à New-York?

    SC: (Shemekia prend un air détaché et triste) New-York n'a plus de scène Blues. Tous les clubs intéressants sont fermés, à l'heure actuelle. C'est vraiment triste, vous savez...

    ML: Manny's Car Wash? Abilene Cafe?...

    SC: Manny's Car Wash est fermé, il n'y a plus d'Abilene... Il n'y a plus de véritable club de Blues à New-York, c'est très triste...

    ML: Est-ce arrivé à cause du 11 septembre 2001?

    SC: Ca a commencé un peu avant le 11 septembre, mais cela n'a pas aidé à la tendance... L'économie va mal, les gens n'ont pas d'argent pour ouvrir des clubs, ce n'est pas une bonne affaire en ce moment d'investir dans la musique "Live" à New-York... Quant à Chicago: Chicago, c'est Chicago! Il y aura toujours de la musique là-bas! Le coût de la vie est moins élevé à Chicago, c'est plus facile là-bas de gérer un club de Blues...

    ML: Vous jouez de temps en temps à Chicago?

    SC: Oui, bien sûr, ça m'arrive!

    ML: Vous jouez avec le guitariste Arthur Neilson depuis longtemps?

    SC: Environ 5 ans.

    ML: Vous savez que c'est un bon ami de Popa Chubby. Que pensez-vous de sa musique, de celle de Matt Smith et de leurs amis?

    SC: (embarrassée) Huh... Que pourrais-je dire à ce sujet? Ce sont des gars de New-York, c'est bien qu'ils soient là pour faire connaître cette musique, c'est cool...

    ML: Que pensez-vous du fait de venir jouer en Europe?

    SC: (soulagée qu'on change de sujet) J'adore venir ici! Le Blues est tellement respecté ici, c'est merveilleux! Le Blues est respecté en tant que forme d'art et les gens l'adorent. Les gens sont plus cultivés ici. Aux States, ce n'est pas le cas; même si certaines personnes ici ne connaissent pas, il y a beaucoup de gens qui respectent ce que sont le Blues et le Jazz.

    ML: C'est amusant, parce que Keith B. Brown, un bluesman originaire de Memphis qui vit en France actuellement, m'a donné exactement la même réponse!

    SC: Vraiment?

    ML: Oui, il m'a dit qu'aux Etats-Unis, les gens se sentent, dans le fait de sortir, plus concernés par la boisson que par la musique qu'il vont voir. Pensez-vous que ce soit vraiment la réalité américaine aujourd'hui?

    SC: (songeuse) Eh bien... pas partout, tout de même! Il m'est arrivé de jouer dans des endroits cool où les gens viennent me voir et où ça se passe vraiment bien... Il y avait 500 personnes ce soir, peut-être plus, et c'est vraiment dur de faire en sorte que 500 personnes soient toutes attentives dans un spectacle aux States. Ici... c'est différent.

    ML: Ici, vous savez qu'on est venus pour vous!

    SC: Oui! Vraiment!

    ML: Merci beaucoup Shemekia Copeland d'avoir accepté de répondre à ces quelques questions! Continuez à enregistrer comme vous le faites et à nous donner de tels concerts!

    SC: Merci à vous!

    retour haut de page



    Lee Mc Bee & The Passions
    à La Charité Sur Loire

    date: 12 novembre 2002
    de: Pascal "Pin's" Pinède <pinspas@ifrance.com>

    Un aperçu du concert de Lee Mc Bee & The Passions à La Charité sur Loire, ce dimanche. TERRIBLE !!!

    Tout d'abord, le lieu. C'est simple, tous les concerts que j'ai vus dans cette petite salle voûtée ont été, pour moi, de grands moments. BB & The Blue Shacks, U.P. Wilson & Boogie Disease et maintenant, Lee Mc Bee. Il y a, dans cette salle, un je ne sais quoi qui fait que....je m'y sens bien.

    Mais bon, le talent des artistes qui s'y produisent est en très grande partie responsable du resultat. Et du talent, il y en avait ce dimanche...!

    Je ne connaissais Lee Mc Bee que par l'album "44" dans lequel il est accompagné par la crème de la West Coast (Kid Ramos, Funderburgh, Stephen Hodges,...). J'avais découvert cette voix rocailleuse particulière et ce jeu d'harmo exécuté à la perfection. Bref, un superbe album de West Coast blues, que je réécoute souvent avec le même plaisir et que je conseille fortement. Depuis, je n'avais pas trop suivi son parcours jusqu'à la sortie de son dernier album sur Crosscut et l'annonce de son passage en France, à La Charité.

    Comme sur son dernier CD, il est accompagné par The Passions, featuring Johnny Moeller et Hash Brown aux guitares, et Wesley Starr à la batterie. Pour completer le groupe, Gil "T" Isais est à la basse."

    Dès le premier morceau, j'ai tout de suite senti qu'une belle soirée s'annonçait encore. Les cinq musiciens sont là, à un mètre devant moi, avec une pêche d'enfer et le sourire aux lèvres. Je peux vous dire que quand vous voyez ça, vous oubliez vite tout le reste....On est obligé d'adhérer.

    La première grosse claque en pleine poire, ce fut le batteur. Son jeu, bien sûr, la rythmique parfaite, blues, inventif, mais surtout son attitude. Un spectacle à lui tout seul. Magnifique. Le mec, dedans à fond, dès la première seconde jusqu'à la dernière, sachant être présent et discret quand il faut, et toujours avec le sourire, et ce petit grain de folie....Que du bonheur ! Que ça fait plaisir de voir ça !

    Le bassiste, lui, est plus qu'imposant. Aux deux sens du terme. De par son jeu de basse bien groovant, mais aussi par sa surcharge pondérale qui l'a malheureusement condamné à rester patiemment assis vers la scène pendant le break, en raison de la bonne vingtaine de marches conduisant aux loges.

    Autant vous dire qu'avec une rythmique pareille comme rampe de lancement, devant c'est la voie lactée. Une fois le vaisseau lancé, bonjour la balade, suivez le guide :

    A bord, à gauche, Hash Brown, direction Chicago : boudiou !! Méga respect. Tu sens le mec qui a du métier. En rythmique ou en solo, il m'a tout fait. Lockwood, Tucker, Rogers,...du pur Chess Guitar. Une très très grosse impression, et une véritable leçon (sur son dernier CD, il chante et joue de l'harmo - à la guitare, c'est Nick Curran.... Rien que ça...).

    A droite, Johnny Moeller, direction Austin : un registre plus texan, brut de Strat, des solos et des envolées toujours inspirées, une rythmique ultra carrée. La aussi, on sent le parcours déjà impressionnant du jeune homme. Son jeu texan, couplé avec celui plus Chicago de Hash Brown, donne un duo de guitare ultra riche et terriblement efficace. Pour preuve, le duo "duel" instrumental monumental ultra swinguant du deuxième set. Quel tour de force. Lui aussi fait une carrière solo, avec un dernier CD dans lequel on découvre qu'il est aussi un excellent chanteur. Il sera également à Utrecht avec les West Side Horns.

    Enfin, au centre, et aux commandes, Lee Mc Bee. Là, ça transpire le blues et la rage de jouer. La voix est toujours aussi rocailleuse et le poids des années y ajoute d'avantage d'émotion. Il y a vraiment un grain particulier dans cette voix qui fait de Lee Mc Bee un des plus grands chanteurs de blues blanc actuel, en le démarquant de Kim Wilson par exemple.

    Son jeu d'harmo est aussi dans la lignée de sa voix, aussi énergique et brut. Là aussi, pas de doute : le blues, il connaît. Hommages à Little Walter, à Sonny Boy ou à George Smith.

    Quelques reprises des grands maîtres de l'harmo et une majorité de compos constituent les deux sets de la soirée. Notamment les compos de son dernier superbe album, avec, entre autres, un magnifique morceau au chromatique tres personnel sur de faux airs de tango vachement bon et bien original. Chapeau. Du tres grand art.

    Voilà, c'est au bout de deux heures d'un fabuleux voyage "bluesideral" que le vaisseau atterrit sans encombre. Le commandant de bord et l'equipage vous remercient et espèrent que vous avez effectué un agréable voyage...

    UN PEU, MON N'VEU....!!! Méga merci à eux....

    retour haut de page



    Une jeune louve rencontre un vieux Loup Blanc et sa Meute :
    Roland Malines invite Laetitia Gouttebel
    à la Maison du Blues, à Marseille

    date: 2 décembre 2002
    de: René Malines <renemalin@aol.com>

    René Malines (quel bavard!)
    Allô, Roland??...
    Ayant décidé de prendre quelques jours de repos dans la cité qui m'a vu naître, je préviens mon frère Roland de la date et de l'heure de mon arrivée en gare Saint Charles afin qu'il vienne m'y chercher dans sa superbe auto de collection (une 206 Peugeot du siècle dernier : entre blues et Star System, il a courageusement fait le meilleur choix : celui du cœur, celui de l'âme).

    "Ça tombe mal, je joue à la maison du Blues ce soir-là et je serai en plein sound-check!
    -Tant mieux ! J'irai directement au club !"

    Le jour dit, après 3 heures de TGV, je saute dans un taxi :
    "Vous avez vu, ils ont perdu hier !
    -Qui ça ?
    - Le Péhessegé, pardi ! Vous arrivez pas de Paris ?"

    Le taxi me dépose devant la porte du club, et c'est Roland lui-même qui m'ouvre la porte. Accueil très chaleureux de Vincent et de Nadia, très sympathiques maîtres des lieux.

    Le temps de mettre mon bagage en lieu sûr, le Loup Blanc (Roland, car c'était lui) a rejoint la Meute, son groupe récemment formé - dont le tout nouveau Greenwoodien Djamel Deblouze à l'harmonica - après quelques années passées à jouer en solo.

    Ainsi, une basse électrique, une batterie et un harmonica entourent désormais la fidèle Martin D28 du frangin.

    Je n'ai pu résister à appeler notre Maire-rédacteur en chef Oli pour lui faire profiter par téléphone de l'excellente version de One Bourbon, One Scotch, One Beer que le groupe a joué pour clore ses tests de son.

    Le temps d'avaler un excellent kebab - il y en a encore de très bons à la Plaine à Marseille - et le club se remplit.... à ras bord !

    Qui nous fera encore croire que le blues n'est pas "vendeur" ?

    Roland Malines La Meute ayant d'abord travaillé sur le CD Blues Standards Finger Picking Style de Roland [disponible sur www.loupblanc.net , il faut bien que l'artiste vive !], c'est un répertoire essentiellement constitué des titres du disque augmenté de quelques autres classiques - c'est plus vite appris que des chansons originales - mais remaniés à la sauce Loup Blanc que délivre la jeune formation à un public d'abord charmé, puis séduit, et enfin très très enthousiaste!

    Il faut dire que si son jeu de guitare est toujours un véritable régal, le chant de Roland, pourtant déjà encensé dans les chroniques du CD, s'est encore amélioré au point que sa voix chaleureuse semble désormais capable de toutes les nuances, tant au niveau de l'harmonie que des sentiments. Autrement dit : gros feeling!

    Quant à Djamel, il semble le fruit des amours coupables entre le ruine-babines et un haricot sauteur : il est partout, saute en l'air, tombe à genoux au milieu du public, bat la mesure du pied comme un forcené, l'autre jambe tendue en arrière tel un vibrant hommage au grand rocker Gene Vincent, au point qu'il en loupe quelques notes, ce feu-follet! Le public lui pardonne, son énergie et son imagination musicale compensant largement les quelques imperfections du direct.

    Jean-Charles, bassiste impérial, assure comme un vieux routier du blues avec ses lignes de basse à la fois métronomiques et très mélodiques, le tout servi avec un son bien rond qui vous caresse l'épiderme comme une étoffe de velours précieux alors que Christine, batteuse de la meute, met toute sa vitalité à compenser quelques petites erreurs de jeunesse - elle découvre le blues avec Roland et le club, et elle adore - pour mieux soutenir l'ensemble.

    Alors que leur prestation touche à sa fin - Roland est déjà en train de remercier l'audience qui, elle, ne l'entend pas de cette oreille et réclame un rappel, j'ai l'agréable surprise d'apercevoir dans la salle la gracieuse Laetitia Gouttebel, alias Tia, mais sans ses Patient Wolves (t'es con, Pin's, t'aurais dû v'nir ! ;).

    Bien sûr, en fin de set, Roland l'invite sur scène pour un bœuf malheureusement trop court : 2 titres seulement. Je n'avais eu que très peu d'occasions d'écouter la jeune fille : sa participation au CD Jammin' The Blues de Mo & The Reapers et sa prestation au New Morning au côté de Larry Garner. Autant dire 2 fois rien, et pourtant...

    Tia L'audace de son solo sur le disque et ce qu'elle laissait deviner sur la scène parisienne, malgré une certaine timidité, tout cela m'avait semblé plus que prometteur. Je ne sais si c'est l'ambiance du petit club marseillais, plus proche de l'Art Puces Café que du Méridien à Paris, la chaleur - c'est pas très grand, mais quel monde ! - ou les bières partagées, mais ce soir-là, Tia semble non seulement détendue, mais aussi en grande forme. Impression qui se confirme dès qu'elle se met à jouer. Bien que connaissant les fameux "plans" sur le bout des doigts, elle n'en use qu'avec parcimonie, leur préférant un jeu plus personnel, tout de finesse, sans pour autant dédaigner faire monter la tension quand il le faut. Comme le disait une publicité pour voitures (pardon Laetitia ;) il y a quelques années : "Elle a tout d'une grande".

    Dès le 1er morceau, son implication nous permet, à nous, public subjugué et ravi, de partager l'intensité de son feeling tout en savourant sa technique bien maîtrisée. Et l'originalité de son inspiration vous fait de ces choses comme seul le blues sait les faire, qui vous colle un sourire large comme ça sur le visage quand il ne vous pousse pas à susurrer des "Oui....ooooh ...mmmmmh" et autres incongruités que l'on trouverait fort déplacées ailleurs que dans un concert ou dans l'intimité d'une relation amoureuse. L'image est peut-être cavalière, voire même osée, et je ne voudrais surtout pas manquer de respect ou simplement mettre mal à l'aise une jeune fille dont je pourrais largement être le géniteur, mais Tia, c'est tout à fait ça : c'est notre petite amoureuse du blues à nous, heureux amateurs français..

    Rien de tordu là-dedans, pas d'idée derrière la tête - je vous vois venir avec vos "René, pervers Pépère" ! - non, rien de tout ça. Au contraire, un sentiment charmant - c'est qu'elle en dégage, de la grâce et du charme, la petite Laetitia ! - mêlé de cette profondeur que peut communiquer une artiste qui malgré son jeune âge - encore une idée reçue - a tout compris de ce qu'est le blues et sait parfaitement le communiquer. Bref, un grand moment de pur plaisir, peut-être le meilleur moment de la soirée, malgré la qualité de la prestation du Loup Blanc.

    Lui-même se met d'ailleurs fort intelligemment à son service en lui prodiguant sur sa Martin des rythmiques ternaires pour mieux propulser les envolées de la petite qui, pour le coup, là, sur la scène - une simple estrade, en fait- de la Maison du Blues, se révèle bien plus grande qu'on aurait pu le supposer.

    Quant à notre Djamel, il ne pense même pas à intervenir : sa jolie compagne et lui, debout à côté de moi, sont tous deux bouche bée, sans doute pour mieux gober toute cette perfection dont Laetitia et son occasionnel trio marseillais nourrissent l'audience. Un régal!

    Bref, ceux qui connaissent le blues de Roland savent la qualité de sa musique et ne seront donc pas étonnés du succès de sa prestation - quel public enthousiaste ! - mais tous sont à la fois surpris et enchantés par cette apparition : Laetitia, from Tia & the Patient Wolves.

    Le lendemain, nous nous retrouvons chez la sœur de Laetitia où celle-ci réside, le temps de son court séjour à Marseille. Roland a bien sûr amené sa Martin, Tia est armée de sa Tacoma, tous deux échangeant parfois leurs guitares, et si le blues a la part belle, le jazz fait aussi son apparition - agréable surprise. Après ses années de picking, Roland n'a rien perdu de ses talents de soliste qui mêle harmonie et mélodie dans un style pourtant réputé peu aisé - et c'est un petit bœuf acoustique que nos deux guitaristes nous ont offert dans l'intimité d'un petit appartement d'étudiants. Mais ça, c'est une autre histoire.

    Le groupe de Laetitia, Tia & The Patient Wolves a, par ailleurs, sorti une démo 5 titres fort goûteuse dont je vous parlerai bientôt, sans doute dans un prochain numéro de Rollin' & Tumblin' [NDLR: et la Gazette, c'est du poulet? ;-) ]. Mais je ne pouvais attendre une parution au printemps pour vous narrer cette merveilleuse rencontre. Et puis, je ne sais pas, mais j'ai le sentiment que ce qui se dégage de tout ça, entre blues, ambiance bon enfant malgré les moments intenses, amitié, charme et simplicité, vous a un quelque chose tout à fait dans le style de Greenwood, vous ne trouvez pas ? :)

    le site du Loup Blanc: www.loupblanc.net
    le site de Djamel Deblouze: www.deblouze.fr.st
    le site de Tia & the Patient Wolves: ... Quoâââ???? pas encore de site??!

    Roland Malines dans la Gazette de Greenwood:

    retour haut de page



    Lowdown Travelers
    Bientôt dans vos oreilles !

    date: 30 novembre 2002
    de: Stagg'O'Lee <stagolee@club-internet.fr>

    " Hier soir, nous avons joué du blues dans le fin fond des Appalaches, dans une petite bourgade appelée Bryson City. C'est le calme plat là-bas : rien qu'une gare et une rivière dans laquelle on peut pêcher. Une des régions les plus pauvres de la Caroline du Nord, Olivier ! Mais les gens de par-là connaissent le blues. Ils dansaient sur des morceaux au rythme bien enlevé quand, bien après minuit, ces gaillards nous ont demandé de jouer des blues lents, bien saignants. Je me suis mis à me demander si, oui ou non, les Français y comprenaient quelque chose, au blues. "

    Ce texte est extrait d'un email de Kyle Smith, harmoniciste des Lowdown Travelers, avec qui je suis en contact depuis quelques semaines. C'est en cherchant sur Internet des informations sur quelques vieux 78 tours qu'il est tombé sur La Gazette De Greenville [ sic :-) ]. Après que je lui aie expliqué que, non, la Gazette ne couvrait que la zone de Greenwood, il s'est étonné qu'en France, il y ait des gens qui s'intéressent au blues…

    Et il s'est dit que ce serait bien qu'il vienne, lui et les Lowdown Travelers, vérifier in-situ l'intérêt des Français et de leurs voisins pour cette musique… Alors, avis aux programmeurs et organisateurs de festivals : les Lowdown Travelers sont décidés à venir en Europe au Printemps-Eté 2003 pour jouer leur blues dans les festivals et autres lieux de la musique bleue!

    Les Lowdown Travelers, bien que basés à Asheville (Caroline du Nord), jouent un blues dans le plus pur style du Memphis des années 40, ce qui, dans la production actuelle que nous connaissons, est une démarche plutôt originale. Leur CD démo le prouve : pas de concessions à des rythmes ou instrumentations plus modernes, ils tiennent à coller au plus près au style. C'est ainsi qu'ils reprennent des "traditionnels" de cette époque (Sleepy John Estes, Memphis Minnie, John Lee Sonny Boy Williamson, Blind Boy Fuller,…) et qu'ils les interprètent dans un lowdown blues hypnotique.

    La section rythmique, Lance Wille à la batterie et Cary Fridley à la contrebasse, fait juste ce qu'il faut pour assurer la base sur laquelle viennent s'appuyer la guitare de Barry Benjamin et l'harmonica de Kyle Smith, pour un accompagnement ou des soli pleins de retenue et de puissance… bref, de feeling. Pas de guitar hero ou d'harmoniciste fou dans ce groupe qui privilégie l'ambiance plutôt que la démonstration instrumentale, bien que les membres du groupe soient tous des musiciens aguerris : le guitariste est capable de jouer des rags de Blind Blake ou de manier avec dextérité le banjo. Trois des musiciens sont aussi des violonistes "old time", mais ce n'est pas le propos des Lowdown Travelers!

    Au chant, voix masculine et féminine alternent entre Barry Benjamin et Cary Fridley "dont l'énergie nonchalante nous rappelle l'ère du blues classique" (phrase tirée de la bio du groupe, mais tellement vraie que je la reproduis in extenso !).

    Courant Décembre, le groupe enregistre un disque qui devrait donc être disponible début 2003. Mais en attendant, on peut écouter leur démo leur site internet.

    "Comme notre musique est bien appréciée dans les petits juke joints des montagnes Appalache, je crois que les gens en France et en Europe peuvent apprécier nos efforts pour retrouver le véritable esprit du blues qui s'est développé dans la première moitié du XXème siècle", m'a écrit Kyle Smith. Personnellement, j'en suis sûr, et ça serait vraiment une bonne idée que les festivals programment, entre deux groupes de West Coast, de Chicago, de Funk ou de Blues-Rock, un groupe vraiment original de Memphis Blues: les Lowdown Travelers ! Pour cela, rien de plus simple, il suffit de contacter Kyle Smith en cliquant sur kylesmith_nc@hotmail.com!

    site internet: lowdown.travelers.free.fr/
    Email: kylesmith_nc@hotmail.com

    retour haut de page



    DBT
    Blues de Vache

    date: 22 novembre 2002
    de: Poill's <apoillot@wanadoo.fr>

    ON M'D'MANDE DE RESTER COOL
    ET MOI CA M'FOUT LES BOULES

    Y a des jours, comme ça, on fait de très bonnes découvertes dans sa boite à lettres. Par exemple, moi qui vous cause, j'en ai fait une il y a peu. Pas vraiment une surprise, les abonnés de LGDG, et surtout ceux qui suivent attentivement les mails de la liste de diffusion ont forcément été au courant. Un nouveau CD français de Blues qui vient de sortir, celui de DBT.

    Et d'abord, me direz vous, qui est-ce, DBT? Eh bien, ce sont quatre fort bons musiciens qui forment le Daniel Blanc Trio, un peu comme les mousquetaires, quoi… Nous avons donc Daniel Blanc à la guitare et au chant, Alexandre Aulagner à la batterie, Jean-Luc Guillamo aux claviers (piano et orgue hammond) et Carlos Serrano à la basse.

    Bon, j'ai un a priori favorable en ce qui concerne les Français qui autent-compositent dans cette langue. Je sais, le Blues est américain, gna-gna-gna, ce qui à ma connaissance n'empêche nullement les Cajuns de le chanter dans leur idiome, ni Plume Latraverse d'écrire des textes succulents en Québécois… Et puis, tant qu'à faire de raconter des histoires aux gens, autant qu'ils comprennent, ça aide pour les faire participer à l'allégresse générale… D'ailleurs les histoires racontées ne sont pas forcément tristes d'amour déçues, prenez La boum à Véro, de Benoît Blue Boy, moi, je suis plié quand je l'entends, ça me rappelle trop de trucs vécus. Mais je m'égare. Des textes en Français, donc, et une formation classique. J'entends déjà les commentaires des puristes! C'est pas du vrai Blues! Farpaitement, ça sonne nettement plus Blues Boom que Mississippi, mais j'aiiiime!

    Daniel Blanc Marrant, avant même d'écouter ce disque, j'en avais eu des échos, pas tous flatteurs, il faut l'avouer. Donc, j'aimerais remettre les pendules à l'heure. Quand j'entends Roberto, par exemple, je ne cherche pas de message particulier, ça me fait plutôt penser aux délires de Nino Ferrer jeune (dans ma bouche, c'est un compliment) qu'à la nullité de R'garde un peu cette fille-là. Bon, et puis, un mec qui dit d'une nana qu'elle le fait bander, c'est plutôt naturel, non? D'ailleurs, le naturel, il est bien en toile de fond de Blues De Vache, il y a la nature, non? Personnellement, je trouve ça plutôt sain de fustiger les farines animales, le veau aux hormones, la volonté de l'homme de tout contrôler sans même savoir se contrôler lui-même, à commencer par sa démographie… En plus, le morceau est prenant, bien ficelé, avec des ponts harmoniques très intéressants. De toutes façons, dès le début, et surtout si vous êtes fan de Blues Anglais, le son vous embarque, avec un superbe équilibre claviers/guitare… Feria D'avril… Le Rhône et le Nil semblent être plus que cousins, j'aime bien ce parallèle avant la description des férias… Apis? Le riff rappelle un peu Crossroads, première version de Cream, mais bon, ça tourne bien, un zeste de Funk, c'est du bon. Mais l'intro du suivant, Monnaie Courante, ou plus exactement son groove, me touche beaucoup. J'aime bien quand les mecs s'attaquent au Blues lent, c'est pour moi une épreuve obligée quand on joue le Blues (ou ses dérivés proches, pas de polémique, please). C'est nostalgique, mais pas triste. Et le suivant change d'ambiance du tout au tout… Les esprits chagrins y verront une chanson plutôt "osée", mais je crie STOP! Tout le monde s'extasie devant les textes des Bluesmen (et de certains rockers) aux doubles, voire triples sens, eh bien, c'est comme cela que je prends ce texte : où s'arrête la musique, où commence le sexe? Chacun y prend ce qu'il veut, et c'est très bien comme ça… Et on continue dans la même veine sexuée avec Matin Sur Le Lac, sauf que là, la belle détourne habilement le chasseur de son but premier, utiliser un substitut phallique au lieu de vivre ses pulsions. Les oies y gagnent la vie, c'est plutôt bien, non? Pisse And Love, ben, si on ne peut plus pisser tranquille en rêvassant, où va le monde? Et le suivant Légion D'Honneur, pas mal, toujours ces parallèles que je trouve ma foi bien vus entre les honneurs de la guerre et ceux du foot, rangez-moi tout ça! Bambou nous ramène dans le domaine du fantasme, tout ça est assez macho dans l'ensemble, c'est vrai, mais bon, pas autant que nombre de paroles de Blues, quand on nous parle de "moneymaker", par exemple. Les marginaux ont toujours attiré les Bluesmen, sous plein de formes différentes, hobos, etc… Et Daniel Blanc n'y échappe pas, quand il nous parle de Louis. Un portrait sympa, tout simple. J'aime moins Monde Cruel, trop politiquement correct à mon goût, mais bon, chacun son truc. Le charity business, même s'il part d'un bon naturel, m'a toujours un peu dérangé. Ce qui ne veut pas dire que je ne sois pas d'accord, mais bon, disons pas assez radical… La slide, là-dedans, par contre, j'ai bien l'impression que c'est de la Lap-Steel, je n'en jurerais pas, mais… Et retour au Blues avec un grand Bleu pour le Rêve De Gosse, grille on ne peut plus classique, aussi bien la musique que les paroles, ça sent très fort son vécu… Et comme pour les concerts, le disque se termine sur une note calme…
    Alors le résultat, un bon disque, bien goupillé, parfois rigolo, peut-être pas assez tendre . Plein de galettes comme ça, ça serait un beau plan. De plus, un point fort, c'est que si DBT est a priori le groupe d'un guitariste (excellent, il faut le dire, et imaginatif), les claviers ne font pas tapisserie, et ça, c'est assez rare pour être souligné… Achetez-le, même si le son est très propre (d'ailleurs ici, ça ne me gêne pas autant que d'habitude)… Je refuse d'entrer dans le débat c'est du Blues ou non, c'est de la très bonne musique qui doit tout au Blues, il faudrait vraiment être difficile pour ne pas apprécier les ambiances, le son, les rythmes des textes, et la voix de Daniel…

    le site internet de DBT: www.mediasic.com/dbt/

    retour haut de page



    Skip James
    La Gazette Vs Amercia ;-)

    Titre racoleur pour attirer le manant... mais non, il n'y aura pas de sang!
    Dans son émission America (RTBF) spéciale sur Skip James (le 30 septembre 2002 ), Malika Ben Brahim donna la parole à Daniel Droixhe qui cita, à plusieurs reprises, pour illustrer ses propos, les articles parus dans la Gazette (Skip James, son Style, LGDG n°41; L'Arrivée du Blues en France, LGDG n° 44), ce qui, évidemment nous fit bien plaisir!
    Dans son n° 46 (Skip James, vaste débat...), nous avons publié quelques extraits des mails qui, suite à cette émission, continuèrent le débat sur ce bien mystérieux musicien qu'était décidément Skip James! Le sang de Daniel Droixhe ne dut faire qu'un tour, car il reprit la parole le 11 novembre 2002 sur America pour contredire, ce coup-ci, ce qui avait été écrit dans la Gazette... Branle-bas de combat! Scandale!?? Non, pas du tout! Tout cela n'est que "saine émulation" :-) Et puis, surtout, il n'y a en fait aucune divergence réelle, juste un malentendu!
    Mea-culpa du webmaster qui, malgré les traditionnels "[...]" qui montrent que les phrases sont extraites d'un contexte, a peut-être mal choisi son découpage... et mea-culpa de l'auteur qui s'est peut-être mal exprimé!
    En tout cas, bel exemple d'interactivité entre les deux supports médias que sont internet et la radio, car voici la réponse de Patrice à la réponse de Daniel :-)





    date: 25 novembre 2002
    de: Patrice Champarou <pmchamp@club-internet.fr>

    Le débat partiellement reproduit dans le numéro 46 de la Gazette [NDLR: voir Skip James, vaste sujet...] n'appellerait de ma part qu'une brève rectification s'il n'avait rencontré un écho inattendu sur les ondes de la RTBF, dans le cadre d'une émission chère aux Greenwoodiens et aux nombreux francophones amateurs de blues. (1)

    Je tiens donc à faire amende honorable et à corriger l'erreur flagrante que j'ai commise lors de cette discussion, tout en rendant hommage à la courtoisie et à l'humour de Daniel Droixhe qui est intervenu avec la plus grande prudence pour contester une théorie... que je ne pense pas avoir énoncée!

    Accord et tonalité, mea culpa, mais...

    En affirmant que Skip James jouait "en majeur comme tout le monde", je n'envisageais pas une seconde que cette expression puisse évoquer l'accord standard de la guitare.(2) Mon observation faisait suite à une discussion quelque peu technique sur la similitude entre le "tuning" de Ré mineur adopté par Skip James et le tuning traditionnel quelquefois baptisé "Vestapol" (DADF#AD), connu de la plupart des musiciens de blues au début du siècle.(3)

    Il m'apparaissait que la majorité de ses pièces pouvaient être interprétées en utilisant indifféremment l'un ou l'autre, mais en aucun cas l'accord classique. Après de minutieuses vérifications, je suis obligé de me ranger à l'avis général et de confirmer que Skip James utilise ce tuning mineur (DADFAD) sur la quasi-totalité de ses morceaux, à l'exception de Special Rider Blues qu'il joue en Sol.

    Mais si je peux me permettre d'insister sur le point qui me semblait essentiel, cet accord mineur n'est jamais, absolument jamais réalisé. Les exemples diffusés au cours de l'émission illustrent d'ailleurs mon propos initial : dans cette remarquable version d'Illinois Blues, Skip James évite systématiquement la tierce mineure qui correspondrait en l'occurrence au Fa de la troisième corde. Soit il attaque la note sur la corde de Ré en lui donnant une inflexion supérieure à un quart de ton, soit il réalise une appoggiature pour obtenir un Fa#. Ce jeu de l'index à la première case est encore plus évident dans la superbe reprise de Devil Got My Woman qui a suivi, et signifie clairement que l'accompagnement se stabilise toujours sur l'accord majeur.(4)

    Les influences...

    Le deuxième point concernait l'origine du style de Skip James, sur lequel je ne pensais pas avoir émis d'hypothèse particulière, à moins de m'être fort mal exprimé. Je n'ai évoqué les influences espagnoles que pour illustrer d'une façon générale la variété des techniques nécessairement connues des guitaristes de cette époque, en aucune façon pour avancer une théorie concernant la tradition développée aux alentours de Jackson, Mississippi, et singulièrement à Bentonia !

    En revanche, les recherches en cours sur l'apport de Blind Lemon Jefferson m'intéressent au plus haut point, et s'il m'est permis d'y apporter une modeste contribution, je dirais qu'il serait temps de s'affranchir des tabous concernant le rôle de la diffusion discographique dans le développement du blues jusqu'à la crise de 1929 et au-delà.

    La réputation de Blind Lemon auprès des musiciens d'avant-guerre reposait non seulement sur les nombreuses rencontres et pérégrinations dont nous avons connaissance, mais surtout sur l'abondance de ses enregistrements. A quelle clientèle s'adressaient les annonces promotionnelles de Paramount, qui éditait de mémorables illustrations pour vendre ses "race records" et offrait un phonographe pour quatre disques achetés, sinon au public noir des villes et des campagnes?

    De cette influence majeure exercée par Jefferson, il existe de nombreux exemples parmi lesquels So Cold In China d'Isaiah Nettles (The Mississippi Moaner) qui reprend presque note pour note l'un de ses premiers titres (Long Lonesome Blues), ou encore County Farm Blues de Son House qui s'appuie clairement sur la mélodie de See That My Grave Is Kept Clean. Skip James héritier de Blind Lemon, très probablement. Mais l'est-il davantage que la majorité de ses contemporains?

    Merci à Elmore D [NDLR: Daniel Droixhe] d'apporter sur ces questions un éclairage qui contribue à populariser le blues des origines, et un remerciement particulier à America en la personne de sa productrice et animatrice Malika Ben Brahim, qui a eu l'amabilité de me faire parvenir un enregistrement de son émission.

    (1) America du 11 novembre 2002 (émission diffusée tous les lundis de 20h à 22h sur RTBF-La Première, sur Fréquence Wallonie, et sur internet: www3.rtbf.be/rtbf_2000/radios/lapremiere.m3u).

    (2) La guitare classique étant considérée comme accordée en Mi, la présence du Sol naturel suffit à désigner cet accord comme mineur. A noter que l'accord standard n'interdit pas le jeu en octaves, que Wes Montgomery et Django Reinhardt maîtrisaient fort bien. Les guitaristes manouches ont développé une position de main gauche qui permet de l'intégrer à un accord instable au rôle essentiellement mélodique, et l'extension ne dépasse guère huit centimètres.

    (3) Cet accord que Muddy Waters appelle "cross notes" par opposition à l'open de Sol ou "Spanish" (DGDGBD) est largement utilisé par Blind Willie Johnson ou Tampa Red, de façon occasionnelle par Son House ( Shetland Poney Blues ), Blind Willie McTell et bien d'autres. On le trouve sur le tout premier blues enregistré à la guitare seule en 1923 par Sylvester Weaver.

    (4) A l'intention des guitaristes et musiciens qui seraient peu familiarisés avec ces styles, je m'empresse d'ajouter que la coexistence entre un accord majeur et les degrés "mineurs" de la mélodie, voire du contre-chant instrumental, n'a rien d'exceptionnel et constitue une des normes du blues rural traditionnel.

    retour haut de page



    la Rubriqu' à blues…

    Little Hatch : Rock With Me Baby

    APO 2012

    Little Hatch, sémillant octogénaire de 81 printemps, fait partie de ces bluesmen qui ont traverse le XXième siècle sans bruit, en jouant dans les juke-joints et bouges du Mississippi, puis dans l'Arkansas et depuis les sixties, aux alentours de Kansas City (Missouri) avec la gloire locale, le guitariste George Jackson. Enfin, pendant les 70's on le retrouve avec son propre groupe The Houserockers avec lequel il enregistre (Well, All Right ! Modern Blues Recordings MBCD - 1204) Sa carrière, a-t-il coutume de dire, a véritablement débuté en 1962, bien qu'il ait commencé à jouer, gamin, depuis la fin des années 30's, après avoir reçu une formation musicale à l'église. Son style, influencé par l'écoute des disques de Little Walter et par Rice Miller (SBW II), est direct et sans fioriture. Avec ses phrases simples et une sonorité cristalline, Little Hatch joue au chromatique un blues down home aux accents du sud mâtiné de Chicago Blues des 50's/60's. C'est un harmoniciste qui a une âme terriblement authentique et profonde, magnifiée par une voix plaintive, puissante et rocailleuse teintée de gospel. Frisson garanti pour les amateurs du genre!
    Avec ce deuxième album enregistré pour le label APO de Chad Kassem, installé à Salinas (Kansas) et qui a adopté une politique d'enregistrements acoustiques de qualité (cf Goin' Back APO 2007), on peut apprécier un bluesman octogénaire en pleine possession de ses moyens vocaux et instrumentaux, bien secondé par Jimmy D. Lane (le fils de Jimmy Rogers) au dobro et par Ron Edwards, un joueur de slide au style low down qui convient bien à cet exercice, que l'on a pu découvrir récemment à Lucerne avec Henry Townsend. Les morceaux originaux et choisis de ce disque font la part belle aux heures de gloire du Chicago Blues moderne, avec des lignes mélodiques et rythmiques classiques pour l'amateur. Et pourtant, on ne se lasse pas de ce que l'artiste Little Hatch insuffle un supplément d'âme magique à des standards éculés, le tout en ambiance acoustique superbement restituée par une production sans faille. Qu'il s'agisse du titre éponyme de l'album, le boogie-blues bourré de feeling Rock With My Baby aux 12 titres qui suivent, ce disque procure 48 minutes de vrai bonheur: du blues, encore du blues, rien que du blues! Un plaisir solitaire à partager entre amis…
    Phil Catfish






    Cephas & Wiggins - Somebody Told The Truth

    (Alligator Records, 2002, ALCD 4888)

    Voici le nouveau disque de Cephas & Wiggins, le duo guitare-harmonica qui continue à faire vivre (de brillante façon !) le country-blues de la Côte Est, le Piedmont Blues. C'est tellement vrai que le duo ne se limite pas à des reprises de ce style bien précis, mais n'hésite pas à reprendre des standards "universels" tels que Stack And The Devil, ou un titre du très Mississipien Robert Johnson (avec un Last Fair Deal Gone Done qui démarre churchy pour finir ragtime !) ou de Skip James (avec le poignant Sick Bed Blues). Outre une reprise du génial Blind Boy Fuller (Something Smells), on trouve aussi, dans ce CD, des compositions du duo qui balaient un large éventail de ce que recouvre le terme (toujours un peu réducteur) de "Piedmont Blues". Un léger et humoristique The Pimp In The Pink Suit, un swinguant Burn Your Bridges, un ragtime tel que Bowling Green Strut ou un intimiste Forgiveness sont des compositions originales qui permettent d'apprécier les voix et les talents d'instrumentistes, picking et harmonica, de Phil Wiggins et de John Cephas. Ils feront oublier le désastreux Darkness Of The Delta…, titre jazzy sans intérêt et à oublier, contrairement au magnifique Somebody Told The Truth qui vient clôturer ce CD… qu'on s'empresse de réécouter!
    Uncle Lee

    http://www.cephasandwiggins.com/






    Lil' Buck Sinegal : BAD SITUATION

    LC 1003
    Paul Alton SINEGAL, aka Lil' Buck Sinegal, est né en 1944 à Lafayette, de parents d'origine créole, dans l'ambiance unique des bayous d'ou émanent les effluves délicieuses des barbecues et du crawfish… Notre homme compte à son actif quelque trois cents enregistrements depuis la fin des fifties et d'innombrables tournées dans le monde entier, notamment avec Clifton Chenier, Buckwheat Zydeco, Rockin' Dopsie Sr § Jr, Fernest Arcerneaux, Katie Webster, Lazy Lester, Henry Gray, Jumpin' Johnny et Wallace Johnson. Entre-temps, on le retrouve en 1958 à la tête du groupe Top Cat à l'apogée du R§B, de Joe tex et de la soul d'Otis Redding.
    Sa carrière personnelle a véritablement débuté lorsqu'il fut repéré par Allen Toussaint, propriétaire du label Nyno, à l'occasion d'une pige pour le chanteur Wallace Johnson. L'album devait rester plusieurs semaines dans les charts du Top 20 de Living Blues en 1998. Depuis The Buck Starts Here sur Nyno, le label d'Allen Toussaint, Paul Sinegal attendait une opportunité. C'est le label de Lafayette, Lucky Cats, qui la lui procure aujourd'hui. Rappelons que les influences de Paul, qui se faisait appeler "The Buckaroo" par C. Chenier, sont plutôt flatteuses : de Jimmy Reed, Albert King ou Collins, à Lightnin' Hopkins et Chuck Berry, pour finir avec l'incontournable BB King ! Ce premier album pour Lucky Cats est donc un vibrant hommage à ses mentors successifs, notamment aux illustres artistes bigarrés version zydeco/cajun ou bluesmen de la Louisiane qu'il a accompagnés pendant des décennies. Force est de constater qu'avec Bad Situation, la classe de Paul SINEGAL, qualifié de " Gentle Guitar " par Allen Toussaint, est à son zenith. Il est vrai que le grain unique et le "son" venu d'ailleurs qu'il sort de sa guitare Fender Stratocaster de 1954 ou de la Gretch (f-holed) de 1975 a de quoi scotcher sur place!
    Par ailleurs, sa voix teintée de soul est remarquable d'équilibre et de rondeur . Les 14 titres (dont huit originaux) invitent à un voyage éclectique dans les styles les plus variés. Bad Situation, titre éponyme, débute l'album par des sonorités venues d'ailleurs qui clouent littéralement au fauteuil. Le jeu saturé de la Strat' est vif et précis. L'amplification donne un grain mat superbe. Les phrases sont longues, expressives et étincelantes, rappelant le meilleur d'Albert King… Le pied ! A peine remis de ses émotions, Bye Bye Baby en remet une couche tout aussi vertigineuse. La voix de Paul Sinegal prend tout son éclat dans le superbe blues slow down original et très churchy The Blues is Killing Me, avec un remarquable orgue Hammond B2 et des vocalistes en background… la guitare plaintive et hypnotique berce langoureusement… Les Masters Of The Blues Medley suivent, avec entre autres petits chefs d'œuvre, des sonorités et une atmosphère dramatique et saisissante dans le Cold, Cold Feeling d'Albert Collins et une version torride du très soul Further On Up The Road qui est un des morceaux favoris de Lil' Buck Sinegal. On ne peut passer sous silence le vibrant hommage au maître Clifton Chenier dans Highway Blues et une version tonitruante et très personnelle du Sinegal's Zydeco System, avec le très bon accompagnement de l'accordéoniste Keith Clements qui, dans Shakin' The Zydeco, donne la réplique à la guitare survoltée de Sinegal. La version de Well I Done Got Over It d'Eddie Jones, nous plonge dans l'ambiance des sixties… L'album s'achève comme il a commencé : Woman décoiffe ! Bref, un bien bel album produit par des musiciens et connaisseurs, Andy Cornett et Ivan Klisanin qui ont enregistré un grand bluesmen louisianais, sous-côté et pourtant brillant guitariste, qu'il est urgent de découvrir de ce côté-ci de l'Atlantique!
    Phil Catfish





    David Jacobs-Strain: Stuck On The Way Back

    (NorthernBlues Music, 2002, NBM0012 )

    Amateurs de guitare acoustique, attention aux claques! David Jacobs-Strain va vous en retourner une bonne douzaine, autant que de titres dans le CD Stuck On The Way Back. En finger picking ou à la slide, il est clair qu'à la manière d'un Kevin Brown ou d'un Kelly Joe Phelps, il fait corps avec son instrument qu'il fait vibrer avec une totale liberté. Et ce type n'a que 19 ans ! Ah, vous dites-vous, au moins ça doit pêcher au niveau de la voix… Et bien non, re-claque, ce type a déjà une voix assurée et profonde, d'une expressivité à faire pâlir plus d'un vieux briscard!
    Subjugué très tôt par les concerts de Taj Mahal, de Walker T. Ryan, et par les disques de Mississippi Fred McDowell, de Lightnin' Hopkins, de Robert Johnson et de Skip James, David Jacobs-Strain s'est produit sur scène pour la première fois à 11 ans. Puis, après avoir vu Bob Brozman, il décida de se mettre au bottleneck et, un an après, il faisait la première partie d'un concert de … Bob Brozman! Et il en devint l'élève.
    Ce disque propose deux reprises (R.L. Burnside et Otis Taylor), trois traditionnels (très réarrangés !), plus sept compositions à vous couper le souffle. Libre de toute contrainte technique, David Jacobs-Strain se joue des notes et des rythmes, joue en solo ou se fait accompagner, outre basse et orgue Hammond, par kora, tambour électronique, cajon, ou djembe. Du morceau de slide à vous assécher les glandes lacrymales au ragtime le plus déjanté, en passant par toute la gamme de ce que peut proposer le picking ou le bottleneck, David Jacobs-Strain est déjà un géant du country-blues qu'il dépoussière avec fougue, mais respect! A ne rater sous aucun prétexte.
    Uncle Lee

    http://www.northernblues.com/ |  http://www.davidJacobs-strain.com/






    Freddy King : Blues Guitar Hero (Volume 2)

    ACE CDCHD861
    Après les 24 titres du label Federal réédités en 1993 par Ace UK, (CHCHD 454 The Influential early sessions) voici neuf ans plus tard la suite -non exhaustive- des faces détenues par King qui furent enregistrées selon Neil Slaven les 27, 28 et 29 novembre 1962 et le 26 septembre 1963 à Cincinnati, (cf Blues records 1943-1970) contrairement à ce qui est annoncé par les notes de pochette de Bill Dahl (1961-1966 !) Pour l'anecdote, la présence du guitariste Fred Jordan (aka Freddy King himself ?) lors des sessions en question reste un mystère… à l'écoute des faces originales des LP's King (idem pour la réédition de Blackporch Blues de Smokey Smothers cf rubriqu'ablues de novembre) Il est sûr, en revanche, que Gene Redd et Clifford Scott (ts) Sonny Thompson (p) Bill Willis (b) et Philip Paul (d) ont fait partie du band de Freddy King lors des trois sessions de 1962 outre Oscar Crummie (b) qui remplaça le bassiste Bill Willis sur les enregistrements de 1963.
    Quid des 24 titres de ce second volume ? La guitare au son clair et ample de Freddy King est ,comme à l'accoutumée, magistrale d'aisance , ce qui sublime son phrasé ravageur en rafales et ses lignes mélodiques fougueuses.. Bref, la classe à l'état pur pour ce texan mythique qui a marqué de son empreinte l'histoire du Chicago Blues moderne mâtiné du blues du sud, avec des hits comme Have You Ever Loved A Woman ou Hideway qui lui valurent un grand succès en 1961 et qui influencèrent le british blues des 60's représenté par Eric Clapton, Jeff Beck, Peter Green ou encore Jimmy Page… à ses débuts ! Pour l'essentiel, cet album contient six prises alternatives dont quatre inédites à ce jour issus des prises King ou Federal outre une prise avec Lulla Reed dans You Can't Hide. Freddy King n'a pas hésité à investir avec bonheur d'autres univers musicaux comme sur le chavirant Bossa Nova exotique dont les lignes mélodiques basses s'expriment à souhait ou encore sur le très enlevé Remington Ride un morceau emblématique de la classic country. Parmi d'autres joyaux, citons la superbe version de Someday After Awhile -you'll be sorry- qui résume à elle seule la qualité vocale exceptionnelle de Freddie King, lequel , avec Albert King et BB King, constitue un des " incontournables " pour tout amateur de musique noire américaine.
    Enfin, dans la série des inédits, High Rise et Wash Out constituent des morceaux de choix. Bref, la liste des hits en puissance de cet opus est longue ! En définitive, les 24 titres de cette compilation constituent la suite logique du volume 1 sans prétendre à l'exhaustivité. A quand un troisième et dernier volet ? John Broven a le mérite de rappeler à juste titre, que Freddy King a été l'un des fabuleux maîtres du blues des sixties/seventies, véritable "guitar hero", qui a disparu prématurément à l'âge de 42 ans en 1976.
    Phil Catfish





    Henry Townsend : My Story

    APO 2014
    Le mythique guitariste pianiste de Saint-Louis (Missouri) né en 1909 à Shelby (Ms) est certainement le plus vieil artiste en activité à avoir enregistré en 1999 à près de… 90 ans ! A l'évidence, celui que Lonnie Johnson contribua à former à la guitare en 1923, qui commença à enregistrer en 1929 pour Columbia et qui influença le jeu de Robert Johnson et de Johnny Shines (excusez du peu !) est bel et bien un exemple unique de longévité. Qu'il est loin le temps des gigs avec J.D. Short et Joe Stone à Saint-Louis et dans les 50's avec Walter Davis ! (cf l'excellentissime Henry Townsend and Friends : Henry's Worry Blues CatFish records KATCD172) Bien sûr, sa voix éraillée et plaintive, parfois approximative, a subi l'outrage des ans, mais la flamme brille encore… Le phrasé au piano qui rappelle quelque peu Roosevelt Sykes est feutré et sobre, tel qu'on pouvait l'entendre avant-guerre… comme sur Tell Me. Quant à son jeu de guitare acoustique en attaque pincée à deux doigts, il semble sorti tout droit d'une époque révolue… tel que sur le mi-rapide World Full Of People.
    Pourtant, si l'on prend le temps de pénétrer dans cette ambiance particulière et profonde, on saura trouver des motifs de satisfaction à cet album hommage au blues pre-war. L'accompagnement en slide de Ron Edwards est subtil et bien dosé (lire le compte-rendu du Lucerne Blues Fest 2002 dans ce même numéro) Le dobro de Jimmy D. Lane apporte une touche low down de bonne facture. Enfin, la basse acoustique de Sho Komiya se comporte tel un métronome rythmant les phrases longues sinueuses et parfois hésitantes de la guitare. A 92 ans, Henry Townsend reste une légende vivante dont le jeu original s'est adapté aux époques qu'il a traversées sans encombre pendant la quasi-totalité du XX° siècle ! Un album mémoire qui constitue un superbe cadeau pour les amateurs de blues authentique et profond à l'aube d'un nouveau millénaire…Merci Monsieur Townsend !
    Phil Catfish





    Kenny "Blues Boss" Wayne : Blues Carry Me Home

    Isabel Records 640201
    Kenny "Blues Boss" Wayne a enregistré au Méridien à Paris un album dans le pur style boogie-woogie des barrel house des années 40's/50's. Son doigté fin et précis, surfe allègrement sur les partitions des 10 morceaux de sa main tel sur l'intro Parisian Stomp . Sa carte de visite est impressionnante lui qui a joué avec les plus grands noms du blues et du R§B tels Jimmy Reed, Syl Stone et Amos Milburn qui l'influencera dans sa prime jeunesse tout comme les pianistes de la West Coast des fifties . A Paris, avec le guitariste Wil Crosby, l'un des meilleurs de sa génération et l'excellentissime contre bassiste Russell Jackson dont le groove ravageur est toujours aussi décoiffant, outre le fameux batteur Henry Avery, Kenny Wayne a commis un album de qualité, produit par le label Isabel Records. Précisons que ce label français dirigé de main de maître par Didier Tricard réédite de véritables perles des années 70's … concomitamment à des enregistrements récents dont il sera bientôt question dans cette rubrique, qui doit-on le rappeler est ouverte à tous les courants du blues pre-war en passant par la tendance contemporaine voire post-moderniste !
    Pour l'essentiel, on retiendra que Kenny Wayne est certes à l'aise dans tous les styles : blues lent, gospel, jazz (il a fréquenté Linton Garner le frère d'Erroll) Mais, que c'est dans le style boogie-woogies qu'il donne sa pleine mesure comme sur le très enlevé You're Spoiled Rotten ou sur le brûlant I've Been Alone.
    Un disque plein de fraîcheur et de spontanéité, qui surgit à point nommé de la grisaille ambiante des productions surfaites et un peu trop convenues qui trustent les bacs des disquaires en cette fin d'année 2002.
    Phil Catfish





    Sans prétendre à l'exhaustivité, plusieurs albums qui nous sont parvenus méritent de retenir votre attention dans les bacs de votre disquaire favori…

    Après le remarquable coffret Blues - La Grande Anthologie (Body § Soul 3043912) le très érudit Jacques Demêtre récidive en proposant sur le même label Body § Soul Le Blues 1925-1952 (BS 2312 distribué par Night § Day). Il s'agit d'une anthologie en trois cd's ( dont un cd acoustique et l'autre moderne) qui regroupe pas moins de 72 artistes, fruit d'un travail de défrichage impressionnant. Cette compilation comporte, entre autres petits chef-d'œuvre, un cd fabuleux intitulé "le blues au féminin", qui présente des blueswomen dont les enregistrements sont, sinon difficiles à trouver, du moins peu connues pour certaines d'entre elles, comme Jula Lee, Lille Mae Kirkman ou Ethel Mae, la femme de Robert Nighthawk… Les notes de pochette sont fort bien documentées et comportent plusieurs photos inédites. La restauration sonore des faces originales est particulièrement réussie. Sans hésitation.

    L'octogénaire et sémillant Snooky Pryor, harmoniciste de son état, est une figure légendaire du Chicago Blues des 40's qui vient d'enregistrer chez Electro-Fi un nouvel album Snooky Pryor and His Mississippi Wrecking Crew particulièrement réussi. Il faut dire que ses invités Pinetop Perkins, Mel Brown, Jeff Healey, Bob Stroger et l'ancien batteur de Muddy Waters Willie "Big Eyes" Smith n'ont aucun mal à se mettre au diapason du boss à la voix chevrotante et charismatique, tout comme le jeu à trois positions au chromatique qui reste bouleversant d'émotions rares et authentiques… Un vibrant hommage au Chicago Blues des 40's/60's. Incontournable.

    Les frères Syl et Jimmie Johnson viennent de commettre un album sur le label Evidence (Two Johnsons Are Better Than One, ECD 261122-2) de très bonne facture. L'amalgame des influences respectives des deux frangins est particulièrement réussi par un choix judicieux de morceaux qui passent en revue les influences majeures de chacun d'eux. La voix gorgée de soul/blues de Syl, ponctuée par les solis de la guitare expressive de Jimmie Johnson, tout comme un toucher très fin à l'orgue, et des rythmes funky blues hypnotiques transportent dans un autre monde. La rythmique, superbe, en phrasés courts et incisifs, est assurée par un certain Wil Crosby, l'excellent compagnon de route de Syl Johnson. Une pause s'impose? Ecoutez cet album, vous ne le regretterez pas! Ma platine swingue toute seule…

    Bonnes fêtes à toutes et à tous ! A l'année prochaine ! The blues is a feelin' !

    Phil Catfish

    retour haut de page



    CDs En Provenance Directe de Louisiane...

    date: 29 novembre 2002
    de: Zyde Phil Sauret < PSauret@aol.com>

    Je sais que je cause rarement sur la liste, mais je n'en lis pas moins tous les messages. Je sors aujourd'hui de ma retraite pour vous donner mes impressions sur ma dernière livraison en provenance directe de Louisiane. Je vous passe les disques de zydeco pour en venir directement à quelques disques marquants.

    D'abord, le tout dernier effort de Sunpie Barnes. On le connaissait à l'aise dans le zydeco. On savait son penchant pour les musiques antillaises et africaines. Il nous livre aujourd'hui un disque 100% blues, entouré d'un all stars comprenant les pianistes Henry Gray et Henry Butler, les frères batteurs Leroy et Etienne "Jockey" Etienne et, pour faire bonne mesure, Lazy Lester à la guitare et à l'harmo sur deux titres. Legends of the swamp (BFR Records) est, comme son nom l'indique, un disque de swamp blues qui ne va pas révolutionner le genre mais où visiblement tous les musiciens ont pris un grand plaisir à jouer ensemble. Tous les titres sont des originaux dus à la plume de Sunpie, hormis deux reprises, respectivement de Rice Miller (Born Blind) et du Révérend Dan Smith (God Don't Like It). Un disque désespérément simple, sans démonstrations gratuites, mais jouissif, à écouter en prenant son temps.

    Deuxième surprise, avec Selwyn Cooper. Un guitariste peut-être inconnu pour vous mais qui apparaît sur les meilleurs disques de zydeco des années 90. Clifton Chenier, C.J., Rockin' Dopsie, Buckwheat Zydeco ou encore Lynn August n'ont eu qu à se louer de ses services : une sorte de Lil Buck Sinegal méconnu. Reconnaissons que son disque, Louisiana Swamp Blues (Sound of New Orleans), est celui d'un accompagnateur et non d'un leader : trop de titres connus et rabâchés (Rock Me Baby, Kansas City, Woke Up This Morning...). Mais - car il y a un mais - Selwyn se distingue par son très beau jeu de guitare fait de notes précises et cristallines qui font mouche. Ainsi, sa version de The Sky Is Crying vaut l'écoute. De même que Hurricane Blues et Hit The Big Time, blues lents où il est particulièrement à l'aise. Pour l'anecdote, les notes de pochettes indiquent que le producteur a demandé à Selwyn d'avantage de solos de guitare dans ses chansons, ce que Selwyn a fait avec réticence car il avait peur de couvrir le jeu de ses accompagnateurs. A noter qu'il accompagne Carol Fran début janvier à Paris, au quai du blues. A découvrir.

    On continue avec le dernier effort de Snooks Eaglin', The Way It Is (Money Pit Records). Produit par Hammond Scott en juin et juillet 2000, il semble que ce disque était destiné à sortir sur Black Top avant que la marque ne fasse faillite. Ne vous laissez pas abuser par la pochette cheap. Ce disque est une petite merveille. Accompagné par Jon Cleary et ses Absolute Monster Gentlemen, le petit homme montre une fois de plus que son jeu de guitare si personnel s'adapte à tous les styles : funk (Can You Hear Me), jazz (Tree), blues profond (I Done Got Over), rhythm and blues (Express Yourself), ballade (Lookin' Back) ... Même l'espagnolade I Don't Speak Espagnol passe comme une lettre à la poste. Le meilleur de la musique néo-orléanaise.

    Je termine maintenant avec la grosse claque reçue dès les premières notes de ce disque. On parlait, il y a peu de temps, du Dirty Dozen Brass Band. Ce sont des vieux comparés au Rebirth Brass Band, à Coolbone et surtout aux Soul Rebels. Ces derniers m'ont scotché avec leur musique où se mèlent traditions, R&B et Rap. No More Parades (USA) est un joyeux bordel excitant et ultra speed, mélange de riffs de cuivres et de second line, entraînés par le son d'un sousaphone délirant. Du musclé, quoi ! A mettre le matin si on n'est pas très bien réveillé. Résultat garanti. L'avenir du brass band est là :-))))

    Voilà, je retourne dans ma grotte. Salut à tous.

    retour haut de page


    Est-ce que vous Aimeïz le Blues ce soir?

    Willie Dixon
    Montreux Jazz Festival 1993

    de: Poill's <apoillot@wanadoo.fr>

    Vous, je ne sais pas, mais personnellement, j'ai toujours été sensible aux textes de Blues. Pas qu'en Blues d'ailleurs, mais aussi en Blues. Pour ceux que cet aspect non négligeable de la musique et même, au sens plus large, de la culture africaine et de ses petits intéresse, Jazz et Blues surtout, je recommande fortement la lecture de l'excellent " Talkin' That Talk " ( Le Langage du Blues et du Jazz ), de Jean Paul Levet. Mais pourquoi, me direz vous, cette introduction quasiment intello ? Bonne question. Je vous remercie de, gna gna gna… Eh bien, je vais tout de même y répondre. Parce qu'aujourd'hui, le boot qui a traversé sans regarder devant ma porte, concerne un grand, que dis-je, un immense, un hénaurme Bluesman, sans lequel nombre de musiciens afro-américains n'auraient vraisemblablement pas décollé et qui, non content d'être un superbe musicien et producteur, fut l'un des plus grands songwriters du siècle… Ce contrebassiste monstrueux, dans tous les sens du terme, vous l'aurez deviné, c'est Willie Dixon. J'ai eu effectivement la chance de tomber tout à fait par hasard sur un CDR de lui au festival de Montreux. Inutile de vous dire que je me suis précipité dessus!

    Bien sûr, cet enregistrement, réalisé à la fin de sa vie, ne restitue pas fidèlement l'esprit et l'énergie qui animèrent ce cher Willie à son âge d'or, mais l'âme est là, bien présente, et la qualité du groupe qui le soutient est incontestable…
    Alors, qui trouve-t-on à bord de ce bateau, fendant majestueusement les eaux calmes du lac de G'nève ?
    Sa majesté, bien sûr, au chant, à la contrebasse, et aux petits commentaires qui, mine de rien… Son fils, si j'ai bien compris, "Baby Boogie" Cooch Dixon au piano (la liste du personnel, je vous la fais à l'oreille, car Willie ne manque jamais de présenter ou de faire présenter ses musiciens, une chose que de nombreux musiciens français devraient, à mon avis, garder en tête…)
    Sugar Blue,à l'harmonica. Lui, c'est un cas. Il faudra que je vous en parle à l'occasion. En gros, je l'aime bien, malgré ce que beaucoup pensent de lui… Clifton Jacks à la batterie, un ancien de Bo Diddley, Big Bad John Wilkins à la guitare.
    Et c'est parti… 7 morceaux de (presque) pur bonheur…
    Don't Make Sense (6'09)
    Wang Dang Doodle (8'57)
    Rock The House (10'18)
    Got My Mojo Working (3'34)
    Spoonful (5'04)
    Instrumental / Présentation des musiciens (5'50)
    Hoochie Coochie Man (6'38)

    Cet enregistrement, réalisé le 8 juillet 93, à Montreux, me semble être la bande son d'une émission que j'avais enregistrée en vidéo sur Arte, je crois, il y a 7 ou 8 ans. Je n'en mettrais pas ma main au feu, mais ça me semble fort probable, excepté en ce qui concerne le dernier titre, dont le son est nettement différent : on a l'impression d'écouter à travers un baril de ouate… Pourtant, les musiciens sont incontestablement les mêmes… Changement de source ? Premiers balbutiements du DAT commercialisé ? Allez savoir, en tout cas, le Hoochie Coochie, excellent musicalement, est nettement moins " confortable " à l'écoute. Et un autre inconvénient des Boots, qui heureusement ne se produit pas trop souvent, certains morceaux sont tronqués, ici, le premier et le dernier, dont les intros sont habilement escamotées. Ca, déjà, c'est nettement plus gênant que le changement de dynamique…
    Tout ça nous donne un CD plus que potable, ma foi, même si un peu court, quarante minutes et trente secondes exactement, durée à laquelle nous ne sommes plus vraiment habitués depuis l'avènement du CD. Mais n'oublions pas que ce cher Willie a effectué un travail phénoménal sur le support vinyl, pour lequel trois quarts d'heure par album était une performance plus qu'honorable…

    It don't make sense
    If you don't make peace…

    Presque tout Willie Dixon résumé en une phrase… Son côté savoir populaire, bon sens commun, qu'il nourrira de nombreux proverbes au fil de ses chansons, mais aussi celui que l'on connaît moins, antimilitariste, antiguerre, qui refuse en 1941 de se plier à la conscription (à l'instar de très nombreux musiciens de Jazz et de Blues, une attitude plutôt courageuse, voire extrémiste en temps de guerre!), et qui sera finalement réformé du service actif en 1942… Sans oublier la métrique irréprochable, la rime maligne…

    "Vous rendez la vue à l"aveugle avec les yeux d"un autre,
    Vous construisez des sous-marins qui peuvent rester des semaines sous l'eau,
    Vous pouvez anéantir n'importe quel pays par la seule force de votre volonté,
    A quoi ça vous sert d"envoyer des hommes dans la lune ?
    A rien, si vous n'êtes pas capables de faire la paix ! "

    Je ne pense pas que Willie ait été opposé au progrès scientifique, je crois plutôt qu'il ne se faisait guère d'illusions au sujet de la nature humaine. Dans ce morceau, ni mineur, ni majeur, comme beaucoup de ceux qu'il a écrits, deux sons donnent une couleur très particulière, pas désagréable du tout, un côté classique du fait des arpèges du piano, très conventionnels, et un Sugar Blue tout en nuances et finesse, mais profondément Roots de l'autre côté. Un aspect méconnu de Sugar…
    Que dire de Wang Dang Doodle? Péchu, entraînant, hypnotique, tout a été dit au sujet de ce morceau (comme pour la plupart des compositions de Willie). Excellente interprétation, bonne cohésion du groupe, et même si la voix de Willie n'a pas grand-chose à voir avec celle de Koko Taylor, le morceau n'en garde pas moins toute son énergie.
    Mais que peut bien signifier " We gonna do the Wang Dang Doodle all night long " ? Non, je n'ai pas dit que c'était une histoire de prose (à ne pas confondre avec les histoires de vers, même si les uns peuvent nicher chez l'autre). Bon, c'est plus fort que lui, Sugar en rajoute, mais on lui pardonne… D'ailleurs, il m'a un jour confié (bien avant cet enregistrement, en 1984, que jouer avec Willie était pour lui l'un des plus grands et meilleurs souvenirs de sa vie) Et d'ailleurs, quand il m'a demandé de lui filer mon pin's "Lucien", je lui ai demandé le T-shirt qu'il avait gardé de cette tournée, il a carrément refusé, me donnant celui qu'il avait eu avec John Lee Hooker…
    Rock The House… Là, j'avoue ma déception car, si bon pianiste que soit Cooch Dixon, il n'arrive pas à la cheville de Memphis Slim… pas plus que son père pour le chant… Par contre, John Wilkins nous gratifie d'un chorus de guitare très bref, mais lumineux, et bien sûr, Willie va faire joujou avec les extrémités du manche, tout en slappant comme un malade, mais, c'est vrai, on sent l'âge qui pèse sur les articulations des doigts… C'est un morceau de bravoure chez lui, mais j'ai trop dans l'oreille la version qu'ils en ont faite avec Slim et T-Bone dans l'AFBF pour pouvoir être objectif…
    En tout cas, après celui-là, tout le monde est à point pour Got My Mojo Working. Et là, vieux ou pas, fatigué ou pas, rien à voir, ça déménage, le chorus de basse, court mais bref, vaut son pesant de Stanley Clarke et de Pastorius réunis. Le tout s'achevant sur une fin dédoublée avec la bonne vieille surenchère guitare/batterie "c'est moi qui aurai le dernier mot".
    Que peut-il y avoir d'autre que Spoonful après ça, je vous le demande… Et pas trop lente, la version… Loin derrière, celle, interminable, de Ten Years After, qui, ne l'oublions pas, a tout de même fait découvrir ce morceau à une grande partie du public blanc… un chorus de guitare avec une wah-wah réglée très lente, et le tour est joué…
    Instrumental… Eh oui, j'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé le titre de ce morceau. Tout le monde se défoule sur un tempo médium bien posé, Sugar s'envole, le piano nous plaque des accords dignes d'une section de cuivres, la batterie shuffle à tout va, et, ô surprise…
    Celui qui fait les présentations s'annonce comme Freddie Dixon à la basse. C'est vrai, ça, mine de rien, le grand Willie avait un bassiste électrique derrière lui, ce qui n'enlève rien à la qualité de ses interventions…
    Et le CD se termine tranquillement avec un Hoochie Coochie Man " éloigné " en son, malheureusement, car le groupe nous en donne là une version remarquable, même si le niveau de qualité est, de toutes façons, excellent pendant toute la prestation…

    En tout cas, voilà un CD qui, sans être parfait, est de très bonne qualité, avec un groupe cohérent derrière le Maître, 7 morceaux dont 6 standards incontournables, surtout, si ce Bootleg traverse devant chez vous sans regarder, n'hésitez pas ! Sautez dessus !

    retour haut de page



    Windy City Strugglers
    Snow On The Desert Road

    date: 5 décembre 2002
    de: Xavier Delta Blues <deltablues@wanadoo.fr>

    J'ai reçu directement des antipodes, de Nouvelle Zélande pour être précis, l'album des Windy City Strugglers, Snow On The Desert Road, distribué en France par Last Call Records.

    Quel bol d'air frais que cet album !!!

    12 titres, 12 compos.... avec, en prime, celui qui compose et qui chante, si j'ai bien tout compris! En fait, les parties chantées sont partagées par Rick Bryant et Bill Lake. Donc, rien d'étonnant à les retrouver aux compos et aux micros....

    Chroniqué dernièrement dans It's Only Rock par notre confrère de la presse écrite, Francis Rateau, qui en disait le plus grand bien, c'est avec un regard un peu mitigé tout de même que j'attendais cette galette. En règle générale, nos avis à tous sont si divergents qu'il convient de modérer les propos de chacun d'entre nous.....

    Mais là ...... !!! Quel bonheur !!!!

    Tout commence avec un bon vieux Chicago Blues Sip Of Your Wine, court mais efficace, et ensuite c'est l'enchantement. Girl Of The Moon, deuxième titre qui tend légèrement vers la Country mais avec la voix très gospelisante de Rick Bryant que l'on retrouve d'ailleurs sur le fabuleux Snow On The Desert Road, titre éponyme de l'album. Whaou!! Quelle voix!! Une voix qui n'est pas sans rappeler un Clarence Fountain plus jeune..

    Je ne vous commente même pas le très (+++++) beau Contract With The Blues ou encore le non moins surprenant Playing With The Gypsies.... FABULEUX !!

    Apparemment, il s'agirait de leur troisième album. Que doivent contenir les précédents? C'est la question que je me pose, tellement ce quinté n'en finit pas de me surprendre par l'étrange et habile métissage des influences majeures de la musique que l'on aime : Blues, Country, Folk et Gospel. Et si c'était cela la préservation d'une forme musicale ??? Pouvoir tout mélanger en respectant les fondamentaux ! Parfois, j'ai même l'impression que la musique du Delta revient hanter ce groupe, notamment sur Snow On The Desert Road.

    Il y a quelque temps, je ne sais plus quel co-listier de Greenwood, s'étonnait du manque de création et d'originalité du Blues des années 2000. Et bien, s'il fallait apporter une nouvelle pierre à l'édifice du Blues pour prouver que l'on parle bien d'une musique vivante, les Windy City Strugglers feraient certainement partie des nouveaux bâtisseurs. D'ailleurs, le terme Strugglers ne veut-il pas dire "lutteurs"??

    Seraient-ils donc les Lutteurs qui défendent la musique de la Windy City ??? Il m'est agréable de penser qu'ils se sont baptisés ainsi pour cette raison ... Utopie, quand tu nous tiens !!

    Merci à Last Call France d'avoir parié sur ce groupe que je conseille à tous de découvrir, et merci à Francis Rateau de m'avoir permis de les découvrir à mon tour.

    Quelques liens pour vous aider :

    retour haut de page


    Tome 1 | Tome 2 | Tome 3 | Tome 4

    Sommaire de Tous les Numéros | N° suivant | N° précédent