La Gazette de GREENWOOD
n°44 (Juillet 2002)

Tome 1:
  
Tome 2
  • L’arrivée du Blues en France
  • Et la France découvrit le blues, 1917 à 1962: Introduction
  • Cyril Lefebvre: "Musique française et américaine de la même époque et d'il y a longtemps"





Tome 3
  • Ca n'Arrive pas qu'aux Autres !(Une galère bizarre autant qu’étrange)
  • Blues in Meudon:
    • Meudon, côté cour
    • Meudon, côté jardin
  • Boogietown: Elliott Murphy, John Hammond, Fred & the Healers et Alex Schultz, Canned Heat
  • Spring Blues Festival d'Ecaussinnes






Tom Cat:
Mississippi Heat: la saga

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A tribute to Jimmie Lee Robinson
Un voyageur Solitaire dans Maxwell Street

date: 9 juillet 2002
de: Phil CatFish <philpretet@aol.com>

La grande faucheuse vient d'emporter à 71 ans d'un mal incurable celui que l'on surnommait affectueusement le "Picasso du Blues" ou le "Prince du Blues". L'histoire retiendra de lui un guitariste exceptionnel, notamment à la douze cordes, un musicien intimiste, une voix gutturale et plaintive…

Maxwell Street Tear Down Blues est le titre emblématique de ce que fut le combat de Jimmie Lee Robinson pour la conservation du vieux Maxwell Street. Celui qui avait du sang indien Choctaw par sa mère Celia, fut bien avant Muddy Waters un habitué du quartier près duquel il était né en 1931, et dans lequel il a commencé à jouer de la guitare à l'âge de 11 ans. Son arrière grand-père Mose Jenkins, ancien esclave et porteur d'eau , devenu Pasteur, l'emmenait dans les rues de ce quartier mythique où il a rencontré ses premières idoles., C'est là qu'il rencontrera notamment Blind Percy qui lui apprendra à jouer de la guitare. En 1948, Jimmie rencontre Eddie Taylor avec qui il jouera jusqu'en 1952 à Chicago. Avec Freddie King il fait partie du band "The Every Hour Blues Boys" et partage plus tard en 1955 la scène avec Little Walter. Il joue en lead guitare derrière Little Walter sur Ah'w baby de la guitare rythmique sur The Toddle et de la basse en 1958 sur le légendaire Confessin' The Blues.

Il enregistre pour la première fois en 1953 avec le Sonny Cooper's band pour Parrot records.

En 1958, le titre Lonely Traveling sera publié sous le nom de Lonesome Lee. On trouve ses enregistrements des 60's sur le label Bandera (ACE CDCHD 808).

Jimmie Lee Robinson fut aussi un excellent sideman derrière d'autres légendes du blues comme Sunnyland Slim dans les 60's et Howlin' Wolf dans les 70's. Il tourne en 1965 en Europe avec l'American Folk Blues Festival et fait une apparition à Londres au Fairfield Halls en jouant de la basse Fender avec Buddy Guy, Eddie Boy et Big Mama Thornton.

Pendant les années 80 il ne fait pas parler de lui, à tel point qu'on le croit disparu de la scène chicagoane. Il effectue un come-back remarqué pendant les 90's en signant chez Delmark. Son cd, enregistré en 1993 "The Lonely Traveller" DELMARK DE-665 reçoit un excellent accueil de la critique, tout comme les deux albums qu'il enregistre sous son propre label Amina "Guns, Gangs and Drugs" (1996) et "Maxwell Street Blues" (1998) qui sont un mélange réussi de poésie et de blues le plus sombre. Il enregistre en 1996 "The Last American Bluesman" chez Midnight Creeper. (*)

Plus récemment en 2000 il avait enregistré chez APO, "Remember Me " et en 1999 "All My Life" (titre qui fut enregistré par John Mayall) qui resteront le dernier témoignage d'une sensibilité peu commune dans le blues. C'était un humaniste profond qui aura été le porte-drapeau d'une cause juste, celle d'un voyageur solitaire au sein de Maxwell Street, aujourd'hui décapité, qui restera le passage obligé et l'endroit culte du chicago blues pre et post-war.

So long Jimmie…

(*) discographie non exhaustive.

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John Lee Hooker

"When I die, they'll bury the Blues with me,
but Blues will never die"



Il y a un an, le 21 juin 2001, John Lee Hooker décédait... La Gazette de Greenwood lui rendait hommage dans son n°33 (Good bye, John Lee, and thanks for everything). Si John Lee Hooker n'est plus une légende vivante, il reste évidemment pour nous tous une légende tout court: le Blues.
Hommage à John Lee Hooker:






interview:

A Tribute To
JOHN LEE HOOKER

Par Tomasz DZIANO, bluesman polonais…

date: 7 juillet 2002
de: Phil CatFish <philpretet@aol.com>

Tomasz Dziano (guit, voc) est un musicien polonais qui sait ce que c'est que vivre le blues au quotidien, dans la rue. Cet écorché vif, hypersensible au monde qui l'entoure, s'est forgé une personnalité au contact des réalités d'un monde parfois dur et cruel. Au gré des engagements, Tomasz s'est construit petit à petit un palmarès enviable, en solo ou avec la formation Street Blues. Il a joué avec Magic Slim, Marva Wright, Bernard Allison, Eddy Clearwater, John Primer, JJ Milteau et au Rawa Blues en Pologne. Les amateurs de blues de la région lyonnaise le connaissent bien. Son blues polonais, inimitable, se distingue par son climat unique, ses influences bluesy, funky et rock. Un blues parfois sombre mais toujours poignant. Ce véritable fan de John Lee Hooker lui rend un vibrant hommage qu'il nous présente en exclusivité pour la Gazette de Greenwood.

Tomasz Dziano (photo Philippe Pretet) LGDG : Tomasz, tu es d'origine polonaise. D'où viens-tu exactement ?

TD : Je viens de Lodz, cité qui est jumelée avec Lyon. C'est une ville d'un million d'habitants avec beaucoup d'industries textiles au centre de la Pologne, à peu près à 100 km de Varsovie.

LGDG : On joue du blues à Lodz ?

TD : Tout à fait ! Je ne vois pas pourquoi on ne peut pas jouer du blues en Pologne ! Très souvent beaucoup de gens sont surpris quand on dit que l'on peut jouer du blues en Pologne ! (rires) Comme si c'était naturel que l'on joue du blues uniquement en Angleterre ou en France… (silence)

LGDG : Le blues est donc universel ?

TD : En Angleterre, c'est vrai que les musiciens ont beaucoup fait avec Eric Clapton, Peter Green… Mais si on réfléchit, la musique est mondiale, surtout quand on apporte une couleur différente au blues.

LGDG : C'est-à-dire ?

TD : Dans les pays de l'Est, on a une autre approche et interprétation de la musique. J'ai l'impression que l'on regarde plus les apparences à l'Ouest. On essaye plus d'imiter le style, copier les morceaux, faire sonner pareil que sur le disque.. Alors qu'à l'Est, on recherche plutôt le climat, mais pas les sonorités exactes. On dit en Pologne, que l'on doit ressentir le blues avant d'apprendre à le jouer.

LGDG : C'est ce climat que tu essayes de faire passer sur les deux albums " " Driving Licence " et " Prodigal Son " ?

TD : Tu sais, comme tous les musiciens on a tous des influences. On apprend à jouer comme cela. Après on est capable, sans préméditation, d'avoir un son et un style propre. On prend un petit peu de quelqu'un et en même temps on est sensible à toutes les sonorités que l'on reçoit.

LGDG : Parlons de tes influences ?

TD : C'est tout à fait clair que c'est John Lee Hooker ! Je pense que c'est quelqu'un qui m'a beaucoup marqué. J'aurais vraiment parcouru toute l'Europe pour voir son premier concert il y a une bonne quinzaine d'années. C'était à l'occasion de son European Tour avec l'album " The Healer " à Paris.

LGDG : Qu'est-ce que l'on ressent lorsque l'on a rencontré John Lee Hooker ?

TD : J'étais tellement charmé que j'ai oublié de prendre le dernier métro. J'ai galéré à pieds dans la cité internationale… (rires) J'avais envie d'avoir une conversation avec lui. Malheureusement ce ne fut pas possible. Il était bien protégé en backstage… En première partie il y avait John Hammond. Je le prenais pour un musicien noir car je n'avais qu'une cassette de lui en Pologne.

LGDG : Es-tu vraiment fasciné par John Lee Hooker ?

TD : Hum ! Il y a beaucoup de choses à dire ! Premièrement, sa voix est tellement chaude, paternelle, je le considérais comme un grand-père… Je pense que son originalité est sa façon de jouer de la guitare. J'ai toujours été frappé par les guitaristes et ceux qui disent que John Lee Hooker ne savait pas jouer de la guitare, qu'il taquinait la guitare avec un son pourri. Moi je me disais, p…. , un son pourri comme ça, aucun de vous ne peut avoir un son comme ça, qui est tellement pointu. Avec quelques notes, il pouvait dire tellement de choses. C'était la simplicité et en même temps, sa façon de jouer, rythmiquement, était vachement compliquée ! On peut soupçonner que c'était facile, mais peu de monde arrive à jouer comme lui et ne peut reproduire cette atmosphère, ce climat… en gardant cette simplicité.

LGDG : En quoi son jeu était-il " rythmiquement " compliqué ?

TD : La façon de traiter la guitare autrement. Très souvent il jouait en rythmique. Sa façon de jouer les basses, ça rappelle la contrebasse. Il touche les cordes à vide, on a l'impression qu'il y avait plusieurs guitares qui jouaient en même temps.

LGDG : John Lee Hooker disait : " personne ne sonne comme moi, et moi j'ai toujours sonné pareil ". Qu'en penses-tu ?

TD : Je pense qu'il a dit cela à la fin de sa vie. Peut-être ne se souvenait-il plus de son parcours ! (rires) Ce genre de phrases a dû être sorti de son contexte ! Il a appris à jouer avec son demi-frère, Willie Moore, mais a surtout créé un style personnel et unique, inimitable. Moi-même j'ai essayé, mais je n'ai pas pu ! (rires)

LGDG : Tu viens de réaliser l'enregistrement d'une démo en hommage à John Lee Hooker. Faut-il y voir un clin d'œil pour la commémoration de la date anniversaire de sa mort ? (silence) Je ressens John Lee Hooker comme quelqu'un qui a fait partie de ma vie en Pologne depuis très longtemps. Ca va peut-être faire sourire certaines gens… c'est difficilement compréhensible… mais sa musique est toujours présente en moi. Sa mort, je l'ai ressentie comme la mort d'un proche… Cela fait un an qu'il est parti. Cette date là m'a fait penser qu'il était temps que je fasse un hommage.

LGDG : quelques impressions sur les 13 titres de John Lee Hooker que tu as choisis dans ce " tribute " ?

TD : Je voulais montrer John Lee Hooker différemment de ce que les gens connaissent. Je n'ai pas choisi par exemple " Boom boom " ! J'ai privilégie les textes et les paroles qui traitent des sujets qui sont toujours d'actualité.

LGDG : Par exemple ?

Tomasz Dziano (photo Philippe Pretet) TD : La chanson " This Land " qui parle de ce qui se passe aujourd'hui. Que l'on se bat tous pour posséder quelque chose de matériel, pour avoir une terre. On provoque la guerre, et finalement on sera obligé de mourir et de laisser la terre qui n'appartient à personne. Cette chanson va plus loin qu'un simple blues.

LGDG : tu es donc attiré par les textes à thème ?

TD : Oui, tout à fait. Par les sujets qui nous touchent. Autre chose que l'histoire de quelqu'un qui nous quitte…

LGDG : est-ce que tu te retrouves dans ce que John Lee Hooker a pu écrire ?

TD : Oui. Je pense que sa façon de penser m'a beaucoup influencé dans ma vie ainsi que dans ma propre façon de penser. C'est vrai de certaines de ses chansons. J'ai commencé à l'écouter vers 17 ans. Certains messages m'ont accroché. Tout comme sa sensibilité. Je chante " King of the World " qui parle de cela justement. Si j'étais roi du monde, il n'y aurait pas de guerre, de maladie, j'aurai pu faire de toi ma reine et te mettre avec moi sur mon trône… Il faut comprendre que John Lee Hooker était humaniste, prônait l'égalité des races. Je pense que c'était un des bluesmen les plus médiatisés à la fin de sa vie. Il va rester son esprit et son style. Il était très ouvert à tous les styles : latino, rock, salsa. Vers la fin de sa vie, il a pu toucher beaucoup plus de gens que dans les années 70, notamment en jouant avec Mile Davis. Mais, on retiendra qu'il a surtout gardé son style et le message qu'il voulait faire passer.

LGDG : ne crains-tu pas le " déjà-vu " en faisant cet hommage ?

TD : Au départ, un hommage est déjà vu, comme tout est déjà vu aujourd'hui (rires) J'aurai pu faire un hommage à Muddy Waters ou Little Walter, mais ils ne sont pas aussi proches de moi que John Lee Hooker.

LGDG : ta maquette est-elle bien avancée ?

TD : C'est un matériel suffisamment bien enregistré pour que je puisse proposer mon projet à une maison de disques ou à des gens intéressés par ce projet. Ce n'est pas un produit définitif mais il peut être d'ores et déjà présenté comme tel. La démarche est originale, le répertoire peu connu… C'est vrai qu'il est difficile d'oublier l'interprétation de John Lee Hooker. Je suis inspiré par le phrasé, mais ma voix est différente. Ca sonne différemment que lui. J'aimerais bien qu'il en soit toujours ainsi. On est ce que l'on est. En jouant John Lee Hooker, il faut avoir un groove particulier. Il y a d'autres facteurs : garder le même accord, faire passer un message sans changer d'harmonie…

LGDG : de quels instruments joues-tu sur cette démo ?

TD : Je joue de la guitare acoustique, électrique, je tape du pied et je chante. C'est tout ! (rires)

LGDG : a ton avis, que va retenir de John Lee Hooker la nouvelle génération ?

TD : Il est important d'utiliser ce qu'il a fait. Beaucoup de gens ne savent pas que certains morceaux sont de lui… dans le boogie, dans le blues rock…. C'est comme la rythmique de Bo Diddley.

LGDG : comment est perçu JLH en Pologne ?

TD : Pour beaucoup de gens, c'est un personnage légendaire. On connaît pas mal d'enregistrements qui étaient difficiles à trouver à l'époque… Il fait partie des plus grands bluesmen comme Muddy Waters, mais il est tellement différent…

LGDG : Parlons maintenant de ton groupe. D'où vient le choix du nom : STREET BLUES ?

TD : Hum, Street Blues ça peut vouloir dire beaucoup de choses ! J'ai commencé à jouer avec mon groupe en Pologne en 1986. On a joué beaucoup dans les rues… En même temps ça veut dire que c'est l'histoire de la rue, avec un double-sens.

LGDG : présente-nous les albums de Street Blues ?

TD : Le premier album " Driving Licence " c'est la fusion de plusieurs styles avec des musiciens différents, notamment avec Fred Brousse à l'harmonica sur un morceau. C'est un disque passage entre la formation acoustique et une formation plus musclée, électrique, que j'ai menée plus tard.
Le deuxième cd "Prodigal Son" [voir chronique dans LGDG n°22] est la continuité de la route faîte ! mais pas du premier album. Il y a des compos personnelles et deux reprises de John Lee Hooker. Le premier a été fait dans une période transitoire. Il fait aussi partie du passé. Aujourd'hui, je reprends les morceaux du premier disque en acoustique de manière totalement différente.

LGDG : En parlant de Fred Brousse, vous avez un projet ensemble ?

TD : Si je n'avais pas de projet, ce serait tragique ! Oui avec Fred, on a un très joli répertoire. Pour ceux qui me connaissent ça risque de les surprendre ! C'est plus mélodique, joyeux, que ce que je fais avec Street Blues ou avec JLH. C'est un duo, on chante sur certains morceaux à deux voix. Je joue acoustique et Fred à l'harmonica. On a un projet d'enregistrement ensemble en studio. J'attends simplement le passage de la vague de chaleur qui m'empêche d'être en forme (rires).

LGDG : l'hommage à JLH a-t-il déjà reçu un écho favorable ?

TD : Tout à fait. Mais pas seulement dans les festivals de Blues… Notamment au festival Rhino Jazz Festival à Rive de Giers (Loire) le 12 octobre 2002. Je voudrais dire pour finir que je ne veux pas non plus être pris pour quelqu'un qui joue sans arrêt et uniquement John Lee Hooker. C'est seulement un passage pour moi…

Interview réalisée à Lyon - © 2002 Philippe PRETET pour La Gazette de Greenwood
Photos © 2002 Philippe PRETET - tous droits réservés

Discographie :
STREET BLUES : "Driving Licence" 1996 CM PRODUCTION 00121158
STREET BLUES : "Prodigal Son" Production RAINCHECK SB2000 (voir chronique dans LGDG n°22)
Démo : A Tribute To John Lee Hooker (track list : Big Boss Lady / Little Rain / One Scotch, one Bourbon, one Beer / This Land / She's Long she's Tall)

Plus d'infos : www.multimania.com/streetblues/
Contact : 04 78 93 22 65 E-mail : dziano@free.fr

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John Lee Hooker
Live at Newport

date: 7 juillet 2002
de: Xavier "Delta Blues" <deltablues@wanadoo.fr>

Décidemment la vie nous réserve de biens belles surprises.

Un matin ensoleillé de Juillet, la sonnette retentit et le facteur me livre sur un plateau LE John Lee Hooker "Live at Newport". Il s'agit de la réédition tant attendue par tous les fans du Boogie Man du vinyle initialement sorti sous la référence VSD 2087 en 1960 !!

J'aimerais vous dire qu'il s'agit d'une énième re-sucette style compil' hommage sortie 1 an après la disparition du Maître. Oui, j'aimerais vous dire cela. Mais je ne le dirais pas et je dirais même mieux!

Cet album n'est pas un disque. C'est une Révélation !!

Vous ne pourrez pas l'écouter comme un vulgaire CD que l'on glisse dans sa platine et qu'on laisse défiler pendant que l'on vaque à ses occupations habituelles, voire ménagères. Non, cet album s'écoute religieusement, calmement, seul, en égoïste, le casque vissé sur ses oreilles. C'est le seul moyen de capter l'ambiance si particulière de ce Festival mythique.

Comment ne pas être sous le charme du brouhaha du public, des mouettes qui accompagnent John Lee Hooker sur la version inédite et Ô combien envoûtante du Hobo Blues, du bruit de la caméra Super 8 qui tourne, sans parler de quelques toussotements égarés par quelques membres du public.

Et la musique dans tout cela, me direz vous ?? J'y viens.

Les titres sélectionnés sont tirés de deux des participations de John Lee Hooker au Newport Folk Festival, en 1960 et 1963. John Lee Hooker est présenté par George Wein et une première version du Hobo Blues démarre l'album, enchaîné par Maudie, peut être en souvenir de sa Martella avec qui il venait de passer des années de bonheur mais également de tourmentes. Nous sommes en 1960 et on se souvient que les Bluesmen du Mississippi avaient pour la plupart éffectués une longue traversée du désert, tant sur le plan personnel que professionnel. Sauf John Lee Hooker, alors au fait de sa gloire, respectant et savourant son statut de Star. Ce Newport Folk Festival était l'occasion pour nombre de Bluesmen de renouer avec le public. Des gens tels que Skip James, Mississippi John Hurt ou encore Son House allaient trouver définitivement leurs lettres de noblesse grâce à ce Festival d'anthologie.

Revenons à cet album ou John Lee Hooker joue seul, avec sa guitare et sa botte qui tape le plancher. Deux clins d'oeil en direction de Willie Dixon et Sonny Boy Williamson, signés et joués tous les deux "Façon Hooker". Sur certains titres, il est accompagné par un bassiste du nom de Bill Lee. Ce dernier ne l'avait jamais rencontré auparavant, et il du apprendre très rapidement à s'accorder avec le Maître. Ce qui nous donne forcément un produit des plus authentiques, relevant du plaisir "pur et simple".

3 inédits viennent agrémenter cet excellent CD. Ne pensez pas qu'il s'agisse de vrais inédits. En fait, inédit est employé ici car ces titres ne figurent pas sur l'album vinyle. Le premier étant You're Gonna Need Another Favor, et les 2 autres des versions totalement envoûtantes du Hobo Blues et Boom Boom. Ce Boom Boom ou John Lee Hooker nous parle de T Bone Walker et des Canned Heat en introducton, reste bien éloigné de la version connue mondialement par l'auditeur de Blues lambda. John Lee se déchaine, fait rire l'assistance et lorsque le titre est terminé, il continue à parler à son public, sans bégaiements, juste pour notre plus grand plaisir. Ensuite, c'est le Blues, l'album est fini, la chair de poule présente sur les bras et la gorge nouée.....

Pour ma part, j'apporterais deux remarques "négatives" à cet album : La première, c'est le niveau d'enregistrement incroyablement bas. Et la deuxième me direz vous ?? C'est que cet album est bien trop court, oui, beaucoup trop court.......

"When I die, they'll bury the Blues with me, but Blues will never die"
(John Lee Hooker)

date: 29 juin 2002
de: Stagg'O'Lee <stagolee@club-internet.fr>

Que n'a-t-on pas dit sur John Lee Hooker et sa période acoustique, considérée par certains comme une trahison au blues qu'il incarnait… brut, rugueux, lourd et intense. Pourtant ces adjectifs peuvent tout autant être appliqués au John Lee Hooker "unplugged" du Folk Boom des années 60!

Le roi du boogie a alors trouvé un nouveau public, et il saute sur l'occasion pour lui chanter du blues. Son blues. LE Blues! Ce public est blanc, veut de la guitare acoustique et vient écouter la musique lors de grands meetings appelés festivals? Hooker jouera pour ces blancs, avec sa guitare acoustique et sur les scènes des plus grands festivals!

Ce fut le cas au Festival de Newport en 1960 et 1963, dont le CD "Live at Newport" nous propose des enregistrements. La plupart des titres sont donc joués en acoustique et en solo, ou juste accompagnés d'une contrebasse, le résultat étant une sorte d'extrait pur jus de Hooker! Il nous livre ici les secrets de son blues sans aucun artifice. La guitare vibre, les cordes claquent, frisent, le bois résonne… La voix est intense, profonde et assurée…

La guitare joue le blues de John Lee Hooker, s'adapte à son chant et à son esprit sans se soucier d'une quelconque grille d'accords, ni même parfois de sonner juste… bref c'est bien John Lee Hooker.

Qui d'autre que lui pourrait interpréter de cette façon le I Can't Quit You baby de Willie Dixon? Avec le Stop Now Baby de Sonny Boy Williamson, ce sont les deux reprises du CD, tout le reste est du roi du boogie. De Tupelo à Great Fire of Natchez, en passant par Bus Station Blues, c'est du grand John Lee Hooker.

Deux versions (électrique et acoustique) de Boom Boom nous montrent comment il crée une ambiance différente selon son humeur et probablement selon le public qui est en face de lui. Idem pour Hobo Blues, où là aussi une des versions est inédite. Let's Make It, joué "à peine" électrisé, est une vraie démonstration du boogie de John Lee.

C'est Bill Lee qui accompagne Hooker à la contrebasse sur quelques titres, opération délicate dont il se tire très bien malgrès les difficultés bien connues à suivre le bluesman! Le maître lui laisse même la vedette dans You're Gonna Need Another Favor où c'est la guitare qui accompagne la basse. Superbe.

Voilà donc un disque excellent, intense et même parfois étrange, qui ravira les fans de John Lee Hooker, et donc tout amateur de blues. Peut-être pas le premier disque à offrir à un fan de techno qu'on voudrait convertir au blues (on préfèrera commencer plus soft)… Mais un disque à écouter et re-écouter inlassablement en tapant du pied (puisque c'est la seule chose qu'on puisse faire comme John Lee Hooker).

référence: John Lee Hooker : Live at Newport, Vanguard Records, 2002, VCD 79703-2

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Est-ce que vous Aimeïz le Blues ce soir?

John Lee Hooker
au Casino de Montreux

date: 14 juin 2002
de: Poill's <apoillot@wanadoo.fr>

Vous, je ne sais pas, mais personnellement, ça m'a toujours fait marrer, les Anglais et surtout les Américains qui se mettent au Français quand ils sont sur une scène. En l'occurrence, il s'agit d'un parfait inconnu qui présente le spectacle du casino de Montreux, le 15 Juillet 1983. Que du beau monde sur scène, jugez en par vous-mêmes :

Le combo, tout d'abord: Melvin Jones aux claviers, Mike Osborne à la guitare, Steve Ehrmann à la guitare et au chant, Thimoty Richards à la batterie, et à la contrebasse, l'immense, l'hénaurme Willie Dixon.

Une équipe de choc à la hauteur de la vedette de la soirée, un John Lee Hooker en grande forme (contrairement à ce qu'il présentait vers la fin des 70's, un petit set ridicule noyé dans la prestation, honorable, il faut en convenir, de ses musiciens). Et puis aussi des invités, et pas n'importe qui: John Hammond , Luther Allison, Sugar Blue.

Voilà ce que nous propose ce Bootleg, de fort bonne qualité, ma foi, bien enregistré, et d'ailleurs j'aimerais savoir qui a piqué le son et où, car la balance est excellente, et le son ne comporte aucune coupure, aucune impureté. 55'35 de pur bonheur, à peine perturbé par ce qui doit être des commentaires de la radio Suisse Allemande, mais rien de bien gênant.

Une setlist on ne peut plus classique, mais à quoi s'attendre de la part de John Lee à Montreux ? Nous avons donc dans l'ordre :

Bien sûr, une rythmique impeccable, mais saurait-il en aller autrement avec un tel bassiste? Le son très clair de tous les musiciens, à part l' Epiphone du Maître, toujours à la limite de la saturation, un bon vrai son d'ampli à lampes… Et la voix, très bien prise, même lorsqu'il murmure comme il aime tant le faire. Sans me lancer dans une description détaillée des morceaux, disons que la surprise vient des excellentes versions de I Didn't Know , où nous nous voyons gratifiés d'un superbe chorus de guitare, peut-être le regretté Luther… High Heel Sneakers, dont la puissance parvient même à faire oublier celle, pourtant on ne peut plus musclée, de Jerry Lee Lewis (je sais, ce type est loin d'être un Bluesman, mais pardonnez moi, c'est par lui que j'ai découvert ce morceau à une époque où la plupart d'entre vous n'étaient vraisemblablement pas nés…).

Tout le monde y met du cœur, ça s'entend, et c'est dans ce genre de morceau que l'on remarque la classe des musiciens d'accompagnement, qui parviennent à nous faire oublier les changement d'accords pour le moins fantaisistes de JLH. I'll Take Care Of You, qui remplace avantageusement le trop entendu I Cover The Waterfront (Je n'y peux rien, ce morceau me hérisse). On retrouve là les petits riffs hargneux de l'Epiphone, peu nombreux, toujours bienvenus, un impressionnant dialogue avec le chant, tout en retenue. Même remarque pour l'orgue. Ce qui, si vous me permettez cette petite digression, nous rappelle que l'énorme succès de Johnny Rivers intitulé, justement, John Lee Hooker, avait surtout pour particularité de mettre en valeur ces interventions des claviers.

A mon sens, trop de gens considèrent que la musique de JLH est avant tout une musique de guitaristes. Que nenni ! Boom Boom, par contre m'a un peu déçu, même si la version proposée ici reste très honnête. Le début du solo de guitare ne m'a pas du tout plu, avec ses harmonies à la Lucky Luke… Par contre, un très grand Worried Life Blues, suivi d'un non moins jubilatoire I"m Jealous. On peut effectivement regretter la "soudure" entre les deux morceaux pendant laquelle interviennent deux présentateurs, mais qui surtout déborde sur l'intro de I"m Jealous, et c'est dommage, car c'est le moment où, tout en faisant "monter la mayonnaise", le combo nous pose une ambiance Boogie infernale.

Une autre excellente surprise, Little Girl, dans lequel le jeu des guitares en rythmique est infernal… Ainsi que le chorus de guitare! Vraisemblablement L. Allison, une fois de plus. On s'accorde un petit coup, et c'est l'inévitable Boogie Chillun, version speedée dans laquelle tout le monde s'éclate, mais j'ai une tendresse pour le batteur, car tenir cette rythmique pendant presque 16 mn, chapeau. Un joyeux bordel de fin de spectacle, qui vous laisse sur les genoux. Choruses de Sugar Blue (discret pour une fois), de John Hammond, et aussi l'apparition d'une chanteuse dont je n'ai pas réussi à trouver l'identité, ainsi que celle du sax, d'ailleurs. A écouter très fort!

Voilà donc un petit aperçu de ce Bootleg qui a traversé devant chez moi sans regarder. Je vous mets aussi pour égayer cette aride chronique, un scan de la pochette que je me suis amusé à faire…

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Kevin Brown
Mojavé Dust

date: 11 juin 2002
de: Benoît Felten <ben@planetharmonica.com>

Il y a quelques années, j'avais eu l'occasion, en première partie d'un concert de Robben Ford à l'université de Warwick en Grande-Bretagne de voir Kevin Brown, un guitariste acoustique anglais de très bonne tenue, avec une bonne voix et des compositions intéressantes, clairement dans la veine blues mais avec une petite teinte mélancolique qui n'était pas sans rappeler le Ry Cooder de "Paris, Texas". Je me souviens qu'à l'entracte il avait proposé à la vente des CDs et des k7. J'avais acheté une k7 parce que le CD était avec un groupe et que j'avais aimé la prestation acoustique du bonhomme.

La k7, intitulée Abundance présentait une dizaine de morceaux acoustiques, à une ou deux guitares, avec beaucoup de slides et des structures atypiques pour du blues, teinté d'influences country et folk. J'ai pas mal usé la bande puis copié la k7 sur un MD, et je l'écoute encore aujourd'hui avec plaisir.

Quelle ne fut pas ma surprise, la semaine dernière, en passant furtivement devant le rayon blues de la FNAC Montparnasse (je dis furtivement parce que je n'y trouve plus guère de nouveautés susceptibles de m'intéresser, et que pour les vieilleries, j'ai eu le temps de les amasser...) de voir en écoute un CD du même Kevin Brown intitulé Mojavé Dust. Quelques secondes d'écoute des deux ou trois premiers morceaux m'avaient suffi à sortir la carte bleue...

Mojave Dust est un album acoustique chanté avec, selon les morceaux, une ou deux guitares officiées (en studio) par le seul Kevin Brown. A part une reprise (le Travelling Riverside Blues de Robert Johnson), l'album est constitué entièrement de compositions de Kevin Brown, ce qui est fort intéressant car son écriture (musique comme textes), bien que reposant sur des bases connues, est plutôt originale et respire la fraîcheur.

On trouve sur ce disque des morceaux de tempos et de sonorités variées, beaucoup de picking, de la slide, le tout impregné d'une mélancolie toute américaine (surprenant pour un Anglais!) Je pense que l'album plaira autant aux amateurs de blues acoustique qu'à ceux qui apprécient la musique folk américaine.

L'album semble pour le moment distribué en France par Dixiefrog. Je ne sais pas si ça va durer, ça dépendra sans doute de son succès, mais dans tous les cas vous pouvez trouver plus d'infos sur www.thekevinbrown.com



de: Uncle Lee <stagolee@club-internet.fr>

Kevin Brown est né à Preston, Lancashire, et s'est intéressé très tôt à la musique, et plus particulièrement au blues, notamment joué en slide.
Il a enregistré son premier CD ('Picking Good Tunes') en 1984 en auto production, suivi en 1986 de 'Road Dreams' sorti chez Hannibal Records. En 1990, ce fut 'Rust' qui permit à Kevin Brown d'être nominé par la British Blues Foundation dans la catégorie Best Blues Album of the Year.
Cela permit à Kevin Brown de signer avec Chrysalis Records et de réaliser en 1994 'Time Marches On', puis 'Sunny Side Up' en 1999, un disque instrumental.
C'est en 2001 qu'il a enregistré 'Mojavé Dust', son premier opus solo et acoustique. Ce disque est un véritable trésor, réalisé par un amoureux de la guitare acoustique. En direct et en studio, son enregistrement a duré six mois… ce qui montre combien Kevin Brown l'a fignolé ! Disque intimiste, voix douce et bien posée, guitare toute en finesse, il serait regrettable de passer à côté.
Kevin Brown joue sur des guitares Ovation depuis 1980, époque à laquelle c'étaient les premières électro-acoustiques (permettant de se faire entendre parmi un orchestre!), et en est le démonstrateur officiel pour la Grande-Bretagne depuis 2000). Il a développé un style personnel et relativement rare sur ce type de guitare. Le picking de Kevin Brown ne fait pas d'esbrouffe et va à l'essentiel, sonne très " roots " avec notamment l'emploi fréquent d'un bottleneck. Mais il n'est pas le seul à jouer du blues sur Ovation, Keith B. Brown joue aussi sur une telle guitare, et même Honeyboy Edwards en utilisait une à un récent festival de Chicago!
Kevin Brown (www.thekevinbrown.com): un artiste à découvrir, un CD à avoir chez soi.

ref CD: Mojavé Dust, Kevin Brown, Doodah Records DD 002, distribué en France par Dixiefrog

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Elmore D.
Basse Moûse Blues

date: 1er juin 2002
de: Xavier "Delta Blues" <deltablues@wanadoo.fr>

J'ai reçu récemment par l'intermédiaire d'un de mes amis co-writers (il se reconnaitra) de La Gazette de Greenwood un album venu du Pays du Blues Européen : La Belgique.

De qui ou de quoi vaut il mieux parler : d' Elmore D ou de son Album ???

Pour avoir entendu Elmore D parler avec passion du Blues dans America sur la RTBF, présenté par Malika Ben Brahim le 21 mai 2002, reconnaissons tout d'abord son discours passionnant. Ancien animateur radio, professeur et artiste. Notre chroniqué aurait-il eu plusieurs vies?? C'est ce qu'on pourrait penser en l'écoutant parler de son amour de la note Bleue, et surtout en écoutant son album BASSE MOÛSE BLUES sorti en 1997 (sic!!) sur le label Douces Mesures 1.

Comment depuis 5 ans, cet album a-t-il pu rester pratiquement inconnu, sauf pour quelques afficionados ?? (Voir chronique Soul Bag Printemps 98 )

D'abord, précisons que Elmore D joue de la 12 cordes. Comme un certain Leadbelly. Le ton peut être donné.

Certes, cet album de 17 titres comporte beaucoup de reprises. Mais quelles reprises !! A l'écoute de cette galette magique, on a vraiment l'impression de faire un voyage intemporel, 50 ans avant l'invention des platines laser, tellement l'authenticité est de mise.

Fermons les yeux pour nous retrouver à un coin de Beale Street en pleine animation d'un Jug Band dans les douces (??) soirées de Memphis.
Plus loin, c'est pratiquement un Son House ou un Bukka White que ressuscite pour notre plus grand plaisir Elmore D.
C'est grâce à Sarah Taillard, vocaliste féminine, qu' Elmore D nous transporte dans l'univers de Memphis Minnie, qui visiblement reste une de ses influences majeures, tout comme Skip James ou Blind Willie McTell.

Une seule compo personnelle vient finir d'embellir cet album, ne trahisant en rien les sons Roots qu'affectionne tant Elmore D. Seul le titre de cette compo (Evening Fax Blues) vient nous rappeler que l'album est bien sorti à l'aube du troisième millénaire et non avant guerre. Je ne parlerai même pas des instruments utilisés, tellement ils semblent évidents. (Washboard, Kazoo, Cuillères etc etc).

Oui, voilà un album de Blues, un vrai, un pur, bien Roots, empreint de la patte du Maître.

Mais qui est le maître dans cet album ?? Le Blues avec un grand B, ou l'artiste avec un grand A ????

Vous qui aimez le Blues du Delta, celui qui fut à l'origine de tous les autres, procurez-vous ce 78 Tours, pardon ce CD, et régalez-vous de ce qui pourrait être à ce jour un des meilleurs albums Roots de ces 5 dernières années.

Plus tard, nos enfants aimeront le Blues grâce à des sons comme celui de "Basse Moûse Blues". Méconnu - ou ignoré ? - par les médias franchouillards....... comme d'habitude me direz-vous. Un nouvel album d' Elmore D. est sorti en 2000, il s'appelle Saturday Night Rub [NDLR: voir chronique LGDG n°37], et est disponible sur le site de l'Artiste www.elmored.com .

Au fait, dernier "détail" : Elmore D fut élu Artiste Européen de l'Année aux Trophées France Blues 2001. Ca vous interpelle pas un peu ça ??? Moi, en tous cas, cela ne me surprend pas .... du tout !

Merci Elmore D, simplement Merci.

lire aussi la Gazette de Greenwood n°37 (novembre 2001):
Elmore D: le CD: Saturday Night Rub (LGDG n°37)
E-interview: Basse-Meuse Blues (LGDG n°37)

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Blind Willie Walker
South Carolina Rag

Combien de bluesmen du début du XXème siècle sont aujourd'hui totalement oubliés? Certains n'ont jamais enregistré et plus personne ne se souvient d'eux. Pour d'autres, seul leur nom est connu , parfois illustre (Ike Zinnerman, Willie Moore, William Henry Carson, Henry Stuckey) car cité comme influence par d'autres bluesmen réputés. Enfin, certains ont laissé quelques enregistrements, nous permettant de découvrir de véritables trésors. C'est le cas de Blind Willie Walker, dont il nous reste trois faces enregistrées en 1930.

date: 7 juin 2002
de: Stagg'O'Lee <stagolee@club-internet.fr>

Né en 1896 en Caroline du Sud, Willie Walker est aveugle de naissance probablement en raison d'une syphilis congénitale qui sera 37 ans plus tard la cause de son décès... A cette époque, comme pour beaucoup de noirs-américains atteints par cette infirmité, la musique est un moyen "naturel" (et le seul) de gagner sa vie.

On sait assez peu de choses de son enfance et même de sa vie, si ce n'est qu'à 15 ans, alors qu'il emménage à Greenville (South Carolina) avec ses parents Lucy et George Walker, Willie est déjà un musicien accompli, comme l'atteste le Rev. Gary Davis qui se rappelle l'avoir vu jouer dans un string band en 1911.

Dans les années 20, Walker forma un duo avec le guitariste Sam Brooks avec lequel il a probablement beaucoup voyagé (il n'est recensé comme résident à Greenville que pour les années 1915, 1917-1919, 1924, 1931, et 1933).

Pendant quelques temps, ce fut le jeune Josh White qui joua le rôle de guide d'aveugle pour Willie Walker, apprenant un peu de son art de la guitare en contrepartie.

Il semble que Walker faisait partie d'un medicine show, ce qui expliquerait aussi ses nombreuses absences de Greenville. On le voit notamment à Culpepper (Virginia), chez les Jackson où il impressionnera le jeune fils John qui deviendra à son tour un des meilleurs représentants du Piedmont Blues.

Le 6 décembre 1930, Willie Walker et Sam Brooks enregistrèrent quatre titres pour Columbia à Atlanta (Georgia). Deux faces ont été publiées, Dupree Blues et South Carolina Rag (dont il existe deux prises), mais deux autres n'ont jamais été sortis (Rider Blues et Da Da Da) et les matrices étant inutilisables nous n'avons plus aucune chance d'entendre un jour ces dernières.

Les trois seuls enregistrements connus de Willie Walker sont aujourd'hui disponibles sur Ragtime Blues Guitar 1927 - 1930 DOCD-5062 (Dupree Blues / South Carolina Rag - take 1 / South Carolina Rag -take 2). On les retrouve également sur diverses autres compilations.

A noter : Sam Brooks (cité par erreur sur le dossier Columbia comme David Brooks) qui accompagne à la 2ème guitare Willie Walker sur ces enregistrements chante aussi sur Dupree Blues. Sam Brooks est décédé à Greenville en 1966.

Malheureusement, sorti en pleine Dépression, le 78 tours de Willie Walker se vendit très mal et le guitariste ne fut plus enregistré.

Par la suite, Willie réside à Newburgh (Etat de New York) avant de retourner à Greenville en 1933 où il meurt de syphilis congénitale. Il est enterré au cimetière de Richland.

Il est évident que cette trop courte discographie ne reflète pas le talent et l'influence majeure qu'a eu Willie Walker sur le Piedmont Blues. Le Reverend Gary Davis, bien que plutôt avare de compliments sur ses collègues musiciens, ne tarissait pas d'éloges sur la virtuosité de Willie Walker. Cincinnati Flow Rag et Make Believe Stunt enregistrés par Gary Davis sont d'ailleurs attribués par certains (dont Davis lui-même, bien qu'il ait aussi dit le contraire) à Willie Walker.

Pour Pink Anderson, Willie Walker était le meilleur guitariste de Caroline du Sud, tout comme pour Josh White qui disait tout simplement : "Willie Walker était le meilleur guitariste que j'aie jamais entendu, meilleur que Blind Blake".

En fait, c'est plutôt une chance d'avoir des enregistrements de ce guitariste, car ainsi il est plus qu'un simple nom cité par ses illustres contemporains et successeurs (Gary Davis, Josh White, Pink Anderson, John Jackson).

Sources :
T-Bone's Piedmont Blues Page (www.io.com/~tbone1/blues/ECblz/wilwak.html)
La Grande Encyclopédie du Blues, G. Herzhaft (1997, Fayard)
Dictionnaire du Blues , JC Arnaudon (Filipacchi 1977)
Ragtime Blues Guitar 1927 - 1930 DOCD-5062 www.document-records.com/
Blues Who'sWho: A Biographical Dictionary of Blues Singers , Sheldon Harris, New York, Da Capo, 1994, p. 531.
liste de diffusion : fr.groups.yahoo.com/LGDG

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The Hoodoomen
Keep on dreaming

date: 16 juin 2002
de: Marc Loison <marc.loison@wanadoo.fr>

Groupe normand formé en 1996, The Hoodoomen ne cessent de progresser. Finalistes du Tremplin Blues sur Seine 2000, premières parties de renom (Popa Chubby, Luther "Guitar Junior" Johnson...), ils gagnent inlassablement du terrain vers le cercle fermé des tout meilleurs. L'inflation de qualité, alliée à leurs passages de plus en plus fréquents en dehors de leur région d'origine, gagne petit à petit la reconnaissance des chroniqueurs de la presse spécialisée blues, papier ou on-line.

En passe de devenir le meilleur groupe de Blues français, ces quatre lascars élevés au Blues allient Swing, jump-blues et Chicago-blues pour vous faire danser et oublier la morosité du monde!

Ce CD détonnant, n'engendrant aucune seconde d'ennui, présente 5 compos et 7 reprises transcendées grâce à la voix rocailleuse de Philippe Brière, à la guitare précise et acérée de Pascal Fouquet (Bottlenet 2001 du meilleur soliste français, détenteur du trophée France-Blues 2001 pour le titre de meilleur guitariste) et à la rythmique toute "Myers - Below" des frères Marie: Bernard (basse) et Francis (batterie).

Jimmy Reed, T. Bone Walker, Doug Jay ou John Mooney sont les quelques bluesmen ayant inspiré le groupe pour le choix des titres de l'album. Les compos se marient harmonieusement au répertoire: Like a coyote est joué comme un hymne et va semble-t-il être la marque de fabrique du groupe! Hoodoomen Theme revient dans les têtes bien après son écoute. Fabien Saussaye (claviers), Alain Chapelain (accordéon) et Philippe Sauret (washboard) apportent leur couleur personnelle et donnent encore du relief à l'ensemble.

L'écoute du CD, tout comme un concert des Hoodoomen, est un grand moment de bonheur, à ne laisser passer sous aucun prétexte!

The Hoodoomen dans la Gazette de Greenwood:

The Hoodoomen: La Préhistoire (LGDG n°39)
The Hoodoomen: direct Live aujourd'hui (LGDG n°39)
The Hoodoomen: à la conquête de Paris! (LGDG n°31)
Thierry Hau & the Hoodoo Men: "blues" (LGDG n°24)

et sur Sweet Home Chicago, le site de Marc Loison: perso.wanadoo.fr/shc/bluesmennormands05.htm


Awek
à l'Eden Rock (Lyon)

date:
de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>
(photo de l'auteur)

Les toulousains Awek ont eu la bonne idée de venir faire la Fête de la Musique à Lyon. Du 20 au 22, ils ont donc occupé la scène de l'Eden-Rock et c'est cette soirée de clôture du 22 qui m'a permis de les revoir. Malgré la chaleur étouffante dans la ville, la salle climatisée fut un soulagement. Malheureusement, le public n'était pas au rendez-vous. Tant pis, les absents ont raté un bon concert.
Bernard
SELLAM d'Awek au TSF 10/2001 Alors que j'avais fait la connaissance d'Awek au TSF en octobre 2001 avec un répertoire très Chicago blues (la présence de Youssef Remadna à l'harmonica y était sans doute pour beaucoup), ce fut un répertoire plus blues rock et joué avec plus d'énergie qui a été donné hier soir.
La formation était donc classique avec Bernard Sellam à la guitare et au chant, Joël Ferron à la basse, et Olivier Trebel à la batterie.
Bien sûr, il y eut quelques reprises, dont I Got My Mojo Working, Flamenco Woman (merci Joël ;-) que l'on retrouve sur "Barber Shop", Early In The Morning, mais la plupart des morceaux étaient des compositions issues de leurs trois albums "Back To The Same Place", "Chess Session" avec le titre Allons Bouger par exemple, et le dernier en date "Barber Shop". Tirés de ce dernier, il y eut entre autre Work, Brother, Brother et Flamenco Woman.
J'ai encore été impressionné par le jeu de Bernard qui possède technique, feeling, et musicalité. Il dégage un style personnel sans pour autant se répéter et sans démonstration inutile. Ce guitariste a le don par moment de me donner des frissons dans le dos et je peux vous assurer que, ce soir-là, le courant d'air de la clim' n'y était pour rien. En plus de savoir tricoter du manche, il est doué d'une belle voix avec laquelle il n'hésite pas à jouer, en tirant parfois des phrases rauques et profondes à la Howlin' Wolf.
Abrité derrière ses lunettes noires, Olivier a joué comme un beau diable. Baguette ou balais, il avait la pêche et ça se voyait.
Joël, monté sur ressorts, prenait plaisir à jouer (malgré, je pense, un manque de volume sur la basse) et a assuré une rythmique impeccable.
J'ai quitté ces sympathiques et talentueux musiciens au troisième set, certain de les laisser terminer une excellente soirée.

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Les Bloosers
à la Pléaide (Tours)

date: 9 juin 2002
de: Sylvain <sylvain.brejeon@worldonline.fr>
Hier soir, je suis allé voir les Bloosers près de Tours. J'ai pu rencontrer Rémi "Ray Mos" Parisse. Salut Rémi, salut les Bloosers ! En première partie aurait dû se produire Bo Weavil, qui a annulé par manque de réservations.

Il faut bien avouer qu'il n'y avait pas foule, à peine une trentaine de personnes dans une salle sympathique prévue pour en accueillir au moins deux cents. Un concert très privé en quelque sorte, mais qui n'a pas empêché les musiciens de garder le sourire et de faire le maximum avec plaisir.

Les Bo Weavil ont été très bien remplacés par Loreney, une Tourangelle black, sexy, guitariste et avec des intonations de Joanna Connor dans la voix. Accompagnée de son band, J.J., un guitariste brillant, ainsi qu'un batteur et un bassiste qui ont aussi assuré. Ils nous ont livré des compos en français et ça passe très très bien, comme sur le titre Reprend Ta Guitare par exemple, et des standards comme I Just Want To Make Love To You, Pride And Joy, Got My Mojo Working... un bon son, de l'énergie à revendre, un groupe qui mérite une plus large audience sans aucun doute.

C'est au tour des Bloosers de se produire ensuite. J'ai lu pas mal de bonnes critiques sur eux dans la Gazette et dans Blues&Co ... et j'ai leur superbe album depuis décembre. Donc je savais à quoi m'attendre : que du bon! Je n'ai pas été déçu.

Rémi m'a confié qu'ils jouaient avant tout pour le plaisir - ça se voit - et bien qu'ils soient forcément déçus de jouer devant une toute petite assemblée, l'envie de se produire sur scène l'emporte de toute évidence.

On a eu droit, naturellement, aux morceaux de l'album, plus à un nouveau morceau, Trouble And Trouble (j'espère ne pas dire de bêtise!) et à des reprises beaucoup plus familières pour moi. Je retiens le I'm Ready et le T-Bone shuffle. Ca swingue, ça donne envie de bouger, je me suis contenté de bien me balancer sur ma chaise et de taper des mains. Quelques danseuses, elles, n'ont pas hésité. il y avait eu plus de monde debout, j'en aurais fait autant.

Je n'ai pas envie de décrire plus que ça le concert, juste que Rémi bouge super bien. Dire que ces mecs-là retournent à leur boulot le lundi... je dis qu'ils devraient vivre de leur musique. Des pros! Je ne regrette pas les presque 2 heures de route. Prochaine apparition à Meudon. Je n'y serai pas, mais j'espère les revoir bientôt.

PS : Merci aux Bloosers pour leur sympathie, leur générosité, et pour les mots qu'ils m'ont écrits sur une de leur très belle affiche.

PS II : Rémi a pu apprécier mon T-Shirt "I come from Greenwood" en noir et blanc!

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date:
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la Rubriqu' à blues…


Kenn Lending: Psychedelic Mind

de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>

En voyant la pochette de "Psychedelic Mind" sorti par Kenn LENDING en septembre 2001, une pochette assez flashy créée en image de synthèse, le doute m'a envahi et j'ai bien cru me trouver avec une galette "techno" entre les mains. Le titre n'était pas non plus pour me rassurer. Mais il ne faut pas se fier aux apparences et c'est le cas avec cet album.
En effet, il n'a de psychédélique (au sens musical) que deux titres dont le bien nommé "Psychedelic Mind", et "Climax". Les neuf autres titres sont des blues, certes modernes, mais bien blues et de grande qualité.
Ce huitième album du Danois, partenaire de scène de Champion Jack DUPREE depuis les années 1980 jusqu'à la mort du grand pianiste, est effectivement moderne dans la mesure où le son de la guitare est soumis à des effets électroniques sur certains morceaux. Mais l'esprit blues est préservé intelligemment, ce qu'on peut retrouver sur "Wish Me Well" de Peter CHATMAN, "Bricks In My Pillow" de Amos EASTON, "Play It Cool" de Freddy KING. Parfois, un peu plus funk avec "Don't Be Cool". Les compositions personnelles de Kenn LENDING, "Down The Alley" et "Get Mellow" intègrent des éléments quelque peu pop-rock, alors que "Jealous Man" penche vers le jazz.
L'orgue Hammond est joué par Dan HEMMER, Henning VERNER est parfois aux claviers et est le co-auteur de plusieurs morceaux de l'album dont le dernier, "Gospel Of The Survivor".
Parmi ce personnel danois, on trouve Esben BACH ou Esben DUUS à la batterie, et Svenni SVAFNISSON à la basse électrique ou acoustique.
Avec cet album, Kenn LENDING propose, hors des déluges de décibels, une évolution plaisante et actuelle du blues.

( Olufsen Records [DOCD 5516] 2001 )






Bluedaddies: Captured Live

Captured
Live
de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>

Les Bluedaddies ont enregistré cet album live au Uptown Theater de Kansas City en février 2001. Ils nous donnent à entendre une dizaine de reprises de John Lee HOOKER, Albert KING, Robert CRAY, T. Bone WALKER et d'autres.
Cependant, les Bluesdaddies les interprètent avec leur couleur, c'est à dire un blues-rock puissant, enlevé, plus proche du rock que du blues.
Un des ingrédients de cette couleur est les frères HALL, Steph à la batterie et John dans le rôle du guitar-hero, puis Walter Scott IMAN aux claviers et Mark GOINS à la basse, ainsi que Doug HASH qui tient l'harmonica et Chuck HOLLAND le saxo.
La qualité d'instrumentiste de ces musiciens n'est pas à remettre en cause, ce sont des musiciens de longue dates, mais ils ont, me semble-t-il, du mal à trouver leurs marques et faire poindre un réel intérêt dans ce style quelque peu rabâché. Ceci est peut-être dû à un manque de cohésion (pourquoi le saxophoniste est-il si absent ?).
A noter le titre "Big Blue Daddy" qui est signé par le bassiste Mark GOINS. Si John HALL est très en avant sur tous les morceaux, il faut le "Crosscut Saw" de Tommy Mc CLENNAN (attribué par erreur à John Lee HOOKER sur la pochette) pour entendre Doug HASCH et "Laundrymat Blues" pour que le saxo puisse émerger.
Sur l'ensemble de l'album le mixage est inégal. Hormis des portions de voix éteintes sur "Mustang Sally", c'est surtout la première moitié de l'album qui me gène avec des applaudissements trop audibles pendant les morceaux, et une sorte de tic-tac de montre énervant présent sur la voix de gauche.
Si l'album rend bien la puissance musicale que peut dégager cette formation des Bluedaddies, je dois tout de même regretter une réalisation qui les dessert.

( Autoproduit 2001 )






Henry Johnson: The Union County Flash

de: Phil CatFish <philpretet@aol.com>

A la première écoute de ce disque, c'est le flash ! Dans la lignée de Blind Blake ou de Blind Boy Fuller qu'il admirait beaucoup, Henry Johnson (1908-1974) est un artiste aux multiples facettes qui a souvent été copié et imité, rarement égalé... Né près d'Union (Caroline du Sud), il possède un timbre de voix suave et profond, une voix gorgée d'émotions. Son jeu vigoureux en (flat) finger-picking est limpide et fluide. Une pure merveille. A écouter en boucle dans toutes les écoles de musique.
Dès les premières mesures, on baigne dans une ambiance ragtime, churchy, aux connotations gospélisantes incantatoires...réminiscences de sa jeunesse.
Le registre d'Henry Johnson est riche et varié en passant par le blues jusqu'au old-time, des pièces religieuses jusqu'au white folk. Peg Leg Sam apporte son originalité et une touche de feeling très down-home à l'harmonica sur le standard "Boogie, Baby !" et sur "My Dog's Blues". Sur "My Mothers Grave Will Be Found" et le mythique "John Henry", Henry Johnson utilise magistralement la technique du "knife style". Le dernier morceau de l'album très church se déguste religieusement... My lord !
Archétype du Piedmont Blues, cet album constitue un superbe témoignage des approches et influences musicales qui ont fait toute la richesse et la typicité de la musique de la Côte Est depuis les années 20. Un seul regret: aucune face ne le présente au piano alors qu'il excellait aussi, semble-t-il, dans cet exercice... dans sa prime jeunesse.

(The Union County Flash, Trix Records 3304 1972 South Carolina)






Bloosers:

Bloosers
de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>

Dès les premières notes, c'est un boogie endiablé du nom de "Baloogie" qui nous propulse dans le monde musical des Bloosers. Morceau court, certes, mais qui balance tout de suite la purée et ce n'est pas prêt de s'arrêter puisque le second morceau est aussitôt enchaîné avec "I Got A Feeling".
Ce groupe, vainqueur du Tremplin Blues sur Seine 2001, reprend des titres passant par le blues ("Watch Yourself", "This Harp In My Hand"), le boogie ("Baloogie", écrit par le pianiste Bala PRADAL, "I'm Gonna Love You"), le west coast ( "It's Too Late Brother"), le rock ("Case Closed" dont Rémi PARISSE est l'auteur), le swing et les interprète avec beaucoup de feeling. Ici, feeling n'est pas un vain mot puisqu'il est omniprésent. Ces jeunes Français (mais oui, la scène française n'a décidément pas à avoir de complexe) ont tout compris à cette musique. Rémi PARISSE au chant fait preuve d'une réelle personnalité, le guitariste Rodolphe DUMONT et l'harmoniciste Marc SCHAELLER créent superbement l'écrin de ces morceaux, soutenus par Pascal LEFEVRE à la basse et Guillaume KISSEL à la batterie avec un jeu tout en finesse.
La présence de Bala PRADAL au piano est elle aussi superbe.
Philippe FERNANDEZ est invité à la guitare sur le sixième titre de l'album "Sick & Tired", et c'est Pascal SWAMPINI qui apparaît sur "I'm Gonna Love You" pour un solo de guitare incisif.
Pour conclure, je dirai que cet album comporte quatorze titres qui sont un concentré contre la morosité.

( Autoproduit 2001 )

Sur ce CD, voir également la chronique: les Bloosers, la galette qui vous blousera... (LGDG n°35)






Booglerizers: Extra Crispy

de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>

Booglerizers, voici un nom de groupe surprenant qui n'a rien de moins surprenant que la musique qu'il fait. Navigant entre folk, new-orleans, celtique, il est bien difficile de les ranger quelque part, et c'est tant mieux, laissons le CD dans la platine.
Le tuba, joué par Gerry YOSELEVICH, est l'instrument qui étonne le plus, peu familier des divers genres de blues. Car il s'agit pourtant bien de blues ici, et dès le premier morceau "Lumpy Man Blues" où l'harmonica de Ron BAUMAN est angoissant, et où la mandoline et la washboard font plutôt bon ménage.
"Fool To Love You" est un peu plus folk et reçoit la voix féminine de Edy TOUSAINT, "March For Blanche" révèle des accents irlandais, alors que "Tender Brown" nous ramène vers le Mississippi.
"Die That Way" reste un blues sur lequel apparaissent, le temps d'un solo, un kazoo et un jug joués par Richard Di PAOLO.
Une mention spéciale pour Brian MALOY qui, sur tous les titres où il prend part, est brillant à la mandoline et à la guitare.
A tout cela, rajoutez de temps en temps un saxo (très swinguant sur "The Funkymojerkulation") pour un petit plus jazzy, des cuillers, une clarinette sur "Pork Store" ou une flûte sur "Swellicious", et vous obtiendrez une sonorité particulière qui va sûrement vous "booglerizer".
Un disque acoustique et original a plus d'un titre puisque le chanteur et guitariste Richard Di PAOLO est l'auteur de tous les morceaux de cet album ce qui mérite d'être souligné.
Album à conseiller pour une musique pas comme les autres.

( Autoproduit 2001 )

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