La Gazette de GREENWOOD
n°47 (Novembre 2002)

Tome 2:





Tome 3
  • Egidio "Juke" Ingala
    • interview: A Little Touch of Swing Blues from Italy
    • le CD: Drivin' and Jivin'
  • Du blues à New York City & Montréal

  
Tome 1
  • Roscoe Chenier a le Blues! (Jazzpodium, Dordrecht)
  • Tribute to John Lee Hooker, Tomek Dziano :soirée blues du 24 ème festival international de jazz de Rive de Gier
  • Solomon Burke la Cigale (Paris)
  • Big Ed Sullivan
    • Interview:90% de blues, un peu de rockabilly et de rock
    • en Concert au James Café (Toussieu)
  • Fruteland Jackson et Shemekia Copeland au Festival Blues à Gogo (Le Havre)
  • Nuit du Blues de Salaise: John Crampton, Brown Sugar, Bill Perry
  • Harmonicales de Condat sur Vienne: Keith Dunn, Lee Sankey Group
  • Mojo Buford à Tournon
  • 14ème Nuit Jazz et Boogie Piano(Paris)





Tome 4
  • l'héritier du Piedmont Blues:
    Larry Johnson : Hey John, Where Did You Get that Sound?

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Fred Brousse
Le nouveau Fred Blues est arrivé!

date: 31 octobre 2002
de: Philippe Pretet <Philpretet@aol.com>
© Photos Philippe Pretet 2002

A la reconquête des mots et des sonorités perdus. Tel pourrait être la dynamique proposée par Fred Brousse dans son nouvel album auto-produit Fred Blues. Fred le poète qui parle français et … blues dialogue avec son alter ego musicien tout au long de 12 titres (65 : 00) qui plongent dans l'univers truculent de cet auteur compositeur interprète, talentueux multi instrumentiste (guitare, harmonica, claquettes). Laissez-vous tenter par la poésie et le lyrisme de Fred Blues. Vous ne le regretterez pas !

La symbolique de l'auto portrait

Fred Brousse (photo Philippe Pretet) On savait Fred Brousse musicien, on le découvre portraitiste et aquarelliste à ses heures… L'appel de la palette multicolore a été le plus fort. Pour définir son univers, ses chansons, Fred cite, inopinément, Joe Dassin comme référence : "La chanson est un art mineur, c'est quelque chose de léger, enfantin" Fred ajoute : "Il faut savoir parler de choses graves en respectant le langage de la chanson ,qui doit être clair, limpide et assez gai (…) C'est la raison pour laquelle l'auto portrait de la pochette du disque est naïf! J'ai voulu garder un côté frais et léger à l'album".

Tout est résumé dans l'auto portrait : le train n'est-il pas le mouvement perpétuel qui passe, le ressac de la vie? C'est une image liée au blues, au boogie… dira malicieusement Fred. Le petit train doré est une allusion directe à Jacques Prévert que l'on perçoit dans Mon train Le son du blues passe dans les oreilles. Les nuages passent à la hauteur de la tête… de Fred! Un brin d'humour volage se cacherait-il derrière la symbolique de la lune?

En réalité, les images insolites fourmillent. Le poisson-chat fait des entrechats dans Claquettes. Les pissenlits jaunes que le Caporal Lelièvre mange… par la racine peuplent le pré.

Dans le superbe texte de la la chair de lune, il y a une part de rêve, de voyage chère à Fred. La métaphore joue un rôle essentiel dans son écriture.

A n'en pas douter, il y a du Jérôme Bosch chez Fred avec ce symbolisme étrange et son imagination hors pair que sert la qualité picturale des quatre aquarelles de l'album.

Une philosophie de la vie en double entendre

Pour prendre le train de la vie, symbolique que l'on retrouve dans le premier texte Mon Train Fred explique qu'il n'y a pas besoin de ticket. "Le simple fait d'exister devrait suffire à faire le bonheur avec un peu de poésie" renchérit Fred. La valeur de l'individu ne se fait par sur ses médailles, ses diplômes ou ses décorations! Elle se fait sur le cœur. Clara a une approche intuitive, métaphysique des choses, qui cloue sur place de vérité. Fred parle de cette femme qui parle aux arbres et à la terre. Il y a une différence avérée entre érudition et connaissance. Raccourci vers des choses inssaisissables…

On demande souvent à Fred la raison pour laquelle il a écrit Caporal Lelièvre, texte sombre, relatif à la Grande Guerre. La réponse fuse : "On est marqué par notre expérience, l'expérience de ses parents, voire de ses grands parent, il ne faut pas l'oublier. Cette espèce de grande blessure de la guerre de 1914 fait corps avec ma sensibilité. L'histoire du Caporal Dauphin m'a touché, je l'ai rebaptisée Caporal Lelièvre pour des raisons d'écriture…de jeux de mots".

Les jeux de mots ont un sens précis, clin d'œil au double entendre du blues : faire passer des choses graves, faire avaler la pilule. L'intérêt de la lecture est relancé et permet des transitions entre strophes et de "provoquer l'auditoire" clame Fred Brousse. "L'auditoire a envie de saisir les jeux de mots. Si un jeu de mots est saisi, on va vouloir saisir les autres (…) "

Pour Fred, une bonne chanson doit planter le décor en trois mots. "Or, aujourd'hui ajoute-t-il on raconte des états, trop peu d'histoire ".

Une seule reprise dans l'album. Celle du Hobo Blues Les Crocs écrite par Didier Gascon. Le texte est guilleret, simple, les syllabes tombent bien, elle raconte une vraie histoire. Fred la chante naturellement sur des rythmes sega-blues, musique à trois temps, qu'il a découverte aux Antilles bien qu'originaire de Madagascar. En s'amusant à jouer une rythmique, les paroles sont venues naturellement. Celles des "Crocs" bien sûr.

Lorsque l'on pose la question à Fred: il n'y a pas que du blues dans… Fred Blues, il répond tranquillement : " Il y a du blues, bien sûr ! Par exemple avec un morceau bluesy inspiré de Percy Mayfield : Tu m'as dit non. Leçon de choses avec une dose d'humour inénarrable : "C'est une histoire qui peut arriver à tout le monde. Quand on se transforme en chat de gouttière et que l'on cherche quelqu'un à qui se frotter, et bien voilà…(rires) Au départ c'est non et après c'est oui ! (rires)". Fred, l'éternel charmeur ferait-il fondre les imprenables citadelles comme neige au soleil?

Un univers musical éclectique

Fred Brousse (photo Philippe Pretet) Vous l'aurez compris, Fred Brousse est un musicien formé au blues. Dans son jeu, on sent comme une "incisivité" naturelle qu'exprime le son clair de sa Gibson. Pourtant, Fred se défend des étiquettes caricaturales de joueur de blues ou de jazz. "On a beaucoup séparé la soul, le funk, le blues, le jazz. Or, quand le blues rencontre le jazz, on a toute la quintessence de la musique noire américaine. On a à la fois, l'âme, la soul, la richesse harmonique, les envolées…(…)".

C'est pourquoi, l'univers musical de Fred Brousse est si vaste : de Charlie Christian à West Montgomery, de BB King à Percy Mayfield… Fred a beaucoup écouté et jouer d'oreille, comme tant d'autres autodidactes. Son dernier album est truffé de références bigarrées : une valse jazzy , des rythmes Séga-blue, un reggae, rockn'n' roll, R§B…

Cela explique aussi sans doute que son éclectisme musical est apprécié par des bluesmen de renom comme le texan Joe "Guitar" Hugues ou Maurice John Vaughn.

Lorsque l'on est entré dans le monde de Fred , on ne peut plus en ressortir indemne. Il est nécessaire de saisir les mots-clés de son univers pour ouvrir les portes d'Amour….

Propos recueillis par Philippe PRETET 2002 pour la Gazette de Greenwood

Plus d'infos : fred.blues@wanadoo.fr tél : - 04 78 29 01 14 Disque disponible par correspondance.

Lire aussi la chronique de Philippe Espeil ci-dessous.

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SMOKEY SMOTHERS
sings THE BACKPORCH BLUES with Freddie King

date: 30 octobre 2002
de: Philippe Pretet <Philpretet@aol.com>

ACE UK se décide - tardivement ! - à rééditer les faces King de l'un des fameux talents des sixties de la cité des vents. Otis Smothers fut, notamment, l'un des bons sidemen du Wolf qu'il accompagna à la basse pour le compte du label Chess. C'était un guitariste que l'on pouvait croiser dans Maxweel Street, dont le jeu intense et émouvant rappelle étrangement le West Side Sound dans ses connotations les plus sombres.

Découvert à Chicago par le pianiste Sonny Thompson, qui faisait du scouting pour King, Otis "Big Smokey" Smothers, frère d'Abraham "Little Smokey" Smothers, a d'abord enregistré une première session le 25 août 1960 aux King's Cincinnati studios (faces du LP 779).

La qualité de cette session est remarquable. King avait mis à la disposition de Smothers un band de rêve avec Freddie King, Fred Jordan (unknow ? rhythm guitar), Sonny Thompson (piano), "Little" Louis Boyd (harp) et Philip Paul (drums).

Musicalement, cet album est le reflet du Chicago blues moderne avec une lead guitar aiguisée, une rythmique lourde, ferme et soutenue, accentuée par l'harmonica au phrasé limpide et terriblement down home… de Louis Boyd. Bref, le genre de blues authentique dont raffolait la communauté noire du ghetto !

Dès l'intro, sur I Can't Juge Nobody, ou sur Honey I Ain't Teasin', l'influence de Jimmie Reed y est évidente lorsque Smothers chante d'une voix paresseuse et traînante des textes remplis d'anecdotes et d'images hautes en couleur. C'est notamment le cas dans l'inénarrable I Ain't Gonna Be No Monkey Man No More.

Freddy King, quant à lui, fait admirer son aisance naturelle sur le manche avec une succession de phrasés courts, brillamment construits et toujours impeccables, comme dans le très enlevé You're Gonna Be Sorry. A noter que Freddy King ne joua pas la totalité de la session de 1960, pour le plus grand bonheur de la guitare d'Otis Smothers, remarquable de justesse et d'expression dans Crying Tears et Smokey's Love Sick Blues.

Lors d'une deuxième session qui eut lieu le 14 février 1962, Smothers récidivera à Cincinnati, sans Freddy King, mais avec l'harmoniciste mississippien Louis Boyd (qui fut d'ailleurs, à notre connaissance, le seul transfuge officiel de la précédente session, étant précisé que les autres sidemen présents n'ont pas été crédités).

Sur ces quatre faces Federal, l'harmonica de Louis Boyd est brut et authentique, comme sur Hello Little School Girl et sur le très rythmé et rustique Twist with Me Annie.

Le blues-boogie Way Up In The Mountains Of Kentucky sonne étonnamment "country blues", avec de belles et riches sonorités qui rappellent le fameux Whoopin' de Sonny Terry. Ajoutons que le titre The case Is Closed, au phrasé plus frustre, à la John Wrencher, est lui aussi d'excellente facture.

Le reste de l'album, de niveau parfois inégal, est constitué de neuf titres inédits (prises initiales et/ou alternatives) sur lesquels on retrouve notamment le pianiste Sonny Thompson et le bassiste Armand "Jump" Jackson.

Passons sur les deux titres "unissued" curieusement incomplets dont on se demande ce qu'ils viennent faire ici!

Ainsi, se pose à nouveau le kafkaïen et sempiternel problème du caractère utilitaire des rééditions multiples auprès des bluesophiles.

L'amateur est effectivement déboussolé à la longue par une pléthore de rééditions qui ont une propension marginale à vite dégarnir… sa bourse ! A partir de 20 € le cd, il vaut mieux y regarder à deux fois…

Or, les faces King publiées par ACE "doublonnent" avec celles parues sur le "label" Official. Pour l'anecdote, Official n'a pas hésité à reproduire à l'identique tant la pochette de couverture du LP King 779 original "Smokey Smothers Sings the Backporch Blues", que les titres des deux sessions de Cincinnati de 1960 et 1962, outre ceux enregistrés sous l'égide du label Gamma de 1968 ainsi que la session Red Bean Records! (avec quelques prises down-home superbes qui datent de 1986). Soit un total de 25 morceaux, tant chez ACE que chez Official, dont 16 sont identiques!

Dans ces conditions, il importe de savoir que la qualité sonore de la réédition ACE est impeccable (la matrice originelle a été remastérisée), ce qui n'est pas le cas des faces Official dont le son d'origine est souvent (trop) approximatif.

Résumons-nous : le confort d'écoute ACE est certes un argument recevable, mais il faut y mettre le prix! Official propose certes à l'amateur une sélection représentative de la période 1960-1985 de Otis Smothers, mais avec un son parfois approximatif!

Bien entendu, les complétistes n'auront cure de tels arguments…

Les autres, c'est à dire la grande majorité des amateurs, gagneraient à écouter sans modération "Sings The Backporch Blues" qualifié de LP ultra-rare par ACE… pour se faire leur propre opinion… Sui generis!

ndlr : à noter que sur les faces de 1960 la guitare rythmique semblerait attribuée à tort à un certain Fred Jordan qui est ,à notre connaissance, totalement inconnu à Chicago ! S'agissant du bassiste crédité par Neil Slaven, rien ne laisse supposer qu'il s'agisse en réalité de Joe Carter, étant précisé que la basse est absente des faces originelles publiées par King sur le LP 779. Il faut donc en déduire que la basse aurait peut-être été "ajoutée" par ACE sur deux titres de 1962 lors du transfert analogique, ou qu'il s'agit de prises dites alternatives restées inédites à ce jour ?

ref CD: Smokey Smothers sings The Backporch Blues, ACE CDCDH 858

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la Rubriqu' à blues…

Alec " Guitar Slim " Seward § Louis " Jelly Belly " Hayes

Avec Blind Willie Mc Tell - Champion Jack Dupree - Brownie McGhee

The Back Porch Boys - Delmark DE - 755 / Socadisc

de: Philippe Pretet < Philpretet@aol.com>

Saluons l'heureuse initiative de Bob Koester et de Steve Wagner du label Delmark qui rééditent petit à petit quelques petites perles du catalogue Apollo, notamment celles du duo des Back Porch Boys (ou Blues Boys) à New York, en 1947.
En l'occurrence, Alec Seward fait admirer sa maîtrise technique. Sa guitare se caractérise par des sonorités percutantes et rondes qui révèlent l'influence de Blind Boy Fuller, tout autant que ses figures complexes, au phrasé bien articulé et à la voix amère qui supporte une diction parfois désenchantée comme dans le superbe King Kong Blues. (*)
Les prises de Champion Jack Dupree sont intéressantes à plus d'un titre car elles reflètent bien le début de l'époque R§B, étant précisé que la guitare du sideman Duke Bayou (?) sur le titre Doomed fait aussi penser fortement à Blind Boy Fuller par sa rondeur et son phrasé complexe.
Un des moments forts de l'album est le monumental Goin' Back Home de Dennis McMillon. (né en Caroline du Nord à Burlington ?) qui laisse pantois tellement sa technique en fingerpicking est maîtrisée, soutenue par une voix souple et mélodieuse. Quel dommage que si peu de témoignages de ce talent n'aient été enregistrés, tel le rare et recherché Poor Little Angel Girl (Savoy MC 16000).
Les autres morceaux de bravoure de cet opus, dont deux inédits, émanent du grand Blind Willie McTell (Atlanta-1949) dans un registre gospélien original, particulièrement mis en relief dans ces enregistrements par son timbre de voix haut perché et quelque peu nasillard. Et puis, comment passer sous silence son style si particulier en slide avec sa "twelve strings" aux sonorités vibrantes et toujours aussi émouvantes.
Pour conclure, vous l'aurez compris, un album d'excellente facture qui se doit de figurer en bonne place dans votre discothèque.

(*) NDLR : La revue Soul Bag a noté l'intérêt de la Gazette de Greenwood pour cet artiste dans sa dernière livraison (cf. note Gérard Herzhaft, SB 168, page 75). Lire "A la Recherche d'Alec Seward, LGDG n°40 bis.






John Crampton: Live'n Stompin'

de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>

Après avoir joué avec plusieurs groupes, le britannique John Crampton se lance en 1995 dans une carrière solo. Et on ne peut plus solo puisque John se produit seul en scène avec guitare, harmonica et caisse sourde sur laquelle il tape du pied pour s'accompagner rythmiquement.
Sur son dernier album, "Live'n Stompin', Vol.2", John Crampton signe dix des treize titres le composant. Les reprises étant "Twelve Gates To The City", "Baby Please Don't Go", et "Pick A Bale Of Cotton".
La guitare, l'instrument principal, est une vieille National Steel de 1930 sur laquelle John joue comme un damné, avec une rythmique hypnotisante ("Million Miles", "Skin' n' Bone", "Baby Please Don't Go") ou dans un délicieux picking ("Walk With The Devil").
Si l'album commence avec le blues, "Who's That Talking", le second titre "Twelve Gates To The City" n'est interprété qu'à l'harmonica, en tapant des mains, et toujours l'omniprésent battement de pied. On ne peut plus acoustique!
Le jeu de guitare, de temps en temps en slide, est remarquable. L'âme blues est présente sur tout l'album. Souvent de façon évidente, parfois avec des échappées vers des sonorités langoureuses comme sur "Walk With The Devil", entre Kelly Joe PHELPS et le "Worried Spirits" de RAINER, ou des accents plus celtiques comme avec "Jackass Stomp", voire latins sur "Raven".
La voix est rocailleuse, me rappelant un autre britannique et joueur de steel guitar, Dave Arcari des Radiotones.
Cet album autoproduit est à se procurer auprès de John Crampton : www.johncrampton.co.uk/

( Autoproduit 2002 )






Cathy Ponton King: Lovin' You Right

de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>

Après avoir écumé la côte Est des Etats-Unis, Cathy Ponton King, descendante d'immigrés irlandais, s'est installée en Virginie. En sortant son premier album, "Lovin' You Right", elle nous offre un bon album où apparaissent des personnalités telles que Jimmy Thackery qui tient les guitares de tous les morceaux, John Previti, bassiste issu du Danny Gatton Band, et Jerry Portnoy à l'harmonica sur "Move A Lot".
Cette brochette d'excellents musiciens est secondée par le batteur Andy Halfy et par Tom Lepson aux claviers.
Qu'attendre donc de cet album ? La pochette nous l'annonce avec beaucoup de photos de Telecaster. Et ce sont effectivement beaucoup de parties de guitare qu'il est donné à entendre.
Les styles sont variés : rock'n roll, ballades, country, jump mais avec une touche bluesy qui n'est jamais bien loin. Et Cathy King s'en explique en affirmant être très influencée par le grand Muddy Waters qui, en assistant à un de ses concerts en 1970, l'a décidée à laisser tomber la musique irlandaise pour le blues.
La voix de Cathy King est son principal atout et est le plus souvent comparée à celle de Bonnie Raitt. De plus, elle signe tous les morceaux (sauf deux écrits par son producteur et mari Jeff King).
Jimmy Thackery est à son avantage sur tous les morceaux, avec une préférence personnelle pour les titres "Sweet Sad And Lonely", bien blues et avec d’excellentes phrases de slide ; "Goin' Back" où la guitare acoustique est à l'honneur, "Why So Serious", jump à souhait et "Move A Lot". Encore que sur ce dernier, c'est surtout Jerry Portnoy qui amène un plus indéniable.
Bref, pour ce premier album, Cathy Ponton King a su bien s'entourer. Il ne reste plus qu'à espérer que ses prochains albums (celui-ci commence à dater) soient au moins aussi bons.

( Long Gone Records [LG1001] - 1992 )






Fred Brousse: Fred Blues

de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>
Le Swing Du Marabout
Seul ou avec les Zèbres, ou encore au sein du groupe Brown Sugar, Fred Brousse est très présent sur la région lyonnaise et au-delà. Ce succès grandissant n'était alors immortalisé que par un CD sorti en 1997 "Chicago, Carnet De Voyage" (plus quelques participations avec Railroad Crossing et Street Blues). Désormais, cette année 2002 voit la sortie de l'album "Fred Blues", qui correspond au répertoire joué avec les Zèbres.
Ces fameux Zèbres nous jouent des titres de styles assez différents mais avec un fil conducteur persistant : le blues. En effet, à part "Clara" qui a une saveur résolument créole, c'est entre blues , soul, et jazz que l'on navigue.
"Tu m'as Dit Non..." et "Portes d'Amour" sont des blues lents où guitare et clavier ont la part belle, de même que sur "Hip Zip Bip" qui est par contre rapide. "Les Crocs" est un texte écrit par Didier GASCON, du groupe Hobo Blues Band, un autre très bon groupe de blues lyonnais, ici arrangé par Fred. "Caporal Lelièvre 14-18" fait les yeux doux au reggae et comporte de belles paroles.
Deux instrumentaux jazzy, "Souris bleue" et "Totem", ponctuent cet album. "Souris bleue" est emmené par l'harmonica, "Totem" est une superbe pièce de guitare et de sax (Jef ROUX).
Que ce soit à l'harmonica ou à la guitare, Fred confirme qu'il est un excellent musicien. Il danse également des claquettes sur "Claquettes". Sa voix de crooner apporte une grande qualité à toutes ses chansons. Autre qualité de ces chansons : des paroles agréables, écrites avec intelligence et humour.
Kouki PORTELLANO, aux claviers, fait preuve de sensibilité et de feeling. Jérôme MOHO, à la batterie, se montre lui aussi fin dans son jeu. Un bonheur d'entendre une rythmique efficace et qui n'en fait pas trop.
Fred BROUSSE est réellement un artiste plein de talent, le livret contient des aquarelles qu'il a peintes pour l'illustrer. Cet album, bien réalisé, est un excellent exemple de la variété des paysages musicaux que peut apporter Fred BROUSSE et ses musiciens.

( Goût Pile Prod. [FBZ002] 2002 )






Mouss: le Swing du Marabout

de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>
Mouss (Mustapha IDIR) est un contrebassiste connu et reconnu dans le paysage blues français et surtout dans la région stéphanoise et lyonnaise. Depuis maintenant quelques années, sa musique s'est mariée avec les rythmes nord-africains et il trace son chemin dans cette voie entre blues, jazz et musique orientale. Après "L'Habitude Et La Routine", son précédent album paru sous le nom de groupe de Mouss Métisse Blues, Mouss signe sous son nom "Le Swing Du Marabout".
Toujours dans cette optique où la musique du maghreb peut se mêler au blues, ce sont surtout les parties rythmiques qui sont confiées aux djembé, tamani, et udu. Ces instruments sont joués principalement par Abdelati EL BOUSSEHABI, dit Titi, et par Stéphane SARLIN qui est également aux guitares. Le blues se retrouve justement dans la guitare, jouée parfois au bottleneck ou avec une tendance jazzy, ainsi que dans la ligne de basse et dans les textes, tous en français.
Les textes sont accrochés au quotidien ("Les lendemains de fête", "Le Parasite", "Oh Whisky"), ou à des sujets de société ("Les Titres Des Infos", "Les Anciens"). Mouss a une bonne voix, souvent pleine d'inflexions, une voix qui donne une personnalité bien particulière à l'album. L'émotion est présente, dans des titres tels que "Les Anciens" et "Petit Etre", mais l'humour n'est pas de reste avec "Les Titres Des Infos" et "Le Parasite".
Ce titre donne d'ailleurs dans le jazz et Stéphane SARLIN se montre très bon guitariste. Bien qu'il joue dans des styles différents selon les titres, sans être débordant de technique, il assure bien son rôle. Mouss tient aussi quelques guitares.
En ce qui concerne la rythmique, je connais trop peu les instruments utilisés pour pouvoir juger de la qualité de jeu. Assurément, ils remplacent efficacement un instrument plus classique comme la batterie, apportant cette touche exotique qui est la marque de fabrique de Mouss. L'intégration à la musique de Mouss est faite avec intelligence.
Quelques titres instrumentaux viennent compléter cette galette, en ouverture et en clôture ("De l'aube...", "Crépuscule").
Avec cet album, Mouss semble ainsi transformer l'essai du métissage, accordant ses racines culturelles à ses premières amours bleues.

( Zique & Zoom Prod. [ZZ01] 2002 )

Le Swing Du
Marabout





Street Blues : Prodigal Son

de: Philippe Espeil <philnet@free.fr>
Prodigal Son

Basé sur Lyon depuis quelques années, Street Blues est un groupe de blues fondé en Pologne en 1986. Ce groupe est marqué par la présence de ses deux leaders : Tomasz DZIANO à la guitare et au chant, et Krzysztof MAJCHRZAK. Tous deux montrent une forte personnalité et créent l'identité, le son, de ce groupe.
Tomasz, d'abord, avec une voix tendue et un jeu de guitare très sûr ("335" en est un excellent exemple), que ce soit à l'acoustique ou à l'électrique. Grandement inspiré par John Lee HOOKER dont il reprend trois titres, "Standing By The Way Side", "It Serves Me Right To Suffer", "I Will Never Get Out...", il a assimilé les mimiques du maître et nous les ressert avec plaisir dans ses interprétations, voire dans ses compositions ("Sleepless Night" et dans une moindre mesure "You Have No Mercy"). Ce jeu a l'avantage de créer une ambiance pesante très rythmée.
Ensuite, le rythme est soutenu par la basse de Krzysztof qui, toujours bien en avant quel que soit le morceau joué, n'hésite pas à prendre des soli. Cet apport important de la basse est pour beaucoup dans le son de Street blues.
La batterie, enfin, est tenue principalement par Philippe "Pipon" GARCIA et certains morceaux voient l'ajout de Kouki PORTELLANO aux claviers.
La musique de Street Blues se décline aussi dans une tonalité funky que l'on retrouve de façon plus ou moins accentuée selon les titres ("Prodigal Son", "Funky August"). Les textes sont pour la plupart chantés en Anglais mais parfois aussi en Polonais comme pour le titre éponyme "Prodigal Son".
Polonais ou pas, il n'a rien à envier au cousin américain. Le blues de Street Blues est de bonne qualité, à consommer sans modération, surtout pour les adeptes de John Lee HOOKER qui trouveront là un très bon guitariste ayant parfaitement intégré l'esprit du grand bluesman.

( Raincheck [SB2000] 2000 )

voir chronique parue dans LGDG n°22






de: Philippe Pretet < Philpretet@aol.com>

EN BREF :

De l'actualité abondante en ce début d'automne, nous avons sélectionné " Snake Eyes ", l'album du bluesman de Detroit Eddie BURNS (Snake Eyes Delmark DE-758) avec, en guest, son frère Jimmy Burns. Eddie Burns, dont la voix a subi l'outrage des ans, a toutefois gardé intact ce feeling et cette ambiance qui caractérisent son jeu. Recommandé.

Franck GOLDWASSER, le plus californien des guitaristes parisiens, inaugure un nouveau label sur lequel il produit, avec son compère Chris Millar, " The Highway is Like A Woman " (Undersiege DCUS001) Tout l'univers de ce fantastique guitariste en 13 titres savamment dosés pour apprécier, comme il se doit, l'une des valeurs sûres au box office. Sans hésitation.

Nous reviendrons en détail, dans le prochain numéro de la Gazette, sur la dernière et excellente livraison de l'harmoniciste Egidio " Juke " INGALA " Drivin' and Jivin' ", featuring Alex Schultz (KR BW 67680262) qui nous a accordé une longue et passionnante interview.

Phillip WALKER a su engranger un capital succès avec son nouveau band, ce qui lui a permis d'enregistrer un intéressant " Live At Biscuits § Blues " (MC Records). Ceux qui ont eu le privilège de le voir, notamment au Méridien en avril 2001, retrouveront l'ambiance de sa prestation parisienne avec une rythmique au groove impressionnant et une section cuivres étincelante. En toute confiance.

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Est-ce que vous Aimeïz le Blues ce soir?

Mick Jagger & the Red Devils

de: Poill's <apoillot@wanadoo.fr>

Vous, je ne sais pas, mais personnellement, j'ai du mal à ne pas craquer devant une telle setlist:

Mean Old World (1)
Blues With A Feeling (11) (14) (17)
You Better Watch Yourself (2)
Still A Fool (4, petite coupure à la fin) (18)
Checkin' Up On My Baby (3)
One Way Out (10) (19)
Talk To Me Baby (Can't Hold Out) (12)
Evil (9) (16) ()
That Ain't Your Business (5)
Shake'm All Down (6)
Don't Go No Further (13)
Dream Girl (8) (15)
Forty Days And Forty Nights (7) (20)

Pas mal, n'est - il pas ? Bon, allez, le personnel puisque je vous entends piaffer d'impatience par-delà l'océan… Je vous le fais à l'américaine :

It's Lester Butler on vocals and harp,
Dave Lee Bartel on rhythm guitar,
Zack Zunis on lead guitar,
Johnny Ray Bartel on electric bass
and Bill Bateman on the drums.

Here are the Red Devils!!!

Je sens comme un petit flou dans l'assistance, là… Quelque chose vous tracasse ? Vous n'êtes que très peu à avoir entendu parler de ce groupe ? Mais ce n'est pas grave du tout. Moi-même, je ne l'ai découvert, par le biais de cet enregistrement, d'ailleurs, que voici maintenant quelques semaines… D'aucuns trouveront à ce CD un son vieillot, peu élaboré, demandant une équalisation, comme certain critique US que j'ai sous les yeux, par exemple. Marrant, parce que justement, le disque démarre par une musique de Big Band avec le vieux son radio des années quarante/cinquante (eh oui, j'ai connu ce son, même si j'étais tout petit!). Je vous avoue ne pas avoir cherché quels étaient l'orchestre ou le titre, l'extrait durant quelques minuscules secondes. Sur ce, arrive la voix d'un présentateur radio, très "actualités Gaumont", si vous voyez ce que je veux dire, qui nous vante les bienfaits du progrès technique en matière d'enregistrement… On se retrouve en plein Baby-Boom, ayez une confiance aveugle en la science, vive l'économie en expansion infinie, l'inconscience de ces années-là, quoi… Et le monsieur de nous balancer Mean Old World avec un son effectivement assez imprécis, du style un seul très vieux micro dans le studio, encore une ou deux petites remarques sur le progrès technique, et le disque démarre vraiment, encore avec Mean Old World, mais avec un son plus "propre". Et là, ça fait fort, justement peut-être parce que le son n'est pas affublé de ce défaut rédhibitoire que recherchent trop souvent les jeunes musiciens de Blues et ingénieurs du son, il n'est pas trop propre. Rien de tel qu'un enregistrement en numérique pour ôter la moitié de sa saveur à cette musique. D'ailleurs, la pochette originale du bootleg ne donne qu'une seule information : "A rare collection of fiery blues covers recorded live in the studio", ce qui en dit très peu sur les conditions d'enregistrement, mais quand vous connaîtrez l'identité de la guest star, vous comprendrez mieux le pourquoi du comment!

Allez, je vous dis de qui il s'agit. Peut-être certains parmi vous l'avaient-ils deviné : Sa Majesté le Bouc en personne, j'ai nommé Mick Jagger.

Personnellement, j'ai toujours eu une tendresse particulière pour le côté bluesy des Stones. Je préfère nettement écouter leurs reprises de Bo Diddley ou de Howlin' Wolf plutôt que de m'infliger Dirty Work, le bien nommé… On peut trouver que Jagger est limité au niveau voix, mais en tout cas, elle convient parfaitement pour ces reprises, qu'il a vraisemblablement choisies avec le plus grand soin ;) Et, dans ce cas, ce ne sont ni les singeries, ni la performance vocale qui comptent, mais plutôt la diction et la force de persuasion et, de ce côté, il n'a rien à envier à qui que ce soit! Certains disent que les Red Devils qui l'accompagnent sont un bon groupe de Blues qui sonne comme le J. Geils Band. J'aime bien le J. Geils Band, mais ne les ai jamais considérés comme un Blues Band. Encore que Whammer Jammer… Le son général me ferait plutôt penser à Canned Heat dans " Boogie with ", surtout dans Evil, naturellement, mais en fait dans un peu tous les morceaux, même si le son de Lester Butler est moins chaleureux que celui d'Alan Wilson ou de Bob Hite. Butler, un artiste méconnu, grand junkie devant l'éternel, qui d'ailleurs est mort, comme John Belushi, d'une overdose de "speedball", ce mélange détonant de deux produits hautement toxiques. J'essayerai de vous en parler dans une autre chronique si, comme je l'espère, un Bootleg de lui traverse devant chez moi sans regarder… Tiens, justement, parlons Boots! Nous sommes, dans ce cas précis, confrontés à un enregistrement qui met en évidence à la fois les défauts et les qualités de ce type de production. Question défauts, par exemple, la première prise de Still A Fool présente un inconvénient de taille : il y a une coupure d'au moins 3/10 de secondes dans la fin du morceau (c'est plus long qu'il n'y paraît, croyez-moi sur parole). Autre inconvénient, le manque dramatique d'informations sur la setlist, les musiciens, et même les crédits. Bien sûr, il n'est pas très difficile de se procurer tout ça sur Internet, encore faut-il avoir la bonne méthode pour chercher, et les bonnes sources. Idem pour les photos, si vous voulez créer votre propre Artwork, ce que, vous l'avez remarqué, je ne manque jamais de faire… Ici, j'ai trouvé une setlist qui donne effectivement tous les morceaux, mais sans les durées, pas dans l'ordre, et avec des crédits douteux. Par exemple, One Way Out est ici attribué à Sonny Boy Williamson, alors qu' Elmore James le revendique lui aussi. Même bitin (comme on dit en créole Guadeloupéen) pour Evil que certains attribuent à Howlin' Wolf, et d'autres à Willie Dixon dont le nom se transforme curieusement en William Dixon pour Don't Go No FurtherForty Days & Forty Nights présenté comme une œuvre commune de B. Roth et de Muddy Waters, alors qu'il est seulement attribué à B. Roth sur une pochette de CD de Muddy… Et finalement, le morceau d'ouverture du disque, Mean Old World est attribué à Little Walter, alors que j'en ai une version signée Aaron T-Bone Walker, ce qui d'ailleurs correspond nettement plus au style du morceau. Les avantages, maintenant : Tout d'abord, il y a très peu de chances pour que ces enregistrements soient publiés officiellement, car à la fin des sessions, Jagger a disparu avec les bandes… Un inconvénient aux yeux de certains, un avantage aux yeux d'autres : Les morceaux ne sont pas indiqués dans l'ordre, ce qui oblige à tendre l'oreille pour refaire le classement, surtout quand il s'agit de titres que l'on n'a jamais entendus. Moi, ça ne me gêne pas, mais comme je sais que parmi vous il y a des fainéants qui se cachent, je vous mets la setlist remise dans le bon ordre. Dans le même ordre d'idées, pour certains, posséder plusieurs prises d'un même morceau est ennuyeux, pour rester poli. En tant que musicien, je ne le pense pas. Ca me permet de mieux appréhender l'approche des musiciens et ingénieurs du son, ainsi que d'apprendre (il n'est jamais trop tard!) quelques trucs à appliquer dans mes futurs enregistrements… Je conseille donc à tous les musicos d'écouter ces différentes prises avec beaucoup d'attention. Bon, chose promise, chose due, la setlist dans le bon ordre :

Mean Old World (Little Walter)
You Better Watch Yourself (Little Walter)
Checkin' Up On My Baby (Sonny Boy Williamson)
Still A Fool (Two Trains Runnin') (Muddy Waters)
That Ain't Your Business (Slim Harpo)
Shake'm All Down (Bukka White)
Forty Days And Forty Nights (B. Roth)
Dream Girl (J.D. Miller & Slim Harpo)
Evil (Howlin' Wolf)
One Way Out (Sonny Boy Williamson)
Blues With A Feeling (Little Walter)
Talk To Me Baby (Can't Hold Out)
Don't Go No Further (William Dixon)
Blues With A Feeling (Little Walter)
Dream Girl (J.D. Miller & Slim Harpo)
Evil (Howlin' Wolf)
Blues With A Feeling (Little Walter)
Still A Fool (Two Trains Runnin') (Muddy Waters)
One Way Out (Sonny Boy Williamson)
Forty Days And Forty Nights (B. Roth)
Evil (Howlin' Wolf)

21 plages de Blues de très bonne qualité, même si certains grincheux trouvent que les Red Devils sonnent comme des centaines de groupes de Blues blanc. D'ailleurs, quel est le but recherché, au fond ? Avoir un son qui sorte de l'ordinaire quand on dispose déjà d'une voix archi-connue ? Certainement pas! Respecter l'esprit original, c'est plus que vraisemblable, aussi bien dans l'exécution des morceaux que dans la "qualité" du son. Ces enregistrements, comme on peut le constater en comparant avec le petit extrait "trafiqué" du début, sont déjà d'une excellente qualité. Loin de moi l'idée de prétendre que les progrès techniques en matière de son sont inutiles, naturellement. Je suis en effet, comme tout guitariste qui joue "à la feuille", très heureux d'être débarrassé des aléas de vitesse d'enregistrement, par exemple, qui faisaient que bossant sur un Memphis Slim/Matt Murphy, parfaitement accordé avec eux, je me retrouvais totalement faux pour les morceaux de T-Bone avec tous ses cuivres . Ce n'est qu'un exemple et on pourrait en citer pendant des heures. Mais personne ne m'ôtera de l'idée qu'une réverb numérique fait sonner les instruments comme si on jouait ampli sur 11 (eh oui, moi aussi, j'ai vu The Spinal Tap) dans une salle de bain inondée plutôt que de donner un son aussi chaud que celui d'une salle… Notez que je n'ai rien en particulier contre les salles de bain. Pour la voix, le son est bon, c'est comme les cages d'escaliers de HLM en béton, pas besoin de sono…

Pour une fois, je ne vous infligerai pas mon avis morceau par morceau. Il faudrait pour cela entrer dans les détails techniques d'une analyse approfondie du jeu de chacun, surtout en ce qui concerne les différentes prises. Et cela occuperait tout un tome de notre chère Gazette…
Mais essayez de vous imaginer la voix de Jagger très bien posée sur un combo bluesant au petit poil, un pur produit du Chicago Blues des grandes années. Pas d'agressivité dans la musique, de la puissance. Et l'harmonica est superbe. D'ailleurs, Jagger, qui déjà avait du mal à rivaliser avec Brian Jones sur ce plan, ne tombe pas dans le piège de la confrontation et Lester Butler n'est ni sous mixé, ni trop en avant. C'est à signaler, car ce CD a vraiment la "qualité studio", ce qui n'est tout de même pas si fréquent dans les Boots… Je me bornerai à vous conseiller fortement l'acquisition de ce Bootleg, qui a le mérite de rappeler que les Stones étaient au départ un groupe de Chicago Blues, et que Jagger ne l'a jamais oublié, quoi qu'on en dise… On retrouvera dans ce disque le même esprit, la même approche que dans les "London Sessions" du Loup Hurlant : la pêche et le feeling :-) . Et puis, il faut espérer que ce CD n'aura pas le même destin que les fameuses sessions "Pay back & Follow", qui reste tout de même une arnaque à peine déguisée. Pour celui-ci, vous pouvez y aller les yeux fermés.
Et bien sûr, pour le même prix, la maison vous offre des scans de l' artwork, pour ceux qui tomberaient tout à fait par hasard sur ce Boot en bon état de marche… Et comme nous sommes en veine de cadeaux, vous trouverez sur le scan du dos de la boîte, et filigrane s'il vous plaît, un portrait le Lester Butler!

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