La Gazette de GREENWOOD
n°36 (Octobre 2001)

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Une constellation d'étoiles au
14ème Ecaussinnes Spring Blues
(Samedi 19 mai 2001)

date: 5 Octobre 2001
de: Phil CatFish <Philpretet@aol.com>
(photos de l'auteur)

L'affiche du 14ème Spring Blues festival, a été, de l'avis des observateurs présents , l'une des meilleures des dix dernières années. L'actif maître d'équipage Pierre Degeneffe , accompagné par " l'indémodable " maître de cérémonie, Mister Hobus ne me démentiront certainement pas : qualité et diversité sont les mots clés de ce festival belge qui est logiquement récompensé par une notoriété amplement méritée.
Will Crosby et D.C. Bellamy
Will Crosby et D.C. Bellamy

Pour ouvrir les festivités, Buttnaked a offert aux amateurs de swing une belle démontration de leur jeune classe montante au box office . On attend leur première galette avec impatience. Premier temps fort de l'après-midi avec, en " prime time " européenne, D.C. Bellamy & America's Most Wanted qui a brillamment réussi son examen de passage devant le public d'Ecaussinnes, connaisseur et exigeant. Ce bluesman attachant, demi frère de Curtis Mayfield, s'est récemment établi à Kansas City tout en ayant fait ses premières armes à Chicago, notamment derrière Jimmy Reed et Arthie White. On trouve plus mauvaise référence ! Sur scène, D.C. Bellamy entame un set démonstratif et percutant. Chanteur expressif et imagé, son blues est tantôt langoureux tantôt incisif et swinguant, tel que son dernier disque chez Rooster le laissait présager. BELLAMY excelle surtout sur les blues lents sur lesquels transpirent ses influences soul rythm'n'blues et gospélisantes. Un régal ! DC avait eu le bonheur d'emmener dans ses bagages, Will Crosby, considéré comme l'un des tous meilleurs guitaristes en activité. L'ex-sideman du " chief " Eddie C. Clearwater et de Syl Johnson a démontré, si besoin est, l'étendue de sa classe en reprenant de volée la balle envoyée malicieusement par son leader. Le but du jeu en duo était de monter en mêlée. La technique aidant, D.C. Bellamy a marqué des points en contre attaquant par un jeu de scène réglé au millimètre. Un exercice de haute voltige sur lequel beaucoup se seraient brûlés les doigts tant le brillantissime Will Crosby noirci les planches. Or, l'intelligence de DC BELLAMY est de savoir contrôler l'incendie, et de manœuvrer à sa guise. L'essai a été transformé. Une des meilleures prestations de l'année à laquelle il m'a été donné d'assister.

Avec Correy Harris, pas de surprise. La tendance " afro etc.. " se confirme de concert en concert, loin de ses premières amours purement acoustiques. On aime ou on n'aime pas. La sono mal réglée n'a pas arrangé une affaire bien mal engagée. Un concert à oublier. A revoir dans d'autres circonstances…

Iceman Robinson
Iceman Robinson
Le chicago blues avait délégué deux figures : Ice Man Robinson et Little Arthur Duncan, piliers des clubs de la cité des vents. Le second est un habitué des scènes européennes. Le premier, guitariste émérite, ancienne gloire de Maxwell Street, venait d'enregistrer tardivement son premier disque chez Fedora. Le tout, sous l'égide de Chris Millar et de l'excellent Frank Goldwasser, alias Paris Slim, le plus californien des bluesmen de Paris… Ce dernier, ouvrant le set de Ice Man, hésitant et figé, a eu bien du mal à lui faire retrouver ses esprits ! Surprenant de la part de ce très bon technicien slide manifestement peu à l'aise, peut être intimidé par la foule pourtant prête à l'encourager, ce qu'elle fit après quelques longs silences, respectueuse des " absences " de cet artiste un peu hors du commun. Néanmoins, on retiendra que sa guitare plaintive et aiguisée a titillé nos conduits auditifs de quelques phrases véritablement authentiques, qui sentent bon les parfums du Delta mâtinés du blues brut et puissant de chicago. De fait, son passage réussi au Quai du Blues à Paris, laisse à penser qu'il est bien plus à son aise en club.
Philipp Walker
Philipp Walker

L'harmoniciste Little Arthur Duncan, quant à lui, n'a rien d'un introverti ! En vieux briscard des planches, ce bluesmen sous-estimé, rayonne. Voilà un passionné qui sait se faire remarquer. Son harmonica diatonique sonne rugueux et ample, à grands renforts de gestuelle débridée. Du bon chicago blues, enfin !

Lee Mac Bee & The Passions, un habitué du Spring blues festival avec Mike Morgan & The Crawl en 1997, était, cette fois-ci, accompagné par la crème des guitaristes texans : Johnny Moeller (guitar) et Brian "Hash Brown". Le résultat est fulgurant : tex-mex, rockn'roll, blues, tous les styles sont abordés avec brio. Chacun dans son registre, a pu faire montre d'un talent peu commun. On ne s'ennuie guère du côté de Dallas !

Mo Rodgers, surnommé le "tout puissant" a justifié sa réputation flatteuse en Europe en martellant un blues généreux et débordant d'âme. Ses compositions originales font désormais partie du patrimoine du blues contemporain. Sa formation remaniée est plus convaincante ce qui renforce l'unité artistique de ses musiciens autour de son leader charismatique.

Après avoir vu un excellent Phillip Walker au Méridien, quinze jours auparavant, la fin de soirée s'annonçait bonne. Elle le fut ! Phillip Walker et son big band blues show sont exemplaires d'efficacité et de maîtrise. Or, ce bluesman californien légendaire explique qu'après 40 ans de scène, il est toujours à l'école ! Son bassiste filigrane James " Hideway " Thomas, et Aaron Tucker, un doux géant, accessoirement frère du batteur préféré de Phillip Walker constituent la section rythmique de ce band complété par une section cuivres de rêve avec notamment Alonzo Campbell et Bobby Lester vus dans l'orchestre de Little Milton. Que dire de Phillip Walker , un tel artiste modeste et au talent fou ? Rien d'autre que sa version de " Hello Central " de Lightnin' Hopkins en acoustique est magique. On la retrouvera peut-être sur un prochain album " live " de sa tournée européenne 2001, dont la maquette commençait à prendre forme à l'issue de ce concert en Belgique. En voilà une bonne idée Mister Phillip.

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QUEBEC BLUES
A la rencontre des membres canadiens de la Chaine du Blues
Mai-juin 2001

La Chaîne du Blues, le webring lancé par Mike Lécuyer (voir LGDG n° 25 et n° 14) regroupe de nombreux sites francophones dont le sujet est... le blues! Parmi ces francophones, il y a bien sûr nos cousins canadiens. Mike, valeureux webmaster, n'a pas hésité à aller vérifier sur place si la bière Labatte Bleue méritait la réputation qui est la sienne ;-)

date: Septembre 2001
de: Mike Lécuyer <mlecuyer@club-internet.fr>

Claude Dornier, Mike Lécuyer, Sébastien Dubois,
Réjean Nadon,BlueSteel, Claude Sauvé

L'ami Claude Dornier nous invitait depuis un bon nombre d'années... alors notre premier voyage du 21ème siècle sera donc pour "la belle province". Hé oui, il fallait bien qu'un jour, j'aille à la rencontre des cousins canadiens ! C'est qu'il y en a pas mal dans la chaine du blues ! Et des sacrés numéros...
Je n'ai pu tous les rencontrer mais ceux que j'ai découvert m'ont tellement bien accueilli qu'il me semble impossible de ne pas les apprécier tous :-) Et puis il reste les e-mails (pardon les courriels) pour garder le contact... Et puis d'autres voyages encore plus musicaux peut-être...

MONTRÉAL
Au Bistrot à Jojo, nous avons rencontré Christian Martin (La guitare Bleue) qui prépare le lancement d'un nouveau magazine blues sur le Canada et la Louisiane : "Bleue Muse".
Et quelques jours plus tard, c'est au tour de Christophe Hug (Blueroad) qui vient d'émigrer au Canada. Ce n'est pas banal : on ne s'était jamais vu en France et c'est donc à la terrasse de Planète Hollywood que nous avons échangé quelques points de vue sur le blues et la vie!
Notre jam à l'Ile Perrot eut lieu chez Réjean Nadon (Le Net Blues). Il avait invité quelques-uns de ses amis musiciens et nous avons revisités quelques blues-rock 'r' roll américains (Sweet Home Alabama, Go Johnny Go, etc), québecois (Caline de blues (Offenbach), Le rock qui chante le blues (Blue Steel), Ne marche pas sur mes pompes bleues (adaptation spontanée de "Blue Suede Shoes") et français ( Faut que j' me tire ailleurs (Bill Deraime) Mister JJ Cale, Gare du Nord, etc). En buvant bien sur une bière Labatte Bleue (pub gratuite) !
Le soir un souper (préparé avec talent par Louise et ses enfants) concluait cette sympathique soirée. Encore merci les amis et à bientôt en France sur "la route des vins"... ou autre part !
Claude Sauvé, Mike Lécuyer et BlueSteel

QUÉBEC
Près du site indien, Le Village des Hurons, nous avons rencontré Pierre Jobin (Les Amis du Blues) avec qui nous avons fait un jam d'enfer (jam est masculin pour les québecois) sur ses compositions et les miennes. En buvant une bonne bière Labatte Bleue (pub gratuite) !

MONTRÉAL
Rencontre enrichissante aussi avec Gilles Gauvreau l'un des responsables du FESTIBLUES de Montréal (mi-aout chaque année) qui aimerait bien présenter ses poulains BLUES BERRY JAM aux festivals de France. Voir pages sur Festiblues, sur Le net blues et sur leur propre site Blueberryjam. Nous espérons bien "échanger" des artistes pour le plus grand bonheur des amateurs de blues curieux de découvrir les groupes de nos deux contrées. Par son intermédiaire, les principaux "bands" de la chaine du blues vont être écoutés par les responsables des programmations de 5 grands festivals.

MONTRÉAL
Square Dorchester. A partir de mi juin et pendant tous l'été, vous avez la possibilité d'écouter gratuitement tous les mercredis midi un groupe de blues. C'est là que nous avons découvert la Boppin' Blues band de Mike Gaudreau. Lire La kronik de leur dernier disque "Nous avions rendez-vous". Une belle découverte pour ma femme et moi car nous ne connaissions pas ce groupe. Du blues fifties Westcoast swing avec une saveur jazz, voila comment ils se définissent. C'est leur premier disque en français. L'ambiance fut chaleureuse et les textes plein d'humour semblaient bien amuser les spectateurs. Ils jouèrent aussi quelques "tounes" de leurs autres cds (en anglais). Avec tout ce potentiel, ils devraient casser la baraque (la cabane) si on pouvait les inviter en France !
J'ai raté MO BLUES (Michel Ouellette) et les gars de ATIBIBLUES, mais ce sera pour une autre fois !

Enfin avant de repartir vers la France et pour finir de ranger les cartons (private joke), je ne pouvais manquer une séance d'enregistrement pour deux démos chez Josée Bergeron et Claude Dornier (Saint Basile Le Grand Studio).



La Chaîne du Blues: webnzic.com/backstage/webring/blues/ask.phtml?action=list
LGDG n° 25: La Chaîne Du Blues a cent ans !
LGDG n° 14: la Chaîne du Blues se déchaîne!

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Handzame 2001 :
un festival en demi-teintes

Suite aux événements survenus aux États-Unis le 11 septembre, la programmation du festival d'Handzame (22 et 23 septembre) a été sérieusement bouleversée. Deux greenwoodiens ont cependant fait le voyage : Jocelyn et Eddie, avec des points de vue différents, sont revenus avec la même impression : 2001 n'a pas été un grand millésime. Heureusement il y avait le fils de Carey Bell pour créer l'événement.



photos : Jocelyn Richez
de: Eddie <ediandco@wanadoo.fr>

Festival en grande partie gâché cette année avec une programmation de rechange pas évidente et des insuffisances d'organisation assez déconcertantes.

L'éclectisme à ce niveau ça devient de l'équilibrisme sans filet de protection :

Terry Garland par exemple, son jeu de slide comme l'ensemble de sa prestation acoustique n'a guère réussi à dérider l'ambiance plutôt terne à cette heure de l'après-midi,

El Fish
El Fish

Roland Van Capenoute que j'aime bien pour avoir discuté avec lui l'an dernier de Rory et qui est un fin et truculent guitariste, qu'est-il allé se fourvoyer dans cette galère avec El Fish ?
No comprendo, tout y passera : des accents Mahavishu du pire de ce qu'a pu nous offrir George Harrison il y a quelques dizaines d'années à des trémolos Edith Piaf en passant par des scies façon mission impossible...

Les groupes de substitution aux Specter, Fender, Freund, Grimaldi défaillants :
une véritable parodie !

Les allemands de Velvetone relookés mode banane et plis tergal sur mesure nous ont balancé du twist, du rockabily, du 'southern pacific railway' -je déconne à peine mais pas un grain de poussière de blues que même hors du chapiteau, loin de la scène, à l'air libre ça commençait pas mal à fulminer, à ronger son frein et qu'ils n'ont eu les pauvres qu'un succès mitigé, poli sans plus.

Handzame Blues Festival dit le logo :
y avait comme une tromperie sur la marchandise !

Earl Gaines
Earl Gaines

Al Garner puis Earl Gaines, du pur sucre de soul avec un I love you toutes les demi-phrases, c'est vrai qu'un bon guitariste, sobre et précis rappelait de temps à autre ce que pouvait donner une musique moins scandaleusement aussi sirupeuse, aussi propice à la gesticulation parmi les premiers rangs.

Lurrie Bell fut le seul rayon de lumière :
quelle intensité,
quelle sérénité retrouvée parmi le public,
le plaisir était palpable,
pendant un peu plus d'une heure,
on en oubliait de regarder sa montre,
de se poster dans l'attente pour essayer de saisir de retenir de canaliser ce fluide cette singulière communion collective par la musique,
et quel bassiste efficace aussi ce Willy Samuels !

Je ne sais pas pourquoi après plusieurs heures à me morfondre au milieu de cette foule embiérée pestant contre l'acre odeur de fumée des joints mal assemblés la gorge rêche la voix éteinte l'étincelle vint le blues enfin et par trois fois le sagouin m'arracha des larmes de reconnaissance. Un type qui vous fait pleurer comme ça on ne peut que l'aimer.

J'ai vérifié mais je le savais déjà : sur disque aussi ça marche et au moins depuis 95 son Mercurial Son chez Delmark ; de la joie sans mélange, un jeu de guitare serré coupant comme une première lame de Tolède, une inflexion de la voix tantôt hésitante chuintante profonde qui vous transperce et fait écho aux jours les plus tristes de votre propre vécu tantôt comme émergeant des entrailles de la désolation, regonflée éructant vociférant aux étoiles.

Lurrie ne s'est pas départi de son jeu quand une corde cassa, joua sur cinq cordes et attendit longtemps, la Fender de remplacement en mains pour retrouver sa Gibson, le merdier, incroyable quand même !

Thank you Sir ! m'a t-il répondu quand dans un anglo-américain approximatif je lui ai dit tout le bien que je pensai de sa famille, de sa présence ici, de son show sans emphase, cristallin et sensuel à la fois.

De Lurrie, je prends tout sans réserves !

La tension retombée, ce fut au tour d'un guitar-hero (un de plus) texan : Jay Hooks de monter sur scène : alternance de rocks-blues (?) assez vindicatifs et de tempos plus lancinants rappelant de loin en loin soit SRV soit JW, bien épaulé par une bassiste à l'allure très Mid-West, pantalons et chapeau cow-boy assortis, rouge/noir flambant vermillon sans coulées sous les aisselles, la belle Marie qui ne se lasse pas de voir son Jay faire le pitre, jouer guitare dans le dos et annoncer fièrement pour conclure à la génération Woodstock qu'il va interpréter le fameux I'm going home d'Eric Clapton ! [NDLR %-?]

N'en jetez plus !

Dernier groupe : un curieux mélange de Doo The Doo et des Bo Weavil, en fait pas mal du tout avec un leader harmoniciste West Weston dont le timbre de voix m'a paru proche de celui d'Elmore Jazz, il était tard, le cœur n'y était plus trop mais ça se terminait quand même mieux que ça n'avait commencé...

Eddie

de: Jocelyn Richez <jrichez@noos.fr>

Ayant appris les défections en dernière minute, j'ai décidé de me rendre malgré cela à Handzame, espérant de bonnes surprises de la part des artistes que je ne connaissais pas.

J'arrive donc à Handzame le samedi 22 en début d'après midi alors que Terry Garland est déjà sur scène, seul avec sa guitare acoustique et sa "national". Il a un jeu essentiellement rythmique, très énergique, avec un battement de pied (plutôt un battement de jambe vu l'amplitude) assez phénoménal. Mais il y a un manque de finesse et un côté répétitif qui finit par lasser. Je ne regrette pas trop d'avoir raté le début.

Le concert suivant est celui du groupe Belge El Fish avec Roland Van Capenoute à la guitare, un concert inclassable et franchement bizarre à l'image de leurs tenues (sorte de bleus de travail, bonnet de laine pour l'harmoniciste, etc.) avec des délires aussi prétentieux qu'hors sujet, vraiment loin du blues traditionnel. Ils ont sorti clochettes, tambourins et j'en passe pour jouer un patchwork allant de musiques de série TV à l'hymne américain, bref, un peu tout et n'importe quoi à la fois. Roland m'a paru pas très inspiré, vraiment, un concert à vite oublier.

Pour remplacer Sammy Fender et Studebaker John, c'est un jeune groupe allemand originaire de Brême qui a été programmé: the Velvetones. Ils sont réputés pour jouer une sorte de rockally de garage inspiré par des groupes américains du début des années 80 comme les blasters et les paladins avec aussi des ballades tex-mex. Avec leurs bananes, on les croirait directement sortis d'une BD de Margerin ! Malgré un chanteur compétent et assez charismatique, le concert n'a jamais décollé à cause d'un guitariste visiblement limité et d'un répertoire inconsistant. Le côté crooner à la Elvis de fin de carrière, c'est pas mon truc !

Je commençais vraiment à faire grise mine. Je décidais alors d'aller acheter le T shirt du festival qui me plaisait bien, lui; malheureusement, les gens qui s'en occupaient ont vu un peu petit et il y en avait déjà plus. Pour me consoler, je me suis mangé un cornet de frites et là j'en retrouvé des belges rencontrés cet été à Cognac. Une rencontre sympa, c'est l'un des bons côté de ce genre de festivals.

Pete Farrugia
Pete Farrugia

Le concert suivant, est celui des Excello Legends (Al Garner et Earl Gaines) que j'avais déjà vu à Utrecht et qui remplaçaient en dernière minute Dave Specter et Steve Freund. Enfin, une vrai découverte, une bonne révélation avec le guitariste du groupe : Pete Farrugia, un type qui ne paye pas de mine, petit, rondouillard avec le crâne rasé, mais guitare à la main, c'est un tueur, très polyvalent, excellent notamment dans le style T Bone avec Al Garner. Al Garner a alterné blues et soul blues avec une voix puissante et un jeu de scène très dynamique étant je le répète soutenu à merveille par Pete Farrugia.

Earl Gaines qui prend la suite est un pur chanteur de soul avec certes une belle voix mais décidément, je reste hermétique à la soul. Earl Gaines tout comme Al Garner s'est présenté dans une tenue de scène extravagante qui ressemblait plus à un pyjama qu'à un costume (pyjama bleu rayé pour Al Garner, rouge uni pour Earl Gaines !).

Enfin arrivait le moment du concert le plus attendu et à juste titre du festival, celui de Lurrie Bell, très rare en Europe En le voyant arriver habillé comme un clochard (j'exagère à peine) avec un visage boursouflé et très marqué, j'ai eu une impression bizarre teintée de crainte pour le concert qui se préparait. Le personnage semble être dans son monde, peu communicatif, fidèle à son image de musicien taciturne, sombre et torturé à l'image d'autres grandes figures du Chicago blues comme Otis Rush ou Jimmy Dawkins. Heureusement, il a su trouver en Willie "Vamp" Samuel son complément idéal, un gars qui est non seulement un excellent bassiste mais qui sait aussi parler au public, faisant preuve d'une grande décontraction. Si le début du concert fut un peu timide (j'ai l'impression qu'il n'a pas l'habitude de jouer dans des grands festivals devant une foule aussi nombreuse), gâché par une balance défectueuse (on n'entendait pas assez la guitare de Lurrie). Heureusement tout rentrait très vite dans l'ordre et on a assisté à un superbe concert de Chicago blues avec une voix profonde et un jeu (sans médiator) très tendu, de long solos jamais ennuyeux. Lui, c'est sur, c'est pas un produit marketing, c'est un vrai bluesman comme je les aime. Une fois lancé, j'ai eu l'impression que plus rien ne pouvait plus le perturber, et surtout pas une corde cassée. La logistique étant un peu débordée, il a joué deux morceaux sur 5 cordes comme si ne rien n'était. Pour l'anecdote, on a fini par lui amener une télécaster. Il bien sûr joué des morceaux de son excellent nouveau CD mais aussi beaucoup de reprises ce qui m'étonne toujours de la part de musiciens comme lui qui ont un répertoire personnel de première qualité. Cela dit, quand il interprète I'll play the blues for you, ça vaut le déplacement. Cette fois le public calme jusque là s'est enfin réveillé. Mais pourquoi les organisateurs ont ils essayé de nous privé d'un rappel, en rallumant immédiatement la lumière et lançant la musique d'ambiance ? Heureusement le public a bruyamment réagi, et il y a bien eu un rappel !

Difficile d'enchaîner après un tel concert, après une telle claque. Et c'est le jeune guitariste texan Jay Hawks qui monte sur scène. Il a la réputation d'être le nouveau Johnny Winter, le Johnny Winter du 21ème siècle, je m'attendais donc à voir un guitar hero, mais ce fut une véritable carricature, avec sa gibson Firebird, ses long cheveux et son bandana aux couleurs du drapeau américain, Jay Hooks nous envoya un blues rock avec tous les clichés possibles, jouant de longs solos, souvent à la vitesse de l'éclair et dans toutes les positions (guitare dans le dos, derrière la tête etc.). Il finit son concert avec des reprises du voodoo child d'Hendrix et de Could'nt stand the weather de Stevie Ray Vaughan avant de nous emmener à Woodstock pour le rappel avec un remake du fameux I'm going home de Ten Years After. J'ai aussi remarqué la charmante bassiste au look de cow boy (ou cow girl ?) Maria Del Prete qui l'accompagnait.

Pour clôturer le festival, c'est curieusement un groupe anglais complètement inconnu (au moins pour moi) qui était programmé: les West Weston's Bluesonics. Un groupe très marqué années 50, qui aurait sans doute obtenu un honnête succès dans l'après midi mais qui n'avait indiscutablement pas sa place comme tête d'affiche.

En conclusion, l'édition 2001 du festival d'Handzame malgré un temps ensoleillé et un nombreux public fut un mauvais cru, une programmation où les déceptions se sont succédées, une organisation moins rigoureuse qu'à l'habitude notamment en ce qui concerne les horaires. Sur place des bruits ont couru indiquant que ce serait le dernier festival d'Handzame. C'est vraiment dommage qu'un tel festival puisse s'arréter sur une telle fausse note.

Heureusement, il y avait Lurrie Bell.

Jocelyn

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Dave Myers
décès d'une légende de Chicago

de: Jocelyn Richez <jrichez@noos.fr>

En parcourant le site de Jimmy D Lane (le fils de Jimmy Rogers), j'ai appris le décès de Dave Myers le 2/9/2001 avec ce texte:

"Good Night Dave. I learned so much from you. I'll never forget the lessons you've taught. Say hello to Louis and Pop for me." (Jimmy D. Lane)

C'est effectivement l'un des guitaristes les plus légendaires de Chicago qui vient de nous quitter. Certains de ses enregistrements dans les années 50 notamment, avec son frère Louis et le batteur Fred Below que ce soit derrière Little Walter, Junior Wells ... font partie des grands classiques du Chicago blues.
Il a accompagné les plus grandes figures du Chicago Blues comme Otis Rush, Muddy Waters, Jimmy Rogers, Little Walter, Pinetop Perkins, Howling Wolf, Buddy Guy, Junior Wells, Willie Mabon, Koko Taylor etc...
Tout comme Son Seals, il fut emputé d'une jambe à cause du diabète.
Pour plus de détails, voir la page suivante: centerstage.net/music/whoswho/DaveMyers.html
J'ai réécouté ce matin le CD de Willie Mabon dans la série "blues références" sur lequel la guitare est tenue par Dave Myers: c'est du grand Chicago blues !




de: Phil CatFish <Philpretet@aol.com>

Dave Myers, était l'un des pionniers du chicago blues moderne, excellent sideman de Little Walter, entre autres, dont le jeu de guitare syncopé était parfumé par les effluves du Mississippi, d'où il était natif (Byhalia MS).
A l'évocation de son nom, je pense tout de suite aux frères Myers (Louis et Dave) qui ont crée en 1949 le fameux groupe des "Aces" avec Fred Below et Junior Wells...
Le groupe mythique jouait dans le South Side de Chicago tous les lundis (blues monday) au South Louise's park Lounge sur la 69 th rue... avec ses guests...
Marcelle MORGANTINI a su restituer cette ambiance de blues night notamment sur "the Aces with their guests" MCM RECORDS 900.293. en l'occurrence avec Joe Carter, Bobby King, et Johnny Drummer, que du beau monde ! Dave y jouait de la basse et assurait le chant derrière son frère.
Il a attendu longtemps pour enregistrer en solo son premier album en 1998 pour Black Top avec la fine fleur du label : Kim Wilson (harp) le très bon Rusty Zinn, (guitar) Richard Innes (drums) etc...
Sa voie feutrée est voilée par le poids des ans, mais l'ambiance chaude et placide du chicago blues est bien là.

"Im just a blues player... The blues has been my life. I know some may like it and some don't, but i feel good about it because it pleases Me" Dave Myers - 1998

Il aurait eu 78 ans en octobre... Good-bye Dave.

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Mississippi John Hurt

Mississippi John Hurt (gouache de Phillippe Champarou, 2001)

portrait de Mississippi John Hurt
(gouache)

par Philippe Champarou (© 2001)
pour la Gazette de Greenwood ( www.gazettegreenwood.net )

Voir un agrandissement du portrait

Bill Morrissey:
Songs of Mississippi John Hurt

A la suite de la Gazette de Greenwood n°35 Tome 2 (spécial Mississippi John Hurt), voici un autre disque hommage à John Hurt, sorti il y a 2 ans:

date: 19 Septembre 2001
de: Christophe Oliveres <christophe.oliveres@wanadoo.fr>

J'en profite pour parler du disque de Bill Morrissey "Songs of Mississippi john hurt" (sorti en 1999) que je me suis procuré aujourd'hui. Bill Morrissey

J'ai été surpris de voir ce que l'on pouvait faire des titres de MJH.

Ce disque est du Bill Morrissey de A à Z : plutôt posé, des arrangements subtils, un jeu de guitare intéressant et une approche du style quasiment différente pour chaque titre.

Morrissey intègre au répertoire de John Hurt des soli d'Harmonica (Cormac McCarthy), de trompette (Jamil Sharif), de mandoline (Frereric Koella), quelques interventions de piano (David Torkanowsky), le tout soutenu par des guitares en picking et slide (Morrissey et Peter Keane) et parfois une section Basse (James Singleton et David Lee Watson) - Batterie (Johnny Vidacovich).

C'est globalement un disque très agréable, respectant l'atmosphère de MJH (virtuosité camouflée, voix douce etc.) mais arrangé à la sauce Morrissey.

Au programme :
If You Don't Want Me
Avalon Blues
Shake That Thing
Louis Collins
First Shot Missed Him
Big Leg Blues
Hey, Honey, Right Away
Joe Turner Blues
I'm Satisfied
Beulah Land
Funky Butt
Coffee Blues
Monday Morning Blues
Good Morning, Miss Carrie
Hot Time in the Old Town Tonight

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Paul DeLay
Heavy Rotation

date: 11 Septembre 2001
de: Benoît "Planet Harmonica" Felten <ben@planetharmonica.com>
Paul Delay

Paul DeLay est un des harmonicistes les plus originaux en dehors de la scène jazz aujourd'hui, à la fois au diatonique et au chromatique. Ses spécificités ne sont pas à proprement parler techniques mais plutôt dans les phrasés et l'usage du son. Il a commencé à sortir des albums très personnels au début des années 90 après deux années passées en prison à la suite de problèmes de drogue, deux années qui ont changé sa vie. "Heavy Rotation" est le cinquième album sorti sur le label Evidence depuis sa sortie de prison, et le quatrième avec le Paul DeLay band.

Commençons par les mauvaises nouvelles : cette couverture de CD est vraiment IMMONDE !OK. Voila pour les mauvaises nouvelles.

Le son et le style de Paul DeLay restent quoiqu'on en dise liés à ceux de son groupe. Son album précédent était aussi sa première infidélité à son groupe. Il présentait Paul DeLay accompagné par un groupe de Chicago Blues avec un titre approprié : "DeLay does Chicago". Bien que ne manquant pas de mérites, l'album n'atteignait pas vraiment ses objectifs : pas assez Chicago pour être un album de blues classique efficace, et pas assez DeLay pour être un album de Paul DeLay efficace. Sur "Heavy Rotation", Paul est de retour avec les musiciens qui l'ont accompagné depuis le début des années 90, et ils sonnent vraiment bien ensemble...

Le groupe est constitué de Louis Pain à l'orgue hammond et au pédalier de basses, Peter Damman à la guitare, Dan Fincher au saxo ténor et Kelly Dunn à la batterie, le seul "petit nouveau" du groupe. Cette composition du groupe produit un son clairement R&B, en particulier avec la combinaison hammond-saxo. Ce sentiment est renforcé par la voix de Paul DeLay's au registre médian étonnant pour quelqu'un de sa corpulence.

Ce qui constitue le son Paul DeLay, c'est aussi l'écriture. Bien que le blues ne soit jamais très loin, vous n'entendrez ni "woke up this morning" ni "highway 49" sur ce disque. Les paroles de Paul, même lorsqu'elles abordent des sujets "classiques" pour du blues sont toujours très personnelles et combinent une poésie un peu naïve et un humour cynique. A titre d'exemple, on peut citer les images mélancoliques de la ballade "Love Grown Cold" : It's a diamond ring / With a little tiny stone / Sitting in a pawn shop window / Sitting there all alone... Dans un registre plus cynique, les paroles de "It isn't easy being big" sont aussi assez percutantes : You gotta eat the wrong foods at the wrong times / And you can't just go movin' around / You got to sit right in your easy chair / Or you might lose one or two pounds...

Et puis, il y a le jeu d'harmo de Paul. Il fait partie de ces rares joueurs qui n'usent pratiquement jamais de ces quelques riffs "classiques" qu'on a tous entendu dix-mille fois. Sur l'introduction de "Wealthy Man", on peut presque entendre d'où vient l'admiration que Paul DeLay dit professer pour Sonny Boy 2, mais c'est fugace! Cela contribue à donner à DeLay un style clair et reconnaissable qui n'appartient qu'à lui. Ses phrasés son très inventifs, et c'est d'autant plus évident lorsqu'il joue du chromatique. Il parvient à jouer dans un style blues très jazzy, original et néanmoins accessible.

Ce disque a tous les atouts d'un bon disque de Paul DeLay. Le choix délibéré de ne pas surfaire la production confère une fraîcheur vraiment agréable au son du groupe. La guitare de Peter Damman est plus mordante que jamais, Louis et Dan contribuent discrètement à l'ensemble sans étouffer l'affaire. Je n'hésite pas à dire que c'est le meilleur album de Paul DeLay depuis "Ocean of Tears" ce qui, considérant que les albums entre les deux étaient loin d'être mauvais, n'est pas peu dire !

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Jean Jacques Milteau
le " souffle " de l'âme, du côté de Memphis…

date: 27 septembre 2001
de: Phil CatFish <Philpretet@aol.com>

Jean Jacques Milteau a en rêvé. Il l'a fait ! Un album à Memphis - Tennessee, carrefour mississippien des musiques afro-américaines, où l'harmoniciste éclectique et virtuose a accompli bien plus qu'un simple voyage initiatique aux sources du blues. J. J. M. a mis son âme au diapason de la soul locale et a su attirer à lui tous les ingrédients nécessaires à la réussite d'un met "Royal" qui se déguste sans modération. Ce disque arrive à point nommé dans le parcours musical de Jean Jacques Milteau. Après quelques incursions dans des styles hétéroclites, et de belles réussites , l'appel de la musique du diable se faisait de plus en plus pressant. Dès lors, comment résister aux sirènes du Mississippi en compagnie de Little Milton, de Migthy " Mo " Rodgers (excellent à Jazz à Vienne 2001) ou encore de l'autre Migthy : Sam Mc Clain ! Le responsable d'édition de l'album, Sébastien Danchin, a vu juste. Une sélection de titres textes et morceaux choisis qui valorisent le phrasé superbe de l'harmonica entouré de quelques uns des meilleurs soul bluesmen noirs américains en exercice. Cela donne le talent à l'état brut : c'est fou ce que Milteau arrive à tirer de ce "petit machin"! Le souffle de l'âme est quasiment perceptible. Ce disque est bourré de feeling et d'authenticité. On sent à travers les pores de la peau ce frisson qui caractérise le blues éternel. The blues is alright . Précipitez vous chez votre disquaire. Assurément, un des meilleurs disques blues de l'année 2001.

ref CD: Memphis, Jean-Jacques Milteau,2001, Emarcy
le site du disque: www.jjmilteau-memphis.com
le site de Jean-Jacques Milteau: jjmilteau.free.fr
la chronique parue dans la Gazette de Greenwood n°35: Jean-Jacques Milteau: Memphis

Mighty Mo Rodgers (photo Philippe Pretet)
Mighty Mo Rodgers © Philippe PRETET 2001 Jazz à Vienne

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Mathis's Mathematical Blues
50% More!

date: 2 Octobre 2001
de: Christophe Tof Godel <christophe.godel@freesbee.fr>

C'est avec un plaisir certain que je viens vous donner mon sentiment sur le 3éme disque de démo des Mathis's Mathematical Blues. Il faut dire que je suis fan depuis que je les ai vraiment découvert lors du festival off à Cahors. Ce fut pour moi un moment privilégié.

Est-ce que cette démo allait confirmer mon impression ? La réponse est oui. On y retrouve la même fraicheur, le même talent dans les reprises qu'ils font, la même osmose entre les membres du groupe. Vous aimez le blues accoustique ? Une section rythmique de haute tenue ? Un harmonica alliant le feeling et la puissance rythmique ? Une guitare impeccable? Une voix saisissante ? De l'humour, du partage, du feeling ? Voilà la formule onirique des Mathis's Mathematical Blues !

Les essayer, c'est partir en voyage dans ce vaste monde du blues, celui qu'on aime... Mais parfois on se prend à errer aux frontières, quand il s'en éloigne un peu, proposant un petit goût folk dés plus sympathique.

Mathis's Mathematical Blues c'est :
- Delphine Bayard à la batterie
- Mathis Haug au chant et aux guitares (guitare accoustique ou électrique sur Framus).
- Laurent Materese à la contrebasse
- Florent Siclet à l'harmonica
A noter aussi, Seamus Taylor qui écrit parfois les textes avec Mathis Haug sur les compositions personnelles.

Cette démo comporte 7 titres, dont 4 nouveaux par rapport aux deux premières démos. Ces 4 morceaux sont des titres live, enregistrés en concert en Mars 2001, à l'Exodus à Marseille. Un titre provient de la première démo, et deux de la deuxième. 2 de ces nouveaux titres sont des compositions originales : Interactive blues, est un blues rythmé et dansant, voire swingant, dans lequel on peut admirer la rigueur rythmique du backline et de Mathis à la guitare, et la "pompe rythmique" (je cite notre Docteur Blues ! Ca décrit vraiment bien ce travail impressionant) de Florent Siclet. Poodle Dog ressemble plutôt à une petite ballade, avec des accents folk. L'ambiance musicale et la voix de Mathis rendent une athmosphère captivante.

Les autres titres sont une reprise géniale de Good Morning Little School Girl de Sonny Boy Williamson et surtout le thème traditionel "Pick a bale of coton". Ce dernier titre est vraiment terrible, et en concert, je peux vous dire que ça rend bien!

L'un des titres phares de cet album, présent sur la première démo, est la reprise du traditionnel Catfish ! Je comprend qu'il soit encore là ! Quelle chaleur, quelle puissance, quelle énergie, quelle fougue, quelle passion, quelle immersion dans ce vieux blues. C'est un duo Mathis et Florent qui détonne. Une partie endiablée et rythmée à vous retourner en deux temps trois mouvements, entourée de deux parties lentes qui sentent bon le Mississippi !

Les deux autres titres proviennent de la deuxième démo, enregistré en studio, avec le somptueux "Diddie Wah Diddie" (Blind Blake) et la composition originale "Crush On You". Ce dernier possède ces accents ballades et folk. C'est vraiment une belle composition.

Donc, au cas où vous n'auriez pas suivi, je suis devenu inconditionnel de ce groupe. J'aimerais bien faire quelques émules ! :)) Amis du sud (ils sont de Nîmes), si vous le Mathis's Mathematical Blues passe par chez vous, allez-y les yeux fermés. Et si certains tourneurs du Nord de la Loire avaient la bonne idée de les faire venir, j'en serais ravi !

Ainsi je pourrais les revoir avec joie ! A Cahors, ils sont restés plus de 3 heures à faire plaisir à la foule massée pour l'occasion et à partager avec eux leur amour de la musique. Ils font partie de ces rares groupes qui sont plein de cohésion, d'écoute et de partage, comme les Hoodoomen dans un autre registre !

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Amor:
Play fort mi Amor...

date:2 Octobre 2001
de: Christophe Oliveres <christophe.oliveres@wanadoo.fr>

Jon Amor, l'ancien guitariste du groupe The Hoax, démarre une carrière solo avec un album intitulé tout simplement " Amor " chez Manhaton Records Hatman 2004.

Je dois avouer que dans un premier temps je n'ai pas été emballé par cet enregistrement (je préfère les choses plus traditionnelles). Il m'a fallu plusieurs écoutes pour finalement passer outre mes goûts personnels et faire preuve d'objectivité. Présenter cet album comme du pur Blues serait bafouer la confiance des lecteurs de la Gazette, car, si le fond est effectivement bluesy les moyens mis en oeuvre n'en sont pas moins empreints d'une forte modernité (utilisation de samples, de loops et autres artifices électroniques ).
Les influences éclectiques (Hendrix, Kravitz, Beck, Stevie Ray Vaughan) sont parfaitement digérées et permettent au trio (Jon Amor : guitares et chant - Mat Beable : basse et chant - Wayne Proctor : batterie et sample) d'offrir un album original, très énergique, alimenté par de puissants riffs d'une indéniable efficacité aux parfums Funky, Rock voir Pop. C'est cependant un produit manifestement dédié à un large public car la frontière qui le sépare du Pop-Rock actuel est parfois assez mince.
Il reste néanmoins un disque bien construit, aux arrangements recherchés, dans lequel Jon Amor expose ses talents de guitariste/chanteur, mais aussi d'auteur/compositeur, et, même si la guitare est mise en avant, le groupe forme un tout très cohérent.
A noter la participation de Johny Dike (piano, hammond, clavinet, synthe) et de Muddy Waters (" Jump and Shout ", un sample de Hoochie Coochie Man bien évidemment ;-).

Le site de Jon Amor : www.jonamor.com

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la Rubriqu' à blues…

date: 27 septembre 2001
de: Phil CatFish <Philpretet@aol.com>

Les labels british font feu de tout bois en proposant des compilations et des rééditions des plus belles faces de Cobra, Job, Kent, Jewel ou encore Modern. De quoi se régaler à l'approche de l'automne en (re)découvrant des titres remastérisés inoubliables, du blues d'après-guerre, et des années 60-70. A vos platines !

Lowell Fulson :

black nights - the early Kent sessions - Ace CHCHD 804

Lowell Fulson, d'origine indienne, (son père était indien Cherokee et sa mère noire) est considéré avec T-Bone Walker et Pee Wee Crayton comme l'un des pionniers de la guitare électrique sur la West Coast blues.
Après une période faste dans les années 50 qui le propulsera au sommet du top selling avec des titres remarquables tels que "Reconsider Baby" enregistré par les frères Chess, le label Kent dirigé par les frères Bihari à Los Angeles s'intéresse à lui. Black Nights, titre phare des hits parade, est ici compilé avec les 45 tours qui ont été enregistrés entre 1964 et 1971, que l'on doit au fameux "triumvirat" Fulson, Maxwell Davis et "fats" Washington. Lowell qui se faisait alors appeler Fulsom façonne un jeu de guitare fluide et coulé, au phrasé subtil et efficace qui accompagne un timbre de voix chaud et légèrement voilé. A l'évidence, son style unique recèle une faculté d'adaptation saisissante aux tendances modernes soul et funky qui enthousiasmaient la jeunesse noire du début des seventies. Les morceaux des deux albums " remastérisés " plairont à ceux qui aiment retrouver de la dynamique et une bonne définition sonore. Malgré plusieurs doublons (malvenus) avec "Tramp/soul" Ace CDCHD 339, Black Nights (24 titres) est, à mon avis, l'un des albums majeurs du blues californien des sixties qui mérite de figurer en bonne place dans votre discothèque.

Lightnin' Hopkins :

fishing clothes - the jewel recordings 1965-69 - 2 CD - Westside Wesd 228

On ne présente plus "l'éclair", le maître du country blues texan! Feutre légendaire et lunettes noires, tiré à quatre épingles, ce bluesmen au physique de dandy a écumé tous les juke-joints (*) de Memphis à Houston … Son œuvre magistrale et pléthorique, parfois inégale, consacre, à n'en pas douter, l'un des monstres sacrés du rural blues électrique et acoustique. Lightnin' Hopkins excelle dans les improvisations. Ses arpèges ont fait école et ses basses boogie ont marqué la mémoire collective. Sa voix chaude, grave et rauque, venue d'ailleurs, subjugue le profane comme l'amateur averti. La réédition des faces jewel, comprenant une quinzaine d'inédits, donne l'occasion de le retrouver au meilleur de sa forme. Le premier album est un véritable choc. Les accents terriens de Moaning Blues ou de Found my baby crying font merveille, valorisés qu'ils sont par le doigté étonnant du pianiste Elmore Nixon. N'oublions pas que Sam Hopkins a écrit des textes sulfureux, notamment Vietnam War, politiquement incorrects, ce qui était terriblement audacieux pour l'époque! L'ambiance lourde et suintante des juke-joints est prenante à l'écoute de a death in the family, bourré de feeling et d'authenticité. Ecoutez l'expression plaintive de l'harmonica de Billy Bizor (?) Frisson garanti ! Vous l'aurez compris : ce double album est véritablement une référence incontournable.

Discographie sélective : the Gold Star sessions Vol 1 et 2 Arhoolie CD 330 et 337 et le méga coffret The complete Prestige/bluesville recordings Fantaisy 7PCD 4406 2 / Carrère.

(*) juke-joints : bâtisse comprenant un bar et une piste de danse dans laquelle les bluesmen jouent jusqu'à l'aube pour le public noir local.

En bref…

Le label Westside continue son travail méticuleux de réédition des catalogues Cobra et Job. Snooky Pryor (Pitch a boogie woogie if it takes me all night long - Seminal post-war Chicago blues Wesa 869) Magic Sam (With a Feeling the complete cobra chief and crash recordings 1947-1966 Wesa 890) Sunnyland Slim & Friends (Sunnyland special - the Cobra § Job recordings 1949-56 Wesa 910) ou encore Harold Burrage, le roi du blues " rockn'rollisé " de Chicago (Messed up - the Cobra recordings 1956-1958 Wesm 634) sont tous d'excellente facture. C'est l'occasion de compléter ou de regrouper sur un seul support des titres anciens ou inédits mal ou peu distribués dans l'hexagone.

Mighty "le tout puissant" Sam Mac Clain est, sans surprise, toujours abonné au Blues for the Soul (Telarc CD 83487) dans la même veine que Journey (Audioquest AQ-CD1048). L'ex sidemen de Muddy Waters, Luther "Guitar Junior" Johnson est redevenu convaincant avec Talkin'about soul (Telarc CD 83476). La suite au prochain numéro…

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Bouillon de bluesiculture:
Searching for Robert Johnson
de Peter Guralnick

date: 24 septembre 2001
de: Loïc Tissot <Loic.Tissot@ouest-france.fr>
Searching for Robert Johnson

Ecrire sur Robert Johnson, c'est approcher la légende. Et s'amuser des limbes de cet astre du blues. Car quel artiste afro-américain a suscité autant d'histoires et de commentaires??? Si ce n'est des hommes comme Bob Marley, Marvin Gaye, qui ont été les grandes voix du reggae et de la soul.

Nombreux ont été les fans, éblouis déjà par le style musical unique de Robert Johnson, à vouloir comprendre le génie du blues. Cela a donné naissance à des milliers d'articles et à de multiples biographies.

Peter Guralnick dit n'avoir jamais entendu pareille voix à celle de Robert Johnson. Ce fan s'essaie donc à l'écriture d'un ouvrage. Ainsi, il se base sur les écrits d'un grand spécialiste du bluesman, fouineur hors-pair, Mack Mc Cormick. Ce dernier a écrit "Biography of a Phantom", auquel se réfère abondamment Guralnick pour compléter ce qui deviendra "Searching for Robert Johnson, the life and legend of the king of the Delta Blues singers".

Dans cette biographie publiée en 1989, Guralnick commente avec parcimonie ce que l'on connaît comme les grands épisodes de la légende de Robert Johnson. Notamment ses rencontres avec Son House et Willie Brown, qui forgeront le talent fulgurant de Johnson. Guralnick, au contraire, va essayer de trouver les clés. Et s'attarder alors sur Robinsonville, Mississippi, petite ville en haut du Delta, à une trentaine de miles de Memphis, Tennessee. C'est là-bas que Lomax a découvert un des mentors de Johnson, Son House (on pourrait aussi citer Charley Patton), sur des infos fournies par McKinley Morganfield, alias Muddy Waters.

Celui qui selon les mots de Johnny Shines, était "un loup solitaire, seulement proche de sa guitare", suscite bien les commentaires. Celui du producteur Don Law est intéressant. Quand Johnson enregistre dans des entrepôts de Dallas, il décrit les mains de l'artiste. "Jamais vu des mains aussi fines et bien dessinées. Ça m'étonnerait qu'il ait travaillé dans une plantation."

Qui est Robert Johnson ? Plus on essaie de s'approcher du factuel, plus le mystère s'épaissit. D'autant plus qu'il existe peu de traces photographiques de l'artiste (il en existerait cinq en tout et pour tout). La légende se nourrit alors de toutes suspicions, d'informations qui se contredisent, de témoignages comme celui de Sonny Boy Williamson (II) qui soutient que Robert Johnson est mort dans ses bras. Chacun essaie de se tailler la part belle dans la légende du solitaire d'Hazlehurst.

Chacun, inconsciemment, a aussi compris l'empreinte que laissera Johnson dans le Blues. Peter Guralnick lui aussi l'a compris. Et bien écrit. Ummmmmmmmmmm...

réf: "Searching for Robert Johnson, the life and legend of the king of the delta blues singers" (éditions Pimlico), de Peter Guralnick.

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Bottleneck
Une Nouvelle de jean-Michel Borello

Guitariste et auteur-compositeur du groupe Mo & The Reapers, on sait que Jean-Michel Borello n'hésite pas à saisir la plume pour écrire des articles toujours passionnants dans des journaux aussi prestigieux que Soulbag ou la Gazette de Greenwood ;-).
Aujourd'hui, Jean-Michel nous livre une nouvelle que la Gazette de Greenwood (www.gazettegreenwood.net) vous présente en exclusivité avec une joie non dissimulée!



Gil et Jean-Michel
(pas très loin de Greenwood ;-))
     

"Searching For Robert Johnson" a écrit Peter Guralnik, "Biography of a Phantom" nous promet Mack Mc Cormick ...

Jean-Michel "Big Joe" Borello aurait pu intituler sa nouvelle "J'ai trouvé le fantôme de Robert Johnson"!

Mais il a préféré le titre "Bottleneck", en souvenir du goulot de bouteille frappé de trois fourches que lui a laissé le bluesman mythique.

C'est à Greenwood (Mississippi) que l'action se passe par une nuit moite d'Août 2000 qui aurait pu être bien ordinaire... si il n'y avait eu ce boeuf que Jean-Michel fit avec un guitariste noir élégant et un harmoniciste dégingandé coiffé d'un chapeau melon.
Plus prudent que le guitariste, "Big Joe" n'a pas accepté de boire le breuvage de la bouteille entamée que le tenancier du juke-joint lui proposa. Bien lui en a pris, car aujourd'hui il peut nous raconter cette fabuleuse et bien étrange histoire.

Mo Al Jaz et Gil peuvent bien en rire, mais c'est sûr: ce soir là Jean-Michel Borello avait le voodoo dans la tête.

Lire "Bottleneck"

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Interview:
Blues Qui Roule
à l'antenne de France "Bleu Loire Océan"

Pendant les Rendez-Vous de l'Erdre, grande fête Nantaise où le blues est dignement représenté grâce à l'association Blues Qui Roule, Alain Leclerc (aka Harmo), Président de cette association, a été interviewé sur France Bleu Loire-Océan. L'occasion de parler de Blues à la radio, et de faire le point sur cette association dont nous avions parlé dans la Gazette de Greenwood n° 18
Alain Leclerc (aka Harmo)
Alain Leclerc (aka Harmo)
Président de Blues Qui Roule

On va revenir sur une association nantaise, dont on a déjà parlé tout à l'heure, avec, cette fois, son président. Alain Leclerc, bonsoir...

bonsoir...

Vous êtes le président de l'association "Blues Qui Roule" qui a été créée il y a trois ans déjà...

Pratiquement. Nous fêterons son troisième anniversaire en décembre prochain.

Alors, elle a pour vocation de rassembler, au sein d'une même structure, des musiciens et des passionnés de blues, ici, à Nantes. Nous sommes d'accords ?

Oui, il faut bien un point de départ, un ancrage pour rayonner, ensuite. Ca partait du constat qu'à Nantes, il y avait ( et il y a toujours) une pépinière d'excellents musiciens. Pour nous, c'était l'occasion rêvée de réunir dans une association : nos espérances de développement de projets autour du blues nantais dont la qualité est reconnue, aujourd'hui, bien au-delà de nos frontières naturelles, et tous les amoureux du blues qui, rappelons-le, est le creuset de toutes les musiques, y compris du Jazz... Je dis ça à l'adresse de ceux ayant un peu trop tendance à l'oublier du haut de leur tour d'ivoire.

Qui, par exemple ?

Je souhaite la concorde mais je pense à ceux qui, élevant le Jazz au rang du sacré, jugent le blues avec une bien grande sévérité. Alors, quand les mêmes personnes sont en charge de la programmation d'espaces culturels, ça interpelle beaucoup de monde, dont je suis.
Bien sûr avec ses douze mesures, le blues n'est pas une musique compliquée. Bien sûr elle n'a rien d'élitiste (c'est ainsi et je dis tant mieux ! ) Certes, le blues a un vocabulaire réduit mais il parle aux gens en les touchant droit au cœur. C'est un langage compris par un large public qui ressemble fort à celui de "Tintin" : de 7 à 77 ans (rires).
Le jazz expérimental (exemple que je ne prends pas au hasard), est évidemment une forme d'expression respectable comme beaucoup d'autres. Mais, dîtes-moi, franchement : est-ce une musique populaire ? Est-ce que ça prend aux tripes ? Pour ma part, je doute que ça mobilise un jour les foules !
Nous, à "Blues Qui Roule", nous ne sommes pas des bâtisseurs de sanctuaires. Nous prônons l'ouverture et nous croyons aux projets pluriculturels. "Les Rendez-vous de l'Erdre" illustrent parfaitement mon propos. En effet, depuis des années, le mariage du Jazz & du Blues y est célébré comme le sacre musical de la fin de l'été. Devant les caméras de France 3, nous avons ouvert les prémisses de la quinzième édition de cette grandissime manifestation par une improvisation de guitares avec le "Trio Givone".
Vous réalisez ? Du swing manouche & du Deep Blues ! (Arnaud Fradin, de "Malted Milk", jouant du bottleneck sur un rythme à la Djengo Reinhardt ? Du jamais vu...) Avec nos amis les Givone, nous avons démontré, si besoin était, que Jazz & Blues faisaient bon ménage. La condition étant, bien entendu, d'avoir la volonté de transcender les clivages au grand bonheur devant en résulter pour les oreilles (Rires).
J'ajoute que "Blues Qui Roule" tient beaucoup à la gratuité de la diffusion du blues. C'est, là, une de ses originalités. Pourquoi ? Bien, tout simplement pour rendre cette musique accessible au plus grand nombre. D'abord, elle appartient à tout le monde, c'est à dire, à chacun de nous. En effet, qui, dans sa vie, n'a jamais croisé le Blues, au sens propre comme au sens figuré ? (Rires). Bon, j'arrête là, car, je dénonçais précédemment un esprit de chapelle et je ne voudrais pas donner l'impression de faire du prosélytisme et apparaître comme un gourou du blues. (Rires).

On a effectivement déjà parlé avec certains musiciens, membres de "Blues Qui Roule", de la scène nantaise, des lieux pour jouer. On sait qu'ils ne sont pas assez nombreux. Alors, vous précisiez, vous, Alain Leclerc : que ce n'était pas une association de tourneurs !

Tout à fait. Nous avons des ambitions mais pas celle là. Il est vrai que nous nous déplaçons sur les grandes scènes de blues en France (Cognac, Cahors, Mantes...) et c'est difficile, comme je vous le disais précédemment, pour une association à but non lucratif comme la nôtre. Nous manquons singulièrement, non pas de volonté, mais de moyens pour entreprendre isolément de grandes choses. Je précise que "Blues Qui Roule" n'a rien de commercial et son logo se veut exclusivement un label de qualité. D'ailleurs, nos statuts sont là pour nous préserver de toute tentation mercantile. Disons que nous sommes des gens qui réfléchissent aux concepts, qui peuvent aider à la réalisation d'événements mais nous ne sommes ni tourneurs ni organisateurs de spectacles. Nous restons dans le cadre associatif de la loi 1901, pour le moment. On verra ce que demain sera en fonction de la réponse du public et, sans doute, aussi, selon notre positionnement par rapport à divers grands projets, notamment, celui du futur espace culturel de la communauté urbaine. Nous avons des idées sur la question et des propositions. En attendant, nous souhaitons continuer à faire partager notre passion pour le blues et à permettre sa découverte y compris aux enfants des écoles ; ce qui en soi est déjà une très grande satisfaction.

Bon, ce n'est pas une association de tourneurs. C'est à dire qu'en tant que blueswoman, par exemple, je ne peux pas aller vous voir en disant : " Vous me trouvez des dates et vous vous dépêchez, s'il vous plaît. En revanche, vous amenez une aide à la production, vous répondez aux questions de ces musiciens, parfois jeunes, pour la plupart, qui se lancent dans le blues ?

Tout à fait...

Et puis, une aide à la promotion. Et, là, ce n'est pas tout à fait pareil.

Absolument ! Alors, ça me donne l'occasion de préciser que l'association est ouverte à tout le monde. Il y a bien évidemment des instrumentistes mais ils ne sont pas les seuls. Il y a également, et c'est heureux pour l'association, des gens qui apprécient cette musique sans la pratiquer et qui sont, chez-nous, aussi importants que les musiciens. Par leur concours, ils participent activement, d'une certaine manière, à la promotion des formations. J'en profite pour les saluer au micro.

Oui, parce qu'ils veulent la défendre et peut-être apporter leurs connaissances ?

On peut dire leurs compétences. S'agissant d'une petite structure comme la nôtre, nous avons effectivement besoin d'adhérents plus acteurs que spectateurs... Bon, mais c'est tout le problème du bénévolat dans le monde associatif… Bien que ça marche pas mal à "Blues Qui Roule", qui compte, à l'heure où je vous parle, plus de cent adhérents !
Pour la logistique, nous avons nos propres techniciens pour le son et les lumières. Et ils viennent d'être rejoints par un adhérent, caméraman professionnel. Nous travaillons également avec une jeune agence nantaise de communication sur plusieurs projets, dont un sur DVD au bénéfice d'une association d'aide à l'enfance. Projet pour lequel nous souhaitons élargir le cercle de nos partenaires.

Aujourd'hui, on a tendance à dire que le Rock ne va pas si bien avec l'arrivée de toutes les musiques électroniques qui déferlent. Comment se porte le Blues ?

Oui, il y a beaucoup de soirées platines (qui semblent très bien aux dires des amateurs) et qui marchent peut-être mieux. C'est peut-être plus rentable pour les patrons de bars. Nous, du coup, on fait des concerts sur la côte. On a réalisé, cette année, deux festivals "Blues Qui Roule". La première édition de "Presqu'île In Blues", en juillet au Croisic et la seconde édition de "Blues en Retz", en août à Pornic, qui répondent tous les deux au même concept.

Quel est ce concept ?

Oh ! Il est simple. On travaille beaucoup sur le développement de partenariats en zones rurales. C'est dans ce cadre que nous avons monté cette première édition de "Presqu'île In Blues" avec la municipalité, le Conseil Général et le soutien de partenaires privés ; ce qui est en correspondance avec cette idée d'ancrage. Et nous pensons mettre un pied dans le vignoble dans l'idée d'un rapprochement avec Jazz-Sur-Lie.

Quelle en est la raison ?

Simplement parce que le blues n'a pas toute la scène qu'il mérite et que nous savons qu'il a un public dans ce secteur. Nous remercions évidemment "Les rendez-vous de l'Erdre". C'est quand même un tremplin extraordinaire pour une petite association à but non lucratif comme "Blues Qui Roule" de pouvoir s'exprimer dans une manifestation internationale, mais il nous faut ouvrir de nouveaux espaces de diffusion pour le Blues. Si des communes du Sud Loire sont intéressées par un festival "Blues Qui Roule", elles peuvent prendre contact avec nous. Nous y réfléchirons, ensemble.

A propos de territoire, qu'en est-il de votre déplacement aux Etats-Unis ?

Pour ma part, je crois que nous aurons certainement la possibilité de représenter Nantes, donc la France, lors du prochain festival blues de Jacksonville.

Ville de Floride jumelée avec Nantes, je précise.

Oui, c'est dans ce cadre là. Toutefois, je souligne qu'il y a une renaissance du Blues dans l'hexagone depuis ces dernières années. Les scènes que nous avons, ici ou là, nous permettent de le vérifier chaque fois. C'est une grande satisfaction d'autant que l'objectif de "Blues Qui Roule" est de permettre à de bonnes formations, et il y en a en France, de se faire connaître du public et de diffuser cette belle musique aux racines profondes qui a traversé les temps depuis plus d'un siècle. A ce propos, j'entends dire, parfois, avec ironie, que le blues n'est pas à la mode. C'est vrai ! Et dire qu'il ne l'a jamais été. C'est encore vrai ! Alors, je réponds simplement que c'est vraisemblablement, là, sa force et la raison de son immortalité. En définitive, il reste assez méconnu en dehors des DJ qui puisent actuellement un peu dans tous les styles, comme les "Rolling Stones" se sont appropriés, en leurs temps, avec plus ou moins de bonheur, des trésors du blues. En effet, il n'est pas rare de constater que des gens en manque d'inspiration, cherchent dans le blues, aujourd'hui, comme dans la grande musique, d'ailleurs, des idées, une alchimie pour fabriquer du Top 50.

On a vu un morceau de John Lee Hooker repris au sampler.

Oui, mais le résultat a été, à mon avis, plus heureux pour son album "Chill Out" avec l'empreinte de Carlos Santana. Ce disque avait redonné, en son temps, un p'tit coup de fouet à la carrière de John Lee et au Blues dans le même temps. Mais nous n'avons pas à rougir du blues français et encore moins du blues nantais. Pour preuve, nous devons aller aux Etats-Unis porter notre musique.

Un mot de conclusion ?

Oui, sur une note encourageante : même si la part de marcher de blues n'est pas extraordinaire en Europe, c'est en France qu'il est le plus vendu. Nous ne remercierons jamais assez des enseignes comme "Virgin" et "Dixiefrog", qui soutiennent le blues avec passion.

Pour vous, Alain Leclerc, c'est quoi le blues ?

C'est une expression éminemment populaire. Pour moi, le blues est une médecine, le blues est un cri !

Merci Président.

Merci à vous ;-))

Interview réalisée par Cathy Karzerho sur France "Bleu Loire Océan" (Septembre 2001)

Association " Blues Qui Roule " http://www.bluesquiroule.com

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Exclusif!!
Comment mesurer le Flg d'un titre de Blues?

Incroyable mais vrai! Un savant (fou) de Greenwood vient de mettre au point une méthode irréfutable permettant de mesurer le feeling d'un titre de blues! C'est un grand pas en avant pour l'humanité, et la Gazette de Greenwood est fière aujourd'hui de vous dévoiler l'intégralité de ces résultats scientifiques, dévoilés par le professor Chris lors d'un colloque fort animé.


date: 6 Septembre 2001
de: de: Christophe Oliveres <christophe.oliveres@wanadoo.fr>

Greenwoodiens, greenwoodiennes ....

Voici une méthode pour mesurer le feeling d'un titre de Blues.

Pour effectuer la mesure il faut se munir :

  • d'une platine CD, K7, ou vinyl (peut importe)
  • d'un enregistrement de John Lee Hooker (de préférence datant d'avant 70 même si n'importe lequel fera l'affaire)
  • d'un rapporteur
  • de l'enregistrement à mesurer
  • de son bras droit ainsi que de son bras gauche
  • d'une calculatrice (le modèle de base suffira),d'un stylo bleu, d'une feuille de papier et d'un chronomètre.

Etape n°1 :

Avant toute chose il faut déterminer l'unité : le Feeling [ Flg ].
  1. Mettre l'enregistrement de John Lee Hooker dans le lecteur et appuyer sur "PLAY" ou "Lecture".
  2. Au bout de quelques secondes, saisissez, avec la main droite, le rapporteur et mesurez l'inclinaison des poils qui se trouvent sur le bras gauche. (le votre bien entendu)
  3. Notez, avec le stylo, le résultat obtenu sur la feuille de papier.
  4. Ensuite, à l'aide du chronomètre, mesurez votre rythme cardiaque (en battements par minutes).
  5. Notez, le résultat obtenu sur la feuille de papier.
  6. Maintenant multipliez les deux résultats précédant et notez le résultat sur la feuille de papier.
  7. Ce chiffre représente votre potentiel de réaction au Feeling : on le note [ PFlg ]
  8. Plus ce chiffre est élevé et plus vous êtes réceptif au Feeling.
Exemple :
Angle = 85
Battement = 90
Résultat = 85 X 90 = 7650 PFlg

Etape n°2 :

Reproduisez l'étape n°1 mais cette fois avec l'enregistrement de votre choix.

Exemple : (avec le disque : "Alone & Acoustic" de Buddy Guy & Junior Wells)
Angle = 70
Battement = 90
Résultat = 70 x 90 = 6300

Etape n°3 :

Il faut maintenant diviser le résultat de l'étape n°2 par celui de l'étape n°1 pour obtenir la valeur en Flg du morceau écouté.

Exemple :
6300 / 7650 = 0,82 Flg

Etape n°4 :

Procédons maintenant à l'analyse du résultat :
Si le résultat est égal à 1 Flg il n'y a aucun doute votre enregistrement est du bon Blues.
Plus le résultat s'éloigne de 1 Flg vers 0 Flg et plus les qualités Bluesystiques de l'enregistrement sont mises en cause.
En revanche si le résultat dépasse les 1 Flg alors là .... vous pouvez être fière de votre coup, c'est du très très bon Blues.

Bon courage ...

La prochaine fois nous verrons comment mesurer l'authenticité d'un blues.




NDLR: lors du colloque, la question suivante a été posée par une greenwoodienne perspicace:

- Et pour ceux qui n'ont pas de poils aux bras gauche?....

Le Professor Chris a été très clair là-dessus aussi:

- Pour l'instant il faut se munir d'une personne de son entourage dotée de poils pour effectuer la mesure.

Ah là là... vive la science!

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comment régler son ampli
pour avoir un beau son blues?

date:18 Septembre 2001
de: Jean-Michel Borello <jeanmichel63@wanadoo.fr>

Un de nos jeunes amis a posé la question du comment régler son ampli pour avoir un beau son blues.

C'est une bonne question et je vais m'efforcer d'y répondre. Car la musique,quelle qu'elle soit,avant d'etre une mélodie ou une harmonie,c'est d'abord une question de son, non?

D'abord, c'est quoi un beau son blues? Quel rapport entre le son hyper agressif d' Albert Collins et le doux son mellow de T Bone? Pas grand chose,sinon le feeling...

D'autre part,le son dépend ,dans le désordre:

  • de tes doigts de la main gauche (si tu es droitier bien sûr) et de la façon dont tu les poses sur les cordes.
  • de ton médiator (dur,souple...) et de la façon dont tu attaques les cordes
  • des cordes de ta guitare (light, heavy...)
  • de l'endroit où tu joues sur la gratte (en haut du manche ou en bas) de la guitare elle-même (strat ou ES 335,c'est pas vraiment le même son), des micros et de comment ils sont réglés (près ou loin des cordes)
  • de l'endroit où tu joues (dans ta piaule ou au Zénith, ça ne sonne pas pareil)
  • du volume auquel tu joues. A ce propos,tu peux bien sûr te faire plaisir en jouant à fond (c'est excitant,hein?) mais pense aussi aux auditeurs qui ont des oreilles qui peuvent souffrir au delà de 105 décibels!
  • et enfin de l'ampli: déjà, à lampes ou pas,c'est pas vraiment la même chose.
Et les réglages de l'ampli (question initiale) ?
Bof...Tout ce qui y'a au dessus est bien plus important, me semble-t-il. Enfin,moi sur un twin avec une strat 1971, je règle 6 aux aiguës,7 aux médiums et 8 aux basses. Reverb à 3. Volume à 4/4 en principe.
Je change rarement mes réglages. Quand je veux le son d'Albert King,je creuse les mediums: 8/3/8. Sur le même ampli avec mon Epiphone Joe Pass, je force sur les aiguës :9/3/3. Ou 7/4/4,ça rappelle un peu T Bone. Ou alors carrément 10/1/1 pour avoir le son de Freddie King, celui qui vrille bien les oreilles.
En fait,je ne joue plus sur le twin, c'est trop lourd à trimbaler pour un petit vieux comme moi. Je joue sur le superbe Peavey Classic 30. Avec les mêmes réglages (volume à 3,ça hurle déjà pas mal). Je préfère nettement les amplis à lampes, c'est plus capricieux mais je n'ai jamais réussi à trouver mon son sur un ampli à transistor.
Bien sûr, aucune pédale d'effet, le câble direct dans l'ampli. Quoique des fois je me sers un peu d'une wah wah pour mes effusions Earl-Hookeriennes. Mais c'est rare. Je me méfie comme de la peste de tout ce qui est pédale,toujours source possible de galère. Qui c'est qu'a dit que j'étais homophobe??

Et voilà.

Tonton Jean Michel

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