La Gazette de GREENWOOD
n°43 Tome 2 (Juin 2002)

Tome 2:





Supplément détachable:

Travel In Blues n°43 !!
  
Tome 1
  • interview: Benoît Blue Boy, descendre au Café en Amérique
  • Andy J. Forest et Bo Weavil au Cylindre (Besançon)
  • Texaco, encore une bande de furieux en liberté
  • Otis Taylor:
    • en concert au festival Boose Brothers
    • CD: Respect The Dead
  • Soirée Blues à Marcq en Baroeul: Cosmopolite blues band
  • Les Hoodoomen à Bruxelles: bon anniversaire, Christian!
  • les Rosebud Blue Sauce au Country Blues Café de Toulouse
  • Piano boogie à Tournon d'Agenais: Julien Bruneteau trio, Kenny "Blues Boss" Wayne





Tome 3
  • Film: Cookie's Fortune de Robert Altman (1999)
  • Jimi Hendrix dans le temple du Music Hall, 1967 (environ)
  • Bouillon de Bluesiculture: Le Blues, des Plantations à la Scène Musicale
  • La Rubriqu'à Blues: Harlem Slim, Don Johnson, Perpetual Blues Machine, Mississippi John Hurt, Hollywood Fats Band





Tome 4:
  • Spécial Blues Qui Roule en Amérique:
    Scratch My Back aux U.S.A.

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The BelAirs au Fifty
Rockin' the Blues at the Marché aux Puces

date: 8 mai 2002
de: René Malines <renemalin@aol.com>

Dimanche 28 avril : journée chargée. Il faut faire la chronique du dernier John Mooney et appeler Paul de Lay chez lui pour une interview, tout çà pour le magazine Rollin' & Tumblin'. Pour chroniquer un disque, il faut d'abord l'écouter, plusieurs fois si nécessaire. Il ne faudrait pas écrire n'importe quoi. Et une interview, çà se prépare aussi. Histoire de ne pas se retrouver muet au téléphone, surtout en Long Distance Call. Et le dimanche, le salarié se lève tard, ce qui laisse peu de temps. Alors il ne faut pas traîner. On s'y met. Dès la fin du Vrai Journal et de la Semaine des Guignols sur Canal +. La France vit une heure grave, on se tient informé, si possible en rigolant un bon coup. Faut c'qui faut. Bon, çà y est, c'est fini. On s'y met. Dès que j'aurai lu mes e-mails. Ah, il y en a auquels il faut répondre. Dès que c'est fait, on s'y met. La fenêtre AIM s'ouvre. C'est Philippe, Mr Zydeco himself. "Salut çà va ? - Ouais cool - Tu vas voir les BelAirs cet après-midi?"

Aaaaaaaaargh !

Les BelAirs? Aujourd'hui ? Et m…..flûte! "Je t'appelle!" . Déconnection. Combiné. Numéro de Philippe. "Allo ? Ouais salut. Ouais, alors, c'est aujourd'hui? Au Fifty? Qu'es aco? Ah, c'est l'ex-Baryton? Et à quelle heure? Bon OK, à tout-à-l'heure". Brosser les dents (on sait jamais). Se raser. Douche. S'habiller. Vite, le temps passe! Bon, la chaîne est éteinte, flûte, le scope est pas programmé! @#%µ, je voulais voir ce film! Bon tant pis, plus le temps. De toutes façons, çà repasse dans la semaine. Bon allez, faut y aller. Métro. Bus. Ouf, voilà les Puces, dans les temps, nickel. Ah c'est trop tôt? Ben oui, c'est même pas encore ouvert. Bon, un petit tour chez les disquaires, mais surtout ne rien acheter. Découvert. Ne pas mécontenter le banquier. Oh non, ils l'ont celui-là? Aaaargh ! "Euh…. c'est combien ? Ok, voilà". Bien content quand même. The Roots Of Rock'n'Roll volume 4 de chez Frémeaux à ce prix-là, comment résister?

Bon, back to the Fifty. Ah, çà y est. C'est ouvert. Ah ben tiens, ça a un peu changé, depuis l'époque du Baryton: moins de tables, ce qui donne un peu d'espace entre l'estrade (refaite, avec une vraie sono en plus) et le public. C'est bon signe, si le nouveau gérant privilégie le confort au nombre de consommateurs. Pas étonnant, c'est un musicien, c'est Jerry Lee Marcel. Y'a pas encore grand-monde, à part trois gominés, un blond et deux bruns. Et ces deux-là se ressemblent sacrément. les Belairs Bon sang, mais c'est bien sûr! C'est les frères Pruitt! C'est les BelAirs! Allez, on s'installe. Qu'est-ce que je bois? Je sais pas, moi. L'alcool, faut éviter. Bon, ben de la bière alors? Non, c'est de l'alcool. Oh c'est pas vrai, ils ont de la Mort Subite! "Une Gueuse, s'il vous plaît". Aucune volonté. Tant pis, c'est trop bon. Comme disait Paul de Lay quand on a pris rendez-vous pour l'interview: "Some things are worth dyin' for". Bon, lui, il parlait de la patisserie française, mais c'est pareil, je joue avec ma vie, là. Ah, mourir pour une bonne belge! Mais non, je parle de la bière, pas d'une employée de maison! Ah, ben çà commence à se remplir. Tiens voilà Guy (Benech, le photographe) avec Pascal et un autre copain dont j'oublie le nom. Et voilà Philippe. "Tiens, le Jody Williams que je t'avais promis. - moi je t'ai apporté le Big Daddy Hypollite - Cool !". Tiens, mais c'est Bala (Bloosers, Big Dez, Broken Feet, le Triton, et peut-être d'autres choses encore, je sais plus) avec femme et enfant. C'est vrai qu'ils ont joué avant-hier au Triton, les BelAirs! J'avais complètement oublié! P….unaise de mémoire à la c….noix! Heureusement qu'il y a cette séance de rattrapage dont j'étais pas au courant. Merci Philippe! Salut Armelle! Ah bon, ils ont joué ici hier aussi? Décidément, depuis la disparition de Travel, je suis plus au courant de rien, moi! C'est vraiment trop injuste! Bon, allez, commence pas à faire ton Cali-numéro, t'es là, ils sont là, tout va bien. Ah ben tiens, justement, ils montent sur l'estrade. Tant mieux, parce que, c'est pas pour dire, mais çà commence à faire un peu long comme intro pour un compte-rendu de concert, non?

A peine ont-ils attaqué que la certitude est faite : on va pas s'ennuyer. Les titres s'enchaînent, compos, reprises, blues, rock& roll, boogie, rhythm & blues, c'est clair, c'est un groupe de musique populaire américaine, un point c'est tout. "Décloisonné" quoi, comme dirait le bon Docteur Blues. Je sais pas si c'est leur minceur qui leur permet d'avoir une telle pêche, ou si c'est au contraire leur énergie qui leur permet de garder la ligne, mais nos trois gaillards, secs comme des coups de trique, et bien que largement quadragénaires, nous balancent leur répertoire comme un groupe de collégiens venus non pas pour cachetonner, mais pour faire la fête. Et pour le coup, c'est une vraie teuf d'enfer!

David, le guitariste, joue dans ce style que de plus en plus d'Américains semblent privilégier: un jeu à l'économie qui fait penser à Jimmie Vaughan, un autre gominé. Sauf que là où le Texan ajoute quelque chose de torturé, David, lui, joue clair net, franc du collier. Je ne dirai pas "brut de fonderie", on pourrait penser à Popa Lang ou Jonny Chubby et c'est pas çà du tout. Au contraire, même, pas la moindre trace du plus petit soupçon d'esbrouffe dans cette guitare là, pas une note en trop, juste l'essentiel. Les six cordes à David disent ce qu'il y a à dire et n'en rajoutent pas. Pas comme moi. Ben oui, je sais, mais c'est çà ou rien.

Pendant ce temps, Dick, son frère - j'espère que c'est le diminutif de Richard, et pas à cause d'une particularité anatomique qu'on l'appelle comme çà - joue ses lignes de basse comme un vrai chef, comme un vrai bassiste: pas de slapping, pas de tapping, mais de belles lignes mélodiques juste ce qu'il faut tout en assurant le rôle premier de l'instrument. Il donne le rythme du morceau, son assise au groupe, c'est le pilier, le phare dans la tourmente. Et puis c'est lui le chanteur du groupe. Sans être ni Mihgty Sam McClain ni Sugar Ray Norcia, il s'en tire plutôt bien le bonhomme.

Derrière les frangins, Mike Cherry, à la batterie, porte bien son nom: c'est la cerise sur le gâteau. Oui, je sais, elle est facile, mais j'allais quand même pas me priver, non? Eh oui, parce qu'il est bon, le Mike, il est très bon, même. Il tape pas comme un sourd, mais il est toujours là où il faut, quand il faut, aussi à l'aise sur un second line façon Louisiane que sur un rocker bien binaire- où il sait rester suffisemment léger et swingant, c'est assez rare pour le mentionner -ou un ternaire bien bluesy comme sur les titres plus R&B. Un cador, un chef. Un qui force le respect. Si, pour donner une idée, on devait le comparer aux batteurs de chez nous, disons que ce serait une espèce de croisement entre l'efficacité d'un Fabrice Millerioux (Benoît Blue Boy, Alcotest, Steve Verbeke) et l'intelligence d'un Francis Marie (Hoodoomen).

A la fin du premier set, tout le monde est ravi et impatient de les retrouver pour la suite. Le chapeau tourne entre les tables, je vois que certaines habitudes du Baryton perdurent. Mais bon, c'est pour les musiciens, qui n'ont pas compté leurs efforts, alors on donne. J'en profite pour acheter un de leurs deux CD, et à peine le temps de commander une nouvelle tournée que les revoilà sur scène. Ça repart comme çà avait commencé: plein pot. Même leurs chansons pop, où les frères Pruitt chantent les refrains en chœur, passent très bien. Ces gars-là dégagent un tel plaisir de jouer que c'en est communicatif, et tout le monde se fout de savoir si c'est du blues ou pas, si c'est trop blanc ou pas assez noir, et même, au moins le temps du concert, si Chirac ou Le Pen. On est là, on se régale, la vie est belle!

Au bout d'une bonne nouvelle heure et demie de têtes qui font le chien à l'arrière de la Simca pendant que tiags et tennis frappent le plancher à qui mieux mieux, re-break. Ils le méritent les p'tits gars. Encore une fois, ils ont bien donné. Et moi qui dois partir pour mon interview. Quelle frustration! Tant pis, en guise de compensation, je vais échanger quelques mots avec eux avant de quitter les lieux. Du coup, ils m'offrent leur second CD, des fois que j'aurais envie d'écrire quelque chose à leur sujet. Çà tombe bien, justement, j'ai envie. Je vous invite donc à me retrouver plus loin dans ce numéro de la Gazette de Greenwood pour un décorticage en règle - enfin, au moins pour quelques impressions - en attendant que les BelAirs repassent par chez nous un de ces quatre. D'ici là, vous pouvez toujours aller leur faire une petite visite sur www.belairs.com.

The BelAirs:
Dangerous Curves

BoroCD01 - Borrowed Records - 1991

de: René Malines <renemalin@aol.com>

Vous aimez Doo The Doo? Vous vouez un véritable culte aux Fabulous Thunderbirds, particulièrement la première période avec Jimmy Vaughan? Vous allez adorer les BelAirs!

Bon, il y a quelques différences : alors que nos Quimpérois furent 4, puis 5, puis à nouveau 4, à l'image de leurs modèles texans, les BelAirs sont 3.

"Aïe !" se dit l'amateur de bonnes choses, redoutant le power Trio prétentieux dont la logorrhée musicale n'aurait d'égale que la cupide ambition hypocritement justifiée par un quelconque slogan pour rebelles à paillettes, genre "Sex, Drugs & Rock 'n' Roll".

Non, pas d'inquiétude à avoir. Les Doo et T-Birds, on vous dit, voilà les références à garder en tête. Et puisqu'on parle d'ambition, celle des BelAirs semble n'être autre que le plaisir de partager une musique simple et sincère entre les membres du groupe et son public. L'expression "musique populaire" prend tout son sens avec nos 3 gaillards. Pas besoin d'être un amateur de blues stricto sensu pour éprouver le grand frisson à prendre ces "virages dangereux" avec les BelAirs. Il n'y a qu'à voir la liste des titres. A part les compos du trio - 5 sur les 12 titres présents - les reprises parlent d'elles-mêmes : Hey Little Lee de Slim Harpo, The Girl That Radiates That Charm de Ron & Jimmy Isle, Nadine de Chuck Berry, et le reste à l'avenant.

Une guitare au son pur qui rappelle tantôt la merveilleuse Telecaster de Mr Fender, tantôt sa non moins superbe Startocaster, une basse bien ronde à l'inébranlable assise mélodique comme on savait en jouer dans le temps, avant que les bassistes se prennent tour à tour pour des percussionnistes ou des DJs de trip-hop, et un batteur qui met les zygomatiques de l'auditeur à rude épreuve, tirant ces muscles du rire et du sourire à l'extrême limite de leur possibilité d'extension.

Et par-dessus tout çà, un vocal qui, s'il n'égale pas toujours celui d'un Kim Wilson, se rapproche souvent du chant de nos frères Jazz à nous qu'on a.

On vous l'a dit, ces mecs-là, c'est que du bonheur! Plaisir, voilà le maître-mot de cette galette plus que chaudement recommandée.

Il ne reste plus qu'à trouver où se procurer l'album. A part quelques disquaires spécialisés, peu de chance de trouver ce petit bijou dans les bacs de la grande distribution. Reste leur site, www.belairs.com. Merci qui? Merci le World Wide Web!

The BelAirs:
Hoodoo Party

BBH038 - Blueberry Hill Records - 1999

de: René Malines <renemalin@aol.com>

Après Dangerous Curves, voici le retour discographique des BelAirs avec cette régalade qu'est Hoodoo Party.

Prenez un quart de Swampini, un quart de Mr Tchang, un quart de Doo The Doo et un bon quart de Benoît Blue Boy. Mélangez bien. Quand vous obtenez une -bonne- pâte homogène, étalez bien pour obtenir une belle galette. Découpez-y trois silouhettes : un batteur, un bassiste, un guitariste. Passez 39:20 à feu vif dans votre platine CD.

Si vous avez appliqué la recette à la lettre, vous devriez obtenir un excellent album des BelAirs.

Si les frères Dick & David Pruitt assurent toujours au chant et, respectivement, à la basse et à la guitare, Mike Cherry a remplacé Pat O'Connor aux fûts. Et qu'en dire, sinon que malgré tout le bien qu'on pouvait penser de O'Connor, c'est encore mieux avec Cherry? Ce type-là sait tout faire, du New Orleans Second Line Beat au shuffle le plus subtil en passant par le Rock & Roll bien compris, il joue ternaire, il joue binaire, il jouerait quaternaire si le groupe choisissait d'inclure des titres préhistoriques à son répertoire!

Alors que dans l'album précédent, les cuivres et le piano -Johnny Johnson quand même! - ne faisaient que de courtes apparitions de ci - de là, ici ils sont partout ou presque. Et oui, il y a toujours Johnny Johnson! Et il y a même de l'orgue! Mais bon, c'est une fête, comme le titre de l'album l'indique, alors faut c'qui faut! Et comme dans toute teuf qui se respecte, priorité est faite aux reprises, les frères Pruitt se contentant de 3 compos. Et c'est une fête très mobile, puisqu'on se balade dans une bonne partie du Sud des US, du Mississippi à la Louisiane, au Texas et plus si affinité, d'arrières-salles de bars enfumés en kermesses locales en passant par de gigantesques scènes de festivals énormes, on imagine nos bonshommes à l'aise partout, tant la richesse de leur répertoire doit leur acquérir toutes sortes d'audiences. Et toujours ce plaisir de jouer et de chanter, toujours plus de joie à partager et leurs influences, des vieux bluesmen aux Shadows - écoutez la guitare sur Every Day I Have To Cry Some - en passant par le swamp blues, les pionniers du R&B et les hits en 45 tours du siècle dernier, "toute ma jeunesse" ne manqueront pas de dire certains, dont votre serviteur.

Et vous l'avez vu plus haut si vous avez pris la peine de lire le compte-rendu de leur passage au Fifty, les BelAirs n'ont aucune difficulté à restituer sur scène toute l'énergie positive de leurs albums malheureusement encore trop rares. Alors en attendant qu'ils reviennent en nos contrées accrocher un sourire béat sur nos tristes mines de citadins stressés, vivement un nouvel enregistrement de ces maîtres qui s'ignorent. Et d'ici là, vous pouvez toujours aller leur commander ce condensé de pure éclate festive sur www.belairs.com.

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Keith B. Brown
à Coutances (4 mai 2002)

date: 5 mai 2002
de: Marc Loison <marc.loison@wanadoo.fr>

Keith B. Brown, une leçon de Blues! Après une sympathique interview [lire l'interview dans ce numéro] donnée dans la salle de presse (ravissante petite salle agrémentée de canapés, boissons, friandises, accès Internet...), Keith B. Brown nous a gratifié d'une heure et demi d'un concert sans faille ni temps mort. En solo, alternant avec 3 guitares (et un kazoo pour San Francisco Bay), se sont enchaînés des classiques de Skip James, de Bukka White ou de Robert Johnson, quelques compos blues ou d'inspiration plus folk, et deux chants "a capella" de toute beauté. On a terminé sur un medley de Jimmy Reed.

Keith B. Brown imite à la perfection la voix haut perchée et sensuelle de Skip James. Malgré leur similitude physique - un magnifique et longiligne corps d'athlète, le crâne rasé - son attitude sur scène ne permet pas de le comparer à Keb Mo, plus fantaisiste et communicatif. Keith B. Brown reste essentiellement concentré sur son jeu de guitare, prenant son temps pour accorder ou placer un capodastre, communiquant peu avec le public si ce n'est pour annoncer chaque titre et, par respect, SON AUTEUR s'il s'agit d'une reprise. En privé, il m'annonce la sortie d'un nouvel album réalisé en trio (contrebasse et harmonica en plus de ses guitares). Originaire de Memphis, Tennessee, et n'ayant pas la chance d'être élevé dans une famille de musiciens, Keith B. Brown est influencé par tout ce qui passe à la radio: blues bien sûr, mais aussi pop, rock, jazz... tous styles qu'il sait interprêter et jouer lorsque l'occasion se présente. Etudiant à l'Université de Memphis, un de ses professeurs, le très respectable David Evans lui-même, lui conseille d'aller voir du côté de la France si quelqu'un pourrait s'intéresser à lui. C'est ainsi qu'en 1996, son premier voyage chez nous lui fait rencontrer Marc Oriol et lui donne l'occasion d'enregistrer dès 1997. Il voyage en Europe: Suisse, Norvège, France à nouveau... et joue avec Cadi Jo (Jean-Pierre Carraro à l'harmonica). Ce dernier me conseille d'ailleurs de lui apporter à l'interview des "chips paysan", introuvables aux USA! A la vue des deux paquets que je lui offre, Keith éclate de rire et me remercie joyeusement!

J'ai découvert un Bluesman équilibré, conscient de son rôle dans la continuité de l'oeuvre du Blues entamée par Son House ou Charley Patton, mais lucide sur l'avenir du Blues. Entre évoluer et se nourrir des apports stylistiques extérieurs, ou se contenter de copier les anciens en tournant en rond, il a choisi. Même si son jeu de facture classique, sa technique impeccable quoique simple, son chant plaintif, parfois effacé, font penser aux grands du Blues du temps passé, Keith B. Brown n'en est pas moins un musicien du XXI ème siècle, de plain pied dans son époque, surfant sur Internet, maîtrisant sa carrière avec méthode et faisant des projets d'avenir pour sa musique. Son rêve est d'intégrer à sa formation un Hammond B3, et d'écrire la musique de tous les instruments de son futur groupe.

Jouer seul le satisfait pleinement, et peut accessoirement lui permettre de trouver plus facilement des engagements, mais "évoluer" signifie également pour lui s'entourer de musiciens qui sauront donner à son interpétation toutes les couleurs qu'il souhaite à sa musique. Son CD de 2000 - "Got to keep movin' " - Juna Records - est d'ailleurs uniquement constitué de 12 compositions, sans aucune reprise. Il y est entouré de Jason Ricci (harmonica) et Mark Telesca (basse). Il est dédié à ses enfants Keith Jr et Naatuere.

Cette soirée du 4 mai restera pour moi celle de la rencontre rafraîchissante et vraie avec un authentique bluesman, un homme simple et discret, excellent musicien et chanteur, qui comme nombre de musiciens de blues fait montre d'une disponibilité et d'une gentillesse spontanées à l'égard de quiconque s'intéresse à son art. Le petit discours d'introduction de Jean-Pierre Arnaud - membre de Jazz Sous les Pommiers et musicien lui-même au sein de "Papa DJ Blues.fr " - a rappelé les incompatibilités entre la libre expression de tous les peuples, la continuité d'un festival de Jazz, l'amour et la richesse des différences... et le vote Front National. S'en est suivi un tonnerre d'applaudissements... et le fabuleux concert de Keith B. Brown.

Visitez le site de Keith B. Brown: http://bluesonstage.com/keithbrown/

PS: Keith B. Brown vient de tourner un film-documentaire basé sur la vie de Skip James avec Wim Wenders, qui sortira en 2003...

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Interview

Keith B. Brown
pour continuer à vivre, le Blues doit évoluer

Grâce à Marc Loison, qui a interviewé Keith B. Brown pour son émission de radio Sweet Home Chicago, nous en apprenons un peu plus sur ce chanteur-guitariste américain qui a posé son sac en France.

date: 4 mai 2002
de: Marc Loison <marc.loison@wanadoo.fr>

Keith B Brown

Nous sommes ici pendant le festival Jazz sous les Pommiers, dans ce superbe local, la salle de presse, avec Keith B. Brown...

Keith B. Brown, vous vous sentez bien avant ce concert?

Keith B. Brown: Oui, assez bien aujourd'hui "ça va (en français)!

Peut-être parlez-vous un peu français?

KBB: Un tout petit peu! Vraiment très peu! J'apprends petit à petit, je prends des choses à droite à gauche...

Peut-être pourriez-vous dire "Ecoutez Sweet Home Chicago sur Radio 666"?

KBB: (éclats de rires) Ecoutez Sweet Home Chicago sur Radio six-cent-soixante-six! (en détachant bien toutes les syllabes!)

Très bien! (applaudissements - rires). Keith B. Brown, ce n'est pas votre première venue en Europe?

KBB: Non non, je viens en France depuis 1996! Et je suis allé aussi dans d'autres endroits: Suisse, Norvège, Angleterre, Allemagne...

D'où venez-vous, exactement?

KBB: Memphis, Tennessee! It's my home town!

Ce n'est pas trop dur d'y jouer du Blues actuellement?

KBB: J'y ai joué durant des années en tant que musicien local, en solo acoustique... Il n'y a pas là beaucoup d'endroits différents pour jouer... 3 ou 4 endroits seulement pour y jouer relativement régulièrement... j'ai du bouger pour trouver d'autres engagements. Je suis donc parti en Floride durant un an. A présent, je passe beaucoup de temps à jouer en France.

Vous avez fréquenté le club de B.B. King à Beale Street?

KBB: J'y ai joué durant deux mois! 3 fois par semaine!

Vous êtes natif de Memphis, Tennessee. Que pensez-vous du passé musical de cette ville, la Soul, le R'n'B, le Blues?...

KBB: C'est une grande ville pour la musique, il y a une véritable histoire de la musique là-bas. Il y avait aussi beaucoup de jazz dans les débuts... Beaucoup de très grands artistes viennent de Memphis, ou s'y sont produits.

Et bien sûr, il y a Graceland!

KBB: Oh bien sûr, Elvis!... (amusé). Le Blues est la racine de tout cela, mais il y a là-bas aussi beaucoup de Country, de courants musicaux influencés par le Blues, il y a Stax Records... Beaucoup de choses importantes se sont passées à Memphis.

Avez-vous déjà joué avec des gens qui ont fait la légende de Stax ou de Sun records?

KBB: Non, lorsque je suis arrivé dans la musique, le plus important avait déjà été fait... Après Al Green, le principal de la musique de Memphis était déjà apparu. Je ne pense pas qu'actuellement beaucoup de grandes choses se passent à Memphis, tout cela fait maintenant partie du passé...

Dans votre enfance, avez-vous grandi dans un univers musical?

KBB: Pas vraiment... Je suis fils unique. J'ai grandi avec la radio. J'écoutais toutes les stations et je chantais! En musique, je ne fais pas de discriminations. J'écoutais tout: Country music, musique classique (surtout lorsque j'ai commencé la guitare), du jazz, du R'n'B, toute la musique Rock, de la Soul... C'était ça, mon introduction à la musique: la radio et les disques.

Qu'est-ce qui vous a davantage décidé à devenir Bluesman, plutôt que Soulman ou Countryman?

KBB: Lorsque j'ai commencé la guitare, je préférais l'acoustique. J'ai toujours été plus ou moins solitaire. Je ne sortais pas beaucoup, je ne recherchais pas forcément la compagnie d'autres musiciens et ne jouais pas en groupe. Je m'asseyais seul pour jouer de la guitare. J'ai commencé à m'intéresser aux origines de la musique que j'entendais, et j'en suis arrivé au Blues... Je jouais de la Country, de la Pop music d'après ce que j'entendais à la radio, alors j'ai voulu m'intéresser aux origines de ces musiques. J'ai découvert des gens comme Son House, Skip James... Je me sentais dans mon élément à écouter tous ces Bluesmen, j'étais comme eux: seul, avec ma guitare acoustique!

Est-ce plus facile de trouver des engagements lorsque vous jouez seul?

KBB: (hésitant) Probablement... Je ne sais pas... Oui, je pense que c'est relativement plus facile de vous engager en solo car il n'y a que vous et votre guitare: si vous pouvez faire un bon show seul, et que ça plaise aux gens, c'est plus simple, oui... Mais j'ai déjà joué en trio, quand j'ai joué avec Cadi Jo! Et j'ai actuellement de nouveaux projets, car mes nouvelles chansons sont écrites pour un groupe complet. Donc les choses évoluent: vous ne pouvez pas jouer en solo longtemps si vous voulez en faire davantage. Je peux toujours le faire, ce n'est pas un problème. Mais, en tant qu'artiste, vous voulez grandir, évoluer, écrire des chansons, dire à l'organiste ou au pianiste de jouer telle ou telle chose... faire des arrangements... C'est comme ça que les choses tournent: le nouvel album est enregistré en trio, avec contrebasse et harmonica. Ensuite, je ferai un nouveau pas avec un groupe de 5 ou 6 musiciens. Mon pari est de pouvoir réussir à monter un spectacle où je pourrai écrire ce qui va se passer, faire des solos, tout diriger... comme je le fais seul. Vous pouvez alors voir les différents aspects du Blues; vous voyez vraiment que tout est lié... Vous voyez, si vous jouez quelque chose de différent qui ne sonne pas vraiment Blues mais contemporain... (confus) ...pour moi, comprendre la musique, c'est considérer que cela n'a pas besoin d'être basé sur du Blues, on peut en changer les structures... ( ? )

Que pensez-vous des gens qui vous comparent à Keb Mo?

KBB: C'est OK... Je pense que nous sommes très différents, mais à partir du moment où nous faisons plus ou moins la même sorte de chose... c'est OK. Nous venons cependant d'horizons différents.

Un autre aspect de cette interview: que pensez-vous du fait de jouer en Europe, en France?

KBB: J'aime! Je viens jouer en Europe depuis 6 ans maintenant. Les spectateurs sont généralement attentifs et apprécient le show. J'y ai testé les nouvelles chansons, ils aiment la musique! Généralement, il veulent voir et écouter de la bonne musique.

Certains prétendent qu'aux USA, les gens ne sont pas très attentifs à ce qu'il viennent voir, ils font plus entendre qu'écouter la musique, tandis qu'en Europe le public est plus attentif. Qu'en pensez-vous?

KBB: Il y a un fond de vérité derrière tout ça... mais il y a heureusement des exceptions! Dans certains endroits, aux USA, les gens sont sympas, respectueux de la musique et attentifs. Tout dépend de l'endroit et du type de public. Parfois, lorsque je joue dans les bars, je me rends compte que certains viennent surtout pour boire et que la musique passe après! Que ce soit en Amérique ou sur le continent! Tout dépend de l'endroit où vous êtes...

Quand avez-vous enregistré pour la première fois?

KBB: En 1997, ici en France!

Pourquoi en France?

KBB: Parce que j'ai rencontré un professeur à l'université de Memphis où j'ai travaillé, nommé David Evans, qui m'a mis en contact avec un français, Marc Oriol, de Toulouse. Marc a produit ce CD que j'ai fait lors d'une première mini-tournée en France. Il a enregistré ce disque LIVE lors de la tournée, sélectionnant des prises de chaque spectacle.

Aurait-il été trop difficile de faire la même chose aux Etats-Unis?

KBB: Oui, car pour moi, à ce moment-là, je ne faisais rien aux USA. Je travaillais pour des jobs "réguliers". C'était une bonne opportunité pour moi de venir et de faire ça, et puis... je n'avais personne d'autre que Marc qui s'intéresse à moi au point de faire un CD!

Etes-vous conscient de perpétuer l'oeuvre de gens comme Robert Johnson ou Charley Patton, de toute cette histoire du Blues?

KBB: (sérieux et rêveur) Oui, je crois... Oui. Mais la musique de Robert Johnson était elle-même une évolution de celle de Son House... C'est une continuité, mais cela ne va pas sonner forcément de la même manière. Ca va continuer à évoluer!

Justement, que pensez-vous de ceux qui disent que le Blues DOIT aller dans telle ou telle direction, que cela DOIT sonner comme ci et pas comme ça, et ne DOIT PAS être influencé par les autres musiques?

KBB: C'est un non-sens! Parce que le Blues est justement la base de toutes les musiques populaires que nous entendons! Reggae, Pop music, R'n'B, Folk... tout vient du Blues! Ce sont juste des évolutions différentes du Blues! Ca va continuer dans ce sens, et le Blues va continuer à évoluer lui-même.

Est-ce le seul chemin pour le Blues, pour continuer à exister?

KBB: Oui, je le pense... Vous pouvez toujours dupliquer le son d'autrefois, mais pour continuer à vivre, le Blues doit évoluer.

Que pensez-vous des jeunes qui viennent aux concerts de Blues?

KBB: C'est super! Toute personne s'intéressant à la musique et apprenant à mieux la connaître rencontrera forcément le Blues et l'appréciera! (rires)

Vous m'avez parlé de votre nouveau CD. Avez-vous d'autres projets?

KBB: Le dernier disque s'appelle "Got to keep movin' " (2000 - Juna records) et a été enregistré en trio. comme je l'ai déjà dit, j'écris actuellement de nouvelles chansons pour le prochain, le groupe comprendra 5 ou 6 musiciens. Je veux vraiment un orgue Hammond dans le groupe! C'est mon rêve! J'espère vraiment mettre tout cela en place pour l'an prochain.

Quel message avez-vous pour les gens qui viennent aux concerts de Blues et achètent des disques?

KBB: Les gens qui supportent le Blues, vous voulez dire? Merci beaucoup! (en français) (rires)

Merci beaucoup Keith, faites-nous un bon concert ce soir!

KBB: Merci à vous! Bonsoir!

Lisez la critique du concert de Keith B. Brown à Coutances:

Visitez le site de Keith B. Brown: bluesonstage.com/keithbrown/

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Les Rencontre du Blues
aux Sables d'Olonne

date: 20 mai 2002
de: Uncle Lee <stagolee@club-internet.fr>
(photos de l'auteur)

Blues Qui Roule, roule, roule, continue à organiser moultes festivités pour le plus grand plaisir de nos oreilles! Ce coup-ci, c'est donc aux Sables d'Olonnes, actif port de pêche et non moins active station balnéaire vendéenne, que l'association nantaise s'est associée avec le Casino des Pins pour nous présenter les "Rencontres du Blues" du 8 au 12 mai 2002 avec pas moins de 13 groupes!

Le Casino des Pins (Sables d'Olonne) Le cadre est superbe : quand on arrive devant le casino, on se croirait soudain projeté au cœur de la Louisiane un jour de fête nationale, devant une grande bâtisse à colonnes pavoisée aux trois couleurs des USA : bleu, blanc et rouge! A l'intérieur, la décoration déjà très Louisiane s'était agrémentée pour l'occasion d'objets " dans le sujet " : exposition photo des portraits de bluesmen (par Philippe Pretet), exposition d'instruments de musique du Cyril Guérin (luthier dans l'île de Noirmoutier, ayant notamment fabriqué deux guitares pour Arnaud Fradin), faux caïman et Blues Brothers, vraies Harley Davidson.

Il ne s'agissait pas d'un festival à proprement parler, mais plutôt de concerts organisés au sein du "Cotton Club", restaurant, pub et discothèque intégré dans le Casino, à côté des machines à sous. On pouvait donc déjeuner ou siroter une bonne bière (ou autre) devant les musiciens sur la scène intérieure ou extérieure selon le climat du moment. Pendant 5 jours : un concert à midi, un autre à 16h30 et un dernier à 21h! Mais attention : les places étant relativement limitées, il fallait parfois patienter ou ruser pour rentrer!
Mercredi soir, je suis arrivé à temps pour voir le concert d'Awek que j'avais hâte de découvrir ( voir LGDG n°37). En effet, ça pulse! La formule power trio (guitare, basse, batterie) est une formule à risques pour ceux qui ne veulent pas tomber dans la redite. Et c'est là que c'est extrordinaire, car les Awek ont en effet un son et un style qui leur est propre. Leur blues rock, c'est du Awek ! La basse de Joël et la batterie d'Olivier donnent un groove impressionnant sur lequel Bernard peut s'exprimer à la guitare et au chant. Son visage grimace et ses yeux se plissent au rythme de ses solo impressionnants d'efficacité. Ce soir là, ils ont joué un blues-rock bien blues, mais les ayant vu quelques jours plus tard dans une ambiance plus biker qu'au Casino des Pins, j'ai pu constater que ce sont de vrais pros sachant s'adapter au public et jouer un blues-rock bien rock!
Awek

Rag Mama Rag Le lendemain, je pressai ma petite famille pour ne pas arriver en retard au restaurant afin de déguster une délicieuse grillade, accessoirement agrémentée de la musique des Rag Mama Rag ;-) Alors là quelle claque ! Je les connaissais grâce à leur disque Struttin' & Strollin' ( voir LGDG n°23 ) et je savais donc à quoi m'attendre, mais là franchement ce fut l'extase! Là devant moi, ils jouaient cette musique là (Sleepy John Estes, Robert Johnson, Trad, Rag Mama Rag, etc), avec ces instruments là (guitare, national, weissenborn, ukulele pour Ashley Dow, washboard, harmonica, cuillères, tam tam pour Deborah Dow)… Et tout ça calmement, assis bien droits sur leurs chaises, bien sagement… Ashley est un virtuose du picking appliqué au blues et au ragtime, à placer aux côtés des plus grands pickers tels Marcel Dadi, Doc Watson, Bob Brozman et consorts. Parce que non seulement il a une technique époustouflante, mais en plus il y met tout son feeling, mot qui prend ici tout son sens : Ashley a tout compris de cette musique, elle est en lui et il nous la transmet sans fard.
Vous l'avez compris, ça va bien au-delà de la simple démonstration instrumentale, car les Rag Mama Rag ont une âme. Et cette âme c'est aussi Deborah : elle ne privilégie pas le côté scénique (toujours sagement assise bien droite sur sa chaise), mais quelle dextérité au washboard ou autres percussions! Quelle complicité entre son harmonica et le chant ou la guitare d'Ashley!
Pour vérifier que je ne vous mens pas, que les Rag Mama Rag font certainement partie des meilleurs représentants du Old Blues, il suffit de guetter leurs concerts (le couple britannique habite Rennes et tourne beaucoup en France) et surtout d'acheter un de leurs CDs, notamment le dernier (Rag Mama Live), enregistré Live à Salaise en 2000 [la Gazette de Greenwood y était! voir LGDG n° 19].

Rag Mama Rag


Old Bluesters

L'après-midi, ce furent les Old Bluesters qui se produisirent sue la scène extérieure. Pas de surprise avec ce groupe vannetais que j'ai déjà vu plusieurs fois avec le même plaisir. Pas de prise de tête : leur blues électrique brut de fonderie fait mouche à tous les coups! Leur répertoire ratisse large, de Chicago à la Côte Ouest en passant par le Texas, mené avec entrain par le chanteur-guitariste-harmoniciste Jean-Claude Durand qui sait transmettre sa bonne humeur au public (ah ce Shake Your Moneymaker!). L'originalité du groupe vient aussi de la présence de Christophe Lohéac à la guitare, avec un style moderne, une grande vélocité et inventivité (le jazz n'est parfois pas loin) et un son assez "électrique", ainsi que celle de Cédric Le Goff à l'orgue.



Flyin' Saucers Le soir-même on retrouvait ce même Cédric Le Goff au sein du groupe Flyin' Saucers, autre groupe aux influences multiples, mais à forte tendance tex-mex celui-là! Avec eux, la fête est garantie et l'ambiance monte très vite, ce qui évidemment n'est pas pour déplaire au public. Outre Cédric aux claviers et au chant, il y a le boute-en-train Fabio Izquierdo qui chante et joue de l'harmonica, et Anthony Stelmaszack à la guitare, sortant avec une déconcertante facilité des solos fabuleux. Si on n'est pas obligé d'aimer leur tube Angelina [d'ailleurs ils n'en veulent pas aux détracteurs de cette chanson, la preuve : ils l'ont dédié à Jocelyn Richez ;-) ], il faut admettre que ça plaît au public. Pour le reste, leur gombo de rock, tex-mex, zydeco et blues est vraiment original et ne pousse pas à la mélancolie : soudain la vie est belle!

Flyin' Saucers


Bluesy Train

Bluesy TrainLe vendredi 9 mai à midi, ce fut au tour des Bluesy Train de défendre les couleurs du blues acoustique. Depuis un an maintenant ils sont trois, puisqu'ils ont accueilli un percussionniste muni d'une caisse claire et de balais. Gérard Tartarini nous a donc régalé de ces compositions "bluesies". La voix est de plus en plus assurée, le groupe de plus en plus homogène. Thomas Laurent alterne le Mississippi Saxophone avec le saxophone tout court, tandis que Gérard se sert de la guitare ou du banjo, la batterie de Didier Morandeau sait se faire discrète ou au contraire marquer le swing quand il le faut, tout ça pour passer un superbe moment permettant d'apprécier les textes (en français) de notre chansonnier bluesy!



Philippe PretetAprès ce concert, ce fut la conférence de Philippe Pretet sur "le Blues dans tous ses (E)états". Voici l'explication que donne Philippe à ce nouveau mot "(E)état": Etat au sens propre, tel un voyage dans le monde du Blues, et état au sens esthétique, psychologique, expressif... instantané. Pas mal hein ?!
Philippe y expose donc l'histoire de cette musique, la replaçant dans son contexte historique, social et économique, partant de l'esclavage pour arriver à nos jours. Impossible de tout dire en deux heures! Mais c'est clair, précis, documenté par des diapositives et extraits musicaux pour soutenir l'intérêt d'auditeurs de tous âges.
Les greenwoodiens présents dans la salle surent poser des questions judicieuses (si), mais pas celles qui tuent (on garde les batailles de poissons pourris pour les débats sur la mailing-list !).
Philippe Pretet exposait également plus de 25 photos de grands bluesmen rencontrés lors des nombreux festivals auxquels il assiste depuis de nombreuses années : Franck Frost, Otis Rush, Buddy Guy, Philip Walker, Jack Owens, etc, la liste est longue et est à elle seule un voyage dans l'histoire du blues!

Philippe Pretet


Simon Sheffel Band

Alain Leclerc et Xavier Pillac Je ne pus voir qu'un (trop) court moment du concert du Simon Sheffel Band. Quelle surprise: On y retrouvait Xavier Pillac! Cet excellent guitariste et chanteur qu'on voit trop peu souvent malgrès le coup de cœur général depuis Blues Sur Seine 2000 ( voir LGDG n° 26 bis) s'est ici intégré à un autre groupe lui aussi excellent! Ce groupe était programmé par le Casino, sans passer par la case Blues Qui Roule, et il faut dire que le choix fut très bon. Blues sans concession, excellents musiciens. Ce concert fut aussi l'occasion de voir sur scène un excellent harmoniciste en la personne d'Alain Leclerc, Harmo 1er, Président de Blues Qui Roule!

Ce qui me permet de faire la transition avec un autre choix de programmation du Casino pour le concert du soir: ce fut beaucoup plus dur… Philip Jarry… Deux attitudes possibles : soit on en pleure, soit on en rigole. Il a le droit de jouer ce qu'il veut, avec tous les synthé qu'il veut, tous les play-back qu'il veut, pour le public qu'il veut, mais pas celui de prétendre jouer du blues aux "Rencontres du Blues"… Tournez la page.


Gladys AmorosRetour à la programmation Blues Qui Roule le Samedi à 12h, avec Blues And Trouble, groupe qui vient d'ailleurs d'intégrer l'association. Alors là voilà du blues! Ce groupe, originaire de Pau, a pour particularité d'avoir une chanteuse qui a une voix digne des classic blues singers! Gladys Amoros a débuté le chant dans une chorale Gospel, et a formé les Blues & Trouble depuis 5 ou 6 ans avec Michel Foizon (guitare), François Gautier (basse), Ludovic Timoteo (batterie) et Eric Braccini (claviers). Répertoire blues à tendance jazz, reprises ou compositions, pour un concert qui fut un vrai moment de bonheur.
Le même groupe était sur scène le lendemain, et voici la réaction d'un fin connaisseur, Philippe Pretet :
"Gladys Amoros. Retenez bien ce nom qui a enchanté pour la seconde fois la scène des rencontres du blues ce dimanche 12 mai aux Sables d'Olonne. Des qualités à revendre, une humaniste doublée d'une personnalité charismatique qui aime la vie et qui sait le faire savoir! Très churchy, une voix gospélisante , profonde et tendue, un timbre équilibré et suave aux intonations de Liz Mc Comb, son mentor. Quand elle suçurre le Blues, c'est la Koko Taylor des sixties qui titille les oreilles. Son est soudé, au phrasé jazzy, technique affirmée au toucher fin et précis. Comme Gladys l'écrit si bien, la musique dépasse les mots aux rencontres du blues en terre vendéenne.. Bref, le talent... et la simplicité."
On n'a pas fini d'en parler à Greenwood :-)

Michel Foizon
Road Riders

Road RidersL'après-midi vit sur scène un groupe programmé par le Casino : les Road Riders. Etonnant de voir un groupe de Country Music programmé dans des "Rencontres du Blues", mais en l'occurrence: très bonne idée! C'est de la New Country, et le public fut ravi. Un groupe très homogène : très bon guitariste (véloce comme il faut l'être dans ce style), pedal steel, accordéon, basse, batterie, et une excellente chanteuse en la personne de Linda Jacob pleine de charme et de charisme. Ce groupe existe depuis plusieurs années mais leur récent passage à la télévision ("Envoyé Spécial" qui les a suivi lors d'un voyage à Nashville) leur a fait faire un bond en avant et épuiser leurs cds! Et ce qui n'est pas pour nous déplaire, on repère un peu de blues dans leur country, au grès d'un shuffle ou de passages d'accordéon très zydeco ou rock cajun !

Samedi soir aurait dû être l'apothéose d'une telle série de concerts, mais il n'en fut rien car le Casino avait programmé Ronnie Carryl. Bon, ce n'est pas le même problème que le soir précédant, mais le concert fut décevant, malgrès un premier set acoustique où Ronny Carryl montra un réel talent, un peu à la manière d'un Clapton Unplugged bien que le répertoire ratisse très large au delà du blues (ce qui n'est pas une tare en soi!). Le second set, électrique, fut par contre à oublier : une sorte de pot pourri de rock, pop, blues, etc, des années 70-80.

Dommage que ce samedi soir n'aient pas été programmé les Scratch My Back, le groupe nantais qui revient de la tournée Blues Qui Roule à Jacksonville, où ils ont mis le feu avec les Malted Milk ("The French Revolution" a titré la presse US!)… Ils passèrent dimanche soir, et je n'ai pas pu les voir. Tout comme je n'ai pu revoir les Mississippi Mud (voir LGDG n°22) qui passaient le dimanche après-midi…

Mais Philippe Pretet a vu les Mississippi Mud! Et voilà ce qu'il en dit: "deuxième "révélation" de la journée avec ces quatre copains mordus de blues acoustique, influence Sonny Terry Brownie Mc Ghee, Robert Johnson et consorts. Avec Jérome Boisneau (drums) et Yann Renoul (basse). Morgan Le Bec affirme un sacré tempérament à la guitare slide, soutenu par l'harmonica brillant de Kevin Doublé (Scratch My Back) , dont la technique époustouflante et le sens aigu du placement n'ont rien à envier aux plus capés de l'hexagone..."

Ce furent quatre jours intenses de blues, et il faut remercier ici l'association Blues Qui Roule et le Casino des Pins d'avoir organisé ces Rencontres du Blues. Et bravo à tous ces musiciens (et conférenciers ;-)) qui savent porter la bonne parole bleue dès que l'occasion se présente!

Le site de Blues Qui Roule: www.bluesquiroule.com

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La Chaîne du Blues
225 sites in French dans le texte!

date: 7 mai 2002
de: Mike Lécuyer <mike@bluesfr.net>

Ah mes amis: 225 sites! Ce n'est pas rien...

Mais au-delà du nombre de sites inscrits dans la chaine www.webnzic.com/backstage/webring/blues/liste.htm c'est toujours la diversité des thèmes et/ou des lieux qui me sidère... ainsi que tous les liens, toutes les aides et parfois même les contrats que l'on peut trouver pour jouer ! Je ne vous donnerais que deux exemples (récents) de contacts ayant aboutis gràce à internet :

Roland Tchakounté s'est vu proposer la première édition d'une soirée blues à Bage (près de Narbonne) le 2 août... et Jean Guillermo (Blues Sur Seine) va passer 4 jours au Québec pour rencontrer les responsables du Festiblues de Montréal mi-aout. La c'est du business, mais il y a aussi tous les rendez-vous qui sont organisés à l'occasion de concerts pour enfin se rencontrer entre "maillons".

Maintenant, un peu de géographie :

Et du coté des sujets :

On voit bien tout l'intérêt que l'on aura à continuer de se tenir informé, de s'entraider et de se rencontrer.

Et pour les groupes, c'est un nouvel outil de communication qu'il faut apprendre à utiliser pour votre promotion mais aussi pour rechercher des concerts.

Finalement c'est ca qui est formidable : d'une chaine exclusivement virtuelle au début, on est passé à des recontres et des concerts bien concrets avec des vraies personnes !

Restez connectés sur la mailing list de la chaine (pour les membres de sites) et sur la mailing list de la Gazette de Greenwood pour tous les amateurs de blues : http://www.gazettegreenwood.net

Que la force (du blues) soit avec toi, à jamais !

Lire aussi:
La Chaîne Du Blues a cent ans! LGDG n°25 (2000)
La Chaîne du Blues: enfin sur le Web! LGDG n°13 (1999)

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