La Gazette de GREENWOOD
n°45 (Septembre 2002)

Tome 2
 
Tome 1:
  • Alan Lomax: et si il n'avait pas été là...
  • Jazz à Vannes 2002: Kenny Neal, Raful Neal - l'esprit de famille
  • Interview: Roland Tchakounté: le Camerounais Migrateur du Blues
  • Rag Mama Rag: live
  • Blues in Belgium:
    • Boogie Workers: It's BOOGIE Time!
    • Blue Flame: It ain't what it used to be
  • Muddy Waters au Casino de Montreux
  • Hot Fella' Blues Band: Waiting For Fella'
  • Tullins in Blue: Awek
  • Le débat du mois : Sonny Boy Williamson contre Sonny Boy Williamson II
  • Rubriqu'à Blues: Lightning Red and Thunder Blues, Brian Kramer, L.A. Jones, John Mayall

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Festival Jazz de Montauban
Patrick Verbeke
et les Blues Brothers

date: 18 juillet 2002
de: Xavier "Delta Blues" <deltablues@wanadoo.fr> (photos de l'auteur)

Que n'ai-je lu, ici même [NDLR: sur la mailing-list LGDG@yahoogroupes.fr ], sur les Blues Brothers lorsque j'avais envoyé leur date de concert pour le festival jazz de Montauban !!! (Daube pourri..te et autres quolibets tout aussi reluisants).

C'était hier soir, et j'ai vraiment vibré de tout mon corps, tout comme le public TRES NOMBREUX. Oui, j'ai passé une soirée Magique, entachée malgré tout par l'attitude totalement INACCEPTABLE de l'organisation qui a traité les médias en général et les (la??) radio(s) (Nostalgie, sponsor officiel aux abonnés absents!!) en particulier comme de la merde !!!

Patrick Verbeke Première partie avec Patick Verbeke, accompagné de Claude Langlois à la Pedal Steel, Pascal Mickaëlian à l'harmo, Laurent Cokelaere à la basse et Manu Millot aux drums. Très bonne ouverture devant 5 à 6000 personnes (ça c'est bon, ça fait du bien au Blues) avec des titres anciens, nouveaux et bien entendu, des reprises de Blues US. P. V. a terminé sa prestation sur une version de Maybellene de Chuck Berry totalement hallucinante avec un duo Langlois/Mickaëlian survolté.

Patrick Verbeke s'est prêté très aimablement au micro de la Gazette et de Delta Blues. A noter le travail ENORME fourni par Pascal Redondo de Magic Blues, omniprésent autour du quintet, de la scène, DU média (moi, merci) etc etc etc.....

S Cropper Bon, ensuite ce fut au tour des Blues Brothers avec Steve Cropper (lead guitare), Alan Rubin (trompette), Matt Holder (Trombone), Lou Marini (Saxo), Tom McDonnell (chant), John Udel (basse), Antony Cloud (hammond), et le remplaçant de Matt Murphy, John Tropea à la guitare (effluve du New York City Blues Band, si j'ai bien compris, d'ailleurs sa façon de jouer ne laisse planer que peu de doutes.....)

Et puis, dans le rôle de l'invité : EDDIE FLOYD qui, après quelques "orageuses" négociations avec la production du festival, a bien voulu lui aussi répondre à mes questions, alors qu'il avait donné son accord à 18.00h. J'ai eu l'ITV à 23h00, en plein milieu du concert!! Mais le temps imparti de 5 petites minutes est passé à une vitesse fulgurante. Mais je peux vous assurer que ces 5 minutes-là, resteront gravées à vie. Moi, simple animateur d'une émission de Blues dans une petite radio locale, être enfermé en tête à tête avec ce grand monsieur de la Soul, j'ai eu du mal à redescendre sur terre lorsque le service d'ordre est venu me déloger "manu-militari" de sa caravane......

"Hey guys, keep cool, he's my friend, my Blues-radio's friend....!!!", criait-il aux gorilles qui me prenaient par le T-shirt pour me virer... Comme pour pardonner l'attitude du service d'ordre, toute sa prestation sur scène a été ponctuée de "Hey Delta Blues, Hey Hey!!", pointant ses doigts sur moi. Magique!!! Il m'a même attrapé l'appareil photo pour me prendre en photo depuis la scène, entouré de deux charmantes créatures!! Par contre, à cause de ces conn..... de vigiles, il n'a même pas eu le temps de signer mon livre, et ça ! ça me fout les boules... Pôvres cons, va !!! Vous n' êtes même pas dignes de la plus basse des insultes........

Bon, musicalement, je ne m'étendrai pas sur la play list du show, vous vous doutez des titres!!! Mais!!! Tous joués avec une énergie et une patate incroyable!! On était quand même loin des CD des Blues Brothers.

Eddie Floyd en compagnie de Damien Daigneau et Yannick Souyris des Be Yell Blues Encore une belle image de la soirée : Eddie Floyd et Steve Cropper ont invité les Be Yell Blues (ce fameux groupe d'ados perfusés au Rhythm' & Blues) déguisés pour l'occasion en Blues Brothers, à monter sur scène et à chanter avec E. Floyd et à mimer en tous points les prestations des Blues Brothers. Les gamins, totalement transportés, se sont lâchés ! Tous les musiciens et le public étaient morts de rire!!! Vous vous imaginez, pour des gamins de 16 - 17 ans, ce que cela peut représenter???

Lors du rappel, Eddie Floyd a tenu à remonter sur scène en leur compagnie pour attaquer le Everybody Needs Somebody....

Une très belle soirée, remplie d'émotions, pour moi, pour les Be Yell Blues, pour le public. Pour le Blues, tout simplement......

Merci Patrick Verbeke pour tes réponses à mes questions, merci Eddie Floyd pour ta sympathie, ton humour et tes clins d'oeil.......

Je NE remercie PAS, bien entendu, les gros blaireaux qui ont tout fait pour que je ne puisse faire mon travail d'animateur radio, fan de blues et venu, comme il était prévu lors de nos entretiens précédents, réaliser une ou plusieurs interviews.

Malgré tout, les interviews et les photos, je les ai dans la boîte. Et eux, ils n'ont rien.....

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interview

PATRICK VERBEKE
Le Pédagogue du Blues

date: 18 juillet 2002
de: Xavier "Delta Blues" <deltablues@wanadoo.fr> (photos de l'auteur)

Salut Patrick Verbeke et merci de répondre aux questions de Delta Blues et de La Gazette de Greenwood, fanzine sur Internet ...

Patrick Verbeke : Que je connais bien !

Tu as 20 ans de carrière au service du Blues français, avec des albums, des émissions de TV et de Radio, avec un livre sur Clapton. Aujourd’hui « Patrick Verbeke » dans le Blues français, c’est incontournable ?

Patrick Verbeke

Patrick Verbeke : Incontournable, je sais pas !! Il y a beaucoup de gens qui arrivent à vivre sans me rencontrer (rires) !! Avant de répondre à ta question, si tant est que je puisse y répondre, je voudrais juste revenir sur le titre de ton émission « Delta Blues », c’est génial ! Bravo, d’entrée, je dirais que je me sens en bonne compagnie, en famille et en terrain familier ! Non, c’est pas la question d’être incontournable ! C’est le fait que pour moi, le Blues n’est pas qu’une Musique. Le Blues, c’est un état d’esprit. Bon, ça était dit et redit, mais je dirais que cela va un peu plus loin que ça. C’est une philosophie de la Vie. C’est une façon de vivre, de savoir accepter les coups durs, et de savoir « Enjoyer » pour reprendre un terme franglais, les bons moments surtout ! Parce que c’est quand même une chose qu’on oublie souvent, que le Blues, est une façon de savoir apprécier la vie, de faire de la vie une fête ! Même quand les choses les pires vous arrivent, et ça c’est la grande leçon que tous les bluesmen nous ont donné ! C’est ce que j’essaie avec mes petits moyens de faire passer. Alors, c’est pour ça, qu’au delà de jouer du Blues, d’en chanter, de composer, tout ce qui tourne autour de ça m’intéresse forcément ! Alors, faire de la radio, ça me permet de faire découvrir d’autres artistes, écrire, choses que j’aime bien… tant qu’à faire, autant écrire sur des gens qu’on aime. Donc, je pense qu’il n’y a pas qu’une seule façon de faire et d’avoir le Blues, je crois que c’est dans la vie en général ! Si on est, un tant soit peu immergé dans cette musique, ça va au delà justement de la musique c’est d’ailleurs pour cela que le Blues est la plus forte des musiques au monde !

Alors, justement pourquoi un bouquin sur Clapton ? Clapton n’est pas ce qu’on pourrait appeler l’archétype du bluesman, tels que nous nous pourrions l’entendre au sens littéral ! Je pense à des artistes qui n’ont pas été biographiés en français tels que Robert Johnson par exemple…

Patrick Verbeke : En fait, je voulais écrire sur Muddy Waters. Parce que tu disais « archétype » et pour moi Muddy Waters, c’est Le symbole du Blues. Il est né dans le Delta, il a vécu le Blues rural, quand il descendait de son tracteur, ensuite il a été un des fondateurs du Chicago Blues, il a traversé toutes les périodes ! Ensuite il a joué avec les Stones, enfin, il les a d’abord influencés ! Donc, il est passé vraiment du Blues du champ de coton au Blues des clubs huppés de New York ou San Francisco, ou de Londres ou Paris… ! Il représente réellement l’évolution du Blues du XX° Siècle. Donc, Francis Hofstein, qui est un écrivain et un poète formidable, un super bonhomme, avait déjà écrit la vie de Muddy Waters. Et puis, j’ai rencontré un jour un journaliste professionnel et qui était un fan de Clapton comme j’en ai jamais rencontré ! Et ce mec là, m’a proposé "La Botte". J’ai sauté sur l’occasion ! Et pourquoi Clapton ? Parce que Clapton a changé ma vie ! Quand j’ai entendu les premiers solos de Clapton avec John Mayall en 1966, là je me suis dit « C’est ce Blues là » aussi bien quand il jouait Ramblin’ On My Mind de Robert Johnson, que quand il jouait avec les Cream, un peu plus psychédélique. Pour moi, un mec comme Clapton, qui est un vrai bluesman à mon sens, est celui qui reste le plus proche de moi, par rapport à son vécu… Ensuite, il a vécu d’autres choses que moi je n’ai pas vécu. Je crois que c’est ce côté Européen, blanc, qui fait qu’on a été nourri à la même source. On a reçu Muddy Waters, Sonny Boy Williamson, Robert Johnson, Skip James et tous les autres, on les a perçus à la même époque et avec un peu les mêmes oreilles. On a essayé de faire du Blues, à partir de ces expériences là ! C’est pour cela que je me sens proche de lui…

« Le Blues Français a une âme ». C’est sur le site Internet de Magic Blues. Quel est le regard de Patrick Verbeke sur toute cette génération de groupes de Blues en France ? N’oublions pas de rappeler l'extrême qualité actuelle du Blues français !

Patrick Verbeke : Un regard admiratif et bienveillant ! Un peu surpris surtout ! On récolte ce que l’on a semé avec Benoît (Benoît Blue Boy) Paulo (Paul Personne) et Bill (Bill Deraime). Avant, c’était la variété avec Johnny, Dick Rivers, Eddy Mitchell, Nougaro ou encore Sanson et même Nicole Croisille, sous le nom de Tuesday Jackson, qui s’était emparée de quelques morceaux de Blues. Nous, notre répertoire était exclusivement Blues ! Le premier a été Benoît en 79, et puis moi, pour ma part, j’avais commencé à écrire un album en anglais, j’arrivais pas à passer au français ! Et entre temps, Bill Deraime m’a piquée ma rythmique, attends, c’était trop drôle : j’étais avec Milteau et Deschamps, on est allé faire un concert en Suisse, en première partie d’Albert Collins et de Johnny Winter, et c’est à la suite de ce concert qu’ils ont réalisé le premier album de Bill ! Sur le coup, j’étais pas très content, c’est vrai… A l’époque, j’accompagnait Vince Taylor, sur la fin de sa vie, et finalement la genèse du Blues s’est faite comme ça, il y a eu le 1'album de Benoît, celui de Bill a peu près en même temps que le mien, et finalement, quand j’ai écouté Benoît, je me suis dit « Si lui, il arrive à chanter en français, pourquoi je pourrais pas ? » . Et puis, de 79 à 81, ce fut la révolution du Blues en France. Et celui qui enfoncé le clou, ç'a été Luther Allison, il me disait « Attends, le français c’est ta langue maternelle, comment veux tu faire passer tes émotions si tu chantes dans une langue que les gens ne comprennent pas ?? » C’était l’argument « qui tue » !

En fait, je voulais que tu nous parles de tous ces jeunes groupes qui montent en France et qui ne chantent pas forcément en français ? (Rosebud Blue Sauce, Awek, etc.)

Patrick Verbeke : Alors, j’allais y arriver ! Ici en France, c’est génial de chanter en français, mais dès que tu pars à l’étranger ? De mon côté, chanter le Blues en anglais, ça me va bien ! Parce que mon répertoire est composé de 2 tiers - 1 tiers. Et puis parce que je chante pas en « yaourt », et que les choses que je raconte sont compréhensibles ! Là, je reviens d’une tournée au Québec, et suivant les provinces, j’ai chanté tantôt en français, tantôt en anglais ! Et quand j’ai joué à Memphis, j’ai chanté quelques titres en français, et les mecs sont venus me voir en me disant « Incroyable ! Vous les Français qui habitaient de l’autre côté du Monde, vous aimez tellement NOTRE musique que vous allez jusqu’à la chanter dans votre langue ? Vous, vous avez l‘histoire, les vieilles pierres, alors que nous notre patrimoine c‘est la Musique, c‘est le Blues !»

Alors, ça tombe bien, le Beale Street Festival à Memphis en 90, pour un mec qui fait du Blues en France, aller jouer dans ce mythique festival de Blues, c’est un énorme souvenir ?

Patrick Verbeke : C'est marrant que tu me poses cette question, parce que quand j’étais au Canada, un journaliste m’a demandé quel était un de mes plus grands souvenirs de musicien ? Et justement, j’ai cité ce festival. J’ai tellement rêvé des Etats-Unis étant gamin, que je voulais pas y aller en touriste. Je voulais y aller pour jouer du Blues, être l’acteur de quelque chose ! Et pour la petite histoire, c’est Paul Personne qui devait y aller, mais je crois qu’il avait peur de l’avion (rires de P V) il a branché Benoît Blue Boy, avec qui on avait décidé de jouer ensemble à Memphis, et malheureusement son guitariste de l’époque, Willie, est décédé, et Benoît n’a pas pu venir, c’était un grand regret, c’est Vincent Buchet qui était venu m’accompagner, et - pour faire court : « je devais y rester 3 jours, j’y suis resté 3 semaines »…

Côté pédagogie, avec Willie & Louise et School Boy Blues, 2 albums destinés aux plus jeunes, quel message souhaitais tu faire passer auprès de ce public ?

Patrick Verbeke : Le message du Blues ! (Rires de P V) Déjà, leur apprendre à écouter autre chose que ce que les médias en général leur font ingurgiter toute la journée. Faut pas oublier qu’on a affaire à une génération « zapette ». Et chose très importante, de voir un artiste en chair et en Blues, en chair et en os ! De le voir chanter et transpirer devant eux. J’en ai vus beaucoup dans mes spectacles enfants, qui au bout d’une ou deux chansons avaient envie de se barrer ! Et là, je leur disait : « Hey les gars, regardez, je suis un vrai artiste, je suis un vrai bonhomme, vous pouvez me toucher, si ça vous plaît pas vous allez fumer votre clope dehors, et si ça vous plaît, vous restez, mais ayez un peu de respect pour les artistes, OK ?? »Et puis, j’essaye de leur faire toucher tout ce qui tourne autour du Blues. De la géographie des Etats Unis, à l’histoire, en passant par les valeurs essentielles de civisme et humaines. Ca permet quand même d’aborder des problèmes auxquels les mômes sont confrontés tous les jours. J’ai une anecdote à ce sujet dans un bahut hyper chaud de Seine St Denis, où des gros rappeurs blacks se sont installés en face de moi et faisaient tout pour perturber le spectacle. Et dans ces situations, je proposais un deal : « Vous restez là pendant 10 minutes, et au terme de ces 10 minutes, si ça vous plaît pas, vous vous tirez ». Je leur raconte l’histoire de l’esclavage, avec un chant de travail et un gospel, en leur expliquant pourquoi et comment ça s’est passé, et au bout de 10 minutes, je leur dit « Alors, les gars, vous sortez ou vous restez ?? ». Et là, les mecs me disaient « Ouais, continue M’sieur ». Une heure après ils tapaient dans les mains et chantaient Sweet Home Chicago. Tu vois, je crois que le message est clair…..

Tout à l’heure tu nous parlais de Luther Allison que tu as côtoyé pendant quelques temps, mais avec le nombre de gens que tu as croisé, j’aimerais que tu nous fasses partager 1 ou 2 anecdotes que seul Patrick Verbeke connaît ?

Patrick Verbeke : J’ai eu la chance d’être dans notre position pour une interview au New Morning de Jimmy Rodgers, et il me racontait que Muddy Waters, Little Walter et lui même, à l’époque où ils s’appelaient les Head Hunters, avaient animé pendant quelques temps l’émission de radio de Sonny Boy Williamson sur KFF à Helena. Ils étaient descendus de Chicago pour animer cette émission qui était à midi, tout en jouant dans les clubs le soir. Et bien souvent, il en manquait un des trois, et le plus croustillant, c’est que Muddy Waters est arrivé un jour en caleçon pour faire l‘émission… parce qu'il s'était levé trop tard. Et puis, j’en ai une magnifique du temps où j’animais mon émission de radio à Europe 1, et je recevais Joe Louis Walker. Je ne le connaissais pas personnellement à l’époque, à part par ses disques, et je l’ai vu arriver avec sa Gibson acoustique, un visage livide, malade, triste. On enregistrait l’émission, et après quelques questions, j’avais ma guitare à la main, et j’attaque un accord de Slim Harpo, et voyant que je jouais seul, c’était plus fort que lui, il attrape son étui, sort sa guitare, et commence à me suivre. Bon, on commençait à vraiment s’amuser tous les deux, et puis, il a commencé à chanter, avant de se lancer sur le morceaux acoustique de son dernier album. Et là, magie, on est parti à deux, je n‘avais qu‘une heure de studio, et je voyais Jean-Claude Brialy qui s‘excitait derrière parce qu‘il devait enregistrer lui aussi. L’émission terminée, je le remercie chaleureusement et là, il me dit avec un grand sourire « Non, c’est moi qui te remercie parce qu’en arrivant, j’étais malade, ça n’allait pas du tout, et grâce à toi, j’ai chanté le Blues, et maintenant ça va beaucoup mieux » Tu vois, c’est la raison pour laquelle cette musique est si belle !

L’avenir de Partick Verbeke : la promo du fiston Steve, et ensuite ?

Patrick Verbeke : Pour Steve, son album sort début septembre. Quand à moi, je prépare un nouvel album en compagnie de certains membres de l’équipe de Francis Cabrel, suite à l’album Autour du Blues qu’on a fait en leur compagnie et celle de Goldman et compagnie, et c’est avec Denis Labble, le guitariste de Cabrel qu’on s’est trouvé une complémentarité fantastique. Parce que Denis est un FOU de Blues, malheureusement un peu refoulé parce qu’il a peu l’occasion d’en jouer. Et moi qui ait tendance à faire de l’énergie un peu brute, lui au contraire est un perfectionniste au niveau des sons, et là on est entrain de faire des choses ensemble vachement bien !! Il y a entre nous un véritable échange, il m’apporte plein de choses, je lui en donne aussi, enfin ça marche bien… Et puis, j’ai également le projet Canada et Acadie, puisque j’ai un nouveau spectacle pour les enfants sur l’histoire de l’Acadie et des Acadiens, qui inclus bien sur la Louisiane. Je dois y retourner au mois de septembre, et il y a également une compilation qui doit sortir au Canada à la même époque, donc, je vais aller défendre nos couleurs. Sans oublier les Nuits Acadiennes, montées l’année dernière avec Magic Blues sur Paris, et cette année, on refait la même chose sur deux jours avec un artiste de Louisiane, mais je peux pas te dire qui ce sera encore…… C’est en cours de décision.

Beaucoup de boulot en effet ! Va falloir y aller, cela fait longtemps qu’on parle, et on pourrait encore parler longuement, donc : Merci, vraiment merci Patrick d’avoir répondu à mes questions, merci pour Delta Blues et pour les lecteurs de La Gazette de Greenwood…

Patrick Verbeke : Longue vie à Delta Blues et à La Gazette….. C’est super ce que vous faites... Tous !

le site de Patrick Verbeke: http://www.magicblues.com/

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Festival de Cognac 2002
"La Blues Rêve Party"

date: 29 août 2002
de: Gérard "Bluesy Train" Tartarini <bluesy@club-internet.fr>

(photos de notre envoyé spécial Guy Benech, mais aussi de Yann Renoul, Didier Taberlet, Xavier Delta Blues, Samuel Brejeon)

L'an dernier, c'était la découverte du festival "Off" et l'évidence que le Blues pouvait être chanté autrement et dans d'autres langues. Les plus grands Bluesmen le disent eux-mêmes, le Blues est un "Feeling" et pas seulement l'expression d'un peuple opprimé.

Cette année, ce festival Off est confirmé dans sa qualité et sa diversité. Les artistes ayant "tapé" dans l'oreille du public (Texas Trumpets, Down Tyler Watson, les musiciens d'Ike Turner, un membre des Blind Boys of Alabama...j'en oublie) s'y sont précipités pour partager le Blues, partager la Musique, échanger des Emotions avec tous les passionnés présents, qu'ils aient été musiciens ou spectateurs.

Bon, j'en arrive à mes impressions.

Ike Cosse (photo Guy Benech)
Ike Cosse (photo Guy Benech)

Mr Tee (photo Guy Benech)
Mr Tee (photo Guy Benech)

Blind Boys Of Alabama (photo Guy Benech)
Blind Boys Of Alabama (photo Guy Benech)

Bobby Rush (photo Guy Benech)
Bobby Rush (photo Guy Benech)

Je dis plus haut que "...des artistes ont "tapé" dans l'oreille du public...". C'est aléatoire l'appréciation... Par exemple Ike Cosse, beaucoup en ont dit ou écrit, qu'il était "La Révélation". Bon, c'est sûr, il est sympa, abordable, humble. Mais pour moi, c'est passé sans plus. J'ai préféré Robert Belfour, Fruteland Jakson et surtout Guy Davis. Mr Tee, du Feeling, du jeu, mais c'était trop long et il a, je pense, cassé l'ambiance à la fin, lorsqu'il a fait sortir ses musiciens un par un.

Jimi Vaughan : Ouais, c'est très bon mais, c'est un G R A N D Monsieur, il a fait court et je l'ai trouvé un poil froid. Ca fait drôle, une première partie qui dure le double de la seconde...
Jimi Vaughan (photo Guy Benech)
Jimi Vaughan (photo Guy Benech)

Ike Turner (photo Guy Benech)
Ike Turner (photo Guy Benech)

Ike Turner : On le décrit irascible, prétentieux, j'irais jusqu'à dire violent. Faut dire qu'il a des antécédents connus le gars. J'ai vu un Monsieur content d'être là, qui est une légende vivante, avec un palmarès et des compositions à faire pâlir pas mal de monde. Au cours des balances (elles sont publiques et ça, c'est super), il travaillait avec ses musiciens sur la mise en place de quelques morceaux. Il plaisantait, il souriait, ça faisait plaisir à voir. Le soir même, lors de son concert, nous avons eu droit à la grande classe. Bon, c'est sûr qu'il aurait pu jouer un peu plus de guitare, mais c'était bon quand même. Le seul moment où on l'a vu "limite colère", c'est quand il a cassé deux cordes coup sur coup. Personnellement, à sa place, j'aurais réagi pareil.
J'ai passé un bon moment. Le seul petit "hic" (et encore), c'est quand sa compagne est arrivée. J'avais un sentiment bizarre de déjà vu et entendu. Par contre, elle avait le talent, la voix et tout ce qu'il faut, où il faut... Il a du mal à oublier le passé, le Monsieur...

Les Blind Boys Of Alabama : Alors là, j'ai "craqué". Il s'est passé quelque(s) chose(s), j'ai fini le concert en larmes. Oui, ça m'a ému à ce point. J'ai reçu une leçon de jeunesse. Quand on pense à l'âge de ces gars-là, au "feeling" qu'ils dégagent ! Chapeau Bas, Messieurs Dames ! Bon, la mise en scène, j'en conviens, était "cousue de fil blanc", mais c'était tellement bon. Un grand moment.

Bobby Rush : Je ne comprends pas l'anglais lorsqu'il est parlé à la vitesse normale : faut me laisser le temps. J'avais pas trop de problèmes avec Bobby Rush pour comprendre de quoi il parlait. C'était souvent, voire constamment, sous la ceinture. De plus, il était flanqué d'une jeune fille très en formes, quatre fois plus (au moins) que la compagne d'Ike Turner, sauf qu'elle ne chantait pas : elle remuait dans tous les sens (moi, en tout cas, elle ne m'a pas remué les sens...). Je n'ai franchement pas apprécié. J'ai eu le temps de voir notre René Malines National à nous qu'on a, en grande conversation avec Bobby. Je l'ai même vu se faire offrir une "Petite" culotte...

Isabelle et moi, on a filé écouter les Hoodoomen. Là, c'était comme à leur habitude : grandiose. J'avoue que je suis "Fan" des ces Normands-là. Je sais aussi que je ne suis pas le seul (Hey ! C'est pas vrai, les Greenwoodiens ?... ;-D ).
Le jeune trompettiste et le sax des Texas Trumpets sont venus ajouter un peu plus de magie au moment. Quelle classe, ces deux-là ! Ils arrivent d'on ne sait pas où, ils soufflent, que dis-je, Ils jouent et ça sort illico, ils ont une faculté d'adaptation qui m'a laissé rêveur.
C'est ces instants-là que tout le monde aime à Cognac.

Down Tyler Watson (photo Guy Benech)
Down Tyler Watson (photo Guy Benech)

Pour nous et tous les festivaliers, LA révélation c'est : Down Tyler Watson et son guitariste. Quelle Grande Classe, quelle aisance, quel talent, quelle voix, quelle gentillesse, quelle noctambule... On a entendu parler d'une certaine nuit qui s'est terminée dans la fontaine de la place François Ier (C'est vrai, hein! Mo? ..... ;D ).
Depuis fin juillet, son CD est régulièrement sur ma platine.
Une autre anecdote : nous nous sommes permis, Isabelle et moi, de lui envoyer un mail perso pour lui dire le bien que nous pensions d'elle. On a d'abord reçu une réponse automatique et, à peine quelques jours plus tard, sa réponse à ELLE, vous vous rendez compte... Tenez, je ne peux pas m'empêcher de vous faire lire sa réponse, tellement elle lui ressemble :

"Hey Gerald ! [Heu ! En fait, c'est Gérard. Mais bon, je lui pardonne]
Im glad you like the CD...merci beaucoupe !
Et merci pour ta temps de me faire un pitite note aussi. Soyez certains, que j'ai des beau reves tout le jours de Cognac!
Au moins, j'ai des beau souveniers bien sur!
A la prochaine fois, j'espere!
Peace...dtw

SVP, excuse mon Franglaise!!!"

Copyright : Down Tyler Watson et ma boite E-mail

Pour les autres artistes, je vous les donne en vrac car c'est trop dur de les classer. Des mots me viennent constamment à l'esprit pour des qualités communes à tous ces artistes : le Talent, l' Humilité et la Gentillesse.

Elmore D (photo Didier Taberlet)
Elmore D (photo Didier Taberlet)
Elmore D : j'avais fait sa connaissance l'an dernier car nous étions dans le même hôtel. Il est attachant, gentil, authentique, humain... J'ai partagé avec lui un moment magique lors d'un "bœuf" organisé au pied levé par, notamment, Jocelyn. Je l'ai écouté deux fois, au resto devant le musée et le matin dans le parc : à chaque fois c'était Magique. De plus, il est accompagné par des musiciens talentueux.
Tenez, je vous mets un article de la "CHARENTE LIBRE" qui parle de lui:

"ELMORE D, le Belge inclassable"

"Il est étonnant. Il joue un Blues traditionnel presque archaïque, un registre casse-gueule pour un Européen. Mais il a un feeling, un son, un sens du rythme qui le rendent totalement crédible. Si on écoute les yeux fermés, on se croirait dans un vieux bush du Mississippi avec un noir qui joue de la guitare. Et pourtant, je crois qu'il n'est même pas musicien professionnel."

Copyright : la CHARENTE LIBRE du Jeudi 25 Juillet 2002


John Primer (photo Yann Renoul)
John Primer (photo Yann Renoul)

John Primer : quelle Classe, quel "feeling". Quand je pense avec qui il a joué, ce gars-là, ça laisse rêveur. Pas prétentieux pour un sou, quand il joue, acoustique ou électrique, ça joue, avec en plus de l'humour et des mimiques pendant et entre chaque morceau. Un Régal !

Little Smokey Smother : Alors lui, c'est LE gamin ! Il a la même flamme dans le regard que celle se trouvant dans les yeux des enfants, un côté un peu "filou", toujours l'air d'avoir envie de faire un "bon coup". On s'en est rendu compte lors du concert sur la grande scène, c'était comique,
Little Smokey Smother (photo Guy Benech)
Little Smokey Smother (photo Guy Benech)

Gérard Tartarini et Jean-Michel Borello (photo Samuel Brejeon)
Gérard Tartarini et Jean-Michel Borello
(photo Samuel Brejeon)

même John Primer était soufflé et visiblement pris au dépourvu. J'ai eu l'impression qu'il pensait, tout en ayant un profond respect : "Quel drôle de sacré petit bonhomme !".
Little Smokey chante, joue, re-chante, re-joue, John intervient, il lui reprend le micro et chante. Pendant ce temps-là (ploum, ploum, ploum), Little Smokey passe par derrière, en douce, et va chanter dans un autre micro.
Coucou ! J'suis là, Hey! On n'me la fait pas! Il chante, il joue, il re-chante, Hey! Baby !...Ho! Baby !... A le voir remuer des hanches, on voit bien à quoi il pense, Little Smokey ! John reprend le micro et le chant et ça recommence....C'était Génial.
Je veux le même regard et la même énergie quand je serai vieux comme lui...;-)

Matthew Skoller : Le pauvre, avec les deux Stars à ses côtés (John et Little Smokey Smother), il est un peu passé inaperçu.

Peter Nathanson : Il joue vite, voilà...

Guy Roël : L'homme-orchestre, originaire du Territoire de Belfort. Il connaît ses classiques et il les chante, il les vit. Ca fait plaisir à entendre et à voir. J'ai apprécié son utilisation parcimonieuse des pédales effets, juste ce qu'il faut pour donner de la couleur et surtout sa plaque de cuisinière (c'est lui qui me l'a dit), avec laquelle son pied gauche marque le tempo.

Bo & The Reapers : "A la bonne franquette" comme on dit [NDLR: le groupe Mo & The Reapers est devenu Bo & The Reapers depuis le récent départ de Mo]. Je passais place François Ier alors qu'ils s'installaient. Je m'approche pour faire connaissance avec le "Jean-Michel63" de la liste LGDG, je me présente, on sympathise vite avec Bo et ni une ni deux, il me propose de jouer un morceau avec eux sur scène. Pris au dépourvu je bre-bredouille un pe-peu que heu... Et puis, me voilà, 10 minutes plus tard, en train de répéter mon "Parano-Blues" avec Bo, derrière la scène. Quel moment pour moi...C'était la première fois que je le jouais, accompagné par un Dobro et une contrebasse. Super!
J'ai aussi entendu, trop peu, hélas, Mo qui a joué avec son ex-groupe juste après moi, quel harmo!

Je ne suis pas resté car j'étais attendu pour "bœufer". Encore un grand moment ! Imaginez sur quel nuage je pouvais être, je me trouvais avec des gars dont j'entends parler à longueur de "Gazette", "Fanzines" et "Revues" Blues :
Arnaud Fradin, Mr Chang, Elmore D, Alberto "Blue Eyes" Colombo, Alain Dorlet, Anthony Stelmaszack (guitariste des Flyin' Saucers) qui joue aussi très bien de l'harmonica, Kevin Double (harmoniciste et chanteur de Scratch My Back) et d'autres... ma mémoire flanche....Jocelyn ! à l'aide ! Help ! Aiuto !

Texas Trumpets (photo Guy Benech)
Texas Trumpets (photo Guy Benech)

Egidio
Egidio "Juke" Ingala (photo Guy Benech)

Texas Trumpets : Des jeunes et des vieux qui jouent ensemble c'est vraiment sympa. C'était pas toujours Blues mais c'est pas grave. Moi, j'ai apprécié.

Mudzilla: La Patate, le Swing, ça fait plaisir à voir et à entendre. Je suis toujours impressionné par la maîtrise instrumentale de tous ces jeunes.

Egidio "Juke" Ingala : L'Italien d'origine Portugaise. Comment je le sais ? Oh ! c'est pas dur : quand, dans l'enthousiasme, je lui ai crié "Forza Italia !", il m'a répondu qu'il était Portugais.
Quel harmo, quel swing aussi et quel Talent, ce gars-là (Ouais, je sais, elle est facile) ! En tous cas, ça m'a plu un max ! Il paraît que la veille au soir, c'était encore mieux. Ca laisse encore rêveur. Par contre, j'ai vu Pascal Fouquet des Hoodoomen ( en fait les Hoodoomen au complet) qui était visiblement impressionné par le jeu de guitare du jeune Alberto "Blue Eyes" Colombo. (Quand je pense que moi, je suis impressionné par le jeu de Pascal, tout est relatif, comme on dit...). Le batteur, Gio Rossi, discret mais bougrement efficace. Egidio passe aussi assez régulièrement sur ma platine. Son CD m'a permis de découvrir un certain Alex Schultz, guitariste de son état. Que dire de lui ? Hou-La-La !!! J'ose pas imaginer le Carton s'il venait à Cognac...

A Cognac Blues Passion, c'est pour le Blues que nous y allons, mais ce n'est pas seulement pour ça. Le temps y est comme "suspendu" pendant quatre jours, on est ailleurs. Tu croises tel ou tel artiste dans le parc, dans la rue, à la supérette, au resto...

RRRRRRRAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHH!!!!!! Vivement l'an prochain!

Gérard Tartarini (photo Luca Lupoli)
Gérard Tartarini (photo Luca Lupoli)

Et puis, cette année, j'ai eu ma petite fierté, mon festival à moi, j'ai profité de la scène ouverte qui était proposée (très bonne initiative, à renouveler). De plus, j'ai eu du pot car j'était le seul prétendant ce jour-là.
Et bien, comme on m'a proposé, je suis resté, j'en ai disposé et bien profité. J'avais un trac Enorme ...

PS: Il y avait d'autres groupes et artistes. Si je n'en parle pas, c'est parce que je ne les ai pas entendus : on ne peut pas être partout. Je dirai que c'est le côté négatif du festival.

re-PS : Et puis, au fait, j'avais construit un panneau "Place de Greeenwood, qui a permis à pas mal de Greenwoodiens de se connaître. Ca aussi c'est Cool!

Place de Greenwood!
Place de Greenwood! (photo Xavier Delta Blues)

boeuf avec Elmore D, Alberto Blue Eyes Colombo, Anthony Stelmaszack, Gérard Tartarini

boeuf avec Elmore D, Anthony Stelmaszack, Alberto Blue Eyes Colombo,Gérard Tartarini (photo Samuel Brejeon)

John Primer et L.S. Smothers 'the blues is alright' (Cognac Sam. 27/07/02) photo:Samuel Brejeon
John Primer et L.S. Smothers 'the blues is alright' (photo:Samuel Brejeon)

Elmore D (photo Didier Taberlet)
Elmore D (photo Didier Taberlet)

... d'autres photos de Cognac 2002 sur bluesnet.didtab.org/page26.html et sur www.bluesandbleus.fr.fm/

Retrouvez le Festival de Cognac dans la Gazette de Greenwood:

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Festival de Jazz à Vienne

date: 21 août 2002
de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>

Tout d'abord, le programme Blues (In et Off) de cette édition 2002:
29 juin au 6 juillet: Mouss à La Taverne Maître Kanter.
29 juin : Bencho au Bar de l'Hôtel de Ville.
01 juillet : Bencho au Bar du Temple.
01 juillet : Marco Triax au Tropical Café.
02 juillet : Shemekia Copeland au Théâtre Antique de Vienne.
02 juillet : Jean-Jacques Milteau au Théâtre Antique de Vienne.
02 juillet : Buddy Guy au Théâtre Antique de Vienne.
02 juillet : Shemekia Copeland au Théâtre Municipal de Vienne.
02 juillet : SOS Blues au West Saloon.
03 juillet : Brutus au West Saloon.
03 juillet : Marco Triax au Bar de l'Hôtel de Ville.
05 juillet : Bencho au Bar de l'Hôtel de Ville.
08 juillet : Jeff Toto Blues au West Saloon.
09 juillet : Double Stone Washed au West Saloon.
09 juillet : Marco Triax au Bar de l'Hôtel de Ville.
10 juillet : SOS Blues au West Saloon.
11 juillet : Electric Lady Band au West Saloon.
11 juillet : Bencho au Bar de l'Hôtel de Ville.
12 juillet : Railroad Crossing au Tropical Café.

Pour débuter en bleu ce festival de jazz à Vienne, c'est un groupe de la région lyonnaise, Bencho, qui attira mon attention. Ce groupe est assez souvent annoncé dans les "lieux blues" de la région sans que j'aie encore eu l'occasion de les voir. Etiqueté blues-rock, dans les programmes, y compris ce soir-là où le Bar du Temple les recevait, je fus assez surpris par le répertoire joué. En effet, en guise de blues-rock, ce sont des chansons de Souchon, Jonasz, Brassens, entre autres, qui ont été reprises. Etait-ce une demande du Bar du Temple pour toucher un public éclectique ? Est-ce une mauvaise étiquette que traîne ce groupe ? En tout cas, c'était pas très blues tout ça !
Il me faudra donc les revoir pour constater de quel "blues-rock" ils sont vraiment capables.
 
Le temps fort (blues) de ce festival est la Nuit du Blues qui a eu lieu dans le Théâtre Antique. Une affiche prestigieuse pour cette 22ème édition de Jazz à Vienne. Jugez-en plutôt : Shemekia Copeland, Jean-Jacques Milteau, Buddy Guy.
Tout d'abord, Shemekia Copeland, fille de feu Johnny Copeland, grand guitariste et bluesman Texan. J'avais un préjugé négatif, je l'avoue, sur cette artiste qui ne m'avait pas convaincu lors de la sortie de son album "Turn The Heat Up" en 1998. C'est donc avec curiosité que j'allais assister à un de ses concerts. Je ne fus pas déçu.
Elle a fait preuve d'une énergie, d'un enthousiasme entraînant. Son blues se décline aussi en soul ou en rock (le guitariste Arthur Neilson jouait d'ailleurs très rock à mon goût) mais ce qui surpasse tout, c'est le chant de Shemekia. Pétrie de gospel, la voix est puissante, généreuse et pleine d'émotion. Pour ma part, la chanson qu'elle a dédicacée à la mémoire de son père fut un grand moment.
Son set fut trop court. A son départ, le public déchaîné en redemandait et l'a applaudie jusque dans les coulisses où un cameraman la suivait. Mais l'organisation du Festival décida de nous laisser sur notre faim, avec une possibilité de rattrapage au Cercle de Minuit, au Théâtre Municipal, où Shemekia terminait la soirée.
Dona Oxford était aux claviers, Eric King à la basse, et Barry Harrison à la batterie.
 
Notre Jean-Jacques Milteau national suivait et, accompagné du compère Manu Galvin, nous a donné un formidable spectacle. Pour avoir vu Jean-Jacques Milteau à trois reprises cette dernière année, et Manu quatre fois, ce concert fut mon préféré.
D'abord, Jean-Jacques communique beaucoup. Avec les musiciens, ce qui aide à la cohésion de l'ensemble, mais surtout avec le public, ce qui en fait un personnage sympathique et attachant. Quelques vannes au pote Manu, quelques critiques habituelles sur l'actualité, on est dans leur univers et le courant passe.
On apprécie d'autant plus la musique avec un répertoire choisi pour l'occasion, c'est à dire axé à quatre-vingt pour cent sur le blues. La promotion de "Memphis" n'a même pas été prédominante et Jean-Jacques nous a donné un aperçu de la large palette de son talent, y compris au chant où il a fait d'énormes progrès.
Manu m'a beaucoup plu, notamment à l'électrique (pour l'acoustique, je pense que je ne pourrai définitivement pas supporter le son de sa Takamine).
Benoit Sourisse était à l'orgue, André Charlier à la batterie, Bobby Rangell au sax et à la flûte, Jean Gobinet à la trompette et Damien Verherve au trombone.
 
Puis est arrivée la vedette tant attendue, la légende vivante : Buddy Guy. Certes, ce n'était pas la première fois que Buddy honorait le Théâtre Antique de sa présence, puisqu'il est venu à Vienne en 1998. Mais bon, un concert de Buddy Guy, ça ne se refuse pas.
Buddy a commencé son concert par Muddy Waters avec Mojo Working puis a enchaîné Five Long Years. J'étais alors comblé car la soirée s'annonçait très blues alors que les rumeurs sur ses derniers concerts étaient plus que mitigées. Ainsi, les vingt premières minutes furent un bonheur.
Ensuite, Buddy Guy est parti dans un jeu plutôt rock avec un son très agressif. Il arrivait qu'il ne finisse pas ses titres, rendus brouillons par un jeu trop bruyant, ou joués si faiblement qu'on ne les entendait qu'à peine.
L'organiste Tony Zamagni, s'il a de la présence, ne m'a pas convaincu et, incité par Buddy à prendre des solos, martelait inutilement son clavier. Là, la suite du concert s'annonçait plutôt mal et Buddy ne semblait pas motivé pour jouer.
J'ai cru un moment qu'il allait se reprendre avec Feels Like Rain ou Damn Right I've Got The Blues et même avec Boom Boom que son second guitariste, Frank Blinkal au bottleneck, a malheureusement massacré. Non, décidément la soirée ne semblait pas lui convenir et il se contentait de marmonner en faisant des grimaces. Pour le côté show, on a eu droit à près d'une dizaine de minutes ou Buddy Guy s'est promené dans les gradins, chose qui plaît toujours énormément au public. C'aurait pu être encore plus plaisant s'il avait joué avec moins de rage sur sa guitare souvent désaccordée.
Une nouvelle fois, j'ai espéré qu'il s'assagisse lorsqu'il prit en main sa guitare acoustique en s'asseyant sur un tabouret de bar. Il joua Done Got Old? et ce fut magnifique. Pour la suite, il essaya d'imiter Marvin Gaye, toujours à l'acoustique, et là, de nouveau, je ne comprenais plus. Puis, il imita un shuffle à la SRV.
Terriblement déçu, je quittai alors le Théâtre Antique en entendant encore Buddy reprendre un SRV et, me semble-t-il (j'étais déjà loin), jouer Sweet Home Chicago.
Jason Moynihan était au sax, Orlando Wright à la basse, et Jerry Porter à la batterie.
 
Etonnamment, cette Nuit du Blues restera dans ma mémoire pour l'excellente prestation de Jean-Jacques Milteau et l'agréable découverte de Shemekia Copeland. Quant à Buddy Guy, l'ayant déjà vu bien meilleur, je n'ai pas du tout compris son attitude.
Pour ce qui est des photos de cette Nuit du Blues, je n'en ai aucune à proposer, et pour cause! Cette année, même le Théâtre Municipal qui, habituellement, autorisait les photos, a décidé de refouler les photographes. Le blues ne mérite donc pas d'être médiatisé?
 
Lilian des
Double Stone Washed Après une Nuit du Blues aussi étonnante, je ne pouvais qu'être conforté dans l'idée que le "off" du festival pouvait (pour le blues) se révéler tout aussi intéressant, voire plus. En particulier, le West Saloon proposait une programmation alléchante sur les deux semaines du festival, avec des groupes rock, blues-rock, country, blues. Ma première rencontre fut Double Stone Washed.
Venu du sud-ouest de la France, ce groupe existant depuis une dizaine d'années tourne beaucoup et affiche donc de nombreux concerts à son actif.
A l'honneur, lors du premier set, des reprises de Willie Dixon, Muddy Waters, John Lee Hooker, ZZ Top, Dr Feelgood. Bref, des morceaux pleins de punch. Ce set fut une présentation complète de leur dernier album "Don't Stop Washing", avec un son et une interprétation d'ailleurs assez proches du CD. L'esprit blues-rock à la Dr Feelgood qui est une de leur influence majeure et revendiquée, est très présent, surtout lors du deuxième set.
Mais revenons au premier, plus blues, qui fut l'occasion de voir le talent de ces musiciens. Lilian Descorps, l'harmoniciste-chanteur a une voix rauque, un peu sombre, qui va bien au blues et au blues-rock, à cette musique "pour les barbus et mal rasés de tout poil", comme il dit.
Aux guitares, les frères jumeaux, Franck Villafagne à l'électrique et Frédéric à la basse. Ils sont bons, efficaces, ils n'en mettent pas plein la vue mais bon, ce n'est pas forcément ce qu'on leur demande.
Le batteur, Julien Bigey, est jeune et (est) prometteur. Laurent Chêne, harmoniciste, n'a pas joué ce soir-là.
Double Stone Washed nous a donné un bon concert qui a bien plu à la clientèle plutôt branchée biker du West Saloon.
 
Marco Triax Je devais terminer la soirée avec un autre groupe très présent dans la région lyonnaise, Marco Triax.
Lui aussi présenté comme groupe de blues-rock, je le retrouvai sur la place de l'Hôtel de Ville, invité par le Bar de l'Hôtel de Ville. En guise de scène, il s'agissait d'un tapis étendu au centre de la place qui est habituellement un parking. On ne peut plus sommaire... Condition difficile donc, devant un public clairsemé.
Marco est le guitariste-chanteur du trio, alors que Jean-Yves Brunel tient la basse et Patrice Olmos est à la batterie.
Marco est un bon guitariste, peut-être trop. C'est à dire qu'il a la technique, il joue vite, mais ne transpire pas de feeling. Très concentré sur son jeu, il semblait tout de même crispé, et à mon goût jouait de façon "aseptisée". Il n'empêche, avec un peu de temps, il prendra de la bouteille (je ne parle pas là d'alcoolisme ;-) ) et il y a de très bonnes choses à attendre de ce groupe.
Pour répertoire, tel Everyday I Have The Blues, Marco choisit principalement des blues, mais pencherait parfois sans peine vers la country électrique ou le rock.
 
SOS Blues Le 10 juillet, c'est SOS Blues qui assurait le concert au West Saloon. L'endroit est toujours aussi sympa et la petite scène accueillait cette fois une petite formation : deux personnes.
Le chant, la guitare, la batterie (caisse et percu) sont l'affaire de Fabrice Réno (qui pour certaines dates se produit seul). L'harmonica et parfois le chant, sont pour Pierre (?).
SOS Blues Cette recette fonctionne plutôt bien et nous a donné un résultat de qualité, dans la joie et la bonne humeur. Ces deux-là sont en effet là pour se faire plaisir, et faire plaisir à leur public par la même occasion. Ainsi, le show inclut quelques blagues, quelques gags (comme celui où Fabrice joue de l'harmonica alors que Pierre l'entourant de ses bras joue sur sa guitare. Je vous rassure, ça passe mieux en le voyant), et le but affiché est de passer un bon moment.
A deux, les interprétations de standards comme On The Road Again, The Sky Is Crying, Rollin' On The River des Creedence, Blues Suede Shoes prennent une nouvelle couleur, peut-être pas toujours très blues, mais qu'il n'est que plus plaisant d'entendre revisitées. A signaler, une belle version de Life By The Drop.
Après une plainte du voisinage qui a franchement refroidi l'assistance et les musiciens, des titres plus "softs" devaient être joués. Message In A Bottle ouvrit la porte à des titres plus orientés pop-rock FM. Dommage.
Pour passer un bon moment, SOS Blues est à ne pas rater, et pour ne pas bouder son plaisir, choisir une date en salle ;-)
 
Je devais terminer cette édition du festival avec les Railroad Crossing au Tropical Café. Ce groupe stéphanois n'est pas moins composé de musiciens de qualité : Les frères Védèche (Alain au chant et guitare, Gérard au dobro) et Mustapha "Mouss" Idir à la contrebasse.
A première vue, le problème qui s'offrait ce soir-là était dû aux intempéries qui poussèrent le groupe à jouer dans le bar qui n'est pas du tout prévu pour cela (peu de place, beaucoup de résonance). Autre inconvénient, la clientèle qui fait office de public était surtout présente pour la mousse du zinc et pas pour les musiciens.
Ainsi, difficile de trouver le répertoire qui va enfin attirer l'attention et encourager à jouer. Cependant, ils ne s'en sont pas trop mal sortis. Les chansons, surtout des standards de blues, étaient pour la plupart issues de leur album "Living On The First Floor". A celles-ci se sont rajoutés quelques titres plus populaires et des titres écrits par Mouss comme Je Roule Cool.
Ce groupe a donc donné une prestation en deçà de son véritable talent. Pour preuve, le concert à Salaise/Sanne, à l'automne dernier, se déroulait dans de bonnes conditions (une toute autre logistique) et était bien meilleur. Ne pas hésiter à aller les voir et les revoir.

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GrésiBlues Festival

date: 7 août 2002
de: Aliocha <al.blues2000@magic.fr>

Pour sa troisième édition, le GrésiBlues Festival semble avoir pris un bon rythme de croisière après quelques incertitudes d'origine politique : le festival n'étant plus une priorité pour une certaine commune, c'est finalement la ville de Crolles qui a repris les choses en mains.

Le festival a pour but de faire connaître le blues par des concerts, bien sûr, mais aussi par des stages de guitare avec Peter Nathanson et Thierry Anquetil, d'harmonica avec Greg Szlapczynski, de batterie avec Eric Tiévon, de basse, de clavier (la charmante pianiste du groupe de Greg Szlapczynski, voir plus loin) et de chant. Et les organisateurs ont l'ambition de prolonger leur action tout au long de l'année avec la programmation future d'autres concerts et autres master classes.

L'édition 2002 avait commencé au mois de mars par un concert de présentation du festival en lui-même avec, en première partie, le Grésiblues School Band, puis le groupe Awek.

Il a fallu attendre le 22 juillet pour que les festivités reprennent avec, comme concert d'ouverture, le Grésiblues School Band : je n'ai pas assisté à ce concert, mais j'ai eu l'occasion d'entendre les élèves, à plusieurs reprises, en première partie des concerts gratuits de la semaine. Si l'initiative est fort louable, le résultat écorche un peu les oreilles quand même quand on aime le "vrai" blues ... mais bon, l'ambiance est bonne, et les élèves se font plaisir. Donc, tout est pour le mieux.

Le 23 juillet, c'est le Thierry Anquetil Blues Band qui a succédé à quelques morceaux des élèves. Je ne le connaissais pas et j'ai beaucoup apprécié ce bon chanteur-guitariste qui a pour modèle Freddie King et non pas SRV ou Hendrix : ça fait du bien de temps à autre. Seule ombre au tableau : son guitariste rythmique qui, lui, était resté bloqué sur SRV and Co. Pour finir le concert, une bonne jam avec Peter Nathanson et Barefoot Iano (excellent harmoniciste chanteur australien vivant à Grenoble).

Le 24 juillet, la soirée s'est ouverte par un morceau des profs. Dur pour leurs élèves de passer après, mais bon. Ensuite, Jean Chartron a assuré un set gentiment acoustique, seul à la guitare. On est loin du bon gros feeling blues façon Delta du Mississippi, mais c'était gentil comme tout. Ensuite, un groupe local orienté acoustique a terminé la soirée sur un répertoire alternant reprises et compos. L'harmoniciste (Philou, très actif dans la région) est bon, mais ne devrait pas trop chanter (même du Benoit Blue Boy), le guitariste chanteur a une belle voix mais un jeu de guitare (électro-acoustique) trop passe-partout et assez fade à la longue. Mais le groupe tourne bien, ça sonne plutôt pas mal.

Si quelqu'un ne connaissait pas le blues, c'est le lendemain qu'il allait se prendre sa claque. En effet, le 25, après l'habituelle première partie des élèves (en net progrès) clôturée par les profs (jouant Smoke On The Water mais pas à leur instrument : Greg à la guitare, Anquetil au clavier, etc ...), ce fut au tour de Doo The Doo de mettre le feu. Les organisateurs, en début de semaine, annonçaient qu'il s'agissait d'un des derniers concerts du groupe, et que donc Benoit Blue Boy, qui devait jouer le lendemain, viendrait un jour en avance pour assister à l'événement.

S' il s'agissait d'un de leur dernier concert, c'est vraiment dommage qu'ils arrêtent, tant le groupe est uni et sonne bien. Je les avais vus avec Zeb il y a quelques temps, et je comprends maintenant les quelques critiques formulées à la formation à cinq ... enfin à deux guitares, car il y avait aussi un percussionniste en cinquième homme lors du dernier concert. Dans la formation sans Zeb, aucune personnalité ne semble dominer les autres : on a vraiment l'impression d'un groupe sans leader ni voix dominante. La musique est moins swing qu'avec Zeb (tant pis, on ne peut pas tout avoir), les amateurs de guitaristes virtuoses sont moins à la fête car Jimmy, qui m'avait semblé limité aux côtés de Zeb, est ici impérial dans un style sobre, agréable, efficace et totalement approprié à la musique jouée. J'ai pensé aux Fabulous Thunderbirds de la grande époque, au swamp blues. Et Elmore ! Une bête de scène mais surtout un grand harmoniciste ! Tour à tour délicat et sensuel, puis rageur et survolté ; mais toujours subtil et totalement dans l'esprit : il a les moyens de tirer la couverture à lui question applaudimètre, mais c'est le groupe qui compte. Et Mig reste un excellent chanteur : j'avais eu le coup de foudre pour lui à l'époque de Shake on Shake (putain, 6 ans déjà !), et même si je ne le reconnais jamais physiquement (cheveux bouclés, puis chauve, puis des cheveux mais 10 kg en moins ...), sa voix reste une de mes préférées. En plus, maintenant, il joue de la contrebasse électrique ... Doo the Doo : un casting top de top.

Après un bon concert de plus de 1h30, le public était toujours là, nombreux (il n'y avait pas eu de défection dans les rangs, contrairement aux autres soirs où les rappels étaient réclamés en petit comité) pour voir se joindre aux Bretons des membres (présumés) du groupe de Benoit Blue Boy : Thibaut Chopin à la basse, Stan Noubard-Pacha, puis un Texan dont j'ai oublié le nom à la guitare, un trompettiste, Rickie Moralez au chant et à l'harmonica (il devrait moins boire, le monsieur) et, bien sûr, Benoit Blue Boy lui-même. Les co-listiers savent que je ne suis pas fan du monsieur, mais en tant que guest chantant en anglais, j'ai été conquis. Bref, après une heure de bœuf, le concert a pris fin. Un très grand moment de blues, tout simplement.

Le lendemain, le 26, le premier concert payant présentait Nina Van Horne puis Benoit Blue Boy. Je n'ai pas assisté à ce concert, qui n'a pas fait salle comble : 300 personnes, selon les organisateurs, pour une salle qui peut en accueillir (je pense) près de 800.

Et enfin, en clôture, Bill Deraime en première partie de Greg Szlapczynski. Cette fois-ci, la salle était remplie. J'ai découvert que le public qui va voir Bill Deraime est bien plus large que le public blues 'de base' : jeunes rastas, jeunes filles en pleurs comme à un concert des L5 (véridique), soixante-huitards écolos .... Visiblement, ce fut un bon concert de Bill Deraime, malgré de petits problèmes de ventilateur lui cassant la voix. Mais trop de reagge pour moi : je ne suis pas particulièrement fan, mais j'ai passé un moment sympathique. Seul reproche à faire : le fait que la première partie soit en fait l'attraction principale. Car : concert qui commence à 21h + retard de 20 minutes + deux heures de concerts + pause = la deuxième partie a commencé à près de minuit : pas le top pour faire découvrir un artiste moins connu.

Moi, j'étais venu pour Greg, donc je suis resté sans râler, mais tout le monde n'en a pas fait autant. Et c'est tant pis pour eux. Je préfère le dire tout de suite : ce ne fut pas un concert de blues exclusif (pas plus que Bill Deraime d'ailleurs). Il y a eu du blues, mais aussi de la java, du tango, de petites touches electro, jazzy ... le melting pot dans tout ce qu'il a de meilleur à apporter à la musique. Bref, on est loin des mélanges mercantiles qu'on trouve dans la world. Ce concert était visiblement le reflet de son dernier disque (que je n'ai pas encore écouté). Entouré d'un groupe hétéroclite, Greg Szlapczynski a réussi a créer un univers personnel que le temps permettra de consolider et d'affirmer. Autour de lui, on trouve un batteur au look rasta déclanchant des samples, versé dans les rythmes issus de l'electro mais aussi très à son avantage dans les rythmes blues classiques et dans les moments jazz. A la basse électrique, une jeune femme qui, en plus de faire ce qu'on attend habituellement d'un (bon) bassiste, est charmante. Aux claviers, une autre jeune femme tout aussi charmante que sa collègue : ici, on rentre franchement dans une couleur jazzy, elle n'avait pas la fluidité d'un Bill Evans mais elle assurait bien son rôle. Enfin, à la guitare, un bon guitariste au style à mi-chemin entre jazz (Scofield-Frisell) et blues (surtout dans les passages acoustiques) qui n'en fait pas trop (pas trop vite, pas trop saturé) et reste toujours dans l'esprit avec sobriété. Enfin, Greg, qui est un excellent harmoniciste, ça on le savait déjà, mais aussi un bon compositeur. La seule limite à ce concert me semble venir (paradoxalement) de Greg qui compose parfois des choses "hors blues" mais, une fois la mélodie exposée, improvise peu dessus et laisse cette tâche aux autres : choix, ou limite de l'harmonica diatonique ?

Au final, une semaine de blues, sous toutes ses coutures. Un grand bravo aux organisateurs pour une belle réussite.

Le prochain (grand) rendez-vous blues dans la région sera le 26 novembre avec la Grenoblues Night avec Kenny Neal, le Chicago Blues Festival et Ike Turner.

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